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Réalisme/Historique
pokilm : In this country or anywhere... [concours]
 Publié le 13/12/12  -  9 commentaires  -  13884 caractères  -  95 lectures    Autres textes du même auteur

Soir de blues à Chicago.


In this country or anywhere... [concours]


Ce texte est une participation au concours n°15 : Hopper l'Inspirateur (informations sur ce concours).




Song for Tess


Little heart of mine, you remember, Tess?

In all countries, strangers we were

Because we came from loneliness…

...........................................................

Lonely death of mine, please, remember Tess

In this country or anywhere

'Cause I'll return to loneliness…


Des regrets ? Peut-être… Il ne sait plus. « Suis-je ivre ? » Peu importe : c'est enclenché. Oui, il le sent, terminé, ou presque. Plus rien à protéger, jamais. Il est devenu pareil à cette vitre : transparent. Alors continuer dans cette direction, la seule qu'il reconnaisse désormais et marcher. Le temps presse. Son visage ne le dit pas. Ne dit rien. Depuis longtemps il a appris à effacer. S'effacer d'abord, effacer ensuite. Il a juste un peu d'avance sur le grand coup de torchon qui balayera tout. Et il regarde, hypnotisé, le garçon au calot blanc, au tablier blanc, au visage blanc : lui aussi sans hâte efface, efface sans relâche, sur le comptoir, les taches. La nuit continue. Quelque chose, très loin, au dedans, ricane : bravo, mon garçon, te voilà dans l'ordre des choses…

Devant la poche salée de ses yeux, dansent, ce soir, des milliers de petits grains orphelins : la poussière d'été si claire, impalpable, sur les troupeaux assoiffés tout autour de Dale, Wood Dale, sans plus d'arbres, mais que deux années consécutives de canicule avaient ruinée ; et puis la poussière de craie dont la maîtresse autrefois effaçait des lignes entières de petits bâtons tremblants, nés dans la douleur, plus ou moins tordus, survivant quelques minutes, qui retournaient au silence des poussières. Campagne de l'Illinois – juste un glissement très pâle comme la plaine immobile sous le soleil… et plus rien. C'était l'attente blanche, toujours renouvelée, infinie dans les après-midi de Dale, sous le soleil si sec qu'on abandonnait la cour et le dehors d'été au chien attaché, au chien blanc…


« Lucky, gamin, crois-moi. Tu as le doigt fin, précis mais tu peux t'entraîner comme tu veux, être le meilleur, si tu ne réfléchis pas, si tu ne surprends pas, tu es un homme mort ! L'effet de surprise, il n'y a que ça qui fonctionne, qui touche ! » Monsieur Duciano le lui a bien dit. Mais on n'apprend les choses, vraiment, qu'une fois qu'on les a retournées, usées, mâchées ; après qu'elles vous ont coupé, blessé et humilié. Il n'a plus faim, plus soif depuis longtemps parce que maintenant il sait tout cela. Autrefois il a eu une soif véritable et une faim qui l'ont dépassé, broyé. Il était devenu cette attente. À présent, tout est presque effacé. Juste un très vague pincement, au creux de l'estomac – il n'en est plus bien sûr –, qui chuchote quelques syllabes d'autrefois comme une berceuse incertaine endort un enfant qui a mal… Et cette chanson idiote, cette rengaine, qui repasse au poste, comme c'est bizarre ; s'il s'écoutait il pourrait croire à un signe… À quoi bon croire ? Efface. Malgré la presse qui grouille là, bruyante, colorée à cette heure tardive, il perçoit douloureusement le blanc des murs, plafond, comptoir, les devine sous les coudes posés, les dos qui s'agitent. Il passe sa langue sur ses lèvres sèches et fait signe au garçon de le resservir. Pourquoi tous ces gens, à cette heure ?


« Lucky, y a une explication logique à tout, mon gars, suffit de chercher. C'est pas plus compliqué que ça ! » Alentie par l'alcool qui monte, lui vient l'idée que ce doit être la sortie des spectateurs du Balaban and Katz. Voilà pourquoi Tess s'est installée par là, après la mort de Duciano, voilà pourquoi la fille qu'il a ramassée tout à l'heure s'agite maintenant un peu sur son tabouret sans rien oser dire et dévore des yeux, perpendiculairement au comptoir, un buveur de bière, un client vraiment quelconque, qui ressemble à n'importe qui, comme lui. Il sort quelques billets et les glisse dans la poche de l'imperméable : « Reste avec moi. Ça ira pour la soirée ? » La fille hoche la tête ; elle est frigorifiée.

À côté d'elle, il n'est qu'un parmi les dizaines de corps plus ou moins habillés, décolletés, plus ou moins refroidis qui se réunissent comme tous les soirs de représentation, dès que le rideau est tombé. Comme partout, comme toujours, il y a des exceptions : lui n'est jamais entré là, ne reviendra jamais.

Pourquoi cette chanson stupide, cette rengaine, tellement banale qu'elle pourrait convenir à n'importe qui, n'importe quand ? N'importe quel imbécile pourrait se remuer le cœur sur cette idiotie, ce ne sont pas les raisons qui manquent dans une vie… « In all countries strangers we were… » Dehors, le vent dérape sur la vitre arrondie, si curieuse et nue – c'est pas possible un arrondi pareil sans coupure. Dedans il sent les rafales et patient, entêté, le vacillement de l'alcool qui monte. « Allons, mettons les choses blanc sur noir, disait la maîtresse. Il faut que tout soit clair, que chacun puisse comprendre. » Il sait que cette nuit est sans doute la dernière. Tout à l'heure, il l'ignorait encore. Par réflexe, il a ramassé la fille sur un boulevard, affalée, perdue dans un imperméable trop grand pour elle, à deux rues de la chambre où l'a fait revenir le coup de téléphone de Jo. Il ne s'était pas pressé : c'était trop tard de toute façon. Jo l'a confirmé : quelques heures plus tôt n'auraient rien changé. Tess était déjà partie lorsqu'il avait téléphoné. « Y avait son corps, tout entier, et dedans, un sacré bout de quéque chose qui résistait encore. L'a rien dit. E'r'gardait tout le temps la porte… T'attendait, j'en suis sûr ! » Jo grimace, se frotte longuement le pouce, soupire et hausse les épaules : « La v'là partie, juste comme j’ téléphonais si ça se trouve…Y a aussi un truc à s'occuper sous le lit. Fais quand même gaffe, c'est traître ! »

La fille se réchauffe, s'anime un peu mais il écarte le deuxième verre qu'elle a commandé. Il préférerait qu'elle se taise. Il lui explique ce qu'il attend d'elle. Il est arrivé tout à l'heure à la chambre un peu avant le doc. Les formalités, c'est bon. Il pose la main par-dessus son cœur, sous son veston, et sent le papier dur, à grand-peine plié, cassé, en règle à côté de l'acier qui tiédit tranquillement. Juste il aurait voulu qu'une fois des mains douces, des mains de femme s'occupent d'elle. Il a cherché dans l'armoire une robe à lui enfiler, qui la refasse belle. Même pas belle, mais paisible, comme avant. Elle et lui, seulement elle et lui. Il a cherché mais il n'y avait plus rien dans l'armoire. Il a failli engueuler Jo qui a relevé un œil mauvais et craché : « Arrête un peu, son fils ! Moi, tu sais, je suis pour rien là-dedans, pour ce que j'en ai à foutre ! » Jo est sorti, en traînant la savate, toujours avec ce bizarre frottement.

Bien sûr, Jo aura de quoi s'occuper du nécessaire, il y veillera. La porte claquée, il s'est assis à califourchon sur le seul siège de la chambre. L'a regardée, partagé. Ça mordait, encore très fort à l'intérieur… mais après tout, c'était fini. Comme quoi, y a des moments où ça s'arrête. Il a même sorti une cigarette et il l'a fumée en fixant le visage un peu flasque, veule mais si perdu quand même, perdu. Et d'un coup, tout lui est revenu comme un gros paquet de vagues dans la figure, tous ces silences qu'elle lui a imposés, sans explication.


Dans un bruit assourdissant, c'est la tempête, la tempête d'été sur le Michigan. Il suffoque dans la bourrasque ; sous une lame, ses lignes et lui vont finir noyés. Mais le fermier l'a repêché au sec, dans le camion. Alors il a eu besoin de savoir. Ils ont passé la nuit dans la cabine, trempés, grelottant dans la buée l'un de l'autre et au petit matin, presque malgré lui, il a posé la question, maladroitement, parce qu'il y avait tant et trop réfléchi : « Tu m'as sauvé… parce que je suis ton fils ? » L'autre a levé des yeux bien plus grands que ses flotteurs, en silence, réfléchi au dépourvu et avisant des détritus sur la berge, l'a tiré soudain du véhicule. Il y avait des bouts de bois, des algues et un poisson mort échoué par la tempête, un petit tas de pas grand-chose. « Trop de vagues, trop d'eau c'est mortel, même pour les poissons. Faut pas réfléchir. Toi et moi on se posera toujours la question, pas vrai ? Est-ce que c'est important ? On est là, on pêche, on essaye en tout cas, on s'aide et c'est tout. Si y a quelque chose à faire, mon gars, faut l'faire et pas se poser de question. Je lui ai pas posé de question, jamais. C'était un jour que je rentrais d'une livraison de blé à Chicago, y a une quinzaine d'années. Je l'ai vue, elle, paumée. Je sais pas pourquoi j'ai freiné, j'ai ouvert la porte… Elle a rien dit non plus. Juste, elle est montée dans le camion. »


Le fermier l'a frictionné presque au sang, l'a réchauffé qui claquait des dents, au bord des larmes comme un adolescent commence à prendre la vie. Trois ans plus tard, il est mort en plein midi, au volant de sa machine qui tournait en rond, qui avait tourné jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien dans le réservoir. Jusqu'à la fin il avait eu raison. « Un homme, c'est comme un tracteur, quand y a plus de gasoil dedans, eh ben, y s'arrête. C'est pas plus compliqué qu'ça mon gars, ça s'arrête… »


« Je veux que tu t'occupes d'elle. Trouve-lui une robe. Tu seras payée, ne t'inquiète pas. Tu pourras prendre la chambre quand vous l'aurez enterrée… Je mettrai Jo au courant. Mais seulement si tu t'occupes de la bête, bien… Surtout, qu'il ne lui arrive rien. » La fille incrédule hoche la tête comme un père Noël fatigué. Elle a posé sur le comptoir son boa blanc de fausse fourrure. Elle garde ses genoux serrés sur le tabouret. La petite forme claire, au creux de sa robe, geint encore un peu et l'étoffe rouge, mouillée, a pris cette teinte dure du sang séché dans la poussière.


****************


Lucky respire fort, déglutit à grand-peine et une goutte de sueur descend le creux de sa joue, la sueur écrasante d'un après-midi d'août, quelques semaines après la mort du fermier. Il a vidé des bières seul, en se payant la gueule du chien attaché. Teresa avait pris le bus pour Chicago, tôt, ne lui avait pas proposé de venir. De toute façon, il préfère rester là, se balancer à attendre comme il fait depuis toujours, attendre que rien… arrive et jeter depuis la véranda les bouteilles vides sur ce crétin de clébard qu'elle aime, qui refuse que Lucky l'approche. Il est rentré dormir, boire et dormir encore à côté du poste. Au soir, la radio joue une chanson qu'il entend pour la première fois, lancinante :

Little heart of mine, you remember, Tess

Lonely death of mine…

… to loneliness

Quelque chose l'a réveillé, quelque chose d'important. Où ? Il contient son cœur désordonné qui tape à ses tempes comme un écho. Un cri, encore ! Lorsqu'il pousse la porte et titube jusqu'à la balustrade, ce n'est déjà plus qu'un sanglot. Elle est tombée dans la poussière et sa robe blanche, sa robe des bals et des dimanches, sa robe de Chicago, dans le crépuscule qui monte, se tache du sang épandu en silence, sa robe de chien, sa robe de douleur. Elle secoue vainement le mufle terreux qu'elle couvre de baisers. Coupé aux pattes par les tessons de bière, il a léché sa vie jusqu'au bout de la poussière.

Lucky, les bras ballants sur le perron cherche vainement à se rappeler la dernière fois qu'elle l'a embrassé. Mais parce qu'il y a des choses à faire, même quand on n'en finit jamais de se poser des questions, il va chercher une bêche dans l'appentis. Il a enterré le chien dans la poussière derrière la maison, à l'ombre du puits. Il a dix-sept ans à genoux et ses pleurs, la couleur de la nuit sur Dale, Dale Woods, Illinois, près de Chicago. Après l'avoir couchée, Duciano descend le retrouver, lui ouvre les doigts et va ranger la bêche. Dans ses doigts fins, presque délicats, le manche terreux, incongru, semble protester.

« T'en fais pas, gamin, on va s'en sortir. Maintenant je vais m'occuper d'elle, de toi aussi. Elle finira peut-être par comprendre… Tu l'as pas fait exprès. C'est pas ce que tu voulais vraiment ?… Va te nettoyer. »


« Va te nettoyer. » Mais la fille fait signe qu'elle n'a rien d'autre à mettre. Alors il allonge un paquet de billets au serveur qui disparaît et revient en un rien de temps avec une veste et un pantalon de service d'une propreté douteuse. Elle sourit : elle va pouvoir se changer. Pendant ce temps, la petite chose blanchâtre qu'il a récupérée l'a mordu, au sang. Lucky songe que c'est bête ; l'index, il en a besoin pour appuyer. Le chien tremble, qui gémit dans sa panique. Lucky lui parle comme on gronde un sale gosse : « Mon gars, t'as eu tort… Petit pisseux ! T'as eu tort, gamin ! C'est le doigt qui va te nourrir, tu en as besoin. » Il rit bizarrement et serre pour l'instant, autour de son index, son élégante pochette blanche. Pas de pansement, il n'aurait plus de sensation. De toute façon, cette fois, il le sent, il le sait, il ne s'en sortira pas. Mais au moins remplir le contrat, bien faire ce qu'il a à faire. Et tandis que, du fond de la salle, la fille revient, séchée, avec un sourire timide, tandis que le sang tape, menaçant, dans son doigt déchiré, il dépose avec tendresse la bête sur l'imperméable abandonné et sort. Dehors, la nuit commence à blanchir sur Chicago.



________________________________________

Cela a été écrit à partir du tableau Nighthawks .


 
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   Anonyme   
23/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Magnifique tableau, le choix est judicieux.

Une ambiance polar américain bien rendue, l'écriture elle-même semble traduite d'une nouvelle en langue anglaise. Je trouve l'ensemble assez réussi, fidèle à Hopper, au tableau de Hopper, au contexte historique. L'auteur écrit serré contre la toile, il s'y accroche, il suit, les couleurs, les gestes imaginés. Il y a une intrigue latente, un suspens qui s'envisage. Un texte tendance, moderne, très polarisé, plutôt "in", avec une recherche d'universalité. Il faudrait peut-être encore peaufiner l'écriture, mais l'ouvrage est précis.

   Artexflow   
13/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
pokilm,

Je dois vous avouer, marri, que je n'arrive pas à comprendre votre texte. Blâmez peut-être le velouté de champignons et le délicieux Livarot (je mange très sainement) dont je me suis régalé à la première lecture, mais pour la seconde, et la troisième, il n'y a plus d'excuses !

Alors voilà le deal : si d'autres vous font la remarque qu'ils n'ont pas compris, c'est de votre faute ! Dans le cas contraire, eh bien c'est moi qui suis stupide...

La vérité c'est que j'ai énormément, énormément de mal à saisir la partie "terrienne" de votre texte, j'ai une difficulté dingue à visualiser ce que vous mettez en scène, à savoir de qui vous parlez, de quand vous parlez, de ce qu'il s'est passé...
Je n'arrive pas à faire le lien entre les différents événements évoqués, la chambre avec la femme morte, cette prostituée, pourquoi saigne-t-elle, le chien, quel chien, cette femme qui s'écroule dans la poussière, Duciano, la sortie du théâtre, d'ailleurs, est-ce bien un théâtre ?

Franchement je suis désolé hein je ne doute pas que je sois la personne à mettre en cause, mais normalement au bout de plusieurs lectures ce genre de choses peuvent s'éclaircir, et on peut qualifier l'écriture d'opaque, mais alors là, d'opaque vous passez à albédo zéro !

Voilà un texte pour lequel je serais plus que ravi, bouillant je dirais même, d'avoir les explications !

Le tableau est respecté, je déplore par contre que la chanson prenne une importance presque plus grande que celui-ci dans votre nouvelle.

Vous allez me trouver vache, mais en fait je suis vraiment mal là ! Parce qu'en vérité il y a ce je ne sais quoi, il y a cette poésie qui me plaît, je dirais même que l'intention me plaît, même si vous l'aviez composé pour le rendre incompréhensible ça me plairait !

Alors je dois en dire quoi ?

Plus objectivement il y a dans ce texte de belles trouvailles (des milliers de petits grains orphelins, Dans la buée l'un de l'autre, Tellement banale qu'elle pourrait convenir à n'importe, C'est pas possible un arrondi pareil sans coupure), et quelques formules un peu éculées (devenu cette attente, L'alcool qui monte, Bruit assourdissant).

Je !... Euh, en fait non je sais pas vraiment quoi dire. J'ai besoin d'explications !

Ah, sinon je n'ai pas trouvé la chanson sur Internet, est-ce qu'elle existe ou c'est de votre invention ?

Au passage, la chanson est vraiment bien intégrée au texte, et les phrases qui en sont tirées sont comme des émotions qui planent au dessus de vos paragraphes. C'est bien fait.

Bref, j'en veux plus.

Merci !

   rosebud   
13/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
je retrouve bien la manière de Pokilm de tout mettre sens dessus dessous pour raconter une histoire. Une espèce d'architecte cinglé qui veut construire les combles avant d'avoir creusé les fondations et puis qui meuble le salon dont les murs ne sont pas montés. Ces zigzags de dissertation sont quelquefois difficiles à négocier, mais plus pittoresques que les lignes droites des plaines de l'Illinois.
Bon, résumons-nous: Luke a été recueilli adolescent par un fermier qui vivait avec une Theresa qui avait un chien qui n'aimait pas Luke qui l'a tué sans faire exprès avec des tessons de bouteille. Luke a appris son métier de tueur auprès de Luciano qui est son mentor. Luke avait une amoureuse qui s'appelait Tess qui s'est faite dessoudée dans sa chambre d'hôtel. Tess avait un petit chien blanc dont Luke veut que l'on s'occupe probablement pour se racheter de l'autre chien. A la fin il va assurer son contrat.
Peut-être que j'ai bon, peut-être pas tout à fait et je m'en moque.
Mais il y quelque chose que je n'arrive pas à trancher et qui me turlupine: qu'est-ce que c'est que cet acier qui tiédit tranquillement sur son coeur (oui, j'ai compris qu'il s'agit de son outil de travail, ça va!)? Luke aurait utilisé son arme juste auparavant - mais pour tuer qui? Pas Tess quand même!
On peut analyser les doutes du lecteur de trois manières:
- soit il est il ne s'intéresse pas à ce qu'il lit (ou il est inapte à comprendre) et c'est la faute du lecteur
- soit c'est trop touffu pour le commun des mortels et c'est la faute de l'auteur
- soit c'est un parti-pris de l'auteur qui aime semer ses lecteurs dans son labyrinthe et c'est grâce à l'auteur

Pour ma part, je crois qu'il y a un peu des trois, mais je garde néanmoins une belle impression après lecture, surtout à cause du style qui reste très inspiré. En particulier le monologue de Jo lors de la découverte de Tess est superbe! Quand il dit: "Y a aussi un truc à s'occuper sous le lit." On ne peut pas faire plus concis, bien écrit et habile pour faire entrer le chien en scène.

Je voulais aussi dire que j'aime le tableau de Hopper parce qu'il m'a toujours fait penser aux paroles de Ferré dans sa chanson "Richard" et Pokilm l'évoque dans son premier paragraphe:

"Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles
A certaines heures pâles de la nuit
Près d´une machine à sous, avec des problèmes d´hommes simplement
Des problèmes de mélancolie
Alors, on boit un verre, en regardant loin derrière la glace du comptoir
Et l´on se dit qu´il est bien tard..."

   brabant   
13/12/2012
Bonjour Pokilm,


J'ai lu ce texte en me demandant à quel tableau il pouvait bien correspondre, je ne l'avais pas fait défiler pour ne pas risquer de voir les autres évaluations juste à la fin et conserver l'esprit libre, or le titre "Nighthawks" est justement et malheureusement référencé à la fin. Par moments je m'étais dit : c'est peut-être "Nighthawks" (position, groupement et habillement des personnages) puis : non ça ne peut pas être ça, ça s'en éloigne trop, le lieu ne fonctionne pas, ou alors les personnages ne sont que supports et lieux de pensée et prétextes, mais ça ne colle pas, ça ne fonctionne pas en ce qui me concerne. MAIIIS c'est bien entendu le jeu de votre récit que d'imaginer. Me voilà bien présomptueux. Me suis tapé sur les doigts pour me punir. Là ! Bien fait !

Pour ma part, si j'avais persisté dans mon intention de relever le défi (mais je suis défi blessé : entre 40 et 50 heures de boulot jetées au panier pour le défi précédent, nulles et non avenues. Je sais, c'est la règle du jeu maiiiis...), c'est aussi ce tableau-là que j'aurais choisi (Vous auriez raison de dire que ça vous fait une belle jambe. lol). J'avais d'ailleurs étudié assez sérieusement le tableau : 1942/Manhattan/au coin de Greenwich Avenue et de 7th Avenue South/Murphy Square/coffee urns, percolateurs de 15 l/billet de 1 dollar entre les doigts de la femme rousse en rouge (couleur de "mauvaise vie)/le café est un "diner"/l'enseigne "PHILLIES" est le nom du Baseball Club de Philadelphie à 1h10 de New York (donc de là) en train rapide/on y vend des cigares de "only 5 Cents. En partant de ça je n'ai pas retrouvé ni mes moutons ni mon tableau dans ce texte. Tout ceci est ainsi et bien entendu ma grande et mon énorme faute. J'aurais imaginé une héroïne "Phyllis" sur le mode d' "En attendant Godot" vainement attendue par ces quatre personnages sur fond de deuxième guerre mondiale (Allemagne nazie et Japon) et de rivalité avec les Dodgers qui eût été le centre du récit tout en n'étant pas là...

A partir de là, vous voyez que j'étais prédéterminé malgré je vous l'assure toute ma bonne volonté, je ne pouvais qu'avoir du mal à m'embarquer dans votre histoire par ailleurs très correctement écrite sur le plan du style mais dont l'intrigue m'a parue passablement embrouillée. Je ne pouvais qu'être très exigeant sur cette toile-là. :)

Bel effort et bel investissement de votre part ; je suis persuadé que la troisième fois sera la bonne en ce qui concerne. Ici ce sera un coup d'épée dans l'eau pour moi tout en considérant que vous auriez parfaitement le droit de me passer au fil de l'épée pour ce com que vous avez tout autant le droit de considérer comme stérile.

Bien entendu je ne me permets pas d'évaluer, mais je me permets néanmoins de vous féliciter pour votre texte dont je viens de saisir la mécanique toute horlogère (c'est un compliment) grâce à Rosebud. :)

Et... Non !... Artexflow, t'es pas tout seul !...


:)))))

   wancyrs   
14/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Une ambiance de polar qui colle bien avec le tableau ; dommage que tous ces éléments biens décrits n'arrivent pas à former un tout afin que se profile l'histoire... Lucky ça fait gangster, alors je suppose qu'il s'apprête à aller faire un coup, et que mordu à l'index par un chien il risque de ne pas être assez rapide face à ses adversaires ? d'où cette sensation de dernière fois ?

   Perle-Hingaud   
18/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'ambiance, tout est dans l'ambiance... Même si j'ai trouvé au départ le propos confus, une fois cette difficulté passée, je me suis laissée entrainer dans la vie de cet homme, dans ses pensées au fil de l'eau.
Une belle écriture, une grande liberté laissée au lecteur pourtant guidé par l'épaisseur du personnage, brossée par des détails marquants : le chien, les troupeaux de Wood Dale, Jo qui traine la savate...
Une belle plongée dans un univers de Hopper absorbé, digéré, réinterprété.

   pokilm   
18/12/2012

   Bidis   
24/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai trouvé cette nouvelle très « série noire » et pleine d’atmosphère. Plus encore : cette atmosphère m’a semblé fort proche de l’œuvre de Hopper. De plus le texte me paraît très bien écrit.
Mais… Mais il m’aurait fallu faire un (gros) effort pour comprendre l’histoire, et je n’ai pas eu envie de me prendre la tête.
Je constate que l'auteur a déjà répondu à ce genre de commentaire. Disons alors simplement que je trouve très dommage qu'il y ait cette "obscurité" à cause des qualités que je relève par ailleurs.

   David   
3/1/2013
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour Polkim,

J'ai trouvé le texte difficile, comme avec une phrase telle celle-ci par exemple, qui me semble en représenter beaucoup d'autres dans le récit : "Elle est tombée dans la poussière et sa robe blanche, sa robe des bals et des dimanches, sa robe de Chicago, dans le crépuscule qui monte, se tache du sang épandu en silence, sa robe de chien, sa robe de douleur.". Cela crée une atmosphère certaine mais ma lecture a été vraiment laborieuse, ce genre de répétition peut illustrer une obsession, la fatalité - ça m'a semblé être le but - mais la qualité recherchée a ses inconvénients.

Je ne suis pas sûr d'avoir bien saisi, de plus : Il me semble que c'est l'histoire d'un tueur à gage, en attente pour un contrat dans un bistro, à l'image du tableau choisi, avec une jeune femme. Ce contrat serait le dernier mais je ne suis pas sur d'avoir saisi pourquoi, je pense que ça doit se trouver dans un "tissage" d'éléments donnés à travers des flashback. J'ai eu du mal à les rassembler, le tueur serait orphelin ? adopté ? Il aurait tué sa mère adoptive et/ou un chien domestique ? Je reste avec de nombreuses questions à la fin de ma lecture.


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