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Science-fiction
Donaldo75 : L'art du deal galactique
 Publié le 15/05/25  -  2 commentaires  -  5589 caractères  -  15 lectures    Autres textes du même auteur

« Le business n'est pas un restaurant mais un buffet. Si vous attendez qu'on vous serve vous n'aurez rien. Il faut aller se servir. »

Donald Trump


L'art du deal galactique


It-I stabilisa le vaisseau à deux millions de kilomètres de la planète bleue. Il activa le dispositif de camouflage puis convoqua ses compagnons de vol.


– Nous sommes arrivés.

– Reste à savoir où, ironisa Go-D l’astrobiologiste.

– Tant qu’on peut manger sur place, ça me va, ajouta Al-F le mécanicien.

– Je vous rappelle le marché, grogna It-I devant l’indigence de ces remarques.


L’objectif de leur périple vers ce quadrant de la galaxie se résumait à trouver un monde habité par une forme de vie avancée. Leurs trois cents milliards de compatriotes désiraient ardemment partir en vacances avec leur progéniture, dans des endroits jolis et pittoresques, si possible. Ils étaient prêts à payer cher pour ça. Go-D le scruta de ses gros yeux puis commença son objection. Il rappela à ses pairs le nombre important d’espèces rencontrées depuis leur départ, et ce sur des planètes différentes, des géantes, des gazeuses, des marines, des métalliques, voire des plus improbables. It-I le rabroua. Ces détails l’ennuyaient ferme. Il rappela simplement les termes du marché passé, à savoir que ces mondes devaient avoir été expérimentés par des entités évoluées, capables de vivre en société et de maîtriser leur environnement. Ce n’est pas ce qu’ils avaient vu jusqu’ici.


– Tu m’étonnes, rigola Al-F. À part terminer en bouillon ou en graisse pour tuyère, ces formes de vie n’avaient pas grand-chose à nous apporter.


It-I leva un tentacule puis déclara le débat clos. En tant que propriétaire de l’astronef, il était seul maître à bord. Affréter la mission lui avait coûté déjà un gros paquet de crédits. L’heure n’était plus aux conjectures et aux théories. Les analyses techniques avaient bien confirmé l’existence d’une civilisation avancée sur cette planète bleue. Preuve en était le taux élevé de dioxyde de carbone, signe incontestable d’une industrie intensive, avec un beau trou dans la couche d’ozone pour confirmer le sens des affaires de l’espèce dominante, et pléthore de jolies sondes disséminées çà et là dans le système planétaire. Il décida d’appuyer sa décision avec l’aide d’une intelligence objective, l’ordinateur de bord Ha-L.


– Récapitule-moi les raisons de débarquer ici.


Ha-L exposa les faits. Le monde ciblé était à deux tiers composé d’eau liquide, un élément idéal pour la biologie de It-I et ses semblables. Noyer le tiers restant ne poserait aucun problème technique. D’ailleurs, il semblait même que le mouvement était déjà en marche grâce à un réchauffement climatique accéléré. Le précipiter n’allait donc à l’encontre d’aucun règlement connu.


– Parfait, prépare la procédure de mise à niveau ! Quels sont les autres points ?

– L’espèce dominante est terrestre.

– Et ?

– Elle peut s’adapter à la vie marine, se nourrissant déjà des produits des mers et océans.

– Donc nous ne transgressons pas le principe de reclassement des anciens locataires ?

– Exactement. En plus, ils guerroient constamment les uns contre les autres.

– C’est quoi le rapport ?

– Ils ne rechigneront pas à trouver un peu de paix.

– Je ne comprends pas, objecta Al-F.


It-I regarda son mécanicien comme si c’était l’ultime illuminé d’une engeance d’attardés. Il se demanda si ce dernier le faisait exprès, juste histoire de parler, d’occuper le terrain, de se la jouer important. Al-F comprit qu’il devait argumenter. Selon lui, déloger ces locataires ne leur apporterait pas la paix. Ils se tapaient les uns sur les autres à longueur de temps par habitude. C’était leur caractère. Sans cela, ils risquaient de déprimer, s’ennuyer et finalement décliner.


– C’est moi qui vais déprimer si tu continues à délirer de la sorte.

– Pourquoi monsieur le sachant ?

– Le marché est clair : acquérir les lieux, les rendre conformes et reclasser les locataires.

– Tu ne m’as pas écouté ?

– Si. Ils se battront sous l’eau s’ils le souhaitent.


Go-D leva un tentacule, tel un étudiant en première année de cryptologie. It-I se demanda quelle absurdité son astrobiologiste allait lui sortir. Il réfréna une violente envie de l’atomiser sur-le-champ. Ce dernier souleva un point intéressant : dans l’hypothèse où ils réussiraient l’annexion de cette planète sans trop de violence, qu’allaient-ils faire des autres espèces ? D’après les dernières observations, elles n’avaient pas toutes la capacité à s’adapter aussi vite à la vie marine.


– On fera comme d’habitude. On les mettra dans des musées.

– On ne viole pas un principe, là ?

– Aucun, tant que l’affaire est rentable et qu’on reclasse les anciens locataires.

– C’est tout ?

– Si tu désires des précisions, suis un cours accéléré en immobilier galactique.


L’astrobiologiste n’eut pas le temps de répliquer. Ha-L émit un sifflement caractéristique. It-I activa le dispositif de communication, régla le traducteur et démarra la phase diplomatique.


– Bonjour, habitants de la planète bleue, ici It-I, commandant de ce vaisseau.

– Ici le centre de commandes de la NASA. Je suis l’administrateur Wilson. Nous sommes en ligne directe avec le président des États-Unis.

– C’est quoi la NASA, demanda Al-F. Et les États-Unis ?

– Nous sommes la première nation de ce monde appelé la Terre, répondit fièrement Wilson. Nous parlons au nom de tous ses habitants.

– Bonne nouvelle ! Sachez que vous avez été choisi dans le cadre d’un vaste et rentable programme immobilier.

– En quoi consiste ce programme ?

– Vous le saurez assez tôt, croyez-moi.

– J’espère que vous savez nager, habitants de la Terre, conclut Go-D avant de lancer la procédure. Vous allez en avoir besoin dans les prochains jours.


 
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   Gouelan   
5/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Les hommes seraient-ils pris à leur propre piège  ?

À force de prendre la Terre pour un parc immobilier, ses ressources comme du carburant à engranger des dollars.

À force de se convaincre que les populations sont déplaçables à volonté, selon les envies des présidents autocrates/agents immobiliers. Après tout, ces populations peuvent bien s'adapter ailleurs, que ce soit en Afrique ou en Sibérie. De quoi se plaignent-elles  ? (sarcasme)

J'aime bien cette histoire, je ne plains même pas les hommes qui évidemment ne pourront pas s'adapter à l'océan, à moins d'avoir des sous-marins privés, des Nautilus par milliers vendus par Elon avec force profit.

Après tout, comme le dit Ha-L, "le mouvement est déjà en marche grâce à un réchauffement climatique accéléré."

Une histoire limpide et efficace. Vos extraterrestres sont plus sérieux que mes "I’mill et Kov’in", dont j’ai relaté par deux fois les aventures. ;)

On peut dire tellement de choses avec l'humour.

Merci.

   Sidoine   
16/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour,

J'ai bien aimé cette nouvelle sarcastique.
Le style est précis et efficace ; les dialogues sont bien dosés.
En très peu de mots, on arrive à saisir l'ambiance sur le vaisseau, avec des extraterrestres consistants et bien campés. J'ai apprécié leurs tentacules, et leur esprit trumpiste, dont on peut rire ici plutôt que d'en pleurer.

Concernant la chute : elle découle logiquement du propos. Peut-être qu’un élément un peu plus inattendu aurait pu la renforcer.

Ah oui, un petit accroc lors de la lecture de ce passage, avec la répétition de "rappela" :

"Il rappela à ses pairs le nombre important d’espèces rencontrées depuis leur départ, et ce sur des planètes différentes, des géantes, des gazeuses, des marines, des métalliques, voire des plus improbables. It-I le rabroua. Ces détails l’ennuyaient ferme. Il rappela simplement les termes du marché passé, à savoir que ces mondes devaient avoir été expérimentés par des entités évoluées, capables de vivre en société et de maîtriser leur environnement. Ce n’est pas ce qu’ils avaient vu jusqu’ici."

Je n’ai pas su dire si cette répétition était volontaire ou non, ce qui a créé un léger manque de fluidité.

Merci, en tout cas, pour ce texte qui m’a fait rire — noir et jaune, selon.


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