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Science-fiction
Donaldo75 : Planète X
 Publié le 30/06/25  -  5 commentaires  -  5180 caractères  -  10 lectures    Autres textes du même auteur

« Pendant des siècles, Dieu s'est occupé des arbres, mais il ne peut les sauver des imbéciles. Seul l'Oncle Sam le peut. »
(John Muir)


Planète X


Boyd ajusta fièrement son Stetson puis cracha dans le cercle de dématérialisation. L’écran affichait une petite planète rose, lumineuse, une bille perdue dans le ciel. Boyd regarda sa femme Erin puis lui sourit d’un air satisfait. Sa famille était enfin arrivée à destination, dans son nouveau chez-soi, après un long voyage dans l’espace profond. Content de lui, il laissa Walt, l’intelligence artificielle embarquée, lancer la procédure de contrôle. Il fallait en priorité vérifier si les constantes biologiques, atmosphériques et géologiques correspondaient bien à ce qui avait été enregistré au bureau des concessions. Parce que Boyd avait payé très cher sa parcelle de terrain et il ne voulait pas se faire entuber. De nombreuses histoires racontaient le périple de pionniers malchanceux terminant leur périple irradiés par des rayons gamma ou dévorés par un poulpe à deux têtes.


Un carillon déclina l’hymne du Wyoming. Le contrôle était terminé.


– Vérification achevée, déclara Walt.

– Alors ?

– Tout est conforme à la patente : la vie carbonée, le relief doux et le climat tempéré.

– Des animaux, du genre chevaux ou bisons ?

– En quelque sorte. En tout cas, compatibles avec les espèces terriennes.

– Des gusses ?

– Des peuplades d’hominidés.


Boyd lâcha un juron et se retint de cracher sur le sol. Visiblement, glisser un pot-de-vin au fonctionnaire en charge des concessions n’avait pas suffi à lui assurer la tranquillité. Il n’était peut-être pas le premier Américain à poser le pied sur ce nouveau monde.


– Fait chier ! Ils sont nombreux ?

– Une centaine de milliers.

– Partout ?

– Sur les terres émergées, soit un quart du globe planétaire.


Boyd ragea de plus belle. Non seulement il n’aurait pas la meilleure place mais en plus il devrait probablement la partager avec cent mille indésirables venus du fin fond de nulle part dans le trou du cul de ce nouveau monde.


– Ce ne sont pas des gars de chez nous, je veux dire du Wyoming ?

– Vraisemblablement, non.

– Comment le sais-tu ?

– Ils n'ont pas de tête.


Boyd reprit confiance. La situation n’était peut-être pas aussi désespérée. Des estomacs sur patte n’allaient pas lui sortir un formulaire en quatre exemplaires pour l’empêcher de construire sa ferme comme il le souhaitait. Il pourrait élever son bétail et planter ses betteraves. Avec une bonne dose de triple fil de fer barbelé, le tour serait facilement joué.


– Mon titre de propriété est légal pour ces gars ?

– Je ne pense pas.

– Comment ça ? Il m’a coûté une blinde, merde !

– Il n'existe pas de loi foncière ici.

– Sans déconner ! Comment est-ce possible ?

– Les autochtones vivent simplement, en harmonie avec la nature, sans règle aucune.


Boyd leva les yeux au plafond. Il ne comprenait plus rien à rien et encore moins à cette situation inattendue. Il demanda l'avis de sa femme Erin.


– Erin, tu as choisi cette planète ?

– Oui, mon cœur.

– Walt affirme qu'elle est peuplée de milliers de hippies.

– Tu es sûr d’avoir bien compris ?


Boyd se retint de l’atomiser sur place. Quand elle lui répondait de la sorte, il se trouvait con comme une vache en train de regarder passer les trains tout en mâchouillant son brin d’herbe. Il tourna sept fois sa langue dans sa bouche, fit appel à son vocabulaire le plus châtié puis se lança dans la phase diplomatique.


– Les indigènes n'ont pas de tête.

– Et ?

– Ils vivent sans loi.

– Mais encore ?

– Comment on va faire respecter notre satané titre de propriété, maintenant ?

– Nous allons vivre comme eux.

– Sans tête ?

– Non. Sans obéir au règlement, vu qu'il n'y en a pas.


Boyd regarda soudain sa femme avec stupeur en se disant qu’elle n’était pas toujours facile à suivre. Erin ne venait pas du Wyoming. Elle avait atterri un soir dans son jardin, sans tambour ni trompette. Ils étaient rapidement devenus le couple en vue à Springfield puis avaient décidé de fonder une grande et belle famille. Évasive sur ses origines, elle répondait invariablement par un signe de la main en direction du ciel.


– C’est quand même fort de café !

– Pourquoi, mon chéri ?

– C'est toi qui as insisté pour venir ici.

– C'est un bon choix pour nous et nos enfants.

– Qu'en sais-tu ?

– Je suis née ici.

– Mais tu as une tête, toi !

– C'est pour ça que je suis partie.

– Alors pourquoi revenir ?

– Le mal du pays.

– Et nos enfants ?

– J'ai aimé, ils aimeront aussi, avec ou sans tête.


Boyd fixa un moment Erin, pesa le pour et le contre puis jugea que le temps n’était plus aux questions superflues. La situation s’avérait sous contrôle, avec Erin aux commandes et Walt pour gérer les détails. Il lança les opérations.


– Démarre l’atterrissage et préviens les sans-tête, ordonna-t-il à Walt.

– Que dois-je leur dire ?

– Baratine-les. Propose-leur des cadeaux.

– Je ne sais pas improviser, vous le savez.

– Crache-leur des versets de la Bible !

– Et pour les cadeaux ?

– File-leur de la verroterie !

– Et si ça ne fonctionne pas ?

– Atomise-les !


Le vaisseau se posa sur l'hémisphère Nord, à des coordonnées identiques à celles de Springfield dans le Wyoming, une ville fondée un millier d'années auparavant par d'autres Boyd.



 
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   David   
21/6/2025
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Bonjour,

Boyd me semblait être un prénom au début mais se révèle un nom de famille à la fin. C'est d'ailleurs le premier et le dernier mot de la nouvelle, comme l'histoire de cette duplication du Wyoming à travers le temps et l'espace. Le rôle d'Erin est flou : elle est parachutée dans l'histoire comme si elle était venue "piocher" un Boyd, après un certain temps de maturation, pour l'emmener fonder un nouveau Wyoming. Il y a quelque chose du paradoxe de l'oeuf et la poule, pour savoir qui est venu en premier : le Wyoming, ou bien Erin ? C'est un flou artistique qui pourrait faire une saga en cinq tomes !

L'histoire est moins potache que l'humour, et ça fonctionne assez bien. Le format très court me semble un peu expédié quand même, comme s'il y avait eu un temps limité pour l'écriture.

   Luz   
21/6/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Un texte intéressant, mais si court... C'est en quelque sorte le premier épisode d'un roman, plutôt qu'une nouvelle. C'est un peu Christophe Colomb qui découvre l'Amérique et va amadouer les sauvages avec quelques pierreries... On imagine la suite.

   Charivari   
21/6/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour. J'ai bien ri, les dialogues sont sympa et l'ambiance assez décalée. Attention à la répétition du mot "périple" deux fois en début de récit.

La fin m'a un peu interloqué: le pays des "sans têtes" c'est un espèce de Wyoming parallèle? Pas sûr d'avoir bien compris

   papipoete   
30/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Donaldo
Une planète tout au bout du trou du cul du monde, serait l'endroit idéal pour s'établir loin des états unis d'Amérique, ses richesses sous terraines, et sous mer bientôt épuisées.
Là, ça devrait être au poil, y a personne...nan, pas tout à fait y a des indigènes mais qui n'ont pas de tête... va falloir qu'y fassent pas chier, si non on les achètera avec des cadeaux...
NB se souvenir que ce territoire US, était peuplé de " peaux rouges ", incultes et vivant tous sous une tente, et se peignait des couleurs sur la peau ; des sauvages quoi !
on les avait mis dans notre poche, avec quelque alcool, et verroterie...
je souris ( jaune ) en lisant ces aventures, avec Erin Brockovich en clin d'oeil et le Grand Perroxydé en demi teinte.
ça cause gras, et pue le bauf à plein nez, de bout en bout
" les autoctones vivent simplement, en harmonie avec la nature, sans aucune règle " si, bien sûr mais pas celles des milliardaires, à gros cigare, et p'tites pépés...

   Provencao   
30/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Donaldo75,

Belles puissances d’imprégnation de l’ambiance, c'est sous l’appui de la sensitivité, que la visibilité devient susceptible non de transposer le réel mais de faire moduler le lien que nous conservons avec ce dernier et par là même de demystifier des possibles .....

Au plaisir de vous lire,
Cordialement


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