Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Policier/Noir/Thriller
FRITMAN : Au quotidien
 Publié le 15/02/15  -  10 commentaires  -  5764 caractères  -  114 lectures    Autres textes du même auteur

De coups de téléphone en surprises.


Au quotidien


Réveil.

Frôlements des pantoufles sur le plancher.

Abattant des toilettes abaissé.

Téléphone. Répondeur.

– Bonjour, mon petit chéri, c’est maman… C’est juste pour te dire que nous ne pourrons pas venir samedi soir comme nous l’avions prévu. Figure-toi que Viviane nous a avertis hier qu’elle passerait avec les gosses pendant le week-end, et tu sais comment ta sœur aînée peut se montrer désagréable lorsqu’on ne se plie pas à ses quatre volontés… Je sais que cette nouvelle ne te fera pas plaisir, tu avais eu tellement de mal à caser ce souper sur ton agenda, mais sache que pour papa et moi, ce ne fut pas non plus une décision facile à prendre, nous nous étions fait une telle joie de ces retrouvailles. Pour te consoler, dis-toi bien, mon petit chéri, que ce n’est que partie remise et que nous aurons très certainement bientôt l’occasion de nous retrouver tous ensemble autour d’un bon repas. En attendant, papa et moi te faisons mille et un gros bisous…


Soupir soulagé de contentement.

Papier toilette déroulé.

Gargouillements des tuyauteries.

Téléphone.

– Jean-Yves Malvi, chroniqueur judiciaire à La Dépêche. Nous nous sommes rencontrés, il y a quelque temps sur le plateau du magazine d’informations Aujourd’hui et ici en France sur Notre Télé et à cette occasion vous m’avez laissé vos coordonnées en ajoutant que je ne devais pas hésiter à faire appel à vos services en cas de besoin… Voilà ce qui m’amène : j’ai l’intention de rédiger une série d’articles portant sur le fonctionnement de la justice dans notre pays, et plus précisément sur ce que certains qualifient de défaillances ou d’errements de notre système judiciaire. Je compte ainsi évoquer de vieilles histoires qui ont fait débat en leur temps, mais aussi revenir sur deux affaires plus récentes, celle de ce SDF condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir récupéré deux paquets de pancakes dans les poubelles d’un grand magasin, et celle plus étonnante, de l’étrange mansuétude dont ont fait preuve les magistrats lorsqu’il s’est agi de condamner les responsables des malversations financières à l’Union des Petits Épargnants… À croire quand on y réfléchit, que ce bon monsieur de La Fontaine n’avait pas tout à fait tort lorsqu’il écrivait : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »… Étant un observateur plus que privilégié de l’évolution de notre société, vous faites partie des nombreux auxiliaires de justice dont je compte solliciter le témoignage, sous couvert de l’anonymat éventuellement. Si ma proposition vous intéresse, je reste à votre disposition au 08.95.23.46.28.


Bourdonnement du rasoir électrique.

Vrombissement de la brosse à dents, puis gargarismes.

Clapotis de l’eau dans le lavabo.

Téléphone.

– Salut mon p’tit papa à moi, c’est Manon. Je suis un peu gênée de te téléphoner pour des problèmes d’argent, mais comme tu as coupé définitivement les ponts avec maman et que tu ne veux plus du tout lui parler, faut bien que je me tape la corvée. Donc maman m’a dit de te dire que la pension alimentaire n’était pas encore arrivée, que nous étions déjà le 7 et qu’elle commençait sérieusement à en avoir marre de tes retards. Elle a ajouté que dès aujourd’hui, elle allait prendre contact avec son avocat pour te rappeler à tes devoirs, oui, oui, c’est bien le mot qu’elle a employé, et que si tu ne te dépêchais pas de te mettre en ordre, celui-ci ferait en sorte que tu te retrouves complètement à poil lorsqu’il en aurait terminé avec toi. Alors je t’en prie, mon petit papa chéri, rédige-nous vite un gros chèque… Surtout que pour le restaurant scolaire, ça devient vachement embarrassant et que le directeur m’a prévenue que si je ne payais pas avant la fin de la semaine, maman et moi risquions d’avoir des ennuis. Tu sais un peu comme ce qui est arrivé la semaine dernière à cette petite fille que les gendarmes sont venus chercher à l’école parce que ses parents n’avaient pas réglé la cantine. Tu as vu le buzz que cela a fait sur Internet… Imagine alors la tête que pourraient faire tes collègues et tes supérieurs s’ils apprenaient que toi aussi, tu te montres incapable de subvenir aux besoins de ta petite fille et ton ex-femme. Allez bye, bye, petit papa chéri, et à bientôt…


Chuintement de la cafetière.

Couinement de la porte du réfrigérateur.

Ressort du grille-pain.

Flash d’information.

– Selon une étude de l’Observatoire des inégalités portant sur 126 annonces de locations, à niveau de vie équivalent, les hommes de 28 ans au patronyme évoquant une origine de France métropolitaine ont quatre fois plus de chances d’obtenir un logement que les candidats d’origine maghrébine ou africaine. Interrogée à ce sujet, la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement a déclaré qu’elle était consciente du problème et qu’elle…


Grincements de portes et de tiroirs ouverts et refermés.

Froissements de vêtements enfilés.

Crissement d’une braguette remontée.

Téléphone.

– Monsieur le commissaire, ici la salle de permanence. Maître Bruguière me prie de vous rappeler votre rendez-vous de 9 h 30. Cela concerne apparemment l’état d’avancement de l’enquête relative au vol de mobylette du fils du préfet. S’il rappelle, que dois-je lui dire ?


Cliquetis d’un trousseau de clefs.

Claquement de la porte d’entrée.

Détonation.

Geignements de douleur.

Téléphone.

– Jacquot, c’est Luigi. Tu m’as toujours dit de te contacter si j’apprenais quelque chose d’intéressant. Voilà, y a une rumeur qui court dans le milieu comme quoi les frères Zernick auraient lancé un contrat sur ta tête parce que t’aurais serré le plus jeune de leur frangin. Alors comme on disait dans le temps à la récré, fais gaffe à tes fesses, vieux frère…


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Neojamin   
30/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Intéressant, une belle entrée en matière et je ne peux que dire que j'attends la suite avec impatience. J'aime les différentes séquences, une manière originale d'introduire le contexte, les personnages...mais après, quoi ?

Je ne sais pas trop quoi dire, j'ai envie de dire que c'est très bon...mais comme introduction. Où est le reste ? Viendra-t-il ? J'espère que oui parce que là vous m'avez appâter!

Je n'ai pas envie de mettre d'appréciation vu que le texte est amputé de son corps mais, étant en espace de lecture, je n'ai pas le choix...Je mets donc "un peu" sachant que je ne juge pas la qualité mais l'absence...

   Anonyme   
1/2/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Je trouve la structure du texte vraiment bien pensée. Intercaler des bruits familiers entre chaque coup de téléphone est une bonne idée. Je regrette par contre le contenu des appels, pas spécialement intéressant hormis le dernier qui amène la chute. Je sais pas, il aurait fallu trouver autre chose, qui retienne davantage l'attention. Là j'ai l'impression que vous avez fait du remplissage en attendant le dénouement.

   Asrya   
9/2/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un format assez original qui accompagne par soubresaut l'avancée de la nouvelle.
J'aime assez ces petites parties, concises, sans froufrou qui décrivent des actions simples de la vie.
Je suis un peu moins friand de l'utilisation du téléphone à répétition. Je trouve que les messages laissés sont un peu long et abaissent l'intensité de l'action jusqu'à ce que le tout devienne un peu plat.
Alors, après chaque paragraphe d'action, le rythme remonte, s'accélère et le tout devient plus intéressant ; puis un nouveau coup de téléphone, comme un soufflet, l'efficacité s'effondre.
La chute est simple, opère plutôt bien même si cela manque d'originalité. J'aurais peut-être passé sous silence le tout dernier message téléphonique pour marquer la gravité, pour intensifier la détonation, lui donner davantage d'écho ; un parti-pris.

Bref, pour résumé, un format original qui permet de dynamiser le récit, mais des messages un peu en longueur qui ternissent l'histoire,
Un moment agréable à vous lire ceci-dit,
Merci pour ce partage,
A bientôt.

   in-flight   
15/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Le texte en lui même a une forme originale, je trouve la chute plutôt bonne.

Nous connaissons le personnage uniquement via les témoignages téléphoniques et via les gestes quotidiens - banals - qu'il exécute; du coup le lecteur n'a pas prise sur le personnage et c est un peu mon regret: Qui est vraiment ce commissaire? Je sais que que ce n est pas l intention de cette nouvelle mais il y a un gout d inachevé.

Merci pour ce moment (merde... Y a un copyright sur cette expression désormais)

   Anonyme   
16/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Eh bien moi, d'habitude je ne baigne pas mes soirées dans de l'encre policière mais là, j'aime bien. Il faut dire qu'il n'y a pas d'enquête, pas d'intrigue, presque pas d'histoire du tout. C'est le quotidien d'un flic qui se lève et qui va aller au boulot. Sa vie est classique, maman, fifille, relations professionnelles, tout cela nous entrouvre presque un peu la bouche pour un joli bâillement mais non... PAN. On oublie que c'est un flic et qu'il a quelques ardoises qui courent dans la nature et qui apparemment, ce matin-là, le rattrapent .
Je ne suis pas resté sur ma faim du tout, c'est cette fin que vous avez choisie et comme elle est le but de votre nouvelle, il n'y a rien d'autre à ajouter. C'est bien fait, efficace, bien écrit, authentique, on y croit.
Par contre était-ce bien dans la catégorie policier qu'il fallait publier cette courte histoire, je ne suis pas sûr ?
En tous cas, bravo, j'ai passé un bon moment.

   Automnale   
17/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Au quotidien", tel est le titre, bien choisi, de ce récit dans lequel les moindres faits et gestes, d'un matin ordinaire, sont consignés... Et ce, non sans humour puisque nous nous devons d'imaginer l'abattant des toilettes, le déroulement du papier (toilette), même le crissement de la braguette ! Clap-clap ! C'est comme au cinéma ! Et l'idée est excellente.

Que de coups de fil de bon matin ! Celui, entre autres, de la mère, de la fille, d'un chroniqueur judiciaire, et puis - trop tard - celui du copain Luigi... Le personnage - c'est normal pour un commissaire de police - s'intéresse, de près ou de loin, à la Justice, à l'injustice, aux faits divers, aux infos... Mais voilà, si l'intéressé était resté une minute de plus dans sa salle de bains, si le grille-pain avait mal fonctionné, si... si..., peut-être aurait-il entendu l'appel de Luigi et, de la sorte, fait "gaffe à ses fesses" !

Eh bien, j'ai apprécié cette histoire mêlant intimité, vie privée et professionnelle... Au fil des mots, le petit suspense est maintenu... L'écriture est fine, vivante, intelligente... Le style est, à sa façon, drôle... S'il fallait vraiment chercher la "petite bête", je supprimerais "aînée" (la sœur aînée), la précision me semblant superflue...

Merci, Fritman. Et clap-clap ! Bruit du clavier de l'ordinateur !

Automnale

   Anonyme   
18/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà une nouvelle vite expédiée et bien expédiée. En fait elle répond exactement à ce qu'on demande à une nouvelle : nous tenir en haleine (eh oui, même les banalités du début ont quelque chose de fascinant) et nous balancer une fin à laquelle on ne s'attend pas. Que demander de plus ?
Rien de trop, juste l'essentiel.

   Marguerite   
23/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour FRITMAN,

L’approche est intéressante. Apprendre à connaître le personnage à travers ses messages téléphoniques, intercalés de « quotidien ».
Quotidien qui est finement décrit, les mots sont bien choisis. Juste un bémol sur « Téléphone » qui n’est accompagné de « Répondeur » que la 1ère fois… (et oui, quand on nous décrit le frôlement des pantoufles sur le plancher et le bruit de l’abattant des toilettes, on devient faignant et on attend qu’on nous dise tout : Enclenchement de la cassette. Répondeur…).
Et puis pour être vraiment tatillon : j’aurais enlevé le « puis » devant « gargarismes ». Je l’aurais remplacé par un point. (Vrombissement de la brosse à dents. Gargarismes.) Pour garder le style « tranché » du récit.

Pour résumé, un texte qui se lit facilement, très rapidement, et qui est intéressant.
La narration en quelques mots, sans phrase, donne un ton très neutre au texte. Et la mort arrive, toujours sans phrase, sans sentiment.
C’est bien vu.

Merci pour la lecture.

Marguerite.

   Bidis   
22/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve extrêmement intéressante cette idée de raconter une histoire au travers de coups de téléphone. Et la chute est inattendue. Deux très bons points.
J'aurais peut-être préféré qu'au début, au lieu de "Téléphone. Répondeur." dire "Téléphone. Dix sonneries. Répondeur." A ce moment-là, on comprend que le personnage ne prend pas l'écouteur. Ce serait plus clair.
Et je ne sais comment il aurait été possible de faire un vrai texte littéraire pour raconter les faits et gestes du personnage, son environnement, l'atmosphère où il baigne, etc. et maintenir malgré tout l'impression très naturelle que le style télégraphique de ce texte provoque. Mais cela me semble tout de même un contournement de la difficulté d'écrire. Encore que... Je vais aller lire un autre texte de cet auteur pour me faire une meilleure idée à cet égard.

   carbona   
5/7/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Cette manière de découvrir le personnage à travers les coups de téléphone est originale et très intéressante. Cela donne vraiment envie de lire et dans un style concis, un peu télégraphique, ça me plaît beaucoup. En revanche je suis totalement passée à côté de la chute, c'est en lisant les autres commentaires que j'ai compris. Deux raisons à cela : la première, je n'ai pas lu les passages sur les bruits, je les ai lus au départ puis rapidement je les ai survolés, pensant à tort qu'ils n'avaient pas d'importance. La seconde, le dernier "coup de fil" ne m'a pas interpellé non plus car j'ai vraiment cru que le personnage était en ligne avec ce que je pense être son indic, comme vous aviez écrit "Téléphone".

Merci et bravo !


Oniris Copyright © 2007-2023