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Sentimental/Romanesque
Louis : De la dernière pluie
 Publié le 03/10/14  -  8 commentaires  -  23739 caractères  -  175 lectures    Autres textes du même auteur

Naître de la dernière pluie…


De la dernière pluie


Je suis né de la dernière pluie. En moi ça fait flic, ça fait floc. Je patauge. Parfois je verse des larmes innocentes et bleues qui fondent sur mes godasses en marche, aux longues cordes pour lacets toujours défaits. Parfois j'ai l'impression qu'ils se lèvent curieusement, et se dressent à se refaire en points d'interrogation, parfois, et parfois se tordent comme un rire quand ils indiquent, partis en flèches, les flaques où se mire mon image affolée, parce que moi, moi je me marre pas toujours.


Je suis pas averse, je suis flasque quand ça pleuvasse au petit matin, ou peut-être de grand matin, mais je sais plus si c'est minuscule comme une pichenette qui fait tomber du lit, le matin, ou comme une piqûre d'aubépine, et pourquoi en se levant on tombe du lit ? on sait pas pour quoi, on sait pas pour qui, ou bien si le matin c'est géant, énorme, et que ça écrase à peine debout, ça pèse sur le crâne, ça prend la tête pour la serrer entre des étaux, la caboche entre les tôt, les trop tôt matins, les tempes entre les planches des tréteaux, c'est fort, ça écrabouille, ça comprime le cerveau ; le petit ou le grand matin, je sais pas bien, on dit pourtant qu'il y en a de bons, je n'ai connu aussitôt que les mauvais.


En plein midi, quand il pleuviote, je ne sais pas où me mettre ; là, au milieu de la journée, je ne sais pas quelle est ma place, je ne sais pas où exister. Pourtant, je ne cherche pas midi à quatorze heures, je le cherche pas, quelle que soit l'heure, midi ne me dit pas, chacun voit midi à sa porte, moi je monte sur les toits, je longe les gouttières.


Quand il pleuvine le soir, moi je suis à goutte.

Mais je rigole quelquefois dans les éclaircies.

Je pisse jamais comme une vache.


J'écris ces mots comme je peux, à la va-comme-je-te-pousse au bord des orties, des artichauts, ou des phrases sans queue ni tête, mais auxquelles je m'efforce de donner corps, en tout cas avec difficulté, j'écris les mémoires qui me manquent sur ce carnet, parce que je suis triste comme la pluie et jamais gai comme un pinson. (J'hésite : pinson ou poisson ?) Non, je les ai vus dans les bocaux, les poissons, et des fois dans de grands aquariums, ils étaient pas hilares à tourner en rond, et pas lurons, plus sérieux qu'un pape dans sa papa-mobile, l'eau c'est pas rigolo, je sais, alors je suis pinson rare, et poisson à sec.

C'est Momo qui m'a donné l'idée d'écrire. J'ai des absences, j'ai des oublis, alors écris, qu'il m'a dit. Mais c'est pas facile de trouver les mots et de former des phrases. C'est coton. Heureusement, y a du prêt-à-écrire comme il y a du prêt-à-parler, ça aide, ça habille un peu les phrases, ça me porte un peu.

Je m'appliquerai.

C'est vrai, j'existe en pointillés. Dans la vie, je sautille comme les gouttes de pluie des giboulées quand elles bondissent sur le trottoir ; d'un point à l'autre je saute par-dessus des igues vertigineuses, je vais d'une ondée au grain, et de saucée à rincée.

Quelle chance ! Je vis toujours à neuf. Momo le dit toujours, Momo, mon pote, mon ami d'avant la pluie, que je vis à neuf. Quelle chance d'avoir un poteau, par temps sec, par temps lourd, par tous les temps, et c'est fou, c'est affolant tous ces temps, quand même, quelle aubaine, un pote pour tous les jours, les vrais, les faux, quelle chance un pébroc pour toujours.

« Au moins toi, tu ne vieillis pas » : dit Momo, je n'ai jamais vieilli de ma vie, c'est vrai. Je ne serai jamais un vieux croûton, puisque je suis toujours un jeune innocent nouveau-né toujours né nouveau quand il pleut, fils de la pluie et du mauvais temps.


Hier, Momo m'a accompagné à la Déco de vos rêves, la boutique de monsieur Dubourg, mon ancien patron, là où je bossais avant d'être viré.

À la Déco, je m'occupais du rayon papier peint. Depuis longtemps, plusieurs pluies au moins, j'aime les rouleaux des revêtements qui habillent et monsieur Dubourg, il m'avait embauché, je l'avais emballé, moi, avec le papier peint, tellement je sais en parler avec amour, de tous les beaux dessins qu'on peut mettre sur papier. J'aime les petits chats peints, qui lèvent la patte, pour l'attraper le petit papillon, c'est mignon, tout plein mignon, les chatons partout, c'est fou. Je sais conseiller les gens, leur montrer de beaux échantillons. S'ils n'aiment pas les chats, je leur montre les fleurs, il y en a tout un assortiment : les roses en premier, les belles roses grosses, picorées par des petits oiseaux c'est beau, et aussi les coquelicots, et les arums, ou les orchidées qui poussent sur papier et pas besoin de les arroser, et s'ils n'aiment pas les fleurs, je leur déballe des petits carrés de couleur, ou des losanges, et toute la géométrie.


Il faudra trouver un jour du papier résistant à tout, imperméable, indéchirable, ignifugé, imputrescible, inaltérable, impeccable. Un papier qui ne se décolle jamais ; jamais en cloque, jamais en gondole.

On pourra tout couvrir de papier solide et peint, le monde sera plus beau.

Oh tous les lés ! Lés collés sur le périmètre du globe, longs lés le long des allées, sur routes, et autoroutes avec pour motifs petites collines fleuries, très styles, en quelques traits aux coloris variés, à l'infini ; mais faudra aussi, sur les visages des gens qui font peur, du papier où seront imprimés des sourires de lèvres roses, des pétales bleus autour des yeux, et de jolis cœurs.

Faudra pas oublier, hein ! pas oublier de coller du papier blanc sur la nuit noire.


Et pourquoi les extérieurs des maisons ils auraient pas droit aussi à leur habit ? Il y aura des murs opoponax au papier parfumé, eh ! des murs big croco façon galuchat, ah ! des façades tatouées style maori, hi hi, sur papier prune.

Et puis même aussi encore et surtout des murs papiers aux motifs de briques et de pierres, plates ou grosses, des façades aux imitations lambris de bois ou ardoises.

Des maisons à l'envers, comme ça, le dehors comme un dedans et le dedans comme un dehors. Des maisons qu'on retourne comme un gant.

Et partout du papier, comme s'il en pleuvait. J'apprendrai à maroufler.


Et surtout, ne pas oublier, hein ! Pas oublier les longues échelles, ou les grands ballons montgolfières pour aller tapisser les nuages, de feuilles colorées motifs plumes et beaux plumages.

Comme il serait fier le ciel paon arlequin, comme ils voleraient les nuages plumes d'aras, hyacinthe ou chloroptère, et les cumulo-nimbus emplumés cacatoès !


Quand je naîtrai de la prochaine pluie, je serai un emplumé. Je serai tout duvet.

Je me volerai dans les plumes.

Il n'y aura plus d'aiguilles qui piquent le cul des heures sur les cadrans des horloges, y aura des plumes à l'heure et à la minute. Des temps plus doux, duveteux et cotonneux, douillets et moelleux, légers comme l'air que jamais je n'ai respiré, je ne connais que son fond, dur et froid.

À la pluie prochaine, je serai plumet, tout beau plumeau.

Gaffe, gentil à l'ouest, on te plumera !

Non, non, des pennes, des pennes, et plus de peines, je serai peinard.


Mais la Déco de vos rêves, c'est pas le grand bazar, a crié monsieur Dubourg navré pas content désolé, pas la foire, et pas le cirque non plus. Je faisais pas l'affaire, il a dit. Momo a voulu me défendre, mais rien à faire. Momo a répété combien je suis consciencieux, passionné, féru des revêtements peints imprimés, et motivé, sérieux, acharné, et zélé, assidu, courageux, et honnête, bien portant et même normal.

Pas question, pas question, a dit monsieur Dubourg, ce jeune homme est une tempête, un ouragan de papier, un raz de marée, et ma clientèle a besoin de calme, et moi aussi.


Me voilà ainsi sans travail et sans papier. Momo m'a dit : « T'en fais pas. » Momo, on peut s'appuyer sur lui. Il a un bon boulot, très sérieux, très comme il faut, très important, c'est un technicien virtuose, un magicien des photocopieuses, il te répare une machine en deux temps trois mouvements, je sais pas lesquels, mais il lui en faut pas plus ; fortiche, il connaît tout sur la photocopie, c'est "un expert de la duplication et de la reprographie", comme il dit. Il sait l'art du recto et du verso, il a pas un seul côté à son arc, il peut tirer ton portrait photo en milliers d'exemplaires qui se ressemblent comme des gouttes d'eau, mais pas le mien, moi non, je veux pas qu'on me tire.

Bientôt, il fera "des photocopies 3D", il se vante. Si, si qu'il dit.

Il pourrait me refaire moi, même taille, un mètre quatre-vingt-six et des poussières, mêmes cheveux épais, toujours noirs, même cicatrice, là sur le bras droit, même grain de beauté laid, là sur le front, mêmes ongles rongés, moi comme une statue en plastique, en résine, en polypropylène, non ! Je veux pas. Je veux pas me ressembler comme deux gouttes d'eau. Je veux pas une nouvelle pluie de moi. Je veux pas me reproduire. Je veux pas qu'on me rajoute une dimension, j'en ai déjà trop et je sais plus où les mettre, je sais pas quoi en faire.

Et du papier peint avec motifs 3D, je lui ai demandé, c'est possible ?


Ne t'inquiète pas, tu trouveras un autre boulot, a répété Momo, il répète toujours, Momo, une déformation professionnelle, mais je ne m'inquiète pas, je pense à elle, en 3D, et je ruisselle. Je l'ai croisée cet après-midi, une cliente de la Déco, un sourire peint sur les lèvres, belle comme un papier blond à motifs de boucles et frises.

« Vous m'avez beaucoup fait rire lorsque je vous ai vu au rayon papier mural du magasin », qu'elle a dit. « C'était bien vous ? »

J'osais pas la regarder, j'osais pas lever la tête, mais j'ai deviné ses yeux brillants et rieurs derrière les verres ronds de ses lunettes.

« Ah, quel enthousiasme, quelle exubérance, dans votre démonstration sur les arrangements pour une chambre d'enfant ! Lé l'éléphant, lé léopard, lé lézard, criiez-vous, et même lé lémurien, hi, hi sur fond jaune savane… Tous ces rouleaux juxtaposés, que vous combiniez "en grand", comme vous disiez, vous êtes même monté sur un escabeau et… ah j'avais beaucoup ri. »


Elle a proposé qu'on prenne un verre sur la terrasse du bar Maduro. J'ai commandé une grenadine avec des glaçons et une paille comme d'habitude, elle un "mojito", avec une paille aussi, elle était jolie sa paille, couleur verte assortie à son verre, la mienne était trop jaune, j'ai pas osé demander qu'on me la change.

Elle si douce, je voulais lui dire toutes les choses, toutes les pensées qui peuvent trotter dans la tête comme des tortues avec de grosses carapaces qui cognent le crâne, les pensées coccinelles qui trottinent dans la cervelle, celles qui fourmillent entre les tempes, celles qui passent et s'en vont en laissant des traînées de bave brillante dans la citrouille ; et pourtant les pensées c'est pas bête ; lui dire combien le cœur, là dans ma poitrine, jouait au saut à la corde, vite, trop vite comme sautille avec sa ficelle une petite fille aux boucles blondes et lunettes rondes ; lui dire le monde trop grand, toutes les couleurs que l'on m'a fait voir, tout ce qui réussit à mettre debout le matin, tout ce qui serre la poitrine à vous étouffer ; lui dire aussi les ombres d'avant la pluie, lui dire encore et encore et je ne réussissais à rien dire, rien, les mots ne voulaient pas venir, ils sont capricieux, les mots, ils en font qu'à leur tête, alors je lui ai parlé de la pluie et du beau temps, en souriant.


Elle a souri aussi quand elle a dit que la météo était au beau fixe, qu'on ne risquait pas l'orage de sitôt, et après un silence à la grenadine et au mojito, elle a raconté son travail, qui m'a laissé baba, ébabahi, j'en ai fait tomber ma paille : « Vous savez, je travaille aussi dans le papier, mais pas celui que l'on colle sur les murs, je travaille à mi-temps dans un atelier où l'on fabrique des cotillons pour les fêtes : des guirlandes et des confettis, des chapeaux pointus, vous savez les chapeaux turlututu, et des paillettes et des étuis, des serpentins et des loups, des bolducs de toutes les couleurs, des crépons aussi pour papiers cadeaux et des rubans, tous ces trucs en papier pour les fêtes. Moi, je suis spécialisée dans les confettis. Mais faut pas croire que c'est la fête dans les ateliers, on bosse dur. Faut résister à la concurrence, prévient toujours le patron, nos serpentins se bagarrent contre les dragons chinois. »


J'ai repensé toute la nuit à cette fille, dont je ne connais pas le nom.

Ses yeux sont là, collés derrière mes paupières ; dès que je les ferme pour dormir, ils me regardent, et ses pupilles sont deux confettis tout verts. Vert, tout doux vert, tendre et souriant. Vert pailleté jaune doré. Verts, ils sont là.

J'ai rêvé d'une fée avec un chapeau pointu. Toute petite, debout sur un serpentin volant, une robe à la forme d'un triangle de papier peint aux motifs d'étoiles, elle s'est approchée de mon oreille, et elle m'a chuchoté des mots que jamais je n'avais entendus, des mots dans une langue que je ne connais pas, une langue des fées sûrement, et chaque mot semblait un fil rose de barbe à papa, qui se faufile dans tout le corps, et le calme, et le détend, le caresse de l'intérieur, et enveloppe cette boule douloureuse dans la poitrine, lui ôte son poids, la rend légère, légère.

La fée minuscule s'est éloignée, dans une main une baguette torsadée où s'enroulaient des rubans jaunes et verts, une longue sarbacane dans laquelle elle soufflait ; en fusaient des projectiles, des petites boules qui transperçaient les gros dragons cramoisis ; dans l'autre main, elle tenait une pomme d'amour toute rouge.


Les murs de ma pièce étaient trop nus. C'était tout nu chez moi, dans cette chambre que je loue. Elle a froid souvent. Trop de trous, trop de fissures, des murs trop abîmés a dit Momo pour que l'on puisse y coller du papier peint.


J'ai accroché partout dans ma chambre des guirlandes de papier.

Au pied de mon lit, j'ai jeté des confettis de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel après la pluie, je marche pieds nus sur des miettes de bleu, de vert et de jaune, et je me lève sur des flocons de rêves en papier.

Momo, quand il verra, il va m'enguirlander c'est sûr. Il va me décorer de reproches, sûr, mais c'est moins beau ce décor-là, à me dire tu sais pas gérer ton argent, tu as à peine de quoi vivre et tu dépenses tes sous n'importe comment.

Mais les sous, à quoi ça sert si on peut pas acheter de guirlandes ?

C'est comme un Noël, chez moi. Chez moi, c'est comme une fête.

Je vis dans un paquet cadeau, enveloppé de rubans que j'ai suspendus au plafond. Mais moi, je suis pas le cadeau, je sais, on me l'a dit déjà, je suis pas un cadeau. Mais je suis emballé.


Peut-être qu'au ciel dans la nuit brillent des paillettes d'argent, peut-être qu'elles tomberont en pluie sur nos têtes, toute une pluie d'étoiles frémissantes, et des miettes de ciel et des confettis de nuages sur nos visages si pâles, et moi je serai tout cotillon, je serai né de la Petite Ourse, je serai zodiacal ; comme un clown blanc au maquillage de nuages, j'irai, caricatural, faire la fête sur les lueurs du levant.


Je l'ai revue ce matin ! Depuis plusieurs jours, je traînais dans les rues près du bar Maduro, avec l'espoir de la rencontrer à nouveau. Elle s'appelle Sylvie. Elle m'a reconnu. J'ai osé lui dire : « Je vous offre un verre. » J'ai osé ! Elle était gaie, on a parlé, surtout elle, et moi, tellement tourneboulé à la voir, là devant mes yeux, je ne sais plus comment a tourné la conversation. Mais je sais son nom : Sylvie.


On se verra encore, "pour parler". Avec Sylvie. C'est prévu, les jours prochains en fin d'après-midi.

Au bar Maduro je reste des heures. Je bois lentement ma grenadine, ma paille est un compte-gouttes, c'est une perfusion du temps suspendu en goutte-à-goutte, qui s'injecte dans ma gorge, dans mon estomac, dans ma tête, brûlants de la fièvre de l'attente.


J'ai un catalogue que je feuillette à la table du bar. On apprend beaucoup de choses dans les catalogues, j'y apprends aussi mon vocabulaire. On me l'a offert, c'est gentil, dans une des boutiques Déco où j'aime flâner, il a un gros titre en première page : Tout pour la décoration de votre intérieur.

Une bibliothèque m'a beaucoup plu, page deux cent cinquante-six. Qu'ils sont beaux les livres brochés et reliés alignés sur des étagères en bois d'acajou ! Une bibliothèque autocollante, facile à poser sur tout un pan de mur, plus facile que du papier peint.

J'aimerais lire ces livres-là. Les ouvrir, on ne le peut qu'avec ses yeux, avec ses pensées, et ses rêves au bout des yeux.

Leurs pages ne sont pas de papier, leurs pages s'écrivent de murs, de briques, de broques, de plâtres que l'on essuie, toute la vie feuilletée derrière les cloisons, les écrans de parpaing, les paravents de crépi, livres aux épaisseurs de l'ombre des vies passées, entre les murs et au-delà.


Quand elle arrive, je ferme mon catalogue. Je lui ai raconté, un soir, que monsieur Dubourg m'a mis à la porte de la Déco de vos rêves, et que désormais, je ne cherchais plus à décorer que mes rêves. Elle est gentille, Sylvie, elle me regarde toujours avec un sourire doux et amusé. Je suis vraiment désolée pour vous, qu'elle a dit, et elle m'a proposé son soutien. « Quelle sorte d'emploi recherchez-vous ? » a-t-elle demandé. Que pouvais-je lui répondre ? Je ne sais pas, j'ai jamais su. J'ai peut-être su un jour avant la pluie, qui sait ? Très vite, je lui ai demandé si elle aimait les bibliothèques autocollantes, et toutes ces choses qui adhèrent. Moi j'aime les colles, j'ai expliqué. À la boutique de monsieur Dubourg, je m'étais informé de tous les produits adhésifs pour papier peint, j'aimerais collectionner toutes les sortes de colles, j'en ai déjà quelques tubes à la maison, en liquide ou en pâte, des colles pour tout coller. Alors du papier autoadhésif, ça étonne, ça passionne…

Mais pourquoi les gouttes de pluie elles se détachent des nuages, elles se décollent du ciel, pourquoi elles ruissellent, pourquoi ? Il y a des gouttes de colle, mais pas les mêmes que les gouttes de pluie, elles ne s'en vont pas, ces gouttes-là, elles restent, et attachent, et lient. Quand un jour il pleuvra des gouttes de scotch, je serai attaché à moi-même, je serai allié, tout coalisé, je serai conjoint et amalgame, je serai conglomérat et poudingue, oui je serai accolé.

Elle rit, Sylvie. Mais elle ne se moque pas de moi.


Je suis allé chez Momo aujourd'hui, il habite entre des murs sans papier, tout blancs granulés. Il habite en grand, en tout propre. Il fallait que je lui raconte ; il fallait que je prononce son nom devant lui : Sylvie, Sylvie. Son nom si joli. Je voudrais qu'il la voie, j'aimerais qu'il la rencontre. Je lui ai demandé de passer au bar Maduro en soirée.


Je suis content, Momo l'a trouvée "sympa" et nana jolie. Et Sylvie semblait tout aussi joyeuse de le rencontrer. Ensemble ils ont beaucoup parlé, ils ont beaucoup ri, moi j'étais heureux de leurs rires, et j'ai beaucoup souri, j'ai écouté aussi, lorsqu'ils parlent je n'ai plus rien à dire.

J'ai fait un peu tapisserie. Faut dire, c'est mon rayon.


J'ai composé un poème, mais jamais, pas au petit, mais au grand, je n'oserais lui offrir à lire cette petite poésie. Jamais.


J'aime vos proportions gardées

Vos arpèges

Vos colimaçons

Vous sans contrefaçons

Vous êtes belle à pleurer.


C'est la première strophe de mon tout premier poème. La suite, je l'ai mise dans un livre autocollant, à l'épaisseur des rêves que je n'ose pas écrire.

Sylvie, c'est une fille, pas un garçon, pas une pacotille, c'est moi le cotillon.

Dans mes nuits, il neige des petits papiers blancs, et je me vois, bonhomme de confettis, jeter sur elle un regard nougat tendre fondant, puis m'envoler comme une petite tornade bien sûr tourbillonnant autour de son corps tellement mimi si tentant, exquis enivrant, et rosir ses joues d'un baiser de papier, en neige, brûlant.


Et puis, Sylvie, c'est pas seulement une poésie, c'est un conte, c'est une fée des fleurs en papier, fée falbala des volants, une princesse des rubans, tralala, et moi tout juste la bête et le crapaud, un serpentin même pas volant, rampant.


Pas un parapluie, pas une ombrelle, elle sous la lumière, indéfiniment.

Des confettis d'un soleil en éclats brillent dans ma tête et pétillent quand je la vois, quand elle est là.

J'aimerais à moi seul être une bringue, une nouba ; une noce, une fiesta ; une fête, un gala ; je danserais si j'osais, et je lancerais des bombes de fils argentés et dorés qui nous entoureraient, elle et moi, je serais enfin une bobine comme il faut, et même brillante, élégante, moi le bobineau, elle la bobinette, bobinés ensemble des mêmes fils à dorer les vies ternes et mates.


Ce matin, je me suis levé très tôt, et pas du bon pied. Mais quel est le bon pied ? Qui le sait ? On ne sait jamais sur quel pied se lever ; on ne sait jamais sur quel pied danser, et on ne trouve jamais chaussure à son pied, dès demain, c'est décidé, je me lèverai sur les mains. Le jour non plus ne voulait pas se lever, il est resté longtemps tout sombre à moitié enfoui sous les draps de la nuit. Il voulait pas se découvrir.

J'aime pas les tôt, les aussitôt, les bientôt, tous les tôt, depuis plusieurs jours elle n'est pas venue chez Maduro, pourtant la dernière fois en partant, elle m'a dit : « À bientôt. » Non, non, tôt n'est pas si bien. Moi, je dois être du côté du tard et du retard, je suis toujours retardé.

Je suis resté longtemps ce matin dans les toilettes. Elles étaient si belles les petites fleurs mauves et violettes sur le papier enroulé, c'était beau à voir tout ce papier tourner et se répandre partout dans les WC ; jusqu'au bout du rouleau, il y avait des fleurs, j'ai dévidé un joli chemin fleuri pour revenir dans ma chambre, jusqu'aux confettis et paillettes.

Au bar, mon verre de grenadine était vide hier, j'ai beaucoup aspiré l'air avec ma paille, j'ai avalé tout le vide du verre, mais du vide, il en reste toujours, on n'en vient jamais à bout, du vide.


Comme une tache d'encre noire qui se répand sur le papier buvard, comme ça, une tache a obscurci le ciel d'un seul coup, d'un seul, ça n'a plus été, plus été bleu, le ciel, ou je ne sais plus, peut-être mes yeux tachés, je voulais pas les croire, mes yeux, pourquoi on les croirait, pourquoi il faudrait toujours les croire, mais je les ai vus, Momo et Sylvie, et Momo très gentil serré tout contre Sylvie si jolie, ils se tenaient par la main, ils marchaient dans la rue, parfois s'arrêtaient et leurs visages l'un contre l'autre, leurs lèvres, j'étais heureux de les voir, j'ai voulu les rejoindre, mais il y a eu l'encre noire, alors je me suis assis sur le pas d'une porte, et puis je ne sais plus, j'ai oublié les heures qui coulent sur les trottoirs, et je n'ai plus regardé les noms des gens sur les boîtes aux lettres, j'aime les étiquettes qui écrivent les noms et les prénoms sur les boîtes pleines de mots secrets : Émilie Legrand, Jean-François Lemarc, Monsieur et madame Le Houanec et leurs enfants, Julie Duparc, Sophie Lemaire, Jeanine Bonséjour, Fatima Azziz, Marie Demaistre… tous ces gens que je ne connais pas, que je ne connaîtrai jamais, et moi au bord du trottoir, j'ai refusé la pièce de monnaie que l'on m'a tendu comme si j'étais un clochard.


Je suis heureux pour mes amis, mes seuls amis, Momo et Sylvie. Ils s'entendent bien tous les deux. Je suis heureux pour eux. Dans ma chambre nue, j'ai ôté toutes les guirlandes, tous les rubans, j'ai balayé les confettis et les paillettes, j'observe les fissures dans les murs, et j'aide le plâtre à tomber en plaques ; dehors le ciel est sombre, j'attends la prochaine pluie.


__________________________________________

Ce texte a été publié avec un mot protégé par PTS.


 
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   Asrya   
13/9/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Pfiou... dure dure la lecture !
Je ne suis vraiment pas un fan des longues phrases. Ça ne s'arrête jamais. C'est épuisant.
Heureusement, l'écriture est magnifique, merveilleuse, d'une poésie sans limite. Elle jalonne amoureusement l'ensemble du récit ; merci.

Ce texte est fin, tellement fin, subtile. Beau.

Difficile de coucher des mots sous les vôtres.
J'ai lutté pour achever la lecture. J'ai du m'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à investir cette nouvelle, à réussir à la terminer.
J'étais au plein cœur d'un dilemme malencontreux : du blabla ennuyeux, une justesse poétique saisissante.
Je l'ai fait. Je l'ai lu, en entier.

Je ne sais pas si cela est dû au début de l'histoire, mais vraiment, j'ai mis beaucoup de temps à rentrer dans votre écrit.
Toutefois, à partir d'un certain cap, oublié les difficultés, oublié les obstacles, tout s'enchaîne avec magnificence ; un bonheur infatigable.

Quelle histoire, quelle plume, quel personnage.
J'en suis... renversé.
Cette candeur envahissante que vous nous offrez, c'est bouleversant.

Je pensais citer certains passages de votre récit afin d'en faire l'éloge, mais je me ravise ; ce serait trop long.
Chacun des paragraphes héberge une flopée d'images qui mériteraient d'être relevées.

Après avoir réussi à entrer dans votre histoire, j'ai tout aimé, du début jusqu'à la fin. Je suis ébahi par votre nouvelle, enjoué, si vous savez.
Ce fut merveilleux.

Merci infiniment pour ce partage, cette sublime découverte.
J'espère avoir l'opportunité de lire cette nouvelle encore et encore,

Merci,
Au plaisir de vous lire à nouveau.

   Anonyme   
3/10/2014
Salut Louis

Avec ses 23000 et quelques caractères, cette histoire n'aurait pas eu sa place en poésie.
Et pourtant...

Le narrateur étant diablement attachant mais un peu simplet, on peut s'étonner de le voir manier la langue aussi bien que les plus grands auteurs du répertoire.
Mais on sait bien que ce n'est que pour du beurre. Et après tout, pourquoi cet amoureux des papiers peints ne s'offrirait-il pas les services d'un nègre comme une star du foot ou du show-biz ?

Un point commun avec le narrateur me l'a rendu encore plus sympathique. Mon papa était peintre en bâtiment et ramenait à la maison les albums de papier-peints périmés pour qu'on puisse dessiner au verso.
Au passage j'ai reconnu le verbe "maroufler", peut utilisé par les gens ignorant les charmes de la tapisserie ou du collage d'affiche.

Au hasard, je cite ce passage. Mais j'aurais pu en citer des quantités tant ce poème en prose m'a plu.

"Oh tous les lés ! Lés collés sur le périmètre du globe, longs lés le long des allées, sur routes, et autoroutes avec pour motifs petites collines fleuries, très styles, en quelques traits aux coloris variés, à l'infini ; mais faudra aussi, sur les visages des gens qui font peur, du papier où seront imprimés des sourires de lèvres roses, des pétales bleus autour des yeux, et de jolis cœurs.
Faudra pas oublier, hein ! pas oublier de coller du papier blanc sur la nuit noire."

Merci Louis pour cet excellent moment
Je relis ton histoire illico pour en savourer toutes les finesses

   Robot   
3/10/2014
Quel texte, quel brio.
Pardonnez moi Louis, je n'ai pas votre talent de commentateur. seulement vous dire que je viens de lire une poésie, avec tellement d'images, avec ce brin de surréalisme parfois.
Un texte long qui malgré ou à cause de sa longueur donne envie cependant de le relire afin de s'en imprégner, de retrouver la belle impression de la première lecture, de trouver ce qui a échappé aussi.
Si je dois retenir un passage ce sera:
"Ce matin, je me suis levé très tôt, et pas du bon pied. Mais quel est le bon pied ? Qui le sait ? On ne sait jamais sur quel pied se lever ; on ne sait jamais sur quel pied danser, et on ne trouve jamais chaussure à son pied, dès demain, c'est décidé, je me lèverai sur les mains. Le jour non plus ne voulait pas se lever, il est resté longtemps tout sombre à moitié enfoui sous les draps de la nuit. Il voulait pas se découvrir. "
Ne me demandez pas pourquoi. Simplement je le trouve beau à faire couler les larmes.
Merci Louis.
Je sais que vous ne mettez pas d'appréciation sous vos commentaires, et je respecte votre choix afin de ne pas vous paraître désobligeant, mais vous comprendrez ce que je veux dire en sachant que j'ai découvert sous votre plume ou sous votre clavier un des meilleurs textes depuis longtemps.

   Neojamin   
3/10/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Cher Louis,

J'avoue, j'ai eu du mal...tellement de mal que je n'ai pas terminé. Je me sens lâche et bête, fainéant et peu respectueux de cette passion qui m'anime tous les matins.
J'avoue mes faiblesses et j'espère trouver le courage bientôt pour retenter cette lecture.
Je dis bête et lâche parce qu'il m'a suffit de lire les premières phrases pour savoir que ce texte serait un voyage, qu'il faudrait que je m'abandonne complètement à lui, que j'oublie un peu de mon monde pour me laisser captiver par cette prose...
Bref, j'y repasserai quand je serais prêt.
De ce que j'en ai lu, authentique, profond, VRAI, c'est le mot qui me vient, vrai et pourtant barré en même temps...un VRAI voyage.
Merci de s'ouvrir ainsi, de nous donner la chance de pénétrer ce genre de monde extraordinaire!
Je m'imagine que tout a commencé avec cette première phrase "Je suis né de la dernière pluie". Est-ce qu'elle t'es venue comme ça, un matin ou un soir et qu'ensuite, tu 'es juste contenté d'écrire, de déverser ?
Ces sept premier mots représentent l'un des meilleurs débuts que j'ai lu sur Oniris.


Bravo!

   Anonyme   
3/10/2014
Bonsoir Louis,

Vous voilà, vous pleinement vous, toujours avec ces quelques excès qui témoignent bien de votre générosité qui ne doit pas être que littéraire.
Vous avez ici, comme pour le gardien de musée, le talent de nous faire accepter votre personnage comme "une possible personne" que nous pourrions rencontrer au hasard de nos parcours.
Dès le début, cette histoire réaliste et farfelue nous convainc de l'authenticité de tous les personnages.
Quasi sans une seule description, vous nous faites adopter, percevoir immédiatement la personnalité du narrateur, de Momo, de monsieur Dubourg et de Sylvie.


Vous avez également réussi à nous faire accepter - et ce ne fut pas facile au début des premiers mots de la lecture- les décos papiers peints, les cotillons et les guirlandes.
Et puis, j'ai plongé dans votre poésie, à chaque expérience du narrateur, tout à fait normalement probable.

Vous aimez jouer avec les mots mais, à la différence de beaucoup, l'entreprise n'est pas gratuite, ce serait trop facile, vous la rendez utile au récit, vous vous emportez avec eux et distribuez ces merveilleux pans d'artifices.
Et comme disent les autres - trop rares, à cette heure - commentateurs, nous sommes à la lecture de ce texte simplement aux abonnés en voyage.

Je regrette - par romantisme- la fin. C'est votre choix. Je me la suis racontée d'une autre façon. Les personnages sont tellement attachants que vous nous permettez de le faire.

Respect. Sans évaluation, comme il se doit.

   Pepito   
4/10/2014
Bonjour Louis,

Que voilà une écriture mimi. Un régal.
Gaffe aux longueurs qui coupent un poil l'effet, exp : "Au bar, mon verre de grenadine était vide hier... n'en vient jamais à bout, du vide." super image, idée, mais par trop delayée.
Je sais, je suis trop logique, mais : "je rigole quelquefois dans les éclaircies." / "jamais gai comme un pinson." il faut quand meme choisir ;=)

Restent des délices, au hasard :
"flasques" de pluie"
"prêt-à-écrire comme il y a du prêt-à-parler"
" imperméable, indéchirable, ignifugé, imputrescible,inaltérable, impeccable." impeccable !

Des jeux de mots doux dont je suis jaloux :
"sans travail et sans papier" ;=))
"il répète toujours, Momo, une déformation professionnelle" ;=))

Pour le fond et la déception amoureuse, bon, c'est pas trop mon rayon.

Merci pour ce moment de poésie (en prose ;=)

Pepito

   patro   
16/10/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il faut se laisser embarquer et lâcher les amarres : quel délice , que d'émotions si l'on accepte d'entrer dans ce monde . Les mots pour dire, pour rire et pour pleurer , c'est un festival d'expériences intimes à découvrir .
Ce qu'il faut de compassion , d'empathie , de savoir écouter l'autre-différent-pour arriver à rendre claires ces pensées de "fous", sur-réalistes mais justes .
Texte hors-concours , d'exception, par la poésie qui l'imbibe et le miroir déformant qu'il nous présente , où nous devrions voir nos candeurs et nos noirceurs .
vraiment merci de ce don .

   jfmoods   
18/11/2014
Le langage comme source d'étonnement, c'est le propos permanent de Louis, qu'il s'exprime à la troisième ou, comme ici, à la première personne du singulier. Il existe, dans ses textes, un décalage entre l'impression d'ingénuité, de candeur (pour les plus cyniques, de naïveté, de crédulité) de ses personnages et une richesse d'expression où affleure toujours l'ombre bienveillante du poète.

Derrière les procédés typiques de l'oralité, parmi lesquels...

- les pronoms toniques ("moi je", "je... moi")

- la forme emphatique ("c'est... qui")

- les interjections ("hein", "Oh", "eh", "ah")

- le pronom démonstratif sous sa forme familière ("ça")

- le pronom cataphorique ("je les ai vus dans les bocaux, les poissons")

- la négation non marquée ("je veux pas")

… se développe un travail nourri de grossissement, une tonalité épique. Celle-ci passe souvent, chez Louis, par les figures de style. C'est le cas encore ici avec les hyperboles ("par-dessus des digues vertigineuses" , "pour aller tapisser les nuages"), les gradations hyperboliques ("ça écrase à peine debout, ça pèse sur le crâne, ça prend la tête pour la prendre entre deux étaux", "imperméable, indéchirable, ignifugé, imputrescible, inaltérable, impeccable"), la gradation anaphorique ("jamais en cloque, jamais en gondole"), les énumérations ("les belles roses... et aussi les coquelicots, et les arums, ou les orchidées", "et des paillettes et des étuis , des serpentins et des loups, des bolducs de toutes les couleurs")

Cependant, ce qui attire particulièrement l'attention dans ce texte, c'est l'effet d'élargissement marqué par les expressions au sens propre et figuré. Le langage peut, à ce niveau, revêtir un aspect passablement inquiétant...

"- Messieurs, que puis-je pour vous ?
- Exécuter cette ordonnance... suggéra Colin.
Le pharmacien saisit le papier, le plia en deux, en fit une bande longue et serrée et l'introduisit dans une petite guillotine de bureau.
- Voilà qui est fait, dit-il en pressant un bouton rouge. Le couperet s'abattit et l'ordonnance se détendit et s'affaissa." (" L'écume des jours", Boris Vian)

Chez Louis, cette mise en perspective présente un caractère généralement facétieux. En voici quelques exemples...

- la pluie (ouverture et fermeture du texte : "naître de la dernière pluie", "j'attends la prochaine pluie")

- le matin ("petit matin", "grand matin", "bons matins", " mauvais matins")

- l'aiguille ("aiguille qui piquent", "sur les cadrans des horloges")

- le midi ("cherche midi à quatorze heures", "je le cherche pas, quelle que soir l'heure", "chacun voit midi à sa porte, moi je monte sur les toits")

- l'ensemble ("sans queue ni tête", "je donne corps")

- le pied ("du bon pied", "sur quel pied se lever", "sur quel pied danser", "trouve chaussure à son pied", "je me lèverai sur les mains")

- le papier ("je l'avais emballé... avec le papier peint", « sans travail et sans papier », "m'enguirlander", "acheter des guirlandes", "cadeau... emballé", "fait un peu tapisserie", "c'est mon rayon")

- la plume ("emplumé", "volerai dans les plumes", "plumera")

De même, l'effet de grossissement est amplifié par des champs lexicaux se décomposant chacun en plusieurs sous-parties ...

L'eau

- description du phénomène ("pleut", "pleuvasse", "pleuviote", "pleuvine", "ruisselle")

- manifestations et formes diverses ("gouttes d'eau", "pluie", "éclaircies", "giboulées", "averse", "ondée", "grain", "tempête", "ouragan", "raz-de-marée", "glaçons", "orage", "flocons", "neige", "tornade")

- accessoire de protection ("pébroc", "imperméable")

- contenant ("flasque", "gouttières", "bocaux", "aquariums")

- contenu ("poisson")

- effet et conséquence ("saucée", "rincée", "arc-en-ciel")

L'écrit

- travail de composition ("points d'interrogation", "j'écris ces mots", "phrases", "carnet", "l'idée d'écrire", "pointillés", "mettre sur papier", "papier blanc sur la nuit noire", "les mots", "une langue", "vocabulaire")

- édition ("photocopieuses", "photocopie", "duplication", "reprographie", "recto", "verso", "reproduire", "pages", "première page", "catalogue")

- type d'oeuvre ("mémoires", "poésie", "strophe", "poème", "conte")

- contenant ("bibliothèque")

- contenu ("livres brochés")

- ouverture sur la thématique du papier ("papier peint", "papier autoadhésif", "papiers cadeaux", "papier enroulé")

D'autres éléments contribuent à nourrir ce fourmillement, ce foisonnement, cette apparence de de coq-à-l'âne typique du style louisien...

- métaphore filée de l'écriture sur le thème du vêtement ("prêt-à-écrire", "prêt-à-parler", "habiller... les phrases")

- jeu d'assonances et d'allitérations (" maori hi hi", "lémurien, hi, hi", "baba, ébabahi", "falbala", "tralala", "nouba", "fiesta", "gala")

- jeu de préfixation ("tôt", "bientôt", "aussitôt", "tréteaux")

- jeu de suffixation ("bobine", "bobinés", "bobineau", "bobinette")

- onomatopées ("flic","floc", "briques", "broques")

- entame de marabout ("pacotille", "cotillon")

Bref, de l'enchantement à tous les étages...

Merci pour ce partage !


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