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Réalisme/Historique
macaron : D'industrie chimique
 Publié le 08/07/12  -  9 commentaires  -  15737 caractères  -  77 lectures    Autres textes du même auteur

Choisissez un métier qui vous plaît, et vous ne travaillerez pas un seul jour de votre vie.
Confucius


D'industrie chimique


Moi, je n’ai rien demandé. Ils sont venus un jour au collège pour la présentation d’un métier peu connu et pourtant plein d’avenir : conducteur d’appareils de l’industrie chimique. La chimie est une science jeune nous ont-ils appris, et de citer Lavoisier, un illustre inconnu dans le panthéon de mes quatorze ans ; avec ça, l’industrie chimique en plein essor et du travail garanti pour les quarante prochaines années. Moi, c’est les diapositives qui m’ont impressionné ; la vue des alambics, des éprouvettes, des tubes à essai, toute la panoplie du savant fou, de l’alchimiste découvrant enfin le secret de la fabrication de l’or. Mais aussi, les quelques photos du lycée et de ce jeune à moto où semble souffler un vent d’autonomie, de liberté. J’ai signé… en soixante-quinze. On approche des quarante années garanties, a priori la fin promet d’être difficile, incertaine. D’aucuns diront que finalement ce n’est pas un mauvais choix, que d’autres secteurs professionnels n’ont pas tenu leurs promesses, qu’il faut bien gagner sa croûte d’une manière ou d’une autre. Moi, c’est le travail que je mets en cause : son organisation, son aliénation, sa finalité. On était en droit de penser que le progrès nous mènerait vers un âge d’or où l’intelligence de l’homme associée à la technologie garantirait une qualité de travail, une vie tournée vers l’harmonie, la réalisation de soi. C’est tout le contraire qui est arrivé avec le retour d’un quasi-esclavagisme, de conditions besogneuses dignes du dix-neuvième siècle !

Je n’aime pas me retourner, c’est toujours regrets et compagnie. Je me souviens pourtant à mes débuts de ces grosses bonbonnes en verre dans leurs paniers en ferraille enveloppées de paille. On y stockait des acides. Après que l’on s’était servi, le sulfurique ou le chlorhydrique – quelques gouttes – glissait le long du col de la bonbonne pour taquiner la paille, s’échapper en quelques volutes épaisses. Un joli spectacle… à n’en pas douter !


C’est comme ça qu’on s’était retrouvés avec Barbarin. Lui non plus n’avait pas de travail, de Boulogne qu’il était. Ce serait mentir de dire que nous étions amis, mais quand on ne connaît personne n’est-ce pas, cela fait toujours plaisir de revoir une figure accueillante, une tronche familière. Pour ce qui est de sa bobinette, la nature ne l’avait pas gâté : un menton en galoche, un blaze qu’on ne voyait plus que ça et des yeux petits, malins, vicieux enfoncés dans leur orbite. On nous embauchait pour démarrer un atelier de fabrication de colorants textiles. Des diplômés qu’ils voulaient… des chimistes… pas des paysans comme une partie du personnel de l’usine. Barbarin et moi, on sortait tout juste de l’école, notre petit diplôme en poche. Comme chimistes confirmés, on trouvait mieux ! D’autant que c’était pas de la soupe les colorants… et des acides plus mordants les uns les autres… et des solvants à qui serait le plus cancérigène… et du chlore… et du brome. Vigneron était notre chef d’équipe, un mec ouvert, arrangeant il me semblait… un faux-cul, une ordure, m’assura Barbarin. L’atelier avait beau être tout neuf, la direction ne misait pas sur le fonctionnel, et l’automatisme dont on nous rabâchait les subtilités au lycée n’existait quasiment pas. C’était fil de fer et bout de ficelle, le système D quoi ! On sait où cela vous mène ces petites incartades à la sécurité, ces démerde-toi avec ce que tu as, ces charrues avant les bœufs. Nous faisions équipe avec un gars du Sud-Ouest et un autochtone qui n’avait jamais vu une pipette de sa vie, Neveu qu’il s’appelait. Neveu, on l’a eu dans le pif, tout de suite… il avait quoi vingt-cinq ans, nous dix-huit… il voulait jouer les grands frères, seulement, il n’y connaissait rien à la fabrication. On le remit vite à sa place ; nous, on s’occupait de la partie technique, intellectuelle si je puis dire, lui, il grouillotait dans le laborieux, la manutention, le forcené travail. Il trouva vite pourtant un dérivatif pour se faire valoir : le lavage des toiles de filtration. On récupérait le colorant dans le filtre-presse où l’on utilisait des toiles en matière synthétique qui séparaient les cadres et les plaques du filtre. À chaque changement de coloris, il fallait laver le filtre et ses fameuses toiles. Autant le dire, c’était impossible à nettoyer. Plus on frottait, plus il en sortait de la couleur. Neveu, il s’acharnait là-dessus, il en faisait autant que trois ou quatre d’entre nous ; on le laissait faire, ça nous arrangeait bien…

Le turbin c’est une chose, mais si à dix-huit ans on n’est pas friand de distractions, d’amusements, alors, c’est qu’on ne le sera jamais. Selon nos horaires de travail, on partait en vadrouille avec Barbarin dans les rues de Château-R à la rencontre du patrimoine historique mais surtout de la belle jeunesse tourangelle. Tout se passait sur la grand-place… le cinéma… les troquets… une boîte… un peu derrière… où l’on s’y emmerdait quelques heures le samedi soir. Nous prîmes nos habitudes à l’hôtel « Le lion d’or », un logis de France, c’est là qu’elle venait la belle jeunesse. On sentit tout de suite qu’on n’était pas les bienvenus. Les mecs, ils étaient sur leurs gardes, distants, agressifs, prêts à en découdre… fallait pas qu’on touche aux donzelles. C’est vrai que c’était des jolis petits lots, des fringantes bourgeoises bien nourries, avec des petits culs joliment arrondis. Il y en avait une qui me plaisait particulièrement… une petite brunette… Barbarin m’arrêtait : « C’est pas pour toi, t’as pas la thune. » Une fin d’après-midi, cela faisait déjà quelques mois que nous étions là, on monte avec Barbarin au « Lion d’or ». Il n’avait pas le moral, rien ne lui plaisait : ni la Touraine ni le travail à l’usine et encore moins tous ces petits cons de Château-R. Par-dessus tout, il avait la nostalgie… Boulogne… la mer… le Nord… et puis des regrets… la marine marchande… son père… son frère… ils y étaient. « Allez ! dit-il, on va boire à ch’Nord », et voilà qu’on sirote des bistouilles. Seulement, le rhum dans le café, c’est vite écœurant et ça donne soif. Qu’à cela ne tienne, on continue avec la bière, pour nous rafraîchir et puis on sort du « Lion d’or »… qu’elle aille se faire foutre la belle jeunesse de Château-R ! On s’est fait tous les cafés de la place… à la bière… au « Commerce » on a rencontré deux mignonnes, pas le beau linge du « Lion d’or », du second choix, un brin vulgaire. Il se faisait tard, pas loin de minuit, au « Commerce » ils allaient fermer. On avait bien chaud avec Barbarin, je lui voyais des gouttes de sueur qui perlaient sur son front et puis un air bizarre aussi… une absence. Les mignonnes nous proposèrent d’aller dans un bar de nuit qu’elles connaissaient. À peine arrivés, le temps de commander une coupe de champagne pour les filles, qu’elles réclamaient avec insistance, l’une d’elles me dit : « Ton copain a foutu le camp, il est tout drôle. » Je me précipite dehors dans la nuit noire, je l’aperçois Barbarin qui déambule, déjà au bout de la rue, avec ses grands bras qui moulinent et un coup à droite et un coup à gauche. Je n’hésite pas, je fonce pour le rattraper. Il a tourné un peu plus loin, bringuebalant, ses longues jambes s’affaissant, se relevant. J’arrive, essoufflé, au fond de la ruelle, je le vois mon grand cheval fou, en extase, accroché au mur, les bras en croix. Je l’appelle : « François, François. » Il bouge, sa bouche fait une grimace… affreux ! Et puis, d’un coup, il me tombe dans les bras et il se met à chialer. Et des jérémiades… Boulogne… la mer… le Nord… et Château-cul… Neveu… Vigneron… Je le calme un peu, je lui dis qu’on va rentrer, que ça ira mieux demain et là, je me rends compte qu’il n’a plus de chaussures. C’était la grande mode des sabots, le retour à la ruralité, une confusion entre le refus et le désir de consommer. Je le trouvais ridicule Barbarin dans ses sabots. C’est lourd, mastoc, grotesque… on n’a pas besoin de ça, nous, les hommes… on y est déjà, en plein… Je préfère les chaussures légères, en cuir ou en daim, qui font le pied fin, dansant, aérien. On a refait le chemin à l’envers, on en a retrouvé un. Le lendemain, on a cherché l’autre, il y tenait Barbarin à ses grolles de péquenouse ; il avait bien voyagé son sabot, des mômes sûrement… à shooter comme au football.

À l’atelier, l’ambiance se dégradait de jour en jour. Neveu se plaignit à Vigneron, aussi à Babinet, l’ingénieur. Nous n’étions pas loin d’en venir aux mains. Ce matin-là, on se croise au monte-charge : « Je vais faire des toiles », qu’il nous dit. On lui répond à peine. « Allez les chimistes, retournez à vos réactions, jeunes cons prétentieux », qu’il nous balance en se bidonnant. Je retiens Barbarin, dix fois il se serait battu avec Neveu si je n’avais pas été là. On monte voir nos grignards, les températures, une addition là, un refroidissement sur celui-ci, la routine quoi ! Ce qu’on ressent et qu’on retient inconsciemment dans un atelier, un atelier de chimie pour ce qui est de mon expérience, ce sont les bruits. Tout est enregistré dans notre cerveau primitif : l’infime crachotement d’un purgeur, le roulis monotone d’une agitation, le grésillement d’un moteur de pompe, tout cela nous est à la fois familier et lointain. Ce n’est pas un bruit anormal annonçant une panne, un dérèglement prochain, qui nous fit nous interroger Barbarin et moi. Une rumeur… comme une plainte… assourdie… qui nous arrivait par moments. On prend l’escalier de service qu’on dévale à grandes enjambées et on pénètre dans l’atelier du 1er étage. C’est Neveu qu’on voit, là, tout de suite, au premier regard. Ils l’ont allongé, déboutonné son bleu, sa chemise. Il est blanc, Neveu, tout pâlichon, on croirait qu’il n’a plus de sang et ses yeux rouges, éclatés. Maintenant, il tousse, il a du mal à respirer. Toutes les ouvertures de l’atelier favorisent un courant d’air qui tente de chasser une odeur de chlore persistante. On va voir Vigneron, tout près, qui tourne bourrique en marmonnant dans sa barbe : « Quel con ! Mais quel con ! » Il nous explique, il était là, c’est grâce à lui si Neveu n’est pas mort asphyxié. Avec sa lubie du lavage des toiles, il avait testé, l’arpète, différentes méthodes de nettoyage avec tout ce qu’il trouvait comme produits chimiques dans l’atelier. C’est l’hypochlorite qui marchait le mieux, l’eau de Javel, mais pas celle du commerce, l’industrielle, bien plus concentrée, plus dangereuse. Il en mettait sur les toiles, il les brossait puis il les rinçait avec les égouttures des filtres-presses. En principe, l’eau était légèrement acide, un à deux pour cent, là, ce devait être le début du lavage du colorant avec une concentration à cinq, peut-être sept, huit pour cent. Vigneron l’avait vu, un dégagement de chlore, jaune, verdâtre et puis une odeur… caractéristique. Le masque autonome avec ses bouteilles était là, par chance, et personne dans l’atelier. On est allé voir Neveu, le réconforter malgré nos bisbilles. Barbarin lui a dit que c’était terminé les toiles, qu’on n’y toucherait plus, que c’était à la direction de trouver une solution. À ce moment-là, le chef du personnel est arrivé, un grand échalas, tout mielleux, qui n’osait pas nous regarder. Et le directeur de l’usine avec Babinet, l’ingénieur. Je l’avais déjà vu le directeur dans des séries télévisées américaines, poivre et sel, bronzé, plutôt athlétique, le genre californien… Cinq minutes ils sont restés, il n’y avait pas mort d’homme, et puis, ils n’avaient pas que ça à foutre. On a arrêté le lavage des toiles. Vigneron, il a proposé une machine à laver maison, un conteneur avec de l’eau chauffée à la vapeur. Ensuite, on a abandonné les toiles pour des feuilles de papier jetables, seulement, elles ne tenaient pas à la pression du filtre, on passait des heures à démêler le papier du colorant.

On s’est raccommodés avec Neveu, il nous a même invités chez lui, un soir, pour l’apéro. Il nous a présenté madame et leur petite fille. Dans le fond, c’était plutôt un brave type. Dans la boulange qu’il trimait auparavant… des horaires pas possibles… pour des clopinettes. Avec son embauche à l’usine, il pensait gagner plus et surtout s’élever socialement, permettre à sa progéniture des études qu’il n’avait pu faire. La vraie honte c’est d’être pauvre qu’il disait ; il était déterminé, il ne se laisserait pas enfermer : larbin, cocu, affamé, assisté. On lui promit qu’on l’aiderait, qu’on lui expliquerait un peu la chimie, la technologie, enfin ce qu’on savait nous du métier.

Barbarin, depuis qu’on était potes avec Neveu, se trouva une nouvelle cible, un nouveau champ d’investigation pour exprimer sa hargne. Depuis l’accident, on en causait entre nous des conditions de travail, même qu’on pensait qu’un jour ça se terminerait mal. Il alla voir le gars du syndicat et lui demanda ce qu’il comptait faire pour nous, pour pas qu’on finisse asphyxiés, estourbis, estropiés. On les sépara ; avec ça, il lui jeta sa carte ; on l’avait tous et même qu’on avait fait grève et gueulé dans les manifs et que ça ne faisait pas un mois qu’on était embauchés. Il continua ses recherches puis un jour il rappliqua la bobine encore plus sombre qu’à l’accoutumée, un air grave qu’on ne lui connaissait pas.


– Une belle vacherie les colorants ! qu’il nous a dit. Tout ce qui est aromatique, à noyau benzoïque : du poison ! Et tenez-vous bien les gars, j’ai dégotté des statistiques, un truc sérieux, et c’est pas folichon. Quinze ans dans les colorants, c’est cinquante pour cent de risque d’avoir un cancer de la prostate, de la vessie, des testicules. Si vous voulez une descendance, va falloir réfléchir sérieusement. Pour moi, c’est déjà fait. Ils n’y toucheront pas à mes rouspignolles.


On s’est tous regardés, il y avait Neveu et Rancola du Sud-Ouest et puis Vigneron qui s’était approché avec son petit sourire, voir ce qu’il avait encore à raconter cet énergumène de Barbarin. N’empêche, ça nous avait touchés son propos ; les poumons, le foie, les glandes thyroïdes, on n’y pense pas, on les imagine même pas à dix-huit ans, les ballustrines…

On terminait la gamme « acide » des colorants, attaquait la gamme « basique » avec sa kyrielle de solvants : toluène, benzène, acétone. Globalement, Babinet était satisfait mais on en était encore qu’aux essais, à la petite production. Je ne la sentais pas la rentabilité, bien trop compliquée, contraignante la fabrication des colorants, et leurs installations… déjà dépassées, obsolètes. J’attendais impatiemment les congés payés. J’envisageais une escapade en Irlande, sac à dos et auto-stop, histoire de m’aérer un peu, de purifier ma ventilation, et voir à quoi elles ressemblaient les Irlandaises, si elles étaient aussi envoûtantes que leur musique, leurs paysages. Barbarin ne reviendrait pas après les vacances, il avait donné sa démission. Son daron lui avait trouvé un taf sur un cargo, dans la machinerie comme mécano. Je l’accompagnai lorsqu’il alla retirer son solde et son certificat de travail. On demeura un instant sans rien se dire puis on se serra la main bien fermement : « Ne reste pas là qu’il m’a dit, tu vas y laisser ta peau, gare à tes rouspignolles ! » Je le suivis du regard s’éloigner sans se retourner, passer la barrière. Je ne le voyais pas trop sur un rafiot… ça picole aussi les marins… et Barbarin, l’alcool, il supportait mal… j’en savais quelque chose… si ça lui reprenait ses embardées… et de jouer les extasiés… les crucifiés… avec la flotte tout près… la grande mare… Maintenant, ce n’est plus qu’un point indéfinissable. Je ne l’ai jamais revu, je ne sais pas ce qu’il est devenu. Je l’entends encore… ses dernières paroles… ne reste pas là, tu vas y laisser ta peau, gare à tes rouspignolles !… ne reste pas là… ne reste pas là…


 
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   Anonyme   
1/6/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une chronique qui sonne vrai, je trouve. Bon, ça ne m'a pas passionnée, je reconnais (trop réaliste, j'aime lire des choses dans l'extravagance), mais j'ai bien aimé le milieu où l'histoire se déroule, et le rappel que dans les années soixante-dix c'était pas pareil... le texte, de ce point de vue, m'a un peu rappelé "Life on Mars", la série policière britannique où un flic des années deux mille se retrouve projeté dans les soixante-dix.
Je trouve toutefois que l'histoire effleure par trop des moments cruciaux, n'entre pas vraiment dans le gras, avec quelques dialogues par exemple. Ainsi, l'inimitié avec la jeunesse dorée de Château R, ç'aurait peut-être été pas mal de la faire ressortir avec une scène typique... L'ellipse, pour moi, est vraiment trop rapide ici : "Il alla voir le gars du syndicat et lui demanda ce qu’il comptait faire pour nous, pour pas qu’on finisse asphyxié, estourbi, estropié. On les sépara ; avec ça, il lui jeta sa carte". Pourquoi le syndicaliste l'a envoyé aux pelotes ? Une phrase de précision, à mon avis, n'aurait pas nui.

Enfin, puisque le narrateur écrit de nos jours, j'aurais bien aimé savoir ce qu'elles sont devenues en l'occurrence, ses rouspignolles, et s'il a connu beaucoup de collègues cancéreux : voilà encore un thème abordé par le texte, et non vraiment traité. L'histoire, pour moi, manque de conclusion.
C'est le reproche essentiel que je ferai au texte : un manque de construction, de clôture. Il s'agit de notations éparses, comme dans la vie, mais justement : j'aime lire de la fiction, mieux organisée que la vie.
Sinon, j'ai bien aimé le style gouailleur, avec un bémol sur l'emploi des temps passés ; par moments (je ne sais plus trop où), certains passés simples m'ont étonnée, j'aurais vu plutôt des passés composés.

   LeopoldPartisan   
15/6/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Assez surpris par cette tranche de vie, par cette autobiographie. Partagé aussi, car c'est soit trop long pour certains détails soit trop court pour certains sujets abordés.
Ce qui par contre est vraiment super, c'est de pouvoir transposer ainsi un récit oral de souvenirs évoqués en un texte littéraire qui tient vraiment bien la route.
Il y a chez l'auteur un véritable talent de conteur avec des digressions dont on aimerait vraiment en savoir plus. On sent aussi qu'il s'agit d'un premier jet avec parfois des tournures malhabiles. L'argot quand on cause des nanas et des beuveries, puis presque sans transition, un retour à la précision pour bien décrire l'atelier et les conditions de travail.

Petit conseil, aérez votre texte avec des paragraphes plus marqués encore, cela facilitera la lecture dans les moments de grande densité ou/et intensité.

Autre compliment, on est jamais dans un récit d'anciens combattants.

   AntoineJ   
18/6/2012
 a aimé ce texte 
Pas
j'ai eu beaucoup de mal à suivre et à maintenir la lecture dans les londs paragraphes. De même avec le style qui me semble basculer entre enfant "bourgeois" et "des cités".
Bref, je n'adhère pas. Ou il faudrait que je relise deux ou trois fois avec beaucoup d'attention

   Marite   
8/7/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Une ou plutôt, quelques pages d'une vie très bien racontées je trouve. L'écriture est simple, naturelle, elle coule ... je devrais peut-être dire qu'elle est fluide.
Je crois que l'ensemble du texte gagnerait à être aéré en scindant les longs paragraphes. Je crois qu'on peut laisser deux interlignes en changeant de sujet :
" C’est comme ça qu’on s’était retrouvés avec Barbarin. ... etc"


" Le turbin c’est une chose, ... etc"


" À l’atelier, l’ambiance se dégradait de jour en jour. ... etc"

et ensuite laisser un interligne à l'intérieur de ces sujets pour faciliter la lecture.
J'avais vu ce texte dans mon espace lecture mais le titre "D'industrie chimique" ne m'a pas donné envie de le lire. Ne serait-il pas possible d'en trouver un autre plus attractif ?

   David   
8/7/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Macaron,

Je ne retrouve pas un plan conventionnel, le début pose bien l'histoire, le déroulement n'est pas inintéressant, mais ça s'arrête comme si le narrateur descendait du train et me laissait poursuivre la route avec juste un bout de l'histoire.

Il ne va pas assez loin ce narrateur, ça se lit bien mais il manquerait quelque chose. Peut-être le début malgré ce que j'ai d'abord dit, commencer au collège ça fait début d'autobiographie, peut-être un départ plus anecdotique, une succession de "clichés" au sens photographique aurait mieux convenu, avec les mêmes éléments. Chaque évènement, la sortie du samedi, l'accident du travail, ça serait ça les "clichés".

J'ai parfois l'impression en écrivant que ce que je met au début, c'est la fin et que tout le reste ne fait que préparer quelque chose que j'ai déjà révélé. Pas sûr que ça s'applique ici pour autant.

Dans l'écriture il y a un aussi un côté "récit de marin", présent dans le titre peut-être avec ce D apostrophe, et qui "flotte" (c'est pas un mauvais jeu de mot) sur la façon de raconter, avec le jargon, la façon de décrire les gens. Ça, c'est pas mal aussi.

   brabant   
8/7/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Macaron,


Permettez-moi de m'associer à Babarin : "... ne restez pas là... ne restez pas là...". Texte plus vrai que nature, moi ça m'a fait penser au drame de l'amiante par chez nous, avec son cortège de victimes (cancer du poumon), un procès qui n'en a pas fini et des indemnités à rembourser puis régularisées, un nouveau combat après le combat, un combat de gens malades, un combat de gens en fin de vie qui n'en finit pas de ne pas finir. Bien vu donc votre texte, documenté, sérieux, posé et qui se lit facilement. Sur le mépris de la protection des travailleurs, leur mise en danger délibérée, le sacrifice aux bénéfices.

La vie provinciale est bien observée. Je crois qu'il doit y avoir des "Lion d'Or" partout dans la France profonde. Bon, pour la bistoule, pas d'accord, c'est que vous avez mis trop de rhum dans votre café, sinon c'est pas écoeurant et ça ne donne pas soif. Un dé à coudre de rhum seulement. ça m'étonne de Barbarin qu'il ne sache pas cela.

De la province bien sentie donc. Des gars comme Neveu, on en connaît tous. J'ai apprécié à sa juste valeur : "... il grouillotait dans le laborieux...", mais attention ce sont des hommes à tout faire, des maîtres de la soupape et du bout de ficelle. De plus pas des mauvais bougres. D'ailleurs vous le laissez entendre.


Oui ! Bien observé !

   alvinabec   
9/7/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Macaron,
Le début du texte m'a fait penser à une séance de nostalgie qu'en fait vous évitez avec bcp de grâce.
Vous avez des fulgurances littéraires superbes.
L'ensemble du récit me semble mal équilibré entre les à-côtés de l'atelier, les petites choses que l'on apprend des personnages et le poids des colorants. Sans doute pourrez-vous revoir cela, rajouter de la matière là où ça manque et élaguer ailleurs.
Je terminerai par un compliment: une tranche de vie touchante au bon goût d'authenticité.
A vous lire...

   marogne   
12/7/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Sur la forme j ai regrette la lourdeur des paragraphes, le manque d aération qui ne permet pas de rythmer la lecture. Le style par contre me semble adapté au sujet, traduire le technicien qui se fait une place entre l ouvrier et l ingénieur.

J ai néanmoins regrette, surtout dans le premier paragraphe, les clichés sur le travail, sur ce qu aurait du apporter le progrès. Effectivement il faut travailler, et que ce soit intellectuellement ou manuellement, il le faudra encore pendant longtemps, et le texte fait ainsi plutôt succession de clichés dates de la lutte des classes que réellement la narration d'Une histoire; un peu dommage car le message aurait pu, tout en étant plus discret, beaucoup plus fort.

   JJSU   
31/8/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Cette tranche de vie m'a semblé intéressante, les détails sur la chimie ne m'ont pas passionné mais ils donnent de la crédibilité au récit. Je trouve que l'ensemble se lit bien, on est assez guidé dans la lecture même s'il n'y a pas vraiment de fil conducteur qui se dégage.

Le reproche principal que je me permettrais concerne le style que je trouve trop variable au long du récit, qui oscille tantôt entre des formulations classiques :

"On était en droit de penser que le progrès nous mènerait vers un âge d’or où l’intelligence de l’homme associée à la technologie garantirait une qualité de travail, une vie tournée vers l’harmonie, la réalisation de soi. C’est tout le contraire qui est arrivé avec le retour d’un quasi-esclavagisme, de conditions besogneuses dignes du dix-neuvième siècle !"

des phrases très, presque trop, Céliniennes :

"C’est comme ça qu’on s’était retrouvés avec Barbarin. Lui non plus n’avait pas de travail, de Boulogne qu’il était."

et des phrases complètement argotiques :

"Pour ce qui est de sa bobinette, la nature ne l’avait pas gâté : un menton en galoche, un blaze qu’on ne voyait plus que ça et des yeux petits, malins..."

Toutes ces phrases sont bien écrites mais je trouve qu'il est plus agréable de lire un texte, surtout un texte court, homogène dans le style.

Néanmoins c'était une histoire originale et le personnage de Barbarin est assez attachant dans son côté gouailleur insoumis.


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