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Humour/Détente
matcauth : Concert, maudit concert
 Publié le 17/09/12  -  13 commentaires  -  14715 caractères  -  116 lectures    Autres textes du même auteur

"Il est dans la probabilité que mille choses arrivent qui sont contraires à la probabilité."
Henry Louis Mencken


Concert, maudit concert


Quand Luciano del deseo Parra Sandoval déplia son journal ce matin-là, il ne s'attendait certainement pas à y découvrir la plus extraordinaire nouvelle jamais écrite dans El Pingüino. Sous le choc, il manqua avaler sa vieille pipe taillée dans l'érable en décembre mille neuf cent quarante-neuf.


Il leva les yeux et s'assura que l'immensité désertique se dressant devant lui ne vacillait pas… Tout allait bien. Le soleil rougeoyait, les poules caquetaient et son rocking-chair se délabrait.


El Pingüino ne mentionnait certes pas l'arrivée providentielle d'une usine de laine ou de savon, enfin de n'importe quelle usine à même de sauver les trente-trois habitants de Cancha Carrera, Chili, du désœuvrement dans lequel les avait entraîné un événement fort singulier : le lever, chaque matin, du soleil. Il n'était pas plus question d'un gisement de cuivre ou de lapis-lazuli, de la richesse tombée du ciel sur la tête des résignés Patagons. Ici, l'espoir est aussi introuvable que la nuit après une journée à cultiver la terre sèche comme un pruneau de datte.


Non, vraiment, la noticia était d'un tout autre calibre :




Exclusif : le groupe de rock U2 clôture sa tournée

mondiale en Patagonie !




Un concert unique, au milieu des glaciers et des champs de poussière, un coup marketing fabuleux qui, au dire de l'attaché de presse du groupe légendaire, ses yeux luisants d'émotion et du reflet des dollars, marquerait à tout jamais l'histoire du rock. Et celle de Luciano qui sa vie durant avait raboté les bandes chrome de Joshua tree et de Boy sur la tête de lecture d'un radiocasete Technics.


Il s'y voyait déjà, faire corps avec la cohorte de fans déchaînés, hurler Beautiful day !, dresser sa pipe au-dessus de sa tête et ainsi accompagner les lueurs de la foule.


Luciano réajusta ses bretelles, s'extirpa de son rocking-chair, et s'élança à travers son jardin, une terre désolée, presque navrée d'être aussi pauvre. Le vieil homme avait déposé ses quelques économies dans un coffret de Cohiba Exquisitos 1966. La boîte était dissimulée à l'intérieur d'une bûche de sapin enfouie sous un rocher glissé sous une montagne, si bien cachée qu'elle avait jusqu'à présent brisé toutes les velléités à dépenser son contenu.


Luciano n'était pas fier de ce butin, volé en quarante-neuf à un trappeur canadien fumeur de pipe, James Powland, sur les rives du Klondike. Il repensa à cette histoire, haussa les épaules et prit la boîte entre ses mains. Il l'épousseta et examina les grains d’or qu’elle contenait.


Il y avait là de quoi payer un ticket d'entrée pour le concert. Un, pas deux.


Or, Luciano ne vivait pas seul.


Il avait la garde de sa petite-fille, ses parents ayant perdu la vie dans un accident de la route. Un mouton avait traversé au moment où ces derniers fonçaient sur la piste. Au volant d'une Fiat Panda, devenue décapotable au fil du temps et des tunnels trop bas, leur fin avait été des plus cruelles.


Les funérailles, tragiques, avaient été accompagnées d'une barbacoa, un méchoui, afin que le mouton, qui n'avait pas la priorité au moment du drame, paie sa part pour les frais.


L'an zéro des emmerdes de Luciano pouvait commencer son lent égrenage. Car Bianca était une peste, un monstre, insolente autant qu'insupportable. Elle n'avait pas supporté de quitter Santiago pour la glèbe et ce bled indigent serti de montagnes noires, pour une ancienne estancia délabrée aux murs de torchis et de paille.

On eût dit le village de Cancha Carrera à ce point perdu sur le globe que le temps lui-même semblait l'avoir oublié, éloignant ainsi le moment où un individu louche, un malfaiteur, un kidnappeur, un scolopendre martien ou la Providence, peu importait, embarquerait la chair de la chair de Luciano sur une grosse moto ou un vaisseau spatial, destination inconnue. Le vieil homme pourrait couler de vieux jours au fond de son rocking-chair, dans une main sa pipe, dans l'autre la page des jeux d’El Pingüino, son quotidien que le facteur délivrait une fois par semaine.


Mais pour l’heure, les pensées de Luciano se portaient sur les détails pratiques à régler en vue du concert. Il consacra les jours suivant à tenter, avec un discernement très personnel, de les résoudre.

Il pensait laisser Bianca seule quelque temps à Cancha Carrera et envisageait de nourrir cette dernière avec le distributeur à croquettes de son chien Bono. Il abandonna cette idée car, dès lors, comment le malheureux toutou s'alimenterait-il ?

Et puis, son rêve musical se situant à Punta Arenas, une semaine de marche, sa petite-fille pourrait bien profiter de la longue absence pour mettre le feu à l’estancia. Et à Bono.


Par conséquent, il dut se résoudre, le cœur brisé, à une solution radicale : se débarrasser, provisoirement, de l'affreux bambin.


Il recueillit encore quelques poussières d'or dans sa boîte et fit ses emplettes auprès de Maximo, le marchand ambulant : une pince à dénuder, un bidon d'huile moteur, une scie à bois et des feuilles de phytolaque, une des rares plantes abondant autour du détroit de Magellan.


Sa première tentative, dûment élaborée, échoua d'une manière aussi navrante qu'une plantation de salades dans le désert d'Atacama.


Luciano avait dénudé les fils de son antique fer à repasser. Il avait ensuite posé l'appareil, avec force précautions, sur une planche à peine plus récente. Le tout formait un édifice brinquebalant tout prêt à s'effondrer sur Bianca au moment où celle-ci, alertée par l'odeur de linge brûlé, tenterait d'éviter l'incendie.

En grand passionné des énigmes mathématiques de son quotidien hebdomadaire, Luciano avait estimé à cinquante pour cent les chances de voir le fer écraser les orteils de Bianca. Et à cinquante autres pour cent que sa petite-fille s'électrocute. Cinquante pour cent de l'un plus cinquante pour cent de l'autre, cela faisait, disons, beaucoup de chances pour que Luciano assiste tranquillement à son concert.

Les pannes du réseau électrique, trois ou quatre par an, soit une probabilité de un pour cent, constituaient une variable non intégrée au modus operandi. Lorsque Luciano revint d'une fortuite balade en montagne, une panne affectait tout le village. Bianca dormait et le fer à repasser se tenait toujours sur la table. Froid.


Luciano jura qu'on ne l'y reprendrait plus et investit son alchimie créatrice à l'élaboration d'un plan plus rigoureux.


Le soir même, il incorpora quelques feuilles de phytolaque à sa soupe de navet et patate douce. La plante, vénéneuse sans être mortelle, suffirait à mettre Bianca sur la touche pour quelques jours et, comble de la félicité, les maux de tête dont elle serait victime l’empêcheraient d'ouvrir la bouche.

Luciano se demandera longtemps ce qui traversa l'esprit de Bono pour que ce dernier choisisse, entre tous, ce jour précis pour en secret dévorer l'intégralité du plat. Le chien se posait sans doute lui aussi la question, allongé et gémissant, attendant patiemment que sa dernière heure vienne ou passe.


Puis, au matin suivant, Bianca manqua se briser le cou, devancée en cela par son grand-père. Celui-ci, descendant trois par trois les escaliers du premier étage pour ôter une casserole de lait laissée inopinément sur le feu, omit le barreau qu'il avait saboté à l'aide de sa scie flambant neuve.

Dépité, Luciano estima que ses chances de finir avec un bras en bandoulière avaient été inférieures à trente pour cent.


Quelques heures plus tard, Bianca ne glissa pas sur la flaque d'huile que son aïeul avait versée sur le palier de sa maison. Un guanaco venu attaquer la volaille du poulailler s'en chargea.

La probabilité d'une attaque de guanaco était, d'après les autorités chiliennes, de un pour cent. Quant aux chances de voir l'animal glisser sur une flaque d'huile, là, personne n'avait les chiffres.


L'incompréhension se dessina peu à peu dans les yeux cernés de Luciano. Bianca était toujours là. Comment autant de circonstances avaient-elles pu nuire au sombre dessein de sa disparition provisoire ? Les chances pour que la petite peste s'en sorte avaient été chaque fois plus faibles. Presque trop.


Une géniale illumination lui vint un dimanche, alors qu'il s'installait sur son rocking-chair, posait ses pieds sur son nouveau tapis en peau de guanaco, et feuilletait son journal.


L'énigme mathématique du jour s'appelait le Paradoxe des anniversaires. L'énoncé était le suivant : combien faut-il réunir de personnes pour avoir une chance sur deux que deux d'entre elles soient nées le même jour ?

Luciano gribouilla plusieurs pages de calculs avant d'arrêter son choix : trois cent soixante-six.



La réponse était : vingt-trois.


Plus étonnant encore, la probabilité d'avoir deux personnes nées le même jour, dans un groupe en comportant quatre-vingts, était de quatre-vingt-dix-neuf pour cent !

La clé de l'énigme consistait à s'interroger sur les chances pour qu'il n'y ait aucune paire née le même jour. Ce qui modifiait radicalement la perception du problème.

Ébranlé dans ses convictions, Luciano comprit que ses calculs statistiques étaient faux depuis toujours. En fin mathématicien, il en déduisit que les chances de succomber au fer à repasser, à un guanaco furieux ou à un barreau d'échelle étaient en réalité très faibles.

S'engageant plus avant dans cette logique toute personnelle, il reprit les données de son problème en inversant le postulat : puisque sa petite-fille résistait à ce qui était probable, elle ne résisterait pas à ce qui était improbable… il fallait que l'accident provoqué ait une chance ridiculement faible de se produire.


Imparable.


Et là, le choix était vaste. El Pingüino lui avait appris que les chances d'être touché par une météorite étaient de une pour 720 000. Les chances d'être enlevé par un extraterrestre étaient de une pour 12 450 000.


Parfait.


Bianca accompagnerait donc son grand-père au concert. Un grand bol d’air lui ferait d'ailleurs le plus grand bien.


Luciano réfléchit aux choses susceptibles d'attirer un Martien. Ou un fragment d'astéroïde. Il s'exerça à signaler sa présence sur Terre en reflétant les rayons du soleil sur son vieux miroir piqué. Maladroit, il ne réussit qu'à mettre le feu à une dépendance de sa maison et, le temps d'éteindre l'incendie, les murs étaient réduits en cendres. Dans les décombres, il retrouva un minuscule morceau de son billet de concert. Fou de désespoir, il revendit Bono et, avec l'argent, s'offrit un nouveau billet.


Quant aux météorites et aux Martiens, El Pingüino lui donna, là encore, une réponse : il devrait emprunter la Ruta 40, une route connue pour avoir été autrefois le théâtre d'enlèvements extraterrestres. Une sorte de zone 51 sud-américaine.


Maintenant, tout était prêt.

Le jour du départ ne tarda que trop.


Bianca rendait la vie de son grand-père impossible, refusant de l'accompagner, cessant de s'alimenter. Et de se taire. Ce grand voyage jusqu'à Punta Arenas, en passant par la Ruta 40, se révéla interminable ; Luciano scrutait en vain le ciel bleu, à la recherche d'OVNIs.

Quand enfin ils foulèrent la pelouse du champ de foire de la ville, Bianca n'était pas encore sur Mars à bouffer des cailloux cosmiques. Et Luciano souffrait d'une cervicalgie.


Les chances pour que Bianca trouve par hasard un billet de concert égaré étaient d'environ une pour 10 000, Luciano n'avait donc aucune raison de s'en faire. Elle le trouva dès le lendemain.

Anéanti, le vieil homme fut contraint d'assister au concert avec elle.


Mais le moment fut grandiose, intense. Magique. Pendant deux heures, Larry Mullen Jr, Adam Clayton et The Edge accompagnèrent le leader, Bono, et gratifièrent de leurs plus beaux morceaux un public aux anges. U2 servit le magnifique In a Little While durant lequel le chanteur du groupe fit monter sur scène Bianca. Ce fut une révélation pour la jeune fille.


Elle se prit à chanter, à hurler des refrains entêtants, et partagea la ferveur d'une communion sonore embrasée de lumière.


Pour la première fois, Luciano vit sa petite-fille heureuse.


Attendri, il abandonna ses pensées sordides et sacrifia même son dernier morceau d'or à l'achat d'une cassette audio du concert. Il y avait sur la pochette une photo des quatre membres du groupe, enveloppés d'une lumière orange et brumeuse.


Bianca et Luciano reprirent le chemin du retour. Ces deux-là finiraient par se supporter – à défaut de s'apprécier – grâce à leur passion désormais commune pour le groupe de rock. La route se fit sans heurt et sans extraterrestres.


Ni météorites.



* *

*



Des années durant, Luciano chercha les raisons de l'incroyable destin qui avait épousé la ligne de vie de sa petite-fille.

Bianca avait quitté Concha Carrera depuis longtemps et habitait Santiago du Chili. Parfois, elle rendait visite à son grand-père. Les discussions familiales dérivaient invariablement sur leur passion pour U2.


Un jour, Luciano eut envie d'écouter la cassette du concert, celle qu'il avait achetée sans jamais oser l'écouter, de peur que son radiocasete Technics ne la mange.


Et le radiocasete mangea la cassette.


Luciano comprit. Il se souvint que l'objet avait été acheté avec sa toute dernière pépite d'or. Il réalisa combien cet or lui avait porté malheur.


L'or volé.


Il devait remédier à ça.


Il revendit tous les biens d'une quelconque valeur à Maximo, son colporteur. Avec l'argent, il prit un billet aller-retour pour Dawson, Yukon. Sur Harper Street, il acheta une pioche, un bidon d'essence et un briquet, et prit la direction du YOOP cemetery, le cimetière des pionniers, au sud de la ville.


Il faisait très froid ce soir-là, et personne ne viendrait le déranger. Luciano vit passer un traîneau tiré par douze Alaskan Huskies à l'entraînement pour la prochaine Yukon Quest. Mais le traîneau s'éloigna et il se retrouva seul.


Luciano s'approcha de la tombe de James Powland. À L'aide de sa pioche, il frappa le sol glacé pendant des heures avant que n'apparaisse le couvercle du cercueil. Luciano l'aspergea d'essence et jeta son briquet allumé. Le bois s'embrasa, puis les os brûlèrent et libérèrent l'âme du chercheur d'or, emportant à jamais la malédiction qu'il avait posée sur les pépites. Luciano fit le serment de ne plus jamais voler d'argent. Et de ne plus jamais jouer aux énigmes mathématiques d'El Pingüino.





Le lendemain matin, Bianca mourut foudroyée, tandis qu'elle regagnait son domicile sous l'orage.

La probabilité pour qu'un événement de la sorte se produise était de un pour 250 000.


 
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   placebo   
5/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bon, j'ai souri à un ou deux endroits, c'est déjà ça… :)
J'aime bien ce texte qui détourne les nombres. Le plaisir de lancer des chiffres (les grandes personnes adorent les chiffres, nous rappelle avec justesse st Exupéry) est perceptible et je l'ai déjà vécu, au moins.

Les plans qui échouent les uns après les autres relève du plus classique :) C'était un tout petit peu long.
Je regrette un peu que les personnages ne soient pas plus approfondis, il y avait moyen de dresser le tableau par petites touches avec cette longueur de texte.

Sur le plan comique, le texte manque un peu de peps ou de ressort mais ce n'est pas pénalisant, on lit sans problème (ça pourrait être un peu mieux, c'est ce que je veux dire. Jouer sur les mots en plus du comique de répétition par exemple).

Bonne continuation,
placebo

   Anonyme   
17/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte noir, drôle et déjanté comme j'aime... Cela dit, je ne vois pas trop l'utilité de la chute, sauf à supposer que la malchance de Luciano ayant pris fin, la mort de la petite-fille autrefois ardemment détestée doive suivre ; ou alors, que toutes ces histoires de probabilités c'est du flan. Mais bon, dans l'ensemble j'ai apprécié ma lecture.

"Il avait la garde de sa petite-fille, (...) la chair de la chair de la chair de Luciano" : en toute rigueur, la petite-fille c'est seulement "la chair de la chair de Luciano" ; y a une génération en trop dans le texte. [Edit : cette dernière remarque est caduque puisque, lors du passage en correction, le texte a été rectifié sous ce rapport.]

   Pimpette   
17/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est toujours épatant de pouvoir rire en lisant un texte!
Exemple:
...en parlant de la mort des parents de la petite Bianca:
"Au volant d'une Fiat Panda, devenue décapotable au fil du temps et des tunnels trop bas,leur fin avait été des plus cruelles"
J'en pleure!
L'histoire est bonne malgré la fin nettement ratée...
Mais on ne condamne pas une cuisinière à mort parce qu'elle a raté le dessert,d'accord?
je note sur le meilleur...

   alvinabec   
17/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Matcauth,
Dans l'ensemble c'est bien écrit, c'est fluide, on vous suit sans encombre.
Par le début du récit vous m'incitez à entrer dans un monde loufoque à souhait, U2 dans le désert de Patagonie, c'est quelque chose, je plane déjà...
Et puis on (je) m’emmêle les pieds dans des probabilités et là je décroche un peu (sans doute le désamour des chiffres).
J'ai trouvé le passage très long jusqu'au voyage qui, mince, est éludé, non traité, frustration du concert pour votre lecteur, vous êtes dur!
La chute est à revoir à mon sens, cette culpabilité de bon aloi (tardive certes) n'a pas sa place chez votre personnage, pas plus que la mort curieuse de sa petite-fille.
A vous lire...

   Anonyme   
19/9/2012
Hummmm, bien que l'on soit au "Chile", cela partait comme un Sepulveda, un Amado ou un Marquez...

" La boîte était dissimulée à l'intérieur d'une bûche de sapin enfouie sous un rocher glissé sous une montagne"

Une ligne qui put rejoindre la plus pure des littératures sud-américaine...

Puis, on délaissa un peu Jorgé, Gabriel et Luis pour passer nettement dans le camp du savoureux tonton Cristobal...

A l'annonce d'un concert de You Two, je me suis un peu effrayé, étant plus près d'une génération à la mucha combos... Mais comme Luciano fit l'acquisition d'une petite Bianca dont les parents... "fonçaient sur la piste. Au volant d'une Fiat Panda..." Avec délice je ne quittais pas l'histoire, en passant par de gros pics de rire :

* " Il pensait laisser Bianca seule quelque temps à Cancha Carrera et envisageait de nourrir cette dernière avec le distributeur à croquettes de son chien Bono."

* "Quant aux chances de voir l'animal glisser sur une flaque d'huile, là, personne n'avait les chiffres."

* " El Pingüino lui avait appris que les chances d'être touché par une météorite étaient de une pour 720 000. Les chances d'être enlevé par un extraterrestre étaient de une pour 12 450 000. "

* "Fou de désespoir, il revendit Bono et, avec l'argent, s'offrit un nouveau billet."

etc, etc,

Yes ! ça délire sec ! Mais ça fonce ! Avec une idée par ligne, et on quitte la nouvelle avec les zygomatiques bien durs ! Et puis, il y un fond qui montre que l'auteur n'a pas chômé sur la doc ! Rien de ridicule ici comme fut un temps, peut-être seulement un titre manquant un peu de punch ! mais pour moi, une bonne réussite distillée par une écriture fluide et inventive !

Muchas gracias Amigo !

   aldenor   
18/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je note très bien, mais je trouve que c’est excellent au niveau de l’écriture et de l’humour. Pour les fausses notes. Il manque de nous apprendre en quoi cet enfant est si diabolique ; le personnage de « la petite peste » reste trop flou, tantôt bambin, tantôt jeune fille, rien de palpable. Du coup, un malaise s’installe à la lecture. Alors j’apprécie la finesse des traits d’humour, sans beaucoup rire. Mais les chipotages sur les probabilités sont très drôles. Tout en relevant que le paradoxe des anniversaires, je crois l’avoir déjà lu quelque part…
Et puis la fin est trop délirante. C’est mal dosé sur ce plan.

   brabant   
21/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Matcauth,


J'ai ri et souri et souri et ri jusqu'au bout à la lecture de ce texte enlevé et spirituel, clairement agencé et facile à lire.

Il fallait bien une chute finale après toutes les chutes qui l'émaillent. Ce fut celle de Bianca après la chute de toutes les statistiques pour faire chuter encore la statistique des statistiques, elle qui n'avait pas chuté jusque-là ; j'ai regretté cette chute et versé un soupir sur la mort de cette pauvre Bianca. Luciano del deseo Parra Sandoval dit que c'est une chieuse, mais hormis le fait qu'elle se refuse à mourir cela n'est démontré à aucun moment dans cette histoire. Alors, s'il vous plaît, Matcauth, ressuscitez-la ! Vous devez bien avoir une petite statistique cachée quelque part pour cela...

Merci !

lol

   Charivari   
21/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour matcauth.

J'ai lu ce texte il a près d'un mois, je ne l'ai pas relu depuis, donc désolé si je n'entre pas dans le détail, mais je me souviens tout de même de l'impression qu'il m'avait laissé.

J'ai vraiment beaucoup apprécié le début : il y a un grosse atmosphère, dans ce lieu "perdu de la main de Dieu", comme on dit en espagnol. Un style très agréable, et beaucoup d'humour, à la limite du surréaliste. Et cette idée d'un concert de U2 dans cet endroit si reculé me paraissait excellente... Tout s'annonçait vraiment bien, pour une chouette lecture.

Hélas, j'ai été très déçu par l'histoire en elle-même. Le coup des statistiques, j'ai trouvé ça assez alambiqué, et à la fois un peu facile. Non, ça ne m'a vraiment pas emballé, désolé.

   Anonyme   
22/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Texte sympathique, pas hilarant, mais le sourire est présent tout du long de la lecture, grâce au cynisme, à l'humour noir, à des formules efficaces comme "l'an zéro des emmerdes", à des petites suprises qui incitent à relire des bouts de phrases, comme dans "son quotidien que le facteur délivrait une fois par semaine".
L'auteur démontre donc une capacité certaine à garder les sens de son lecteur en alerte, ce qui est très utile pour palier à d'éventuels petits moments de faiblesse dans l'intrigue.

La fumisterie des probabilités est un fil rouge agréable, matérialisée par un objet qui a presque valeur de personnage : El Pingüino.

En fait, presque tous les ingrédients sont là pour que j'apprécie vraiment ce texte. J'en ai trouvé la lecture sympathique, mais il manque quelque chose pour que le texte soit vraiment très bon. Je ne sais pas exactement quoi. Peut-être une clarification de la chute (puisqu'il s'agit d'un texte à chute, même si pas que). J'ai trouvé aussi qu'il y avait un déséquilibre dans le niveau de détails, assez fournis au début et s'appauvrissant progressivement comme si on se pressait d'arriver à la fin (le voyage, le concert sont quasiment éludés). Sans doute qu'un peu plus d'épaisseur conférée au personnage de la petite fille serait bienvenue. On ne sait pas grand chose à son sujet. A ce titre, l'absence de dialogues est peut-être dommageable.
J'ai noté un effort de l'auteur pour installer un ancrage régional.

   Pepito   
29/9/2012
Bonjour Matcauth,

Une forme sympathique avec de petits bugs sans gravité qui donnent une impression de vite écrit : "pipe taillée dans l'érable" pourquoi "l'érable" et pas "un érable" ?

Suivi de moments délicieux style : "attendant patiemment que sa dernière heure vienne ou passe."

Pour le fond, votre plaisir d'écrire et de délirer avec cet humour absurde en remontées constantes et très communicatif.

Je me suis régalé.

Merci bien.

Pepito

PS : J'ai regretté la mort de Bianca qui étai en fait, fort sympathique ;=)

   monlokiana   
5/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Tout ça pour aller tout seul à son concert, les hommes sont tellement égoïstes! :D
J'ai aimé lire cette nouvelle et je découvre enfin le retour de Matcauth! Un peu déroutée par tant de pourcentages et de probabilités (j'ai horreur des maths)
Je ne sais pas pourquoi j'ai cru que l'histoire finissait à «ni de météorites». Ça aurait fait une belle fin, mais ce n'est pas ce que recherchaitl'auteur, apparemment.
Bref, un come-back en force!

monlo

   Bidis   
29/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Cette histoire m’a beaucoup amusée jusqu’au retour du grand père et de Bianca et je trouvais qu’elle pouvait tout à fait bien se terminer là. Je n’ai rien compris à la suite et n’ai pas trouvé cette dernière partie indispensable du tout (d'où la nuance négative dans mon évaluation).
Mais j’ai passé un bon moment quand même. J’ai même fait un petit détour sur You tube à la découverte de ce qu’aiment les « d’jeuns » aujourd’hui. Je planais sur autre chose voilà 40 ans, mais quelque part, c’est le même topo quand même et j’ai beaucoup apprécié U2, surtout le clip de « Sweetest Thing ».

Quelques remarques ponctuelles :
- « il manqua avaler sa vieille pipe taillée dans l'érable en décembre mille neuf cent quarante-neuf. » : j’aime beaucoup ces détails faussement prosaïques qui au contraire sont, d’une certaine façon, fort poétiques et drôles.
- « Le soleil rougeoyait, les poules caquetaient et son rocking-chair se délabrait » : j’adore quand il y a une succession de trois adjectifs ou de trois verbes dont le troisième se démarque des deux premiers de façon à la fois un peu impertinente mais tout à fait indispensable.
- « un événement fort singulier : le lever, chaque matin, du soleil. » : ici, par contre, je ne vois pas l’astuce ni non plus dans ce qui suit : « Il n'était pas plus question d'un gisement de cuivre ou de lapis-lazuli, de la richesse tombée du ciel sur la tête des résignés Patagons ». L’auteur n'a pas pensé aux lectrices dans mon genre, désavantagées côté fût fût.
- « … une terre désolée, presque navrée d'être aussi pauvre. » : cette anthropomorphisme de la terre ne me parle pas du tout. Sans doute parce qu’une « terre désolée » est une image forte en soi et ajouter ce « presque navrée etc » lui enlève de sa noirceur.
- « toutes les velléités » : j’aurais préféré « toute velléité » d’autant que l’article renvoie à une généralité de velléités alors que ce ne sont que celles de Luciano.
- « ses parents ayant perdu la vie dans etc » : Le possessif renvoie grammaticalement au sujet de la phrase précédente « Il » mit pour Luciano. Il aurait fallu écrire « dont les parents etc. »
- « Elle n'avait pas supporté de quitter Santiago pour la glèbe et ce bled indigent serti de montagnes noires, pour une ancienne etc » : j’ai dû relire cette phrase car, comme elle est construite, j’ai d’abord cru que le verbe « quitter » concernait Santiago et le bled indigent, (quitter Santiago et quitter ce bled indigent) mais évidemment, cela n’avait pas de sens.
- « … où un individu louche, un malfaiteur, un kidnappeur, un scolopendre martien ou la Providence, peu importait … » : Je trouve que trois adjectifs, trois verbes ou trois noms communs à la suite dont le dernier n’a qu’un lointain rapport avec les deux premiers – ou mieux, pas de rapport du tout –, c’est plus fort (et souvent plus drôle) qu’en écrire cinq comme ici. Par exemple « un individu louche, un kidnappeur ou la Providence, peu importait, »
- « envisageait de nourrir cette dernière » ici, par contre, on pourrait mettre un pronom sans problème et ce serait plus léger : « envisageait de la nourrir »
- « avec le distributeur » : Je mettrais « grâce au distributeur »
- « son rêve musical se situant à Punta Arenas » : un participe présent, c’est toujours un peu lourd.
« l'affreux bambin » : Il s’agit d’une gamine, non ? Pas d’un bambin.

   hersen   
24/11/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Si l'histoire avait fini sur "ni météorite", je passais au "passionément" direct !

J'ai adoré le ton, l'humour, surtout le noir, le rythme. L'esprit de l'histoire est de plus tout à fait bien imagé dans ce cadre chilien.

c'est plein de trouvailles, c'est à la fois surprenant et tellement gros, mais ça marche à fond. Enfin, je marche à fond !

Je ne vais pas relever les points que j'ai aimé, il y en a trop, mais franchement, j'ai apprécié;

une lecture qui donne la pêche, merci !

hersen, qui en rit encore.


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