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| EtienneNorvins
15/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Fragilité de l’existence humaine, difficulté de se connecter profondément avec autrui : la valise abandonnée devient le miroir de toute une existence ratée, ce qui rend le texte émouvant sans être larmoyant. Toutefois, il y a un potentiel pour une exploration plus approfondie de l'introspection du narrateur. Bien que cela participe de l'atmosphère de l'histoire, il manque peut-être un peu de dynamisme ou de conflit interne plus profond. Ainsi, la dimension "voyeuriste" lorsque le narrateur fouille la valise, bien qu'intéressant, pourrait être explorée davantage. L’aspect éthique, "morale", de son intrusion dans la vie privée d’un inconnu pourrait être davantage interrogé, et la culpabilité qu'il ressent face à cette découverte pourrait l'amener à une introspection plus développée : pourquoi cette mort fait-elle soudain partie de sa vie de façon si obsédante ? - cela demeure suggéré de façon trop superficielle...
[EL] |
| Donaldo75
27/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Quelle histoire ! Je dirais même plus, à l’instar du personnage incarné par Jean-Paul Belmondo dans le film sorti en 1964 sur les écrans de France et de Navarre, tourné par Philippe de Broca et intitulé « l’homme de Rio » : quelle aventure ! Cela peut sembler une boutade mais il faut regarder le film jusqu’au bout pour comprendre le sens de cette analogie vu que la réplique clôt le film.
Parce que bon ben euh tsé, je viens de lire une nouvelle courte et dense, très efficace dans sa progression psychologique et narrative. Sa force réside dans sa capacité à transformer un détail anodin (une valise oubliée) en un pivot moral et existentiel pour le narrateur, tout en dressant un portrait oblique de la solitude urbaine. C’est quand même pas rien, non ? Allez, je continue mon analyse de premier de la classe parce que ce matin je suis en verve. Le narrateur représente l'ordre, la routine bourgeoise. Tony Dupré est l'incarnation du désordre total avec au bout une mort chaotique. Le voyage du narrateur à Madrid est une routine professionnelle. La valise de Tony Dupré représente le vrai voyage, celui de la fuite et du drame. L'aéroport devient le lieu de collision entre ces deux mondes. Cela me rappelle un film américain produit par Steven Spielberg mais dont je ne me souviens plus du titre. Le narrateur est un voyeur involontaire. En ouvrant la valise, il force l'intimité de Tony, passant de l'ennui à une obsession qui le culpabilise. Le contraste entre le compte-rendu froid de la presse et la vie fragmentée contenue dans la valise est saisissant. Et cerise sur le gâteau, procédé stylistique bien employé, le narrateur n'a pas de nom, ce qui renforce son rôle d'observateur universel ou anonyme. Vous en voulez encore (on dirait une strophe de Serge Gainsbourg dans "l'homme à la tête de chou") ? Le moteur initial de l'intrigue est l'ennui. On a tous connu ça. La narration est efficace. D’abord s'expose la symbolique : l'image récurrente de la valise qui tourne est une métaphore de l'attente, de l'oubli et, rétrospectivement, de la vie du défunt qui lui a tourné en rond. La description de l'ambiance de l'aéroport contraste avec la révélation du drame. Ensuite, la mise en image du voyeurisme se déploie. L'ouverture de la valise représente l'acte de voyeurisme qui scelle le lien entre les deux hommes. Le désordre, l'odeur, et surtout le visage usé de Tony créent un malaise immédiat. Le narrateur s'enfuit, reconnaissant instinctivement le danger psychologique de cette découverte. Enfin, la révélation tape sur les neurones du lecteur pour conclure. La froideur de la nouvelle du journal contraste violemment avec l'intimité forcée de la valise. Le récit se conclut sur l'obsession persistante du narrateur, montrant que si Tony Dupré est mort, son souvenir a bouleversé la vie bien ordonnée du narrateur. Et puis tout ça ne tortille pas du popotin en termes de style d’écriture. C’est familier, du langage direct afin que tout le monde comprenne et que la force de la narration ne bute pas sur des circonvolutions stylistiques comme cela arrive parfois. Bref, ce texte a l’air de rien comme ça mais il révèle un fond puissant sous une forme anodine. Et ça, ce n’est pas rien. Bravo ! |




