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Sentimental/Romanesque
Narcisse : La vieille Indienne
 Publié le 25/01/13  -  10 commentaires  -  10765 caractères  -  100 lectures    Autres textes du même auteur

En Inde, des touristes sont attablés et attendent leur repas. Ces visiteurs viennent avec leurs idées sur l'Inde : mysticisme, fascination, attrait touristique, etc. Mais la réalité, une réalité qui échappe aux catégories confortables, vient déranger leur quiétude.


La vieille Indienne


Tout allait bien : les serveurs allaient et venaient les mains pleines d'assiettes, les clients mangeaient tranquillement, on se demandait quoi dire, la conversation s'étiolait un peu, mais, au fond, tout allait bien. Naturellement, le service était un peu long, mais il n'y avait qu'une jeune fille aux cuisines, alors, forcément, le service traînait, c'est normal. D'un autre côté, avec le riz déjà cuit le matin, les dhalits déjà préparés et les légumes déjà bouillis, cette fille aux cuisines n'avait qu'à remplir les plats les uns après les autres, en fait. On peut donc dire que, malgré tout, le service était long. Mais les clients ne s'en plaignaient pas. Pourquoi se seraient-ils plaints ? L'Inde est un état d'esprit, dont la patience est la première vertu. C'est en tout cas ce que se dit Marie qui, tout de même, s'impatiente un peu. Mais elle n'en montre rien. Arnaud, son conjoint qui fait semblant de lire le journal, s'impatiente peut-être lui aussi, mais il reste d'une placidité olympienne. Parfois, en tournant une page, il soupire légèrement. Pas un soupir d'impatience ni d'énervement, non, plutôt la lente ponctuation du temps qui passe.





Marie fait un effort pour ne pas pianoter des doigts et regarde, pour se distraire, les autres étrangers attablés sur la terrasse. Elle dit « étranger », et non « touriste », car la plupart des touristes sont des étrangers comme elle, et donc pas tout à fait des touristes. Non, pas des touristes : des étrangers, des gens qui viennent en Inde et se trouvent transformés par l'Inde, des étrangers de l'Inde, que le hasard a fait naître en Europe ou aux USA. Des Indiens de l'étranger. On ne visite pas l'Inde comme on visite la Tunisie ou l'Autriche : on y vient parce qu'on a reçu un appel. Une voix a susurré à l'oreille, longtemps, longtemps. Et puis, un jour, on vient, et on déchiffre enfin cette voix, on sait qui elle est et on sait qui on est. Bien sûr, il y a des gens qui viennent en Inde par hasard, parce que leur voyagiste avait une bonne offre sur l'Inde, avec des réservations d'hôtel à Goa-Mumbay-Varanasi. C'est normal. Marie est la première à confesser que, sur le lot, certains étrangers sont effectivement des touristes, de vrais touristes. Comme le petit couple, vraiment bien sous tous rapports (la jeune fille porte une robe blanche, très simple, avec de petites dentelles ornant le décolleté, mais vraiment très discrètes, et l'homme, une chemise bleue et un pantalon en lin blanc cassé), qui, pour le coup, ne cache pas son impatience.


Marie aurait envie de se lever et de leur expliquer. Car, après tout, même si ce sont des touristes, ils ont l'air bien gentils et ils ne peuvent pas savoir. Marie aurait envie de se lever et de leur expliquer qu'ils sont en Inde, qu'il leur faut se débarrasser de leur regard d'Occidentaux, de leurs normes, de leurs standards, de leur impatience d'Occidentaux. Que sans cela, ils ne découvriront jamais l'Inde, que sans cela, ils ne comprendront jamais l'Inde. Marie aurait envie de se lever et de le leur dire, mais est-ce que ça servirait à quelque chose ? Non, ça ne servirait à rien. Si la voix n'a pas susurré à leur oreille, cette petite voix lancinante qui appelle, années après années, ça ne servirait à rien, et Marie le sait.


Alors elle arrête de pianoter des doigts sur la table – car elle a commencé à pianoter sans s'en rendre compte – et recompose les traits de son visage : sereine, détendue, bienveillante. Elle se reprend pour ne pas céder à l'énervement occidental, à la frénésie et à la violence occidentales, qui voudraient qu'elle récriminât, qu'elle réclamât plus de célérité au serveur, qu'elle prît son mari à témoin (« non mais, franchement, ils n'en rament pas une ici, ça fait une demi-heure », etc.), car elle a, elle, entendu la voix susurrer. Alors elle ne dit rien. Elle attend. Et comme elle ne peut venir en aide au petit couple en dentelles et lin clair et leur expliquer l'Inde, elle observe les autres clients.





Il y a au fond de la terrasse un couple de jeunes Indiens, probablement récemment mariés, qui déjeunent en silence. L'homme est courbé sur son assiette, la bouche à quelques centimètres à peine au-dessus de son riz, et il mange avec les doigts. La main droite, bien sûr, se dit Marie in petto en souriant, car elle sait pourquoi. Les touristes en dentelles et lin clair l'ignorent certainement, pourquoi. La femme, en sari, regarde son mari tremper le riz dans le curry et le porter à sa bouche, tremper le riz dans le curry et le porter à sa bouche, comme un ouvrier travaillant à la chaîne. Ils ne disent rien, le mari mange comme à la chaîne et sa femme le regarde en silence. Ils n'ont rien de spécial, un couple normal, peut-être un peu trop commun, mais ils ont cet air de normalité rassurante et inoffensive qui les rend plutôt sympathiques à Marie.


Il y a aussi deux Anglais, dont un Australien, qui boivent des bières depuis le matin et tentent de lire. Chacun tient son livre en plissant les yeux, car les lignes sont floues. Alors elles cessent d'être floues, les mots sortent du brouillard et se mettent en rang d'oignon, bien nets… ça tient quelques secondes et puis ça redevient flou. Il faut recommencer à plisser les yeux. Les Anglais en ont assez de plisser les yeux, alors celui qui est Australien pose son livre sur la table et tourne la tête vers Marie. Il a peut-être cinquante ans, peut-être quarante, peut-être même n'a-t-il qu'une petite trentaine d'années ; comme pour tous les punks sur le déclin, on ne sait pas très bien si ce sont les abus, les ans ou le désespoir qui leur donnent cet air dévasté de fin du monde. Il est maigre, sale et beau et semble regarder l'assistance sans la voir. Il ne voit pas Marie. Elle peut l'observer à loisir, elle sait qu'il ne lui lancera pas de coup d'œil interrogateur ou étonné. Son regard caresse ce corps tatoué, nerveux, bosselé de muscles saillants et secs.


Marie n'est pas fan de ce genre-là, de ce genre d'étrangers, qui vivent là comme si la voix avait retenti plus fort à leur oreille, plus fort qu'à l'oreille de Marie. C'est une posture qui lui semble exagérée. Mais l'homme ne sait rien de tout cela, il ne sait pas ce que pense Marie, il ne la voit pas. Elle, elle continue à détailler sans précipitation les clients, comme ces trois jeunes Occidentaux qui balancent entre détachement baba cool et affectation de touristes. Sans doute n'ont-ils pas encore décidé pour quoi ils étaient en Inde, et l'on sent poindre, sous leurs saris de bazar et leurs pantalons multicolores, l'inquiétude mutique des gens qui ne sont pas chez eux.





Une mendiante a franchi le portail du restaurant. Une vieille d'une vieillesse canonique, rachitique, qui se traîne, qui piétine inlassablement pour parcourir les quelques mètres qui la feront passer de la rue poussiéreuse à l'intérieur du restaurant. Puis, alors même qu'elle avance centimètre par centimètre – c'est très long –, elle ralentit, se redresse, jette un bâton à ses côtés et s'accroupit. Elle pourrait être la grand-mère de Marie, l'arrière-grand-mère ou la mère du punk – comme on ne sait pas trop bien son âge –, elle est au-delà du naufrage et son corps cendreux devrait avoir déjà rejoint les eaux du fleuve. Soudain, elle crie. Elle crie « Babuuuu ! Babuuuu ! » Ce qui sort de ce trou aride, c'est une voix horrible, édentée, une voix qui appelle Marie à la mort, une voix qui fait chavirer le sol et entraîne le restaurant vers le centre de la Terre.


Ce n'est pas la voix d'une mendiante qui implore humblement l'aumône, c'est celle de la Mort, éraillée, véhémente, qui vient collecter son dû, qui réclame de la chair, des os : elle a faim. Les doigts de pieds de Marie se sont repliés. Elle peut les voir, dans ses sandales, crispés sur le cuir, une tension qui rend ses articulations douloureuses. Son conjoint a soudainement trouvé un article intéressant dans le journal, et il lit, il lit sans lever les yeux, il lit comme si seul ce fil ténu tendu entre les mots et ses yeux le maintenait en vie. Il a soulevé une page détachée du journal et la tient avec une force telle, que ses phalanges pourraient s'exorbiter les unes des autres. Et la voix continue d'appeler. « Babuuu ! Babuuu ! » Plainte ancestrale du nourrisson qui pleure pour avoir le sein : elle crie naturellement. Un serveur sort des cuisines en courant (tiens, c'est bien la première fois que Marie le voit faire quelque chose rapidement…) et lui tend un sac plastique rempli de riz et de curry. Un bras décharné se déplie comme le cou sans plume d'un vautour, et une main griffue recueille le sac.


La vieille marmonne, c'est comme un râle indéchiffrable, c'est peut-être une prière, peut-être des remerciements ? Ou bien peut-être menace-t-elle les deux chiens jaunes attirés par l'odeur du curry, qui se sont approchés et lui tournent autour comme deux hyènes. Les trois charognards s'estiment, s'évaluent et déterminent, avec une précision mathématique, la place de chacun dans la chaîne alimentaire : à qui, du vautour et des deux hyènes, revient de droit le sac de riz ? La vieille accroupie continue d'égrener ses imprécations monocordes. L'un des chiens fait quelques pas et se plante devant elle, indifférent. Pendant ce temps, le second chien a trotté derrière la vieille d'un pas léger et, sans précipitation, saisit le sac de riz dans la main même de la vieille. Il n'a pas grogné ni retroussé ses babines. Il n'a pas montré sa force ni ses crocs acérés. Il est seulement venu, sans bruit, sans haine, il a pris le sac et est parti avaler sa pitance sous une table.





Les articulations de Marie, de son conjoint, des Anglais, du couple en dentelles et lin clair et des trois jeunes Occidentaux font un bruit assourdissant. Les os et les tendons sont prêts à se rompre en un claquement sec, ça fait mal. Seul le couple d'Indiens reste vraiment indifférent, avec le mari qui mange comme à la chaîne et sa femme qui le regarde en silence. Alors la mendiante déplie lentement ses jambes fines comme des aiguilles à tricoter, s'appuie sur son bâton et redresse cette carcasse dont la peau parcheminée crisse à chaque mouvement, dont les os de pierre s'effritent.


Et, comme elle est venue, repart vers l'extérieur du restaurant. Encore un mètre, encore quelques centimètres, et elle sera dehors. À l'intérieur, la pression sanguine diminue, les muscles se détendent, les tendons retrouvent leur place, la douleur s'estompe. Marie parcourt l'assemblée des yeux et son regard bienveillant s'arrête sur le jeune couple en dentelles et lin clair. Ils ont l'air gentils, elle leur sourit. Et décide de se lever pour leur expliquer, pour leur parler de la voix qui susurre à l'oreille.


 
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   Anonyme   
3/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ce texte me laisse une impression mitigée, un malaise. C'est peut-être le but, je ne sais pas. Mais je trouve que Marie en sait, ou croit en savoir, beaucoup trop. Comment sait-elle que les Anglais (dont un Australien, donc un Anglo-australien ?...) sont là depuis le matin à boire des bières ?
En toute franchise, Marie, je la trouve profondément antipathique. Là aussi, c'est peut-être votre but. Elle se sent à part à cause de la "petite voix" de l'Inde qui susurre à son oreille, et décide de dispenser son savoir sur le gentil couple qui ne sait pas, pour autant elle pianote sur la table, aussi impatiente en fait que les autres Occidentaux, se crispe à l'entrée de la mendiante et ne fait pas plus d'efforts que quiconque pour lui venir en aide face au chien.

Je pense que la description de la scène m'aurait intéressée, voire touchée, sans l'intervention de cette Marie que je ne puis m'empêcher de percevoir comme très imbue d'elle-même. En l'occurrence, me reste du texte une impression désagréable, tout pour moi a été parasité par Marie.
J'ai trouvé l'écriture efficace, directe. Bien.

   alvinabec   
4/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Votre texte est troublant, il ne se passe rien dans ce restaurant et pourtant l'on suit avec plaisir les élucubrations de Marie sur sa vision hypnotique de l'Inde.
Le récit ne tombe ni dans l'empathie lourdaude ni dans l'analyse critique, vous avez su garder, et c'est remarquable, le même fil neutre tout au long de cette histoire qui est plutôt une tranche d'atmosphère à mon sens.
Pour ce qui est de la forme, il y a quelques erreurs mineures et approximations relatives de syntaxe comme de ponctuation.
Revoir les expressions comme 'phalanges exorbitées', 'deux anglais dont un aussie'...où vous faites pt'être des effets de manche inutiles.

   macaron   
8/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Un récit de voyage intéressant grâce à la narration passionnée de l'auteur. L'anecdote n'est pas des plus originales, et je ne crois pas qu'une mendiante indienne soit plus étonnante qu'un mendiant chinois. Mais l'Inde fascine, et il parait que l'on en revient différent. C'est un peu ce que vous voulez nous faire partager. Et peut-être inciter à aller constater sur place!

   Artexflow   
12/1/2013
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Tout allait bien, dites-vous au début du texte, et en effet, tout va bien. Il ne se passe rien dans votre texte, et c'est ce qui m'a déplu.

Oui, une femme entre, hurle, se fait offrir et voler de la nourriture, puis s'en va, sinon tout le monde mange.

On ne sait pas qui est Marie, on ne sait pas ce que lui susurre la voix, on ne sait rien, avant, mais surtout après le texte. J'ai lu ça comme une sorte de nouveau nouveau roman, où personnage et histoire n'ont plus lieu d'être, certes, mais vous ajoutez l'intérêt du texte dans les choses à jeter.

Non, franchement, m'en voulez pas, mais je n'ai pas aimé, pas aimé du tout...

Votre premier paragraphe était, à ma lecture, assez catastrophique, vous lancez des pistes que vous démontez méthodiquement et systématiquement, à l'aide du "mais" sur-usé , une vraie montagne russe, j'en étais tout confus, autant dire que ça ne m'a pas aidé pour le reste du texte.

Je reprendrais énormément de choses dans ce texte, comme évoqué précédemment la principale chose que je reverrais c'est l'intérêt, pourquoi doit-on lire votre texte ? Ou du moins, quel est le fil conducteur ? Votre lecteur est en chute libre, là.

A un moment vous dites "Elle attend", et j'ai noté sur le bloc notes : "Nous aussi", j'ai attendu et finalement toujours rien, donc, seconde chose à mon sens à revoir : le rythme de l'histoire. Ajoutez, enlevez, je ne sais pas, mais du mouvement, que diable !

Troisième chose à revoir selon moi : certaines imprécisions, certaines expressions que je n'ai pas trouvé très claires, en tête de liste le "ce trou aride" qui désigne la bouche de la mendiante, mais aussi les phalanges qui s'exorbitent.
A classer dans ce paragraphe également des effets de répétition, "occidentaux" notamment, mais aussi la répétition voulue mais maladroite car trop longue de l'homme qui trempe le riz dans le curry. "piétine inlassablement" c'est également maladroit, parce que le personnage vient d'entrer, et que vous dites "inlassablement", comment le savez-vous ? Est-ce que le restaurant est très très très très très grand ?

Deux choses m'ont plu en revanche : "Il est maigre, sale et beau", ainsi que "l'inquiétude mutique des gens qui ne sont pas chez eux." que j'ai trouvé intéressant.

A ce propos (je parle de "mutique"), j'ai parfois l'impression que vous en faites trop, à mettre de jolis mots, on dirait que vous vous donnez un peu un genre...

Désolé, désolé ça n'a pas marché, vous devez me trouver dur, c'est vrai, et je vous demande pardon, mais je me dois d'être sincère non ? Sinon, où va-t-on ?

J'espère néanmoins que j'aurai été constructif et pas tout simplement méchant. Bravo pour ce récit (il faut toujours se dépasser pour écrire, je vous félicite pour cela), et à plus tard sur ce grand site :)

   Palimpseste   
25/1/2013
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Sur le fond, ça fait très cliché... L'Inde mystérieuse qui appelle le terrien et le transforme. Comme si l'Inde comptait un milliard de Gandhi et était ce royaume de spiritualité apaisée comme les cartes postales le dépeingnent.

J'ai en fait trouvé le point de vue de Marie terriblement TOURISTIQUE... On en voit plein comme ça, dans les pays d'Asie, à se penser plus en symbiose avec la culture que le touriste moyen, mais dans le fond à en faire partie sans l'assumer. Faire du stop en sac à dos ne préserve pas d'être touriste: tous ne sont pas dans les cars climatisés.

ça déteint du coup sur la forme. Sans être aussi sévère qu'Artexflow, j'ai un peu le même problème avec les personnages et la scène même: on nous présente un bistrot plein d'étrangers et finalement, on se trouve dans un boui-boui (donc avec sous peu d'occidentaux qui vont éviter d'attraper des saloperies) et où on voit mal Marie connaître les habitudes de chacun (les bières des anglais, le fait qu'un d'eux est australien, la psycho du vieux punk, etc.). Du coup, on ne sait pas si elle connait effectivement ses voisins ou si elle s'amuse simplement à plaquer des caricatures sur des personnes présentes.

J'ai aussi l'impression qu'il y a quelques hiatus dans l'emploi des temps entre le passé et le présent. Ce n'est pas une question de concordance mais de situer le temps: quand le récit a-t-il été écrit: lors de l'entrée de la vieille ou après le retour? cette notion flotte un peu trop.

Il y a des tournures un peu "too much", comme "placidité olympienne" ou "la lente ponctuation du temps qui passe" et, pire, "la plainte du nourrison qui attent le sein" qui détonent un peu dans un récit de voyage et lui donne une connotation plus ou moins poétique. Certains aiment le mélange de genres, moi pas: j'ai horreur des polars intellectuels que je trouve prétentieux.

L'une des images finales sur le vautour et les hyènes me semble un peu maladroite: la vieille y est assimilée à un vil charognard, alors que l'auteur essaye de susciter un peu d'empathie quelques lignes plus haut. ça fait retomber toute l'émotion qu'on aurait pu avoir avant. Mais peut-être était-ce l'objectif de montrer l'Inde comme un broyeur qui renvoie les humains et les animaux dans le même "tout".

La répétition de "service" dans le premier paragraphe est dommage.

Bref... Pas de Samsara à ma lecture, mais il y a de vraies voies de progression pour un texte dont je me demande s'il n'a pas été écrit par une personne débordée par l'Inde et qui, happé par cet extraordinaire pays-continent, n'a pas pu prendre le recul nécessaire à écrire un récit.

   brabant   
25/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Narcisse,


Curieux texte qui réussit l'exploit d'halluciner, de scotcher à la page, incrédule et médusé... et de maintenir une distanciation, un détachement, une sérénité incongrue par rapport à la scène évoquée.

La vieille mendiante/mort/famine/allégorique et de décharnement est hallucinante tandis que Marie est un mentor efficace, apaisant et calculé qui empêche le lecteur de sombrer dans la folie.

Horreur vécue au quotidien pour qui n'est pas initié, cycle inéluctable des vies pour l'Indien. Excellemment vu ce "Babuuu ! Babuuu !" de la mort et de la naissance (circulaire, doublement cri), qui fait frémir et qui réjouit, expiration/inspiration, de la fin et du début (mais où sont le début et la fin pour les Indiens ?... ... ). Récit mené de main de maîtresse car je subodore une auteure, je dirai peut-être plus tard pourquoi (si vous faites un topic par exemple) :)

Et si je me trompe, que je sois réincarné en éphémère pour pouvoir renaître plus vite et avoir peut-être la chance de me retrouver moi.

Lol :)


Merci pour ce récit exotique réfléchi/propre à relativiser et... terrifiant/édifiant.
"Babuuu ! Babuuu !" verrai plus les seins de la même façon moi...

Euh !... Belle écriture !

:)))

   Anonyme   
25/1/2013
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↑
J'ai envie de dire: oui et ? Parce que là à part cette Marie puante de suffisance je ne vois pas l'utilité du texte.

Marie est pédante, puante, l'archétype du "beauf" new-age qui croit avoir compris une culture qui n'est et ne sera jamais la sienne, parce qu'il a lu "Bombay pour les Nuls".
Je passe outre les clichés liés à la personne qui alourdissent le texte inutilement. (l'Inde on y vient pas par hasard etc...J'ai l'impression d'entendre le sketch de Guy Bedos sur les vacances...)
Le reste ne serait pas dénué d'intérêt, s'il cherchait à prouver quelque chose, à montrer une culture ou autre. Mais il n'y a pas qu'en Inde que les mendiants se font voler la nourriture par les chiens et le texte souffre cruellement (la faute à des descriptions trop scolaires) de "local".

Bref, je ne trouve aucune grâce à ce texte, malheureusement.

   Marite   
25/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Curieusement, je termine cette lecture avec en tête le personnage de Marie et ses réflexions qui viennent presqu'effacer celui de la "Vieille Indienne". L'écriture ne m'a pas posé de problème, les scènes ont bien été décrites mais je crois qu'il aurait été intéressant d'en savoir davantage sur Marie et pour quelles raisons elle pense avoir percé certains codes ou mystères de ce pays jusqu'à même l'amener à avoir envie d'aller les expliquer à ceux qui ne peuvent pas, enfin d'après son raisonnement, les comprendre.

   Anonyme   
25/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Autant votre premier récit m'avait laissé dubitatif, autant celui-ci me paraît bien réussi. Vous avez parfaitement su exprimer le malaise que chacun rencontre quand la misère fait brutalement irruption, qu'elle nous bouscule, nous renvoie comme une accusation notre statut de nantis et notre vie confortable.

Cette situation vous l'avez voulue en Inde, où elle est encore plus exacerbée, mais elle aurait tout aussi bien pu se dérouler en France. Qui n'a jamais éprouvé une sensation pénible quand un pauvre hère passe entre les tables du restaurant avec des roses à vendre ? Qui n'a jamais détourné le regard du clochard allongé sur les quais du métro ?

Cette honte à ne pas aider son prochain, à le laisser crever comme un chien, ce refus de voir, vous l'avez finement décrit à travers les yeux de Marie et l'attitude des convives. Dans le contexte du récit, la mendiante est encore plus insupportable car elle vient briser la douce torpeur des vacances.

Alors oui, vous forcez le trait (« Il a soulevé une page détachée du journal et la tient avec une force telle, que ses phalanges pourraient s'exorbiter les unes des autres »), tombez dans quelques clichés («  L'Inde est un état d'esprit, dont la patience est la première vertu ») avec une fin un peu naïve (« Et décide de se lever pour leur expliquer, pour leur parler de la voix qui susurre à l'oreille ») mais le résultat demeure percutant.
L'écriture est fluide et agréable à parcourir, sans défaut rédhibitoire.

Un petit détail; je verrais plus un hippie ou un beatnik vieillissant qu'un punk, Katmandou n'est pas loin !

   Pascal   
10/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est rare, j'ai été eu, attrapé par le texte, sans qu'il me prenne la main, qu'il me demande des comptes, qu'il me rende coupable, ou que je m'identifie. Il y a une longueur monotone, et à y regarder de plus près, chaque fois une même idée se répète, souvent trois fois, avec un mot qui revient, et cela donne cette impression de monotonie, de ce qui passe quand rien ne se passe, je pense que c'est voulu, c'est un regard qui ne s'appesanti pas, qui glisse, un regard panoramique (oui il m'arrive de répéter aussi :), le reste ne m'intéresse pas, je veux dire le fond, et c'est cela qui manque, il y a la mer mouvante, il n'y a pas le voyage, l'île ou le bateau.


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