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Sentimental/Romanesque
oxoyoz : Alice n'est pas au pays des merveilles
 Publié le 07/06/07  -  9 commentaires  -  4326 caractères  -  109 lectures    Autres textes du même auteur

Un fragile cœur de 17 ans dans un corps de 25. Alice croise le réel au réveil.


Alice n'est pas au pays des merveilles


Je suis un cutter. Je coupe. Alice m’a acheté pour ses cours de dessin. Alice a 17ans. Elle est en terminale L, option Art Plastique. Elle aime les couleurs, les formes, les traits, la fête, les garçons, un garçon. Et moi je coupe, j’extrais toutes les belles choses des magazines pour elle. Je coupe les feuilles, les cartons et les veines. Aujourd’hui Alice voudrait couper un morceau de sa vie. Mais tout ce qu’elle pourra couper, c’est sa vie.


Je suis un miroir. Je réfléchis. Alice m’a placé au coin de sa chambre. Elle aime se regarder en moi, je lui réfléchis une image agréable ou pas selon les jours. Mais ce soir je ne lui renvoie que l’image de la honte, du ridicule, de l’idiotie. Je réfléchis. Alice aussi aurait aimé réfléchir ce soir-là. Mais l’alcool et la drogue l’en empêchaient. Elle s’était faite belle pour ce soir-là. Je lui avais renvoyé une image si sensuelle d’elle, si femme. Alice est malheureusement une femme maintenant. Elle aurait voulu ne pas l’être. Ce soir elle aurait même voulu ne jamais être du tout. Comme c’est impossible, elle a décidé que faute de mieux, elle ne sera plus.


Je suis un tube de rouge à lèvre. J'embellis. Ce soir-là j’avais parfaitement réussi. C’est pour ça que ce soir Alice me déteste. Elle m’en veut à mort. Mais il n’y a qu’elle qui peut mourir. Ou lui. Mais lui, elle ne peut pas le faire mourir. Quand Alice l’a entendu se vanter auprès de ses copains, elle a voulu qu’il meure. Il leur racontait tous les détails, les verres de cocktail, le slow, sa chemise tachée par moi… les marques que j’ai laissées sur ses parties intimes. Alice m’a jeté avec colère sur son miroir. Elle m’a jeté sur lui parce que moi je l’ai faite belle et que lui, il lui a dit. Mais est-ce vraiment parce que tu étais belle que tout ça est arrivé ce soir-là ?


Je suis une robe. Je vais bien à Alice. Elle m’a dégotée dans un petit magasin des rues piétonnes. J’étais en solde, j’étais légère, j’étais parfaite pour ce soir-là. Alice aurait aimé ne jamais me mettre et surtout ne jamais m’enlever. Je gis sur une chaise depuis ce soir-là. Alice me regarde avec dégoût. Elle a pensé à me brûler. J’aurais sûrement bien brûlé tellement je suis imbibée d’alcool. Mais à quoi bon prendre la peine de me détruire ? Il n’y a plus qu’une chose à détruire, c’est toi Alice.


Je suis une poubelle. C’est par moi qu’on se débarrasse des choses inutiles. Si j’avais été assez grande, Alice serait peut-être rentrée en moi. D’habitude je contiens les dessins ratés, les morceaux de papiers découpés au cutter. Ce soir je contiens une boîte de tampons pleine mais inutile et un morceau de papier, qui a eu l’horrible devoir de virer au rouge.


Je suis un paquet de clope. « Fumer tue », c’est ce qu’il y a écrit sur moi. C’est presque ironique ce soir. Alice a consumé sa vie comme ses cigarettes. Elle avait commencé tôt à fumer, et avait décidé d’arrêter juste après ce soir-là. Et ce soir elle arrête. Alice fumait sa dernière tige de nicotine avec une allégresse étrange. À chaque bouffée, sa tête tournait davantage. Allongée dans son bain de plus en plus rouge, elle expirait la fumée par la bouche. À chaque souffle, c’est un peu de sa vie qui partait. Alice avait beaucoup de mal à tenir sa cigarette, elle s’était peut-être coupé un tendon au passage. Sombrant dans l’inconscience, elle laissa tomber la clope sur le tapis de la salle de bain.



***



- La petite de la 5 elle va comment ? demanda le médecin de garde.

- C’est limite, on l’aurait trouvée 3 minutes plus tard et c’était foutu, répondit l’infirmière.

- Qui c’est qui l’a trouvée, les parents ?

- Non, ils étaient au cinéma. Ils devraient bientôt arriver d’ailleurs. C’est les voisins qui ont donné l’alerte. Ils sont entrés dans l’appart à cause de la fumée.

- Elle a foutu le feu à l’appart en plus ? Elle était décidée.

- Non, apparemment c’est une cigarette mal éteinte qui a fait flamber le tapis de la salle de bain.

- Il devait être sec pour qu’il prenne feu, c’est un miracle. On sait ce qui l’a motivée ?

- Elle a pas laissé de mot, mais regarde ces analyses de sang.

- Hum… leucocytes normaux… un peu trop de gamma GT … et… de la H.C.G., elle est enceinte.

- Et elle a 17 ans.




(Texte inspiré de Ici ou Ailleurs de IAM.)


 
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   Cyberalx   
7/6/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est bien trouvé de faire parler les objets d'une pièce pour raconter cette mésaventure,ça aurait été encore un peu plus génial si chacun avait eu une façon de parler directement liée à sa fonction.

Encore mieux, en les faisant discuter entre eux !

Quoi qu'il en soit, l'histoire se dévoile par petits pans soulevés les uns après les autres et l'effet est réussi.

Au plaisir de te relire.

   Ama   
7/6/2007
J'aime beaucoup comment d'un objet à l'autre, on reconstitue petit à petit le décor de la pièce, de l'embiance et des événements. J'aime aussi le changement de ton avec la deuxième partie. J'ai reproché quelque chose à la fin et je me suis demandé quoi, parce que j'aime bien qu'elle soit enceinte. Je pense que tu devrais supprimer le renseignement des tempons qu'elle n'a plus besoin d'utiliser. Parce qu'on devine dès ce moment qu'elle est enceinte et on a l'impression maladroite d'une répétition à la fin et donc d'une chute moins bonne que la nouvelle elle-même. Et pas besoin de répéter qu'elle a 17 ans, à mon avis : non seulement tu l'as déjà précisé, mais en plus, tout son monde est très visiblement celui d'une jeune fille.

   Pat   
7/6/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé... Mais comme tu l'as déjà souligné, tu utilises le même procédé que pour confessions d'accessoires... J'avoue que ça m'a dérangée, même si j'aime bien. Bon, j'ai lu aussi que tu te sentais capable d'écrire avec une autre structure... Je te fais confiance... En fait le procédé fonctionne bien, ça donne un rythme qui est renforcé par les phrases courtes, les répétitions... Et ça j'adore. L'histoire est assez banale (si ça m'a rappelé le boulot) mais parfois l'intérêt est ailleurs... Continue à écrire et montre nous que tu peux structurer différemment tes textes.

   Tchollos   
9/6/2007
Purée, mais c'est méga triste...

Au début, je pensais que c'était uniquement ton procédé des "accessoires qui causent" qui créait l'atmosphère mais en fait ce n'est pas ça, c'est "toi et le procédé". C'est l'addition, la rencontre magique. Tu vois ce que je veux dire. C'est ton propre rythme, ta propre mélancolie, ton univers. Il se trouve que le procédé, que tu maîtrises, s'harmonise avec ce que tu es et cela forme un tout cohérent et très agréable. Si quelqu'un d'autre reprend le procédé, il va en sortir tout autre chose, c'est évident et pourtant c'est essentiel car c'est toi qui tire le merveilleux de la technique et pas l'inverse.

Pour la fin, tu avais plusieurs options. J'aime l'idée du "- elle est enceinte" mais en même temps je n'aime pas trop le dialogue (purement subjectif), je me suis tellement habitué aux objets, mdr. Le résultat d'analyse aurait pu parler lui-même ou le lit d'hopital ou une perfusion ;)

La répétition de l'âge est superflue, ça à même tendance à trop souligner le côté pathos. Perso je ne suis pas super friand du récit exclusivement noir mais j'ai quand même été touché.

   Ninjavert   
9/6/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Si j'ai bien compris (je ne sais plus où tu en avais parlé) ce texte date d'avant les confessions d'accessoires (ou pas) ?
Quoiqu'il en soit, j'ai bien accroché. Ca fait juste bizarre de retrouver ce procédé transposé à notre bon vieux monde réel...
L'histoire m'a bien plue, classique, déjà vue et pourtant efficace. On sent la cohérence, une explication juste assez présente pour ne pas être rébarbative, et une chute sans surprise, mais bien amenée.
Je suis d'accord sur l'idée de l'inutile répétition de l'age, et sur le fait qu'on devine trop vite qu'elle est enceinte (ou alors il ne faudrait pas que ça apparaisse comme une surprise à la fin). C'est également vrai que le dernier dialogue est bizarre. Ces nouveaux personnages n'ont "rien à faire là". Tu aurais pu raconter la scène du point de vue de la blouse de l'infirmière (pas de sa petite culotte, faut respecter la légende) ^^

Bref j'ai aimé. C'est moins magique et moins surprenant que les confessions, mais ça fonctionne très bien aussi, bravo Oxo :)

   Ten   
15/6/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'histoire est sympa, mais à mon goût trop prévisible. Dès l'entrée en scène du cutter, je savais que la fille allait tenter de se suicider. Le fait qu'elle soit enceinte ne m'a pas trop surprise parce que ça me semblait aller dans la logique des choses.
En revanche, j'ai beaucoup aimé la petite description après chaque présentation d'accessoires : "Je coupe", "je réfléchis", "j'embellis", bref, tout ça.
Contrairement aux autres, j'ai aimé le changement de point de vue à la fin. Une étape dans l'histoire a été franchie, une étape dans le style aussi. Si les accessoires avaient continué à parler, ça aurait été à mon avis, assez lourd. Là ça sonne bien et c'est ce qui compte. :)

   Togna   
22/6/2007
Façon originale et attachante d'exprimer un drame malheureusement trop courant. Le texte serait encore plus attrayant si la personnalité des intervenants était plus différenciée dans leur expression, mais le ton dramatique en serait affecté, et ce serait dommage.
Le suicide est annoncé, puis confirmé, mais la surprise est dans l'épilogue. Super !

   Nib   
19/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je ne suis pas d'accord avec Ninjavert. D'abord, la fait qu'elle soir enceinte ne m'a pas parut évident. Et ensuite je trouve bien le dialogue final. Faire parler de "vrais" personnages alors que jusque là on avait le point de vue des objets, ça crée une sorte de rupture qui va bien avec la chute.
Même en cherchant bien je ne trouve aucun point négatif. Bravo !

   carbona   
29/1/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

L'angle d'attaque est plutôt original et bien trouvé. J'ai aimé. Bémol sur le paragraphe sur le cutter, placé trop tôt non ?

La mention de la grossesse est mal amenée, les tampons inutiles sont pas très significatifs et le papier qui vire au rouge pas très bien transcrit non plus. L'annonce finale est aussi ratée je trouve, j'aurais pour le coup choisi des mots plus subtils.

Merci pour ce texte.


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