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Réalisme/Historique
placebo : Le magicien
 Publié le 30/01/14  -  14 commentaires  -  7048 caractères  -  181 lectures    Autres textes du même auteur

Avec une nuance de regret.


Le magicien


Il fait tard et on y voit plus beaucoup dans le cimetière. Des étoiles, pas trop, surtout les réverbères et ces fenêtres éclairées. Derrière les beaux rideaux, je vois passer des silhouettes. Je pourrais les envier mais ce soir, les mains dans les poches de mon jeans, les souvenirs de la fête foraine en tête, je manque de rien.

Je marche dans l'allée bien entretenue. Un point brillant au loin, un feu. Sûrement illégal car l'endroit est pas gardé de nuit, c'est pas rentable de payer les heures sup majorées d'un bonhomme pour veiller des tombes.

Qui l'a fait, ce feu ? La grille pour entrer, les clodos du coin savent comment la passer mais ce soir c'était l'heure de la soupe à Sainte-Croix. Il y a que moi et ce feu. Il se remarque de loin. Je crains pas la contagion, la fumée a l'air apprivoisée.


Je me rapproche avec mes mots de bienvenue en tête pour l'auteur, mais il y a rien. Un cercle bien propre avec des pierres autour, l'herbe arrachée dans un rayon de un mètre.

Question paysage c'est osé mais pour la sécurité c'est fait dans les règles. Je sors mon couteau pour enlever l'écorce d'un bout de bois puis retrouve le chamallow un peu collant donné par la gamine aux cheveux bleus. Allez, au grill.

Je fredonne une chanson de camp de vacances quand j'étais môme. Le coup du chamallow est presque trop beau, je cherche le truc. Quand j'ai trop de chance, les emmerdes arrivent tout de suite après, pour rééquilibrer. Ça me paraît logique, faut une sorte d'équilibre dans le monde.

J'essaie de remettre les bizarreries dans l'ordre. Les bûches viennent d'une réserve de gardien ou quelque chose dans le genre. Le gars qui a fait le feu est parti chercher à manger, il veut sa flambée avant la nuit. Personne remarque rien parce que tout le monde est aveugle dans cette ville. Bah voilà, c'était pas difficile.

Pourquoi il veut un feu dans le cimetière ?


– Parce que c'est la fête des morts. Vous avez parlé à haute voix, ajoute l'homme en souriant.

– Ah, ouf. Je pensais que…

– Que je lisais dans les pensées ? Pourquoi pas. Mais je n'arrive pas à lire votre nom alors je ne dois pas être bien doué.

– Gustave. Joli feu.

– Dino. Merci.


Dino pose deux bûches près du feu et une autre sur les flammes. L'ensemble se tasse puis les braises étouffées reprennent vite des couleurs.


– Et pourquoi un feu, alors ? On met des fleurs d'habitude.

– Vous êtes bien curieux. Asseyez-vous là, c'est plus confortable que le sol. Vous connaissez des gens, dans ce cimetière ?

– Des morts ? Non, enfin je crois pas. Peut-être l'ancien maire, il doit y être. Je l'avais croisé pendant mon premier passage ici. Il était déjà vieux. Il a cassé sa pipe ?

– Oui. Vous devriez lui dire bonjour.

– J'y manquerai pas.


Il est resté silencieux un moment. Autour de nous la nuit absorbe tout. Je cuis d'un côté et caille de l'autre. Me faut une plaque tournante pour bien dorer. Une camionnette travaille du moteur au loin puis s'éteint.


– Alors, pourquoi le feu ?

– Avez-vous beaucoup voyagé ?

– Pas mal, j'ai traîné ma bosse dans tout l'est de la France on va dire.

– Surtout l'Italie pour ma part.


Je l'ai observé, le Dino. Propre sur lui sans se la jouer. Il sait faire un feu et raconter une histoire en posant les silences au bon moment. La nuit est belle.


– Je voulais rendre un bref hommage aux morts à travers ce feu, comme le font les Asiatiques.

– Aux morts en général ou pour des morts en particulier, l'hommage ?

– Joker, fait Dino en souriant.

– C'est ce qu'ils disent tous. J'ai rien à cacher, moi, mais on me demande jamais rien.

– Vu comme vous êtes bavard, il faudrait des journées entières avant que vous ne vous arrêtiez.

– Nan, pas du tout. Une nuit ça suffirait. Crois-moi que t'en apprendras plus avec moi que dans la moitié d'une bibliothèque.

– Je demande à entendre alors. Est-ce qu'il y aura des histoires de femmes ?

– Pour sûr.

– Raconte.


Ah, enfin le tutoiement. J'aime qu'on me prenne par les sentiments. Dino, avec son regard sérieux, ses mains sur les genoux, il m'évoque de bons sentiments. Ça sent la fumée, je lutte pour pas tousser. Je tousse. Merde. Un goût métallique dans la bouche. Ça sent pas bon. Je souris au voyageur. Il a un regard trop sérieux. Il est trop pâle. Merde. Je délire, c'est moi qui manque de sang.


– Ça va Gustave ?

– Tu peux m'appeler Gus. Tout le monde m'appelle Gus… Ouais, juste un truc mal soigné.


Il sort de sa veste un étui à cigarette. Il m'en tend une, longue et sans filtre.


– Tu fumes ?

– J'ai arrêté il y a des années. Ça coûte trop cher, je peux pas me permettre vu mon état. Après, je dis pas non de temps en temps.

– Prends-en une, Gus.


Le ton comment il a dit ça me met mal à l'aise. Genre ma mère pour me dire « fais tes devoirs ». Paix à son âme. Paix aux devoirs jamais faits.


– Merci. Ton feu, ça te dérange pas si je m'en sers pour une petite prière à quelqu'un ?

– Vas-y, il est à toi. Il aura disparu avant l'aube de toute façon.

– Et toi aussi ?

– On avait dit que c'était Gus qui racontait les histoires ce soir, dit-il en souriant. Moi, j'aurai tout le temps de te raconter la mienne après.


Alors je raconte. Je raconte la jeunesse, la vieillesse, l'enfance et le milieu. Je m'embrouille et il me rattrape. Je me réchauffe en parlant, le feu monte avec moi puis on redescend tous les deux. Je parle des filles comme il m'a demandé, j'observe sa réaction. C'est un bouddha, il a tout vu mais il veut encore apprendre. Je lui apprends ma vie, la débrouille, les combines. Plus je parle et plus ça sort, on dirait un tonneau sans bouchon. Et quand je m'arrête, il incline le tonneau et je reprends. On rajoute des bûches. Il sort des saucisses de nulle part. On les grille en parlant de moi. Cette nuit, je m'en souviendrai toute ma vie je crois. Je raconte des choses que j'ai jamais dites à personne. Je m'arrête. Il tapote le tonneau, mais cette fois ça sonne creux.


Dino a l'air satisfait. Il me tend une couverture. Je ris doucement.


– T'es magicien en fait ? Tu sors tout du chapeau.


Il sourit. Il prend un chapeau à côté de lui que j'avais pas remarqué et le met sur sa tête. Ça lui va bien. Il l'enlève en s'inclinant. Et je me souviens plus de rien.


*


« Je me demande évidemment si dans un jardin quelconque surgira un jour une bosse qui me concernera, oh ! juste une petite bosse de troisième ordre, à peine une ondulation de la pelouse que l'on n'arrivera même pas à voir quand le soleil est au zénith. Quoi qu'il en soit, il y aura une personne au monde, au moins une, qui y butera.

Il peut se faire qu'à cause de mon fichu caractère je meure solitaire comme un chien au fond d'un vieux corridor désert. Et pourtant une personne ce soir-là butera sur la petite bosse poussée dans son jardin et butera aussi la nuit suivante et chaque fois elle pensera, excusez mon illusion, avec une nuance de regret à un certain type qui s'appelait Dino Buzzati. »

Les bosses dans le jardin, in Le K.


Le magicien est le nom d'une des nouvelles du recueil.


 
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   Anonyme   
14/1/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ah oui, je n'avais pas fait le rapprochement avec Dino Buzzati, un auteur que j'aime pourtant beaucoup... Il faut dire que votre texte, à mes yeux, dépeint un "Dino" qui n'a pas grand-chose à voir avec ce qui m'apparaît comme une amertume et un pessimisme profond, inéluctable chaque fois que je lis ses textes. Il est trop chaleureux à mes yeux ce Dino-là, trop ouvert à l'autre ! Mais bon, si c'est ainsi que vous le voyez, pourquoi pas.

Sinon, j'ai bien aimé cette histoire étrange et banale à la fois, où la rencontre est acceptée avec fatalisme, nonchalance et désabusement. Un ton agréable, j'ai trouvé. Tout le texte, je me suis demandé si le narrateur Gus n'était pas un fantôme ; on ne dirait pas, mais la possibilité demeure ouverte, je crois.

   Anonyme   
19/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir

Un petit bijou cette nouvelle. Je l'ai lue et relue avec grand plaisir.
J'aime la sagesse cachée dans ces lignes, j'aime le phrasé, la simplicité, l'humanité qui s'en dégagent. L'ambiance, les images, le ton, surtout le ton.
Et la beauté de certaines phrases.
"Quand j'ai trop de chance, les emmerdes arrivent tout de suite après, pour rééquilibrer. Ça me paraît logique, faut une sorte d'équilibre dans le monde."
(celle-là, je voudrais l'encadrer)
Et celle-ci, est superbe :
"Je cuis d'un côté et caille de l'autre. Me faut une plaque tournante pour bien dorer."
Je la lis et la relis et je me dis que "faudrait" n'aurait pas déparé sa simplicité ni cette poussière d'humour qui lui accorde tout son bouquet.
MERCI !

   jaimme   
22/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une atmosphère. Une vraie. Qui m'a parfois fait penser aux meilleures nouvelles de Bradbury. C'est peu dire...
Une humanité.
Souvent de très très belles phrases. De la poésie à chaque bouffée de fumée.
ET j'ai même relu, ce qui est très rare pour moi.
Bref, je me suis régalé.

   Anonyme   
30/1/2014
Ah c'est drôle, dès le début j'ai aussi pensé à Bradbury, à "l'homme illustré". C'est une écriture simple mais une fois lue, l'histoire reste en tête avec cette sensation d'étrangeté, ce sentiment d'être entre deux monde à la limite du fantastique. Une réussite, j'ai vraiment beaucoup aimé.

   widjet   
1/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Je ne sais pas si je vais être clair, mais ce qu’il y a de bien dans le traitement que fait l’auteur de « Saveur Citron » (et je l’avais constaté dans un précédent texte), c’est que les choses (les personnages, l’intrigue…) se posent là. Tout simplement. Tout n’est pas toujours très clair dans la narration, ou plutôt on navigue dans le flou (ce qui n’est pas désagréable du reste). Il n’y a pas de progression qui explique ou qui chercher à rationnaliser la situation et pas davantage d’explication ou de réponses aux questions qu’un lecteur linéaire souhaiterait avoir (pourquoi la présence du héros dans le cimetière ? Qui est la fille aux cheveux bleus ? Quel âge a le héros – il pourrait en avoir 15 que le double - ?...).

Bref, tout ça pour dire que c’est au lecteur de prendre et surtout d’accepter le tout comme c’est. Et dans ce drôle de ton, cette frontière entre le réel et le fantastique, placebo s’en sort bien car on reste intrigué sans jamais se lasser de lire (mais le texte est court ce qui est une bonne chose).

Le tour de magie avec le tonneau, en revanche, n’est pas visuellement très clair et j’ai eu du mal à comprendre ce qui se passait.

Un bon moment au final, mais par moment l’écriture pourrait être meilleure ("La foule" était au-dessus d'un point de vue stylistique même si très différente) et quelques répétitions évitées (« rééquilibrer » suivi « d’équilibre » cela atténue la portée de la phrase).

Ma phrase préférée : « J'ai rien à cacher, moi, mais on me demande jamais rien ».

Placebo, remets toi aux nouvelles car tu te démerdes plus que bien.

W

   Anonyme   
1/2/2014
Salut, Cebo,

Je ne commenterai que très partiellement et ne noterai pas.
C'est curieux : je suis incapable de dire si j'ai aimé ou pas. Il faudrait sans doute que je relise.

Dino Buzzati, c'est un très mauvais souvenir pour moi, celui de la lecture partielle du Désert des Tartares, lecture scolaire obligatoire parmi quelques autres à une époque où je détestais lire de la littérature et que je ne terminais aucun roman. Si ça se trouve, aujourd'hui, j'aimerais peut-être. Bon, mais ça, on s'en fout.

Je voulais seulement te dire que, à la lecture de ce texte comme à la lecture d'autres de ta plume, je me suis retrouvé dans une atmosphère étrange, un peu comme dans du coton, aux frontières de l'humanité, une atmosphère dans laquelle je perds mes repères et dans laquelle des notions aussi fondamentales que le temps semblent abolies, dans laquelle les conventions de communication entre les êtres sont transcendées, comme s'il existait entre eux un lien spirituel au-delà du visible et de l'audible. Je suppose qu'est cela qu'on appelle le fantastique.
Il semble donc que tu aies une capacité certaine à mettre ce genre de choses en place. Comme je l'écrivais, je ne suis pas certain d'aimer, mais en tous cas, ça ne me laisse pas indifférent.

EDIT POUR WIDJET : je crois que le tonneau est une métaphore pour les souvenirs du narrateur, ou pour leur contenant : son cerveau.

   senglar   
1/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Salut Placebo,


Livrer sa vie, son âme dans un cimetière alors que Dino vous sort les vers du nez ("- Très magicien en fait ? Tu sors tout du chapeau.") et qu'il vous fait entrapercevoir votre monticule : celui sur lequel vous casserez votre pipe et qui sera en même temps tertre funéraire.
Devrait peut-être arrêter de lire Buzzati le type du récit...

Quant à moi, vous savez Placébo, sorti du "Désert des Tartares"... OK, m'en vais lire le K, mais vous auriez pu donner les clefs en note. C'est quoi ce K ? le destin qui nous poursuit, le cancer qui loge en nous et qui attend le bon moment pour nous dévorer, l'épée de Damoclès qui pend sur la tête de chacun ?... Le papillon de nuit ne peut de toute façon s'empêcher de se cogner à la lampe brûlante qui le consomme et le consume.


Bon... m'en vais voir ce K et ce Magicien de plus près...

Ouais... Je vous suggère un autre titre : """Variation sur "Le magicien" de Dino Buzzati" """.
Au moins le lecteur saura où il va :
- Ne pas passer son temps à fuir le destin qui vieillit et meurt avec nous ayant échoué à proposer une vie radieuse comme une perle rare (mais ça, c'est "le K")
- Ne pas croire que l'on a raté sa vie même si l'on est est en plein doute. Combattre ; de toute façon le destin se rangera à notre avis et reconnaîtra nos mérites. Un peu toutou le Destin, suffit de le regarder dans les yeux : toutou il se couche, cheval on peut monter dessus. Attention ! Ne pas se livrer à cette expérience ou plutôt ce petit jeu avec un ours ou un lion. ça c'est "Le magicien").

Tiens, ça me donne envie d'acheter le recueil de nouvelles en question.

Sacré Di.. euh !... sacré Placébo va !

Lol

brabant

   Pepito   
5/2/2014
Bonjour Placebo,

Forme : une jolie écriture, avec des bas comme :
", l'herbe arrachée dans un rayon de un mètre"
et plein de hauts comme :
"L'ensemble se tasse puis les braises étouffées reprennent vite des couleurs."
et des "Je cuis d'un côté et caille de l'autre.Me faut une plaque tournante pour bien dorer." mmmh, chaleur tournante et poulets rôtis...

Fond : super ambiance pleine de mystère, de fille aux cheveux bleues et autres marshmallow.
Belle image du "tonneau", même si utilisée jusqu'à la dernière goutte.

Merci pour cette lecture.

Pepito

   placebo   
6/2/2014

   Marguerite   
10/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le texte, mystérieux, énigmatique, est néanmoins fort sympathique.
L’écriture est agréable et sert l’ambiance comme il faut.
J’ai donc passé un bon moment à lire ce texte qui m’a aussi permis de me cultiver un peu, puisque j’ignorais qui était Dino Buzzati (bien qu’il me semble avoir lu il y a longtemps « Le désert des Tartares »). Et j’ai ajouté « Le K » à ma liste de livres à lire.

   lalalode   
13/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ambiance très réussie. J'ai beaucoup aimé.Il se dégage de la chaleur humaine entre les deux protagonistes et en même tant cette atmosphère glaciale et angoissante," Je cuis d'un côté et caille de l'autre".Tout le long de la lecture, je me suis sentie ,entre deux eaux.
En tout k merci pour cette lecture.

   Bidis   
13/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Dans « Le magicien », Buzatti sort de son chapeau des pensées sur l’art (écriture, peinture, musique…) qui encouragent au-delà des doutes et des difficultés. Je remercie tellement le texte de Placebo de m’avoir projeté vers cet auteur (j’avais dans ma bibliothèque « Le K » et ne l’avais pas encore ouvert) que j’en oublierais presque de revenir à ce qui m’a un peu heurtée dans ce texte plein de subtilité (une des qualités qui me font le plus envie car, pour ma part, je sais en manquer cruellement).
Donc, j’ai relevé :
- l’absence de l’adverbe de négation dans la première phrase. Elle me choque parce que je ne sais pas encore que l’on est dans le point de vue exclusif du personnage et que les fautes de langage sont là pour le colorier.
- « rééquilibrer » et « équilibre » à peu de distance l’un de l’autre
- « Mais je n'arrive pas à lire votre nom » : pour moi, il ne peut s’agir que d’un nom sur une tombe. Le personnage est donc mort. Je commence à nager car cela ne colle pas du tout avec le début, très réaliste. Je remonte dans le texte. Cela se réfère donc à « Que je lisais dans les pensées ? ». Mais on ne « pense » pas son propre nom, c’est donc cela qui a provoqué une confusion.
- « que t'en apprendras plus avec moi que dans la moitié d'une bibliothèque. » « Dans une bibliothèque » m’évoquerait plus un lieu public que la lecture proprement dite et « dans la moitié d’une bibliothèque » ne veut plus rien dire du tout. « Avec la moitié d’une bibliothèque » m’évoquerait donc la moitié des livres se trouvant dans un meuble à rayonnages, ce qui serait mieux. J’aurais trouvé encore plus judicieux de dire « que dans une tonne de livres ».
Mais un texte à la fois plaisant et profond.

   xuanvincent   
4/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
A première vue, l'histoire (les toutes premières lignes) n'avait pas attiré mon attention. Mais en revenant sur la nouvelle, j'ai été agréablement surprise. Par l'étrangeté de son atmosphère, également par le style de l'auteur.

Les premières lignes avaient failli m'arrêter et manquer l'intérêt central du récit. Histoire pour le moins singulière, bien racontée. Une belle rencontre entre le narrateur, que j'imagine être un vagabond, et Dino Buzzati. Où ce n'est pas le célèbre auteur italien qui parle de lui, de sa vie, mais un simple inconnu, qui a trouvé ce soir-là une oreille attentive.
Notons qu'il ne m'a pas semblé que ce vagabond ait vraiment reconnu l'auteur, mais pourquoi pas.
La chute du récit du premier narrateur (le vagabond) m'a surprise, et m'a un moment interrogée. Mais elle contribue à l'étrangeté du récit et m'a plu. Suit une sorte de deuxième chute, les explications du second narrateur (l'auteur de cette nouvelle), qui donne au lecteur de nouvelles clés de lecture.

Ce récit m'a donné envie d'en savoir plus sur les deux nouvelles de Dino Buzzati mentionnées dans le récit : "Le magicien" (titre repris par Placebo en hommage à l'auteur italien) et "Les bosses".

Du point de vue du style, le manque de négation dans la première phrase m'avait fait penser à une coquille. Puis j'ai réalisé qu'il s'agissait d'un choix de l'auteur. Bien que cela me faisait curieux de lire dans la narration du récit (et non dans les dialogues) tant de phrases dénuées de négation, j'ai accepté le choix de l'auteur. Ce choix renforce le parler du personnage, qui nous présente, au présent (non au passé), l'histoire sous forme d'une sorte de monologue.

Bref, merci à l'auteur pour ce singulier récit, et bonne continuation pour ses nouvelles !

   Anonyme   
4/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Déjà j'ai adoré le langage, un parlé de tous les jours:

" Qui l'a fait, ce feu ?"
" Le ton comment il a dit ça me met mal à l'aise"

Ainsi que l'emploi de certaines expressions qui permettent à l'histoire de ne pas tomber dans le convenu et l'ennui. Il y a une belle interaction entre ces 2 hommes, un bon feeling se passe peu à peu mais c'est surtout grâce à l'étrange Dino qui sait installer un sentiment de confiance. Des confidences qui ne traînent pas en longueur mais plutôt une histoire qui pointe sur une situation pas très banale.
Les tours de passe-passe de l'étranger intriguent mais le lecteur ne s'y attarde pas car justement Gus ne se pose pas plus de question que ça, un vrai moulin à parole, l'atmosphère est plus conviviale qu'étrange.

Je ne connaissais pas Dino Buzzati et j'y suis allée me renseigner sur google. L'étranger n'est plus un mystère pour le lecteur maintenant sauf pour Gus.


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