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Sentimental/Romanesque
silvieta : Châteaux de sable
 Publié le 05/02/17  -  30 commentaires  -  5093 caractères  -  293 lectures    Autres textes du même auteur

C'est l'histoire d'un conte de sable, un conte qui finit mal.


Châteaux de sable


Sable d'enfance filé entre nos doigts, plages de confidences, îlot de quiétude. Au loin, le ressac, dans les brumes de mes souvenirs.


.............


– C'est une histoire étrange, disait l'amie, et je n'en ai jamais lu de plus belle, mais je ne sais pas si je peux te la raconter parce qu'elle est effrayante, aussi, et tu es si jeune...

– Avec toi je n'ai peur de rien. Tu commences ?

– D'accord.


La maison jumelée, battue des vents, se dressait au bout du monde. J'avais sept ans, l'âge de tous les possibles. Nicole était la fille de nos nouveaux voisins. Élève douée, studieuse, de trois ans mon aînée, souvent accaparée par ses devoirs de classe et presque aussi souvent punie par des parents exigeants, Nicole, mon mentor, était bien trop recluse à mon goût. Ses rares relaxes m'emplissaient de bonheur.


.......................


– D'accord, débuta Nicole. Il était une fois, loin dans la nuit des temps, un garçon très désobéissant qui échappait dès qu'il le pouvait à la vigilance de ses parents ; ceux-ci lui avaient interdit d'aller jouer tout seul sur la plage parce que l'océan était très dangereux dans ce pays. Or le garçon était trop fasciné par le sable et les vagues pour tenir compte de leurs sages avertissements. Ce samedi-là, profitant de ce que ses parents étaient allés faire leurs courses, il se retrouva une fois de plus là où il ne le devait pas.


Il venait d'ériger tout autour de lui, à coups de pelle et de seaux d'eau, la coque d'une barque, une barque de sable mouillé et solidement tassé lorsqu'un terrible grondement le fit sursauter.


« Bizarre, se dit le garçon, il n'y a pas un seul nuage dans le ciel, ce qui prouve que le temps n'est pas à l'orage. »


Mais alors qu'il prononçait ces paroles sa barque se fissura, un tourbillon se dessina à ses pieds, et le garçon fut propulsé dans l'espèce d'entonnoir qui venait de se former.


– Un entonnoir de sable, comme celui des fourmilions qui piègent leurs proies ?

– Attends la fin, tu verras, c'est encore plus incroyable que ça. Le garçon, comme poussé dans un toboggan, fut lancé à toute vitesse dans le vide jusqu'à ce qu'il chute rudement, le nez dans le sable poudreux. « Aïe ! » c'est ce qu'il cria, avant d'éternuer trois fois et d'épousseter son genou couronné. Plus de peur que de mal heureusement car c'était un sable sec en couches très épaisses. Autour de lui de hautes parois se dressaient, on aurait dit des murailles de grès, elles ressemblaient vaguement aux parois d'un château en ruine. « Ohé, du bateau ? Il y a quelqu’un ? » appela le garçon. Personne ne lui répondit, sauf l'écho.


« Puisqu'il n'y a personne... » commença à dire le garçon mais il s'interrompit très vite car il venait de repérer une immense table dans ce drôle d'endroit, une table dont la nappe était dressée et sur laquelle trônaient sept petits gâteaux sablés. Le plus étrange c'était la soupière, juste à côté des gâteaux, une soupière haute comme une cabane, mais qui n'était accompagnée d'aucun couvert pour manger les gâteaux ou boire la soupe.


« Bizarre », dit encore le garçon qui n'en menait pas large et commençait à regretter sa désobéissance. « Et maintenant, qu'est-ce que je fais ? Je ne peux pas m'échapper, les parois sont trop hautes, et puis c'est que je commence à avoir faim, moi ! le hic c'est que si je mange les gâteaux qu'est-ce qui va encore se produire ? Et qu'est-ce que cette soupière peut bien contenir ? Est-ce que c'est vraiment de la soupe, d'abord ? Et puis comment vais-je m'y prendre pour atteindre ce fichu couvercle ? »


– Oh non ! interrompit la conteuse, voilà mes parents qui m'appellent et ils insistent.... il ne faut pas traîner ou ça va barder pour mon matricule.

– Et la suite de l'histoire ?

– Demain, nous la reprendrons demain après-midi. On pourra se voir, promis : demain c'est dimanche et j'ai fait d'avance tous mes devoirs de classe pour le début de la semaine prochaine.


Mais le lendemain l'amie fut retenue par la visite imposée d'une ribambelle d'oncles, tantes et cousins, le surlendemain et les jours suivants ce furent des devoirs de classe, interminables, qui la ficelèrent dans la maison jumelée, suite à quoi l'amie fut fatalement punie pour avoir, selon ses parents, bâclé son travail au point d'obtenir parmi d'excellentes notes trois épouvantables « 7/10 » et elle fut punie encore tant et plus jusqu'à la distribution des prix qui rassura ses parents, clôtura l'année scolaire et à laquelle succéda le soir même l'embarquement immédiat vers un pays de grandes vacances.


À la rentrée l'on m'apprit que les voisins avaient déménagé et, Facebook n'ayant pas encore été inventé, je ne revis jamais Nicole.


Depuis ce temps je reste avec le goût de l'inachevé et, lorsque je me remémore le conte pour tenter de lui imaginer une fin, je ressens dans la gorge la sensation de myriades de grains de sable qui dévalent et s'engluent.


 
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   plumette   
17/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
je suppose que l'auteur sait trés bien qu'avec cette histoire, il va obligatoirement frustrer son lecteur!
ou alors, il fait une pirouette pour se sortir de l'embarras parce qu'il n'a pas pu imaginer la suite du conte !

j'ai apprécié la petite mise en scène du début, la conteuse me semble un peu jeune ( j'aurais bien vu 12 ans pour qu'elle ait plus d'ascendant sur la narratrice enfant)

Le début de conte est prometteur mais c'est trés court! Ne pouvait-on pas conserver cette idée de l'histoire inachevée ( oui, au fond, même si c'est frustrant, c'est une bonne idée!) mais en ajoutant quelques péripéties?

Dans la narration, il y a des choses qui m'ont parues inutiles comme "ce qui prouve que le temps n'est pas à l'orage. " ou comme "pour mon matricule."

J'ai trouvé le questionnement du garçon sous forme de monologue intérieur un peu lourd.

Et à la fin, l'explication en une longue phrase des raisons du départ définitif de la voisine Nicole ne m'a pas convaincue.


Plumette

   Anonyme   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour.

C'est une nouvelle qui laisse sur sa faim, évidemment. Mais une fin
était-elle possible avec cette histoire abracadabrante ou ensablée ?

C'est bien écrit, original mais j'ai du lire plusieurs fois pour tenter
d'accrocher à ce récit comme si j'avais lancé mon ancre et qu'elle ne tienne pas en place.

Peut-être, pour l'auteur, un souvenir de vacances et de ces châteaux de sable sur des plages sans limite.

   papipoete   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour silvieta,
A la première pellée de sable, sur cette plage où la marée se fera bientôt entendre, on voit l'enfant finir son trou si profond, que pressé d'en sortir par la furie des vagues, il sera pris au piège comme le lézard au fond d'un pot vide !
Et ce qui va bientôt arriver, ne se produit pas car la narratrice doit soudain cesser la lecture, on vient de l'appeler !
On ne saura jamais la fin de l'histoire, la conteuse sous d'autres cieux est partie !
NB même si l'on imagine la fin, heureuse ou malheureuse dans ce trou à rat, on reste sur notre faim, c'est bien dommage !

   Anonyme   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Silvieta,
J'ai aimé la toute première phrase, "le sable d'enfance filé entre les doigts", cette image est si poétique pour moi, et j'ai ainsi été attiré par votre nouvelle.
Ensuite, des détails accrochent les pas du lecteur, des épines de ci-de là, de petits nids de poule sur le chemin.
"Mentor" est un mot un peu fort peut-être pour une simple amie même plus âgée; "Loin dans la nuit des temps... ... ... ses parents étaient allés faire leurs courses" ce terme "les courses" ne colle pas pour un conte "loin dans la nuit des temps"; " il n'y a pas un seul nuage dans le ciel, ce qui prouve que le temps n'est pas à l'orage." un enfant ne s'exprimerait sans doute pas comme ça; " le garçon qui n'en menait pas large", " ça va barder pour mon matricule" ces expressions ne sont pour moi guère adaptées au langage enfantin; " trois épouvantables « 7/10" comment la fillette le sait-elle si elle ne revoit jamais sa camarade...
Comme la phrase du début, cette partie "je ressens dans la gorge la sensation de myriades de grains de sable qui dévalent et s'engluent." est pour moi très belle et clôt bien la nouvelle qui demande néanmoins davantage de matières épaisses, d'imagination, pour en faire une succulente histoire, ces "gâteaux de sable" pouvant être une piste, le décalage entre le niveau scolaire de l'enfant et les réactions des parents pourrait aussi être envisagé comme piste de travail, le puits de sable pourrait représenter la chute vers l'inconscient et un enfer où les bons deviennent les horribles méchants qui doivent être punis... etc...
Désolé mais pour moi votre nouvelle demande à être retravaillée.
A vous relire avec plaisir pour la poésie qui se laisse parfois entrevoir au détour de certaines phrases.

   Anonyme   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Silvieta,

J'ai aimé ce conte dès les premières notes.

C'est véritablement un conte en ce qu'il interroge l'enfance.

Vous posez parfaitement le ton d'entrée de jeu : J'avais sept ans, l'âge de tous les possibles.

Voilà toute la clé de ce qui suit. Il fallait précisément ne pas conclure l'histoire pour permettre de comprendre votre texte résumé dans ces quelques mots: tous les possibles.

Je pense que d'un côté on est parfaitement dans le ton du conte mais qu'au-delà même, on est dans la parabole de l'enfance. L'enfance c'est très précisément cet âge où, à "l'inachèvement" permanent auquel nous sommes soumis, s'ajoute l'incertitude du devenir des choses et des événements.

Vous menez la partition avec justesse et loin de ressentir cette frustration que je lis dans dans d'autres commentaires, je suis au contraire enchanté que vous ayez su rendre si bien l'enfance et ses incertitudes.

Non content de ne pas m'avoir frustré, vous m'avez enchanté ce qui n'est pas peu en ce beau dimanche de pluie :)

Je reviendrai sur ce texte avec plaisir et je pense que ce sera pour moi une source de réflexion créative.

Merci à vous pour ce moment de lecture passionnante.

PS: je pense que la catégorie convenant à ce texte serait plutôt: conte philosophique

   Marite   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Cette nouvelle m'apparaît à l'image d'un château de sable dont la construction, entamée lorsque la mer monte, n'a pu être achevée.
L'aisance et la fluidité de l'écriture laissaient espérer, au départ, une histoire finement rattachée à l'étrange et au merveilleux. Hélas, elle nous laisse sur le bord du chemin avec " le goût de l'inachevé " et c'est dommage.
Peut-être un peu de précipitation à vouloir présenter un texte qui gagnerait à être parachevé pour en faire une nouvelle très intéressante.
Ces deux phrases m'ont séduite :
"Sable d'enfance filé entre nos doigts, plages de confidences, îlot de quiétude."
"je ressens dans la gorge la sensation de myriades de grains de sable qui dévalent et s'engluent."

   hersen   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ah, que voilà un conte comme je les aime ! Ancré dans la réalité mais cependant une ouverture phénoménale sur l'imaginaire.
J'ai aimé la fin manquante de l'histoire car c'est cela qui donne toute sa valeur à l'histoire, sans laquelle ce ne serait que l'échange entre deux enfants.

Il y a là cette dimension de l'imaginaire, cette projection inconnue dans l'inachevé.

En m'imaginant de multiples fins possibles, je pense à Nicole, qu'est-elle devenue ? a-t-elle réussi à briser le carcan élaboré par ses parents ?

C'est cette fin sans fin qui est réconfortante, qui nous permettra de faire ce qu'on voudra, le chemin à suivre n'est pas imposé. Il est sous notre responsabilité.

Un grand merci pour cette nouvelle, pas du tout, mais alors pas du tout à sa place en sent/rom.
Puisque "conte philosophique" n'existe pas sur O, je l'aurais beaucoup mieux vue en "réflexion/dissertation"

Une remarque : au premier abord, je n'ai pas du tout apprécié le mot "matricule". Mais à la réflexion, il est plutôt très bien choisi car il renforce l'aspect prison, policier, que vit Nicole dans sa famille.

Enfin, j'ai aimé l'écriture qui laisse couler l'histoire, avec une sorte de tranquillité de quelqu'un qui sait l'inéluctable.

Un grand merci pour cette lecture.

   vendularge   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Je trouve que le "conte interrompu" est une idée intéressante, la frustration ressentie par le lecteur nous rappelle que nous sommes les adultes des enfants que nous fûmes (je doute de l'orthographe). C'est bien écrit, bien ficelé.

La fin me séduit un peu moins, sans doute le dur retour à une réalité sans magie, un peu banale. Il y a certainement matière à faire moins abrupt et plus fin...(de mon point de vue, seulement;)

merci
vendularge

   Bidis   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Un conte qui commence comme « Alice aux pays des merveilles ». Mais, bien que le talent de l’auteur me semble très très prometteur (elle sait empoigner son lecteur et le mener jusqu’au bout de son histoire car elle a le ton qu'il faut et une écriture plaisante), n’est sans doute pas Lewis Caroll qui veut. Car ici, il eût en plus fallu surprendre et ne pas marcher dans les pas du célèbre auteur britannique. Dommage… J’étais très curieuse de connaître le contenu de la soupière et ce qui arrivait quand on croquait dans un des petits gâteaux… D'autant que leur nombre de sept m'avait fort intriguée et semblait promettre une progression dans le suspense.
Ou alors, il aurait fallu une fin dramatique et/ou mystérieuse. Le paragraphe "Mais le lendemain" jusqu'à "grandes vacances" me semble bavard et inintéressant.
Ainsi mon évaluation n'est pas fameuse, en tout cas pas à la mesure du talent, que je redis certain à mon avis, de l'auteur.

   GillesP   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Cette histoire inachevée est bien écrite. J'ai aimé notamment la poésie du début et de la fin: trois jolies phrases, empreintes d'une extrême douceur.
Le reste est joliment dit et la chute repose... sur l'absence de fin. Pourquoi pas, après tout?

Après, j'ai quand même eu du mal à croire à cette histoire, car il est quand même difficile d'imaginer une petite fille de dix ans raconter un conte d'une manière aussi fluide, aussi élégante.

   Pepito   
5/2/2017
Bonjour Silvieta !

Kriture : très mimi, ma foi. Joli début.
Pour chipoter :
"dans ce pays" > dans "son" pays, non plutot ?
"fut propulsé dans l'espèce d'entonnoir" > fut "aspiré", non plutot ?
"en couches très épaisses" plusieurs couches du meme sable l'une sur l'autre... c'est ça ? Et vues de dessus en plus. ;=)
"dire le garçon (virgoule) mais..."
"avec le goût de l'inachevé" > "je ressens un gout d'inachevé"... éventuellement.

Fond : sans, comme le puits du même nom. Si j'avais acheté la nouvelle, je serais retourné dare-dare chez le libraire pour me faire rembourser. D'ailleurs, y'a pas de raison : REMBOURSEZ !!!!

Je ne suis pas avare de coups en biais (pour ne pas dire tordus ;=), mais là je suis battu !

A une autre fois.

Pepito

   klint   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
I'aime beaucoup le style, une très belle écriture vraiment, bien maîtrisée.

J'aime aussi le fait de laisser au lecteur une fin ouverte. Mais il y avait matière à développer vraiment avec ce si beau début, sans pour autant nous donner toute les clés...

C'est curieux j'ai eu l'impression que la narratrice, Nicole et le jeune garçon avaient tous en commun d'être enfermés - la narratrice dans l'inachevé, Nicole par ses parents et le jeune garçon dans le sable... c'est un conte cruel oui si c'est le cas mais la parallèle aurait pu être largement plus exploité.

Alors oui un gout d'inachevé aussi pour ma part malgré le plaisir que j'ai pris à la lecture

   Anonyme   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Décidément, c'est à n'y rien comprendre. Votre histoire est d'une paleur effrayante. L'enfant qui se retrouve prisonnier dans son château de sable, avec la faim, des gâteaux, une soupière...
Ouf ! Les parents terribles qui viennent chercher leur rejeton, avant que se termine une histoire d'un inintérêt, hors du commun.
Désolé, je ne sais si c'est l'histoire en elle-même qui me laisse coi, ou les commentaires dithyrambiques.

   PierrickBatello   
5/2/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Un texte qui hésite entre poésie et conte, entre une fin en pirouette et une histoire sans fin, entre un style enfantin ou adulte. Ni drôle, ni terrifiant, ni évocateur; je n'y trouve pas mon "conte".

   silvieta   
6/2/2017
Ne restez pas enlisés au pays des contes qui ne finissent jamais. La piste est ici :
http://www.oniris.be/forum/a-propos-de-chateaux-de-sable-remerciements-et-fil-conducteur-t23492s0.html#forumpost312934

   HadrienM   
6/2/2017
 a aimé ce texte 
Pas ↓
J'attendais de te lire pour me faire une idée. Je ne suis pas déçu !

Ce qu'il faut en retenir, c'est que tu devras encore écrire beaucoup de nouvelles pour arriver à retenir l'attention de ton lecteur. Je m'explique.

L'histoire est étonnante ; dans la lignée de la littérature pastorale, dans la quiétude de l'enfance (tu introduis d'ailleurs une intéressante réflexion sur le caractère presque épique de l'enfance, ce qui contraste), une enfant écoute attentivement le récit effrayant de la désobéissance. Je me sens dans les années cinquante, près de Perros-Guirec. L'histoire des fantômes traduite en intimidation de la plus jeune.

La métaphore de la liberté guidant nos pas dans le sable épais de l'enfance et la condamnation venant de la figure parentale. Des châteaux de sable de la morale.

L'écriture, en elle-même, est assez bonne, même si, bien évidemment, personne ne croit à l'histoire : le gamin de dix ans a une expressivité. Pas ton écriture rationnelle. Le vocabulaire employé n'est pas crédible. Alors, il y a bien le pacte de l'écrivain et du lecteur : on accepte en fait que cette jeune fille soit la narratrice presque objective. On l'accepte mais on y trouve un sacré manque d'intérêt. On aurait pu au contraire apercevoir la déraison enfantine ; le besoin de mentir ; un peu comme le rire de l'enfant près de la fontaine, on aurait pu visualiser la prétention enfantine en face des histoires. Tu sais, je vais te raconter une histoire ; tu dois y croire. Les mots s'en suivraient et constitueraient un conte atypique.

Ce n'est ici pas le cas. L'écriture rationnelle est d'ailleurs maladroite à bien des égards (utiliser Facebook dans un conte, c'est rédhibitoire, je trouve !) : "Facebook", un "7/10", entre autres. Je te sais bonne lectrice et semble-t-il, pourtant, bonne rédactrice, mais ces Châteaux de sable ne sont pas une réussite.

La morale est douteuse. Le point intéressant du conte, c'est le sentiment d'inachevé. La quête de l'histoire par le rêve, par le puissant imaginaire de l'enfance. Cet inachevé qui au fond est le plus poétique des motifs ; c'est Yves Bonnefoy qui fait de la présence et, en l'occurrence, de l'absence, une pierre de touche de sa poésie.

L'histoire est maladroite. On erre assez pour s'ennuyer et pour oublier que tu te préoccupes pourtant d'esquisser ce qu'est que le manque de temps chez l'homme.

Bien à toi,

   Anonyme   
6/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour, Silvieta,

Elle est belle l’image du « sable d’enfance filé entre nos doigts » ! Fugace, comme tout ce qu’on ne peut retenir. Délicate et cassante à la fois, comme le verre fait de sable. Et puis j’aime beaucoup ces histoires d’enfances, si profondes parfois…

La vôtre, même si je comprends votre stratégie assumée de la chute dans le vide, me laisse un goût d’inachevé. Et pas seulement pour ce manque de fin.

Il me semble que l’on peut mettre l’eau à la bouche avec plus de gourmandise. Titiller davantage l’esprit pour débrider l’imagination du lecteur qui va faire le boulot à votre place, mais toujours avec cette notion de plaisir, très importante à ménager.

Cela ne passe pas forcément par un allongement de texte. Quelques détails apportés aux bons endroits, aux bons moments et le tour sera joué.

D’autant que vous avez une écriture prometteuse. La faire filer encore un peu entre vos doigts, lui apportera tout le raffinement nécessaire et une concision bénéfique.

Merci pour cette descente aux heures tendres, pas si tendres que ça, finalement…

Cat

   Pouet   
6/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bjr,

Connaissez-vous "La femme de sable" de Kôbô Abe?
Le thème peut s'en rapprocher. Enfin, la "prison de sable" quoi..

J'ai trouvé le texte assez onirique et plutôt sympathique.

Pas plus "frustré" que cela par la fin pour ma part.

J'ai souri pour les gâteaux "sablés".

La fin explicative (à partir de "Mais le lendemain..." jusqu'à "Nicole.") n'a pas été spécialement à mon goût. Trop "terre à terre" je sais pas, pas trop accroché. J'aurais bien vu quelque chose de plus poétique, imagé. Du coup me serais presque contenté de la dernière phrase: "Depuis ce temps..."

Au plaisir.

   Anonyme   
6/2/2017
Bonjour Silvieta,

J’ai lu votre récit comme un souvenir, pas comme une histoire. Il y manque la structure narrative.

La petite fille devenue adulte égare le lecteur dans un double désir : au début le secret trop détaillé puisque non abouti, de la soupière, des petits sablés et autres forteresses de sable, et à la fin la disparition de Nicole. Il faut choisir. Plus le désir est concentré, plus l’intrigue se resserre et acquiert de force.

Le décalage temporel ne vous aide pas non plus. Le secret de la soupière dans les yeux d’une petite fille de sept ans, ok, mais dans ceux d’une adulte (« Depuis ce temps je reste avec le goût de l'inachevé et, lorsque je me remémore le conte pour tenter de lui imaginer une fin »), il perd beaucoup de son intérêt, crédible ou pas. Imagine-t-on vraiment que le désir de la narratrice adulte soit encore dans le bac à sable ? Ne serait-il pas plutôt dans le souvenir de la disparition de Nicole (« Nicole, mon mentor ») ? D’ailleurs vous le dites bien, lorsque vous parlez de Facebook plutôt que de recherches possibles pour retrouver trace de ce conte sur Google.

La narratrice nous a menés en bateau puis laissés en rade. En fait elle semble se ficher de cette soupière comme de son premier sablé, mais pas de sa copine. Du coup, elle m’a déposé dix tonnes de sable devant ma porte, sans m’aider à déblayer. Elle devrait au minimum me révéler en quoi ces événements ont nourri l’apprentissage de sa vie. Toute bonne histoire comporte une révélation finale pour le héros. Ici elle est absente, ce qui pour moi est plus embêtant que de n’avoir débouclé aucune des deux intrigues (soupière et disparition).
Je vois malgré tout un point positif à ce récit, celui d’avoir créé et assez bien décrit l’adversaire : ce sont les parents de Nicole, qui empêchent la petite fille d’accéder à ses désirs.

Je passe sur la manie des conteurs d'utiliser des termes comme "fourmilion", adressés à des enfants du CP, même si c’est l’occasion pour les parents de les gâter avec un Robert en douze volumes.

Merci pour cette nostalgie de l’enfance.

Ludi
ensablé

   Lariviere   
7/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Silvieta,

Comme bon nombre d'oniriens appâtés par votre sens du commentaire (avis ! si vous voulez être lu et commenté, lisez et commentez !.. )je suis venu voir et lire ce que vous proposiez de votre propre plume.

Heureusement, Ludi est passé juste avant ; il a déjà déblayé la porte et désensablé l'essentiel !...

Sur l'écriture, c'est convenable ; les phrases sont fluides, plutôt bien construites ; les articulations aussi à la lecture : votre écriture est agréable et suffisamment maîtrisé ; ça se lit bien !...

La construction, la structure narrative est celle d'un conte. La dessus, je pense qu'il pourrait y avoir un petit effort pour muscler un peu votre rendu narratif, assez faible en l'état. Je ne sais pas si c'est dû au format ou à l'idée de cette chute qui provoque une rupture dans la structure classique d'un conte et qui, sur un format aussi court, reste une gageure de plus pour apprécier ce type d'essai.

Sur le fond, j'ai aimé cette idée de rupture et de fin originale. Sur la réalisation, je trouve moi aussi que vous pourriez étoffer les sentiments ou disons le vécu d'une quelconque façon de votre narratrice. En l'état, c'est trop court et trop superficiel. J'avoue que je ne comprend pas vraiment la place réelle (c'est à dire pour votre narratrice) de ce garçon qui fait des châteaux de sable, même en parabolique... Moi aussi, j'aurais aimé voir autour de Nicole quelques halos, quelques signes qui m'auraient permis de jeter un peu de lumière (pas trop non plus...) sur sa présence/absence au sein de cette histoire et au sein des souvenirs de la narratrice. Ici, on ne sait pas grand chose des véritables raisons qui fait que ce conte, comme ceux des mille et une nuit, n'est pas parvenu au bout de son récit... car on imagine bien que les raisons exprimées avec lourdeurs et trop d'insistances sur le paragraphe de fin sont comme chaque fois des mauvaises ou de bonnes excuses, mais en aucun cas, la vérité, toujours personnelle... Même si ce choix est une intention pour ne pas trop en dire, le juste équilibre serait peut être de suggérer, entre deux distractions, en instillant des implants pour rendre plus dense la trame narrative et préparer inconsciemment le lecteur pour le grand saut final et sa compréhension à "minima"...

Une autre piste déjà évoquée par un autre commentateur (merci Pouet) pour densifier et rendre plus agréable votre récit serait de vous servir de la poésie, comme vous le faites sur votre phrase d'introduction. Je pensais d'ailleurs que vous reprendriez le procédé à la fin de votre histoire, comme un espèce de repère spacio-temporel et aussi comme un écho aux souvenirs de la narratrice.


En conclusion, j'ai trouvé votre écriture agréable et j'ai aimé vos intentions et votre rupture du genre concernant le choix de fin. En revanche et en l'état, je ne suis pas vraiment convaincu par la réalisation.

En espérant que ce commentaire puisse vous être utile, je vous souhaite une bonne continuation dans votre démarche d'écriture.

   Leverbal   
7/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'histoire dans l'histoire fait un peu penser à Alice au pays des merveilles, qu'une petite fille aurait revisité pour mieux accrocher son public fan de pâté de sables.
Ce qui m'a manqué c'est un peu de corps autour de la mise en abyme. Une morale un peu plus travaillée que le constat que fait le lecteur par lui-même. En fait, le début et la fin du texte sont plutôt des commentaires de lecteur sur le récit, je les trouve superflus.
Sur la forme, j'ai compris l'utilisation du premier séparateur de paragraphe mais pas du deuxième. Le terme "jumelé" pour des maisons me pose question. C'est différent de mitoyen? Pas compris non plus le genou "couronné". J'ai aussi relevé d'autres points, mais qui ont déjà été cités par d'autres commentaires.

   Paul777   
7/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Joli texte, jolie écriture, sans grand intérêt pour ma part, je me suis ennuyé sur un texte court et qui ne raconte pas grand chose. Gentille poésie.

   Anonyme   
7/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est un joli conte, plutôt bien raconté, peut-être un souvenir d'enfance romancé ?
Grande question : fallait-il continuer l'histoire ou la laisser telle quelle ? Je pense qu'il avait moyen de prolonger ce conte ( 2 ou 3 pages ?), et faire travailler son imagination.
Merci pour cette belle évocation.
François

   Francis   
10/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Nicole cherche à fuir une cellule familiale exigeante, étouffante. Alors elle s'invente des histoires, des contes. Elle aime inviter ses amies dans ses scenarios, le labyrinthe de son imaginaire. Comme elle ressemble à ma petite Jade qui a le même âge qu'elle ! La petite fille sage choisit un héros téméraire, désobéissant, la proie idéale des mésaventures. Comme le château de sable, le conte ne sera jamais achevé. La mer ou la mère vont interrompre sa construction, le récit. Il ne reste au lecteur qu'à retrouver son âme d'enfant pour inventer la suite ! Et c'est...tant mieux !

   widjet   
14/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bon, le texte est court et j'ai un peu de temps.
Je n'ai pas trouvé grand chose à quoi vraiment m'accrocher, même si l'écriture n'est pas désagréable. La fin ne m'a pas particulièrement frustré (peut-être aussi parce que la narration et le mystère ne m'ont pas trop captivés).

Les dernières lignes m'ont semblé trop verbeuses (pas franchement utile et intéressant de savoir pourquoi Nicole n'est plus revenue)

Bref, ça se lit.

W

   matcauth   
14/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Silvieta,

vous avez une belle écriture, je pense que vous savez instaurer une atmosphère, poser un contexte en peu de mots, un parfum, aussi.

Je pense que pour vous il était important que le conte n'aie pas de fin, car ce qui compte c'est le goût qu'on en garde, fait de petites choses, comme par exemple... ou on était. Ou ce qu'on faisait. C'est ce mélange de nostalgie et d'émotion, de parfum du passé que vous avez voulu décrire, du moins c'est ce que je crois. Et cela est joliment fait.

Mais la fin arrive un peu trop vite, elle est presque bâclée et on regrette de ne pas pouvoir plonger réellement dans cette atmosphère.

Il nous manque, de plus, pas mal de choses pour aller sur cette plage avec les personnages. Car on ne les connaît pas assez, on n'a pas leur ressenti. Bref, beaucoup de choses sont un peu inachevées ou interrompues dans ce texte.

C'est un peu ce qui me manque. Car cela reste un très beau texte.

Au plaisir de vous lire de nouveau.

   Donaldo75   
16/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Silvieta,

J'avoue que je ne voyais pas où allait l'histoire du petit garçon désobéissant mais une fois que tu as retourné la narration, je me suis dit: un Mac Guffin !

Oui, le Mac Guffin, ce procédé narratif décrit par Alfrd Hitchcock lors de ses entretiens avec François Truffaut, ou l'art de commencer avec un sujet qui s'avère un excuse pour faire passer des messages ou raconter autre chose.

Et j'ai aimé cet autre chose, cette manière subtile de dépeindre les amours naissants.

Merci pour la lecture,

Donaldo

   jaimme   
20/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Je viens juste de lire "Coraline" de Neil Gaiman et attiré par la polémique je lis donc cette nouvelle qui m'avait échappé en EL. Or j'y retrouve certaines qualités qui m'ont fait lire ce petit livre multi-primé en une heure-lumière.
C'est donc que des qualités j'en ai trouvées.
J'aime à penser que le fantastique se trouve à chaque coin d'écriture. Lewis Caroll en aurait rejeté la qualification. N'empêche.
Fantastique, poésie et utilisation poussée de ce que doit être, à mon goût, une nouvelle: une tentative de déstructuration, et plus le texte est court, plus il permet de libertés. J'ai donc aimé ce désespoir de l'inachevé, comme l'est toute enfance. Cette perte, cet amour d'enfance, les images conjointes du sable.
Je n'ai pas été gêné par le parti-pris du langage soutenu de ces enfants: l'adulte oublie ce que l'enfance a d'approximatif et le contexte poétique, à mon avis, permet au narrateur cette intemporalité.
Ce que j'ai moins aimé maintenant: la musicalité de l'écriture. Cela commence très bien (la première ligne, par exemple, qui file agréablement). Mais la lecture accroche souvent car je pense qu'il ne faut pas confondre soutenu et poétique (relaxes, propulsé, etc.). Puisque c'est court autant être poétique de bout en bout. Quand je lis à haute voix je sens qu'il manque quelques relectures ("Demain, nous la reprendrons demain après-midi. On pourra se voir, promis : demain c'est dimanche..."). Je chipote, mais ce texte en vaut la peine car il a une belle richesse en quelques lignes.
Au plaisir de vous lire à nouveau.

   Anonyme   
20/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir silvieta,

Décidément, j'aime toujours autant les contes, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Et même s'il manque une fin à celui-ci, cela ne m'a absolument pas dérangé, à ma grande surprise... moi qui suis adepte d'une fin en bonne et due forme.

Je me suis dit que le fait de ne pas avoir de fin était une fin en soi, finalement, et que l'esprit d'inachevé se mariait bien avec l'idée d'inconsistance des grains de sable qui s'écoulent de nos mains lorsque nous en saisissons une poignée.

Vous m'avez fait rêver et je vous en remercie.

Bien à vous,

Wall-E

   lucilius   
24/3/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Voici un texte rédigé sous forme de conte, qui me donne une étrange impression d'écriture sans fil conducteur, les ingrédients étant rajoutés "au petit bonheur" selon les idées du moment.

Certains phrasés semblent uniquement destinés à étirer le texte , exemple :
"autour de lui de hautes parois se dressaient, on aurait dit des murailles de grès, elles ressemblaient vaguement aux parois d'un château en ruine".
On aurait dit..... elles ressemblaient..... Parois, murailles, parois... etc... rendent la digestion difficile.
J'ai connu ce dilemme à mon premier roman où chaque nouveau chapitre s'étirait ainsi et déviait du sens initial. Aucun publieur ne l'a accepté bien sûr !

Le goût d'inachevé n'est pas présent que chez le narrateur et je pense, personnellement, que la fin, à court d'idée, est bâclée par une "pirouette".


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