1.
Au-dessus de la ville, le berceau d'un jardin enfin déserté des visiteurs. Stridulation des seuls insectes, inclinaison des pins ornant un des chemins à la façon des clés de sol.
Je suis assise directement sur l'herbe. Je me gorge du jardin.
J'y joue avec mes rêves et mes désirs de trentenaire à l'abri des troubles, des déflagrations et des éclats des guerres. Le destin cinglant ne s'est pas abattu sur mon cou, si ce n'est, vertèbre dévoyée, sous les espèces d'une modique irritation de nerf, dûment traitée, avec surveillance et électrodes sympathiques mises en patches, à porter occasionnellement au bureau pour travail de plume, ce qui atténue la morsure.
Une simple banale petite douleur chronique désormais décennale, mais de faible intensité somme toute, intégrée au quotidien, mise en digue.
Un corps contemporain, pas encore vieux, commun, longiligne et qui peut plaire, un corps sous surveillance, avec rendez-vous médicaux à jour, douches avec mitigeur et accès aux commodités galantes de la ville, sous cellophane et sous verre. Un corps en pâte.
La nuit descend sur ses petits talons, les allées du jardin se font plus suavement solennelles, je regarde les corolles qui penchent, et la fatigue des coulées de feuilles.
Je pense à toi, sur qui tombe le rayon d'un caprice puisqu'il semble que je ne te sois pas complètement indifférente.
Tu m'as invitée. Demain, aux Nuits, dans les gradins antiques.
Ce sera un concert hors du commun. Je n'aurais jamais imaginé avoir l'occasion de les entendre, le trio Joubran ! Trois maîtres oudistes, immenses musiciens de Palestine, exilés, amis d'un des poètes les plus insignes qui soit, Mahmoud Darwich, lui par qui j'apprends, lente et têtue, les rythmes dansants et la phonétique en volutes de la langue arabe. Ses enregistrements me tiennent compagnie, casque audio aux deux orbes enseignants ; inimitable, sa voix puissante et qui porte comme un trois-mâts hissant toutes ses voiles. Un trois-mâts aux ascendances de colombe.
J'avale un peu de ma hâte, mêlée aux brouillards du contexte international, de fiel et de soufre, qui asphyxie le pays des trois ouds et des fleurs d'amande du défunt poète.
La dévastation et l'horreur sonnent si irréelles du haut de ce jardin. Du haut de mon statut de gamine d'Europe repue et facilement attendrie, sans difficulté à hausser les pauvres sourcils de l'indignation. Gamine âgée déjà, capricieuse au porte-monnaie plein. Les admonestations mêmes me sont flatterie de conscience.
Des couleurs passent, inconséquentes, dans le ciel. Ce ciel ignorant des découpes administratives, qui miroite les ressemblances de peuple à peuple, inutilement pour nos esprits occupés.
Je me demande de combien de cordes se compose un oud. Les sublimes ouds à la belle panse calligraphiée. Demain. Six cordes dont cinq doublées. La première est plus grave. Cordes qui en nous, à leur tour, invisiblement se redoublent. Demain. Je regarde l'horizon pour y délester un peu de mon attente et de l'admiration sans borne que méritent ces hommes-étoiles.
Pour y délester aussi un peu de mon penchant adolescent pour toi. La dilection ne risque pas de se faner dans les nuages, ils en cajolent plutôt le flanc… Toujours en moi l'hésitation sur la direction que doit prendre un désir.
J'ai un peu honte d'aller écouter ces artistes, fine fleur d'un pays que les grosses pointures étatiques dédaignent de reconnaître en toutes lettres, et qui agonise écrasé sous un talon de botte militaire.
Et moi là, assise au jardin béni de rangées d'herbes et floraisons étiquetées. Risible trentenaire avec ses petites angoisses abandonniques, ses anxiétés de déplaire à ceux qu'elle admire. Je pense trop à toi, décidément.
Je joue avec mes rêves et mes craintes, et sous un orbe de cils, sans m'encombrer de la moindre matérialité, j'en étale imaginairement le Solitaire, qui contient lui plus de cinquante-quatre cartes à jouer car je me disperse en désirs. Je joue plusieurs manches, sans même suivre de véritables règles.
Demain qui vient, depuis le soir qui penche. Demain qui vient. J'aurais aimé que tu m'accompagnes au jardin du Rosaire juste avant le concert.
Je griffonne des brouillons de messages, pianotant des ébauches, bien vaines en fin de compte, puisqu'on annoncera de la pluie. L'anticipation scripturaire, mon vice. Le dialogique in absentia. Les messages n'espérant pas l'entremise d'Hermès, les bagages textuels voués aux limbes.
– Si tu veux m'accompagner, le coin est sympa (une fois que les touristes ont déguerpi, je fais comme chez moi) : il reste quelques chèvrefeuilles, tout plein d'herbe (mais pas de la « qui-fait-rêver »), et des roses un peu fatiguées qui fanent.
2.
Juchée sur mon perchoir, à la mezzanine de la bibliothèque D., je lis L'isola di Arturo, retrouvant les jouissances des lectures d'enfance.
L'après-midi se mesure à la déformation graduelle du nuancier de nuages.
Arturo. L'adolescent farouche délaissé sur son île, avec père absent, figure infiniment désirable. Les odeurs marines des îles italiques, les pelotes de vie des hommes, ballottés par les contingences d'une nature offrant rarement un bout de flanc pour être apprivoisée.
Je lis en langue originale. Sans m'encombrer d'un dictionnaire, je laisse la compréhension à ses spirales, et cela œuvre. L'isola. C'est exactement le livre qu'il me fallait. J'oublie même l'imminence de ce soir qui toute cette semaine battait à mes tempes. Je suis aux pages.
Soudain, la petite tête d'un corbeau (ou est-ce une corneille ?) apparaît à la vitre d'en face. Il jette un œil, puis disparaît. Je souris. Un temps. Puis il réapparaît. Tu aimes les corvidés, tu en écris la trace en noir et blanc, aux cendres magiciennes de la photographie. L'oiseau observe la salle depuis l'ébène double de ses pupilles éveillées. Je me dis que c'est toi, ou le petit morceau d'un de tes rêves. Mais je retourne à mon livre pour être sage, pour vaillamment montrer (aux sphères imaginaires) que je m'instruis.
3.
Lacets lacés à la va-vite, parfum vanille aux lèvres et monoï aux plis des genoux, je me rends enfin au lieu consacré. J'enjambe l'espace, encore à peine en retard ; nous avions prévu d'être très larges.
Voilà je quitte ma plaine. Humeur ascensionnelle.
Désormais quand je chemine aux pavés je ne regarde plus à hauteur de vitrines ou de panneaux publicitaires, mais un peu plus haut ou carrément plus bas. Dans l'orbe des orteils. Je suis les lignages disparaissants sur les goudrons de fin de jour, les reflets de crépuscule portés sur les ponts figés dans un mouvement de chat.
Rêve… Parvenir à écrire les chemins changeants de lumière qui tapissent la géographie minutée d'un lieu, qui y trament des cartographies évanescentes, ou de simples sourires, comme si un trottoir valait chaque fois neuf carnets de géométrie fraîche.
Dernières volées d'escaliers. Je grimpe. En haut, les ginkgos et l'herbe jade.
Tu es en tailleur sur la butte, depuis un moment à ce qu'il semble. Tu m'écris (tout ensemble sobre et facétieux) :
– Je te vois.
Nous nous asseyons aux marches de pierre. La nuit s'est pratiquement déposée, lovée sur terre, et les constellations brillantes du plateau accueillent les musiciens. La conscience monte en moi que ce concert sera rien moins qu'inoubliable.
Bientôt se fait entendre l'incomparable timbre du poète Mahmoud Darwich. Voix sonore et pénétrante, voix de révolte montant des oliviers et des amandes. Mots tout bruissants de réunifier les lambeaux séculaires et panser droit dans les yeux les lacérations commises d'un peuple à l'autre. Mais avant tout, qu'il y ait abandon des pestes conquérantes. Avant tout, urgemment.
Mahmoud Darwich, son nom entier comme une maison, avec la longueur tendre du i final, ample comme une bourrasque de sel et de vent.
Voix de merveille et de magie, voix des demeures donnant sur du bleu non moins qu'immense, et qui distillent leur moisson de grains de café, pratiquant même au sein des roches d'incidentes possibilités de causer justice avec les anges.
Les textes sont projetés et traduits sur une toile en fond de scène, derrière les violons qui épaulent les trois virtuoses.
Et on entend… … Le discours de l'Indien à l'homme blanc. … État de siège. … Attends-la. … C'est mardi et le temps est clair.
Émue, je respire en exacte image d'un intérieur caréné d'instrument, vibrant avec les textes, dont une partie d'ailleurs visitait mes oreilles encore ce matin, honneur via technologie de scaphandre audio, honneur dont chaque jour il faudrait renouveler et encenser la surprise.
Il y a l'âme, on dit, d'un instrument. La mienne essaie inconsciemment de correspondre, en mineur, à cet incommensurable qui envahit la scène.
Je suis à ce que j'écoute, pour une fois. La dispersion a posé ses armes. Je suis, puisque les images prises au bois lustré se tiennent la main, comme la cale d'un bateau, bénie, visitée par des anges, cale improbable où souffle un air vivant de monodie stellaire. Anges légers caracolant comme des fées lutines, anges agnostiques très certainement.
Les restes de colonnes à l'arrière-plan marquent l'arrière de scène comme de coutume, mais pour les yeux fatalement cette fois, elles rencontrent par symbole les ruines de Gaza dévastée.
Alors moi bien sûr je cesse de penser à ma petite romance, à celle peut-être qui nous pend au nez bien que tu passes allègrement mon âge. Je me perds dans l'avènement percussif et lancinant de la musique, multipliée par la plaie atrocement béante du contexte à portée de Méditerranée. Famine à Gaza, et la paix qui n'avance pas d'un pouce.
Je m'hypnotise à la parentèle ouvragée des instruments. La lumière y fait une chatoyance, un plein cercle, tamisant le cœur des trois ouds, couplés comme trinité d'astres. Moi. Ici. Envoûtée. Réduite à fixer l'instant brûlant par des mégalithes adjectifs. L'insuffisance devant l'intense.
Se joue je crois, dans l'enceinte minérale inventée pour les passe-temps romains, quelque chose d'infiniment puissant, comme les derniers rayons d'espoir pour un peuple, à travers toute cette virtuosité et cette beauté qu'on nous délivre à nous-autres-étrangers juchés sur nos ruines sans dommage, ruines à touristes, soignées depuis longtemps, cadre de festival. Espoir comme infime accroc dans le drap garance de l'outrage.
Se persuader qu'ils auront gain de cause, ces rayons frêles frayés en nos cœurs, en cette portion de public occidental lointain qui sympathise comme il peut. Rayons frayés-phrasés avec des cordes au mordant féerique.
Et vers la fin du spectacle, sensation réelle de la vibration des percu' dans mon cœur. Je me trouve dans l'axe d'un batteur peut-être, ou c'est la résonance du lieu. Percussion, sœur.
En tous cas chose sûre mon cœur bat pour de bon, mystiquement cadencé. Et la lumière tombante flatte la direction du rêve. Le songe-unisson d'être humains les mains jointes, arborés à d'autres souches que nous autres.
Quasi à la fin du concert, des sacs de farine sont ouverts et passent de personne à personne pour symboliser la famine du peuple de Palestine. Ça déchire le cœur, et je m'en veux de pas pleurer.
Tu me passes la farine dans tes mains, en plusieurs versements soigneux, quelques allers et retour.
– Je te donne tout ? – Oui, je crois. On se donne tout.
Émouvant, ce passage de blancheur, quoique nous soyons tous repus, assis, jouissant, privilège bien peu mérité, de leurs meilleurs musiciens.
Le fait d'être ensemble, avec plusieurs drapeaux de Palestine, et nos pensées impuissantes levées vers eux.
La musique. L'espoir qui ne cesse de vibrer, à peine, mais un peu.
Et la farine douce entre mes doigts. Je la caresse pour me pénétrer de cette réalité : ils meurent de faim. Petite nantie facilement consternée. Attendrie à bon compte.
Pourtant cœur maudit qui se crevasse de sécheresse, tu n'as pas été jusqu'à rouler une larme. Larmes en marges, refluant juste au rebord effleuré de l'existence, à la déclamation désormais familière de l'immense voix Mahmoud Darwich, que j'écoute régulièrement depuis deux ans.
Comme d'être née humaine une nouvelle fois, une meilleure fois, le temps d'un concert. Concernée. Au départ, je retiens par la main un vieux monsieur qui se précipitait un chouia trop après les marées applaudissantes et trébuchait sur le bord du gradin de pierre. Nos mains plus aptes à se tendre. La bonté se gagne par millimètres.
– Tu repars en métro ?
Affirmatif. Le métro est en bas de la pente semée de couvents discrets, cousus aux bordures de trottoirs. Nous redescendons.
La lumière n'existe plus qu'au-dedans de côtes, de nos caboches s'efforçant à l'espoir, comme précédant de leurs souhaits l'incertaine percée d'un bouton d'or en haute montagne.
On croise aussi, urbanité oblige, quelques prodigues lampadaires. Je te montre ma passerelle préférée, celle qui recèle l'or sous son ventre soulevé. S'aviser que les ponts sont des félins qui par précaution se recourbent pour éviter toute éclaboussure, prudence en milieu fluvial.
4.
Le surlendemain je prends part à un rassemblement en faveur de la reconnaissance de la Palestine, avec un boucan de casseroles pour conspuer l'orchestration de la famine.
Pluie battante, pas prévu de parapluie, mais je me dis que c'est la moindre des choses que d'endurer cette minime entame au confort exquis des protégés sur pattes. S'imaginer la vie sous une toile de parapluie à peine plus large qu'est une tente.
Ils meurent de faim.
Tu te souviens la douceur menue de la farine au sein de ta paume, longuement caressée pour aiguiser ton apathique empathie d'Européenne repue.
La pluie bat contre les pavés. Les assemblés se dispersent à peine, gagnant seulement l'abri des platanes ou des toits du Printemps, ce magasin qui fanfaronne l'unique citadine saison du luxe.
La farine douce comme un nuage sablonneux est tout entière dans la mémoire de mes doigts. Farine symbole d'une communauté pointillée de corps, d'organismes parents, malgré et terres et mers interposées ; farine fuyant symbole, tactile et prompt à verser dans le souvenir ; certes blanche, mais plus labile que le coton et la plume, comme une paix de poussière, comme une craie qui ne parvient à écrire aucun traité ; farine comme un rien flottant, rémanent une minute à peine en un nuage floconneux de brume alimentaire… et qui trop dense fait tousser. Ah, fragile toux des possédants.
Et l'âpre floraison de la famine dans leur ventre. Les ronces de la faim dans leur estomac dévasté.
Et moi qui flirte avec ma petite anorexie latente, pas peu fière de respecter l'ordonnance des jeûnes matinaux. Misère en toi. Lambeaux d'éthique étique.
Dans ces rassemblements, bien sûr, on se sent suprêmement impuissant.
Le micro est mauvais. On entend à peine. On devine. Ce sont les détails des inhumanités commises qu'égrènent les voix péniblement amplifiées. Les bateaux interceptés. Les entrepôts délibérément bloqués.
Les images de vivants décharnés sont celles déjà croisées ailleurs aux livres d'histoire, des images de jamais-plus. Et pourtant.
Qui ne peut voir derrière les paupières des affamés la ressemblance, tout humaine, crochetée au tout simple et pur fil d'humanité, avec les grands-parents des assiégeants actuels ?
Folie immensément grisée par la peur, et oubliant tout ce qui peut se faire de droit et de mesure.
Ah, ils sont marrants, les professeurs avec leurs Leçons de l'Histoire ! Elle n'enseigne jamais rien l'Histoire (« la grande hache »), elle grince, c'est tout, répète, cahote, fait mine de mieux, cisaille, recoupe et grimace de plus belle.
Mais être là vaut comme infinitésimal, ce qui par son menu grammage d'existence se détache du rien-du-tout.
Bien sûr, je me sens ici comme à un enterrement, un atroce enterrement collectif, de personnes précipitées en fosse avec tous ces beaux principes onusiens appris jadis aux manuels d'école, avec illustrations grand format, principes cabriolant sur les pages scolaires avec une inutilité clownesque… Bien sûr tout ça prévaut, mais il y a le fait d'être en petit tas ainsi avec d'autres, et c'est peut-être de la sorte que nous nous réchauffons un peu le cœur. C'est la résignation défaitiste qui le solidifie en conglomérat de fonte.
Il y a ces autres autour de moi également qui refusent, ces autres qui se battent, et mieux que moi, dans la glaise.
Et les quelques grammes de farine dansent encore dans ma paume, dessinent leur entêtement sur mon front.
Scansion de l'irreprésentable. Pluie qui s'acharne. Scansion de l'irréparable. Ah, les maigres larmes rhétoriques de l'empathie.
Encore une fois, c'est l'impuissance, en une sorte d'abstraction sèche, l'impression qui domine. À quoi je sers. Mais du moins on se tient debout, on plante dans notre conscience la tente insoutenable de ces faits, on a la pensée pleine de ces gens décimés au moins une petite heure du jour. Autrement dit, on ne sert à rien.
OK, on est planqués. À peine arrosés d'une gentille rosée de pluie, le ventre plein, les yeux inclinés vers le sol par hommage, sans que rien ne nous entame le corps, avec la honte de ne pas souffrir pour un sou, de ne pas imaginer assez.
On écoute, petite foule. On répète les phrases, on scande, on est d'accord. Facile, d'ici, de hurler pour la justice et la paix.
La frange des mots nous protège. L'histoire grimaçante regrince horriblement.
Et toi quand tu retourneras en classe, est-ce que tu auras le courage de les exhorter à la compréhension plutôt qu'à la haine, à la complexité plutôt qu'à l'anathème, à la netteté pourtant nécessaire d'un jugement lorsque tout est bafoué ?
Ou bien te blottiras-tu timidement dans ta fonction, retrait de qui ne peut donner son avis, par déontologie doucette ?
Planquée. Tu repenseras à la farine. Tu leur raconteras le concert. Et les quelques grammes de farine te danseront encore aux paumes et au front. Et des variations de sable habiteront durablement tes tempes aux réveils :
image d'une pluie de farine qui éteigne les feux guerriers, étouffe les fixations passionnelles des certificats du sang et de l'identité.
Phrasé d'un vent tout blanc, d'une menue bruine de cristaux de fleurs d'amande nées du poète d'Al-Birwa.
Fleurs altières poudroyant leur farine menue de mots pour commémorer, pour suspendre un sens commun, vaillant et impossible, entre l'horreur et l'oubli.
Fleurs de l'insoutenable possibilité de mains de part et d'autre nouvellement tendues, qui demanderont une épaisseur incommensurable de temps.
Fleurs disant la dévastation et son dépassement, fleurs des dignités niées et déchirées soutenant leur matérialité ineffable par le battement soyeux de leurs pétales aux veines toutes ressemblantes.
Farine
Farine sablonneuse
Farine fine et fade
Farine tiède, farine froide
Farine qui ne sait par elle seule faire ciment
Farine qui file comme sentiment, et ne répare rien.
Farine bref instant sur les mains.
Farine moins que tiède
Farine valant symbole pour ceux à qui elle ne manque pas
Farine déficiente.
Fanure de fleur en déhiscence.
Mais l'histoire est sinueuse, et nos bonnes volontés de blés en levure encore moins fixes que les sables.
|