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Fantastique/Merveilleux
Tiramisu : Individuation
 Publié le 26/08/20  -  18 commentaires  -  8634 caractères  -  87 lectures    Autres textes du même auteur

«… Ne me quitte pas

Moi, je t'offrirai
Des perles de pluie
Venues de pays où il ne pleut pas
Je creuserai la terre jusqu'après ma mort
Pour couvrir ton corps d'or et de lumière… »

« Ne me quitte pas » de Jacques Brel


Individuation


Des flocons de neige s’écrasent mollement contre la vitre. Léna s’approche de la fenêtre et lève les yeux vers le ciel, un halo de lumière éclaire un ciel gris cotonneux. C’est la pleine lune. Enfin. La femme s’agrippe au bol qu’elle tient des deux mains, la chaleur du thé se diffuse doucement dans son corps. C’est bientôt l’heure. La sonnerie de son portable déchire sa bulle de tranquillité. Agacée, elle se reproche de ne pas l’avoir éteint et s’en saisit après avoir déposé sa tasse. Des cris d’enfants agressent son oreille à peine a-t-elle appuyé sur la touche.


– Allô maman, ça va ?

– Oui Julie, tout va bien.

– Tu as une drôle de voix !

– Tu trouves ?

– C’est pas bon de rester seule comme ça. Allez, viens demain pour le réveillon. Les enfants te réclament !


Léna entend ses petits-enfants se disputer derrière la voix de sa fille. Elle n’a pas envie de les voir. Elle fait une bien piètre grand-mère, décidément. Même si elle est contente de les retrouver, elle ne les supporte pas longtemps. Avant, c’était plus facile avec Henri, aussitôt que la bande de petits monstres quittaient la maison, ils se retrouvaient tous les deux et pouvaient critiquer avec délectation cette éducation moderne qui plaçait les enfants sur des trônes princiers et faisait des adultes des esclaves aplatis à leurs pieds. Seuls, enfin, tous deux s’en donnaient à cœur joie autour d’un bon repas arrosé pour analyser avec finesse et justesse toutes les erreurs commises par cette éducation. Ils avaient le même point de vue, comme toujours. Que c’était bon ! Ils finissaient par reconnaître dans un élan de lucidité et de générosité qu’il était plus facile d’être grands-parents que parents. Heureux d’être deux à partager la même vision du monde. Ils étaient deux, oui, et ne formaient qu’un.


– Julie, je ne serais pas très gaie, c’est mieux comme ça. Profitez de la fête. Je vous ai envoyé les cadeaux.

– Maman, cela va faire un an que papa est parti… Tu ne peux pas continuer de t’extraire de la vie comme ça… C’est trop triste !

– On en a déjà parlé. Un deuil ne se fait pas en un jour, surtout après quarante ans de vie commune. Laisse-moi le temps…


Elle entend sa fille soupirer au téléphone. Pour avoir la paix, Léna promet pour plus tard, dans une semaine, un mois, tout ce que Julie veut, mais maintenant c’est son heure.


Après avoir raccroché, Léna récupère son bol sur la table basse, elle le tourne entre ses doigts, elle admire sa belle couleur turquoise, elle se souvient, ils avaient acheté toute une série de bols colorés à un artisan en Dordogne. Des vacances joyeuses, les enfants étaient grands, tous partis, ils profitaient pleinement de leur liberté. Léna regarde à nouveau vers la fenêtre, la nuit a gagné sur la pleine lune. Il est temps. Elle éteint les lumières.


Le gros chat gris s’étire et bâille sur le canapé. Léna éteint les lampes, le feu de la cheminée suffit à éclairer le salon pour ce qu’elle a à faire. Elle prend son temps pour disposer en spirale des bougies violettes de toutes tailles. À l’aide d’une fine baguette de bois enflammée, elle allume chaque bougie de la plus petite à la plus grande tout en ânonnant un mantra. Soudain, elle sursaute, derrière ses paupières mi-closes une ombre a bougé entre la fenêtre et elle. Léna écarquille les yeux, regarde tout autour d’elle. Les flammes des bougies jettent des dégradés de violet à travers la cire et répandent une lueur chaude dans la pièce se joignant au feu de la cheminée pour créer des formes mouvantes dans les recoins. Elle respire longuement et, le cœur encore battant, elle reprend son rituel et le termine en s’inclinant et joignant ses mains sur la poitrine. Elle demeure ainsi un moment, recueillie.


À tâtons, Léna se saisit du tambour rangé sous la table basse et s’assoit par terre face aux bougies. Les yeux fermés, avec la mailloche, elle frappe à un rythme régulier sur la peau. Ses pensées s’évanouissent pour laisser place à une jubilation profonde, son corps vibre au son du tambour. Dans son dos, un objet chute du guéridon, son cœur bat plus fort. Elle tend l’oreille un moment, rien d’autre. Elle sait qu’elle doit continuer, elle reprend son rythme. Derrière ses yeux mi-clos, elle surveille le chat qui s’est redressé aux aguets, il scrute l’invisible. La voix de Léna s’élève en un chant archaïque, les mots sont remplacés par des sons modulés, des paroles qui viennent du fond de la préhistoire. Elle se balance d’avant en arrière. Une longue mélopée s’élève en vagues successives, marées montantes et descendantes.


Brusquement, la télé se met en marche, apparaissent de jeunes enfants couverts de boue qui courent dans une cuisine immaculée tandis qu’une mère échevelée les poursuit avec un paquet de lessive qui lave plus blanc que blanc. Léna est interloquée. La lumière artificielle de l’écran blesse ses yeux et le son criard écorche ses oreilles. Partie dans un autre monde, elle vient d’être ramenée violemment sur Terre. La télé s’éteint dans un long grésillement. Une forme sombre occupe le grand fauteuil. Il est venu !

Léna sent son cœur bondir dans la poitrine avant de s’exclamer :


– Tu es là ?!


Tendu, le chat s’est assis, il fixe l’apparition et émet un drôle de feulement. Léna rampe jusqu’au fauteuil, lentement. Un mouvement trop brusque pourrait le faire disparaitre. Tout son être est aux aguets pour ne rien perdre de sa présence. À la lueur des bougies, elle distingue à peine ses traits. Les sourcils épais rejettent dans l’ombre les yeux dont elle ne peut distinguer l’expression. La bouche ne sourit pas. Il semble de marbre.

Léna sent son cœur se crisper car le visage est plus flou que la dernière fois. Elle refuse de croire qu’il s’estompe de rencontre en rencontre. Elle a peur.


– Henri, tu es venu ! Je suis si contente.


Doucement, elle se laisse couler à ses pieds les larmes aux yeux. Bien sûr, il n’a pas de consistance, elle ne peut le toucher. Mais l’apercevoir, revoir ce visage aimé, encore et encore. Pas simplement sur des photos, dans une vidéo, mais là en face d’elle, elle profite de sa présence, une vraie présence. Il est là comme avant, assis dans son fauteuil préféré.


– Henri, enfin. Te retrouver c’est si bon. Même une fois par mois. Même quelques minutes. Henri, tu me manques, si tu savais.


Une voix résonne dans la tête de Léna. Sa voix à lui. Elle est tendre et douce.


– Léna, nous devons arrêter, c’est la dernière fois. Je dois partir définitivement.

– Henri, non !


Léna a porté ses mains à sa bouche qui s’est ouverte dans un cri. Les larmes brouillent sa vue. La voix tant aimée soupire dans sa tête.


– Léna, je suis mort. Tu ne peux pas vivre avec un mort.

– Je ne peux pas vivre sans toi, c’est pas possible. Je suis vide, sans toi.

– Tu dois faire ton chemin, seule. Nous retrouver ici nous empêche de suivre notre voie. Si tu m’aimes tu dois me laisser partir, et parce que je t’aime je dois partir, Léna…

– C’est pas possible, Henri, c’est pas possible, je ne peux pas imaginer cette solitude ! Je tiens car je sais qu’il y a ce rendez-vous chaque mois, sans ça…

– Je suis certain maintenant que l’on se retrouvera un jour, dans une autre vie. Mais pas comme ça… C’est pas dans l’ordre des choses, Léna. Tu dois avancer seule dans ta vie. C’est ainsi.


Sa voix devient plus faible.


– Non !


Léna a crié, son propre cri l’a effrayée. Henri n’est plus dans le fauteuil. Un souffle a éteint les bougies. Il est parti. Léna se plie en deux de douleur. Elle hurle. Elle frappe le sol. Elle frissonne, elle se sent glacée à l’intérieur, une angoisse profonde l’étreint. Elle veut mourir, elle veut le rejoindre. Elle ne peut pas vivre seule sans lui. Elle mord les fibres du tapis pour contenir son hurlement. C’est décidé, elle va se suicider, elle va le rejoindre puisqu’il ne viendra plus. Elle sent à peine une caresse comme le passage d’une plume qui se déploie sur sa joue. Le frôlement délicat se répète, Léna se calme et concentre toute son attention sur ce ressenti. Elle n’ose plus bouger. Est-il revenu ? Cette sensation d’extrême douceur enveloppe son corps progressivement, comme un voile léger qui l’entoure et la nimbe de chaleur. Léna voit les mains d’Henri se démultiplier et former des cercles tout autour de son corps modelant une matrice chaude, ses mains, après lui avoir élaboré une seconde peau protectrice, s’éloignent tels des oiseaux de nuit. Cette peau contenante diffuse, à l’intérieur d’elle, une énergie qui liquéfie ses tensions, explose ses boules d’angoisse et laisse à la place un profond apaisement, et surtout un sentiment de plénitude inconnu.


 
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   Anonyme   
31/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Ce que j'apprécie dans cette histoire, c'est que le fantastique y coule de source : quand quelqu'un meurt, moyennant le rite approprié on peut le faire revenir une fois par mois (à croire qu'il y a un abonnement à souscrire), mais l'apparition souffre d'une date de péremption. C'est comme ça. J'ai même l'impression, pour ma part, que cette connaissance est de notoriété publique, en l'absence de toute précision quant à la manière dont la veuve a eu connaissance du rite je peux penser qu'une recherche sur Google a suffi à l'informer ; bougies violettes check, psalmodie check, et voilà.

Cette approche prosaïque de l'élément fantastique me fait déplorer la fin, avec la protection des mains enveloppantes qui ne semble pas prévue dans le cahier des charges. Du coup je sors de l'ambiance, mais comme c'est moi qui l'ai fantasmée avec mon côté cartésien...

   ANIMAL   
2/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une nouvelle bien tournée mêlant la perte de l'être aimé, la sensation de solitude incommensurable, le chagrin permanent, l'impossibilité de faire son deuil et la vie après la mort.

Le chamanisme permet à Léna de revoir son défunt époux, d'échanger avec son esprit. J'ai particulièrement apprécié les paroles d'Henri sur le fait de laisser les morts suivre leur propre chemin en tentant de faire comprendre à Léna combien c'est une réaction égoïste de vouloir le retenir.

Ce thème est traité avec délicatesse et poésie, la lecture est agréable et l'on se représente bien les scènes et le rituel.

Remarque : on ne dit pas si Léna a finalement éteint son portable.

Sur la chute, je suis plus réservée car l'auteur n'a pas tranché et à mon sens la nouvelle est inachevée. Soit Léna réconfortée reprend goût à la vie et fait son deuil, soit une fois sortie de son cocon d'énergie elle renonce à la vie dans l'espoir de retrouver Henri.

C'est toutefois une bien belle histoire d'amour.

   Anonyme   
2/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

J'aime beaucoup ce texte bien écrit en dépit, ou peut-être à cause de mon incrédulité quant aux phénomènes dits "paranormaux". En tout cas c'est un sujet que je ne croise pas tous les jours en littérature et j'ai été agréablement surpris. J'aime beaucoup qu'il n'y ait finalement aucun véritable dénouement comme il faut s'y attendre, tout est contenu dans les émotions du personnage principal confronté à l'absence qu'elle ne peut supporter.

Je trouve très subtile cette description d'un "enfermement" d'où ne peut surgir aucun raisonnement capable d'apaiser celle qui survit.

Un film dont le titre est "Un monde plus grand" avec Cecile de France en premier rôle raconte lui aussi cette recherche effénée d'une femme pour retrouver l'homme qu'elle aime et qui est mort.
Au cours d'un voyage professionnel en Mongolie, [elle est "preneuse de sons"], elle s'initie au chamanisme et évoque avec un tambour l'esprit de son mari.

En vous lisant j'ai retrouvé en partie ce qu'il y a dans ce film formidablement interprété.

En revanche je ne vois pas exactement pourquoi vous avez choisi ce titre assez faiblard et peu vendeur. Quant à l'exergue je le trouve un peu mal-venu, si ce n'est inutile, Brel lui-même réfutait que ce fut une chanson d'amour mais disait que c'était une chanson sur la lâcheté ce que n'est pas, en l'occurence, votre héroïne qui est "seulement" malheureuse.

   placebo   
6/8/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Malgré l'écriture tout à fait honnête, dès le début je ne suis pas arrivé à rentrer dans le texte, à y croire vraiment.

Quand la deuxième partie survient, je suis resté également en-dehors. Cela m'a un peu rappelé les histoires de Théophile Gautier ou du XIXème siècle, sans grande nouveauté.

Peut-être développer un peu plus la relation avec Henri au début, au-delà de la mention des 40 ans et de leur complicité ? Ou sur les origines de ce rituel ?

Bonne continuation,
placebo

   plumette   
6/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
un texte troublant sur la douleur de la perte et ce qu'on peut mettre en oeuvre pour la surmonter.

Je suis toujours un peu dubitative lorsqu'il est question d'un amour conjugal sans nuage qui a résisté à 40 ans de quotidien! Mais ce n'est pas vraiment le propos du texte!

Comment communiquer avec l'eau delà, avec cet ailleurs dont on souhaiterait qu'il existe vraiment, peuplé de tous nos absents.

Ce qui m'a touchée, c'est la demande d'Henri, une demande de délivrance autant pour Léna que pour lui : "Si tu m’aimes tu dois me laisser partir "

l'écriture a ceci d'intense et de fort qu'elle permet de faire exister des situations qui prennent réalité sous la plume de l'auteur et dans la tête des lecteurs.

Merci du partage!

Plumette

   Corto   
27/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Tiramisu,

Voici un texte poignant.
L'auteur a su affronter tous les risques pour tenter de dévoiler ce qui se cache au plus profond de la personne si douloureusement endeuillée.
C'est une audace de plonger ainsi dans la douleur et le manque de celle qui est restée tandis que l'homme s'en est allé.

On ressent avec justesse la tendresse, la complicité qui unissait ce couple, son besoin d'échanger en tête à tête sur chaque instant vécu, à distance des générations qui suivent.

La femme continue à avoir besoin de cette distance et a créé ses propres rites pour entendre son écho intérieur, celui qui la comble même dans l'attente et l'absence.

L'apparition de Henri est décrite de façon suffisamment légère pour qu'on ne la prenne pas trop au sérieux, juste comme le reflet si indispensable du couple qui n'arrive guère à se dissoudre.

Léna ressent entre souvenir et adieu les "cercles tout autour de son corps modelant une matrice chaude", comme un dernier réconfort même si la consolation est encore lointaine.
Cette "seconde peau protectrice" qui l'apaise est magnifiquement présentée comme ce symbole qui va l'aider, peut-être, à commencer une forme de reconstruction.

L'auteur a brillamment formulé cette nouvelle.
Bravo.

PS: une réserve sur l'exergue qui ne semble pas en adéquation si ce n'est pour célébrer un amour fou et irremplaçable.

   Donaldo75   
27/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Tiramisu,

Cette nouvelle m'a un peu mis le plomb, je dois l'admettre. La tonalité de démarrage annonce un temps gris, un thème pas folichon et c'est ce qui conditionne ma lecture, ordonne à mes neurones de se parer de noir. Ensuite, le fantastique prend le relais et ce n'est pas plus mal car il amène du positif à l'histoire, lui ôte ses habits sombres pour quelque chose de plus serein. L'écriture est soignée - je reconnais bien là ton style - ce qui rend la lecture agréable.

Je vais me changer les idées en regardant une rétrospective du cirque Pinder.

Don

   Babefaon   
27/8/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Un rendez-vous mensuel, qui fait s'accrocher sa protagoniste au passé plutôt qu'au présent, pourquoi pas ? Je me dis qu'elle a bien de la chance si le défunt répond présent à chaque fois, lui permettant ainsi de poursuivre différemment ce qu'ils ont vécu ensemble.

40 ans d'une vie commune et d'idées communes, me laissent un peu plus dubitatif. Ils ont bien de la chance ces deux-là ! Mais pourquoi pas, après tout ? Certains couples semblent ou prétendent traverser l'existence sans nuages.

J'ai bien aimé en revanche l'idée de devoir laisser partir le défunt, pour pouvoir s'ancrer dans la vie plutôt que de des rester dans le passé et la douleur. Le temps passe, les souvenirs restent... mais ce n'est pas parce que la vie continue qu'on oublie, elle est juste différente. Et c'est c'est vrai qu'il faut parfois beaucoup de temps !

   hersen   
27/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une nouvelle qui nous emmène dans la phase finale du deuil, celle où l'on accepte.
Je ne suis pas, pour ma part, fan de ces histoires tristes qui se résolvent ainsi, à l'aide du surnaturel. Tant qu'on baigne dedans, c'est qu'on n'arrive pas à sortir la tête de l'eau.
Alors la fin ne me séduit pas beaucoup. je pense qu'il aurait fallu revenir à un réalisme qui me fasse croire qu'une partie de l'épreuve est passée, et cela ne peut être, pour que ce soit durable, que grâce à soi-même, un travail sur soi.
Cette femme reste dans un fantasme que je trouve très malsain pour la suite de sa vie.
l'ambiance est assez lourde, ce qui fait du sens, mais c'est l'aspect négatif qui me chiffonne. (pour moi, "voir" quelqu'un qui est mort, c'est négatif, c'est ne pas être lucide, même si je comprends que ça peut être une étape.

Pas trop accrochée par l'angle du sujet, c'est néanmoins bien mené.

Merci de la lecture.

   Gouelan   
28/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir,

Comment survivre à l'autre lorsqu'on espérait finir sa vie ensemble. Les enfants et petits-enfants sont là mais ils ont leurs vies. Il manque le partage, l'entente, les petites habitudes quotidiennes.
Un texte sensible qui s'évade vers le chamanisme.
Il faut laisser partir l'autre pour qu'il fasse son chemin. Le temps sur terre est long hélas avant de se rejoindre dans l'au-delà.
Le thème me plaît, l'écriture est maîtrisée, sans fioritures.
Merci pour le partage.

   ours   
2/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Salut Tiramisu

Voici une nouvelle émouvante, il ne s'agit pas que de la difficulté de faire son deuil, mais d'une situation où vivre l'absence n'est tout simplement pas concevable tant le lien de dépendance est fort.

Ce que j'ai aimé dans ta nouvelle, c'est l'incursion du fantastique, car contrairement à ce que ressent intérieurement Léna, celle-ci se fait sans heurt jusque la disparition finale. Ce rendez-vous mensuel est une occasion pour Léna de retrouver Henri mais pas seulement, c'est elle qu'elle cherche. Et le fait que ce soit ce Henri fantastique, fantasmé qui la libère par ces mots 'Si tu m’aimes tu dois me laisser partir' est une forme de réappropriation de sa propre vie. Enfin c'est ainsi que je le lis et non vérité.

On apprend à la fin de la nouvelle que Léna ressent de la plénitude, mais qu'adviendra-t-il ensuite ? J'aurais aimé en savoir plus :) c'est mon seul regret.

Un peu de musique pour terminer mon commentaire : https://youtu.be/-NuqhxL9va8 (The other side - woods)

Au plaisir de te lire

   Tiramisu   
4/9/2020

   Anonyme   
4/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Salut Tira,

Qu'il est bon de se retrouver, entre parents, loin de cette marmaille qui phagocyte l'entente amoureuse du couple...

Sauf qu'ici, les retrouvailles se font outre tombe. L'un des protagonistes n'est plus de ce monde... qu'importe, sa chère et tendre le fait revenir d'entre les morts, dans l'espoir de partager encore un peu. À quoi celui ci fait la même réponse que Monsieur Waldemar dans la nouvelle d'Edgar Allan Poe : il doit connaître la paix, pouvoir enfin partir...

La classification du texte en 'fantastique' me dérange : tu ne suggères pas réellement un indicible, ici, celui ci est démontré, descriptif, on pourrait aisément se croire naviguant dans l'horreur... sauf que le texte n'inspire pas de la terreur au lecteur, plutot une sorte de nostalgie, celle de Lena. Quelque chose de psychanalytique, mais non centré sur le lecteur... bizarre.

Un texte bâtard, à cheval sur plusieurs genres. Dérangeant, au premier abord, moi qui n'avais pas voulu le commenter (et l'aimer) en EL, je le redécouvre aujourd'hui.

Dugenou.

   Robertus   
4/9/2020
Ce genre de texte me dérange parcequ'il tente de sublimer une expérience paranormale qui, quand elle est expérimentée ( ce qui a été mon cas à une époque, à mon grand regret ) ne produit absolument pas cet effet idéalisé du défunt qui remplit d'un " sentiment de plénitude inconnue " la personne qui l'aurait " invoquée ".

Ne ressortent de ce genre d'expérience que frustrations, questions sans réponses et illusions décevantes.

La nouvelle a beau être dans le registre fantastique elle a, à mon avis, ce risque d'idéaliser cette expérience et d'influencer certains lecteurs non avertis qui pourraient y voir un encouragement à tenter l'expérience.

Pour ce qui est du style j'ai beaucoup aimé le début. La peine de Léna la plonge dans une solitude destructrice et je reconnais plusieurs de mes proches qui connaissent les mêmes frustrations concernant leurs petits enfants, à tort où à raison.

   Lulu   
8/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Tiramisu,

J'ai bien aimé parcourir cette nouvelle bien que je me demandais bien ce qui pouvait se trouver derrière le titre qui ne me parlait pas du tout.

J'ai beaucoup aimé les premières phrases et trouvé le récit bien ancré et développé.

En fait, avec recul et peut-être même au cœur de cette lecture, j'ai eu deux impressions. J'ai trouvé la situation à la fois drôle et triste. Drôle parce que fantastique, bien sûr, et même si l'objectif n'était pas de faire sourire, il n'empêche qu'il y a eu quelque chose de cet ordre dans l'observation de ce personnage qui ne souhaite, semble-t-il, vraiment pas '' se couper'' de sa manière singulière de se recueillir. Le rythme y est pour quelque chose et ce n' est pas seulement la musique que Lena joue, mais aussi le rythme des phrases qui l'accompagne en parallèle. Pour cela, bravo !

Et triste aussi, bien évidemment, mais en douceur du fait de cette dimension fantastique qui emporte Lena.

J'ai trouvé beau l'entame du dialogue, mais ne m'attendait pas dans le récit à ce que Lena obtienne une réponse. J'ai pensé que c'était dommage, car l'effet fantastique était déjà là. Ça m'a donc semblé un poil trop.

J'ai eu un peu de mal à saisir la chute, mais à la première lecture. Ton explication en forum m'a toutefois éclairée.

Ce qui m'a le plus plu, finalement, c'est le rythme que tu as su insuffler dans la nouvelle et ce bel ancrage dans la réalité au début du récit. De même, l'idée générale si intéressante, ainsi que l'écriture impeccable.

Merci du partage.

   Alcirion   
19/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte bien écrit et bien conçu dont la chute me laisse un peu sur ma faim. L'élément fantastique est très léger pour une histoire qui aurait pu être présenté en sentimental/romanesque sans grand bouleversement.

Cela dit, c'est bien réalisé et agréable à lire, je ne regrette pas mon voyage.

   SaulBerenson   
24/10/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Les visites d'Henri "une fois par mois" m'ont fait décrocher, dommage.
Que signifie les caresses à la fin, une invitation au suicide ou un encouragement à vivre ? Je m'attendais plutôt à la présence du chat, intervenant dans ce moment de désespoir.
La description des nuances de lumière dans la pièce est très réussie, c'est peut être cela qui me frustre dans cette nouvelle à moitié réussie.

   matcauth   
3/11/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Tira,

malgré l'appréciation, ce texte m'a déçu.

J'ai lu vos explications sur ce texte. Vous aviez envie d'écrire sur ce que cela représente, une vie à deux, un temps très long et ce qu'il reste, lorsque tout cela s'arrête. Ces années, une fois terminées, ne représentent plus que des souvenirs et elles n'ont plus de consistance, plus le poids qu'elle devraient avoir. D'où ce désarroi terrible de la part de l'héroïne.

Votre texte exprime ça, un peu, le besoin de mettre des mots sur ces moments. Mais le raccourci est, à mon avis, trop simple. Vous ne faites pas l'erreur de détailler le côté chamane, et c'est tant mieux, car ce côté fantastique n'est qu'un support. Mais vous concentrez vos efforts sur la manière de surmonter le drame. Certainement, tout n'est que le produit de l'imagination de l'héroïne, une ressource insoupçonnée du cerveau pour abaisser les souffrances. Mais j'aurais tellement aimé que vous vous attardiez davantage sur cette souffrance, ce manque, et le fait qu'on ne puisse pas comprendre qu'il ne reste presque rien malgré les années de vie commune, comme si, au final, le poids de la vie commune, dont je parlais plus haut, ne s'accroît pas, il n'a pas de substance. Il n'y aura toujours que l'absence, cruelle.

Je suis persuadé que c'était le but premier de votre nouvelle, mettre des mots à ces moments (l'aspect psychologique vous intéresse pas mal, il me semble). Et pourtant, vous vous jetez sur la première solution venue, plutôt que d'essayer d'analyser cette vie seule, ses tenants et ses aboutissants.

Pour le reste, c'est évidemment une lecture agréable, il n'y a pas de mots en trop, d'adjectifs en pagaille. Et le traitement d'un sujet très intéressant.


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