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Sentimental/Romanesque
vb : Nouvel an
 Publié le 09/07/17  -  17 commentaires  -  6653 caractères  -  125 lectures    Autres textes du même auteur

La Saint-Sylvestre. Quelques personnes se rencontrent. Que cachent leurs sourires ?


Nouvel an


Minuit. Les feux explosent. Les pétards claquent. Personne ne dit « la belle rouge », « la belle bleue ». La fille se penche pour voir mieux. Les éclats colorent son visage de reflets jaunes, verts. Je sais son mec dans mon dos. Il se donne un genre. Il tient une flûte de vin. La fenêtre est étroite. Tout le monde ne peut pas voir. Je sens la chair tendre de son bras par-delà mon veston. Son épaule ronde se penche, s’éclaire d’une lumière blanche. La ligne de sa nuque, quand elle se tend, dégage un fin duvet sous le chignon. Une amie se presse entre elle et moi. L’amie rit trop. Sa poitrine s’écrase sur mon dos. Ses boucles s’épanchent dans mon cou. Je m’écarte. Il n’y a pas de place. L’amie recule. La fille tourne son visage qu’illumine une boule de feu. Je la fixe. Elle me fixe. Coup de canon. Son profil se détache dans une flamme de Bengale. La courbe de son nez. La rondeur de sa lippe.

Le sillon industriel s’embrase. Je vois les usines, les mâts électriques dans de sombres corons. Les tuiles noires brillent d’un reflet bleu ou vert. Nous sommes haut, très haut, dans une masure qui s’accroche à la route, qui domine le sillon. Je souris. Un fourneau mort, lardé d’acier, s’incendie : les ruines ont une beauté violente. Il fait sombre, à nouveau. Elle se redresse, dit un mot à l’amie. Je regarde devant moi. J’attends.

Quand elle est partie, je me relève. Mes coudes sont gourds. La musique dans la grande pièce va fort. Personne ne danse. Les gens crient d’inaudibles mots discrets. On a sorti les alcools. Enfin ! Mon copain s’approche avec une bouteille et deux verres. Un peu gêné. C’était son idée d’accepter cette invitation à la gomme. Ses soi-disant amis sont tous dans des écoles de droite. Des troufions. Bien habillés, bien coiffés, mais des troufions, des bourges à vingt ans. La fille discute avec son mec. Toute droite dans sa petite robe noire. Le Jack doucement, sous ma langue, se mêle à la salive, se sublime au palais et détend mes sinus, mon esprit. Le type, grand, large d’épaule, bien mis, la raie sur le côté, étudie au MIT, à l’ENA, à HEC, oui, à HEC, sûrement. Il fait de l’aviron ou du tennis. C’est un gymnaste.

Peu à peu les gens dansent, font de petits mouvements sur un air à la mode. Bientôt ils vont mettre autre chose, quelque chose de plus punk. Histoire de rigoler. Mon pote en est convaincu. S’il le croit, tant mieux. Il me ressert un verre. « Tu connais la fille ? » me dit-il en levant un sourcil et pointant son bourbon dans sa direction. « Non, comme ça. C’est juste qu’elle te regarde. » Tiens. Première nouvelle. Je hausse les épaules.

Deux copains nous abordent. Larges sourires. Poignées de mains. Eux aussi, c’est des cons, mais des cons plus de notre genre. Des rigolos. C’est chouette de les voir ici. Ils ont atterri par hasard à cause d’un rancard bidon, mais, ils en sont sûrs, ils vont bien se marrer. D’ailleurs partout où ils vont, ils se marrent. Je jette un coup d’œil à la fille. Non, elle ne me regarde pas.

Mon copain et moi, on profite d’une pause dans l’oiseuse conversation des rigolards pour se mettre à l’aise dans la pièce d’à côté. C’est moins bruyant. Au bar vide qui tient lieu de cuisine, une organisatrice découpe une roulade au saumon, avec un grand couteau. Assis dans un sofa percé, on étend les jambes et on refait le monde, comme d’habitude. Mon copain m’a refilé quelques références élémentaires relatives au marxisme et n’a pas encore entendu mes commen­taires. Ambiance…

Or, la fille entre dans la pièce, prend place sur un tabouret au bar face à son amie qui rit trop, avec sa robe écrue et ses colliers épais. Elles viennent pour discuter. À distance. À voix basse. La fille tapote d’un doigt nerveux le manche du couteau, qui est resté là, sur le bar, à côté du saumon. Alors, nous, forcément ça nous gêne. Peu loquace, la fille murmure d’inaudibles mots secs. Nos arguments s’enlisent. Entre elles, le ton monte. Quelques bribes : « T’es sûre ? », « Mais non ! », « Non, là, je peux pas te suivre… ». La fille se tait. L’amie ne rit plus, elle conclut : « L’enfoiré ! » C’est définitif. Ces mots durs, ces bouts de phrases, enchevêtrés à notre alcool, à la dialectique, dans mon crâne, c’est la débâcle. Mon copain réprime quelques regards obliques. « Vous voulez un coup ? » dit-il en leur tendant son verre. Est-ce qu’il ne voit pas qu’elles sont à cran ? Il n’est pas soûl. Pas encore. Elles se lèvent. « Non merci », lâche l’amie écrue, tout à trac, du bout des dents, pimbêche. La fille, dans sa petite robe noire, a les yeux rouges, bouffis de larmes. Elles partent. Le saumon est resté ; elles n’y ont pas touché. Plus la tête à Marx, je vide mon verre et vais danser. Merde.

« Alexandrie ! Alexandra ! » Les seventies. Ça pue la sueur. Les mains en bas, les mains en l’air. On y croit. Le type de la fille s’y lance mêmement. Sa veste tournoie au bout du bras, sourire Palmolive, à la Travolta, amples mouvements, genoux pliés, jarrets tendus, il se donne. Quand les deux clowns, lesdits rigolards de tout à l’heure, rentrent dans son cercle, je sais que ça va barder. Ils prennent la place. Disco-pogo, c’est le mot qu’il faut. Ça dégénère. Le grand gars trébuche, s’effondre, se relève et abat son poing dans la gueule d’un des rigolos, alors que goguenard, la bouche entrouverte, il se bidonnait, sur l’air de Born to be alive. Boxon général, où mon copain se jette le premier. La fille sort. Moi aussi.

Dehors, il fait froid. La rue en corniche s’éclaire des flaques de lumières que font les réverbères. Elle m’ignore. Elle croise ses bras nus et d’un gracile mouvement porte à ses lèvres une cigarette. Je ne fume pas. J’ai l’air bête. Je l’aborde :

« Bonsoir. »

Silence radio.

« Tu dors ici ? »

Elle expire un nuage. Elle frissonne.

« Te fatigue pas. J’ai le… »

Elle écrase sa cigarette de la pointe du soulier et rentre. La bruine s’irise au passage d’une auto. Sur la côte s’égrènent de sales taudis en équilibre instable. À l’intérieur, la baston s’est calmée. Elle a dit « sida ». Mon pote s’est pété l’arcade. L’amie à la robe écrue lui fait un beau pansement. La sono passe une séquence Grand Jojo. Elle a dit « sida ». Les deux ringards ont lancé une farandole. Oui, elle a dit « sida ». « Chef, un p’tit verre, on a soif. » J’ai bien entendu. « On a soif, on a soif ! » Elle a dit « sida » entre les dents. Pour elle-même. Pas pour moi.

Son mec riait très fort, le poing en l’air, la proue de la sarabande, le rire bien gras, quand, d’un coup, en plein dans le bide, elle lui a enfoncé le couteau de cuisine. Il paraît qu’elle était enceinte. C’est mon pote qui me l’a dit, plus tard, quand les flics sont partis.


 
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   plumette   
19/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien
il y a une ambiance bien rendue dans ce texte. Des gens qui ne se connaissent pas forcément sont réunis à l'occasion du Nouvel An.
La soirée se déroule et le narrateur a un regard plutôt critique sur cette assemblée.

Dés le début, on est averti qu'il a repéré une fille: la 1ère scène est réussie, très visuelle et accroche l'intérêt du lecteur qui se demande si le narrateur va engager quelque chose avec la fille.

Il ne se passe pas grand chose, il y a une sorte d'errance assez bien vue, l'écriture est nerveuse et sert bien le propos.

la situation se tend petit à petit avec la conversation antre les deux filles et ensuite cette bagarre qui éclate sans raison.

lorsque le narrateur entreprend d'aborder la fille, il est " éconduit" d'une façon très particulière, qui donne au texte une nouvelle dimension qu'il n'avait pas.

je suis vraiment réservée sur la chute, la dernière phrase crée quelque chose d'artificiel par rapport au reste du texte.

   Donaldo75   
24/6/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
(Lu et commenté en EL)

Bonjour,

Le récit est prenant, malgré un style assez plaqué toc, avec ses phrases courtes supposées donner du rythme, cadencer le récit. Il ne se passe rien avant que le mot sida ne soit lâché, comme si la tension aurait dû monter avant. Je ne l'ai pas vu monter, mais plutôt une peinture sociale incomplète, fragmentaire, sans réelles convictions.

La fin est réussie, parce que la chute tape fort. Dommage qu'avant je me sois retrouvé dans une impression mitigée, entre l'envie de poursuivre la lecture et celle de m'ennuyer.

Il y avait de la place pour sortir du lourd.

Donaldo

   Anonyme   
25/6/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Je suis mitigée.

Le récit est particulièrement rythmé. Les phrases courtes servent le propos, la narration. On sent bien le fil des idées du narrateur, on tourne la tête avec lui, on ressent l'urgence et le déroulement logique de ses idées.

La narration par contre me dérange.
Les choix lexicaux sont inégaux. Le narrateur s'exprime de manière fort maniérée, jusque parfois pompeuse, pour quelqu'un qui critique les "bourges à vingt ans" et puis sorti de nulle part, laisse échapper des maladresses de langage comme "Eux aussi, c’est des cons, ".

Les personnages sont survolés, c'est un choix qui se rationalise sur l'universalité du message. C'est cohérent, même si en tant que lecteur j'aurais eu la curiosité plus poussée. J'aurais pu en apprendre un peu plus.

Du coup, l'histoire manque de punch, c'est dommage, (je ne vois par exemple pas l'utilité de savoir que c'est Nouvel an. En ce qui me concerne ça pourrait être n'importe quelle soirée, ça ne changerait rien, pourquoi alors ?
Idem pour la mention MIT (qui est quand même l'Institut du Massachusetts de Technologie, pourquoi l'associer avec les écoles Françaises ENA et HEC, là aussi le rapport m'échappe ???)... c'est limite récit pour ados jusqu'au final, qui tombe quant à lui comme un coup de couteau. C'est abrupt. C'est douloureux (pour le narrateur et le petit ami), déroutant (pour le lecteur)...

Dans l'ensemble, j'ai apprécié ma lecture, même si ... je pense que l'auteur peut améliorer les quelques petites maladresses qui donnent un résultat inachevé.
Pour moi c'est une belle ébauche.
Mais je suis tatillonne !

Merci, bonne continuation et au plaisir de vous relire.

   SQUEEN   
9/7/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
" La fille se penche pour voir mieux. Les éclats colorent son visage de reflets jaunes, verts. Je sais son mec dans mon dos. Il se donne un genre. Il tient une flûte de vin. La fenêtre est étroite. Tout le monde ne peut pas voir. Je sens la chair tendre de son bras par-delà mon veston." Là, pour moi, c'est le bras de son "mec", et il me faut un minuscule temps d'arrêt pour comprendre: c'est le bras de la fille!
Du coup pour rentrer dans le récit c'est plus difficile.

J'aime bien les phrases courtes, j'aime moins le mélange des ambiances lexicales. Le vocabulaire emprunté, pour moi, sonne faux.
"Eux aussi, c’est des cons, mais des cons plus de notre genre." j'ai bien aimé cette phrase un petit peu d'humilité, enfin.

L'idée est bonne, la chute particulièrement. Le texte mériterait, à mon sens, d'être retravaillé. Merci pour ce partage, à vous relire.

   Anonyme   
9/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Mon côté midinette est aux anges dès que je comprends le trouble qui se trame sur le balcon du feu d’artifice entre la fille bourge (j’imagine) et le narrateur tombé dans cette soirée par hasard.

L’ambiance est vivante et bien menée. Cela gratte juste ce qu’il faut pour faire monter en pression et savoir enfin si l’anguille sous roche va tenir ses promesses. Jusque dans la cuisine et ce revirement impromptu qui coupe l’herbe sous les pieds au lecteur qui croyait tenir enfin la concrétisation de son attente.

La chute me fait dégringoler de l’histoire un peu trop brutalement, même si le bellâtre qui se prend une belle pâtée, défoule.
C’est du radical et mon côté midinette, encore lui, souffre.
Vous étiez pressé de finir et vous avez voulu vous débarrasser. J'ai bon ?

Côté défaut (infime) : ‘’personne ne dit la belle rouge … la belle bleue’’ n’est pas compréhensible de prime abord. Je suppose que dans cet appartement de bourges, on ne s’extasie pas de la même façon que chez les habitants des corons ?

   Thimul   
9/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé le ton de cette nouvelle.
Il y a des maladresses déjà évoquées mais le terreau est là.
C'est vrai qu'il faut faire attention à la cohérence du discours : si quelqu'un emploie le mot "con" il n'utilise pas le mot "bête". Trouver les deux dans le discours d'un même personnage donne un côté "construit " un peu articificiel.
J'ai pris la fin comme un coup de couteau. Comme Plumette je trouve la dernière phrase inutile. Terminer derrière "enceinte" aurait été plus efficace.
Au plaisir d'autres lectures.

   Bidis   
9/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
L'ambiance est bien rendue, ce qui rend la lecture agréable. Mais j'ai trouvé la chute trop mélodramatique pour un texte aussi court. Pour un dénouement semblable, il faudrait peut-être passer plus de temps avec les protagonistes.

Petite remarque : On vient de parler du mec dans le dos du personnage, puis deux phrases d’intérêt général et « Je sens la chair tendre de son bras par-delà mon veston. » Ce n’est sûrement pas la chair tendre du mec somme le voudrait l’analyse grammaticale, c’est bien sûr celle de la fille dont on a parlé juste avant. Pour le sens, on ne s’y trompe pas mais tout de même, c’est légèrement gênant.

   hersen   
9/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Si la narration est nerveuse, elle est ralentit par des mots qui font buter sur le texte. Mêmement, par exemple, ça ne se dit guère, encore moins dans une bande de jeunes. L'oiseuse conversation : j'aurais préféré "la conversation oiseuse ". la rondeur de sa lippe. le mot "lippe" m'a surpris ici.

Je pense que considérant la fin, la tension aurait dû être plus en montée tout au long du texte. je pense qu'à parler un peu de tout le monde, l'auteur a dispersé ses cartouches. Il aurait fallu davantage focaliser sur la fille atteinte du sida, qu'on la voie mieux monter les crans.

malgré un petit coup de mou à la lecture vers le milieu, j'ai tout de même trouvé bonne l'idée. Mais je pense que le texte pourrait être amélioré.

A te relire,

hersen

   Alexan   
9/7/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je ne suis pas très fan de ce style littéraire aux phrases courtes et au rythme saccadé. J’ai eu du mal accrocher, et j’ai vite perdu patience, pressé que ça avance.
Cela dit je peux comprendre que ce style plaise ; il permet d’exprimer une ambiance tendue, un malaise… un « quelque chose » qui nous suggère de continuer jusqu’à la fin, car une chute percutante devrait s’y trouver.
Et même si cette fin m’a bel et bien provoqué un effet inattendu, l’histoire, les descriptions, et les détails évoqués m’auraient semblé d'avantage intéressants dit autrement.
Néanmoins, je dois admettre que j’ai trouvé la forme plus saisissante lors d’une deuxième lecture, en m’imaginant le narrateur raconter ce drame encore sous le choc.

   vb   
10/7/2017
Merci à mes lecteurs et commentateurs, plus de détails sur http://www.oniris.be/forum/remerciements-pour-nouvel-an-t24301s0.html#forumpost324219

   Cox   
11/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ben moi, j'ai vraiment bien aimé. Le style court ne m'a pas gêné. Pourtant à la relecture, je me suis dit que ça aurait du me faire trébucher, à la longue, ces phrases sèches et nettes et tous ces "points dans la gueule". Mais non, à la lecture, ça coulait sans problème pour moi, et ça maintient l'intérêt (en même temps la nouvelle est courte, et on n'a pas le temps de faire une indigestion de ce style saccadé)

Je trouve l'ambiance très bien rendue, avec ce ton désabusé, presque dégoûté. Ca me rappelle un de mes nouvel an à moi. Sans sida et sans couteau, mais sinon tout pareil.

En ce qui concerne la fin du texte, je suis un peu plus partagé. L'histoire du sida qu'elle balance à un inconnu, au milieu de rien c'est un peu bizarre. Je ne m'y attendais pas spécialement, mais en le lisant, je me suis juste dit : "ah, ben voilà la chute. Bon.".
D'un autre côté, j'ai beaucoup aimé ce que vous avez fait en séparant le mot du reste. Je ne sais pas si c'est un procédé que j'ai déjà vu, mais en tout cas c'est la première fois que ça me frappe. Personnellement, j'ai trouvé ça très classe et efficace. Certains trouveraient peut-être ça trop théâtral, mais moi j'aime bien le théâtre.
Quant au coup de couteau final, bon, pourquoi pas, si vous y tenez... Mais je vois pas bien ce qu'il apporte. Pour moi, vous auriez pu conclure sans, ou autrement.


Enfin voilà, très sympathique lecture en tout cas !

   toc-art   
11/7/2017
Bonjour,

Ah, j'ai bien aimé ce texte et c'est en ce moment assez rare pour que je me fende d'un commentaire.

Je trouve l'ambiance de la fête très bien rendue ainsi que les pensées du narrateur tout au long de la séquence, notamment à la fin, quand la répétition de la révélation "elle a dit sida" qui trahit la stupeur du narrateur, est entrecoupée de différentes infos sur la soirée, ce qui renforce par contrepoint la sidération du mec. ça, pour moi, c'est un très bon effet littéraire.

Je pense que la toute fin n'était pas utile et que s'arrêter à "pas pour moi" aurait été tout aussi bien, mais après, bien sûr, ce sont des choix d'auteur.

Ensuite, j'ai des petites remarques dont vous ferez bien ce que vous voudrez :

- dans le premier paragraphe, je visualise mal la scène. Pour moi, la fille est devant le mec puisqu'il évoque sa nuque et qu'elle tourne le visage vers lui. Vous écrivez également que sa copine est placée entre eux. Mais là, vous dites que sa poitrine s'écrase sur le dos du mec. J'ai pas compris.

- des petites afféteries d'auteur qui m'ont par moments sorti de la séquence : "inaudibles mots discrets" et plus loin "inaudibles mots secs". à revoir. la répétition du mot "sillon" sur deux lignes aussi. Enlever un "Or" en début de paragraphe qui n'apporte strictement rien et trahit son amateur à 15 km.
"la lippe", un peu too much à mon goût et "dialectique" qui me semble un peu décalé ici. Même si je partage l'idée qu'on utilise plusieurs champs lexicaux, même pour un seul personnage ou une ambiance. Il n'y a rien de plus artificiel que les textes qui veulent reproduire fidèlement la parole et la pensée populaires. Un texte, c'est toujours une traduction déformée de la réalité. Sinon, c'est une retranscription et ça n'est pas littéraire pour deux sous.

Tout ça, ce sont des détails qui ne m'ont pas empêché d'apprécier ma lecture.
Bonne continuation.

   Anonyme   
12/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Les phrases courtes donnent plus qu'un rythme, pour moi c'est un vrai style. C'est du bel ouvrage, les émotions sont là, entre les mots nus, comme tendus.
Beaucoup de ces petits effets qui font mouche comme: " Je la fixe. Elle me fixe. Coup de canon. Son profil se détache dans une flamme de Bengale.", ou d'autres passages où transparaît de la vraie poésie: "Un fourneau mort, lardé d’acier, s’incendie : les ruines ont une beauté violente."
L'ambiance bien rendue avec les personnages crédibles. Ce couteau où l'on sent pointé le drame mais qui s'éloigne comme un geste inconscient, anodin.
Et qui revient, simple, violent, inéluctable, quand moi je voyais un grand coup de boule dans la tête du coupable donné par le personnage narrateur, dépité, dégoutté.
Le final avec cette répétition de " Elle a dit sida", montre bien la sidération du type malgré l'ambiance de la soirée retrouvée. C'est très bien vu.
J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle, parfaitement écrite, sans temps mort, une histoire banale, conne à souhait, mais tellement tragique comme seule la vie sait en écrire.
Bravo.
A vous relire, assurément.

   MissNeko   
12/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
J ai aimé l ambiance et le fait qu on ne sache vraiment pas où l auteur nous emmène.
Le décor est bien présenté, Les personnages également.
Quelques maladresses dans le style que je trouve parfois télégraphiques. Trop de virgules à mon goût.
Mais le texte est intéressant.
On ne s attend pas du tout à la fin !
Un bonne surprise.
A vous relire

   widjet   
3/8/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
À tort ou à raison ce qui, du strict point de vue de l'écriture, m'a gêné :

"Par delà mon veston"
"La musique (...) va fort"
"Les gens crient d inaudibles mots discrets" (si j'avais écrit une phrase pareille j'en connais qui se seraient foutus de ma gueule). "Inaudibles mots secs" suit un peu après.
Des sinus qui se "détendent" ?..dilatent plutôt ?
"Pointant son bourbon dans sa direction " : mal dit
"Tout à trac" c'est quoi ?
"Sourire Palmolive" ? Colgate ou ultrabrite ok mais palmolive ca claque moins !
"Des bouts de phrases enchevêtrés dans notre alcool" (celle la aussi, si j'en avais été l'auteur on m'en aurait causé !)

De manière générale ce changement de ton (on passe du très familier ou de l'argot - "pété l'arcade, baston, pote".... - a des envolées du genre "se sublime au palais...", "la bruine s irise" et autre "gracile mouvement ") est un peu désarçonnant et me semble involontaire.

Impression de non-maîtrise.

Ce que j'ai apprécié (pour rester dans le même registre littéraire)

"Les ruines ont une beauté violente"
Et globalement la première partie est la plus réussie jusqu'à" J'attends")

L'histoire ? Elle n'est pas essentielle je pense et le final sert davantage de prétexte à un sensationnalisme inutile voire même contre-productif car il détourne artificiellement ce qui semblait être l'objectif premier de l'auteur à savoir la description ironique et désenchantée d'une soirée de nouvel an où chacun porte son masque, où il faut forcément s'amuser.

Dommage, y avait un beau sujet sur les apparences.

Widjet

   marin   
20/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
j'ai bien aimé le ton rapide, l'ambiance et certaines phrases qui sont efficaces pour ce genre de description express et populaire :
" Il tient une flûte de vin
Eux aussi, c’est des cons, mais des cons plus de notre genre.
Les mains en bas, les mains en l’air
genoux pliés, jarrets tendus,
quand, d’un coup, en plein dans le bide."

j'ai légèrement moins aimé les alternances avec des phrases plus travaillées et poétiques, qui sont très bien en soi mais décalées par rapport au ton du récit.
la fin est un peu trop spectaculaire à mon gout, le coté ''banal'' du reste est pas mal du tout et, sinon, je trouve l'ensemble réussit.

   mattirock   
28/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Vb! Suite à ton mp, je laisse un commentaire, j'avoue avoir du mal à me prêter à cet exercice, et Oniris me rappelle d'ailleurs souvent à l'ordre.
J'ai bien aimé ta nouvelle, j'ai été pris dans l'ambiance comme il faut, faut dire que ça me parle ce genre de trucs.
J'aurais beaucoup de mal à te dire quels points améliorer (j'aime bien recevoir des conseils alors je vais essayer d'en donner mais vraiment c'est pas évident)

Pour moi c'est juste que la fin pourrait être "suggérée" un peu plus tôt, en créant une ambiance plus tendue, "au bord du gouffre" au moment de la scène de la cuisine, même si les petits tapotements sur le couteau font déjà leur effet, je pense que tu peux l'accentuer un peu.

Enfin je sais pas. Mais en tout cas chapeau! je ne me suis pas ennuyé... voilà. Ah si aussi le "Or," au début du 7ème paragraphe, peut-être n'est-il pas nécessaire? Pour tout le reste, moi je trouve que tant que ça vient du cœur, tout va bien.


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