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Sentimental/Romanesque
wyarly : Paola et Apolo
 Publié le 22/12/14  -  6 commentaires  -  5628 caractères  -  45 lectures    Autres textes du même auteur

Apolo est un bel homme, le regard brillant. […]
Paola pétille. Elle déambule, fluide, et caresse le monde du regard. […]
Un jour, Apolo rencontre Paola. Ils dansent.


Paola et Apolo


Apolo est un bel homme, le regard brillant. Le sourire aguicheur, il sait faire rire les femmes. Il en est, d’ailleurs, presque dangereux. Il possède cette grâce du félin qui envoûte. Et lorsqu’Apolo marche, il donne l’étrange sentiment d’avoir une solidité inébranlable. Mais tout ceci, bien sûr, n’est qu’une façade, et il est passé maître, depuis quelques années déjà, dans l’art de choisir avec brio la façade adéquate. Mille et mille murs, en béton armé, se succèdent, se remplacent les uns les autres, glissent, s’évaporent – en apparence. Et ce qui semble du dehors tout en souplesse et légèreté, n’est, du dedans, qu’une lourde mécanique rouillée qui grimace, changeant, une fois encore, un sempiternel décor. Cette tension entre son dehors et son dedans provoquent en lui une profonde inaptitude au bonheur, une incapacité à l’identifier, et le refus buté de le découvrir. Alors, voilà, Apolo danse, en quête du vertige, de l’oubli, et des murs qui s’effondrent.

Paola pétille. Elle déambule, fluide, et caresse le monde du regard. Son monde à elle est peuplé de couleurs pastel, elle l’a rempli bien convenablement, et les noires écritures ne se voient presque plus. Elle a choisi d’avoir toujours dans la tête la musique de l’enfance. Elle dépense une énergie folle à sourire, et pourtant, à force d’entraînement, le masque est devenu peau. Quelquefois, elle y pense, et cela l’agite un peu. Mais elle plonge alors dans des dizaines d’autres choses, et s’emploie à s’éparpiller l’esprit du mieux qu’elle peut. Évidemment, elle réussit toujours – ou presque. Elle orchestre toutefois sa vie d’une main trop rigide, les distractions et les plaisirs au garde-à-vous, défilant en mesure. Elle vit d’ivresse, la seule véritable : celle du contrôle. Et lorsque Paola danse, elle tourbillonne, en quête de l’absolu équilibre, celui d’un corps qui s’échappe et revient toujours.

Un jour, Apolo rencontre Paola. Ils dansent. Ils se rejoignent, se charment, s’envoûtent, avec l’effronterie et l’audace de deux acrobates joueurs. Apolo aperçoit dans le regard chatoyant de Paola quelque chose de trouble et de familier. Paola ressent, dans les bras d’Apolo, comme un étrange tremblement, qui l’interpelle. En bons comédiens qu’ils sont, ils finissent par se séduire en bonne et due forme. Le spectacle est joli à voir, le jeu est bon et personne ne sait vraiment quand se termine la mascarade. Et pourtant lorsqu’ils s’embrassent un peu plus tard, à l’écart, un souffle de sincérité démasquée affleure, au cœur de leurs bouches qui se joignent. Alors, ils se regardent vraiment, pour la première fois, un peu hébétés et incertains. Est-ce que peut-être… ? Si le coup de foudre n’est probablement qu’une légende urbaine, il existe toutefois une mystérieuse et fragile étincelle apparaissant, parfois, entre deux individus qui se reconnaissent. Apolo et Paola vivent cette chose étrange qu’est le contact entre deux âmes semblables, sans être identiques, comme un mode d’emploi dans deux langues différentes. Et Paola, dans les yeux d’Apolo, voit la machinerie qui grince. Et Apolo, dans le cou de Paola, distingue le contour de son masque. Sonnés, ils s’abandonnent quelques instants tout entiers à leurs corps, qui s’enlacent, et parlent mieux qu’eux, peut-être.

Comment deux naufragés, robinsons de l’existence et champions-caméléons, peuvent-ils s’accommoder l’un à l’autre ? La maniaquerie rigide de Paola heurte les façades volatiles d’Apolo. Analogues dans leurs contradictions, ils se gênent mais se comprennent. Une inquiétude perce, d’un côté, comme de l’autre. Apolo est agacé : ses agilités séductrices doivent être des escapades, pas des bouleversements. Pourtant, lui, l’habile fugitif des « relations », est encore là. Paola fait, elle aussi, l’épreuve de la bourrasque intérieure : elle veut et ne veut pas, s’abandonne et s’éloigne, s’emporte et se calme. La lenteur et l’indolence du félin indécis la mettent en rage, et son petit ordre en est tout est chamboulé. Un jour, Apolo, ivre, se regarde dans un miroir, et grimace. Paola assiste à la scène, et voit l’homme s’écrouler. Il est totalement nu, ses façades sont en miettes autour de lui, et il contemple cela avec une infinie tristesse, teintée de dégoût. Un instant, un court instant, Apolo se fait face, et sa détresse est d’autant plus grande qu’il ne sait pas pleurer. Et Paola, impuissante et discrète, ne sait que se glisser doucement contre lui, et l’embrasser. Le lendemain, Apolo, dégrisé, a oublié tout cela, et ses murs mouvants coulissent, comme à l'accoutumée. Lasse, Paola se jette à l’eau, elle lui souffle en vitesse son amour, elle croit que les murs et les masques tombent tout seuls lorsqu’on sait qu’ils existent. Est-ce la vitesse ? Est-ce l’habitude ? Le contrôle, peut-être ? Son geste insensé effraie définitivement Apolo qui s’empresse alors de disparaître méthodiquement de ce quotidien à peine partagé. Alors, quelque temps, Paola attend. Les jours et les semaines passent. Les noires écritures réapparaissent, estompent un peu le vernis joyeux de son petit monde optimiste. Paola ressasse, elle compose une morne mélodie de souvenirs ébréchés, des instants saisis où Apolo lui apparaît toujours douloureusement vrai, compréhensible. Elle attend.

Un soir, au détour d’une nuit de danse, Paola aperçoit Apolo. Il est là. Son cœur bondit. Pourtant, son regard à lui glisse à travers elle, fuite ultime : il refuse de la voir. Meurtrie, Paola, en mauvaise perdante, joue le jeu. La scène finale est une comédie triste où ils deviennent des virtuoses de l’ignorance et de l’oubli.

L’étincelle s’éteint, et la danse continue.


 
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   Anonyme   
25/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien
D'ordinaire, je préfère qu'une histoire me donne à voir interagir des personnages plutôt que de décrire leurs mouvements intérieurs de manière tout abstraite comme vous faites ici (aucun dialogue, aucune mise en situation conrète), mais en l'occurrence je trouve que cela fonctionne pas mal.

Peut-être parce que vous avez choisi une manière biaisée de dire les choses, en parlant de danse, de façades qui glissent, d'écritures noires... Cela apporte, je trouve, un décalage bienvenu qui me donne l'impression de comprendre Apolo et Paola sans qu'on me mette face à une interprétation univoque des choses ; j'ai ainsi latitude de me faire ma propre idée, de tirer mes conclusions. Jolie fin, je trouve.

   Asrya   
25/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
" Elle déambule, fluide, et caresse le monde du regard"
--> l'image est belle mais ce "et" casse un peu la tendresse qui s'en dégage.

"avec l’effronterie et l’audace de deux acrobates joueurs"
--> peut-être que le "joueur" est de trop, il alourdit la phrase à mon sens.

"Mais elle plonge alors dans des dizaines d’autres choses, et s’emploie à s’éparpiller l’esprit du mieux qu’elle peut"
--> le "Mais" n'a pas sa place au vu de la phrase précédente, il n'y a pas vraiment d'opposition avec cette dernière. Quant à la virgule qui sépare les deux parties, pas nécessaire.

"Apolo, est agacé"
--> pourquoi une virgule ? Cela saccade la lecture ; dans le contexte, cela n'a pas vraiment de raison d'être.

"Comment deux naufragés, robinsons de l’existence ... grande qu’il ne sait pas pleurer."
--> ce grand passage est difficile à lire. Faute à la ponctuation selon moi ; pas seulement. C'est assez fouillis comme narration, bien écrit, mais fouillis. Manque de structure peut-être.

La fin par contre, rien à dire. Parfaite.

"Alors, quelques temps, Paola attend ..... L’étincelle s’éteint, et la danse continue."
Toute cette partie est vraiment très plaisante à lire. Je me suis vraiment mis à la place de Paola, d'Apolo, de leur relation qui s'estompe ; la vie continue.

Une nouvelle assez intéressante donc. Elle commence doucement, sensuellement, décrit "l'ardeur" des deux personnages avant leur rencontre, puis la danse, le contact, l'échange, le partage. Un regard, un baiser : la passion.
Une passion qui s'éveille, fulmine, flambe et s'épuise.
La danse continue.
L'écriture est de la qualité, le choix des mots, leur place, leur enchaînement ; seule la ponctuation m'a dérangé.

Bref, une belle manière d'aborder les relations éphémères,
Merci pour cette lecture,
Ce fut un plaisir.

   in-flight   
22/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Je me suis immiscé dans la danse de Apolo et Paola sans les déranger, c'est réussi de ce côté là.

"Elle dépense une énergie folle à sourire, et pourtant, à force d’entraînement, le masque est devenu peau." --> Belle trouvaille.

"Apolo et Paola vivent cette chose étrange qu’est le contact entre deux âmes semblables, sans être identiques, comme un mode d’emploi dans deux langues différentes" --> La comparaison de vos personnages très romanesques avec un mode d'emploi n'est pas très heureuse. Je comprends l'idée mais pour quoi ne pas parler simplement de deux êtres meurtris qui communiquent par gestes (la danse) et n'ont pas besoin de se parler.

   Anonyme   
24/12/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Apollo est planté dans l'histoire comme un dieu, on le voit. Et puis, il se frelate subitement, il est moche dedans. Quelle rapidité dans la description d'un personnage ! On sent bien qu'il danse sur la braise !
Paola "le masque est devenu peau", c'est fort. Sous la couleur, le noir. Elle danse aussi.
Deux êtres qui se mentent à eux-mêmes, mentent à l'autre ! Je ne crois pas que cette première condition leur permette d'être pertinents dans la capacité à démasquer l'autre ou à s'auto-démasquer.
Après, on s'y perd ! il se démasque, elle le voit, et je ne comprends plus trop ce qui se passe, comme si l'histoire était bâclée, faute d'énergie.

   caillouq   
25/12/2014
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Je me suis obligé à le lire une deuxième fois avant de mettre un commentaire, mais non, décidément, ce texte ne me parle pas. Rien de concret auquel se raccrocher, pas de faits (si : une soirée en boîte, sans plus de précisions), que des métaphores ou alors des descriptions psychologiques concernant deux archétypes qu'il ne m'intéresserait guère, en l'état, de rencontrer (le côté archétypal, justement). L'acmé de l'action : "Un jour, Apolo, ivre, se regarde dans un miroir, et grimace." Non, vraiment, je n'arrive pas apprécier ce texte. Un peu de cambouis svp.

   Alice   
26/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une bien jolie tranche de vie, ou des vies. La brièveté du thème et la poésie du style permettent de ne pas se lasser.
Le passage de la reconnaissance des âmes m'a toutefois un peu déçue, bien que j'aie aimé la comparaison du même mode d'emploi en deux langues différentes. Le reste du passage me paraît très cliché, et loin de la délicatesse des autres formules. Les écrivains, comme Paola avec l'être aimé, tentent parfois trop de définir précisément le sentiment, le voyant si limpide qu'ils meurent d'envie de le faire comprendre le mieux possible en le métaphorisant, se disant que les accumulations vont dans le sens du message alors qu'elles le noient de préconçu et se font de l'ombre mutuellement.

Les métaphores du vertige et de l'équilibre, le côté plus flou de la danse sans fin à continuer me paraissent plus remplis, plus inspirants que les paragraphes un peu longuets décrivant la rencontre et le je t'aime.

Il y a de très belles trouvailles dans ce texte, je les trouve simplement camouflées par certains clichés un peu moins pardonnables. Mais l'impression qui en ressort est très douce, avec ce masque devenu peau, ces noires écritures. Dans ces passages, on sent réellement la sensibilité derrière l'écriture.

Bravo à vous et une très bonne continuation!

Alice


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