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Poésie contemporaine
ANIMAL : Grève de nuit
 Publié le 25/06/21  -  15 commentaires  -  1179 caractères  -  263 lectures    Autres textes du même auteur

– Un demi-sou les raves, trois sous le lard.
– Je n’ai plus de travail, pas d’argent.
– Alors tu ne manges pas.
– Et mes enfants ?


Grève de nuit



Lévrier s'enfuyant sur les dunes d'écume
Aux bleus sombres et mouvants d’une mer ennemie,
Le brigantin blessé court après son salut.

Au cri de la vigie, du cœur de l’ouragan
Le phare s'aperçoit et enflamme l’espoir
D’un refuge à la côte, au lointain dessinée.

Mais l’œil flamboyant n’est qu’un brasier ardent
Attirant le voilier aux crocs noirs des rochers ;
Il s'immole, fracassé, sous les falaises blêmes.

Les courants rugissants
Jettent sur les brisants
Les corps tourbillonnant
Dans les flots ondoyants
Charriant les fragments
Du coursier d'océans.


Sur la grève, ils sont là, rôdant sous les embruns,
Les yeux durs, efflanqués, comme des loups en bande,
Des lames scintillant au bout de leurs doigts froids.

Ils s’affairent en silence, dépouillant les noyés,
Perçant gorges et flancs des ultimes survivants
Pour quelques sous brillants, quelques bagues en argent…

Puis s'en vont souriants, dans la pluie et le vent,
La conscience lavée du sang et des pêchés
Car demain leurs enfants mangeront leur content.


 
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   Cyrill   
11/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour.

J'aime beaucoup la construction en trois parties avec le sizain central qu'entourent les groupes de trois tercets en miroir. Le point de vue est différent selon qu'on est de l'un ou de l'autre côté du sizain, qui met en scène le pouvoir et la force de l'eau.
Si le voilier est le personnage central de la première partie (on ne s'attarde pas trop sur les hommes, seule la vigie est citée), on a plus de détails et d'investissement sentimental dans la troisième partie. Les protagonistes, pilleurs, sont brossés sans complaisance, mais tout de même, ils sont un peu excusés par le dernier vers. On ne s’apitoie pas sur les noyés dans vos mots, libre au lecteur de le faire.
J'ai surtout apprécié :
"Sur la grève, ils sont là, rôdant sous les embruns,
Les yeux durs, efflanqués, comme des loups en bande,
Des lames scintillant au bout de leurs doigts froids."
Très visuel.
Mais l'ensemble a emporté mon adhésion. Le titre est bien vu.
Encore une chose : je ne situe cette scène ni dans le temps ni dans l'espace, mais je n'en ai pas été dérangé.
Je n'ai pas trouvé d'où vous avez extrait l'exergue, ça en revanche j'aimerais bien savoir.

Merci pour le partage.

   poldutor   
15/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour
Les naufrageurs ! ce que l'humanité a produit de pire...attirer un bateau en pleine tempête, créer l'espoir et : naufrager!
La scène pour dure qu'elle est, raconte bien les différentes phases de ce piège qui se referme sur les malheureux marins, qui se croyant sauvés tombent dans la chausse-trappe.
Mais ces "loups" pour l'homme ont une excuse, si j'ose le dire, il s'agit de nourrir leurs enfants...
Deux beaux tercets, illustrant, l'espoir d'abord puis la catastrophe :
" Au cri de la vigie, du coeur de l’ouragan
Le phare s'aperçoit et enflamme l’espoir
D’un refuge à la côte, au lointain dessinée.

Mais l’oeil flamboyant n’est qu’un brasier ardent
Attirant le voilier aux crocs noirs des rochers ;
Il s'immole, fracassé, sous les falaises blêmes."

Les trois derniers tercets montrent la rage, la cruauté des naufrageurs.

Merci pour ce beau poème.
Cordialement.
poldutor en E.L

   Miguel   
17/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un beau texte, aux images saisissantes, à l'atmosphère dramatique admirablement rendue; cette nuit, ce déchaînement de la nature, ce phare trompeur, et ce dernier vers qui sonne comme une excuse au crime.

   Anonyme   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien
En Espace Lecture, j'ai remarqué ce poème au sujet fascinant (à mon avis), noté sa belle énergie, et aussi ce qui m'apparaît comme des maladresses de forme ; au final, un sentiment mitigé qui m'a découragée de commenter... par paresse, je trouvais que j'aurais du travail pour expliciter mes impressions. Bon, on y va.

Je pense que le rythme de dodécasyllabes ou quasi dodécasyllabes est une bonne idée, il entraîne chez moi lectrice une certaine difficulté à scander : cela illustre bien, me semble-t-il, la lutte du brigantin qui se collette avec les éléments comme moi avec le rythme.
Alors pourquoi intercaler des hexasyllabes ? Je vois l'idée, une rupture, mais pour moi cela ne fonctionne pas. J'identifie deux éléments :
1) La régularité de ces hexasyllabes (un rythme pair, en plus) qui, à mon avis, ne correspond pas au chaos du naufrage.
2) La rime ! Cette rime obsédante en "an" aggrave pour moi la régularité.

J'ai d'ailleurs le sentiment que vous auriez intérêt, pour l'expressivité de votre poème, à y éviter activement toute rime ou assonance, à chaque fois ma lecture en a été brièvement arrêtée...

Il me semble donc que, malgré ce sujet formidable et un bon lexique marin, votre poème n'atteint pas en plein sa cible.

   Robot   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un drame cornélien qui s'appuie sur un texte de qualité rehaussé par le chant central et ses rimes en "an" pour donner cette impression de maëlstrom qui entraine les marins vers le gouffre et les naufrageurs vers l'irréparable.
J'ai retrouvé dans ce libre l'impact des récits que l'on rapporte aux touristes concernant les naufrageurs sur les îles et les côtes de l'atlantique ou bretonnes.
Le comportement cruel des naufrageurs tempéré par la nécessité de la vie quotidienne.

   papipoete   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour ANIMAL
La côte est toute proche, le navire en détresse sera sauvé ! Las, ce n'est qu'un traquenard tendu par des naufrageurs, où l'esquif va venir sombrer ! Telle une nuée de piranhas, la horde sanguinaire se rue sur les survivants, sur les noyés pour les dépouiller...
NB un récit palpitant, où l'on est dans la peau des piégés, découvrant trop tard les mâchoires du piège où l'on se fracasse sur " les crocs noirs des rochers ", où l'on meurt noyé ou égorgé sous la lame des tueurs.
Bientôt le calme recouvre ce cimetière tragique . L'apocalypse est passée
Une mise en page très originale qui put permettre à une chanson de goualer cette terrible aventure !
Chaque strophe est remarquable ; aussi, ne fais-je de préférence !
Bravo au conteur !

   Pouet   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Slt,

très beau poème, fort bien écrit aux images fortes d'un réalisme imagé. Grande maîtrise de la "dramaturgie".

Le texte traque l'ambivalence, lacère le manichéisme.

J'ai trouvé une grande force d'évocation à ces lignes qui ne m'ont pas laissé indifférent.

Les trois derniers tercets (en particulier le premier) sont pour moi le sommet du texte.

Très fort,
bravo.

   hersen   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
C'est un très très bon poème sous tous les angles : l'écriture, ce qu'il dit de la misère, par le biais des naufrageurs, sujet très rarement évoqué. de lecture.
Animal, ton poème est excellent !
Le style, les mots, le rythme, tout concourt à une unité

   Luz   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour ANIMAL,

Très beau, très fort poème.
Le sujet m'a aussitôt rappelé le roman de Yoshimura : "Naufrages" avec une atmosphère d'égale intensité.
Et j'aime beaucoup l'incipit.
Bravo !

Luz

   Lariviere   
25/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Sur la grève, ils sont là, rôdant sous les embruns,
Les yeux durs, efflanqués, comme des loups en bande,
Des lames scintillant au bout de leurs doigts froids."

Bonjour,

La strophe que j'ai le plus apprécié (mais les autres sont pas mal du tout) avec la strophe de fin.

Un sujet original et traité avec autant de poésie que de réalisme, sans fioritures pourtant... Le prisme de traitement est bien vu et bien mené, on rentre sans peine dans ce poème et dans ses intentions d'écriture...

J'ai aimé !

bonne continuation et merci pour la lecture !

   Provencao   
26/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
J'ai été sous le "charme" de cette poésie qui s'inscrit sans préambule comme dramaturge , avec ce choix d'un dilemme quant à ce que vous souhaitiez délivrer sur le papier et quant à la façon de le présenter : ce qui est sublime c'est cet acte entre l'imminence de l'attesté ou l'artifice affiché par le fabuleux, l'imaginaire...

Merci et Bravo.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Donaldo75   
26/6/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour ANIMAL,

Ce poème est terrible. Les trois parties permettent sa progression dramatique et elles sont tellement composées différemment que mon cerveau découpe aisément l’ensemble. Je trouve que la violence de la scène démarre réellement dans la partie en italique ; elle fait mal comme un refrain lancinant d’une chanson brutale. Et puis vient le meilleur, la dernière partie, presque du fantastique tellement elle parait irréelle – car la réalité dépasse probablement la fiction dans les faits mais nous sommes rarement confrontés à de telles situations, heureusement – et inhumaine, malgré une fin qui justifie les moyens.

Un grand bravo !

Donaldo

   emilia   
26/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une jolie métaphore pour décrire ce navire « blessé » tel « un lévrier s’enfuyant sur les dunes d’écume… », et que les pirates « comme des loups en bande » conduisent à sa perte pour le voir se fracasser « aux crocs noirs des rochers » comme dans l’œil d’un cyclone dont le tourbillon entraîne corps et biens, usant de barbarie « perçant gorges et flancs des ultimes survivants » avec l’excuse de pourvoir, par nécessité et contraints par la misère, aux besoins de leurs enfants, leur conscience ainsi « lavée… » ; une scène grandiose et dantesque menée avec brio…

   ANIMAL   
27/6/2021

   Anonyme   
26/7/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai adoré ce texte ! J'imagine, tout d'abord, un lévrier sur une plage, libre, mais blessé. Ce n'est pas un endroit où il va souvent. C'est ce qui m'a tout de suite plu: le mot "lévrier" on croit que ce sont ses yeux bleus qui sont décrits ensuite, mais ce sont les tons de bleu de la mer... On a envie de savoir ce qu'est un "brigantin" et on n'est pas déçu... et puis, ce qui paraît être l'insertion d'un autre poème: "Les courants rugissants... du coursier rugissant" ensuite on se demande: "Est-il vraiment question d'un chien ?" Après ce sont des chiens qui viennent récupérer les objets de valeur, en achevant d'un coup de crocs? Non ! Ce sont des humains, des êtres humains, qui viennent piller les naufragés presque tous morts pour survivre et nourrir leurs enfants. Merveilleuse métamorphose... est-ce que je me trompe dans mon interprétation? En tout cas, félicitations, c'est un texte passionnant!


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