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Poésie contemporaine
Annick : Le baiser glacé
 Publié le 04/06/18  -  8 commentaires  -  1531 caractères  -  210 lectures    Autres textes du même auteur


Le baiser glacé



Elle a déposé, sur ses lèvres closes,
Un pétale de rose parfumé,
Comme un timide baiser que l'on n'ose
Savourer, une attente murmurée...

Il avait quinze ans, et elle, dix-sept,
Platon s'invitait à leurs rendez-vous,
En chemin, il lui cueillait des noisettes,
Le vent de septembre semblait si doux.

Ils s'asseyaient au bord de la rivière
Tout en agitant leurs pieds nus dans l'eau,
Les roseaux caressants et les fougères
Dessinaient des feuillages sur leur peau.

Ils s'inventaient des aurores florales,
Des arcs-en-ciel, des avenirs parfaits,
Dans le froid d'un cimetière, spectrales,
Leurs ombres délicates se mêlaient.

Leurs tendres soupirs cachaient des serments :
Ils s'aimaient sans se l'avouer vraiment,
Comme un chagrin qui ne se livre pas,
Une voix chère qui pleure tout bas.

Ainsi la vie, imperceptiblement,
Les a séparés, pendant cinquante ans.
L'étreinte glacée a été rangée
Dans le tiroir d'une armoire, oubliée...

Un jour, leurs routes se sont rapprochées,
Le destin les a fait se retrouver.
Hier et maintenant se superposent,
Le temps déconcerté fait une pause.

Cupidon, par ses flèches enflammées,
A ranimé les braises mal éteintes.
Aujourd'hui, par la grâce d'un baiser,
Flotte un air très doux, comme une complainte.

De sa bouche close, elle a détaché
Le pétale de rose parfumé.


 
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   BlaseSaintLuc   
25/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'adore, pas de pudibonderies, mais un amour naissant contrarié puis repris, bien narré et jolie, simple et tranquille comme berce sa palme au-dessus du toit, longue vie aux amoureux.

   papipoete   
27/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
libre
je dirais plutôt " contemporain " avec toutes ces assonances ?
L'auteur nous dit à l'oreille, tout doucement, l'histoire de ces amants depuis leur 15 et 17 ans .
Un conte qui pourrait faire rêver, si " il " n'était pas mort depuis 50 ans, mais la magie du sort va enfin les réunir .
Le premier quatrain est magnifique, retrouvant son écho dans les ultimes vers ; les 2e et 3e strophes si fraîches et angéliques !
Comme c'est beau !
papipoète

   Gabrielle   
27/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème porte sur l'union de deux êtres même dans la mort et sur le temps et l'attente.

L'auteur fait une rétrospective portant sur des images de bonheur passé se rapportant à un amour de jeunesse (2è quatrain, 3e quatrain et 4e quatrain).

Puis l'amour de jeunesse devient amour véritable (5e quatrain) :
"Leurs tendres soupirs cachaient des serments :
Ils s'aimaient sans se l'avouer vraiment,
Comme un chagrin qui ne se livre pas,
Une voix chère qui pleure tout bas" avec des termes se rapportant au champs lexical du chagrin "un chagrin qui ne se livre pas" et "Une voix chère qui pleure tout bas" annonçant la séparation (6e quatrain).

"L'étreinte glacée", rappel de la première strophe, correspond également au "baiser" annoncé dans le 8e quatrain et à la chute du poème.

"Comme une complainte" renvoie à la tragédie puis à la chute.

   Anonyme   
4/6/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Trois époques pour un amour, trois climats.
L'amour naissant de deux adolescents qui s'aiment " sans se l'avouer vraiment "et qui promènent leur insouciance et les rêves qu'ils s'inventent.

Puis tout ce temps, tant de temps pendant lequel la vie les a séparés.

Mais l'amour ne s'est pas éteint. " Le destin les a fait se retrouver "
et " Cupidon, par ses flèches enflammées,
A ranimé les braises mal éteintes." Il l'a fait revivre pleinement.
Une union scellée à jamais par ce " baiser glacé ''.

J'ai bien aimé la douceur et la délicatesse de cet écrit.

   Tychillios   
13/8/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Les amours en suspens sont les plus belles amours, parce qu’elles ne cessent de murmurer dans le cœur des amants. Lorsqu’elles renaissent subitement, alors elles illuminent l’instant comme un feu d’artifice et si elles durent c’est encore plus beau. Je vous envie, j’ai au fond du cœur un souvenir heureux qui m’obsède et que je rêve un jour ressusciter.
Un poème que j’ai aimé pour de multiples raisons
G.I.

   senglar   
12/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Annick,


Cela pourrait être morbide, ça ne l'est pas. Nos Anciens prenaient des photos des défunts sur leur lit mortuaire, montraient des mèches de cheveux des trépassés - c'était de la tendresse - un dernier adieu, un prometteur au-revoir. J'ai vécu ce poème comme une histoire d'amour, le pétale de rose vaut mieux qu'un liseré. Les amours ordinaires quand ils sont chantés s'enflent comme des coeurs - j'ai aimé ces aurores florales -. La vie souvent sépare sur des non-dits, et quand on se retrouve c'est l'instant, non pas le temps qui reste, l'instant ; par le truchement d'un "pétale de rose parfumé" cet instant devient éternité.

Délicatement raffiné :)

Merci pour ce moment

senglar

   Cristale   
14/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'étais passée à côté de ce beau poème dont j'aime la délicatesse.
Dès les deux premiers vers un voile de poésie s'enroule autour de la lectrice que je suis.

Les enfants se sont retrouvés cinquante ans après, c'est une histoire merveilleuse dont je n'ose rêver qu'elle m'arrive :)

Merci Annick
et merci à la petite puce dans mon oreille qui m'a guidée jusqu'ici :)
Cristale

   jfmoods   
3/11/2019
Ce poème, composé de 8 quatrains et d'un distique en décasyllabes, est à rimes croisées et suivies, pauvres, suffisantes et riches, majoritairement vocaliques, égalitairement réparties entre masculines et féminines.

On peut percevoir trois mouvements.

Au fil des 5 premières strophes se déclinent les strates d'un premier amour ("Il avait quinze ans, et elle, dix-sept"). Un geste ("Elle a déposé, sur ses lèvres closes, / Un pétale de rose parfumé") ouvre la lente procédure d'un attachement amoureux (comparaison : "Comme un timide baiser que l'on n'ose / Savourer, une attente murmurée...") dépourvu de charge érotique ("Platon s'invitait à leurs rendez-vous"). L'imparfait des habitudes douces structure la progression de l'histoire intime du couple ("En chemin, il lui cueillait des noisettes", "Ils s'asseyaient au bord de la rivière / Tout en agitant leurs pieds nus dans l'eau", "Ils s'inventaient des aurores florales, / Des arcs-en-ciel, des avenirs parfaits", "Leurs tendres soupirs cachaient des serments : / Ils s'aimaient sans se l'avouer vraiment") au sein d'une nature bienveillante, d'un décor tendre, enveloppant, complice (imparfait de description : "Le vent de septembre semblait si doux", "Les roseaux caressants et les fougères / Dessinaient des feuillages sur leur peau", "Dans le froid d'un cimetière, spectrales , / Leurs ombres délicates se mêlaient").

La sixième strophe marque la désagrégation progressive de la relation (allégorie : "Ainsi la vie [...] / Les a séparés", adverbe : "imperceptiblement", marqueur temporel : "pendant cinquante ans", allégorie assortie d'une forme passive : "L'étreinte glacée a été rangée / Dans le tiroir d'une armoire, oubliée...").

La dernière partie du poème (vers 25 à 34) met en scène la réactivation impromptue du lien (marqueurs temporels : "Un jour", "Aujourd'hui", verbes pronominaux à sens réciproque : "leurs routes se sont rapprochées", "Hier et maintenant se superposent", allégories : "Le destin les a fait se retrouver", "Le temps déconcerté fait une pause", "Cupidon, par ses flèches enflammées, / A ranimé les braises mal éteintes", complément circonstanciel de manière : "par la grâce d'un baiser", inversion du sujet : "Flotte un air très doux", comparaison : "comme une complainte"), l'accomplissement d'un long processus amoureux (écho des vers 1-2 et 33-34 : "Elle a déposé, sur ses lèvres closes, / Un pétale de rose parfumé" / "De sa bouche close, elle a détaché / Le pétale de rose parfumé").

Merci pour ce partage !


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