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Poésie contemporaine
Arielle : Douze boutons de nacre [concours]
 Publié le 25/03/14  -  16 commentaires  -  1639 caractères  -  233 lectures    Autres textes du même auteur

« J’ai disloqué ce grand niais d’alexandrin. »
V.H.

Il a osé, moi pas…


Douze boutons de nacre [concours]



Ce texte est une participation au concours n°17 : On connait la chanson ! (informations sur ce concours).





La moustache cirée aussi bien que ses bottes,
sanglé d'un rase-pet à damner les bigotes,
un mâle alexandrin, en dépit de la mode,
s'obstine à débiter ses fiers dodécapodes.
Il toise avec mépris la horde des voyous,
ces rimailleurs sans rime, infâmes touche-à-tout,
fanfarons, jolis cœurs qui taquinent la muse
comme on fait d'une fille, en usent, s'en amusent
et, l'ayant humiliée, couchent sur le papier
des vers sans queue ni tête errant à cloche-pied.

"Pisseurs de mirlitons, cela se dit poètes !"
ronchonne le grand niais entre ses rouflaquettes,
sa badine frappant le tempo de ses mots,
quand surgit, lumineuse, aérienne, Margot
dont il est amoureux plus qu'on ne saurait dire.

Pour elle chaque nuit il torture sa lyre,
émaille ses sonnets de preux enjambements
et de hardis rejets le laissant pantelant.

Pour elle il donnerait… Elle passe légère,
l'effleurant d'un œil pers plus froid qu'une rapière.

Elle va retrouver ses amis, ces maudits
racleurs de mots douteux et de louches écrits.
Ils riront de concert en mimant le vieux fou
qui recompte ses pieds comme Harpagon ses sous.
Elle dégrafera devant eux son corsage :
douze boutons de nacre, une sorte d'hommage…



Autour de « Brave Margot » de G. Brassens.


 
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   Anonyme   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Il y a un peu de Monsieur Prud'homme du maître Verlaine, dans ce poème, non ? (En tout cas, il me l'a rappelé, il y a pire comme référence !) Il me ferait presque de la peine, ton grand niais qui somme toute fait ce qu'il peut...

Je trouve l'ensemble fort joliment décliné et enlevé, alerte, espiègle, vif, bref très plaisant... mais j'ai une réserve sur le fond. En gros, je le trouve un peu manichéen : les lourdauds sont bêtes et académiques, les poètes maudits sympathiques et vivants. J'ai du reste la même réserve sur le sonnet de Verlaine ! Ce pseudo-renversement des valeurs, je le trouve quand même un poil éculé.

Mais fort bien mis en scène, ça oui !

P.S. : Je n'ai pas du tout reconnu la chanson, j'en suis restée à Verlaine.

   Anonyme   
25/3/2014
Bonjour Arielle

Bien que sincèrement navré de l'ingratitude de Margot (qui ne consent désormais à dégrafer son corsage que pour les vers-libristes, oubliant qu'elle doit sa gloire à un amoureux de la métrique et de la rime) je me suis régalé à la lecture de tes alexandrins.
Ecrire, en les utilisant (et de quelle manière) un poème à charge pour les dénoncer, c'est la grand classe.

D'autant qu'il peut être lu à plusieurs niveaux.

Les alexandrinophobes y trouveront bien entendu matière à se réjouir.
Mais les alexandrinophiles prendront le texte au second degré et se bidonneront tout autant.

Bref, c'est un poème très malin qui fera sourire tout un chacun.

Merci Arielle pour cet excellent moment. Et bravo pour ces facétieux alexandrins.

   Bidis   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’aime surtout la fin de ce poème, à partir de « Pour elle il donnerait… » que je trouve élégante et maligne. Mais il me reste quand même une impression de flou, de confusion entre un vers de douze pied et un vieux beau moustachu. Sans doute parce que Margot, elle, est bien charnelle…
Mais, bien sûr, c’est une fort jolie écriture, chantante, légère, imagée.

   Anonyme   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Arielle.
Je n'ai pas cherché à identifier la chanson, c'est secondaire pour ma lecture. Mais l'idée me plaît beaucoup. Ce bon vieil alexandrin, toujours là, pas disposé à se laisser évincer par " la horde des voyous, ces rimailleurs sans rime, infâmes touche-à-tout,".
Mais Margot les lui préfère malgré tout... " ô vieillesse ennemie "

   senglar   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Arielle,


Un bien joli clin d'oeil à Brassens, en passant par Hugo et Molière, gaillard(s) et de bonne compagnie ; je pense que le maître de la gaudriole, maître ès labeur et ès ardeur devait travailler comme tu le dis.
C'est que dégrafer un corsage qui compte douze boutons de nacre n'a jamais été une mince affaire, le poète prît-il la posture détachée du persifleur amoureux !
Merci pour lui :)


brabant

Je me trompe peut-être, mais en opérant une vaste, vaste (double, triple, quadruple) translation... lol :))) :D

   leni   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Arielle
Un texte élégant et tout en finesse Les douze boutons de nacre défendent les douze pieds des alexandrins Sortez les ces rimailleurs sans rimes ces jolis coeurs qui taquinent la muse Là j'éclate de rire:pisseurs de mirlitons...
Je ne vais pas citer tout le texte
Je pense à "Brave Margot" de Brassens Mais peu importe...
Je me suis régalé
Amitiés Leni

   Anonyme   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Arielle.

Ils riront de concert en mimant le vieux fou
qui recompte ses pieds comme Harpagon ses sous.

Jolie trouvaille ! C'est presque mon portrait...

Tout ceci est très bien ficelé et il n'y a pas de parti pris, chacun s'y retrouvera... et quelques vers, dont le dernier, valent leur pesant d'or !
Sacrée Margot, elle en aura fait couler de l'encre...

Du très bon travail, merci...

   placebo   
26/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pas facile d'être à contre-courant de la mode…
J'ai bien aimé, les alexandrins coulent, les sonorités suivent les propos, le fond n'est pas bête et l'émotion n'est pas loin.
Merci pour le texte, bonne continuation,
placebo

   pieralun   
26/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Arielle,

Retour gagnant aux premières amours, alexandrins, pseudo rimes mais qu'importe, ponctuation.
J'ai lu, appliqué, quatre fois le poème pour l'apprécier à sa juste valeur.
La présentation de l'Alexandrin, rendu humain, est juste: une excellente personnification.
J'ai moins aimé la partie intermédiaire et adoré les 6 derniers vers.
Magnifiques vers 3 et4 et splendides vers de chute.

   Arielle   
28/3/2014

   Acratopege   
30/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà un poème lutin qui honore toutes les Margot, tous les poëtes d'Alexandrie ou d'ailleurs en s'en moquant avec facétie. J'ai beaucoup aimé, piètre lecteur de poèmes, le rythme balancé des vôtres, qui évoque la démarche aguichante de votre muse s'en allant butiner de poëte maudit en rimailleur de la cloche. Bravo.

   Anonyme   
1/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Chère Arielle,

J'aime beaucoup cette habileté élégante qui donne à ta versification classique verve et profondeur. Ce n'est jamais forcé, mais toujours souple et fluide. Et même si je te préfère en la mauvaise compagnie de ces voyous de vers libres, je tien à saluer ici ton aisance et son humour.

   Ninjavert   
6/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une très belle idée, que de mêler dans un même texte un personnage de chair et de sang, Margot, et celui de l'Alexandrin. Improbable histoire d'amour, mais après tout les hommes tombent bien amoureux des mots, pourquoi les mots ne pourraient-ils pas aimer les hommes ? (bon, les femmes ici, et pas n'importe laquelle en l'occurrence...)

J'ai aimé le ton un peu badin, un peu léger, qui touche mine de rien à des sujets variés et -pour certains- sérieux.

Je ne m'intéresse pas à la poésie, mais je devine bien (pour en être parfois témoin ici) la virulence qui peut opposer les rimailleurs de tout poil sur ce que doit ou ne doit pas être la poésie.

Une critique qui par sa drôlerie et sa légèreté m'a rappelé le "schtroumpf vert et Vert schtroumpf" de Peyo. (Oui, bon, ben on a les références qu'on a, hein !)

Mais au delà de ça, le texte est joli et l'histoire d'amour qui occupe la seconde partie pleine de mélancolie. Pour continuer dans les évocation qui n'ont rien de poétique, dans la dernière strophe, quand notre vieil Alexandrin s'imagine Margot et ses jeunes amis rire de lui :

"Ils riront de concert en mimant le vieux fou
qui recompte ses pieds comme Harpagon ses sous."

J'y ai vu cette scène d'Amadeus (le film) ou Mozart se moque de Salieri devant ses amis, sans savoir que ce dernier est présent (et masqué).

Bref, un très bon moment de lecture qui m'a renvoyé à plein de choses, la preuve.

Petit bémol vis à vis du concous, le lien avec la chanson de Brassens me paraît quand même très léger : hormis les deux derniers vers, Margot aurait pu s'appeler Gertrude, Suzanne ou Madeleine, ça n'aurait pas fait une grande différence à mes yeux.

Merci !

   Robot   
7/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai été frappé par l'élégance des vers et la virtuosité du style. J'avais pensé à la chanson de Brassens en découvrant le prénom et la référence au corsage. Que dire de plus quand un poème vous charme à ce point et qu'en plus il est un hommage à l'un de nos grand poète de la chanson. Votre poème pour moi va être inclus avec d'autres dans mon anthologie de la poésie onirienne.

   Coline-Dé   
24/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Intrépide Arielle qui scie la branche mais s'assoit dessus tout de meme !!! Il est vrai que tu gardes un pied chez les voyous; un métissage des plus réussis sous ta plume.
Ca s'appelle le talent !

   jfmoods   
23/7/2016
Je te trouve bien modeste dans ton entête, Arielle !

Nous avons là, en effet, deux contre-rejets de toute beauté...

"... aérienne, Margot
dont il est amoureux plus qu'on ne saurait dire."

"… ses amis, ces maudits
racleurs de mots douteux et de louches écrits."

Cerise sur le noyau, contre-rejet + rejet...

"... en usent, s'en amusent
et, l'ayant humiliée..."

Chapeau bas !

Ton personnage est étonnant.

Avant de bifurquer sur Brassens et sa muse étrangement gaillarde, la poétesse nous invite dans l'univers de Molière par l'Avare. Cependant, elle fait aussi un subtil clin d'oeil à deux pièces plus graves du même auteur (personnellement, mes deux favorites).

La première de ces pièces, c'est "Le Misanthrope".

"Elle passe légère" rappelle immanquablement Célimène. Nous connaissons la propension d'Alceste à exécrer les bassesses de la nature humaine ("horde des voyous", "infâmes", "fanfarons", "douteux", "louches"), à se croire seul capable de noblesse ("fiers", "toise", "mépris", "ronchonne", "preux", "hardis"). En voyant les "racleurs de mots", on pense à la réception peu amène du sonnet d'Oronte. Le misanthrope se plaît à endosser le rôle de l'éternel persécuté ("Ils riront de concert en mimant le vieux fou").

La seconde pièce, c'est "Dom Juan".

La "rapière" évoque immédiatement le célèbre poème de Baudelaire sur le trajet vers les enfers du personnage éponyme. Le groupe verbal "damner les bigotes" épouse l'intention du libertin de circonvenir, par tous les moyens, l'inflexible Elvire, d'obtenir l'abandon total d'une femme avant d'entraîner celle-ci à sa perdition.

Merci pour ce partage !


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