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Poésie libre
BAK : De mémoire en oubli
 Publié le 04/06/10  -  14 commentaires  -  1284 caractères  -  286 lectures    Autres textes du même auteur

Un amour de grand-mère...


De mémoire en oubli



Dans cet ascenseur qui va aussi vite qu’un slow,
Tu me salues d’un civil « Monsieur »,
Me prenant pour un quidam ou quiconque :
Ta mémoire clopine et cloche,
Te mène en bateau.
Grand-mère,
Le poids des années épointe tes facultés,
Gâtées par l’enfilade des saisons ;
Tes méninges sont un herbier
Auquel on a fauché quelques feuilles.
Tu manifestes encore un peu de malice
Avec tes yeux polissons,
Tes persiflages et autres moqueries.
Mais l’étiolement a l’heur de t’étreindre :
Tu ne jettes plus guère ton bonnet par-dessus les moulins…

Dis Mamie, j’ai revu la Sarraudie.
Enfin, ce qu’il en restait…
La bâtisse supplie bien plus qu’un lange :
Décatie, passée, poussiéreuse,
L’âge et la végétation la rongent et la ruinent,
Implacables et insensibles.
La vie s’y accroche mais s’essouffle,
Je n’ai osé lui sonder les reins et le cœur…

Au mieux, tu bisses tes questions,
Quand tu ne les triples pas.
J’observe pudiquement ton amnésie,
Qui ne peut se voiler de distraction ou d’étourderie…
Lucidement.
Je sais.

Mamie,
Es-tu en hiver 1930
À marcher en sabots sur les sentes,
Ou reverras-tu le printemps ?


 
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   Anonyme   
10/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
La lecture de ce texte me laisse perplexe. On y décèle l'affection éprouvée mais je ne suis pas persuadé qu'il s'agisse d'une poésie libre... en prose peut-être. Sincèrement je pense qu'il y aurait là matière à écrire une petite nouvelle. En tant que poésie voici ce qui à mon humble avis ne va pas :

« Me prenant pour un quidam ou quiconque » : ce quiconque et ce quidam ne font pas bon ménage.

« Le poids des années épointe tes facultés, » ici épointer me semble trop... incisif. IL n'est pas tendre.

« Tes méninges sont un herbier
Auquel on a fauché quelques feuilles. » : faucher les feuilles d'un herbier ? Sauf à penser qu'il s'agit des feuilles d'un cahier. Confusion donc.

« La bâtisse supplie bien plus qu’un lange » je n'ai pas compris (un lange). http://www.cnrtl.fr/definition/lange

Il y a quand même de l'émotion qui passe.

   Anonyme   
4/6/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a une manière de prendre les radotages (peut-être Alzheimer) avec une bonne pointe d'humour, d'espièglerie.
Franchement j'adore cette manière de le dire. L'auteur ne tombe pas dans le larmoyant, la pitié et la cucutrie qui va habituellement avec, dans ce genre de thème abordé.
C'est vif, alerte et enjoué.

Bref, je trouve ça bon.

   Lunastrelle   
25/5/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime, que ce soit le ton de la plume, la manière dont c'est amené... J'ai eu peur au début de ne pas accrocher, avec ce vers là que je trouve moyen:

"Me prenant pour un quidam ou quiconque"

Je ne sais, pas, j'ai eu une drôle d'appréhension... Mais au final je ne regrette pas ma lecture... On a le sourire jusqu'au bout, on est avec le narrateur, et on voit les instantanés de vie avec lui...

Merci pour ce moment agréable, je retiens particulièrement:

"Grand-mère,
Le poids des années épointe tes facultés,
Gâtées par l’enfilade des saisons ;
Tes méninges sont un herbier
Auquel on a fauché quelques feuilles."

"La vie s’y accroche mais s’essouffle,
Je n’ai osé lui sonder les reins et le cœur…"

"Mamie,
Es-tu en hiver 1930
A marcher en sabots sur les sentes,
Ou reverras-tu le printemps ?"

   Raoul   
5/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quel texte!
J’aime ce texte de chronique familiale, la justesse de son ton, cette sorte de “rudesse d’expression”, qui me fait ressentir une certaine maladresse tendre.
Ici, pas de lyrisme, pas de chantournage de langue, de préciosité, mais une exigence de droiture dans le vocabulaire et le style toujours ténus.
On ne glisse jamais, ni dans l’effusion, ni dans la caricature, ni dans la joliesse désuète ou naïve.
La structure des vers est simple, libre, et les choix affirmés.
La progression du “grand-mère” légèrement distant, respectueux, au “Mamie” est bien faite, elle permet au lecteur de s’inviter dans le texte avec l’auteur sans pour autant avoir le sentiment d’être voyeur.
La strophe 2 introduit, par cette fenêtre dans le huit clos, quelques bouffées de mémoire que cette “Mamie” n’a plus, et aussi, particulièrement dignement exprimées, des relations grand-mère/petit fils pas forcément simples.
Dans un soucis de chipotage, et pour finir, j’aurais “préféré” (façon de parler bien sûr…):
"Dans cet ascenseur aussi lent qu’un slow", de même, un : "À marcher en sabot par les sentes,".
Ce type d’écrit m’évoque irrésistiblement le Jules Renard diariste de «La vie n'est ni longue ni courte ; elle a des longueurs.», et je suis sévèrement touché par la justesse de ce poème, par son impudeur d’une pudeur extrême.
Merci beaucoup pour cette lecture.

   shanne   
5/6/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Dans cet ascenseur qui va aussi vite qu'un slow...oui, à chaque étage, nous perdons tous quelque chose, le corps vieillit.
J'ai aimé: Tes méninges sont un herbier, auquel on a fauché quelques feuilles, ces vers représentent bien la perte des facultés mentales et nous sommes là, impuissant à freiner cet ascenseur, à regarder, à percevoir quelques traits de caractère qui subsistent encore
Un texte touchant, bravo et merci pour cette lecture
.

   Chene   
5/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Bak

Un poème avec une belle justesse de ton, sans pathos exagéré, mais empreint de tendresse et de compréhension.

Quelques remarques :

"quidam ou quiconque" une formulation qui me semble assez redondante.

"La bâtisse supplie bien plus qu'un lange", j'avoue ne pas saisir le sens de ce vers.

Sur le phrasé : ma remarque concerne essentiellement la première strophe. La multiplication des "tu, tes, ta" accentuée par leur positionnement en début de vers n'est pas du plus bel effet poétique. Il me semble possible d'alléger l'ensemble avec un phrasé déstructuré, mais il faudrait revoir la forme choisie du "simili dialogue" de cette strophe.

En revanche, j'ai apprécié particulièrement :
"La vie s’y accroche mais s’essouffle,
Je n’ai osé lui sonder les reins et le cœur…"
et la dernière strophe comme un point d'orgue.

Merci pour ce partage poétique.

Chene

   brabant   
6/6/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour BAK,

Alzheimer bien sûr, un "alzheimer" débutant, pas encore méchant, qui engendre une nostalgie plus douce que douloureuse.
le texte bisse comme l'amnésique:
"quidam" et "quiconque", "clopine" et "cloche" peuvent sembler proches par le sens. définition, confusion, hésitation.

J'aime dans le même ordre d'idées:
"Tes méninges sont un herbier
Auquel on a fauché quelques feuilles.
... ...
Mais l'étiolement a l'heur de t'étreindre:
Tu ne jettes plus guère ton bonnet par-dessus les moulins..."

Vous persistez à chercher "un peu de malice" dans les yeux là où vous percevez probablement un début d'égarement. Car jadis ces yeux étaient polissons et persifleurs. Vous vous raccrochez manifestement à un passé heureux pour tenter de vous réconforter, en essayant de l'imposer comme présent. Mais vous n'êtes pas dupe.


La suite du poème est un constat assez impitoyable où vous levez enfin le voile.

Pour conclure, si elle est encore là physiquement, Grand-Mère n'a irrémédiablement plus toute sa tête. La dernière strophe est d'une grande pudeur et d'une extrême élégance:
"Mamie
Es-tu en hiver 1930
A marcher sur les sentes,
Ou reverras-tu le printemps ?"


PS: Je n'ai pas saisi le sens du vers suivant:
"La bâtisse supplie bien plus qu'un lange:
..."
La suite ne m'a pas éclairé.

   Anonyme   
6/6/2010
Un phrasé un peu autoritaire, du coup j'ai cru qu'on m'obligeait un peu : à apprécier, à lire. J'ai trouvé l'ensemble de bonne facture mais un peu sec. Le fond est intéressant mais la forme, moi, je peux pas accrocher. J'ai peut-être tort mais je me sens forcée, conduite, ça me pousse à éconduire parce que ce genre de style me donne l'impression, ce n'est peut-être qu'une impression d'être dirigiste. Pourtant l'histoire est belle.

   David   
18/6/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour BAK,

Un poème étonnant... bon, c'est un peu cavalier, désolé, mais après ma lecture, j'ai pensé à une blague potache que je vais reproduire rapidement pour la compréhension, elle n'a donc aucune lien sur le ton avec le poème, je ne me moque pas :

Un enfant demande à son jeune frère s'il a déjà entendu leur grand-mère faire le loup, il lui montre en s'adressant à elle :

- Mamie, depuis combien de temps tu n'as pas fait l'amour ?
- Houuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu

C'est une blague de cour de récré, mais ça m'a révélé la poésie que je trouvais dans ce texte, aux accents bien plus sombre parfois. La "grand-mère" est décrite de façon singulière, je disais "sombre" pour la froideur du début par exemple, et ce mot "slow", il est très difficile de se représenter le narrateur, mais il semble bien parlé par moment de cette "grand-mère" comme d'un ancien amour... ingrat. C'est plein de colère sourde j'ai trouvé, de pudeur aussi, une alchimie assez prenante pour cette femme en perspective par les yeux de celui qui la regarde.

La fin, la date, est aussi un moment particulier, tout une histoire, romance ou bien plus, semble s'être dessiné jusque-là, inaccessiblement.

Ce ne sont pas les premiers mots à lire sur ce thème-là, mais je les trouve très forts.

   Lariviere   
19/6/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà un texte qui me plait !...

Si j'avais à attendre une quelconque renaissance de la gouaille et l'esprit Villonien, je verrais, avec l'évolution des temps et des moeurs, les repreneurs de flambeaux écrire avec une écriture similaire. Ce texte est d'une drôlerie aussi subtile que malsaine, mais l'humour noir et l'esprit de dérision en font oublier la violence et la sècheresse du ton.

Le thème, qui pourrait être aussi banal qu'il peut être là "contemporain" (nous parlerons d'une grand mère "gâteuse" ou touché par la grâce d'Alzheimer...) est mené d'une très belle écriture et d'un rythme "jouissif".

Les images, les métaphores et les comparaisons sont pour moi, de grandes qualités par leurs tons et leurs originalités irrévérencieuses.

Comme exemple, je donnerais ce passage :

"Le poids des années épointe tes facultés,
Gâtées par l’enfilade des saisons ;
Tes méninges sont un herbier
Auquel on a fauché quelques feuilles."

La fin est très efficace.

Bravo à l'auteur pour son (auto)dérision et la qualité d'ensemble de son travail !

   Claudem   
19/6/2010
 a aimé ce texte 
Pas
Sur le fond ce poème me dérange profondément.
Je ne comprend pas cette prise à partie, aucune justification ne serait-ce qu'allusive ne transparaît (à moins que "la Saraudie" soit cela)... et cela me conduit à penser qu'ici le cynisme exécrable l'emporte.
Et à moins que l'auteure ne s'évoque elle-même je ne vois pas où est l'autodérision.
La forme est acceptable.

   Anonyme   
19/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai souri mais avec une pointe de tristesse. Puis Il s'est éteint (mon sourire) comme les facultés de la grand mère. Il y a beaucoup de sensibilité et de pudeur. Le rapprochement fait avec la lente décrépitude de la maison ajoute à l'émotion.
Juste un petit bémol (mais trois fois rien) : "Me prenant pour un quidam ou quiconque" un peu rugueux à mon goût.

Et la fin :
Mamie,
Es-tu en hiver 1930
À marcher en sabots sur les sentes,
Ou reverras-tu le printemps ?

Le cœur se serre.

   tibullicarmina   
30/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime beaucoup ce texte tendre et ironique (ou bien "ironirique", sic). J'apprécie moins sa mise en forme. Ce poème n'a pas le rythme de vers libres, il a celui d'une excellente prose. Un exemple au hasard:
"Dis Mamie, j’ai revu la Sarraudie.
Enfin, ce qu’il en restait…
La bâtisse supplie bien plus qu’un lange :
Décatie, passée, poussiéreuse,
L’âge et la végétation la rongent et la ruinent,
Implacables et insensibles.
La vie s’y accroche mais s’essouffle,
Je n’ai osé lui sonder les reins et le cœur…"
Je ne lis pas cela différemment d'une prose, je n'arrive pas à mettre un rythme sur ces vers, sinon le rythme de la prose.

Un peu déçu, donc. Et puis le "quiconque" est de trop.
Amusante et bien vue, la mise en parallèle de la masure avec la vieille femme.

Merci tout de même pour cet poème pudique et assez émouvant.

   Anonyme   
4/8/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
J'ai trouvé à ce texte un côté très naturel qui me l'a rendu étonnamment vivant et émouvant. Il est rédigé de façon très simple, mais touchante, et surtout avec beaucoup de tendresse.

J'ai lu bien des textes sur cette maladie, il en faisait toujours de trop. Je la vois cette grand-mère, dont la mémoire peu à peu se dégrade, s'altère. J'aime comme vous amenez la description de cette demeure, elle aussi s'étiole, s'abandonne, cela vous émeut "je n'ai osé lui sonder les reins et le cœur". Puis retour, auprès de cette mamie, sublime strophe :

" Au mieux, tu bisses tes questions,
Quand tu ne les triples pas.
J’observe pudiquement ton amnésie,
Qui ne peut se voiler de distraction ou d’étourderie…
Lucidement.
Je sais. "

Et puis là encore,

" Mamie,
Es-tu en hiver 1930
À marcher en sabots sur les sentes,
Ou reverras-tu le printemps ? "

Par cette strophe-ci vous m'avez ramené vers une petite dame de mon quartier qui était atteinte de cette maladie, parfois lucide, parfois absente, quand nous étions en hiver, elle se croyait en été, sortait légèrement vêtu, attendait sa ville dans la rue qui allait sortir de l'école, (sa fille a une quarantaine d'années).

Vous avez écrit là un très beau texte, j'en ai pleinement apprécier le fond tout comme la forme. Ce texte m'a complètement embarqué, il est d'une belle lucidité, bouleversante.


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