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Poésie libre
brabant : L'emparouste
 Publié le 27/08/09  -  16 commentaires  -  2879 caractères  -  252 lectures    Autres textes du même auteur

"In memoriam Hominem". Agonie cubiste...
Un homme marche en s'aidant d'une canne au long cours d'une route de campagne en faux-plat, sur fond tourmenté de moulins des Flandres, entre dénégation, révolte et abandon. Marcher journellement est la condition de sa survie. Le Mal et ses légions l'assaillent en tourbillonnant.
À Henri Michaux, Stephen King et aux... "faucheux", les opilions et les tipules, annonciateurs d'apocalypse.


L'emparouste



L'homme cheminait d'un pas lent et mesuré
Appliqué
Poing fermé
Sa chienne noire
Moire
Élancées de mémoire
Histoires de gloire éveillées
Miroir tronqué
Le soûlait de voltes et virevoltes
Tantôt devant à ne pouvoir l'appeler,
Tantôt derrière déflorant les fossés,
LÉGION !
L'homme cheminait au devant d'un horizon borné
Buté
Intimé !
Destin figé.
Deçà delà il percevait un souffle ahanant
Qui n'était pas celui des moissonneurs
En porte-à-faux
De l'été émasculé
Les opilions évanescents
Sur le qui-vive outrecuidants
Et les tipules trompetées aux ailes abandonnées
Sentinelles impavides
Vibrionnent, fi brillent et se mutilent
Aux angles des huis et des chambranles brinquebalants de sa cervelle pivotante
Calfatée de "peut-être" occultés
Faute de mieux !
Catafalque entrebâillé
Cataplasme de fortune
Ce souffle était fétide tel celui du lisier acide, avide,
Crack ivre aux ferments cyanhydriques
Que l'on épandait sur les champs oppressés
Moult fois retournés, maintes fois cultivés,
Où noircissaient quelques grains humides que la gent ailée
Emportait
Butin précaire
Des glaneurs s'arrachaient les brindilles délaissées,
Oubliées,
Tandis que le fermier prospère ensemençait ses filles
Engrossé par des sillons d'enfants
L'homme cheminait
Guignant son chien qui commettait des vétilles
Que le laboureur eût désapprouvées
Et ce souffle putride lui hérissait la nuque
Mais la Chose qui le tançait ne pouvait l'approcher
Lance un croc-en-jambe à intervalles échancrés
Ahan !
Où le pied était en serre d'aigle
Blessé
Atrophié
Ahan !
LÉGION !
Le cœur lutte,
Surfe sur l'abîme
La vague écrêtée se délace
Les gnomes ignominieux agonissent aux gémonies voués
Le vent a déchiré les membranes utérines
Les ailes des moulins qui béent sont en berne
Voliges en échardes de charpie hérissées
Haillons de placenta griffé
Ciel avorté !
DIEU !
Était-il inconscient cet homme cheminant,
Entêté
Stupéfait, inquiet,
Confus
Fiché d'un cerbère velléitaire !...
Cerné.
AU PIED !
Il poursuivait sa route incendié de dépit debout contre le vent
Humilié, fiévreux,
Révolté
Sans jamais se retourner il affrontait les bourrasques
Et le vent courbait l'échine comme jamais auparavant
L'homme le transperçait renversant la tempête rameutée
LÉGION !
L'homme cheminant fulmine au-devant de l'horizon borné
Hébété, sporadique,
Sonné
Flanqué de son chien
Poing serré
Se balance comme un enfant autiste
Stoïque
EN PÉTARD CONTRE LA MORT
OBSTINÉMENT

SEIGNEUR ! AYEZ PITIÉ !


 
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   jaimme   
27/8/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai lentement, comme l'homme cheminant, et longuement relu ce texte surprenant par sa forme et par son thème.
La première lecture m'a laissé désarçonné et le premier ressenti très confus. Puis j'ai lu attentivement le prolégomène. Nécessaire.
Michaux: son ether et sa mescaline. J'ai cherché opilions et tipules.
Et petit à petit s'est dessinée une image assez claire de ce cheminement insensé et apocalyptique.
Les légions de l'enfer se pressent autour de cet homme halluciné par le désespoir.
L'impression générale n'est pas négative, loin s'en faut. Et les références littéraires justifiées. Ce texte nécessite un effort (parfois très important, trop même) du lecteur.
Plus en détail: il manque, à mon avis, une virgule importante après "Moire" (référence à Moira). Le manque presque total peut se justifier, mais c'est difficile à lire. J'ai été arrêté par les mots "dépit" et "en pétard" qui me semblent trop légers dans ce contexte.
En revanche j'ai aimé l'image de l'autiste et celle du destin figé qui sont à la hauteur du thème.
Le passage que j'ai le moins compris est celui du fermier. Brabant nous en donnera plus tard la signification, j'espère. Ou d'autres lecteurs la décrypteront pour moi.
Au total, un texte lourd, par son thème et par sa forme (voulue je pense). J'aime l'image globale et une partie du traitement (dans un thème aussi lourd j'aurais voulu plus de mots - pas tous- pesants)

edit: je reviens et j'ai quand même un reproche global à faire. Je suis trop souvent heurté dans ma lecture par cette enchevêtrement de vers très recherchés et de mots du vocabulaire simple (et ils sont souvent bien choisis). Quelques exemples qui appelleraient plus de simplicité: " sur le qui-vive outrecuidants", "Les gnomes ignominieux agonissent aux gémonies voués". Alors que dans le contexte j'aime: "Voliges en échardes de charpie hérissées". Tout est une question de ressenti, de toute évidence, mais ce ressenti doit être uniforme pour en faciliter la lecture.

   Raoul   
27/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte fort à dire en marchant assurément!
J'aime beaucoup ces chevauchements, le déroulé d'idées qui défile sous nos yeux, les injections de harangues révoltées et de suppliques aux Dieux aux ancêtres mythiques…
J'apprécie aussi beaucoup la justesse, la variété et la richesse (leur chargé aussi) du vocabulaire, je n'y vois pas de "lourdeurs" pour ma part.
Je ferais juste une réserve sur une facilité de glissade entre "moissonneurs" "porte à faux" et "émasculé", mais tout le reste est pour moi vraiment fort, jamais convenu et toujours percutant.
Beaucoup aimé cette lecture.
J'en redemande.

   Anonyme   
27/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est un texte beau et complexe, peut-être un peu trop long.

J'aime bien le ryhme général (alternance de vers courts et longs), le vocabulaire recherché, les interjections (LEGION !), les images insolites...

Un beau travail sur les mots, bravo !

   LeopoldPartisan   
27/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà un bien curieux texte, comme on n’a pas très souvent l’occasion d’en lire. C’est à la fois très rustique et avant-gardiste au sens où il est très similaire à ce qui s’est écrit dans l’immédiat après première guerre. L’on y retrouve la rage née de cette immense connerie et de ce effroyable gâchis en vie humaine, en force vive et en talent irrémédiablement enseveli sous cette terre, que l’auteur nous rend presque palpable jusque dans les remugles des tranchées à peine refermées.

« Fume c’est du belge » n’est pas non plus usurpé, tant le caractère flamand, brabançon et pour ceux qui connaissent « Hesbignon » est magnifiquement illustré.

Si par moment la colère froide m’a fait pensé à du Louis Ferdinand Céline, c’est surtout la peinture de Constant Permeke que m’évoque brabant. Ne pouvant illustrer mon commentaire par un lien, j’invite ceux que cela intéresse à le visualiser par eux-mêmes. Ce texte trouve aussi ses équivalents dans la poésie expressionniste flamande et là aussi je vous invite à le découvrir, chez l’anversois Paul Van Ostaijen, dont vous trouverez l’intégrale en tapant dans google « Paul Van Ostaijen Bezette Stad » .
La rage de brabant est égale à celle d'Ostaijnen qui connaîtra pas mal d'ennui avec les milieux patriotes et pas extension francophones (le péléreniage de l'Yser qui aujourd'hui est une tribune nationaliste extrémiste fut au départ une organisation pacifiste où les milieux intellectuels avant-gardiste étaient partie prenante. Mais on s'éloigne...
Quelle force de trait, quelle inventivité. Bravo.

   ristretto   
27/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonsoir

je n'ai surement pas tout compris à ce poème si dense,
mais dès ma première lecture ( trop matinale pour écrire ) la force de tes mots m'a fasciné.
acharnement et volonté, vivre malgré tout

je ne peux pas citer tous les passages qui me restent collés aux yeux

une écriture très personnelle et percutante
merci

   Anonyme   
28/8/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte intemporel et à l'espace illimité. La scène aurait aussi bien pu je pense se passer en zone urbaine. Un texte universel en quelque sorte, une belle parabole en tout cas.

Il faudrait que tu m'explique quand même le terme d'"emparouste", car sur google il n'y a pratiquement que ton texte avec ce mot. : )

"Les gnomes ignominieux agonisent aux gémonies voués"
voué(e)s non ? Et tant bien même qu'il s'agisse des gnomes qui sont voués, alors manquerait-il au moins une virgule.

Sinon je n'ai pas du tout aimé (dans ce contexte) : "Crack ivre aux ferments cyanhydriques" hors contexte justement selon moi. ça tâche grossièrement ici. Non pas que le vers soit à proprement parler mauvais. Mais rien à faire ici selon moi.

Je ne connais pas le "cubisme" en matière de poésie et vous êtes deux ou trois à avoir proposé cette démarche.
Je ne comprends pour l'instant pas ce style mais ça évoque chez moi une certaine curiosité. (Enfin s'il s'agit bien là d'un texte cubiste)

   David   
5/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Brabant,

Il y a quelque chose de véhément, j'y verrais presque une folie mystique pour cet "emparouste", en tout cas une belle énergie dans les vers.

   Anonyme   
5/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour, Brabant,

Je découvre tardivement l'Emparouste. J'aime beaucoup ce terme, même si je n'y ai rien compris.
J'aime aussi le rendu que vous avez pu faire de cet homme trébuchant. Le rythme du texte est à son image. Leopoldpartisan a cité Céline, qui m'est également venu à l'esprit, du fait du thème : on peut imaginer un soldat revenant de guerre... "histoires de gloires éveillées", dans un temps qui n'est plus, comme pourrait le suggérer le passage du fermier et des glaneurs. Les interjections sont céliniennes également.
J'ai parcouru vos éclairages sur ce poème, avant de lire celui-ci (mais qu'est-ce qui m'a pris ?). Je l'ai donc abordé avec des images mentales qui ne m'appartenaient pas vraiment, en tant que lectrice naïve. Pourtant, il m'a emmenée dans un autre univers, je vous l'ai dit, celui de la guerre. Mais la lutte contre la maladie est une guerre intime, bien sûr.
Comme d'habitude, il faudrait que je dépasse mes commentaires émotionnels pour pointer ce que j'ai aimé, ou moins aimé. Quelques tournures me gènent, car elles coupent selon mois la musique du texte : "guignant son chien qui commettait des vétilles que le laboureur eût désapprouvées", par exemple. Mais arrivée au bout du poème, je les oublie pour ne garder que l'impression, dans les deux sens du terme : vous avez su imprimer votre frère dans ma mémoire.
Ha, oui : moi, "l'été émasculé", j'aurais voulu le trouver avant vous ! Je trouve également que le passage "Deçà delà il percevait un souffle ahanant - Qui n'était pas celui des moissonneurs - En porte-à-faux - De l'été émasculé" est très judicieux compte tenu du thème.
Je m'arrête là, il y a beaucoup à dire.
Pour les passages sur lesquels j'ai buté de temps en temps, je ne note que très bien +, mais vous aurez compris que j'ai aimé. Merci !

   Anonyme   
16/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Brabant invente "l'emparouste"... Comme Vian la trompinette...
C'est quoi donc, un emparouste? Un occitan qui a la mandale facile?
C'est un poème très dense (alitérations, recherche de sonorité, jeux de mots...) et un poil long à mon goût.
Toutefois j'ai apprécié.
Certains emplois assez osés, comme "l'été emasculé" ou assez tordus comme "Crack ivre aux ferments cyanhydriques" et pis si "le vent se met à déchirer les membranes utérines" alors...!
Sinon, "en pétard" contre la mort? juste "en pétard"? Je trouve cette expression un peu particulière mais bon.

Change de l'ordinaire..

   Togna   
30/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Difficile à lire parfois pour moi, ce n’est pas un style que j’affectionne, mais son vocabulaire est riche et précis. Et puis, cette allégorie très visuelle, obstination touchante pour échapper à la mort, me plait beaucoup.
Et j’ai appris deux noms : opilion et tipule. Merci Brabant.

   ANIMAL   
12/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte puissant et plein de rage, rage de vivre, rage de devoir mourir peut-être, sûrement.

Il y a un souffle épique dans ce poème qui ne peut laisser indifférent, qui se hurle plutôt qu'il ne se récite.

Juste ce vers qui me semble moins dans le ton car il sonne trop "moderne" à mon goût :

"Crack ivre aux ferments cyanhydriques"

Un poème à lire et à relire pour vibrer à l'unisson de ces vers dantesques.

   Flupke   
9/9/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Brabant,

Un poème dynamique, le vent de la révolte souffle fort, triomphe presque.
Ça me parle, car j’ai pendant des années marché deux heures par jour (et donc il y a de la subjectivité dans mon appréciation).

Beaucoup aimé :
Aux angles des huis et des chambranles brinquebalants de sa cervelle pivotante
Calfatée de "peut-être" occultés
Faute de mieux !

« Les ailes des moulins qui béent sont en berne » ce « qui » au milieu est-il absolument indispensable ? Un formulation alternative donnerait peut-être plus de fluidité.

La fin claque joliment bien.

Amicalement,

Flupke

   tchouang   
7/3/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
bonjour brabant. vous me demandez ce que je pense de ce texte. je crois ne pas être bien placé pour le commenter, car votre texte est truffé de mots rares et de références savantes qui dépassent de loin mon "érudition" : emparouste ; opilions ; tipules ; Calfatée ; Catafalque ... en général, je suis plutôt un apôtre de la simplicité et de la limpidité et votre texte est très dense et parfois alambiqué. mais je reconnais le travail indéniable sur la langue : richesses des sonorités ; vocabulaire soutenu ; allitérations ; assonnances ; travail sur le rythme aussi. votre homme marchant envers et contre tout me fait un peu penser au molloy de beckett ou aux silhouettes de giacometti, sauf que le dernier vers dénote une foi en dieu qui n'appartient pas à cet univers. bon, oui, c'est un texte tout à fait honorable, mais pas exactement dans le registre qui me touche le plus ...

   Bidis   
22/4/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je n'aurais rien compris à ce texte si, après l'avoir tout de même trouvé beau avec tous ces mots enchanteurs qui emportent comme le vent, je n'avais été consulter le forum y consacré.
Après éclaircissements, je le trouve en plus fort émouvant.

Je n'ai pas aimé le vers :
"Guignant son chien qui commettait des vétilles
Que le laboureur eût désapprouvées"
d'abord un participe présent qui alourdit toujours, le mot "vétilles" tout faible dans un texte si fort, et ce "désapprouvées" lourd et faible à la fois...

   Vincente   
21/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Par le hasard des chemins vagabonds, et en tirant doucement sur un fil d'échanges Oniriens, je suis tombé ici sur une réjouissance poétique comme l'on en espère aux coins des promenades.

De la fougue dans le style et la dramaturgie, de la sensibilité dans le regard et la perspective ; vraiment une très forte lecture.

   leni   
22/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour brabant qui revient de senglar

On vient sur terre pour cheminer sa vie avec son chien en luttant pour
vivre Sa chienne parfois devant parfois derrière
Cet homme cheminait devant un horizon borné Il guignait son chien qui
commettait des vétilles Etait--il conscient entêté stupéfait inquiet confus fiché d' un cerbère velléitaire
AU PIED! MOI J'entends le promeneur gueuler AU PIED LA VIE
Cet homme en ballade bouscule son passé et il décline ce qui lui passe
en tête Ilsaute du coq à l'âne comme on le fait chez le psy et il gagne
le tiercé dans le désordre Lui revient sa culture et des tas d'images
poétiques qui se bousculent aux portillons de ses neurones
Il poursuit sa route contre le vent Le vent courbe l'échine ET le promeneur fulmine flanqué de son chien Il est en pétard contre la mort Ayez pitié SEIGNEUR Nous venons d'assister à une tempête
neuronale Je vais maintenant me régaler des images et enrichir mon vocabulaire Brabant dis-moi si je suis à côté de la plaque AMITIES

LENI


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