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Poésie en prose
gage : Éoliennes, effet du soir
 Publié le 25/12/21  -  7 commentaires  -  2053 caractères  -  98 lectures    Autres textes du même auteur

Éoliennes, labours givrés et état d'âme.


Éoliennes, effet du soir



Il ne faut pas se fier à la douceur incongrue d'un dimanche après-midi d'hiver, ne pas se fier à la lumière rosée qui distille sa paix illusoire sur les prés poussiéreux.

Tu gravis à pas comptés le chemin de terre. C'est la saison où il y a le moins de parfums. L'herbe est givrée à l'ombre des bosquets, la ligne à haute tension crépite au-dessus de toi, un vrombissement caractéristique te parvient déjà de l'autre côté de la colline.
Pour une fois tu ne les verras pas juste en passant, de l'autoroute ; pour une fois tu pourras les contempler longuement, t'imprégner de leur danse, poser les yeux sur l'ampleur de leur mouvement.
Tu sais qu'en arrivant par ce versant du plateau tu auras le plaisir de les découvrir soudainement : impérieuses, magistrales, invincibles. Elles rempliront tout l'espace et, laissant glisser ton regard de l'une à l'autre, tu auras l'impression de passer un bataillon en revue. Soufflant de la buée par le nez, tu les imagines déjà, glorieuses et dociles.

En sortant d'un petit bois vite traversé tu as découvert le tableau. Il fallait que ce soit la plus proche, la première, ça n'aurait pas pu être l'une des plus éloignées, non. Il fallait que ce soit celle sur laquelle tu pensais déboucher, celle sous laquelle tu te réjouissais de t'avancer.

L’inconcevable.

L'éolienne disloquée gît dans les labours. Le crépuscule pressé te laisse encore deviner sa structure désarticulée d'arbre foudroyé. De part et d'autre, indifférentes, les autres poursuivent leur labeur d'ouvrières rigoureuses. Tes yeux passent de l'une à l'autre pour revenir toujours à la carcasse saccagée.

Incompréhensible.
Incompréhensible ?

Tu as déjà deviné. Me voilà effondré, de la terre plein la bouche, les membres douloureux et la nuque gauchie. La nuit passera sur la douleur, puis d'autres nuits encore. Laisse-moi. Pour le moment n'existe que la fraîcheur de la poussière sous ma joue. Et en moi, comme l'écho de la mécanique des pales, un battement sourd…


 
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   papipoete   
14/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
prose
Elles te fascinent tant ces éoliennes, que tu vois depuis la route, que jusqu'au pied de l'une tu as décidé de t'approcher, et alors...
NB un récit qui nous fait découvrir ces grands moulins modernes, qui brassent l'air tranquillement même si le vent souffle trop fort ( c'est peut-être une sécurité programmée ), et emporte sans polluer de quoi éclairer, faire tourner tout appareil ménager, et même recharger la batterie d'une " E-voiture !
Mais voilà, ces grandes silhouettes ne plaisent pas à tout le monde ; et notre curieux admirateur en fait ce constat " incompréhensible " ; l'une a subi l'outrage de ses ennemis, et gît au sol, démembrée...
Un sujet dont on a pas fini de parler, tant ces éoliennes sont pour Dame-Nature selon ses détracteurs, créatures assassines...
Pas de nucléaire
pas de charbon
pas de barrage

mais besoin d'électricité, encore et toujours plus grand besoin !
La découverte de l'endroit est amenée, tout en douceur, et le dénouement qui fait mal au coeur, est écrit sans fureur.
le passage " l'éolienne disloquée... " est mon passage préféré.
papipoète

   Marite   
17/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Etrange ce lien qui semble exister entre le narrateur et les éoliennes. Elles ont pris possession du paysage avec leur stature imposante, le mouvement de leurs pales accompagné d'un vrombissement régulier et incessant qui se répand alentour. Le dernier paragraphe m'a fait hésité ... est-ce une personnification de l'éolienne endommagée dont l'un membre git à terre qui s'exprime ou est-ce le narrateur en proie à un bouleversement intérieur ? Peut-être espérait-il recevoir de ces étonnantes créatures un élan, une force qui lui aurait permis de canaliser le flot de douleur qui l'a fait se coucher sur la terre et qu'il sait devoir subir encore plusieurs nuits ?
L'écriture de ce texte est-elle poétique ? Je ne saurais l'affirmer mais ce qui est certain c'est qu'il renferme une charge émotive.

   Anonyme   
25/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ayant identifié l'auteur en Espace Lecture, j'ai attendu la publication pour commenter ce texte intéressant mais, à mon avis, moins réussi que votre précédent sur le thème.

Le fragment
ne pas se fier à la lumière rosée qui distille sa paix illusoire sur les prés poussiéreux.
m'a fait tiquer car je le trouve trop chargé en adjectifs. Ce n'est pas grand-chose, toutefois j'ai ressenti une rupture d'équilibre, comme une surdéfinition des choses qui m'apparaît en porte-à-faux.

Ensuite ça va mieux, j'ai apprécié le suspense que vous ménagez lors de la montée de la colline. Mais à partir de
Il fallait que ce soit la plus proche, la première,
je retrouve le malaise fugitif du début ; le ton me semble beaucoup trop dramatique pour ce qui est décrit. C'est voulu, je comprends bien, seulement je ne marche pas malgré la préparation des deux paragraphes précédents, malgré l'élégance et la maîtrise de leur écriture.
Et puis votre choix de faire parler d'elle au masculin l'éolienne disloquée ("Me voilà effondré") m'embrouille, nuit à la fluidité du récit selon moi. Un détail, oui, mais dans un court poème en prose chaque détail compte…

Cela dit, je salue l'originalité du sujet et la qualité de l'écriture.

   Corto   
25/12/2021
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bizarre cette volonté de personnifier une éolienne. Non seulement elle s'impose dans le paysage de façon souvent incongrue (voire pire) mais elle pense, elle vit, elle rumine bref elle s'exprime.
Qu'y a-t-il de poétique dans cette vision d'un élément mécanique, dédié à la production d'électricité ? Qu'y a-t-il d'intéressant à constater un accident ou un sabotage ? à moins d'être membre de la PTS... Il faut faire un gros effort pour s'imaginer "t'imprégner de leur danse" !

Le choix du sujet parait bien pauvre. Le dernier paragraphe qui insiste sur la personnification de la chose ne me convainc pas. Le "effondré" au masculin parait déplacé si le personnage est féminin.

Avec mes regrets.

   gage   
27/12/2021

   Lariviere   
27/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour gage,

Pour ce second (deuxième?) opus qui ressemble beaucoup au premier sur la trame de fond comme sur la forme, j'ai eu l'image d'un don quichotte moderne et fatigué qui s'identifie lui même à ces moulins à vent...

C'est une image qui vaut ce qu'elle vaut, mais je crois avoir compris l'essence même de vos intentions... L'évocation de la campagne crépusculaire est très évocatrice. Votre prose est réussi selon moi...

Merci pour cette lecture !

   Queribus   
2/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Encore une bonne surprise en ce jour, en qui concerne la poésie en prose.. De premier abord, le sujet ne semble pas très original mais il est traité avec beaucoup d’habileté, un peu sous forme de versets. L'écriture me semble quasi parfaite avec un grand respect de notre langue avec le tableau vivant qu'est cette éolienne disloquée qui apparrait soudain mais qu'on attendait un peu.

Encore une fois bravo pour cette écriture et ce beau récit original
. Rien ne vous interdit de nous en faire d'autres du même genre.
En attendant, je vous souhaite une très bonne année 2022 en musique, en chansons, en poésie et surtout en bonheur.

Bien à vous.


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