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Poésie libre
ikran : Ma futilité
 Publié le 12/11/15  -  11 commentaires  -  2561 caractères  -  171 lectures    Autres textes du même auteur

« Ma naissance et ma mort, voilà toute mon histoire. Entre mon berceau et ma tombe, il y a un grand zéro. » – Napoléon François Charles Joseph Bonaparte


Ma futilité



La pluie badaude
Sur la berge écarquillée.
Et ce vent – ah !
Ce vent taraude
Ma futilité.

Les ombres de la ville s’étirent
Sur les murs
Jusqu’aux visages
Jusqu’aux étoiles tirées
Jusqu’à la difformité
Dorment sur la Garonne
Ventre ou monstre de cristal
Et l’eau passe.

– Vite fait les mains glaciales
– Aux sourires bleus les allumettes, youpi !
Une cigarette.

Les chiens tournent, dansent, tournent, chantent
Un kiosque, rumeurs de talons, puis talons

L’herbe est trop vaste, trop jaillie en paquets
Sur les balcons

Les autres galaxies nous lorgnent
Depuis les bars aux jupes succulentes
Aux plaintes altérées
Puis : aux dangers les mouvements, les bastingages de ténèbres

Vagabonds se coupent des tranches
De soleil couchant.
C’est la ville cathare, on a des siècles, des millénaires
Qui s’étirent
Sur les murs
Jusqu’aux étoiles tirées en fleuve
L’immonde pisse verte parcourt
La ville s’enfonce
Dans l’horizon se plante
Comme un bâton.

Jazz dans la contre-allée,
Petite place escarpée
L’ombre de la lune, où nous nous étions vus
Pour la première fois
Musique, incroyable cervelle clamsée dans les crachats
Tandis qu’un amour fou se dé com pose
Sur le ventre des femmes
Secouant la tête, s’ébrouant dans le siècle mou
Jouissant des menus de restaurants
Italiens, asiatiques, néons étoiles, dans la rue longue qui se plaint.
Ô longues nuits – geignez,
Théâtres – on le laisse le grand bâtiment, la bâtisse
À l’abandon plaintif des chiens
On boit des comètes fulgurantes.

On dit

"Quand la mort te prendra
Vers l’avril
D’un longtemps,
Surprise éclatera
D’un monde
Ahurissant.
Tu verras des éveils danser
Dans le ciel bleu et former
Des regards
Trop vrais
Entre tes yeux.

Quand la mort te prendra vois-tu, ne pleure pas ;
Quand la mort te dira tout ce que tu savais
Comme un baiser s’adonne
À ton âme
Effarée,
Ce sont tant de matins
Que tu regretteras !"

Et puis, on se souvient

Si nous étions des toits
Des toits
Des toits de briques
Des toits de bois
Broutant l’horizon
Alors nous irions
Parmi les mésanges
Dépecer les
Avions,
Et nous serions heureux.

Mais, ce n’est pas le cas.


 
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   Mauron   
28/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très beau texte, poème libre et maîtrisé qui me fait songer à la fois à Cendrars et à Laforgue. Mais qui reste tout de même très personnel. J'y sens, j'y vois, plus que "votre fultilité", une ville, Toulouse, à la fois présente et millénaire, à la fois vivante et portant en ses murs tant de passé. Et cela fait tourner la tête, et le temps, cela fait tourner les vers comme il convient, ce jeux de temps, du plus court aux plus longs (jusqu'aux comètes)...
Je pense aussi à Apollinaire dans Zone, qui erre dans Paris. ici, une promenade dans Toulouse. C'est beau comme du Nougaro... Mais je ne suis pas sûr que le titre convienne au poème. Je ne suis pas sûr non plus que ce soit bon de le faire se terminer comme cela. Ce sont des pirouettes, ce titre et cette fin qui vous empêchent peut-être de vous demander ce qu'est vraiment le sujet de votre poème, de quoi il parle... Il me semble qu'il y a comme un dialogue entre vous et votre ville, cette ville devant vous. Ces ombres qui passent sur les murs... Je ne sais pas mais il me semble que votre poème n'est pas fini... Zone d'Apollinaire était encore bien plus long et rhapsodique que le vôtre... Alors?...

   Bleuterre   
29/10/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'aime ce texte très visuel, où le lecteur est invité à suivre la promenade aussi bien physique que psychique du narrateur.
Il y a vraiment de belles images, de belles fulgurances et du rythme, la lectrice que je suis est tenue en haleine.
J'aime particulièrement l'image finale donnée dans la dernière strophe... si nous étions des toits... Il y a quelque chose qui me fait penser à Reverdy.
Par contre, j'ai une hésitation sur le dernier vers, est-il nécessaire, ne doit-on pas laisser la question en suspension ? On sent bien derrière tous ces vers que ce n'est pas forcément du bonheur qui est narré ici, même s'il y a des choses très belles, très nostalgiques, il y a aussi la noirceur, et l'ombre de la mort, qui au final, met en lumière quelque brefs instants de fulgurance.
Merci pour ce texte.

   Anonyme   
12/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai bien aimé ce poème, et tout particulièrement la dernière strophe. Distrayant, original ; une belle composition où foisonnent les images, servies par des bons mots.

Wall-E

   Anonyme   
13/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour ikran

Un titre étrange et intrigant, un incipit qui ajoute à la curiosité.
Et pour cette "futilité", je découvre un long texte, prenant, source de vertige, de ce bon vertige enivrant sans assommer; avec des flashs sur des lieux précis de cette ville mais aussi sur des temps anciens précis, et sur des détails quotidiens, jusqu'au reflet sur la voûte céleste.
L'eau bien présente n'est pas seulement à mon avis celle du fleuve, mais représente tous les liquides qu'ils soient preuve de vie ou de déchéance.

Puis vient ce "On"
" On boit des comètes fulgurantes." superbe !
Et ce "on" parle, évoque la mort le comble de la "futilité" ? Ou bien le doute de cette "futilité" ?

Le parti-pris du narrateur, après le rêve, en fin de texte : retomber sur une certaine réalité, je ne sais pas trop si
"ce n'est pas le cas" se rapporte à "nous serions heureux" ou "nous serions des toits...".

À lire et relire pour en savourer toutes les arcanes.

   Vincendix   
13/11/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Une première partie que je trouve nébuleuse,.
La berge écarquillée ?
Les étoiles tirées?
........................
Mais bon, ce doit être cela la poésie moderne, c'est comme certains tableaux que les visiteurs du musée admirent, découvrant une multitude de symboles à travers des formes bizarroïdes ou une teinte unique.
.......................
Je comprends un peu mieux à partir du ON DIT, sauf peut-être les toits qui vont dépecer les avions avec les mésanges?

   Lulu   
13/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Ikran,

votre texte est vraiment très beau.

Ecrire en poésie libre n'est pas si aisé. Bien souvent, on se heurte à un problème de rythme. Or, ici, dans votre poème, tout coule formidablement dans une belle fluidité et un rythme que j'aime beaucoup ; un rythme qui donne à voir autre chose que de la futilité.

Si la futilité, c'est la poésie, alors soyons futiles... Votre poème exprime beaucoup de l'esprit poétique que l'on recherche quand rien ne va. Il met du baume au coeur, donne espoir.

J'ai beaucoup aimé les images diverses que vous développez.

Mon seul bémol concerne la ponctuation. Je n'ai pas compris pourquoi vous mettiez des tirets à :
"– Vite fait les mains glaciales
– Aux sourires bleus les allumettes, youpi !"
De même, je n'ai pas aimé les deux points après "Puis" ("Puis : aux dangers les mouvements, les bastingages de ténèbres"). Vous pouviez les mettre sur votre brouillons, mais pas sur la "copie"...

Avec le rythme, c'est globalement le ton de ce poème qui me touche ("Et ce vent - ah / Ce vent taraude / Ma futilité").

Un sentiment de futilité qui j'espère n'aura pas tenu au contact des lecteurs que nous sommes.

   Anonyme   
13/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Visite guidée des dédales de la vie aigre-douce, comme dans une ville la nuit près de sa Garonne qui gronde.

Des images à foison, superbes, qui donnent envie de prendre la plume pour épancher autant d’émotions soulevées.

C’est la poésie que j’aime, Ikran. Pas du Nougaro, mais de la même veine, de la même "futilité". J’ai entendu rouler les galets dans l’accent.

Merci infiniment.

   cervantes   
13/11/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Peut-être est-ce l'âge, mais comme Vincendix, je ne comprends pas 80% du texte. Si j'en crois les credo de la poésie contemporaine, l'important n'est pas la compréhension, mais le ressenti...mais voilà je ne ressens rien, un peu comme en tentant d'écouter du Boulez ou du Messiaen.

la Garonne
Ventre ou monstre de cristal. ???

– Vite fait les mains glaciales
– Aux sourires bleus les allumettes, youpi !
Une cigarette. Quel rapport avec ce qui précède et quel est le sens?

Les chiens tournent, dansent, tournent, chantent
Un kiosque, rumeurs de talons, puis talon
Kiosque est COD des verbes précédents? Il manque un point après chantent? Quid des talons?

Les autres galaxies nous lorgnent
Depuis les bars aux jupes succulentes
Aux plaintes altérées
Puis : aux dangers les mouvements, les bastingages de ténèbre

Quelles autres galaxies? Les plaintes altérées des bars ou des jupes ou de qui? Puis : puis quoi? aux dangers? sur le même plan que aux plaintes, les mouvements de quoi?

Et ainsi de suite. Il me faudrait une heure d'explication pour chaque vers.

Désolé de ne pas rentrer dans cette syntaxe, ce français qui doit vous convenir ainsi qu'à beaucoup, d'après les commentaires.

   Anonyme   
13/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ce texte procure le même bonheur que procurerait la découverte d'un objet rare et singulier.
Chose remarquable, même si cela n'est pas vrai dans l'absolu, il ne semble embarrassé d'aucun héritage. L'écriture est libre, et que c'est beau !
Visuellement, le poème me fait penser à un long filet d'eau qui coule, comme coule la Garonne, et comme s'écoule le temps. Au milieu de tout ça, dans cette fuite en avant, vous vous raccrochez à des sentiments, des émotions, des lieux, des choses, qui seraient presque insignifiantes, ou 'bateau', si vous ne les réinventiez pas au moyen du langage. Je vois chez vous les mots comme des éclaireurs partant à la recherche de nouveaux territoires pour donner à voir et à ressentir autrement. C'est toute la force de votre écriture.
J'aime aussi vos petites marques de fabrique comme le 'Youpi' étonnant de ce poème que je rapproche du 'hop' du poème précédent. Il y en a d'autres.
Le final que je trouve particulièrement réussi, absurde et dadaïste, rappel le titre et inclus l'auteur dans le non-sens.
Je ne sais pas s'il existe dans les coursives compliquées du site un onglet 'favoris', mais j'en crée un mentalement et y dépose votre poème.
Merci Ikran.

   hersen   
13/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir IKran,
Texte très "prenant", je l'ai lu à plusieurs reprises avec à chaque fois cette impression de densité.
Je trouve magnifique cette façon de raconter une ville (Toulouse, je suppose ?)
Coeur de la ville, coeur de l'homme, temps d'hier et d'aujourd'hui.

Le tout se fond dans un passage, on sera presque heureux de regretter tant de matins.

La première strophe est impressionnante à la fois de simplicité ( chez moi c'est un compliment ) et de créativité.

merci.

   Raoul   
23/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je découvre (un peu tard, je l'admets) un poème fracassé très prenant, par son foutrac, par sa liberté, tout en glissades et en associations d'idées et volutes d'images dégagées des canons esthétisants et passéistes qui traînent couramment dans tous - presque - les poèmes contemporains.
Entre Garonne monstrueuse, bâtisses improbables, et chiens errants, le regards tangue, distendu, entre le vu, le ressenti et le souvenir.
Pas d'effets de langage, pas de recherche de forme - apparente - non plus, juste le bruit du ce qui (se) passe.
Une "caméra stylo" disait-on dans les années soixante pour parler d'un certain cinéma, là je crois qu'on pourrait dire qu'il s'agit d'un regard stylo se rapprochant du "roman graphique" actuel.
Beaucoup aimé.


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