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Poésie classique
LEO-P : La blessure
 Publié le 20/09/15  -  14 commentaires  -  2075 caractères  -  330 lectures    Autres textes du même auteur

Au rouge crépuscule, à l’heure de la mort.


La blessure



La balle a percé l’air, le canon fume encore.
Apollon embrassait le sein de Terpsichore
Sous les franges de sang d’un éventail en feu
Qui dévêtait le ciel de son corsage bleu.
Comme le dieu mordait la lèvre de la muse
Dans le fébrile élan de son ardeur infuse,
Une salive rose infiltrait l’horizon
Comme un rouge nectar mêlé d’un blanc poison,
Et fusant d’une longue et flamboyante entaille,
La lumière pleurait sur le champ de bataille.
Le soldat touché gît, sa gourde sur le flanc,
Et tourne les traits noirs de son visage blanc
Vers la fleur de la lune, à peine épanouie,
Qui regarde partir son âme évanouie.
Sur son poitrail gonflé de courage et d’orgueil,
La blessure palpite et s’ouvre comme un œil
Fardé d’hémoglobine et maquillé de poudre,
Profond comme un volcan qu’aurait creusé la foudre.
Un ruisseau pourpre trace un sillon dans le sol,
Et la lymphe et le sang s’y baignent dans l’alcool.
Les fluides mouvants prolongent l’injustice :
Une brume d’argent fume de l’orifice
Et semble rallier les paradis déserts
Tandis que le sang suinte au plafond des Enfers.
Son ultime regard, victoire des victimes,
Lance l’éclair du cœur qui condamne les crimes.
La fange pour cercueil, la ronce pour coussin,
Il dort et par sa plaie, il fixe l’assassin.
La culpabilité, tout à coup, enveloppe
Le meurtrier transi par le rouge cyclope
Et ne supportant plus ce regard trop vivant,
Le criminel s’abat et tombe dans le vent.
Vainement éternelle, éternellement vaine,
La vie a voyagé dans le flux d’une veine
Et s’éteint sous l’arceau de l’unique oméga,
Dans le delta vermeil du vierge seringa.
L’un est mort pour l’audace et l’autre par la honte
Mais c’est au même ciel que toute âme remonte.
Les pavillons nacrés d’un trousseau de glaïeul
Ornent le drap des dieux qui, devenu linceul,
Emmaillote les morts dans leur sommeil céleste
Et leur tombeau rougit le théâtre funeste.


 
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   Miguel   
3/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quelques images obscures, d'autres très belles et saisissantes ; les vers sont sonores et rythmés avec la gravité d'une marche funèbre ; la blessure était bouche chez Corneille ("Le Cid"), elle est oeil ici ; elle parlait métaphoriquement, ici elle regarde ; elle dictait le devoir, elle porte le reproche. la fusion du tué et du tueur souligne la vanité de la guerre et la fraternité des hommes qui se cachent derrière les soldats.

   Myndie   
4/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je suis très partagée sur ce poème .

Ce qui me gêne et m’empêche d’être vraiment touchée, c’est cette volonté quasi parnassienne de mettre en scène l’érudition à travers les mythes antiques. Je trouve cette démarche surannée et précieuse, pour ne pas dire pompeuse. Ce qui est bien chez Corneille, est inopérant ici.
Nul doute que, sans Apollon, Terpsichore, les dieux, les muses, le plafond des Enfers et le théâtre funeste, j’aurais pu être saisie par l’image de ce jeune soldat mort, avec la même violence qu'à ma première lecture du" Dormeur du Val », écrit sans effets de manches, mais d’une efficacité redoutable.

Cela étant, il faut bien reconnaître que le texte est magnifiquement écrit, dans le respect de la prosodie classique, rimes plates, masculines/féminines. N’étaient quelques défauts, tels ce vers de 11 pieds par exemple :
« les fluides mouvants prolongent l’injustice » ,
on croirait entrer de nouveau dans la Légende des siècles, non seulement grâce au style d’écriture ou à la richesse du vocabulaire, mais encore à travers certaines images qui m’évoquent l’univers hugolien (par exemple « l’œil »), voire par le choix du thème.
Alors, oui, je suis mitigée, parce que j’imagine sans aucun mal un tel talent poétique mis au service d’une poésie moins affectée.

   Mauron   
8/9/2015
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↓
Il me semble lire ici du Hugo... A quoi bon? A quoi bon refaire en moins bien ce que d'autres ont conduit à la perfection? Pourquoi reprendre des routes depuis si longtemps balisées? Cela dit, certains vers sont plus faibles que d'autres, celui-ci en particulier: "Les fluides mouvants prolongent l’injustice"... La diérèse nécessaire sur "fluides" pour que le vers ait 12 syllabes me semble dis-harmonieuse et le terme "injustice" à mon sens ne veut rien dire ici.
De plus, je ne vois pas ce que vient faire ici l'allusion mythologique d'Apollon et Terpsichore. Elle n'apporte rien et suggère qu'il pourrait y avoir un intermonde où les dieux festoient tandis que les humains décèdent. Mais rien dans le poème ne reprend à la fin ces vers du début qui semblent posés là sans nécessité. En tout cas ce début enlève toute réalité à ce qui suit, et qui fait plutôt penser à un épisode de la guerre de 70 ou de celle de 14-18. Disons que ce chromo mythologique transforme le tableau suivant en chromo historique. On a vu cent photos de ces cadavres ou de ces soldats blessés à mort.
Enfin, que le mourant "fusille du regard" de sa plaie celui qui l'a tué et que cette plaie cyclopéenne tue à son tour son meurtrier, voilà qui fait sourire; cela semble relever de la "mythologie" également... Ce passage aurait pu être poétique mais il me semble à retravailler pour échapper au ridicule.
L'erreur initiale de ce texte fut de se draper dans la pompe des alexandrins qui paradoxalement banalise tout ce qui aurait pu être une trouvaille originale.

   Anonyme   
20/9/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour LEO-P,

Je ne sais trop pour quelle raison, votre poème magistral me fait penser à un roman d'Arturo Perez-Reverte, intitulé "Le hussard". Pendant les guerres Napoléoniennes, un jeune hussard découvre l'horreur de la bataille et se retrouve blessé, seul et adossé contre un arbre... voilà pour la similitude...

Votre oeuvre ici est sublime. Les vers sont de très grande qualité et l'on sent la maîtrise à travers chacune des images que vous évoquez.

Je relirai votre poème encore une ou deux fois pour le graver dans ma mémoire, c'est sûr !

Bien à vous,

Wall-E

   Anonyme   
20/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour LEO-P... On retrouve dans ce poème les accents hugoliens de La légende des siècles et surtout des Châtiments mais vous n'êtes sans doute pas sans le savoir...
Je ne vais pas ici m'arrêter sur tel ou tel passage car j'ai vraiment apprécié ce poème du début à la chute. L'écriture classique est superbe et la prosodie parfaitement respectée.
Quelques substantifs me chagrinent un peu, salive et hémoglobine en particulier mais ce ne sont que des détails;
Un texte classique de grande classe qui ne manque pas de souffle et pour lequel j'applaudis des deux mains en attendant avec impatience votre prochain opus ! Bravo et merci

   Anonyme   
20/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir !

Faire sien le style d'Hugo n'est pas donné à tout le monde !
j'ai aimé cette blessure parce que Votre style justement m'a captivée....une mise en scène parfaite entre la victime et l'assassin !

Vous nous contez de façon saisissante ....on voit couler le sang

Le seul bémol ( mais c'est tout à fait pour un confort de lecture , donc personnel ) j'aurai bien aimé qu'il soit présenté en quatrains

Superbe texte
Merci

   Anonyme   
20/9/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour

J'avais lu ce très beau poème en espace lecture anonyme sans
avoir le temps de le commenter.

J'aime bien ici me retrouver au temps des romantiques.
Hugo n'est pas mort et la Légende des siècles revit par cet écrit.

Les beaux vers sont tellement nombreux que je ne puis tous les
sortir de leur contexte mais quand même :

Une salive rose infiltrait l’horizon
La blessure palpite et s’ouvre comme un œil

Et tant d'autres.

Lorsque l'on sait quel travail demande un tel poème,
on ne peut qu'être admiratif.

   Anonyme   
21/9/2015
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Assez de l'avis de Mauron... sur le manque apparent de cohérence avec cette référence, une fois de plus, à la mythologie.

Mais toute la question est là : est-ce que cela m'intéresse encore de lire cela, est-ce que cela m'intéresse encore de l'écrire ? Non, du tout. Et - question d'époque et de recherche personnelle sans nul doute- cela ne me TOUCHE pas.

Sans renier le travail (mais qui n'en consacre pas à sa poésie ?), je n'arrive pas à lire jusqu'au bout. Jeme crispe à des passages "jeux de mots" : "Vainement éternelle, éternellement vaine, La vie a voyagé dans le flux d’une veine Et s’éteint sous l’arceau de l’unique oméga, Dans le delta vermeil du vierge seringa."


... La poésie c'est pour mes vibrations d'aujourd'hui écrites par des gens d'aujourd'hui, dans une forme qui évoque plus qu'elle n'assène. Une "ardeur infuse" comme l'auteur l'écrit et que je ressens pas. Désolé.

   Vincendix   
20/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Un peu longuet à mon goût, avec une présentation qui n'accorde aucune respiration, mais c'est peut-être volontaire pour tenir le lecteur en haleine...Évidement, chaque vers est bien travaillé, le résultat n'est pas toujours parfait, mais la perfection n'existe pas.
Hugo, Corneille ? Non ! Leo-P avec une touche de Rimbaud (le dormeur du val).
Quelques mots associés me dérangent, oméga et delta avec seringa.
Quant au trousseau de glaïeul, je ne le connaissais pas ?

   Disciple   
21/9/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Que dire ? Techniquement, c'est parfait. Une prosodie impeccable, un phrasé excellent, un vocabulaire riche, beaucoup de recherche dans les images ; mais je ne suis pas touché. Tout a été dit, je crois, au sujet des reproches que j'aurais adressé à ce poème. Surtout, pour paraphraser Myndie, dont j'ai trouvé le jugement magistral, ce qui me tient à l'écart, me laisse froid, et, au final, m'« assomme » (pardonnez-moi pour cette expression brutale) est le rôle important que vous faites tenir, dans tout cela, à l'érudition et aux dieux de la mythologie antique.
Je rajouterai ces deux là, cependant. Le premier, qui tient au message : « la guerre c'est mal, et nous sommes tous des frères », dont la formulation que je lui donne exprime assez, je crois, les sérieuses réserves que j'entretiens à ce sujet. Et le second touche au manque de ressort dramatique que cette seule prémisse, que je qualifierais de « molle », imprime à tout le poème, et qui contribue à le faire durer, durer.. bien que, somme toute, il ne soit pas si long que cela.
Quoiqu'il en soit, je salue la tentative, et vous nous donnez là la preuve que vous êtes capable de produire des œuvres remarquables.
Bref, je ne saurais que vous encourager à persévérer, et... au plaisir de vous relire !

   Francis   
22/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je salue le travail qu'on devine sous ces vers. Le texte est riche en métaphores et on y retrouve de nombreuses influences: Hugo, l’œil qui poursuit Caïn, Rimbaud... Le thème de la guerre garde toute sa force sous votre plume.

   Gemini   
23/9/2015
Je regrette d'avoir lu les commentaires précédents, car il y a toujours un effet de cristallisation, qui agit inconsciemment après leur lecture, mais dans ce cas, je note avec plaisir que les avis sont partagés et qu'on en trouve même certains diamétralement opposés. Les textes soulevant les passions sont rares, alors j'aimerais bien faire part de la mienne à celui-ci.

Je note d'abord que pour un texte soumis en classique le thème et le style sont classiques. Bon. On trouve indéniablement du souffle (beaucoup) et du lyrisme (beaucoup aussi; mais pourquoi pas ?).
Je trouve toutes bonnes les références faites à Hugo (grand narrateur de guerres), peut-être a-t-on oublié Vigny (pour La mort du loup, mais écrit au passé), mais celle à Rimbaud, je trouve, ne concerne que le sujet et rien d'autre.

Voilà, j'ai aimé ce texte avec cet emploi du temps présent qui affirme les choses en emportant le lecteur. Les images sont fortes, parfois trop, il faut les suivre (L'oeil de Caïn, fusiller du regard). Elles sont aussi nombreuses alors que vous n'employez qu'une fois "comme". En poésie, j'ai une petite restriction sur glaïeul (mot faible, car pas symbolique de mort) dont la présence est un peu trop visiblement dédiée à linceul (mot fort), et j'ai noté trois fois le mot "sang", mais j'ai trouvé plusieurs vers bien balancés, dont l'excellent "L’un est mort pour l’audace et l’autre par la honte", sans parler d’autres pas piqués des vers.

Inutile de dépouiller plus. Cet académisme me chaut.
Je n'évalue pas, puisqu'à l"effeuillage de la marguerite après "Passionnément" on ne peut pas mettre "À la folie" (pour de rire).

   Nilina   
2/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

je ne vois qu'une seule image quand je vous lis : "Le dormeur du Val"...

   LEO-P   
16/11/2015


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