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Poésie en prose
Louis : Je fais rire
 Publié le 26/08/14  -  18 commentaires  -  3752 caractères  -  314 lectures    Autres textes du même auteur

« Une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. »
(Shakespeare. Hamlet)


Je fais rire



Ce que je fais ?

Je fais rire, je fais rire les autres. Je ne sais pas ce que je fais pour les faire rire, mais quand je suis là, ils rient de moi.
Je fais mine de rien, mine de pas exister, trop con pour exister, ça fait rien ils rient de moi, et moi je sais pas où me mettre, je sais pas quoi faire, je reste là, bête à faire rire.
Des fois ce que je fais, je ris avec eux, parce que c’est vrai, c’est bête d’être là.

Je me dis, des fois, allez ça ne fait rien, t’en fais pas, le rire ça leur passera, mais ça passe pas, aussitôt qu’on me voit, on rit de moi.

Peut-être que je suis trop « échalas » ou trop « escogriffe » comme ils disent, mais j’ai pas de griffes, j’ai jamais griffé, et les griffes, ça fait pas rire.
Je comprends pas.
Tu ne comprends jamais rien. Bêta, qu’ils disent.

Ce que je fais quand ils disent tout ça,
je vais voir les bêtes à bon Dieu,
ce qu’elles me font rire, c’est vrai, ces bêtes-là, mais elles griffent pas, elles chatouillent quand elles montent sur moi.

Il n’y a que mon grand-père qui ne rit pas de moi, lui il sourit, il sourit tout le temps grand-père.

Quand ils rient,
ce que je fais, je cours au cimetière, je vais voir les photos sur les tombes, les morts ils rient pas quand ils me voient. Papa est quelque part par là, je ne sais pas où. Y a plus de photo, y a plus de nom, mais j’en suis sûr, lui ne rit pas.

Quand ils rient,
ce que je fais,
je cours sous le ciel gris, et le ciel ne rigole pas, il pleure sur moi, il pleure ses gouttes de pluie, et moi je pleure avec lui, et quand l’orage crie de colère, je cours, je cours, je crie avec le tonnerre, je crie plus fort que lui.

Dans les nuages, on ne rit pas, j’aime regarder le ciel qui fume, et le feu qui brûle l’horizon, ça rigole sûrement en enfer, mais au ciel, non, les cieux c’est sérieux.

Ce que je fais quand je ne fais rien, j’essaie d’attraper les oiseaux par un pan de ciel. Les oiseaux, ça chante, ça ne se marre pas. Ils ont plein d’ailleurs dans leurs ailes, les oiseaux. Tous ces endroits que je ne connais pas. Moi, avec mes bras, je fais les éoliennes, je brasse l’air, je brasse du vent, j’ai plein d’énergie quand je tourne les bras, je mouline, je mouline, je suis pas malin, mais je suis moulin, je suis pas oiseau, mais je suis très haut, grand échalas, et quand ils me font tomber, pour rire encore, toujours pour rire, je me relève avec un sourire, je garde le goût de la terre dans la bouche, ce que je fais alors, je cours, je crée un courant d’air, et j’ai le goût des fleurs dans la bouche, les fleurs que je mange dans les champs, toutes les marguerites, et les boutons d’or, et les coquelicots, et des fois j’ai le goût des roses du jardin de grand-père, et je sais alors combien il y a de choses écœurantes et douces.

Ce que je fais sur les chemins, je marche sur la pointe des pieds, je fais attention, pour pas blesser les bêtes toutes petites qui vivent sur la terre et dessous, moi trop escogriffe, et j’évite de froisser les brins d’herbe et je marche sur la pointe des pieds pour pas déranger, pas déranger la terre et le ciel, pas déranger le monde entier.

Ce que je fais quand je vois les eaux d’une fontaine, je regarde mon reflet, et je ris, je ris fort, plus fort, et je plonge mes mains dans l’eau, je brise l’autre moi, je le noie dans la fontaine, et je m’en vais sur les chemins, je cours sous le ciel sur la pointe des pieds, je tourne, je fais des ronds, et même si je suis en nage, je brasse le temps, je tourne les bras, je mouline, je mouline, je prends le vent avec moi, et je cours toujours, je cours sans fin.


 
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   margueritec   
27/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime bien ce poème qui au départ m'a semblé peu digeste.
Puis, une fois entrée dans l'esprit de "l’escogriffe", je l'ai accompagné dans sa course, avec le ciel, le vent, les nuages.

Ce texte "intimiste" où les souffrances, les peines sont évoquées en demi-teinte (la mort du père), émeut par cet homme(enfant ?), "l'idiot du village" comme on disait autrefois, que moquent ses semblables mais si proche du "sacré" au sens où nos ancêtres païens l'entendaient. Pour eux, un homme qui comprend le langage de la nature est un être qui se rapproche des dieux.

La fin de ce poème m'intrigue : faut-il y lire la joie ou le désespoir dans cette course infinie ? Mais peut-être est-ce cette ambiguïté à mes yeux qui en fait aussi le charme.

   Myndie   
26/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Et bien voilà, Louis, si vous aviez pour finalité de donner la chair de poule, c'est réussi ! Ce poème est juste époustouflant par l'émotion qu'il dégage et qui prend aux tripes.
Votre idiot est tout simplement solaire.
Il est tellement attachant, gai dans la tristesse et d'une dignité frissonnante qu'il nous (m') inspire une compassion et une tendresse immédiates et profondes.

J'ai d'abord pensé qu'il y avait du Brel dans votre poème, c''est peut-être vrai, mais il y a surtout du « Gilbert Grape » la-dessous. Vous souvenez-vous de ce film qui a révélé le talent de Leonardo Di Caprio ?
Votre texte distille une sacrée dose de poésie sans jamais flirter avec l'outrance émotionnelle.
Et moi, j'adore. Merci Louis.

   Anonyme   
26/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui devient poétique au fur et à mesure que l'on progresse dans la lecture.

Il y a beaucoup de choses dans ces lignes : de l'humour, un peu de gaieté, de la tristesse, de la compassion, de la pure joie, des images (j'adore les passages du ciel et de la fontaine).

Le texte est fluide et le personnage attachant.

Merci et à bientôt.

   Uranie76   
26/8/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Pour nombre de textes qui me touchent j'ai besoin de m' en imprégner longuement, pendant des jours, pour celui là, qui me touche également, les commentaires s'imposent à chaud, au point de chaparder un ordinateur qui ne m'appartient pas.

Si pleurer avec quelqu'un ou pour quelqu'un c'est faire preuve d'empathie, je considère le rire grossièrement l'expression d'un certain rejet : On rit de ce qu'on "rejette" : la maladresse et le ridicule d'un clown par exemple. Les enfants rient d'un gamin qui tombe dans la cour devant eux car ils n'aimeraient pas tomber comme lui et sont soulagés que ce soit lui et pas eux. On rejette les tares et les travers d'une société en riant et Coluche le fait si bien. On prend du recul face à nos actes en faisant de l'autodérision. Matahari face à son peloton d'exécution a fait de l'humour comme expression de rejet de la mort "C'est la première fois qu'on m'aura pour douze balles" (de mémoire).

C'est dit de manière simpliste et peu affinée, mais c'est ce rire là, en partie, que je vais trouver ici : L'enfant n'est pas content de faire rire, c'est vécu comme un manque d'empathie à son égard de faire rire souvent, un rejet face à une différence, à une transgression des conventions, de l'idéal , et il le sait par une intuition qui ne le rend pas si bête qu'ils le disent.

Le texte libère de la poésie différemment dans la première partie qui finit chez moi par la phrase qui évoque le grand-père.

La première partie est de l'ordre d'un prologue, qui me présente le personnage finement avec une musicalité si subtile qu'elle ne nous éloigne pas de l'essentiel: on reste sur l'enfant, on veut savoir qui il est, la poésie perle en trame de fond.

"je reste là, bête à faire rire" me fait lire la phrase de deux manières différentes, la virgule n'est pas mise au hasrad car elle annonce ainsi un jeu adroit entre deux homonymes dans les phrases qui vont suivre : passer de bête à bête, de bête à bon dieu à bêta, mêler les deux pour mieux les séparer. Un jeu qui va articuler certains passages importants.

Les deux en tout cas, l'enfant qu'on dit bête et la coccinelle font rire à leur insu, les deux ne sont pas méchants, n'ont pas de griffes, les deux sont vulnérables face aux autres, aux hommes, aux adultes qu'il cherche à fuir, à l'exception de son grand-père qui lui sourit; il sourit même à tout le monde.

Cette phrase a marqué chez moi une pliure (mais aucune cassure), la marque d'un passage à l'autre : Dans le premier l'enfant est passif, dans le second il est actif. Il va fuir et se réfugier, il ne va pas subir ce rire qui le dérange, qui le ronge, qui le repousse aux limites de sa solitude. Il va même agir, se rebeller et grandir.

Il cherche donc l'empathie chez les morts, et à défaut de l'avoir, il en a quand même un ersatz dans l'absence de rire.

Le second passage m'a donné des ailes, je me suis envolée de tant de poésie, c'est même de la poésie pure qui devient elle même le refuge. "Je ne suis pas malin, je suis moulin", un pied de nez à être bête. Les êtres bêtes sont libres grâce à l'insouciance, et il trouve dans ces battements de bras, dans cette fuite de la réalité blessante, un moyen pour grandir (plein d'énergie), il devient très haut, prend de la hauteur, devenir moulin et les écraser de sa taille quand ils sont dans son sillage, s'imposer plutôt que de s'envoler comme un oiseau, comme une petite bête fragile. Un moulin c'est si solide à la base, et si mouvant, au gré du vent à la fois. (évidemment on ne peut que relever le clin-d'oeil au texte "Bille"..cette expression de liberté dans la verticalité, l'ancrage dans la terre et la mouvance grâce au vent, mais dans un contexte différent, et une saveur différente)

J'aime lire, quand ils le font tomber, un retour à la réalité, ils le mettent plus bas qu'eux pour en rire, pour se rassurer devant plus faible que soi de leur propre force.

Mais lui il leur sourit cette fois, ce même sourire héritage de son grand-père: l'arme fatale (II ou II je sais plus) qui lui permet de surélever. Il y'a dans le sourire un contrôle, qui n'existe pas dans le rire, on peut s'empêcher de sourire, mais souvent on éclate de rire. Il contrôle ce que eux ne contrôlent pas. Une revanche en soi.
La chute ne lui fait pas peur parce que c'est un écorché vif et devant d'autres douleurs celle de tomber devient dérisoire, elle devient force qui transforme la terre (réalité) qu'on lui met dans sa bouche en un terreau pour faire fleurir d'autres sourires (les fleurs : boutons d'or, marguerite), cette hauteur (sourire), cette expérience de la vie qu'il a acquis à la dure, un peu grâce à son grand-père, dans le jardin de son grand-père.

Cette hauteur puisqu'on en parle, lui donne de l'empathie, envers les petites bêtes vulnérables, jusqu'aux brins d'herbes, ne déranger personne, ni rien en soi, juste avancer sans laisser de trace. (je confesse que cette phrase m'a émue parce que je m'y suis reconnue).

Son reflet parfois lui rappelle qu'il n'est pas moulin, qu'il est enfant et vulnérable, en rire c'est encore une fois une expression de rejet, mais pas que, j'y lis le rire qui depuis Rabelais est un des gouffres de l'esprit. Il y'a une élévation de l'esprit dans cette profondeur acquise, alors qu'on le disait bête : Sa force est intrinsèque désormais, elle lui permet de trouver le remède dans le poison, le rire lui même.

Louis..après ces annotations au fur et à mesure, je m'offre le luxe de vous dire le plus simplement du monde que j'aime beaucoup votre poésie, vos univers imagés qui me font voyager, émouvoir, qui bougent beaucoup de choses en moi, et j'ai beau écrire des pavés, je ne peux que retenir quelques bribes d'émotions, mais jamais la magie, ou l'alchimie comme vous aimez la nommer, celle qui a lieu entre vos mots et ma sensibilité.

   Anonyme   
26/8/2014
Bonjour Louis

La seconde partie de cette prose ne laisse planer aucun doute. Ton narrateur est un poète. Un vrai de vrai. Même s'il n'est pas sûr qu'il sache écrire.

Mais il sait qu'il fait rire. C'est le champion du comique involontaire. Il en souffre mais ne voit pas trop comment résoudre son problème.
Heureusement son grand-père lui sourit.
Ça n'a rien à voir avec les rires des autres, un sourire de grand-père est forcément bienveillant.

"Dans les nuages, on ne rit pas, j’aime regarder le ciel qui fume, et le feu qui brûle l’horizon, ça rigole sûrement en enfer, mais au ciel, non, les cieux c’est sérieux."

est, à mon avis a phrase clef.
On rigole en enfer, parce que c'est là qu'iront ces salopards qui profitent de ma faiblesse pour se payer ma tronche (j'interprète la pensée du narrateur avec mes mots à moi)
On est sérieux aux cieux, parce que c'est là que vont les gentils. Ceux qui me sourient comme mon grand-père.

Merci Louis, ce poème en prose m'a beaucoup touché.

   Francis   
26/8/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je suis ému ! Ce moulin à la Don Quichotte, cet albatros aux ailes trop grandes, dégage une sensibilité exceptionnelle ! Au début de ma lecture, je pensai : ce n'est pas un poème ! Mais très vite, l'écriture me fit frissonner. Des bêtes à Bon Dieu à la tombe du grand père, des oiseaux aux ailes des éoliennes, j'ai ressenti une réelle émotion. Merci pour ce moment de lecture.

   emilia   
26/8/2014
Contrairement à l’intitulé de l’incipit, c’est une histoire poétique qui signifie beaucoup, tant la proximité entre le tout et le rien peut paraître porteuse de sens : un rien qui fait rire les autres par un rapprochement morphologique de ces deux mots qui transparaît dans la marque du pluriel (rien/rient), comme une fausse rime, quand le narrateur se fait porte-parole de cet être dont la définition le déclare simple d’esprit, dépourvu de bon sens et sans intelligence, victime de la dérision qui déclenche le rire comme un phénomène réflexe opposé à l’étrange et au malaise qu’il libère… ; son drame, c’est précisément l’inverse, une conscience aiguë que les autres lui renvoient « d’être bête à faire rire », d’avoir une apparence peu attirante, « d’être trop con pour exister, de ne pas savoir, de ne pas comprendre… », en jouant avec la polysémie des mots et des morphèmes lexicaux (comme griffe/escogriffe, bête/bête à bon dieu, malin/moulin…) ; il exprime sa souffrance dans une course effrénée, comme une fuite en avant mêlée de cris, cherchant dans le ciel un peu de miséricorde (le ciel pleure sur moi et moi je pleure avec lui), sensible au chant des oiseaux qui « ont plein d’ailleurs dans leurs ailes… » : c’est ainsi qu’il devient moulin à vent, en nous évoquant le personnage de Don Quichotte soumis lui aussi à la dérision… ; il sait cependant faire la différence entre les railleries et le sourire empathique de son grand-père associé à son père décédé (deux figures tutélaires et familiales) qu’il respecte ainsi que les plus petits que lui, bêtes et plantes, quand il marche « sur la pointe des pieds pour ne pas froisser les brins d’herbe » et ne pas « déranger » la nature, ni personne…, quand le miroir de la fontaine fait apparaître son reflet, ce « je » qui est un « autre », qu’il cherche à briser et à noyer pour le faire disparaître en même temps que son mal-être dont il témoigne, car, la seule façon pour lui de répondre à la question lancinante posée au début du récit : « Ce que je fais, quand ils rient… ? » et qui revient comme un leitmotiv d’anaphores imbriquées, autant de répétitions qui font écho effectivement à certains textes de Brel comme « Jeff » et « Chez ces gens là »…, rendant encore plus poignante la dramaturgie du personnage qui ne se sent exister qu’à travers le souffle du vent et l’énergie dépensée dans ses déplacements et ses mouvements… : un portrait très sensible et émouvant…

   Anonyme   
26/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Louis.

De nombreux commentaires, déjà, inondés de paroles positives, à juste titre. Alors, sans m'en vouloir, permettez-moi de rester au niveau de l'évocation.

Votre personnage m'évoque vous.

Une intime et profonde blessure de votre passé : vos débuts d'enfant dans une société d'enfant. Hors du cocon.

Un âge où le rêve est la meilleure "médecine" face aux premières blessures de la vie sociale. Particulièrement si "eux", les autres, forts de leur homogénéité vous taxent de demeuré (je n'aime pas le mot con...) parce que vous êtes différent. Vous l'étiez peut-être sans pour autant ressembler au personnage qui nous parle.

Alors, pour cet enfant, il y a le rêve.

Le rêve que l'on "adopte" lorsqu'il survient (le vent), par attention sur l'infime (la bête à bon dieu, n'écraser personne sur les chemins), le rêve qui se crée par des gestes inhabituels, des gestes de simplet du village. Se "donner" du rêve pour se protéger, pour "exister", soi.

Une ou deux petites choses me paraissent légèrement exagérées (le goût de la terre et des fleurs) mais on est emporté.

et fasciné par cette solitude promise...assumée.
Cette solitude me parle, personne n'entend ce que je pense.
Ma lecture, première.
Merci Louis.

   patro   
26/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je rapproche cette poésie de "Barquerolle" du même Louis , pour l'univers des rêves de gosse et la simplicité (apparente seulement) des phrases et des mots . Je vois un auteur subtil qui joue des tournures et des concepts avec dextérité (comme dans ses commentaires ...)
Appliqué à cet enfant "riche de [ses] seuls yeux tranquilles "et qu'on n'a" pas trouvé malin" (cf Verlaine) , ça colle parfaitement .
Tout cela m'apporte un regain d'intérêt pour la poésie , ce qui se dit et s'écrit , et tout ce qui s'y cache .
Merci à louis pour cette échappée , et à tous les commentateurs qui ouvrent les petites caches à secrets .

   Pouet   
27/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte que, pour ma part, j'aurais bien vu plus long et posté dans la catégorie "nouvelle".

J'ai bien aimé l'écriture, la description touchante de cet homme différent. Seul son grand-père ne rit pas de lui, peut-être un peu excessif car tous les gens de l'existence ne sont pas mal intentionnés... Mais le réalisme n'est peut-être pas indispensable.

Le fait de courir pour oublier la méchanceté des autres m'a fait pensé à Forrest Gump.

Un joli texte, mais qui, je le répète, aurait plus eu sa place dans la catégorie nouvelle en le développant un brin.

Bonne continuation.

   Arielle   
27/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il y a tant de lectures possibles dans ton texte, Louis, qu'on peut le reprendre encore et encore, on n'a jamais fini d'en découvrir toutes les facettes.

C'est un texte sur le rire qui blesse, le rire de ceux qui, mal à l'aise devant ce qu'ils ne comprennent pas, préfèrent en rire, rire jaune ...
Un texte sur la différence de celui qui ne parvient pas à trouver sa place "moi je sais pas où me mettre, je sais pas quoi faire"
Un texte sur le besoin d'être aimé, d'être reconnu, de laisser une trace aussi "Papa est quelque part par là, je ne sais pas où. Y a plus de photo, y a plus de nom"
Un texte sur le désir de fuir, de quitter cet enfer quotidien du rire mauvais et de la solitude " Ils ont plein d’ailleurs dans leurs ailes, les oiseaux " de s’effacer d’un univers où on se sent étranger " je marche sur la pointe des pieds pour pas déranger, pas déranger la terre et le ciel, pas déranger le monde entier"
Sur la tentation de disparaître "je plonge mes mains dans l’eau, je brise l’autre moi, je le noie dans la fontaine"
Il y a encore bien d’autres choses, les moulins, les fleurs, la course à bout de souffle … Cet escogriffe-là est à notre image, tellement humain dans sa quête qu’il touche une corde sensible en chacun de nous et qu’on ne lui résiste pas.

L’extrême simplicité de la syntaxe et du vocabulaire choisis est en parfait accord avec le personnage. L’ensemble resplendit d’une vraie poésie qui se cache trop souvent dans la plupart de tes textes derrière un style plus fleuri, plus emphatique.

J’ai beaucoup aimé.

   Anonyme   
27/8/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Louis,

Votre poème a touché ma corde sensible.
Ce que je ressens c'est la beauté d'âme de "Je", je regarde le monde à travers ses yeux et c'est tellement beau.
Émue par votre poème, preuve qu'il n'y a pas besoin d'intégrer des images pour me toucher.
"Je" est un bel oiseau, je m'envolerai bien avec lui.
L'émotion de votre prose n'a pas touché mon épiderme, il est entré en-dedans, ce qui est rare.
sublime et poignant.
Sur la forme c'est écrit d'une manière qu'il me donne l'impression de vraiment me parler, car les paroles sont ici simples, naturelles, malgré la poésie des mots, je visualise tellement la personnalité du narrateur, ses sentiments, ses désirs, ses pensées, il ancre dans mon cœur.
Et un autre exceptionnel en peu de temps, ça aussi c'est très rare.

   Anonyme   
28/8/2014
Bonjour Louis... J'habite un bourg de cinq mille âmes au fin fond de la Bretagne... Dans ce bourg il existe un C.A.T (Centre d'Aide par le Travail) où travaillent une centaine de handicapés mentaux atteints de diverses pathologies plus ou moins lourdes.
A ce C.A.T sont couplées deux résidences, où sont logées ces personnes, dont l'une à proximité de mon domicile...
Ces handicapés, des deux sexes, travaillent essentiellement dans les serres, où ils cultivent et commercialisent des plantes en tous genres, ainsi que dans l'entretien des espaces verts...
Mes concitoyens et moi-même sommes donc en contact régulier avec eux, que ça soit à leurs postes de travail ou plus simplement dans la vie courante.
Et alors me direz-vous ? Et alors ils sont parfaitement intégrés et nul d'entre eux ne nous fait rire...

Les paroles que vous mettez dans la bouche de votre "héros" :

"Je fais mine de rien, mine de pas exister, trop con pour exister"...

n'ont pas cours par chez nous et c'est très bien ainsi...

Votre texte, par ailleurs bien écrit, me ramène cinquante ans en arrière mais les mentalités ont fort heureusement changé.

Bonne journée, Louis !

   Ioledane   
27/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Habituellement je ne m'arrête guère sur ce type de forme poétique, mais là, intriguée par un titre, une accroche, j'ai lu et j'ai été touchée.
Les mots sont simples, répétitifs, poignants d'innocence et d'humanité.
Au point que je n'ai pas envie d'en distinguer ou d'en disséquer quoi que ce soit.
Merci pour cette lecture et cette émotion.

   jfmoods   
28/8/2014
Le caractère épique de l'écriture de Louis, ce penchant affirmé pour le grossissement, l'amplification, la démesure, tout cela m'empêche de lire ses textes à l'aune de l'interprétation directe. Je ne vois pas comment échapper à une lecture métaphorique de ses textes, qui se présentent à moi comme des paraboles détentrices d'un message crypté sur le langage et l'émerveillement qu'il suscite.

"Tu ne comprends jamais rien."

Phrase catégorique, sans concession. Vérité générale, sans appel, sur un individu. Être avec les autres, c'est entrer dans un monde qui circonscrit le réel, c'est devoir saisir dans l'instant qui l'on est et ce qu'est le monde dans sa représentation la plus immédiate, c'est être dans le contrôle permanent de son rapport aux êtres et aux choses. L'enfant, qui figure ici le poète, est doué d'une faculté particulière : il s'étonne de tout. Ses ailes métaphoriques tournent sans cesse (antithèse : "je suis pas malin, mais je suis moulin"). D'où sa remarque : "c'est bête d'être là". Il parvient à se concevoir comme source d'étrangeté là où les autres le perçoivent comme élément déstabilisant, menaçant leur représentation du monde (l'enfer qui "rigole", c'est les autres). Rire, pour eux, c'est établir une distance, une frontière sécurisante avec ce qui les obligerait à reconsidérer le rapport bien défini à leur environnement. Rire, pour lui, c'est accepter d'être bousculé, c'est accueillir l'autre, le monde, comme si c'était toujours la première fois, d'où cette forme de prévenance exagérée qui s'affiche (champ lexical de la précaution : "ne pas blesser", "j'évite de froisser", "sur la pointe des pieds"). Se considérer à travers un miroir, ce serait ébaucher ce mouvement par lequel on court-circuiterait immanquablement cet émerveillement natif. Ce serait, en quelque sorte, se voir figé, déjà mort, ce serait dresser devant soi le spectre de sa propre mort (antithèse : "je regarde mon reflet" / "je brise l'autre moi"). D'où cette course effrénée après la magie du langage et du monde (glissements sur les acceptions des mots "bête" et "escogriffe", anaphores : "ce que je fais", "je mouline, je mouline" , jeu des superlatifs : "je suis très haut", "je crie avec le tonnerre, je crie plus fort que lui", "je ris, je ris fort, plus fort", gradation sous forme de chiasme : "pour rire encore, toujours pour rire", gradations hyperboliques : "pour pas déranger, pas déranger la terre et le ciel, pas déranger le monde entier", "je cours toujours, je cours sans fin", accumulations : "toutes les marguerites, et les boutons d’or, et les coquelicots"). Tout cela, pour se saisir, sans cesse, à tout instant, de l'émoi premier. Ce qui se dessine est forcément le visage de l'utopie, comme le suggère, à sa manière, le jeu métaphorique ("le feu qui brûle l'horizon", "attraper les oiseaux par un pan de ciel bleu") et cette insistance soulignée par les pronoms toniques ("Ils ont plein d’ailleurs dans leurs ailes, les oiseaux.", "Moi, avec mes bras, je fais les éoliennes"). Le poète est celui qui n'a pas de nom, pas d'identité, qui se cherche une filiation par l'oeuvre, sous l'égide bienveillante d'une figure tutélaire qui guide son cheminement (métaphore : "les roses du jardin", antithèse : "choses écoeurantes et douces").

Merci pour ce partage !

   Anonyme   
28/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
texte tres interessant, un peu trop court! on aimerait voir tout le monde rire, ton texte m'a sorti de ma naivete... malgre la candeur de cet enfant. tres interessant, vraiment.

   Pussicat   
24/10/2014
Bonsoir,
Ce texte à cette force peu commune de vous prendre par la main pour ne plus vous lâcher. On pense à l'idiot de la classe, à l'exclu des récrés... et on plonge avec une rare délicatesse dans l'eau de cette fontaine, pour sécher nos larmes ? et l'on se surprend même à courir, à courir sans fin.
J'ai couru !
C'est fort et c'est beau !
Merci pour ce moment de lecture Louis.

   Asrya   
13/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime toujours le style. Votre plume est séduisante, elle me séduit en tout cas.
Ces images qui se succèdent les unes après les autres ; doucement, sans aigreur malgré ce que la vie inflige à votre personnage.
C'est assez récurrent dans vos écrits.
Une certaine candeur s'en dégage, tout en simplicité.
Le propos est fort, et malgré le fait qu'il soit raconté avec légèreté w on ressent ce mal, cette incompréhension qui ronge la victime des rires.
Rire, c'est beau. C'est un merveilleux procédé de partage et de cohésion au sein d'un groupe, d'une société ; encore faut il que ce rire soit agréablement perçu, surtout... Agréablement envoyé.

Ce texte doit, je l'imagine, parler à tout le monde. Qui n'a pas rencontré ce Mr. Rires des uns et des autres ? En tout cas, il me parle, je me souviens ; est ce la jeunesse ou la chance de ne pas être victime de ces rires qui poussent les uns et les autres à adopter de tels comportements ?

Un beau texte, comme souvent.
Merci pour la lecture,
Au plaisir de vous lire à nouveau (bientôt j'espère),
Asrya.


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