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Poésie contemporaine
Marceau : Salauds d’pauvres
 Publié le 12/09/25  -  8 commentaires  -  2047 caractères  -  99 lectures    Autres textes du même auteur

Au « Vin de Paris » de Marcel Aymé, à Claude Autant-Lara qui sut somptueusement l’adapter, à Jean Gabin, qui férocement sut le dire.


Salauds d’pauvres



Tais ta gueule, cancéreux, salaud d’vieux, putain d’pauvre.
Telles sont mes gloires d’être, et vous salue bien bas,
j’ai ces trois qualités, et c’est là que je sauve
quelques alexandrins, assurés de n’plaire pas.

Car l’on est bien suspect de porter ces grands vices ;
il s’affirme le type mais devrait se cacher
au lieu de pavaner ses tares sans artifice,
d’étaler ses pustules et de gratter ses plaies.

On choque le commun, et c’est bien remboursé,
notre France est magique de générosité,
mais le nanti, troublé de voir passer misère,
revendique le con un cordon sanitaire.

Il souffre de ses santés empêchées de menaces,
et côtoie, chagriné, de lourdes misères tenaces,
qu’il pense bien écarter, par une pensée magique,
et se songe à l’abri, le crétin magnifique.



Mais serais-je l’abruti de mon propre papier ?
Je côtoie comme tout l’monde des gens qui n’ont pas pied
et qui puent de la gueule, c’est tellement indécent,
je m’inscris illico aux abonnés absents.

Je tourne le dos veule aux misères étrangères
qui me sont très suspectes de quelque coup tordu :
a-t-il un coutelas ? Un tournevis pointu ?
Où se terrent ses complices ? Combien a-t-il de frères ?

Moi l’honnête cancéreux, pauvre vieux respectable,
je pleure reconnaissance mais rejette bien au loin,
ces verrues étrangères et un poil méprisables,
conscient de ma conn’rie, que je planque avec soin.

Est-ce ainsi ? Serait-ce faux ? Si mon machin dérange,
peut-être porte-t-il quelques portions de vrai :
nous n’sommes que du commun qui se revendiqu' ange.
Mais qui pour définir le bon grain et l’ivraie ?

Mon chat a quatre pattes et je le nomme Aguir.
Je l’aime éperdument comme on aime des nuages,
je ne suis de passage pas venu pour mentir,
pour le reste je n’ai pas à jouer au plus sage.

Le poète n’a rien à enseigner aux dieux.


 
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   Lebarde   
2/9/2025
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Ce texte, "Salauds d'pauvres", il va s'en dire, à prendre au 2ème ou au 3ème degré, enfin je l'espère, risque néanmoins de ne pas être compris et accepté par tout le monde, au point une fois encore, de déchainer des discussions houleuses.

En ce qui me concerne sans être "chipoteur", j'en ai écrit de plus "saumâtres" et dit bien d'autres, mais pour des auditoires homogènes, préparés et acquis à ce genre de discours, je serai assez méfiant sur les réactions, qu'un "cercle de poètes guindés" va bien pouvoir réserver à ce poème dont le champ lexical populaire, le thème et le ton datent un peu aujourd'hui.

L'humour gouailleur, grinçant, paillard, débridé et provocateur, d'un Marcel Aymé, d'un Autant-Lara (cités en exergue) ou Michel Audiard, déclamé par un Gabin en grande forme, suscitait hier, des rires gras et complaisants en faisant passer des réflexions et des idées plus ou moins inconvenantes qui, de nos jours sont bannies, même en petits comités.

Concernant la forme je n'aime guère ces poèmes libres qui utilisent, certes avec beaucoup de liberté, les règles classiques en proposant des pseudo-alexandrins qui jouent avec la métrique et les rimes mais négligent la syntaxe, la ponctuation et les majuscules.

Puisque l'EL m'y oblige, je note mais sans conviction, ni entrain.

   Robot   
2/9/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Un libre qui aurait gagner à se passer des rimes. On dirait que l'écriture n'a pas su choisir entre le classique et le contemporain ce qui donne une impression de vers mal taillés et de rimes forcées.
Il y a bien quelques alexandrins empreints de poésie mais qui ne suffisent pas à eux seuls pour rendre l'ensemble agréable aux yeux et à l'oreille.

   BlaseSaintLuc   
5/9/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
J'ai deux chats Pedro et Ursua, qui souhaite bien le bonjour à ce salaud d'Aguirre !
Quant au reste, tout est dit, que faut il davantage, tirer le portrait d'une France ordinaire ?

Moderato sur le feu du piano, je joue ma partition, quand bien même suis je con, pour se faire entendre, il faut jouer du canon ?
Bah, on a coupé des têtes, pris part à des bastons, et même un jour de fête, on a joué du clairon !
Quand ces lignes seront lues, des blogueurs bloqueurs auront joué leur conne try .
je n'approuve pas , pourtant j'ai coupé le cordon depuis bien longtemp, j'aime bien ce passage de lecture ,superbe Prétérition!
Alors ... poétisons !
Les dieux sont morts, alors, vive les cons, vive les cons, versons nous un canon. (de vin !)

   Mokhtar   
12/9/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J’aime beaucoup ce style d’alexandrins « voyous » maintenant leur rythme et leur cadence avec une « métrique auditive » en bidouillant les pieds pour retomber dessus. Le contraste entre la crudité des mots et la noblesse de la forme (…très librement aménagée) donne une saveur particulière à un texte au ton entre slam stylisé et poésie déglinguée. Je mettrais bien un coup d’IA pour le mettre en musique, mais je crains de me faire insul…gronder.

Plus que jamais l’oxymore cher à Marcel Aymé fait florès. Le pauvre n’est plus seulement natif : il s’importe et insupporte. Coluche, au secours !

« France est magique de générosité…revendique un cordon sanitaire…Je tourne le dos veule aux misères étrangères… a-t-il un coutelas ? Un tournevis pointu ? Où se terrent ses complices ? Combien a-t-il de frères ? a-t-il un coutelas ? Un tournevis pointu ? …et se songe à l’abri, le crétin magnifique… ».

OUH LA LA !!

Il semblerait que notre clodo-narrateur se soit lancé dans des considérations moyennement prisées des élites moralisatrices. Est-t-il bien dans les clous de la pensée unique ? Aux armes, sermonneurs ! Ne peut-on subodorer un infime soupçon de hors charte ?

Mais non. On se rassied. L’auteur (précautionneux ou lucide?) fait son autocritique : « Mais serais-je l’abruti de mon propre papier ? conscient de ma conn’rie, que je planque avec soin. Mais qui pour définir le bon grain et l’ivraie ? pour le reste je n’ai pas à jouer au plus sage ».
En reconnaissant avec modestie son doute, sans trancher le débat, parce qu’il s’en sent incapable.

Je n’ai pas bien saisi le motif de l’intrusion du chat. Par contre les trois derniers vers (le dernier étant remarquable ) concluent en résumant un texte évoluant entre irritation, interrogation et sincérité. En toute franchise.

« Le poète n’a rien à enseigner aux dieux ». Mais au fait… qui sont ces dieux. Et que valent-ils ?

Bravo et merci pour ce texte agréablement original.

   Cyrill   
12/9/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
Allez, pour le plaisir, je cite l'inspirateur :

«Non mais regarde-moi le mignon avec sa face d'alcoolique, sa viande grise. Avec du mou partout ! Du mou, du mou, rien que du mou ! Dis donc, tu ne vas pas changer de gueule, un jour ? Et l'autre, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux. Trois mentons et les nichons qui dévalent sur la brioche… cinquante ans chacun, cent ans pour le lot… Cent ans de connerie !»

Je rencontre également Richepin dont «Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux» se change en «mais le nanti, troublé de voir passer misère».
Alors évidemment, les traits d’esprit s’apprécient quelquefois au regard de ces perles. J’ai aimé «le cordon sanitaire» ou «le crétin magnifique» … bien d’autres.
D’autres me laissent parfois songeur. Il y a certes du labeur et de la sueur d’encre, mais aussi quelques pâtés voisinant d’excellents déliés au bout de la plume de «l’honnête cancéreux» évoquant ces «Oiseaux de passage».
Quoiqu’il en soit j’apprécie la harangue caustique et les quelques libertés dans le mètre, qu’une interprétation à voix haute habile permet, sans se prendre les pieds dans les surnuméraires.

   Provencao   
12/9/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Marceau,

Vous avez, à mon sens, fort bien réécrit, l'un des profils majeurs de l'entorse de la poésie, dans la mesure où elle est une mutation et un détour de l'écriture à partir de la réaction qu’elle crée dans l 'égratignure des mots et de l'allégation.

Vous avez choisi " Salauds d''pauvres" exposant l'étoupe qui récure les restes de ce que l'homme ne veut pas se soucier.

C'est courageux...

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

   papipoete   
12/9/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour Marceau
" je n'suis qu'un salaud de pauvre, nanti de toutes les infamies, puant de la bouche, et répugnant celui qui face à moi ose marquer le pas !
on ne peut me faire confiance, avec la mine que j'ai ; tout juste me confirait-on une sale besogne, mon couteau bien affuté mais taché dans ma poche ;
- hein, c'est bien comme ça que vous imaginez un putain d'pauvre ?
Mais, si vous pouviez lire dans mon coeur, vous verriez que je suis tellement riche, de ce que vous n'avez point...de l'amitié, à revendre ! "
NB bien sûr que ce texte pamphlétaire, est écrit au combientième degré ? et le héros n'est sûrement pas loin de mouiller ses paupières...
dans la 4e strophe, il est question de " qui l'on côtoie "
- le pauvre, côtoie le miséreux
- le riche, côtoie Crésus et Cie...
Ben non, justement et j'eus l'occasion de l'écrire souvent :
- y a des pauvres tellement cons
- des riches un peu moins ( voir Leonardo FARKAS )
Cette façon d'écrire, en faux " vers à pieds " me parait bien adaptée, pour " qui veut faire croire qu'c'en est "
la 5e strophe est ma préférée

   Boutet   
13/9/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Même sans musique, je pense que ce texte aurait mérité une parution en chansons et slams. J'ai eu le temps d'écouter la version musicale et chantée made in IA avant qu'elle ne disparaisse ; pas fan de rap mais c'est approprié, bien que le slam eût été efficace. Ce n'est que mon point de vue. Pour l'ensemble du texte, bon, pourquoi pas, ça change de l'ordinaire.


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