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Poésie contemporaine
Meaban : Jour de vogue
 Publié le 11/12/11  -  10 commentaires  -  1629 caractères  -  247 lectures    Autres textes du même auteur

Les cages silencieuses à l'orée de leur puits...


Jour de vogue



(la grande combe)

Sirènes des grandes combes, fumerolles acides
Une cité blottie, routes du Gévaudan.
La rumeur des étals, courant sous les platanes,
Cafetiers belliqueux, paysannes incertaines en ces journées de foire.

L’autobus des courriers aux vitres astiquées, rangé devant la gare,
La fraîcheur déjà grêle d’une longue journée.

Le glissement des bielles, une machine haut-le-pied
Descendant pour Alès en retour de cordée.

L’inquiétude d’une mère sur le poids des années
Petit garçon malingre en route pour l’école
S’arrêtant chez l’aïeul boire de l’eau sucrée.

La tristesse d’un père revenu d’Algérie,
Une conscience crucifiée, village des Aurès
Café de la rotonde, forum des oubliés.

Désinences d’histoires aux faîtes de leurs vies,
Descendances concédées, servitudes houillères
Martelées de misère leur donnant gravité.

La vogue de sainte Barbe éclaircissant l’été,
Où les sœurs amènes dansent le cœur léger
Se donnant tout à l’heure dans l’ombre des courtils.

Les fosses endormies où dorment les berlines
Les cages silencieuses à l’orée de leur puits.




Revoir ces longues rames, broutant les graminées
Noirs wagons de billots parfumés de résine,
Assemblés en troupeaux qu'une loco essoufflée,
Panachée d'escarbilles, rebrousse vers la mine.


 
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   Raoul   
17/11/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pas seulement une de ces collection de cartes postales d'antan, thématiques, aux noirs et blancs passés où posent quelques personnages, c'est un arrêt sur l'image d'un tout senti où des bribes en souvenirs s'assemblent peu à peu.
Ces images passées mais présentes encore sont de celles qu'on n'invente pas.
J'aime beaucoup la précision presque documentaire de l'ensemble où pas une couleur, un adjectif n'est ajouté pour la joliesse, c'est un croquis au trait, juste à la plume, sans surcharge.
Malgré quelques petits problèmes de rythme ou hiatus à la lecture j'ai pris beaucoup de plaisir jusqu'à la dernière strophe qui clos, un peu trop vite à mon goût, le tout (dans l'intervalle laissé pour cela, j'aurais bien aimé quelques autres gros plans ou ragots de village par exemple…).
J'en redemanderais.

   Marite   
11/12/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très beau texte. La poésie de l'écriture ne se contente pas de dessiner les images, un esprit, une âme les accompagnent et c'est ce qui fait, je crois, que j'ai tout lu, d'un trait, sans être lassée. J'aurais même pu encore continuer le voyage si le poème avait été plus long
Une seule chose m' a arrêtée lors de la lecture de la strophe suivante:

" La tristesse d’un père revenu d’Algérie,
Une conscience crucifiée, village des Aurès
Café de la rotonde, forum des oubliés. "

Le mot "une" devant conscience m'a semblé de trop. En le supprimant, j'ai trouvé que c'était plus fluide.
Merci à l'auteur pour ce morceau de choix.

   Pascal31   
11/12/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Meaban, c'est le peintre-poète par excellence.
Il nous offre à chacun de ces textes un tableau riche en détails. Ici encore, il dépeint un lieu, une ambiance, par petits bouts de vie brossés d'une plume subtile.
J'ai adoré la quatrième strophe ("L'inquiétude d'une mère...") et ce parfum nostalgique, doux-amer, qui baigne chaque vers.
Par contre, je n'ai pas saisi pourquoi la dernière strophe se distingue par l'écriture en italique. Une signification particulière ?
Quoi qu'il en soit, c'est un magnifique texte qui allie ambiance et émotion. Bravo !

   Anonyme   
11/12/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Meaban et un grand merci pour cette lecture dominicale qui nous amène, une fois de plus, vers la Lozère et ses villages miniers d'après-guerre. Il semble que le sujet soit quasi inépuisable mais pourquoi s'en plaindre quand défilent sous nos yeux cette série de photos sépia que l'auteur nous propose avec sa sensibilité et son talent de poète conteur.
J'ai appris que la vogue dans cette région signifiait aussi fête de village d'où le titre que je ne comprenais pas dans un premier temps.
L'incipit qui décrit ces cages silencieuses me fait aussi penser aux autres cages en fond de mine où le canari veillait au grisou jusqu'à ce que mort s'en suive... sans oublier les chevaux qui tiraient les wagonnets sans jamais voir le jour...
Encore bravo et merci !

   Damy   
11/12/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Ce poème me touche personnellement d’autant plus que je connais bien l’Algérie et les Aurès en particulier. Je ne connais pas les Cévennes malheureusement, en leur temps mes souliers ne m’ont mené que sur le plateau du Larzac.
Je ne sais si je fais faux bond mais le café de la Rotonde m’évoque El Asnam, qui a connu, je crois, dans les années cinquante un terrible séisme noyant toute la plaine du Cheliff.
Je reçois ce poème comme un tableau pastel empreint d’une profonde nostalgie. D’une profonde douleur aussi : le père, la rotonde, Sainte Barbe, la misère… et la sublimation de celle-ci (rôle essentiel de la poésie).
Le dernier tercet me renvoit l’image d’un cloître paisible (Sainte Barbe, les sœurs, les courtils) et donc au monastère de Tibirhine.
Vous voyez, j’ai été plus sensible à l’évocation de l’Algérie qu’à celle des Cévennes.
C’est un poème émouvant.

   Anonyme   
12/12/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Sans rime, en construction aléatoire, cette vogue de mots résonne en description colorée. Un rythme donné par un sentiment, une sensation. Etonnamment ... poétique! Bientôt la petite combe?

   Anonyme   
16/12/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Meaban amène de la variété (de forme) dans la continuité (de son œuvre).
Je pense que si les Conseils Généraux se dotaient d'un poète officiel, Meaban serait sans doute celui du Languedoc-Roussillon.
A chaque lecture je ne peux m'empêcher de penser à Zola. C'est hyper-documenté, enrobé d'une chaleur humaine qui force l'admiration (sinon la jalousie), et la légère nostalgie, en forme d'hommage, qui ficelle le tout, sublime toute l'envolée du texte. (Sans parler de la science du détail qui tue.). Bref, que du travail.
C'est un plaisir à chaque fois renouvelé de lire Meaban.
(Alors mon commentaire sera sans doute subjectif...)

   Miguel   
18/12/2011
L'univers de mon enfance restitué comme si j'y étais, dans un art où la poésie épouse le réalisme. Et cette atmosphère de la mine condamnée, et ces échos du conflit algérien ! Pich évoque Zola, avec raison ; je ne peux m"empêcher de penser aussi à ce grand poète du nord, ce poète de la ville et de l'industrie, Emile Verhaeren (je ne suis jamais tout à fait sûr de l'orthographe, mais vous voyez qui je veux dire). Mais lui évoquait la modernité triomphante, alors que notre poète chante plutôt les teintes automnales du déclin. Poème plein d'une douceur mélancolique qui parle au coeur.

   Vincendix   
14/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je suis en retard pour commenter ce texte mais j’ai des raisons, je suis depuis peu sur ce site.
Pourquoi, parmi tant d’autres l’ai-je choisi, alors que le titre ne dévoile pas le menu ?

Ce poème me « parle », j’ai connu la vie d’une cité minière, ce n’était pas le charbon mais le fer et je retrouve des lieux communs, entre autres, le passage des trains de minerai, l’inquiétude d’une mère, la Sainte-Barbe, le café de la mine…
Et puis les deux derniers vers sont sublimes et d'actualité.

   Pouet   
28/12/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

un jour de vogue, de fête et de flottement, quelque chose de vague, de maternelle.
Certainement un lucide résumé de l'existence. D'instants minuscules parsemant cette histoire qui est aussi la nôtre, de la même façon totalement différente.
Il y a ici comme un grain de pluie après l'averse d'un souvenir, une écharde de mémoire demeurant sous la peau de nos égarements et que nous extrayons avec délicatesse nonobstant la piqure.
Une vision directe sur nous et notre peu, un focus sur une forme de véracité.


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