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Poésie libre
Meaban : Mam Goz
 Publié le 18/02/12  -  10 commentaires  -  969 caractères  -  262 lectures    Autres textes du même auteur

À l'enterrement de la vieille…


Mam Goz




Voilà Mam goz partie se coucher sous la terre
Et nous voilà marris avec nos mains qui pendent.
Les poules sont inquiètes, qui va s’en occuper ?
Et le frère un peu fol, qui va le consoler ?

La vieille elle doit bien rire là-bas avec l’ankou
En funestes tavernes parfumées par la suie.
La suie de nos misères qui tapisse nos haines
Recluses depuis toujours en nos tristes villages.

Elle nous a fait treize comme ces vilains apôtres
Qui hantent les calvaires exsangues sous la pluie.
Le père ne parle plus depuis la maison vide
Et les femmes sont rares en nos vieilles patries.

Tout à l’heure sous l’averse au cimetière nous irons
Marchant derrière l’arsouille attifé de soutane.
Dans les flaques de boue, l’étrave de nos sabots
Donnera la cadence à l’insigne convoi.



Mam goz : grand-mère en breton
Ankou : la mort


 
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   Anonyme   
26/1/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour ! C'est un tableau quelque peu passéiste et assez peu engageant pour celui qui ne connait pas la Bretagne mais qui contient tout de même une part de vérité à condition de le replacer à la bonne époque. C'est, à mon avis, une image révolue compte tenu des sabots et de la soutane... et les haines ancestrales sont aussi en voie de disparition.
J'ai un peu tiqué sur le terme "la vieille" plutôt péjoratif alors que mam goz était largement suffisant.
Une photo sépia qui ne reflète pas le village bas-breton où je vis mais les temps ont changé...

   Charivari   
18/2/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour, je trouve que c'est un très bon mélange d'ancien et de moderne, qui fonctionne très bien.

Pour le côté traditionnel, les mots bretons, bien sûr, et de très belles tournures, comme "l'arsouille attifé de soutane". Mais aussi une structure qui fait penser à la chanson traditionnelle : les questions (Qui va s'en occuper, qui va le consoler?), les éléments de fin de vers, repris au début du suivant, dans "la suie de nos misères)

Pour le côté moderne, le vers libre, mais tout en gardant le rythme de l'alexandrin...

sinon, pêle-mêle, j'ai beaucoup apprécié "nous voilà marris avec nos mains qui pendent", "le frère un peu fol", "les calvaires exsangues sous la pluie", "l'étrave de nos sabots". Moins aimé "Tout à l’heure sous l’averse au cimetière nous irons", je ne comprends pas bien ce qui justifie l'inversion des éléments de la phrase, et j'ai un peu de mal à repérer le rythme de cette phrase. Pas compris non plus pourquoi les femmes sont rares en nos vieilles patries. Peut-être était-ce pour mentionner l'exode rural, mais dans ce cas, ce seraient plutôt les hommes qui se font rares...

en tout cas, le portrait est très bien brossé, en quelques vers on saisit parfaitement l'ambiance, et au-delà de la mort de Mam Goz, on assiste à celle d'une Bretagne traditionnelle... Une réussite, pour moi.

   TheDreamer   
18/2/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Quand je lis votre texte, je pense à ces légendes que l'on se raconte entre générations lors des veillées.

On y ressent le poids des traditions, la pesanteur des liens familiaux qui ici semblent être particulièrement lourds à porter.

Il semble que l'espoir a déserté toute vie...

   Sybelhe   
18/2/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il donne à voir le temps d'avant, ce poème. Il me fait me souvenir de l'immense tableau nommé La Toussaint d'Emile Friant. Mais contrairement à cette oeuvre, l'univers évoqué dans Mam Goz laisse voir la pauvreté, la tristesse et la campagne miséreuse sous un ciel mouillé de Bretagne. Merci, pour cette évocation si crédible.

   brabant   
18/2/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Meaban,


J'aime bien la couleur de ce texte avec ses superstitions, l'Ankou, son titre : "Mam Goz" qui renvoie à la grand-mère qui semble avoir joué un bon tour à sa famille, fuguant sous la terre en de funestes tavernes, ayant laissé sa misérable famille à treize.

Oui, ce texte a une couleur bien particulière avec les mains qui pendent, les poules inquiètes, le frère un peu fol, les misères et les haines, les tristes villages, les calvaires exsangues, la maison vide, les femmes rares et l'arsouille attifé de soutane. Cela se passe en Bretagne dans la première moitié du siècle. Mais cela aurait pu se passer en Corse, cela aurait pu se passer chez moi ; d'ailleurs il m'a semblé reconnaître mon village du temps où j'étais petit enfant, mon village de Flandre française à cheval sur la frontière donc aussi de Flandre flamande. Ce texte est une madeleine (empoisonnée) de Proust, il est intemporel et il universel. C'est un instantané, un fait de civilisation.

J'en ai apprécié les images dont : "l'étrave de nos sabots". Il n'y a rien à jeter là-dedans.
Mais : "En funestes tavernes" me gêne. "En de funestes tavernes", non ?

Merci Meaban pour ce poème exotique à la tonalité passéiste. On pourrait imaginer un roman à partir de ce tableau, il doit y en avoir des secrets qui auront commencé à bruire à l'ébranlement de "l'insigne convoi"...

   Meleagre   
20/2/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Ce poème dégage un parfum assez savoureux, une évocation d'antan ou un exotisme. Mais, aussi, il évoque un deuil, un enterrement, avec beaucoup de délicatesse, de retenue et de poésie, sans tomber dans le pathos, dans la déploration, dans le sentimentalisme.
Sur le rythme : les vers sont sans doute des alexandrins, mais, pour cela, il faut élider plusieurs "e" muets, ce qui rend parfois ces vers difficiles à prononcer : "La vieille ell(e) doit bien rire", "Reclus(e)s depuis toujours", "Qui hantent les calvair(e)s (z')exsangues sous la pluie."
Il y a des formulations que j'aime beaucoup, et de beaux vers :
- Tout le premier quatrain, dont "Les poules sont inquiètes, qui va s’en occuper ? / Et le frère un peu fol, qui va le consoler ?"
- "Marchant derrière l’arsouille attifé de soutane."

Parfois, je suis moins convaincu :
- "Elle nous a fait treize comme ces vilains apôtres" : les apôtres n'étaient pas treize, que je sache (et pas vilains non plus, d'ailleurs)
- "les calvaires exsangues" : pourquoi, exsangues ?
- "Tout à l’heure sous l’averse au cimetière nous irons" : 3 compléments circonstanciels de suite... Pourquoi pas garder l'ordre plus familier, "nous irons au cimetière" (d'autant plus que l'inversion n'est pas dictée par la rime, absente).

Les deux derniers vers sont, je trouve, moins forts que le précédent, et concluent le poème dans l'anecdotique (une trace de pas). D'ailleurs, je ne comprends pas trop la progression du poème : je croyais, au début que Mam Goz était déjà "couchée sous la terre", alors que la fin parle de l'enterrement au futur. Les deux premières strophes ont, à mon avis, plus de force poétique, et je les verrai bien à la fin.

   Anonyme   
22/2/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je trouve ce poème de qualité inégale.

Il y a une belle recherche sur les sonorités, un travail sur les images que je trouve assez agréable à lire, même s'il est plutôt dur dans sa représentation:

- Et nous voilà marris avec nos mains qui pendent.

- Dans les flaques de boue, l’étrave de nos sabots
Donnera la cadence à l’insigne convoi.

sont deux exemples de ce qui me plait dans ce texte.

Mais je n'aime pas trop cette représentation vieillotte de la Bretagne. Je la trouve clichée, comme une évocation classique de cette région. C'est dommage de réduire ce pays superbe à ça.

   Raoul   
28/2/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve une belle densité dans ce poème à lent balancement.
J'aime bien sa raideur, cette façon de ne pas s'égailler dans l'image, ainsi, "Et nous voilà marris avec nos mains qui pendent" est vraiment l'expression des silhouette taiseuse évoquées.
Seul bémol, c'est le chouya de misérabilisme qui s'invite un peu trop par moment, faisant passer parfois -strophes centrales- ce [poème digne des humbles] dans un registre plus geignard (bien que le terme soit trop peu nuancé), pour moi, et c'est purement subjectifs, les vers, même s'ils ont du sens, sept et huit sont de (ou un peu) trop.
Bel écrit.
;o)

   Pimpette   
18/3/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est une Bretagne d'avant la guerre mais ça ne me dérange pas....ça va très bien avec a simplicité générale du récit, les poules inquiètent me plaisent particulièrement et le petit envoi culotté au curé qui suit le convoi..".le père ne parle plus"...ça c'est très bon. Pas un mot de trop pour dire le chagrin d'un breton taciturne...et pas loin, un jeune frère handicapé qui va donner bien du tracas à tout le monde.

Il est très émouvant ce texte avec une retenue qui le rend plus touchant encore

   fugace   
12/11/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Qu'importe le lieu, le temps.
C'est tellement juste :"le père ne parle plus depuis la maison vide".
C'est beau, simple, vrai.


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