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Cyrill
5/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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J’ai d’abord pensé ce poème comme un plaidoyer écolo mais c’est plus que ça et c’est juste de la poésie.
La mer, c’est toujours la fin de son monde, car on ne voit ni ce qui vit et meurt dedans, ni ce qu’il y a de l’autre côté. Ici, c’est même la fin DU monde en même temps que la fin de ce jour « qui ne veut pas finir », et avec ce crépuscule d’apocalypse c’est le début de l’amertume. Le choc des couleurs est là pour en attester. La précision du vocabulaire aussi. « gros ourlets d’écume », « gonflé d’ecchymoses » ne laissent guère de doute, la mer n’est pas en grande forme, ni sa spectatrice. C’est le septain de l’exposition, celui qui donne à voir. Mais on ne va pas rester devant comme au musée, on va vivre avec. Vient alors l’adresse vibrante de la locutrice, on est très vite gagné par sa tristesse. Elle revient pas moins de trois fois sur cette émotion, jusqu’à se sentir « déjà morte ». Ainsi, on l’imagine aller sans volonté au gré d’une houle que des alexandrins bien trempés suggèrent tout au long du poème. Comme un corps mort repris par la mer et rejeté par trois fois sur la grève. Je salue ici l’extrême souci des sonorités, qui atteint son apogée avec les allitérations en p, tr, fr du second huitain. Elles offrent une congruence parfaite, en se frottant à la finitude, avec l’humeur sombre exhalée du discours. Des alexandrins blancs (c’est rare) qui ne s’affranchissent de la rime finale que pour mieux soigner leur système d’écho. Ces gros paquets de vers (un septain, deux huitains) me font l’effet des paquets de goémons, un peu gluants, que laisse la mer à nos pieds, à nous de nous en dépêtrer. Pour le blues, c’est pareil. Puis les mots viennent à manquer, ou alors c’est le sommeil plein de rêves inouïs qui gagne la locutrice. Les vers s’amenuisent. Y a rien d’autre à faire que rêver. « cascatelle », c’est joli comme une berceuse. Bravo, et merci pour ce joyau de jais et de sang, de blues pétrole aussi et bien d’autres teintes. Et puis le titre : si ça sent pas la fin du monde, ça ?! |
Ornicar
5/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Réussi dans le genre. Et même très réussi. Au fait, quel genre ? Le genre écologique d'un poème plaidoyer ?
La première strophe met le feu au texte avec ses couleurs apocalyptiques qui saisissent l'imaginaire du lecteur : violence des rouges de l'incendie et du couchant mêlés ("Dernier sursaut d'un jour qui ne veut pas finir") et du noir de la mer ("des draps de jayet"). Les "ecchymoses" ne sont pas belles à voir. Fini le grand bleu ! La symbolique des couleurs retenues, rouge du sang et noir de la mort, renforcent encore cette sensation de fin du monde. J'ai aimé la puissance évocatrice de ces vers. Par exemple, à propos des sirènes : "Le tumulte du monde a naufragé leur chant". Que c'est tragiquement beau. Mention spéciale aussi pour les trois premiers vers de la dernière strophe qui s'appuient sur l'image baudelairienne de l'albatros, tant pour le fond, les images, que le jeu sur les sonorités. . "Les ailes empêtrés d'un pétrel englué"... Magnifique - et sombre - trouvaille qui claque et fait sens. Sans oublier le titre, bien trouvé "infinuit". Enfin, coté classification, pour moi, ce n'est pas un "libre". C'est plus un "contemporain", bien "chiadé", tout en alexandrins blancs, qui se paye de surcroît le luxe de la diérèse au vers 3 : "Dans la confusion d'un ciel qui s'embrunit". Comme quoi... |
Donaldo75
5/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
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Purée de nous autres, comme disait le commissaire Navarro, ça c’est de la poésie moderne. Dès les premiers vers, je suis tombé sous le charme de ce poème.
« Le flamboyant reflet d'un feu saigne sur l'eau. » Ce vers exprime bien ce qui me plait dans cette poésie : de la musicalité, de l’image, de la symbolique, le tout dans un ensemble qui tient la route même si ici je cite un vers individuellement parce que justement il est autoporteur. Et ça, je vous le dis comme je le pense permettez moi de vous le dire (merde, je fais du Sarkozy), ce n’est pas facile à réussir. Bon, dois-je me lancer dans une analyse du genre cerveau gauche, un commentaire composé à la mode bac de français ? Bon ben euh tsé, je vais passer mon tour sur ce coup et profiter de mon temps pour relire ce poème parce que c’est ça la magie de la littérature, de la poésie, des beaux écrits quand ils ne résonnent pas dans le vide. Bravo ! |
Provencao
13/5/2025
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très aboutie
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Bonjour Myndie,
"Miettes de nuit en cascatelle, Nostalgie du futur, Rêver, éperdument…" Sublime ! Sous le charme où la délicate et délicieuse poésie est de tous les temps, pourvu que le ressenti l'affecte là où rien ne la laisserait saisir. Il y a ainsi des crépuscules brodés dans la rencontre de cet horizon qui ne cessent de nous surprendre. "Pitoyable et bien loin du prince des nuées, Mon esprit se débat, les ailes empêtrées D'un pétrel englué dans un lac de pétrole." fait alors éclore dans le méat de l'esprit et de l’imaginaire, l'original ce cartel du juste et du décryptable qu’est la poésie. C’est dire que cette sublime poésie peut déceler les forces de l’inaccessible et confiner le sacré. Au plaisir de vous lire Cordialement |
Gouelan
13/5/2025
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très aboutie
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Bonjour Myndie,
Très beau titre. La première strophe nous donne à voir à l'infini le jour qui se meurt. L'illustration de votre poésie dans le diaponiris s'y marie à merveille. Le tumulte du monde noie le chant des sirènes. Il noie la beauté, le vivant. On en perd l'étoile polaire. La troisième strophe nous embarque. À lire et à relire. La mer, pour seule consolation. Une consolation triste. On ne peut rien faire de plus que d'effacer la mémoire, s'endormir. "nostalgie du futur", on peut en rêver éperdument avec ces "miettes de nuit cascatelle". Merci. |
papipoete
13/5/2025
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très aboutie
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bonjour Myndie
... alors le majestueux paquebot gitant de sa proue, se leva jusqu'à ce que ses hélices brassent l'air, et dans un fracas d'enfer se brisa en deux ; les naufragés hurlaient quand bientôt tout debout, RMS TITANIC sombra... ... je suis encore vivante, ou bien suis-je déjà morte, les ailes engluées par le pétrole...? NB ceci est mon scénario, de cette vision apocalyptique où une " femme à la mer " décrit ce qu'elle voit, et ressent avant de couler dans les abysses de l'océan. elle n'en veut pas à la Mer qui peu à peu l'engloutit ; je vois se dérouler la pellicule de mon cinéma, où capitaine et armateur sont les responsables ! sur cette vision papipoètienne, je vois de magnifiques vers comme les derniers ( Mer, je suis si petite et je t'aime toujours/berce-moi doucement et la nuit passera ) pardon à l'auteure, d'avance si je suis tout-à-fait " à l'ouest " de votre thème ? |
Cristale
13/5/2025
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très aboutie
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Bonjour Myndie,
Quel beau poème ! Des vers ondulant au rythme des alexandrins pareils aux vagues de la mer dont le chant pénètre l'âme en berçant le ressac des souvenirs. J'entends une voix noyée dans sa peine qui appelle l'invisible, l'indicible, par-delà l'horizon. Le futur peut s'annoncer douloureux quand les douleurs du passé sont encore, et seront toujours, une brûlure qui ne cicatrisera jamais. "Mon esprit se débat, les ailes empêtrées D'un pétrel englué dans un lac de pétrole. Le fatras d'un naufrage hante et ronge mon cœur. Qu'il ferait bon dormir et d'un trait de silence Pouvoir se libérer du poids de la mémoire !" Que dire après ces mots ? Rien, donc je me tais. |
Eskisse
14/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
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Bonjour Myndie
Très beau poème à la fois tendre et dénonciateur. aime beaucoup le vers 7 et ceux dans lesquels la locutrice fait une demande à cette mer dénaturée ou métamorphosée. Ce qui enrichit aussi le poème ce sont toutes les références littéraires liées à la mer:: Baudelaire, Homère ... Bravo |
Damy
14/5/2025
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très aboutie
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aime beaucoup
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La mère et la terre se meurent ou sont mortes. L'amour est transcendé.
La mélancolie de la poétesse embarque sur "Le navire glissant sur les gouffres amers". Le naufrage se lit très agréablement. La poésie est une bouée de sauvetage. |
Damy
14/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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La mère et la terre se meurent ou sont mortes. L'amour est transcendé.
La mélancolie de la poétesse embarque sur "Le navire glissant sur les gouffres amers". Le naufrage se lit très agréablement. La poésie est une bouée de sauvetage. |
Louis
16/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
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La première strophe donne à voir de façon imagée un monde crépusculaire.
Un monde à l’agonie dans un « jour qui ne veut pas finir ». Une mort lente. Un monde meurtri, blessé, marqué par une violence, portant les stigmates d’une maltraitance : « le flamboyant reflet d’un feu saigne sur l’eau » ; « le ventre de la mer est gonflé d’ecchymoses » La mer porte et reflète les blessures, les coups violents que le monde a reçus. Une froideur de métal s’abat sur le monde : « Un voile de métal dévore l’horizon » ; une dureté métallique s’étale sur la mer : « Le soleil se déverse en coulées de laiton ». C’est le « ventre de la mer » qui est touché, la mer source de vie, la mer génératrice. Le monde est éprouvé jusque dans sa matrice. Et c’est la possibilité même d’un ailleurs, tout autant celle d’un lendemain dans ce monde qui semblent compromis : l’horizon est « dévoré ». Plus d’ouvert, plus de ligne de fuite, un « voile de métal » clôt l’espace et le temps. L’infinité spatio-temporelle laisse place à « l’infinuit ». La deuxième strophe caractérise la relation entre la mer et la locutrice qui la contemple, non pas en simple spectatrice, faisant ressortir plutôt un rapport de convenance, de composition, comme celui de Van Gogh avec le soleil, mais en voie de perdition, au bord de la rupture et de la dissociation. Elle « vibre » encore et vibrait avec la mer. Elle dansait sur ses « flots onduleux ». En communion avec elle. Mais voilà la mer devenue méconnaissable, cette mer désormais tant altérée, si mortifiée, toute froissée de métal. Elle a perdu son « chant », et son enchantement. Plus d’entente possible : « je ne reconnais plus la voix de tes sirènes » Son pouvoir de séduction, ses vertus inspiratrices permettant une composition entre elle et son admiratrice, tout cela s’est perdu. La mer ne renvoie plus que morosité et « tristesse ». Ne subsiste que cet affect qui traduit, pour l’une comme pour l’autre, le dépérissement de la puissance de vivre et d’exister ; ne persiste qu’un commun obscurcissement « en de sombres émois ». La troisième strophe retrouve partiellement le rapport de convenance, ce rapport à la mer qui unit et rend plus fort. « l’esprit » de la locutrice ne réussit pas à trouver son envol, à devenir, comme l’albatros de Baudelaire « le prince des nuées ». Il reste prisonnier de cette vision crépusculaire de fin de monde, pareil aux « ailes empêtrées / d’un pétrel englué dans un lac de pétrole », et dont il ne parvient pas à se détacher en prenant de la hauteur. C’est que « le fatras d’un naufrage hante et ronge mon cœur ». L’impression que le monde fait naufrage s’avère tenace, et source d’angoisse. La mer n’a pas de responsabilité dans le naufrage, les causes sont ailleurs. Elle subit une violence, on ne peut voir en elle son origine. La mer, ambivalente, apparaît lieu de mort, sous « les draps de jayet » comme un linceul, et lieu de régénérescence, de vie renaissante. D’où cette supplique qui lui est adressée : « berce-moi doucement et la nuit passera » La mer reste aimée, « je t’aime toujours », et reste en convenance avec ce qui est recherché : une douceur, un bercement maternel, une consolation, qui aident à traverser les heures noires et retrouver le jour nouveau. Si son ventre est couvert de blessures, « gonflé d’ecchymoses », il n’est pas devenu stérile. Elle reste donc en convenance, proche de celle qui l’aime, avec laquelle la composition d’une vie renouvelée, plus forte d’âme, persévérante dans l’existence, demeure possible. Mais avant tout : « dormir », et non mourir de tristesse ( « si triste que je suis peut-être déjà morte ») ; dormir et oublier, dans le silence, « le tumulte du monde », « le fatras d’un naufrage ». Les couleurs ne dominent pas seules le temps crépusculaire, mais le vacarme, le trouble, le désordre bruyant les accompagnent. Le monde est plein de fureur et de fracas. Seul le bercement de la mer pourrait apporter à nouveau calme et douceur, et rendre la nuit passagère. Le poème se termine par un résumé de la situation, en une accélération du rythme des vers épousant jusque là l’ondoiement mélancolique de la mer. Trois traits rapides, trois traits contractent le cours des choses, celui des émotions et de la pensée. Le premier relève une décomposition : « miettes de nuit en cascatelle ». La nuit s’est décomposée en « miettes », ce qui clame encore que l’on ne peut composer avec elle, comme on peut composer avec la mer. La nuit tombe en myriades de gouttes sombres, elle tombe en une infinité de gouttelettes, dans un mouvement qui semble lui-même indéfini. L’infini de la nuit tendrait aussi à se substituer à l’infini de la mer. Le deuxième resserre l’émotion qui submerge, quand s’installe l’impression d’ « infinuit » : «nostalgie du futur ». L’expression oxymorique condense aussi la signification. La nostalgie est une tristesse qui porte sur un passé qui n’est plus, éprouvé comme un manque. Comment aurait-elle pour objet un « futur » ? Dans le passé, avant la nuit, avant « l’infinuit », on croyait en l’avenir, celui du monde autant qu’en l’avenir personnel ; on croyait un temps ouvert sur des progrès, sur la construction de vies plus belles et plus réussies. Mais la nuit infinie qui ruisselle a noyé toute rive des jours nouveaux. Le passé se savait en écoulement vers les temps futurs, porteur de rêves d’avenir, c’est de lui qu’il y a nostalgie. Alors que l’infinuit n’est qu’un perpétuel présent, une pluie perpétuelle de gouttelettes d’ombres, obstacle à tout advenir de vie nouvelle, de mondes nouveaux. Troisième trait : « Rêver, éperdument » Que faire quand vient l’ « infinuit », elle qui tombe comme une fatalité contre laquelle toute révolte et toute action semblent vaines ? Que faire si la mer ne répond pas à l’appel qui lui est adressé ? Il reste le rêve. Reste à rêver « éperdument ». Quand tout semble perdu, rêver follement, absurdement, désespérément. Le verbe est à l’infinitif, et déjà plus de sujet personnel, évanoui dans la nuit. Subsiste le rêve, dernière lueur sous la pluie nocturne. Rêve d’un ailleurs, rêve d’un lendemain, rêve d’un avenir. Le rêve : dernier refuge, dernier témoignage des vies et des mondes qui voulaient s’affirmer. Quelle noirceur dans ce poème, dans cette vision crépusculaire ! Ne laisse-t-il pas pourtant une chance au rêve porté par l’infini résilient de la mer, malgré toutes les blessures qu’elle subit ? N’est-ce pas de lui dont nous avons besoin pour imaginer un avenir, pour le réinventer, condition pour des lendemains qui chantent encore un peu, et rendent la nuit juste passagère. |