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Poésie néo-classique
Myo : Si tu ne reviens pas
 Publié le 16/10/21  -  13 commentaires  -  1069 caractères  -  232 lectures    Autres textes du même auteur

Personne n'est indispensable… mais certains le sont plus que d'autres…


Si tu ne reviens pas



Oh, je saurai, bien sûr, en bon marin d’eau douce,
Tenir ma barque à flot sans jamais perdre pied,
Fixer loin l’horizon, par où la vie me pousse,
Accomplir mon devoir sans un coéquipier.

Désormais, c’est prouvé, je n’ai plus peur du vide,
Et je peux affronter le tracas quotidien,
Organiser mon temps sans un quelconque guide,
Puis assumer mes choix sans l’aval d’un gardien.

C’est certain, d’expérience, en toutes circonstances,
Je gérerai ma force au rythme du besoin.
Depuis longtemps déjà, je dompte les silences,
Pour y bercer mes nuits puis, de moi, prendre soin.

Bien sûr, il n’y aura, ni rivière de larmes,
Ni soudain tremblement, ni regret trop amer.
Chaque jour passera, porteur de nouveaux charmes.
Je ne lancerai pas ma bouteille à la mer.

Mais le vent n’aura plus cette étrange musique
Et les couleurs perdront le pur de leur éclat.
Tout sera un peu moins, doux, chaud même magique.
Je serai moins, aussi, si tu ne reviens pas.


 
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   Anonyme   
5/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je trouve ce poème touchant dans le stoïcisme et la lucidité affichés par le narrateur ou la narratrice (je pense plutôt à un narrateur parce qu'il s'assimile à un "marin d'eau douce", mais grammaticalement parlant, comme "marin" ne se décline pas au féminin, la narratrice reste possible). Des vers me plaisent vraiment :
Depuis longtemps déjà, je dompte les silences,
Pour y bercer mes nuits
(…)
Chaque jour passera, porteur de nouveaux charmes.
et le dernier quatrain, mon préféré malgré la scansion un peu malaisée pour moi de
Tout sera un peu moins, doux, chaud même magique.
La césure entre "moins" et "doux", c'est rude !

Je regrette aussi le caractère haché à mes yeux du deuxième hémistiche du vers
Pour y bercer mes nuits puis, de moi, prendre soin.

Bref, le poème dans sa forme, selon moi, ne coule pas tout à fait comme un long fleuve tranquille ; ça ne correspond pas trop mal au propos, cela dit. Ce qui me gêne davantage, ce serait peut-être la lourdeur que je ressens dans certaines manières de dire, par exemple :
Tenir ma barque à flot sans jamais perdre pied, (un peu bizarre pour moi, on risque de perdre pied quand on est dans l'eau, pas dans une embarcation sur l'eau)
par où la vie me pousse (moche, je trouve)
Organiser mon temps sans un quelconque guide,
Puis assumer mes choix sans l’aval d’un gardien. (plutôt pataud dans l'expression à mon avis, "organiser mon temps" sonne carrément technocratique à mon ouïe, et le parallélisme de la construction de ces deux vers consécutifs avec le deuxième hémistiche introduit par "sans" me semble faire redite ; déjà que le sens est proche d'un vers à l'autre…)

   inconnu1   
7/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce petit rien qui fait tout lorsqu'il manque. Une belle technique, un message pudique et fort. Bien sûr le dernier quatrain est le plus émouvant

Bien à vous

   Donaldo75   
8/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Ce poème se lit bien car il suit la métrique des alexandrins de manière très respectueuse ; il en est aussi de le rime plutôt bien amenée. Le tout permet de délivrer le message, celui que le titre voire l’exergue promettent au lecteur, sans forcer sur les effets de style à se rouler par terre. Les quatrains enregistrent la progression du message, du sentiment que le poète narrateur veut exposer à la lecture afin de la rendre plus habitée, plus incarnée. C’est réellement du travail sérieux, de la poésie soignée.

   Anonyme   
18/10/2021
Bonjour

Les indispensables ne sont pas nombreux mais j'en ai connu
quand même quelques uns.
Un bon texte néo dans son ensemble même si quelques passages
heurtent un peu ma lecture :
Je n'aime pas trop l'hémistiche : puis, de moi, prendre soin.
Mais c'est surtout les 2 vers de fin qui me tarabustent pas mal.
Ces 2 moins, même si je les comprend, ne me semblent pas
placer à bon escient ni du meilleur effet.
Je pense que l'auteure aurait du s'orienter vers le soleil couchant
qui perd de sa clarté si tu ne reviens pas.

Dommage, lorsque l'on sait qu'un texte, souvent, nous marque
par son final.

Au final donc, un texte honnête sans plus ni moins, sans vers exceptionnel, l'auteur nous ayant habitué à plus élevé.

   Anje   
16/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Myo,

Sans, sans, sans, sans... Plus que l'absence, c'est la douleur du manque que cette répétition exprime. Subtilement, sans en prononcer le mot. L'effet ne m'est pas aussi agréable en ce qui concerne le verbe avoir (Bien sûr, il n'y aura – Mais le vent n'aura). Peut-être un verbe moins banal aurait pu trouver sa place à l'un ou l'autre vers, ce qui est le cas partout ailleurs.
Le titre revenant en écho pour clore le poème ne me semble pas porter la même sensation. Il est sombre, triste, déprimé puis paraît plus éclairé d'espoir.
Organiser, gérer, accomplir son devoir peuvent paraître prosaïques tellement on en use au qotidien mais quelle limite entre les mots simples et courants et ceux plus rares ?

Avec ou sans coéquipier, chaque jour apporte un nouveau charme. C'est le message que je retiens de ces quatrains.
Anje.

   Vincendix   
16/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Myo,
A travers ces lignes, je crois deviner l’inquiétude d’une femme qui pense au départ sans retour de son coéquipier. Cette inquiétude est parfaitement exprimée et, comme elle le sous-entend, elle ne sabordera pas son bateau, prendra la barre et continuera à naviguer.
Je constate autour de moi, la différence entre les femmes et les hommes qui perdent leur « moitié », les veuves semblent supporter moins difficilement la situation que les veufs. Cette constatation me rassure, si je pars le premier, je sais que malgré sa peine, ma petite femme gardera au moins une partie de sa joie de vivre, elle pourra compter sur l’affection de nos petits-enfants et elle sera garante de mon souvenir.
Vincent

   papipoete   
16/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Myo
Voici mon interprétation de ce poème...
" Si tu ne reviens pas... " une parole que j'ai conjugué durant plus de 1400 jours ; je lis des lignes pour moi bien familières !
Si tu ne reviens pas, je ne laisserai pas tout en plan ; je récurerai, je nettoierai, je repasserai mes habits et ceux de notre fille ! et je soignerai mes rosiers...
Oh, c'est sûr que je pleurerai beaucoup au début, peut-être même me saoulerai, et puis il faudra bien relever le front ; je me ferai à cette vie sans coéquipier, et les silences ne me feront plus peur, depuis le temps qu'ils résonnent entre nous sous ce toit !
NB quand on n'a que l'amour, et qu'il vient à disparaître, volé par un amant, on voudrait mourir mais il y a ce petit bout de chou, qui nous dit " mais moi, je t'aime papa ! " et puis on s'habitue à trouver le grand vide, qui devient ce compagnon avec qui jamais on ne s'engueule !
Tout devient moins doux, mais on ne meurt pas...complétement !
L'auteure, comme moi, fait sa crâneuse ( l'héroïne veux-je dire ) prenant le silence à témoin ( hein que c'est vrai Silence, que je ne pleure pas ? )
La première strophe est ma préférée... et j'espère que ce texte n'est que pure fiction !
la diérèse de " expérience ", manque pour avoir un texte classique

   Anonyme   
16/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Myo,

Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impresion que ces vers sont dédiés à un marin chaque fois qu'il s'en va .
La peur qu'il ne revienne pas et toujours les mêmes échanges de paroles, d'embrassades, au cas où...

Ces vers surtout, et les images telles que marin, barque, mer, horizon...

Et:
Depuis longtemps déjà, je dompte les silences,
Pour y bercer mes nuits puis, de moi, prendre soin.

Un hiatus au premier vers du quatrain d'où le néo-classique .

J'ai bien aimé la douceur, l'amour et la tendresse qui se dégagent de ce joli poème.

   EtienneNorvins   
17/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Qu'ajouter aux lauriers déjà tressés en couronne des précédents commentaires ?
... Sinon qu'irrésistiblement, j'entends l'écho inversé du 'Quand vous serez bien vieille...'. Complainte digne et retenue d'une Hélène (masculine ou féminine, qu'importe) qui modestement se compare à un 'marin d’eau douce' - dans le sillage donc d'un(e) autre, 'Tu' explorateur/trice de plus larges horizons marins, dont la perte (le naufrage ?) pourrait être surmontée 'bien sûr', mais priverait de 'magie', et qui semble aussi par contraste, plus 'infatué(e)' de soi', 'égoïste', 'narcissique' - comme Ronsard dans son sonnet...
Mais peut être ai-je un peu 'tordu' votre texte, à cause des résonance avec 'Entre les doigts serrés' ?...
Respectueusement,

   Miguel   
18/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Ce poème mêle les jolies trouvailles et les expressions un peu maladroites ou prosaïques. Mais c'est plein d'un charme mélancolique et tendre. Le dernier vers donne toute sa gravité à l'ensemble.

   Louis   
25/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le poème est une adresse à celui qui est parti au loin, ce compagnon d’existence qui s’est éloigné, cet être aimé qui s’en est allé.

Il ne s’agit pas d’un cri de désespoir amoureux, qui clame : « Je ne suis rien sans toi » ou : « je ne peux pas vivre sans toi ».
Tout au contraire, les premiers vers sont une déclaration d’indépendance et de capacité à se suffire à soi-même :

« Je saurai seul, en bon marin d’eau douce,
Tenir ma barque à flot sans jamais perdre pied »

L’absence de l’être aimé n’entraîne pas une dérive, n’amène pas l’être délaissé à se noyer dans le chagrin, à sombrer dans le désespoir.
S’affirment, dans de beaux vers, une autonomie, une liberté, une capacité à se diriger seul dans la vie, à naviguer en solitaire sur les flots de l’existence.
Le sujet de cette adresse ne se présente pas comme un être faible, qui a besoin d’être secouru, mais suffisamment fort pour surmonter les difficultés, celles de l’éloignement, comme celles de la vie en général :
« Désormais, c’est prouvé, je n’ai plus peur du vide »
La capacité est acquise d’orienter seul sa vie, nul besoin d’un « guide», de décider donc par soi-même, de se gouverner, d’être maître de soi et de sa vie. L’expérience vécue sans lui en constitue la preuve.
Le souci de soi aussi a été acquis : « … de moi, prendre soin » ; souci de soi par lequel on ne s’oublie pas ; par lequel on se prodigue à soi-même attention et prévenance ; par lequel on n’est pas anéanti dans l’absence de l’être aimé. Un souci de soi comme façon d’être soi, manière de s’appartenir soi-même.

S’exprime bien sûr le désir du retour de l’être aimé, mais non pour qu’il soit un « guide », un soutien, ou une aide ; surtout pas pour qu’il soit cette force masculine, sur laquelle devrait s’appuyer la faiblesse "féminine" de l’être délaissé.

Ce désir ne s’appuie pas sur un chantage affectif pour contraindre au retour du compagnon au loin, du style : « Je ne pourrai pas vivre sans toi »
Il ne se manifeste pas non plus dans une forme de séduction, du genre : « je ne suis rien sans toi ; tu es tout pour moi ». Pas de flatterie qui élève au rang d’une idole, d’un être indispensable, place sur un piédestal qui fait un être important, unique, exceptionnel.

Son retour est souhaité, mais pour non pour combler des vides.
Le désir du retour de l’être aimé n’est pas fondé sur le manque. Mais sur un surplus d’être, un surcroît d’existence.
Sa présence sera un plus, son absence est un moins.
C’est toute une tonalité du rapport au monde qui est modifiée par l’absence :

« Mais le vent n’aura plus cette étrange musique
Et les couleurs perdront le pur de leur éclat »

Intensité atténuée, sans lui, des sons, et la moindre fraîcheur des couleurs ; le monde ne sera pas vécu avec cette intensité qui résulte du rapport vibrant entre un je-tu, avec cette réciprocité réalisée dans le seul axe du je-tu, ainsi que l’écrit Bachelard, dans ce très bel extrait d’une introduction au livre de Martin Buber "Je et Tu" :

« Que m’importent les fleurs et les arbres, et le feu et la pierre, si je suis sans amour et sans foyer ! il faut être deux – ou, du moins hélas ! Il faut avoir été deux – pour comprendre un ciel bleu, pour nommer une aurore ! les choses infinies comme le ciel, la forêt et la lumière ne trouvent leur nom que dans un cœur aimant. Et le souffle des plaines, dans sa douceur et dans sa palpitation, est d’abord l’écho d’un soupir attendri. Ainsi l’âme humaine, riche d’un amour élu, anime les grandes choses et les petites. Elle tutoie l’univers dès qu’elle a senti l’ivresse humaine du tu (…) et c’est ici qu’intervient la catégorie bubérienne la plus précieuse : la réciprocité. Cette réciprocité, on ne la trouve jamais clairement sur l’axe du je-cela. Elle n’apparaît vraiment que sur l’axe ou oscille, où vibre le "je-tu". »

Le dernier vers du poème affirme un moindre-être pour soi également :
« Je serai moins, aussi, si tu ne reviens pas »

Un moindre-être qui est une puissance moins grande d’exister, mais une puissance tout de même de liberté, d’action, de décision, de souci de son être.

L’amour n’est pas un renoncement à soi, ni une existence soumise aux désirs de l’autre.
Dans la réciprocité, il permet au contraire, s’il est authentique, l’épanouissement de chacun des amants.

   Marite   
26/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Conquise par ce poème qui traduit, avec réalisme et justesse de l'expression poétique, un état d'âme qui, un jour ou l'autre, s'établit dans la vie de chacune et chacun de nous. Les mots choisis auraient pu être les miens à une époque passée et j'apprécie tout particulièrement cette partie :
" Depuis longtemps déjà, je dompte les silences,
Pour y bercer mes nuits puis, de moi, prendre soin.

Bien sûr, il n’y aura, ni rivière de larmes,
Ni soudain tremblement, ni regret trop amer.
Chaque jour passera, porteur de nouveaux charmes.
Je ne lancerai pas ma bouteille à la mer.

Mais le vent n’aura plus cette étrange musique
Et les couleurs perdront le pur de leur éclat.
Tout sera un peu moins, doux, chaud même magique.
Je serai moins, aussi, si tu ne reviens pas."

   Myo   
28/10/2021


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