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Poésie classique
pieralun : Béton-sur-mer [concours]
 Publié le 18/03/14  -  22 commentaires  -  1717 caractères  -  411 lectures    Autres textes du même auteur


Béton-sur-mer [concours]



Ce texte est une participation au concours n°17 : On connait la chanson ! (informations sur ce concours).





C'était pas l'océan, mais nous avions la grève ;
Nous appelions ainsi la rive du canal.
L'eau blême était la mer, l'écluse un vieux chenal
Et nos tours de béton la mâture du rêve.
Planant dans les embruns quand s'engouffrait l'autan,
Nos mouettes, vains piafs d'octobre pris au piège,
Partageaient notre hiver, grelottaient sous la neige
Pour n'avoir su voler loin du léviathan.

Elle avait dans les yeux cette forme d'absence
Où flottait la lueur absinthe de l'iris,
Un piercing entre pull et zip d'un vieux Levi's
Et des reins à bouder nos quais d'adolescence.
Aussi préférait-elle, à notre bord de mer,
Le dock des Cadillac au déshonneur posthume,
Squelettes rhabillés crissant sur le bitume
Qui stoppaient en ouvrant leur carcasse de fer.
Elle allait, l'œil paré de lâchetés hautaines,
Troquer son grain de peau contre un rail de bonheur,
Nous revenant le fard écrasé sur le cœur
Et des paradis fous ruisselant dans les veines.
Ce jour froid de janvier, sans un oiseau dit-on,
Croyant changer de vie elle a changé de rive…

Quand le soleil l’effleure, au matin, il m'arrive
De voir deux ronds d'anis rider l'eau du béton.



L'héroïne de référence est celle de l'album de Gainsbourg : Marilou. Le texte est inspiré du morceau « Variations sur Marilou » dont Serge Gainsbourg est l'auteur et le compositeur.


 
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   Anonyme   
24/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je crois reconnaître la fille aux yeux menthe à l'eau (avec son copain aux yeux noirs couleur de trottoir), mais peut-être me trompé-je... Quoi qu'il en soit, j'ai bien aimé cette resucée d'un bonbon d'antan plus aigre que doux. Un gros coup de cœur pour
"Elle avait dans les yeux cette forme d'absence
Où flottait la lueur absinthe de l'iris"
!
le rail de bonheur, le fard écrasé sur le cœur et les paradis qui ruissellent dans les veines ne me paraissent pas franchement dégueulasses non plus ; bien expressifs, désespérants. Du beau boulot, clos avac élégance par l'eau du béton qui se fait rider, qui cède un bref instant au rêve... En revanche, j'ai pas pigé pourquoi les mouettes se retrouvaient piégées sur la grève pour n'avoir su voler "loin du léviathan".

   LeopoldPartisan   
28/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Assez bluffé par ce texte vraiment bien intéressant. Personnellement je n'ai pas cherché comme pour d'autre à trouver absolument la chanson. Cela va nettement plus loin, car il y a des références à plusieurs grandes chansons, dont la plus évidente vient de Variations sur Marylou de Gainsbourg dans son concept album l'homme à tête de chou, mais il ya aussi du Lavilliers et pourquoi pas du Téléphone et du Jean-louis Aubert. Il y a pour terminer une bien belle patte, celle de l'auteur de ce texte. J'adhère à fond.

   Anonyme   
18/3/2014
Salut pieralun

A l'évidence on ne boxe pas dans la même catégorie.
Je suis béat d'admiration devant vos vers qui actualisent, et de quelle manière, ce "grand niais d'alexandrin"

"Un piercing entre pull et zip d'un vieux Levi's"

"Le dock des Cadillac au déshonneur posthume,
Squelettes rhabillés crissant sur le bitume
Qui stoppaient en ouvrant leur carcasse de fer."

Je crois y deviner la fin tragique de la fille aux yeux menthe à l'eau de Eddy Mitchell.

On lit ces temps-ci pas mal d'âneries sur ce qu'est ou ce que doit être la poésie.
Pour moi, c'est simple. il suffit de lire ce Béton-sur-mer pour avoir une réponse
Une belle histoire, de belles images, des vers dignes des plus grands.

Respect Monsieur Pieralun et merci pour ce bon moment passé à Béton sur mer.

   Anonyme   
18/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour

Le thème n'est pas nouveau mais le ton et le choix des mots
du poème lui donnent un bon coup de dépoussiérage.

Des vers magnifiques :

Et nos tours de béton la mâture du rêve.
Et des reins à bouder nos quais d'adolescence.

Entre autres.

Bravo, un très bel exemple comme quoi l'on peut faire
du neuf avec du vieux.

   Anonyme   
18/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je n'ai pas spécialement reconnu la chanson et à vrai dire je m'en fiche un peu tant je trouve vos mots superbes. Pardon mais moi non plus je n'ai pas compris cette histoire de mouettes loin du Léviathan. Relu plusieurs fois, c'est vraiment une très, très belle découverte. Merci pour la fin qui évite le pathos.

   leni   
18/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est époustouflant de maitrise en alexandrins sonores Il y a de la magie là dessous
Elle avait dans les yeux cette forme d'absence
Où flottait la lueur absinthe de l'iris,
Un piercing entre pull et zip d'un vieux Levi's
Et des reins à bouder nos quais d'adolescence.

Vraiment du grand art!
Et le dernier vers où l'anis remplace la menthe?
Admiratif Salut cordial
Leni

   Miguel   
18/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Le côté devinette me gêne un peu, et comme je ne suis guère féru de chanson, je ne risque pas de trouver. Il y a là de beaux vers, mais aussi des obscurités, les mouettes, pourquoi vains piafs ? et quel rapport avec le Léviathan ?
On s'extasie sur l'eau du béton, mais, prenez en pitié ma "bornitude", je ne comprends pas cette image. Alors, un beau rythme, du souffle, mais les obscurités (ou perçues comme telles par moi) me gâchent un peu le plaisir. Et puis, utiliser l'alexandrin pour parler de zip, de piercing et de Levi's, c'est un peu comme utiliser un carrosse pour les 24 heures du Mans : le carrosse est-il bien fait pour cela ? N'y a-t-il pas des outils plus appropriés ? Quelqu'un, citant "ce grand niais d'alexandrin", évoque les audaces romantiques ; mais elles étaient finalement peu de
de choses par rapport au classicisme, et Hugo, qui fait son révolutionnaire, parle ailleurs d'onde et d'urne au lieu de flotte et de marmite. J'aime bien donc ce texte, mais je n'y adhère pas à cent pour cent.

   Bidis   
19/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’ai trouvé la première strophe très imagée, pleine de nostalgie.
Pour la seconde,bien que ce soit objectivement très beau, je n’ai guère éprouvé d’émotion sauf pour :
« Elle allait, l'œil paré de lâchetés hautaines,
Troquer son grain de peau contre un rail de bonheur,
Nous revenant le fard écrasé sur le cœur
Et des paradis fous ruisselant dans les veines. »
qui m’a rappelé l’héroïne de « Requiem for a dream ».
Dans les derniers vers, je n’ai pas compris les "deux ronds d’anis" et c’est dommage parce que "rider l'eau du béton", ça me plaît bien.

   Anonyme   
7/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'alexandrin qui rejoint notre temps. Une écriture bien loin de celle des poètes du dimanche qui s'y essaient avec tant de complaisance. Rien de cela ici. Une belle nostalgie qui ne se dit pas et transpire avec élégance et modernité. Seul "léviathan", à mon goût, un tantinet suranné aurait pu s'abstenir d'être là dans ce contexte digne d'un tableau de Neyrinck.

   Arielle   
19/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Réconcilier ainsi l'élégance du classique avec la vivacité du langage moderne est souvent un exercice périlleux mais tu t'en tires avec panache, pieralun !
La perfection de tes images et de tes vers m'ont fait oublier le but de l'exercice. Ton poème chante naturellement et se suffit à lui-même sans qu'il ait besoin de s'appuyer sur les paroles de la chanson d'origine.

La première strophe qui installe le décor aurait peut être pu se trouver un peu plus condensée et le doute qui plane sur ce léviathan (l'hiver ?) détourne un peu l'attention du lecteur (à mon avis) mais la suite est sublime et ce regard d'anis coulé dans les rides du béton est une trouvaille de maître. Merci pour ce "rail de bonheur" !

   Ioledane   
19/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un poème bien structuré, fluide, écrit d’une plume maîtrisée, avec de beaux jeux sur les sonorités : « Squelettes rhabillés crissant sur le bitume » ou encore « De voir deux ronds d’anis rider l’eau du béton ».

La fille aux yeux menthe à l’eau est ici joliment poétisée, avec ce décalage bien rendu entre le rêve du narrateur et la triste réalité.

Je n’ai pas aimé le premier vers, où l’absence de négation me gêne, d’autant plus qu’elle n’existe nulle par ailleurs, et qu’elle contraste furieusement avec le « nous » non familier employé dans le même vers.
Quitte à assumer cette familiarité, j’aurais préféré lire, pour plus de cohérence :
« C'était pas l'océan, mais on avait la grève ;
On appelait ainsi la rive du canal. »
La suite pouvant rester inchangée.

Le Léviathan m’a intriguée, je ne vois pas ce qu’il représente.

Hormis cela, j’aime la façon dont est sublimé ce triste environnement, avec de très jolies formules :
« Nos mouettes, vains piafs d'octobre pris au piège »
« Squelettes rhabillés crissant sur le bitume »
« Elle allait, l'œil paré de lâchetés hautaines,
Troquer son grain de peau contre un rail de bonheur »
« Et des paradis fous ruisselant dans les veines ».

   Anonyme   
19/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut pieralun...! les quatre premiers vers sont mes préférés bien que la suite soit également d'un très bon niveau.

J'ai un peu coincé sur Léviathan et rond d'anis, souri au vers suivant :"Un piercing entre pull et zip d'un vieux Levi's", alexandrin moderne s'il en est, ce que l'auteur m'avait, me semble t-il, quelque peu reproché en d'autres circonstances.

Passons ! Comme dans tous textes classiques, j'ai cherché la petite bête sans jamais la trouver et je dois avouer avoir apprécié l'ensemble... Bonne chance pour le classement final et encore bravo !

   Anonyme   
19/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Votre poème est une très belle réussite.
La première strophe est poétique à souhait et la seconde dotée de belles trouvailles déjà citées dans les autres commentaires.
Je trouve les deux vers de fin très...fins.
;-)
Vous méritez la palme mais ce n'est que mon avis.

   Anonyme   
19/3/2014
"Elle avait dans les yeux cette forme d'absence
Où flottait la lueur absinthe de l'iris,
Un piercing entre pull et zip d'un vieux Levi's
Et des reins à bouder nos quais d'adolescence."

Quand l'alexandrin prend des formes modernes, il m'enchante, il m'en chante...

Sublime !

Je ne noterais pas, ignorante des règles de Dame Poésie

   Lulu   
19/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé ce poème où les images sont simples mais concrètes. Je me suis toutefois heurtée au mot "piafs" que je n'aime guère, mais cela relève d'une impression tout à fait personnelle. L'ensemble est très bien composé. Il nous fait entrer, et sortir, voyager.

   Myndie   
19/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Enthousiasmée par ce "Béton-sur-mer", j'avoue que je n'ai pas moi non plus cherché à trouver la chanson. L'important à mes yeux est ailleurs; j'ai été happée par l'atmosphère que rend superbement le poème.
Des vers d'une grande beauté
"Nos mouettes, vains piafs d'octobre pris au piège,
Partageaient notre hiver, grelottaient sous la neige
Pour n'avoir su voler loin du léviathan."
"Troquer son grain de peau contre un rail de bonheur"
"Et des paradis fous ruisselant dans les veines."...
L'écriture est magistrale, qui suggère avec art, qui nous envoie en pleine face des images belles et dures, des lueurs et des couleurs si glauques..
Moi je m'y sens comme dans l'univers d'un Djian qui serait venu à la poésie, ou d'un James Ellroy...
Bravo vraiment!

   Acratopege   
23/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne suis pas vraiment, et je le déplore, un lecteur de poèmes, mais celui-ci m'a touché d'emblée, comme ceux de Cendrars dans mon adolescence, par une sorte d'immédiateté du sentiment et des sensations qu'il a fait naître en moi: frissons, recroquevillement de plaisir dans les embruns, mélancolie, espoir d'un retour improbable... et puis je n'aurais jamais imaginé que des alexandrins classiques pussent sonner si contemporain! Merci.

   costic   
23/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour !
A la lecture, des émotions.
Des images justes, poignantes, puissantes. On se laisse enivrer par le rythme et la musicalité des ces vers qui savent nous emporter.
Touchée, émue, par un souvenir, elle, fantôme aérien, dans ces vers balancés comme des vagues.

   Ninjavert   
25/3/2014
Une belle maîtrise des mots et des images, coulée dans ce béton.

J'ai beaucoup aimé la première strophe, un peu moins la seconde. Pour autant, les plus beaux vers sont dans la seconde strophe, mais au global cette dernière m'a moins parlé.

Une vraie réussite, en tout cas.

Concernant la chanson, je n'ai pas reconnu non plus. J'ai vu évoqué "couleur menthe à l'eau" par d'autres... pas trop vu le rapport, si c'est bien ça.

Je ne suis vraiment pas fan de poésie, mais c'est le genre de texte qui me fait apprécier aussi bien les images que la technique d'écriture. Encore bravo !

   Robot   
7/4/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
On ne peut plus classique. De bout en bout j'ai été happé par les alexandrins qui ont échappé à la grandiloquence. Une forme d'épure des sentiments qui berce au fur et à mesure de la lecture. Du classique avec des mots et des expressions d'aujourd'hui, chapeau l'artiste.

   Anonyme   
1/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour pieralun

J'aime l'immobilité de cette ville léviathan parée de mâtures en béton, bloquée par ce canal gris, plaquée sous la grisaille et la froidure. C'est très visuel, je les vois ces gosses qui regarde cette fille, je la vois, elle, la tête pleine de rêves, les veines gorgées de blues comme j'entends la tristesse de celui qui passe et la trouve, étendue quelque part. Fin tragique pour fille perdue, elle est très belle, elle est parfaite jusque dans le plus petit détail.

   Pimpette   
2/8/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Quel beau texte en plus d'être un poème attachant à l'extrême!

""Elle allait, l'œil paré de lâchetés hautaines,
Troquer son grain de peau contre un rail de bonheur,
Nous revenant le fard écrasé sur le cœur
Et des paradis fous ruisselant dans les veines."

TOn personnage est là émouvant, tout entier et nous annonce subtilement la fin de l'histoire...

Pieralun, ton écriture m'a toujours rendue jalouse!


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