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Poésie libre
Pouet : Manufacture de l'aube
 Publié le 08/06/20  -  21 commentaires  -  1611 caractères  -  493 lectures    Autres textes du même auteur


Manufacture de l'aube



Il est clairement établi qu'un métier à tisser funambule façonne sa dentelle d'astres au fil de trame du firmament, l'azur pixélisé étant produit à grande échelle sur un écran métaphysique. La confection de l'aube et du crépuscule est quant à elle plus délicate à appréhender. Selon les dernières études, il semblerait que les cils tiennent un rôle prépondérant, certains les comparant à des aiguilles à tricoter, d'autres à des pinceaux, ces « ustencils » usineraient une image propre au regard de chacun. On parle ainsi de manufacture visuelle ou d'oniris pupillarum.


La nuit pend aux rideaux...

Un coq empaillé trône
sur ma table d'ennui,

j'ai jeté mon réveil avec mes espérances.

Trois anges boursouflés jouent avec mes corn flakes,
la cafetière émet des râles liturgiques,
cumulus de lait dans mon bol d'asphyxie,
d'une tartine de songes dégouline
l'horizon.

Ce petit trou de ciel :
un accroc sur la nappe.

Il fait bleu il fait bleu,
doux cœur arabica...
Une cuiller à sucre adoube la lumière.

Dehors frappe aux carreaux.

La fenêtre brise un monde
– réel appertisé –
l'ouvre-boîte est posé
sur le bord de l'instant.

Quelques sachets s'agitent
– bonheur lyophilisé –
la bouilloire stridule
quand infuse l'été.

Les langes de l'aurore sont trempés de soleil.

Je me lève
en courant
et piétine
le jour.

Il me faut rattraper
nos sommeils en retard.


 
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   Gabrielle   
20/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte pose la question du rêve et du "crépuscule".

Si les rêves semblent être les mêmes pour chacun - ou plutôt étaient-, il semblerait qu'une perception plus pessimiste de la réalité incomberait à chaque personne en fonction de différents facteurs dont le vécu et ferait partie d'une perception très personnelle de la réalité.

Merci à l'auteur(e) de ce texte d'introduire ici un tel débat et de rapprocher ainsi les "espaces personnels" de chacun.


Belle continuation.

   Anonyme   
22/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Un texte réjouissant, dont il ne faut pas, à mon sens, chercher un sens dans le mot à mot.
Juste se laisser voguer sur les images, les jeux de mots (légers et pas trop nombreux, un délice)

L'exergue nous donne le ton, le la.
Il est clair que le narrateur se lève, sait où il va (enfin peut-être) et nous propose de le suivre ou de l'observer.

La mise en page, centrée, n'est pas celle que je préfère en poésie, mais je l'ai vite oubliée (sur ma "Table d'ennui" ?).

Je n'ai pas envie de détailler, "décortiquer" ce poème que je savoure dans son ensemble, surprise à chaque geste de ce petit déjeuner surréaliste.

Les deux derniers vers, la conclusion (?) me laissent un peu perplexe, tant pis.

Bravo et merci du partage.
Éclaircie

   Anonyme   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pouet,

J'ai bien aimé comment le poète est parvenu à rendre cette idée de "manufacture" avec les bruits des objets familiers : la cafetière, les carreaux, la cuiller qui adoube la lumière, les sachets qui s'agitent.
Et comment dieu est malicieusement mêlé à tout cela !

" Une tartine de songe dégouline
l'horizon" me fait penser aux Montres molles de Dali.

Un poème décalé qui peint l'aube en objets qui s'animent. C'est plutôt renversant !

Merci du partage

   Anonyme   
9/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un très beau texte où l'auteur expose par le menu avec beaucoup d'inventivité le déroulé de sa matinée commencée avant l'aurore.

Seul le vers précisément consacré à l'aurore me semble un peu faible avec ses langes trempés de soleil mais c'est seulement parce que je viens juste de lire ce qui suit sous la plume d'Ovide, donc c'est excusé.:)

"Aurore ouvre les portes resplendissantes de l'Orient radieux. Elle sort de son palais de roses, les étoiles s'enfuient et se rassemblent autour de Lucifer qui se retire le dernier du séjour céleste. Dès que le Soleil voit l'univers rougir aux feux naissants de l'Aurore, et la lune s'éclipser jusqu'aux extrémités de son disque, il commande aux Heures rapides d'atteler ses coursiers" fin de citation

Sinon j'aime vraiment ce poème bien dans la veine de mes préférences.

edit du 09 juin : j'avais oublié, est-ce que le premier vers est un emprunt déférent au "notaire qui pend à ses breloques" de Rimbaud ? Si oui je tire mon chapeau bien bas !
Quant à "d'une tartine de songes dégouline l'horizon." je crois que c'est mon vers préféré !

   Anonyme   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pouet,

Il est clairement établi que je suis fan des mêmes ''ustencils'' que toi pour usiner les aubes et crépuscules devant mon petit noir du matin.

J'adore cette déambulation fantaisiste aux premiers instants du réveil !

Les associations d'images sont brodées à merveille et revisitent le thème avec une belle réjouissance d'âme.

C'est beau, c'est frais, c'est profond et en même temps d'une légèreté incroyable. Que vouloir d'autre ?

Peut-être piocher un bel éclat parmi tant, pour faire plaisir au poète, et prolonger le mien :

« Ce petit trou de ciel :
un accroc sur la nappe.

Il fait bleu il fait bleu,
doux cœur arabica...
Une cuiller à sucre adoube la lumière. »

Merci pour cette belle inspiration


Cat

   Ascar   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un réveil difficile ou les rêves encore collés aux paupières empêchent l’œil d'y voir clair. S'en suit une mélange surréaliste... à consommer sans modération. J’entends la bouilloire qui découpe le silence en lanières stridentes.

Un texte surprenant et délicieux par les décalages qu'il créé.

   Corto   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un poème qui rit pour des lecteurs complices.
Une trouvaille par ligne, une logique qui rebondit.

J'ai adoré en particulier:
"Trois anges boursouflés jouent avec mes corn flakes,
la cafetière émet des râles liturgiques".

Il y a là de quoi passer une sacrée bonne journée.

Bravo Pouet pour ce pétillement de langage.

   papipoete   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Pouet
les derniers lambeaux de nuit pendent aux rideaux, alors qu'un coq chante dans ma tête. " Dehors frappe à ma fenêtre " et semble me dire " hâte-toi, tu vas être en retard ! " et ça traîne des pieds sous la table du petit-déjeuner, il faut que j'me pousse !
NB " du Pouet " à n'en point douter, où il ne faut pas chercher à faire parler le décor, ni soupeser l'image que l'auteur met en évidence !
C'est du " Pouet ", de la poésie libre, mais dont chaque mot vaut son pesant d'or ( savez-vous que notre homme sait manier rimes et pieds ? ) si, si je l'ai lu une fois, mais ne me souviens pas du titre !
des trouvailles ( cumulus de lait dans mon bol d'asphyxie ), plus loin ( ce petit trou de ciel, un accroc sur la nappe )
En outre l'auteur manie avec maestria les " balises HML ", que je n'ai jamais su dompter !
Du " libre " façon Dali en écriture, qui met des étoiles dans les yeux !

   emilia   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’admire votre inventivité à créer des images originales, même pour dépeindre un quotidien répétitif, comme ce réveil si habituel au point de le qualifier de « liturgique » et que vous habillez de poésie et d’onirisme pour le rendre singulier, vous le réapproprier en restituant pour le lecteur l’ambiance et l’humeur de l’instant… Cet art que l’on retrouve aussi dans la « manufacture » citée en exergue et capable de transformer cette matière première en donnant la parole aux objets qui semblent les maîtres de ce petit-déjeûner surréaliste, au-delà du « réel appertisé » pour oublier cette »table d’ennui », ce « bonheur lyophilisé » et le temps qui s’interfère à nouveau, bousculant le rythme « Je me lève en courant… », avec un « retard à rattraper… » (peut-être faut-il voir ici les effets du confinement…) et l’été qui s’annonce « trempé de soleil » pour une reprise d’activité à travers ces pas qui « piétinent » le jour… ; bravo à l’auteur et merci pour le partage…

   Cristale   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Associer l'impalpable et le concret est le don que possède l'auteur. Il utilise l'interaction des éléments éthérés sur la 'matiérité' des objets du quotidien avec énormément de poésie.

Cette fois-ci, cher Pouet, votre oeuvre me laisse un sentiment de bien-être et ma lecture a brodé mes yeux de vos déliés pleins de joliesse...le tricotage de mes cils sur vos vers s'est avéré limpide et sans difficulté.

Merci pour ce moment de poésie, qui, bien que n'étant pas de la même veine que la mienne, m'est des plus agréables.

Cristale
Zen

   Stephane   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un très beau poème et une très belle trouvaille avec cette "Manufacture de l'aube" qui, si elle n'existait pas, aurait dû être inventée.

Une tranquillité de l'esprit avec cette aube qui transparaît délicatement pour s'ouvrir au jour.

Bravo Pouet,

Stéphane

   Hiraeth   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Nous nous étions bien énervés la dernière fois en parlant de société et de politique, mais je reste assez subjugué par votre talent poétique. Je n'ai pas grand chose à ajouter aux commentaires, j'admire la façon dont vous faites s'interpénétrer avec finesse et humour macrocosme et microcosme, le sublime et le banal, le profane et le religieux. Les images sont belles et rafraîchissantes (l'aurore tel un nouveau-né dans ses langes trempées...), découpées en petites strophes comme de petites tartines, sans rapport entre elles si ce n'est leur appartenance au monde de l'aube, mais intégrées en un tout par l'acte de lecture qui en fait un tableau lumineux de grâce. J'aime beaucoup l'exergue, qui affirme avec humour et intelligence le pouvoir de composition du regard humain, pouvoir que j'aurais bien qualifié de démiurgique (vu qu'il établit un ordre à partir du chaos des données sensibles), n'eût été l'humilité bienvenue de votre métaphore artisanale.

Cette série d'épiphanies se lit comme une grande bouffée d'air frais, qui nous plonge dans une sorte de naïveté enfantine mêlée de sagesse adulte. Je retiendrai quelques vers vraiment jouissifs : l'enthousiaste "Il fait bleu, il fait bleu" à la limite de la synesthésie, ou encore "j'ai jeté mon réveil avec mes espérances" (le rythme alexandrin du vers a tout de suite accroché mon oreille).

Bravo.

   ANIMAL   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce n'est pas mon genre de poème favori, le titre et l'incipit ne me séduisent guère, mais dès les premiers vers, je dois dire que j'ai été happée par les mots.

Ces associations singulières donnent une ambiance assez fabuleuse à ce texte. Une scène matinale totalement vivante et visuelle.

Je crois que j'ai tout apprécié, comme on savoure chaque gorgée d'un bon café ou chaque miette d'un délicieux gâteau.

Bravo.

   Provencao   
9/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
"j'ai jeté mon réveil avec mes espérances."

Sublime!!!! Où vous nous invitez à différencier le rêve du mot imagination qui devient très pertinemment communicabilite, avec ces "langes de l'aurore" et ce gain de plaisir où il vous faut rattraper vos sommeils en retard....

J'ai adoré votre "prestidigitation " proposée en cette poésie....qui nous offre une réflexion profonde à prendre avec des pincettes...
Merci

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   BlaseSaintLuc   
9/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Moi qui me suis assoupis , au coin d'un astre rond ,
Moi qui trop longtemps silencieux, à vos textes ne répond!

Compagnons oniriens je suis triste à ce jour ,
je suis triste d'avoir perdu mon tour !

Ne pas être le 1er, à voir l'aube qui point,
ce texte est le rêve même ne font qu'un !

Ce réveil, au moins est le meilleur qui fut.
Pouet ces lignes sont un trait de génie !

   Donaldo75   
9/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Pouet,

La première fois que j'ai lu ce poème, je me suis dit que tu avais du forcer sur les champignons mexicains.

😛😜😝

Il y a une forte teneur en surréalisme dans ce poème dont la construction tient du graphisme. Les images en rajoutent une couche, un peu un mélange de Dali et de Magritte.

J'aime beaucoup.

Merci

Donald

   Sadbutfun   
10/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une très belle "manufacture" surréaliste... et réaliste à la fois ? Je ne sais pas, je ne suis pas un bon critique. Seulement je sais quand j'aime un poème, et celui-ci et bah, je l'aime, il coule tout seul, est fort en images et en émotions, d'ailleurs c'est un texte "d'ambiance", je trouve, ha voilà, j'ai déjà dis qu'il coule tout seul... "Quand infuse l'été", mais oui, comme un vers de thé vert, à couvert d'autres vérités... Ça m'a rappelé de vieilles lignes que j'avais écris et ça m'a fait sourire.

Ce n'est pas mon style de poème habituel - mais ça ne veut rien dire quand on aime vraiment la poésie. C'était une lecture plaisante et pour cela, merci, et bien joué. J'irai sans doute fouiller voir si je me retrouve dans tes autres œuvres, au passage...

   Vincente   
10/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
J'ai bien aimé la façon avenante qu'à l'exergue de nous mettre en bouche, une manière à la fois d'inviter au champ métaphorique bien spécifique de l'auteur et aussi de nous placer dans la mise en scène (à l'écoute du scénariste nous contextualisant son intention), comme si le lecteur était l'acteur au cœur de l'événement matinal.

Ensuite, je suis passé devant le premier vers qui m'a rappelé celui d'un poète célèbre (dont je n'ai pas retrouvé le nom…) par l'image de la nuit s'accrochant aux rideaux, mais je suis tombé en arrêt, séduit par :

"j'ai jeté mon réveil avec mes espérances".

Il ne peut être question d'analyser ce qui emporte dans ces vers, mais je constate les conséquences d'une inspiration vibrant en dissonances réjouissantes, je constate un réel plaisir à la lecture et j'y apprécie un vrai matin agrémenté de visions intruses qui le colorent ; ce qui, sans elles, ne serait qu'un début de journée anodin.

Mes vers préférés :

" Ce petit trou de ciel :
un accroc sur la nappe."

" Dehors frappe aux carreaux."

" la bouilloire stridule
quand infuse l'été.
"

Dont ce très beau final :

" Je me lève
en courant
et piétine
le jour.

Il me faut rattraper
nos sommeils en retard.
"

   Lariviere   
10/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Salut Pouet,

Une fois n'est pas coutume j'ai aimé ta petite bafouille poétique... lol

Plus sérieusement là pour le coup tu nous la joue pataphysicien de l'aube et des manufactures, au niveau du ton et des images et pour une manufacture, même de l'aube, c'est un bel ouvrage moderne que j'ai lu, très moderne même, mais qui ne tue ni la poésie ni l'émotion, bien au contraire... le tout est mené de main de maître :

"Trois anges boursouflés jouent avec mes corn flakes,
la cafetière émet des râles liturgiques,
cumulus de lait dans mon bol d'asphyxie,
d'une tartine de songes dégouline
l'horizon."


Voilà, désolé si tout ça n'est pas très constructif, mais à part recopier l'intégralité du texte et ajouter en fond sonore des woooh et des waaaah, je ne vois pas trop quoi rajouter de très utile sur le champ du commentaire.

Peut être un petit bémol sur le distique de fin, et à ce propos, je cherche toujours pourquoi je le trouve moins impactant que l'entame par exemple... peut être parce qu'il est plus convenu sur l'écriture dans l'absolu... mais c'est vraiment un bô poème, avec ou sans ce ti chipotage...

Merci beaucoup pour cette belle lecture, félicitation à toi et bonne continuation

   Louis   
10/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Dans ce poème, textile et textuel, un exergue est ourlé pour révéler ce qui étoffe le monde, et peut en faire un monde à "soie".
On peut lire dans cette finition liminaire : « Il est clairement établi qu’un métier à tisser funambule façonne sa dentelle d’astres au fil de trame du firmament ».
Une nature des choses est dévoilée :
Le ciel est toile, tout le ciel est tissu
d’une machine funambule tissé.
Tout est produit d’un travail, tout est production. Aucun tisserand divin, à l’instar du dieu horloger d’autrefois, n’est pourtant évoqué. Fonctionne une mécanique céleste.
Mais l’aube ? Mais le crépuscule ? Qui maille le jour et la nuit ?
L’exergue le rappelle : aube et crépuscule aussi sont issus de «confection ».
Mais voilà, elle n’est pas de mécanique céleste ; moins artisanale et plus artiste, elle se fait avec des « ustencils ». Ce n’est pas tout à fait du cousu main, mais du cousu cil, avec des cils en ciel.
Les cils sont outils d’un regard qui tisse un monde à soie, plus doux, un monde personnel, « une image propre au regard de chacun ».

Après cet ourlet, à la fonction de notice explicative d’un mode de production, se déplie la toile personnelle du poète dans son regard en fabrique de l’aube.
Chaque objet du quotidien banal, étriqué, très terre à terre, se trouve mis en correspondance avec l’éthéré et le grandiose, ou plutôt trouve son prolongement, grâce aux « ustencils », dans une élévation, une sublimation, une grandeur poétique.
Ainsi les « rideaux » et la « nuit » ; « réveil » et « espérances » ; les « anges » et les « corn flakes » ; une « cafetière » et le « liturgique » ; une « tartine » et « songes » et l’« horizon » ; un « accroc sur la nappe » et « un trou de ciel » ; une « cuiller » et la « lumière » ; « l’ouvre-boîte » et le temps ; « sachets lyophilisés » et « bonheur » ; « bouilloire » et l’« été »…
Ainsi sont brodés choses prosaïques et réalités grandioses pour confectionner une aube très poétique.

Se lever le matin est un travail, il faut produire l’aube avant de s’adonner à son activité professionnelle.
Être artisan de l’aube pour oublier la contrainte professionnelle et son « ennui ».
Il faut bien pourtant participer au travail du jour.

Comme il eût été plus doux de rester à la fabrique des songes sans « tartines », sous d’autres tissus que les « langes de l’aurore ».
Le coq ne chantera pas, il est « empaillé » ; le réveil ne sonnera pas, « jeté » loin avec ses « espérances » d’un congé d’éternité, et l’éveil pourtant s’impose comme l’effet mécanique d’une aube nouvelle, à peindre de ses propres yeux, et d’un monde à tricoter avec ses cils.

Merci Pouet pour ce poème, superbe.

   Bossman   
22/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Cher Pouet,
J’ai un petit problème avec votre texte. Il me semble en effet que vous nous faites prendre des vessies pour les lanternes. Tout irait bien si ce n’était un petit détail, à savoir que les anges boursouflés n’interviennent que très rarement en nombre au-delà de deux et que d’autre part, leurs jeux s’attardent rarement sur vos corn-flakes, mais bien plutôt sur les miens. Sans rancune cependant car on devine en filigrane qu’en fait d’aube, c’est d’un midi bien pourri qu’il s’agissait. Ce qui rassure fort le lève-tard que je suis.
Poétiquement vôtre


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