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Poésie classique
Ramana : Métamorphose
 Publié le 19/07/25  -  4 commentaires  -  2029 caractères  -  51 lectures    Autres textes du même auteur


Métamorphose



Un esquif attendait sur la grève et je fus
Prestement embarqué sans clause de refus.
Sous le ciel inouï, la mer était à boire ;
Tout est neuf à celui qui n’a pas de mémoire.

Moi qui n’étais qu’un point dans l’espace, pareil
Aux orbes que l’on voit danser sous le soleil,
Me voici revêtu de cet autre moi-même,
Appesanti, captif, et vagissant et blême.

Tombé de nulle part et ce pas plutôt né,
Chose fort insolite, un nom me fut donné
Comme pour attacher, par ce rets de langage,
À la société ma monade sans âge.

Interrogeant des yeux la troupe des esprits,
Je fus déconcerté de n’être pas compris
Des oreilles des murs et de l’ombre mouvante ;
L’air était saturé d’épreuves en attente.

À présent ma chaloupe, où je siège reclus,
N’en fait qu’à son vouloir et ne me connaît plus.
Elle vibre à l’appel des sirènes mythiques,
Et se laisse mener par les vents erratiques.

La houle vient cogner ses bordages ventrus ;
Les vagues sont des mots, les mots sont des intrus
Qui ne font que voiler, de la vie éclatante,
La réalité nue et sans cesse mouvante,

Alors que dans l’abysse où se taisent les flots,
Des êtres fabuleux, terreurs des matelots,
Mi-poulpes, mi-démons, naufragent les navires,
Entraînant vers le gouffre épaves et martyres.

Sous le dôme des cieux où règne l'albatros,
De gros poissons d'argent, exilés du logos,
Prodiguent sans répit d'hypnotiques berceuses
Et mènent en bateau les oreilles fugueuses.

Semence d’univers, ne t’ensommeille pas,
Tiens ferme le safran, veille sur le compas.
Connais-tu la raison de ce mal qui te ronge ?
Ce monde pourrait bien, marin, n’être qu’un songe.

S’élevant au-dessus des flots de l’océan,
Ma chaloupe, soudain, s’est faite cormoran.
Sans un mot nous allons, par-delà les orages,
Sur les plumes du vent vers d’inconnus rivages.


 
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   Ornicar   
14/7/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
C'est une métamorphose bien mystérieuse à laquelle j'assiste et dont la signification et la finalité m'échappent, une fois ma lecture et relecture achevées. Au début du poème, j'ai cru voir une allusion à l'histoire de Moïse. A la fin, je ne sais toujours pas quoi penser. Je trouve cet ensemble plutôt bien fait, l'écriture de qualité, mais je dois admettre que je ne suis pas réellement touché émotionnellement parlant, et donc conquis. Sans doute n'ai-je pas les références nécessaires pour appréhender et apprécier ce texte allégorique. Je suis curieux de connaître les motivations de l'auteur(e). Au delà de ce sentiment mitigé, j'ai trouvé les images de cet univers marin plutôt captivantes.

   Provencao   
19/7/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Ramana,

Plusieurs lectures pour mieux appréhender votre poésie.

J'y ai lu un "Moi" qui se profile devant un secret de la mer, là, où le marin devient apparence et où la mer devient langage.
Cette métamorphose, à mon sens, modifie l'environnement et nous offre les éléments dans leurs véritables suite et succession. Je me suis laissée bercer par l'Imagination, qui se rencontre là où elle se crée et qui devient ce qu'on nous percevons en partageant les flots, une approche ondulatoire des signes à travers les formes, et en les livrant ainsi cristallines aux plumes du vent.

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

   papipoete   
19/7/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Ramana
Ce récit poétisé ne semble pas évoquer un quelconque mythe, me fait songer davantage à une traversée de migrants
- par exemple celle sur l'Atlantique, depuis le Maroc jusque vers les Canaries, sur un canot bondé " prestement embarqué sans clause de refus "
et voir
- sur l'un d'eux, naître un petit bébé " vagissant et blême "
Ce bébé vivra, grâce à l'intervention de l'équipe de sauvetage en mer " la Guardamar Talia "
NB votre texte riche de mots savants ( trop ) s'étire trop longuement, et l'on a du mal à suivre à la lettre, l'odyssée de ce petit-d'homme.
la 7e strophe est néanmoins plus explicite, lorsque l'on vogue aux côtés de ces pauvres hères, la mer démontée au-dessus de cet abysse, jetant sa langue hideuse tel un varan, pour livrer aux montres des grands fonds sa chair fraîche...
l'ultime strophe, quand la chaloupe se mue en cormoran, deviendrait alors le chasseur métamorphosé ?
techniquement, vos alexandrins me semblent sans faute.

   ALDO   
19/7/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Quelle chose étrange !

Forme et musique classiques... mais propos qui mêle un romantisme du XIXᵉ
aux questions sur le langage du XXᵉ.

Le marin, habillé du mensonge de son nom,
dérive sur une mer de mots, mensongère.

Et, questionnés sur une eau aux esprits trompeurs :
la société et ses épreuves, la place de l’Être, le houleux de tout...

Parmi tous les mensonges,
j’ai particulièrement aimé ces « gros poissons exilés du logos »
et leurs « hypnotiques berceuses... »

Mais, alors qu’il sait les lacunes du langage,
le texte se laisse aller — se leurre — vers un au-delà,

et la barque se fait oiseau lyrique,

et nous finissons encore embarqués vers un Absolu
(rivages inconnus ? la mort ? les ailes du vent...)

et donc, vers encore un mensonge...


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