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Poésie libre
solinga : Humeur oragée
 Publié le 17/11/24  -  8 commentaires  -  713 caractères  -  138 lectures    Autres textes du même auteur

Une once d'empathie climatique, égotiste, née d'un soir d'été.


Humeur oragée



Ça rassérène, l'orage.

L'orage, ça veut dire :

je ne suis pas

seule

pour de bon (zeste d'espoir)…

Il y a hors de moi

de la vie qui s'agite.


Sans rage, quoi qu'on dise.


Bien vrai, le déluge est passé par

mes chaussures,

dispersant les mauvaises pensées,

des méninges aux intestins,

déroutant le fixe.


Une fois franchi

le dernier angle de rue,

dans l'imminence de chez moi,

je me sens la reine des gouttes,

qui ont un peu décru.


Ah, ce cher grondement des fauves cachés sous les nuages !


 
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   EtienneNorvins   
3/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un texte joliment paradoxal que ce passage d'une mélancolie à une sérénité par le truchement d'un orage...

Habituellement perçu comme un moment de chaos, de colère des éléments, il devient ici une source de réconfort et de réconciliation avec le monde.

Les images comme "la reine des gouttes" et "le grondement des fauves" créent une atmosphère vivante et dynamique, rendant les émotions très tangibles qui mènent à une forme de triomphe personnel.

La musicalité des vers, notamment dans les répétitions et les assonances, contribue à l'effet apaisant tout en évoquant la force de l'orage.

Bien sûr, le poème pourrait bénéficier d'un peu plus de "contexte" pour ancrer cette expérience émotionnelle dans une réalité plus à même d'être partagée par le lecteur. Mais je ne boude pas mon plaisir :)

[EL]

   Myndie   
11/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

j'ai bien aimé votre poème à la structure très épurée qui convie l'imaginaire, au style sans afféterie, au rythme enlevé qui colle bien à la fulgurance de l'orage et du déluge.
L'expression est sobre, comme spontanée, mais cela ne freine en rien sa puissance d'évocation. J'ai relevé de jolies formules, de celles qui, en un minimum de mots, sont un concentré d'images, et de sensations, avec, cerise sur le gâteau, cette petite touche d'ironie qui fait un peu mentir le profil d'une égotiste : 
« Bien vrai, le déluge est passé par 
mes chaussures, »
«dans l'imminence de chez moi,
je me sens la reine des gouttes »

et ce dernier vers, tellement suggestif :
« Ah, ce cher grondement des fauves cachés sous les nuages ! »

   ALDO   
17/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Votre texte est très charmant,
aéré, a ce petit côté qui ne veut pas trop faire "poétique".
(sauf "déroutant le fixe").

Je pourrais vous dire que j'aime
qu'un ciel majuscule passe sur nos chaussures minuscules,
et que je pense aux tigres du Douanier Rousseau face à la "reine des gouttes",

mais ça ne dirait rien.

Alors, je dis que j'aime sans trop savoir pourquoi (ce qui est une très bonne raison d'aimer, et peut-être une des définitions du charme).

Bravo

   Boutet   
17/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
S'il n'y avait pas ce dernier vers magnifique, ce poème ne m'aurait pas attiré, outre mesure. Mais voilà ce vers ultime est là dans toute sa splendeur et rien que pour lui, ce poème vaut le détour. J'aime bien aussi le déluge qui passe par les chaussures même si je ne savais pas que les chaussures abritaient les mauvais pensées !

   papipoete   
17/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour solinga
quand ça pète en moi, bizarrement le ciel me fait écho, comme s'il était un autre MOI, et l'orage en rajoute une couche, inondant la terre et mes godasses
" crie, hurle orage, encore encore et encore, on se comprend ! "
NB comme une fille des nuages, goutte parmi les gouttes, en devenir au diapason leur Reine, quand Dame-Nature se fâche.
tel un éclair laxatif, le déluge passant des neurones jusqu'aux intestins, et mourir dans les chaussures, semble une force surnaturelle pour l'héroïne à laquelle " les fauves des nuages ", rugissent dans un feulement de plaisir.
il fut un temps où l'orage était pour moi, spectacle sons et lumières, qui me faisaient crier, sur mon balcon
" je suis le Roi du Monde "
mais je suis vieux à présent, j'ai un peu la trouille...

   Provencao   
17/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour solinga,

J'ai beaucoup aimé cette rencontre musicale en vos vers. Belle submersion qui se fait didactique ; par l'aliénation du sens, avec cette limite franchie, on est presque hors de la poésie, parce qu'on se laisse guider hors de la tension qui la compose.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Louis   
19/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
« ça rassérène, l’orage » : déclare le premier vers.

Le verbe « rasséréner » ne se prononce pas facilement. Sa présence ne s’explique donc pas par sa musicalité ou son euphonie, mais se justifie par ce qu’il laisse entendre, une fois conjugué,c'est à dire : race et reine.
L’orage est de cette race, celle qui fait des reines, et c’est bien ainsi que la locutrice se qualifiera : « reine des gouttes ».

On ne peut oublier pour autant le sens du verbe : calmer, apaiser, et le paradoxe qui s’ensuit. L’orage habituellement produit inquiétude et trouble, crainte et effroi, mais le début du poème contrevient aux habitudes.
Une explication suit immédiatement, qui permet de se sortir du paradoxe.
« L’orage, ça veut dire » : il a une signification, un sens subjectif relativement à celle qui parle et qui écrit. L’orage ne se présente pas comme un fait brut et insignifiant, mais s’inclut dans le monde des signes, il est "parlant", il veut dire quelque chose. Depuis longtemps, il ne manifeste plus pourtant une colère divine, alors s’il parle à la locutrice, qu’a-t-il à lui dire ?

« Je ne suis pas / seule ».
Ainsi affirme-t-il avec force qu’il y a un monde hors d’elle, qu’elle n’est pas seule, prisonnière d’un solipsisme.
C’est la présence même de l’orage, tapageuse, qui est signifiante.
Il atteste d’un monde hors de soi ; tire avec force celle qui est tout entière fermée sur elle-même, hors de soi.

« Il y a hors de moi
De la vie qui s’agite »
Mais l’orage météorologique n’est pas « la vie », il n’est pas vivant. L’orage déborde significativement du côté métaphorique, pour se loger dans ces moments quand la vie des autres brusquement autour de soi tonne, se fait coup d’éclats, lance ses grondements et ses éclairs, ses cris et ses colères ; quand elle se fait agitation qui rompt le calme d’une intériorité en retrait du monde ; quand elle touche et arrose celle qui se tient dans un repli de l’existence.

Orage, mais sans rage, « quoi qu’on dise ». L’atmosphère est oragée, non pas orageuse.
Il n’est pas éprouvé comme une rage, violente, perturbatrice, destructrice.
Non, « bien vrai, le déluge est passé par / mes chaussures »
Il s’est écoulé du haut en bas, a tout charrié dans son eau, tout emporté des « mauvaises pensées »,
Il a tout lavé, purifié, « des méninges aux intestins ».
Ainsi l’orage diluvien a tout fait sortir hors de soi, non pas seulement l’attention de la locutrice, pas seulement sa conscience, par le haut, mais a permis un éloignement par le bas, la mise en marche, loin de soi, de cette partie jugée « mauvaise » à l'intérieur de soi.

L’orage ne l’a pas entrainée dans sa tourmente, il l’a traversée pour s’en aller, avec ses chaussures, « déroutant le fixe », emportant avec lui le mal, évacuant dans son courant les pensées obsessionnelles, mauvaises, "fixes". Il a donné du mouvement, il a secoué ce qui restait accroché lourdement dans les recoins de la tête et le milieu du ventre.
Si elle est sortie dans l’orage, en son appel par lui et ses remous, avec son remue-ménage, il est aussi entré en elle, pour en sortir avec un effet épuratoire et cathartique.

De retour chez soi, la locutrice se sent « la reine des gouttes ».
Elle n’est pas celle qui se dégoûte, mais celle qui dégoutte, reine dégouttelante. Parce qu'elle s’est trempée dans le monde, elle s’est mouillée dans les affaires du monde ; désormais moins seule, prête pourtant à "rentrer chez soi", elle se sent apaisée, délivrée, « reine » et sereine.

Ce beau texte d’une intrication retrouvée avec le monde se termine par une exclamation qui rend hommage à : « ce cher grondement des fauves qui se cachent sous les nuages », comme à cette part sauvage du monde, miroir inversé de la locutrice, en mesure pourtant de la sauver de son caractère "sauvage", si solitaire.

   BlaseSaintLuc   
23/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
"zeste d'espoir" expression un peu trop familières .
La répétition de certains mots et phrases, comme "orage" et "hors de moi",alourdissent le texte.
Le texte transmet bien une certaine mélancolie et un sentiment de soulagement après l'orage. Cependant, il pourrait bénéficier d'une exploration plus profonde des émotions internes du narrateur pour ajouter de la profondeur et de la complexité.
La structure fragmentée du texte crée une certaine tension et un rythme intéressant, mais cela peut aussi rendre la lecture un peu hachée.
Le mot "hâte" n'est pas des plus joli, bien que nos amis canadiens l'utilisent assez joliment dans leur expression "j'ai hâte!"


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