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Poésie en prose
troupi : Dans le Kalahari
 Publié le 20/12/13  -  19 commentaires  -  1542 caractères  -  304 lectures    Autres textes du même auteur

Cet arbre existe : j'ai passé du temps auprès de lui.
Je crois sincèrement que ces ancêtres ont des choses à nous apprendre.
Si nous savions les approcher.
En langage vernaculaire "Kalahari" veut dire : pays de la grande soif.


Dans le Kalahari



Je l'ai vu, au détour d'une dune.
Irréel et noyé dans la fluidité rose.
Les colères du temps l'avaient un jour brisé ; à moitié arraché de son socle mouvant.
Depuis il se traînait sur des moignons de branches.
Désespérées ; ses racines crevaient l'air comme une accusation.
Seul un pieu rescapé sondait les profondeurs… Et l'arbre survivait.
S'entêtant à lancer vers le ciel ses ramées aux fleurs jaunes.

C'était un acacia comme on en voit parfois aux franges du désert : fantômes presque secs.
Lui était là, tout seul et immensément vieux.
Il fabriquait déjà quelques rameaux noircis desquels sa sève irait en une vapeur grise mourir un peu plus loin.
Sous son ombre tremblée des myriades de brindilles accumulées au sol ; les déchets de sa trop longue vie.
Un instant j'aurais pu croire qu'il était venu là d'un colossal effort. J'imaginai qu'il avait fui les siens.

Souhaitant que ses dryades ne soient pas toutes enfuies, je suis resté longtemps à attendre qu'il bouge.
Le lendemain… et les jours qui suivirent… je suis revenu voir cet arbre du désert.
Stigmates des souffrances auxquelles il résistait dans cette aridité, j'effleurais ses crevasses.
Décharné dans sa vie, squelette déjà mort.
Plus que Janus des arbres il était le passé, le présent, le futur…
Symbole d'éternité dans ce désert sacré parcouru de Bushmens, et de frissons sauvages…

Au détour d'une dune dans le Kalahari un acacia mourait d'une trop longue vie…


 
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   Lhirondelle   
5/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'ai bien aimé faire la connaissance de cet acacia. Vos images sont bien rendues, cet arbre je le vois grâce à vos mots.
La lecture de votre prose est en son ensemble très agréable.
Un seul souhait qu'il vive quelque temps encore...
Merci

   LeopoldPartisan   
23/12/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
que dire ? qu'ajouter à tant de sajesse et à tant de poésie. Je ne peux que m'incliner puis reculer en silence à pas feutrés, géné que je suis de troubler ces derniers instants d'éternité...

   leni   
20/12/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour troupi
superbe cette description de l'arbre " de la sagesse" présenté comme tu le fais il ressemble à un homme Et toi tu nous a montré et dit précédemment ton osmose avec ces lieux Tu es à nouveau dans ton élément J'aime:ses racines crevaient...fantômes presque...
j'imaginais qu'il avait fui..je suis resté longtemps à attendre qu'il bouge ET cette finale qui donne la chair de poule!!!D'un sobriété exceptionnelle ungrand bravo Troupi Merci Leni

   Anonyme   
20/12/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il est presque émouvant que de lire cette attention portée à un arbre mourant. J'aime cet anthropomorphisme, belles images pour décrire une agonie, en quelque sorte.
" Depuis il se traînait sur des moignons de branches."
" Un instant j'aurais pu croire qu'il était venu là d'un colossal effort. J'imaginai qu'il avait fui les siens."
La dernière phrase résonne comme un glas. Superbe !

   hanternoz   
20/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour troupi

C'est un beau texte qui allie une écriture soignée à une jolie émotion, devant cet arbre mourant. On imagine bien la scène.

seul le mot "flui di té" (pas très fluide à l'oreille contrairement à ce qu'il dit) heurte un peu cette belle lecture.

Un détail.

Cordialement,
Hz

   Anonyme   
21/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour troupi. Cet acacia isolé me fait songer à l'Arbre du Ténéré, un autre acacia qui trônait en solitaire en plein Sahara, au nord d'Agadez, au milieu de nulle part.
Il était célèbre dans le monde des caravaniers mais n'a pas supporté l'agression d'un camion dans les années 70.
Le vôtre meurt de sa belle mort, si l'on peut dire, mais ça n'enlève rien à l'émotion qui se dégage de ce texte par ailleurs fort bien écrit... Merci

   Ioledane   
20/12/2013
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai aimé cette contemplation d'un acacia du Kalahari.

Apprécié "Les colères du temps", "ses racines crevaient l'air comme une accusation", "un pieu rescapé sondait les profondeurs", les "frissons sauvages".

J'ai cependant buté sur "desquels", "j'imaginai" (seul passé simple et qui m'a paru incongru), et le dernier vers en exergue que j'ai trouvé un peu trop 'mélo'.

   senglar   
20/12/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Troupi,


La poésie de Troupi est à coup sûr descriptive, c'est encore le cas de ce poème dont le thème est un arbre : l'acacia qui s'en va mourir ici à la frange du désert.

Quand je lis un poème il me renvoie souvent à un tableau, un peintre, une manière. Par ses traits un peu simples, grossis, aux allures de cartes postales, celui-ci me renvoie au Douanier Rousseau que je vénère et qui travaillait d'ailleurs lui-aussi beaucoup à partir de cartes postales. D'une certaine manière on peut dire qu'il est naïf.

Mais de même que chez le peintre le naïf vibre dans l'air rose (mais pas que..), il a ses résonances et par là se magnifie : fantôme exilé aux désespérances de dryades, Janus pythique on lui voit cependant des stigmates (quoi de plus typique pour un arbre couronné d'épines !). Sacré, symbole d'éternité, mourant et ressuscitant il apporte un message missionnaire : l'acacia n'est-il pas le bois dont on fit l'Arche d'Alliance ? Sous la plume de Troupi il n'aura pas prêché dans le désert :)

Longue vie aux Bushmens !

Lol


Brabant

   wancyrs   
20/12/2013
Salut Troupi,

Pour commencer, j'aime bien ton texte, j'aime l'idée, j'aime ce qu'il degage, mais il est encore perfectible, du moins, je le crois. Quand j'ai commencé à le lire, j'ai ressenti des ruptures de rythme, un certain malaise que je n'arrivais pas à pointer du doigt. Après plusieurs lectures, j'ai compris d'où venait ce malaise. Ton texte est une narration, mais ton temps de narration hésite entre le passé composé, le passé simple, parfois se chevauchent : "je suis resté longtemps à attendre qu'il bouge.
Le lendemain… et les jours qui suivirent… je suis revenu voir cet arbre du désert." Tu devrais garder un seul temps pour que la narration soit plus fluide.

La deuxième chose, les incohérences : à moitié arraché... il se trainait... Je vois mal un arbre qui est encore retenu au sol par un pieu rescapé, se trainer sur des moignons de branches(J'aime bien l'image des moignons de branches). Moi je proposerais "gisait" pour trainer

"S'entêtant à lancer vers le ciel ses ramées aux fleurs jaunes." Lancer vers le ciel ? Je comprends un peu le sens, lancer comme une prière ? mais soyons réaliste, "pointer" aurait été plus coherent et aurait la meme force, je crois.

"fantômes presque secs."

"Squelette déjà mort"

"immensément vieux"... la vieillesse ? en largeur ? "intensément vieux" n'aurait pas fait l'affaire ?

"Sous son ombre tremblée des myriades de brindilles accumulées au sol ; les déchets de sa trop longue vie." Dans cette phrase, pourquoi nous expliquer ce qu'étaient ces myriads de brindilles ? c'est un peu comme nous prendre par la main, comme expliquer à des enfants... pourquoi ne pas nous laisser imaginer ?

Et pour terminer, cette syntaxe un peu ardue : "Un instant j'aurais pu croire qu'il était venu là d'un colossal effort...


Je ne noterai pas, car ce serait un peu injuste... l'intention est là, et il se degage du texte quelque chose d'exceptionnel, voilà pourquoi les gens apprécient ; reste à toi de voir si tu le retravailles un peu, ou non.

Salut !

Wan

   Anonyme   
20/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
A travers ce poème, vous m'avez fait voyagé, a travers l'"agonie" d'un arbre, aussi étrange que cela puisse paraitre.
J'ai vu l'arbre à travers ce poème et imaginé ce qu'il y avait derrière, autour et plus loin encore.
Je me suis même demandé pourquoi et comment il en était arrivé là cet arbre. ça va (et remonte à) loin tout ça.
C'est donc pour ça que je l'aime sans l'avoir vu car il renvoie mine de rien a des questionnements basiques mais aussi peut-être à des questionnements plus métaphysiques.

   Arielle   
21/12/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Un beau portrait de grand vieillard à l'ombre duquel je ne peux m'empêcher d'apercevoir le fantôme d'un vieux marabout aussi décharné et crevassé que lui.
Cette humanisation de la nature va jusqu'à inciter le narrateur à "attendre qu'il bouge" ! J'aime bien cette naïveté qui nous invite à entrer dans l'animisme des peuples qui passent au détour d'une ligne, à peine mentionnés comme "frissons sauvages".

Je suis moins conquise par la forme qui tient plus du récit que du poème à mon avis. Certains passages me semblent un peu obscurs :
"Seul un pieu rescapé sondait les profondeurs… Et l'arbre survivait" Ce pieu, s'agit-il d'un tuteur qui soutiendrait ses branches ?
"Il fabriquait déjà quelques rameaux noircis desquels sa sève irait en une vapeur grise mourir un peu plus loin" Pourquoi "déjà" ?

   fugace   
21/12/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
"Il était le passé, le présent, le futur"...
Cet acacia n'est pas imaginaire. Le désert révèle des choses insoupçonnables, nous révèle des émotions et des pensées d'une puissance imprévue, à condition de consentir à s'y arrêter.
Ce poème est magnifique.
Son symbolisme, ses images, sont d'une grande force.

   Anonyme   
23/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
ce poème recèle une vrai force, on pourrait même dire une puissance d'évocation peu commune. Cet arbre est vivant, agonisant. Sa présence quasi lépreuse en fait une sorte de Dieu du désert. Un tout petit bémol pour la fin : "d'une trop longue vie" me parait superflu. "Un acacia mourait" suffirait.

Bravo troupi !

   Anonyme   
24/12/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Si j'ai bien aimé ce poème, je ne rejoins toutefois pas le concert de louanges. C'est un choix et un parti pris de l'auteur, mais je ne goûte ni le précieux "desquels" si le passé-simple qui se glisse, isolé, surprenant. Je trouve une emphase dissimulée dans "une trop longue vie", j'aurais aimé autre chose.

Il reste, toutefois, une très belle écriture, un sujet dont la beauté est d'être une sorte de brutalité, c'est un tableau vivant, animé, servi par une plume experte.

   Robot   
28/12/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'arrive tardivement dans le concert de louange, mais je souhaite exprimer le bonheur que j'ai pris à lire ce texte d'une réelle beauté. Quant à l'intervention du passé simple, j'estime qu'il est placé à bon escient lorsque l'auteur donne son sentiment vis à vis de l'acacia. Je regrette souvent que ce mode soit considéré comme un vestige de notre langue alors qu'il exprime souvent un décalage dans le passé beaucoup mieux que ne le fait le passé composé ou le plus que parfait en permettant d'échapper aux verbes auxiliaires.

   Anonyme   
27/1/2014
Salut Troupi

C'est exactement ainsi que j'aime la poésie en prose.
Telle qu'en écrivait le précurseur, Aloysus Bertrand.

Un vrai texte, rédigé dans les règles de l'art, et qui enchante l'oreille et l'imagination du lecteur.

Merci pour le voyage et pour ce bon moment de lecture.

   Anonyme   
14/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai principalement, exclusivement tout apprécié. C'est un texte tout à fait superbe et une vraie prose poétique. L'image de l''arbre près duquel Balavoine a perdu la vie m'est apparu et cette ambiance de désert sec, aride et sans pitié, cette évocation d'ascèse forcée me parle infiniment. Et même si nous sommes ici en Australie ce texte nous décrit le destin de tous les arbres de tous les déserts...

Je partage cette écriture libre mais sans concessions à soi d'abord au niveau épure, choix des mots, rythme et longueur des phrases-vers.
Les images sont très belles, éloquentes, suggestives tout en étant réalistes.
On voit, on sent, on a soif.
Un seul mot mal choisi, à mon sens pour un arbre : "il se traînait"... mais c'est une bricole...

Merci et bravo.

   Lotier   
1/5/2014
Bonjour troupi,

Ce qui me touche dans votre poème, c'est le désir du narrateur de reste auprès de l'arbre, de revenir auprès de l'arbre, de communiquer avec lui : « j'effleurais ses crevasses ». C'est un geste qui a du sens à la fois pour l'homme et pour l'arbre. Enfin je parle du verbe « effleurer ». Car je ne ressens pas du tout (pour un arbre) les crevasses comme des stigmates de souffrance. C'est pour moi le cœur de votre texte.
« je suis resté longtemps à attendre qu'il bouge » :  J'imagine assez la réponse de l'arbre : « il a essayé un bref instant de ne pas bouger ».
Le reste de la narration s'emplit de l'anthropocentrisme que nous avons tous en nous, les projections que l'homme fait sur les êtres : déchets, souffrance, sauvage, décharné, « trop longue vie », etc.
Comme disait Monod : « le désert, c'est aussi l'apprentissage de la soustraction »
... et donc j'en ai trop dit.
À vous lire,
Lotier

   jfmoods   
21/8/2014
Elle est assez entêtante et même envoûtante, cette période de 6. Par sa grande régularité, elle crée une sorte de mélodie intérieure particulièrement harmonieuse et addictive au fil du poème.

"De terribles tempêtes / l'avaient un jour brisé."

"Il fabriquait déjà / quelques rameaux noircis"

"Souhaitant que ses dryades / ne soient pas toutes enfuies"

Le jeu de la personnification ("moignons", "décharné", "squelette déjà mort") dessine l'apparence d'un personnage héroïque ("rescapé", "s'entêtant à lancer", "colossal"), et tragique ("comme une accusation"). Le propre du héros est de supporter jusqu'au bout les contrariétés du sort ("stigmates de souffrance", "crevasses", "dans cette aridité"). Transcendant toute durée ("immensément vieux", "le présent, le passé, le futur"), il dépasse même le cadre trop étriqué de l'héroïsme ordinaire ("ses dryades", "plus que Janus des arbres"). Une figure aussi emblématique ne se laisse pas mourir, n'abdique jamais. Elle va même jusqu'à construire sa propre mort ("fabrique", "rameaux noircis", "cendre grise"), comme un ouvrier volontaire, consciencieux, rigoureux, qui ne renoncerait jamais et continuerait inlassablement à agir quelles qu'en soient les conséquences pour sa propre santé. L'évidence de cette mort est certes envisagée, mais le conditionnel ("s'en irait") ne la pose que comme une hypothèse à échéance plus ou moins lointaine. Le subjonctif, quant à lui, met en lumière le regard empli d'attention et d'espoir du narrateur ("ne soient pas toutes enfuies", "à attendre qu'il bouge").

Merci pour ce partage !


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