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Poésie libre
Vincente : Flamme d'eau
 Publié le 18/10/19  -  17 commentaires  -  942 caractères  -  308 lectures    Autres textes du même auteur

De la source à l'ultime.


Flamme d'eau



Je suis l'eau

L'eau qui s'épanche au rond de ta peau
Scintillante
En petits cris réjouis
Gouttes perlées

Je suis l'eau
Dévote prêtresse au culte de ton corps
Je lave tes brumes
Inonde tes pleurs de rire aux larmes

Je suis l'eau
L'amoureuse enceinte
Où nos liquides saveurs se marient
En fluides symbiotes

Un geste un zeste de l'un
Une caresse une adresse de l'autre
Et voici la vague frissonne
Qui ruisselle son plaisir gouleyant

Je suis l'eau
Celle qui salive le rêve
Et tisse l'ambitieux destin
D'être vecteur et ensemble
Élémentaire et global

C'est ainsi !
Je me coule en toi
Dans une improbable fusion
Inédite effusion de l'esprit et du sang
Je suis l'eau
Fruitée de la fonte de nos corps en nos âmes
L'eau pure qui colore notre amour
De la source à la mort


 
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   Lebarde   
6/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ce sujet original aurait pu être intéressant mais je le trouve présenté sous une forme trop précieuse, trop empruntée avec des images trop artificielles pour me toucher.
Pour autant l'écriture est élégante ( peut être trop) et la lecture est coulée, fluide, somme toute agréable, mais la forme libre, déstructurée , je ne sais pas pourquoi me gêne. Dommage .

Je relierai volontiers ce poème lorsqu’il paraîtra, ce que je souhaite, pour éventuellement moduler mon appréciation première.
Merci .

En EL

Lebarde

   ANIMAL   
8/10/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Très belle déclaration d'amour que cette "Flamme d'eau" qui emploie l'élément liquide sous toutes ses formes en guise de messager. Mais j'y vois aussi comme une tyrannie.

Ce "Je suis l'eau" qui revient comme une antienne rythme le poème et donne le ton. C'est impératif puisque "C'est ainsi". Je suis là, je t'aime, je fais partie de ta vie de la façon la plus intime et tu n'as pas le choix. Ces vers sont indéniablement passionnels : "de la source à la mort" nous sommes unis.

Ces mots scandés donnent une poésie vivante, gouleyante, tissée de belles images, avec en fil rouge cette eau qui est la vie, qui accompagne chaque étape de l'existence. Séduction, amour, maternité trouvent leur place au sein de ces vers foisonnants.

S'il fallait choisir un passage préféré, ce serait ce quatrain bien que l'ensemble soit toute harmonie :

"Je suis l'eau
Celle qui salive le rêve
Et tisse l'ambitieux destin
D'être vecteur et ensemble
Élémentaire et global"

Un beau partage.

   Corto   
18/10/2019
Chacun sait que l'eau est non seulement à l'origine de la vie, mais qu'elle est totalement indispensable à la persistance de celle-ci.
Une grande Ode à l'eau est donc parfaitement justifiée.

Mais pourquoi ai-je du mal ici à recevoir ces images, ces formulations si recherchées que je ne m'y retrouve plus ?

L'eau est ici "Dévote prêtresse au culte de ton corps"; "amoureuse enceinte"; "Celle qui salive le rêve Et tisse l'ambitieux destin"; "Inédite effusion de l'esprit et du sang"; "Fruitée de la fonte de nos corps en nos âmes".

Bien sûr ces images sont précieuses, délicates, ciselées, mais pour moi plutôt décalées par rapport au tableau qu'on aurait pu construire autour de cette eau, symbole de vie.

Merci à l'auteur pour cette envolée face à laquelle je reste sans doute un peu trop de marbre.

   Anonyme   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Vincente,

Tout d'abord, le titre, oxymore d'éléments naturels, m'a séduite et attirée, titre et poème tout bachelardiens... Belle promesse de lecture, d'ailleurs le rêve est présent dans votre poème tout droit sorti de "L'eau et les rêves" du même.

Ce qui m'a le plus marquée dans votre poème c'est la recherche musicale : le jeu de sonorités " eau / peau" " caresse / adresse" " cris/ réjouis" . Elle donne véritablement à entendre cette prosopopée de l'eau et tous les sens sont convoqués : le toucher, l'ouÏe, la vue , le goût ( "gouleyant" ) , la vue.

Ce qui ravit aussi, c'est la présentation des diverses facettes de l'eau qui dit combien elle est précieuse : l'eau purificatrice, l'eau amniotique - donneuse de vie, l'eau philosophique ( "vecteur et ensemble élémentaire et global" ), l'eau amoureuse...

J'adore ces vers : " Je suis l'eau
Fruitée de la fonte de nos corps en nos âmes "

Merci

   Anonyme   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Une nouvelle définition de l'eau avec en prime des usages insoupçonnés. J'ai cherché, en vain, un message, un fond, une finalité, une mélodie.
J'ai dû passer à côté du l'idée, du sens, de la poésie.
Les "fluides symbiotes" ou le "plaisir gouleyant" ont fini de m'éloigner de ce texte.

   Anonyme   
18/10/2019
Ce parallèle entre l'eau et le narrateur ne m'a pas vraiment séduit.

Certes, les images sont intéressantes, bien qu'un peu sophistiquées à mon goût ; mais je n'ai pu me laisser convaincre par l'idée.

A vous lire une prochaine fois.

   Pouet   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Slt,

Il y a en effet beaucoup à dire sur l'eau et un poème coulant très certainement.

J'aime bien la simplicité de ce "je suis l'eau" qui ponctue agréablement le texte en contrebalançant le caractère parfois un peu plus complexe.

L'eau qui semble-t-il accompagne toute une vie ici, de la rencontre, de l'enfant à naître, du destin singulier et pluriel et de l'inéluctable fin. La flamme du titre étant probablement celle de l'amour.

Je peux relever parmi mes vers préférés:

"Je lave tes brumes/Inonde tes pleurs"

"Et voici la vague frissonne
Qui ruisselle son plaisir gouleyant"

"Celle qui salive le rêve"


En revanche, je suis un peu moins fan de ce passage à mon sens un peu trop"explicatif", trop "technique" et diluant un peu la poésie selon moi:

"Et tisse l'ambitieux destin
D'être vecteur et ensemble
Élémentaire et global"

Il y a aussi des jeux de sonorités intéressants tout du long du poème.

Au final, ce n'est pas forcément le texte que je préfère de l'auteur, il me manque un petit quelque chose que je ne saurais définir exactement pour que mon adhésion soit totale.

Au plaisir.

   papipoete   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Vincente
il arrive parfois qu'à la lecture d'un texte, on oublie d'en lire le titre ; pas là car celui-ci est bien trouvé, avec son double sens ! Deux éléments qui ne vont pas ensemble, mais dont on ne peut se passer pour vivre... et qui se retournent contre nous quand l'un et l'autre sont en colère !
Mais le développement de votre poème, va chercher dans la mine des évocations spirituelles, et son âme s'éparpille en effusions savantes ( dans la 5e strophe en particulier )
La première est par contre, fort visuelle et réjouissante ! J'aurais davantage aimé son voyage, s'il fut empli de telles images, toutes simples...

   troupi   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Flamme d'eau, de la source à la mort.
Entre les deux il y a de quoi faire et l'auteur nous emmène dans un voyage poétique assez intéressant.
Elle est gaie cette eau, curieuse, complice, vaguement canaille mais aussi indispensable à la vie qu'elle accompagne jusqu’à la fin.
Plutôt bien vu.

   leni   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
salut Vincent
je perçois une quête de l'amour absolu en ce sens je perçois une démarche qui oublie "quand il veut serrer son bonheur il le broie" tu sembles avoir exclu cette possibilité Je ne veux pas rabattre
ta joie Je dirai que moi aussi parfois j'ai aimé la pureté d'une source

j'adore ces quatre versJe suis l'eau
Dévote prêtresse au culte de ton corps
Je lave tes brumes
Inonde tes pleurs de rire aux larmes

je lave très brume SUPERBE
ton poème est un peu surréaliste

mais c'est une déclaration d'amour qui suit

Je suis l'eau
Celle qui salive le rêve
Et tisse l'ambitieux destin
a dire vrai je me suis laissé prendre à ta quête de l'ABSOLU
et je me dis enfin c'est sans doute possible sans doute pôurquoi pas



Et là il n'y a pas de doute sur tes intentions

Je suis l'eau
Fruitée de la fonte de nos corps en nos âmes
L'eau pure qui colore notre amour

c'est très beau Vincent
excuse moi d'avoir pris tes propos a contre pied

CHAPEAU Pour JE LAVE ES BRUMES

MERCI je me suis promené dans tes propos comme dab

UN bel écrit Salut aMI VINCENT LENI

   Davide   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Vincente,

J'ai bien aimé ce titre-oxymore, une manière originale pour l'auteur de déclarer sa flamme à la narratrice : "l'eau". Eh oui, l'eau est l'élément principal constituant notre corps, de la source à l'ultime, de la naissance à la mort.

J'ai beaucoup aimé la musicalité des vers, légère, sautillante, avec un vocabulaire riche en jeux de mots et recherchant l'immédiateté des sensations : "cris réjouis", "au rond de ta peau", "Un geste un zeste de l'un...". Et cette anaphore ("Je suis l'eau") qui ajoute à cette fluidité tout au long du poème.

Lors de la première lecture (et des suivantes !), j'ai buté sur "D'être vecteur et ensemble / Élémentaire et global", termes scientifiques tranchant d'avec la légèreté de l'évocation. En fait, le mot "vecteur" me plaît, comme "élémentaire" et "global", mais leur aboutement dans ces deux vers me rappelle davantage le cours de physique de 1re S.

De même, j'ai fait la moue - mais une petite moue, hein ! - sur certaines expressions : "tes pleurs de rire aux larmes" ou "Je suis l'eau / Fruitée de la fonte..." (le rejet de "Fuitée" dissone).

Je n'ai pas vraiment aimé la trame narrative, dont il me semble qu'elle manque de clarté, d'articulations, mais l'essentiel du poème ne se trouve pas dans cette compréhension. Pourtant, j'y ai vu non sans plaisir la naissance d'un enfant, "l'amoureuse enceinte" d'un baiser (sublime image !) où les salives ne mélangent, puis le climax de l'acte amoureux.

L'image de l'eau salivant les rêves est autrement plus déroutante et bienvenue, car elle joue habilement sur le sens figuré du mot "saliver". Et c'est à endroit que la démonstration me harponne, au cœur de cette "improbable fusion / Inédite effusion de l'esprit et du sang". En fin de compte, l'eau n'est pas que l'élément principal de la machine-corps, nécessaire à notre survie physique, elle accompagne aussi toutes nos émotions, nos sensations, nos rêves et nos espoirs. Cette déclaration d'amour révèle ici toute son envergure, toute sa vastitude.

Même si je ne comprends pas tout, j'aime hautement ce que me délivre le poème, sa belle intention, sa belle générosité. Et puis, il y a vraiment de belles trouvailles (je me rappellerai longtemps de cette "amoureuse enceinte"...)
Oui, j'aime beaucoup ce poème !

Merci Vincente,

Davide

   Donaldo75   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Vincente,

C'était risqué de tourner le poème de cette façon. Je pense que tout le monde ne va pas aimer - mais est-ce l'objectif de contenter chaque petit être sensible qui se cache derrière un lecteur ? - mais moi j'ai trouvé l'ensemble pas mal du tout. Et quand je dis pas mal, ne te méprends pas, cela signifie plaisant à lire, travaillé, évocateur, parfois original.

"Je suis l'eau
L'amoureuse enceinte
Où nos liquides saveurs se marient
En fluides symbiotes"

ce quatrain est symptomatique de mon impression. Les images et les mots s'entrechoquent et se confondent au point de faire exactement penser au liquide évoqué dans sa symbolique.

Suis-je clair ? Je ne sais pas, j'ai l'impression de disserter sur un texte de Kant alors que c'est une belle poésie bien composée. J'arrête donc là la dissertation, évite le commentaire composé et ne me lance surtout pas dans l'analyse discussion.

Merci pour le partage.

Donaldo.

   STEPHANIE90   
19/10/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Vincente,

une jolie flamme d'eau qui m'a tout d'abord un peu surprise mais finalement dont j'ai apprécié la lecture. Après tout l'humain est fait à 65% d'eau et l'amour permet tout les délires.
J'ai particulièrement apprécier ces parties ci :
première :
"L'eau qui s'épanche au rond de ta peau
Scintillante
En petits cris réjouis
Gouttes perlées"
et dernière strophe :
"C'est ainsi !
Je me coule en toi
Dans une improbable fusion
Inédite effusion de l'esprit et du sang
... L'eau pure qui colore notre amour
De la source à la mort"

Merci pour cette vivifiante lecture, et je lave à grande eau les mots un peu trop précieux ( En fluides symbiotes, vecteur et ensemble )qui m'ont un peu "interl-eau-qué". Lol

Stéphanie

   Louis   
20/10/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Dans ce poème, le locuteur déclare sa flamme à l’être qu’il aime. Or cette flamme n’est pas de feu, comme l’indique le titre, mais d’eau.

Cette flamme, aux caractéristiques aquatiques, ne brûle pas ; elle n’est pas l’image de la passion ardente.
Contrairement à la flamme de la passion, qui consume et dévore, brille intensément mais de façon éphémère, l’eau s’étale, s’épand en un long cours, creuse un lit, abreuve et nourrit, passe de méandres en boucles, coudes et courbures, de la naissance, sa source, jusqu’à la mort, delta de l’au-delà ; « de la source à l’ultime » ; de l’alpha jusqu’à l’Omega.
L’amour n’est pas affadi d’être en eau, et non de feu. Les éléments opposés, réunis dans l’oxymore, retiennent certaines caractéristiques de l’un et de l’autre, en rejettent certaines. Du reste, l’eau et le feu ont aussi des propriétés communes. Si la flamme est l’image du vif et du vivant, vive aussi peut-être l’eau.
Dans cette « flamme d’eau » pourtant, l’élément liquide reste le principe dominant.

« Je suis l’eau » : répète le locuteur, anaphoriquement.
Je suis « eau », implicitement pour l’autre aimé, faut-il entendre, et non pas eau absolument, mais eau relativement à son existence, à lui.
Une eau qui ne reste pas à l’extérieur de l’être aimé, mais se répand abondamment en lui, sur la surface corporelle d’abord, « au rond de ta peau », jusqu’à « couler » en lui ( « Je me coule en toi » ), jusqu’à pénétrer dans l’âme, en témoigne la « fonte de nos corps en nos âmes »

L’épanchement premier s’avère un cours laissé libre aux sentiments, aux confidences intimes, aux effets des tendresses et des caresses, les « petits cris réjouis ». La caresse est d’eau, elle glisse comme elle, effleure la peau ; elle ne brûle pas comme la flamme, mais échauffe pourtant ; elle ne saisit rien, passe, s’écoule, et pourtant fait naître les frissons.

Après ces épanchements, cette empathique mise dans la peau de l’autre, encore de surface, s’amorce un mouvement d’absorption dans l’autre, d’effacement graduel des distances entre l’un et l’autre, d’élision des limites et des frontières qui les séparent, mouvement par lequel l’amant se reconnaît profondément mêlé, uni à l’autre, fondu en lui, mais non évaporé dans l’être en commun, puisque l’amant se distingue encore de l’autre aimé, et continue de dire « je », « je suis l’eau », une part de l‘autre, et non le tout autre.

Cette part de l’autre demeure encore externe et de surface, tout en franchissant un degré dans le mouvement qui mène de la superficie externe à la profondeur interne. Elle est la part généreuse : embellissement avec ces « gouttes perlées » ; sacralisation : «dévote prêtresse au culte de ton corps » ; ensoleillement et purification : « je lave tes brumes » ; partition des « pleurs de rire aux larmes ».

Le poème poursuit le mouvement vers ce qui fait l’unité profonde entre les amants.
« Je suis l’eau / L’amoureuse enceinte »
Enceinte amoureuse, comme ce qui embrasse l’un et l’autre, les rapproche et les serre l’un contre l’autre.
Enceinte, comme circonférence qui englobe l’un et l’autre.
Enceinte, comme l’effet d’une onde féconde.
L’eau de l’un rencontre l’eau de l’autre, en de « liquides saveurs », et se mêlent, se « marient » dans une union toujours plus étroite, «symbiotique », où la vie de l’un n’est plus séparable de celle de l’autre ; où deux vies engendrent l’unité nouvelle d’un « nous », enfantent un être dans lequel ont fusionné les amants, pareil à cet être mythique originel, celui d’avant la séparation, d’avant la division que lui infligea Zeus pour châtiment.

La proximité des mots, dans leur sonorité, vient aussi confirmer la proximité des êtres : « geste » et « zeste » ; « caresse » et «adresse ». Les eaux mêlées créent en commun une « vague » ; les eaux mariées font sur la peau, et dans le corps jusqu’en son tréfonds, une marée de frissons, de plaisirs qui « ruissellent », «gouleyants » comme par une transmutation de l’eau en un vin grisant.

Le mouvement interne au poème mène, bien sûr, à l’idée de «fusion» entre les deux êtres. Mais celle-ci ne va pas de soi. Les deux dernières strophes tentent de la cerner, dans un vocabulaire diversifié.
L’union fusionnelle est éprouvée, vécue, mais comment l’exprimer, comment la penser ?
Comment deux êtres pourraient-ils n’en faire qu’un, tout en restant deux ?
Quelle synthèse possible entre deux opposés, dans un vocabulaire mathématique : « un vecteur » et un « ensemble » ; dans un vocabulaire plus philosophique : l’« élémentaire » et le « global » ?

Le « global » ou « l’ensemble », c’est le tout, une totalité unifiée d’éléments qui la composent. L’ « élémentaire », c’est le simple, c’est-à-dire au sens premier un indécomposable, parce que le simple désigne ce qui n’est pas constitué de parties plus petites qui pourraient le composer. Un indécomposable ou encore un indivisible, c’est-à-dire encore un « individu ».
Comment donc rester un individu, avec ses particularités propres, son identité, tout en constituant avec l’autre un tout fusionnel ?
Comment, de plus, avoir la fonction d’un « vecteur », celle d’un axe, d’une orientation, d’une tension vers un ensemble, tout en étant une partie de cet ensemble ?

Cette étrange et « improbable fusion » dans l’amour est présentée comme une finalité qu’il s’agit d’atteindre : « un ambitieux destin ». L’eau en serait le vecteur, au sens cette fois de ce qui véhicule et transmet quelque chose. Eau d’abord comme « celle qui salive le rêve » de la parfaite fusion, si désirable donc, si attrayante qu’elle en donne l’eau à la bouche.

La dernière strophe apporte une réponse : « Je me coule en toi ». Si l’on est fluide, si l’on a la nature de l’eau, alors on peut se couler, et se lover dans l’autre. Une « effusion » devient possible, par laquelle un épanchement de soi vers l’autre, en son corps (« son sang ») et son « esprit » devient réalisable. Alors même que la fusion entre les corps demeure impossible.

La véritable fusion serait celle des « âmes » où les corps iraient se fondre, « Je suis l’eau / Fruitée de la fonte de nos corps en nos âmes », mais où l’image de l’eau n’est plus « vecteur », mais témoin du processus fusionnel.

Le « je » du locuteur, distinct de l’être aimé, reste présent pourtant jusqu’au dernier paragraphe. « Notre amour » : l’expression n’apparaît que dans l’avant-dernier vers. Mais il ne s’agit pas tout à fait d’un « nous » qui se substitue au « je ».

Comment l’amour peut-il être cette étrange fusion qui maintient distingué ce qu’elle unit ?
Le texte offre l’image de l’eau pour élément de réponse. Sans vraiment y répondre. Il est si difficile d’y répondre !

L’eau est ici une magie, magie de l’amour, tant il est vrai que les êtres qui se mêlent restent eux-mêmes, tout en vivant comme une magie l’élision des limites qui les séparent et les distinguent de l’être aimé.

Merci Vincente pour ce poème beau et intéressant, qui, une nouvelle fois se confronte à une difficile question.

   hersen   
24/10/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'eau non pas dans tous ses états, mais dans ses fonctions essentielles.

Nous ne parlerons jamais assez de l'eau, elle est notre bien le plus précieux et ton poème met en évidence à quel point nous avons besoin d'elle.

J'ai aimé la conduite du poème par l'anaphore, qui de façon insistante revient.
(tu me diras, c'est la fonction de l'anaphore :)
et qui, à chaque fois, décrit une raison différente d'un besoin impératif que nous en avons.
J'aime toutes les strophes, mais la troisième plus particulièrement me frappe. Elle est liée à l'origine, la vie de la vie.
Merci pour ce beau poème sur un sujet bleu, mais pas toujours :(

   Lulu   
25/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Vincente,

Quel joli titre ! Il est beau autant pour l'image difficile à saisir, mais perceptible, telle une goutte d'eau enflammée par un doux rayon, que par la douceur de sa sonorité.

Le poème m'a plu, mais pour l'apprécier vraiment, il m'a fallu le lire plusieurs fois en prenant le temps de mesurer ce qui m'en avait empêchée la première fois, car cela demeure dans ma lecture, même si le texte a une belle portée.

En fait, j'aime plus le fond de ce texte que la forme, et c'est en cela que j'ai été gênée. Pourtant, la forme libre est simple en apparence et les vers ne semblent pas porter de difficultés majeures. C'est assez fluide.

Ce qui m'a rendu le texte moins lisse que je ne l'attendais, peut-être, à la lecture des premiers vers, c'est ce retour de "Je suis l'eau". Bien que le vers soit court et beau dans son message, je l'ai trouvé trop proche dans sa répétition, les strophes étant courtes, et peu agréable à prononcer, du fait du leitmotiv du "Je" qui ne m'a pas marquée poétiquement de ce point de vue.

De même, les jeux de mots "Un geste un zeste" et "Une caresse une adresse" ne m'ont pas séduite ; ayant ressenti ces jeux plus fortement dans leur forme que dans le sens transmis, même si ce dernier me semble toujours aussi intéressant, ici, comme partout dans le poème.

Cependant, j'ai bien aimé ce poème dans l'image de cette eau qui est à la fois présence au monde et auprès de l'être aimé. Une eau nécessaire qui fait sens du fait du sentiment d'amour, du rapport charnel "L'eau qui s'épanche au rond de ta peau" à celle saisie dans son ensemble "l'eau pure qui colore notre amour".

Ces mots relevés, en plus de ceux du second quatrain, par exemple, m'ont donné à voir dans ce poème, une eau qui dépasse celle d'un amour porté à un être cher pour atteindre une dimension cosmique. Cela, avec le premier vers, "L'eau qui s'épanche au rond de ta peau" que j'ai aussi pu lire comme une métaphore de la Terre et de ses beautés liées à l'eau "Dévote prêtresse au culte de ton corps / Je lave tes brumes" ; ou ce rappel de l'élément ici : "vecteur et ensemble / Elémentaire et global".

Ce qui est beau, aussi, bien sûr, est cette vie qui anime l'eau. Elle est incarnée par "Je", le poète qui fait corps avec le monde et la poésie ici, comme dans ces mots : "Je suis […] / L'amoureuse enceinte / Où nos liquides saveurs se marient". Ou plus loin, "Et voici la vague frisonne / Qui ruisselle son plaisir gouleyant". Ces deux vers relevés m'ont fait penser à Jules Supervielle dans La fable du monde. L'effet produit… cette vague [qui] frissonne, et ressent "Qui ruisselle son plaisir". Une belle approche créative dans ces images.

En définitive, je ne vois plus le titre comme un rayon posée sur une simple goutte d'eau, mais bien comme une présence forte de l'élément liquide dans sa manière si réelle d'être là, en soi et autour, "de la source à la mort" et plus particulièrement au sein d'un amour.

J'ai insisté, au début, sur ce qui m'avait gênée, mais certains passages m'ont semblé vraiment très beaux aussi dans la forme, comme ici :
- "Scintillante / En petits cris réjouis / Gouttes perlées"
- "L'amoureuse enceinte / Où nos liquides saveurs se marient"...

Au plaisir de vous relire.

   Vincente   
31/10/2019


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