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Poésie en prose
wancyrs : Je demande pardon
 Publié le 26/01/21  -  15 commentaires  -  4901 caractères  -  163 lectures    Autres textes du même auteur

Je demande pardon à ces hommes qu’on a détruits et qui ne savent plus que détruire…


Je demande pardon



J’ai vu des hommes, des femmes et des enfants brisés par ce qui m’a construit ; c’est fou de constater que le même marteau qui bâtit des charpentes peut détruire des bâtiments. Quand un enfant pleure, c’est doux comme la rosée du matin ; mais quand des enfants de 50 ans pleurent, c’est acide comme la pluie du désert.

J’ai trop vu. J’ai trop entendu. J’ai trop supporté, muet, ces cris étouffés. La justice tarde, et c’est juste ! Ne me demandez pas pourquoi ; c’est ainsi ! Mais en attendant le juge, comment soulager les âmes cassées ?

Je demande pardon à tous ces petits êtres dont le péché a été l’innocence ; ils ont connu précocement le goût de la semence abjecte éructée par des couilles molles et ridées de malfaisance, serviteurs zélés de l’opposé de la bienfaisance que la société vénère comme des icônes, pères malsains aux seings dévastateurs dont les sourires d’agneaux dissimulent des crocs de chacals.

Je demande pardon à ces enfants déjà adultes par les sévices dont ils ont fait l’objet, propulsés hors de l’Éden sans jamais avoir demandé à croquer la pomme insérée dans leur bouche, victimes d’une omerta dictée par la honte et l’incrédulité probables de leurs géniteurs et génitrices convaincus d’avoir confié leurs progénitures aux saints, aux saints qui les ont enculés jusqu’à la gorge de leurs flasques engins incapables de bander correctement.

Je tremble à imaginer les confessionnaux-cachots où de petites âmes se sont terrées, atterrées, puis se sont enterrées pour ressortir morts-vivants, désormais étrangères en ce monde où adultes elles vont errer, traînant le fardeau d’un péché originel, d’une croix qu’elles n’ont pas demandé à porter ; puis au Golgotha crucifiées elles n’auront pour solution que de s’ouvrir une veine afin d’échapper aux cris de la foule scandant : menteurs ! Imposteurs ! Humiliées une énième fois.

Je demande pardon à ces femmes déchirées de la vulve, déchirées de l’âme, submergées de vagues à l’âme les entraînant dans des naufrages quotidiens où elles s’agrippent aux espoirs de justice comme un condamné à mort aspire à la grâce royale, avec dans leur tête des images récurrentes de gnomes adipeux pesant de tout leur poids sur leur corps sans force, brutes antéchristiques arborant la soutane et brandissant le crucifix au nom de Dieu.

Ces Ève au vagin frémissant, non par l’extase de l’amour, mais par la peur des êtres aux droits trucidés, garderont à jamais les stigmates bleus de la frayeur de l’inexistence en tant qu’entités considérées, matrices vouées à la procréation dans une société patriarcale qui a oublié que son devoir absolu est de protéger les plus faibles, objets consommés dans le calice des bacchanales puis rejetés par des homélies disgracieuses à la géhenne des humiliations, là où se mettre un miroir devant la face est la pire des sentences, et qu'au rêve de bonheur qu'aspire chaque humain les cauchemars s'enchaînent à l'infini.

Je demande pardon à ces femmes qui souhaitaient deux enfants mais qui en ont fait par douzaine parce que l’industrie ecclésiastique avait besoin de deniers pour subsister ; ces femmes nées la bouche muselée, le dos arc-bouté, et le sexe entraîné à éjecter les pylônes nécessaires à construire une société qui les vomit, je pense à elles et je pleure ! Et puis j’ai honte de me faire appeler chrétien, autant que ces bourreaux misogynes.

Je demande pardon aux communautés autochtones de l’Amérique du Nord ; ces hommes et femmes – pourtant en communion avec la nature et le spirituel – aliénés et lavés du cerveau pour qu’en résulte des légumes à cultiver dans des réserves, greniers de loques humaines qui aujourd’hui recherchent en vain leurs racines par les méthodes viciées de leurs bourreaux, souffrant à leur âme dépendant du syndrome de Stockholm.

Je demande pardon à ces hommes qu’on a détruits et qui ne savent plus que détruire. Je demande pardon à ces femmes détruites qui ne savent plus que se laisser détruire. Je demande pardon à ces enfants qui naissent détruits…

Je demande pardon à ces savants obligés d’abjurer sous peine d’être taxés d’hérétiques ; voir le résultat des années de travail acharné balayé telle une blague de mauvais goût est horrible, surtout lorsque la raison du protestataire est figée en quelques phrases dont lui-même ne comprend pas le sens véritable.

Je demande pardon à tous ces peuples d’Afrique et d’Amériques latines qui croyant ouvrir leurs portes aux agneaux faisaient entrer des loups ravisseurs qui dévorèrent et dévorent encore toutes les richesses tant financières que culturelles de leurs maisons.

À tous ceux et celles qui ont été victimes des canailles qui viennent au nom de Dieu et de Son Fils, je demande pardon.

Justice sera faite, qu’ils ne s’en fassent pas. Justice sera faite !


 
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   fugace   
9/1/2021
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
"En attendant le juge, comment soulager les âmes cassées?". Ce n'est pas en concluant sur "justice sera faite, qu'ils ne s'en fassent pas" que l'on peut envisager d'obtenir pardon de toutes les atrocités dévidées dans ce récit.
Il y a bien quelques références aux peuples d'Amériques, d'Afrique et aux savants obligés d'abjurer.
Mais dans l'ensemble, j'ai éprouvé ce "récit poétique" comme une longue suite d'images violentes et répétitives pour ce qui concerne le sexe: "ces enfants déjà adultes par les sévices... sans avoir demandé à croquer la pomme insérée dans leur bouche", "ces femmes déchirées de la vulve...avec dans leur tête des images récurrentes de gnomes adipeux pesant de tout leur poids sur leur corps sans force",...
C'est un concept de récit poétique auquel je n'adhère pas du tout.

   Robot   
26/1/2021
Sur la forme : Un sujet difficile mais une rédaction puissante. Il y a des métaphores intéressantes pour illustrer le propos.

Sur le fond, je lis une diatribe contre ceux qui ont abusé et qui se prévalent encore de leur prétendue foi pour briser des personnes, des peuples, des vies.

"La justice tarde, et c’est juste ! Ne me demandez pas pourquoi ; c’est ainsi !"
Je ne comprends pas le propos. Pourquoi est-ce juste que la justice tarde ?
Les victimes sont elles donc condamnées à attendre d'être reconnues.
"Justice sera faite", oui mais quand et par qui sinon par la justice des hommes ?
Doit-on se satisfaire d'attendre l'éventuelle justice divine ? Et laisser les bourreaux vivre tranquillement pendant ce temps.

N'est-ce pas au pécheur (individu ou institution) de demander pardon, à la condition à la fois du repentir et de la réparation si j'en crois mon lointain catéchisme ?

Par contre pourquoi un bon chrétien en tant qu'individu devrait-il demander pardon pour les fautes des autres ? Ne serait-il pas plus dans son rôle et plus efficace en condamnant les institutions qui ont permis et masqué et parfois promu ces crimes ? Ne serait-il pas plus dans son rôle en exigeant que la justice des hommes passe et condamne et reconnaisse les victimes pour telles.

Je suis partagé entre la forme que je trouve excellente dans la rudesse des propos et des dénonciations, et le fond que je ne partage pas totalement sur les points exposés précédemment.

Beaucoup pour la forme, un peu pour le fond, donne un bien en cote mal taillée. Appréciation que je supprimerai si le texte est publié.

   Pouet   
26/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

je ne sais pas si c'est un texte courageux; je ne me lancerais pas plus dans une définition du courage que dans celle du pardon.
(Juste, étymologiquement, pardon: "perdonare, en latin (per/donare). Il s'agit du don que l'on fait de son droit au ressentiment après avoir été la victime d'une offense."
J'ai toujours trouvé étrange l'expression "demander pardon", comme si le "don" logiquement "désintéressé" devait se prévaloir d'une "permission", ce qui, du coup, anihile son côté "instinctif". Je demande (à l'autre) la "permission" de l'absoudre ou bien je demande (à l'autre) de m'absoudre? Pourtant, le miroir est sans tain...
Certainement que le "conscient" devrait refuser qu'on lui "pardonne". Se pardonner à soi-même est sans doute un pas infranchissable, le pardon de l'autre est-il un onguent? Et finalement à qui pardonne-t-on? Le pardon est-il plus "bénéfique" à celui qui le prodigue ou bien à celui qui le reçoit?)

Bref je me suis lancé dans des considérations inextricables dont je ne me sortirai pas... :)

Ici, le narrateur se fait "conscience", il prend la parole à la "place de", sachant que le mutisme s'éternisera. Sans doute ne se leurre-t-il pas sur la portée "réparatrice" de l'évocation, mais tout simplement tente-t-il de substituer au sang de sa plaie le sens de ses vers.
C'est ainsi que je vois la démarche.

En tout cas c'est un texte qui "n'a pas peur des mots", qui ne cherche pas à arpenter les chemins de la circonvolution.

La Poésie en forme de cri, la Poésie qu'on sent sortie des tripes, la Poésie qui regarde en face, la Poésie qui s'entend.

Merci pour ça.

   Vincent   
26/1/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour ,

J'en ai pris plein la gueule

et j'espère que nous en avons tous pris plein la gueule

nous qui sommes les résidus de ces colonialistes blancs pourris

avec notre écrasante suprématie sous la bannière de la croix

BRAVO ET MERCI

   Lariviere   
26/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
« la Poésie qui regarde en face, la Poésie qui s'entend. »

Salut Wan,

Cette citation issue du commentaire de Pouet me semble très bonne pour illustrer ton texte.

Je suis personnellement fan, en poétique, de ce genre de démarche...

Ton texte est une critique, que dis je, un pamphlet sur les dérives de l'église catholique.

Je l'ai trouvé violent, adequat, sans concessions.

J'aime personnellement que ce genre de texte coup de poing proviennent de personnes issus de ladite église ; j'y trouve un concept finalement assez chrétien de "l'autocritique", comme on disait jadis à l'est et je trouve ça bien, comme Jésus qui dans le jardin des oliviers s'est lui même accusé de désobéissance.

Ce que je trouve bien également, c'est qu'il y a comme une ambivalence dans le narrateur, une ambivalence qui n'en est pas une, plutôt une sorte de lucidité surnaturelle en fait, une lucidité du poète (ou du croyant béatifié, transcendé ;)) à décrire des exactions d'une "église" dont lui même fait parti.Il y a la fois adhésion au concept et critique des faits. J'aime bien. Sinon il y un seul bémol pour moi, ce n'est pas sur l'axe principal du pardon, je le trouve très bon dans un concept chrétien, car le pardon est une notion importante ici, mais sur le concept de justice... Même le christ (avec les marchands du temple) se faisait justice soi même, c'est à dire sur le terrain terre-à terre des hommes, le seul qui puisse apaiser les souffrances ici bas et c'est important. Parfois il ne faut pas attendre la justice des cieux, c'est le seul côté que je déplore ici, ce côté attentiste d'un point de vue de la justice terrestre... celle qui quoi qu'on en dise est la seule d'après moi à valoir sur la terre et au delà...

Sur le texte et non sur le fond des intentions, je l'ai trouvé fort, rythmé comme il faut, sonore, incisif, très percutant (un retour de négritude littéraire à la Senghor...) et pour ça, je dis bravo !

Merci pour cette lecture !

   papipoete   
26/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour wancyrs
Attention danger ! il est bon de demander pardon à qui l'on offensa, qui l'on meurtrit, qui l'on priva de liberté, qui l'on viola petit-enfant... Mais le faire à la place de qui le fit, et même parfois continue à perpétrer ces crimes, peut être coup d'épée dans l'eau, baume cicatrisant sans effet ?
se battre la coulpe ne rendra pas justice aux victimes, passées ou actuelles !
Ne faudrait-il pas emprisonner Borsonaro, plutôt que le laisser anéantir l'Amazonie et son pauvre Raoni Metuktire bien seul face au monstre ? demander pardon pour lui, après qu'il eut commis l'irréparable ?
Tant de raisons pourraient alimenter une demande de pardon, mais de la part du criminel, non point d'une bonne âme telle que celle de notre cousin canadien...
Je pense au film " Mission ", dont le bourreau au prix d'une extraordinaire repentance, demandera PARDON à ses victimes...
NB l'auteur ne mâche pas ses mots ( qui pourraient provoquer un AVC chez certaines grenouilles de bénitiers ) et ses exemples d'horreurs sont si bien décrits, fort crus mais hélas si vrais ! Les deux premières strophes sont comme des clous plantés aux mains et aux pieds de jésus ; ça fait très mal, au sens propre comme au figuré !
la conclusion est très " chrétienne ", mais sans réclamer la loi du talion, on regrette que certains ne connaîtront la justice, qu'après avoir fermé les yeux... au bout d'une tranquillité terrienne, que rien surtout pas le remord, ne viendra troubler !
une texte fort, très fort !

   dream   
26/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
« Je demande pardon » nous offre une intelligente déconstruction des travers et des maux profonds des sociétés enfermées sur elles-mêmes, suffocantes sous la chape de plomb de l’hypocrisie et des mensonges, du dogmatisme religieux, de l’ostracisassion que l’on retrouve surtout dans les communautés patriarcales, des tribunaux populaires, des strates des pouvoirs qui s’entremêlent, se subordonnent, se retrouvent en lutte dans le seul but d’entretenir les émotions qui couvent sous le limon des secrets et des non-dits.

Inlassablement, l’auteur, cet humaniste, poursuit son entreprise de dénonciation, accumulant les preuves tout en s’enfonçant de plus en plus dans un désespoir qu’il voudrait broyer en demandant pardon à la place des coupables de ces exactions ; sauf que par son « je demande pardon », il me semble plutôt qu’il crie sa honte aux auteurs de toutes ces horreurs.

C’es un récit implacable, radical et bouleversant, dont la noirceur tragique, le désespoir et la rancœur ne trouveront une rémission que par cette allusion religieuse et céleste :« Justice sera faite, qu’ils ne s’en fassent pas. Justice sera faite ! ». Mais il remet aussi en question sa foi, car il sent bien qu’au fond d’eux, tous ces innocents sacrifiés, martyrisés, sont pleins de colère et d’incompréhension pour un Dieu qui permet de tels drames.

Et ca frappe fort ! Quelle claque au cœur ! Quel uppercut aussi ! Fallait oser et c’est très bien ainsi. Un grand, un immense BRAVO !
dream

   Malitorne   
26/1/2021
 a aimé ce texte 
Pas
Je ne voudrais pas vous vexer Wancyrs mais il fait un peu délire mégalomaniaque votre poème, dans la mesure où vous endossez tous les vices de la chrétienté pour les absoudre d’un immense pardon. Tel Jésus sur sa croix qui rachète le péché originel de l’humanité...
De plus ce qu’on pourrait considérer comme une révolte légitime n’est guère au-dessus des abominations dénoncées car, au bout du compte, de même niveau. Votre écrit est rempli de rage, de désir de vengeance et de vulgarité : «  la semence abjecte éructée par des couilles molles et ridées de malfaisance / aux saints qui les ont enculés jusqu’à la gorge de leurs flasques engins incapables de bander correctement / ces femmes déchirées de la vulve ». Je ne doute pas que si vous aviez sous la main les responsables vous les feriez brûler vifs, car ainsi « Justice sera faite ! »
C’est ça le pardon Wancyrs ? Je ne suis pas certain que vous ayez bien compris le message d’amour derrière cette notion. Ce n’est pas en employant des mots triviaux - applaudis par des poètes en mal de sensations - que vous porterez plus haut votre foi, bien au contraire. Celle-ci m’apparaît très tourmentée, vindicative, loin de la sérénité que devraient vous apporter les livres saints. Quand on vocifère sa croyance, qu’on menace les autres de châtiment, c’est qu’au fond l’âme n’est pas vraiment pure, souillée par la haine.

   Dolybela   
27/1/2021
Auto modéré

   Angieblue   
27/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je demande pardon pour tous ces mots que je ne trouverai pas pour exprimer l'admiration que j'ai pour ce plaidoyer.

En toute objectivité, j'ai été captivé par ce rythme avec la répétition de l'accroche "Je demande pardon", cette verve, cette force, cette fluidité. Le poing levé, cette prose poétique demande justice et pardon pour toutes les ignominies des hommes et leurs actions inhumaines: inceste, viol, esclavage...

Les abominations sont décrites avec des mots puissants, violents, crus mais tellement en adéquation avec le mal qui est décrit. Les images sont visuelles. C'est inspiré! et ça prend aux tripes.

J'ai beaucoup apprécié les métaphores empruntant des images à la bible et les allusions à la religion souvent corrompue elle aussi.

Parfois, un plaidoyer peut-être chiant et pompeux, mais ici, on ne décroche pas un instant, on est hypnotisé...

Je pourrais tout citer car tout m'a plu, mais, en particulier, ces passages:

"propulsés hors de l’Éden sans jamais avoir demandé à croquer la pomme insérée dans leur bouche, victimes d’une omerta dictée par la honte et l’incrédulité probables de leurs géniteurs et génitrices convaincus d’avoir confié leurs progénitures aux saints, aux saints qui les ont enculés jusqu’à la gorge de leurs flasques engins incapables de bander correctement."

"Ces Ève au vagin frémissant, non par l’extase de l’amour, mais par la peur des êtres aux droits trucidés, garderont à jamais les stigmates bleus de la frayeur de l’inexistence en tant qu’entités considérées, matrices vouées à la procréation dans une société patriarcale qui a oublié que son devoir absolu est de protéger les plus faibles, objets consommés dans le calice des bacchanales puis rejetés par des homélies disgracieuses à la géhenne des humiliations,"

"qui en ont fait par douzaine parce que l’industrie ecclésiastique avait besoin de deniers pour subsister ; ces femmes nées la bouche muselée, le dos arc-bouté, et le sexe entraîné à éjecter les pylônes nécessaires à construire une société qui les vomit,"

"aliénés et lavés du cerveau pour qu’en résulte des légumes à cultiver dans des réserves, greniers de loques humaines qui aujourd’hui recherchent en vain leurs racines"

"Je demande pardon à ces hommes qu’on a détruits et qui ne savent plus que détruire. Je demande pardon à ces femmes détruites qui ne savent plus que se laisser détruire. Je demande pardon à ces enfants qui naissent détruits…"

Tu demandes pardon et justice, mais non vengeance...
Et puis, les péchés du monde sont bien trop lourds à porter...seul le christ s'y est collé...

Par contre, je ne crois pas trop à une justice sur terre car l'homme est condamné à souffrir pour expier le péché originel...
Et il y aura toujours de l'injustice...
L'homme est un loup pour l'homme et la raison du plus fort sera toujours la meilleure...

   Edgard   
26/1/2021
Bonjour Wancyrs,
C'est une très grande colère, qui peut nous submerger parfois quand on connais les faits que vous suggérez...il suffit de lire Bartolomé de Las casas (Histoire des Indes, ou Très brève relation de la destruction des Indes) et bien d'autres récits, pour se convaincre des pouvoirs destructeurs des dogmes...et ce n'est pas fini. Humain, pas humain...
Le problème à mon sens est justement qu'elle vous submerge, cette rage, et qu'apparaissent, sous la dénonciation à laquelle j'adhère absolument, des accès qui ressemblent trop à la haine, même si c'est loin d'être votre propos, c'est l'impression que je ressens.
La colère est très bien rendue, c'est sûr, c'est beau...et c'est même sans doute poétique. Ça remue, et c'est votre but. Pour ça, c'est gagné.
Mais montrer l'horreur n'a de sens que pour dénoncer ce qui a été, ce qui est encore peut-être, pour que la leçon soit entendue et que ce soit "la der des ders"...c'est peut-être ça qui manque. Plutôt que d'appeler une justice dont on ne sait d'où elle viendrait, à part des humains eux mêmes.
Mais après tout, si on sort d'une lecture exactement comme on y est entré, c'est qu'elle n'a pas servi à grand chose. Et ce n'est pas le cas. Vous prenez le risque de déconcerter. C'est bien le risque.
La manière ou le fond? Je ne sais pas apprécier.

   Anonyme   
27/1/2021
 a aimé ce texte 
Pas
Le poète semble mégalomane : il s'accuse d'avoir traité tous ces gens avec violence. Et il demande pardon, mais à qui ? Aux victimes ? C'est un peu court, jeune homme : au pardon, *s'il est accepté*, doit suivre les réparations. La liste ne va pas sans une certaine griserie et contrairement à ce que dit Larivière je ne pense pas que ce texte soit d'inspiration chrétienne, c'est plutôt un hyperchristianisme caricatural qui ressortit.
Qui peut se targuer d'avoir commis autant de crimes ? Le diable ? Mais il ne demande jamais pardon. Une collectivité ? Oh, le fameux homme blanc, blâmé pour tout... mais ce fameux homme comme le montrait Pascal n'existe pas. Il y a des individus, dès lors pourquoi faire un prix de gros. A chacun ses responsabilités, ne trouvez-vous pas ?
Que dire de plus, sinon que pour une demande de pardon, il n'y a pas le calme et l'analyse à tête reposée nécessaire, mais un vocabulaire trop grossier qui se veut provoquant. Mais enfin, c'est facile de choquer avec des gros mots, non ?
Enfin, il n'y a pas de logique ni de liens entre ces crimes, pas plus qu'une gradation.
Le vrai christianisme estimerait sans doute que le poète est dans l'orgueil.
Je dis : bof.
Renseignez-vous sur le pardon Wancyrs, vous ne serez pas déçu.

   wancyrs   
27/1/2021
Les remerciements pour ce texte sont ICI

   Anonyme   
27/1/2021
J’arrive un peu tard pour partager mon point de vue mais je m’y risque quand même. Le pardon est un thème qui vaut plus d’un détour. Si son préfixe marque l’aboutissement, le pardon constitue le dernier des dons. En dernier lieu soi-même, la fin de l’ego peut-être ? Avant de se demander si la victime doit pardonner, peut-elle pardonner ? Les bienfaits me semblent plus urgents à arracher, du point de vue de la victime que du forfaitaire. Le pardon étant aussi double que l’est la relation du bourreau à la victime, je n’évoque là que celui des opprimés et «des détruits qui ne savent plus que détruire». Du coup, si le pardon est possible et pensable, il permet de se décharger du ressentiment qui pèse et qui ronge. Le pardon, d’une certaine façon, c’est préluder le deuil de la haine. Autrement dit, c’est se débarrasser de ce qui enracine l’individu dans les miasmes nerveux de la détestation, c’est dénouer les nœuds d’une corde qui finirait par étouffer. C’est sous cet angle que votre poème me paraît bipolaire. Pardonner avec colère, c’est l’oxymore du doute, et le contre-pied du poète dans la fourmilière. Est-ce que vous pardonnez vraiment, qu’est-ce que le pardon pour vous ? J’ai tellement entendu le concept prononcé que parfois j’ai l’impression d’être devant un mur. Aussi, je ne suis pas loin de me souvenir de cette idée. L’ai-je vraiment entendu ? Pardonner c’est accepter son humanité, dans ce qu’elle a de plus vaste que soi-même, ce qui passerait par accepter la possibilité d’être semblable à celui qui vous a blessé (dans le cas où le pardon présuppose la compréhension, mais peut-on pardonner sans comprendre ?). Pardonner alors c’est se mettre au niveau de celui qui vous a fait du mal. Mais peut-on demander à un violé de se mettre à la place d’un violeur ? Le sujet est délicat et il y a des pardons qui sont plus faciles que d’autres, je le conçois. De fait, est-ce que la colère puisse être associée au pardon, est-ce qu’il est salutaire d’entretenir la colère avant qu’elle ne dégénère envers ceux qui commettent des fautes, comment vois-tu la justice se faire si elle n’est pas humaine ? Est-ce que la justice est aussi vieille que les crimes et pourquoi les crimes, que tous les poètes de toutes époques – je m’avance peut-être un peu trop – ont dénoncé, continuent toujours ? (Les voies du seigneur sont impénétrables, dirait-on.)

Avant que ce commentaire parte dans tous les sens, je félicite la tournure de certaines expressions. D’autres m’ont plus échappé, surpris par des phrasées qui demandent plus de souffles. Dans la succession des parties, peut-être il y aurait un rythme à trouver. De fait, il est difficile de se réfréner, et peut-être pas pertinent, cependant, avec l’envie de se défouler, au-devant d’un tel réquisitoire à gratter, il aurait pu être intéressant d’aller glisser de la douceur (qu’elle soit sincère ou ironique) pour donner du contraste à votre propos. Chaque partie de votre texte a quelque chose à dire, aucune ne me semble superficielle. Cependant, la redondance rend parfois le propos difficile à intégrer. J’ai fini par saturer, ce que je trouve dommage, mais ce n’est pas le cas de tous. C’est aussi des questions d’habitudes. Mais ce que je regrette, c’est que ce poème me semble unilatéral. Dans le sens où il semble être écrit pour exalter le ressenti des victimes, ou pour renforcer la bonne conscience de ceux qui n’ont jamais persécutés (mais si on est tous le con d’un autre, ne sommes-nous pas aussi le coupable d’un autre ?). Sans doute la ressemblance de votre poème à un réquisitoire me fait entendre une certaine forme de prosélytisme. Il aurait été intéressant d’écrire ce poème à la destination de ceux qui ne demandent pas le pardon que l’auteur décide d’assumer. Aussi, la dichotomie religieuse entre les victimes et les persécuteurs, qui poussent le lecteur à finir le triangle de Karpman, en se plaçant nécessairement du bon côté, me paraît court. Devant ces souffrances évoquées, il est trop facile d’être d’accord avec vous. Vous y allez fort dans le thème et dans le ton, mais est-ce que le thème du pardon et de la justice ne demanderait pas de se glisser un peu des deux côtés du prisme ? Tenter d’approcher le point de vue de ceux qui nous ont fait du tort n’est certainement pas facile, mais selon moi, ça aurait peut-être introduit une certaine complexité au propos. Ceci étant, toutes ces remarques n’engagent que mon point de vue et je reste jeune dans le domaine. J’ai toutefois été touché par certaines phrases, et la crudité de certaines expressions enragées m’a (nerveusement) fait rire. J’apprécie votre plume. Merci pour votre poème.

   Queribus   
31/1/2021
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

J'avoue que je suis assez mitigé sur votre écrit.La forme m'apparait plutôt intéressante avec ces versets où s'exprime une langue passionnée (avec aussi des excès qui ne plairont pas à tout le monde). Vos phrases font mouche dans une langue impeccable aux images très fortes. Le sujet abordé est vaste et difficile, vous le traitez avec un certain courage en ne mâchant pas vos mots.

Sur le fonds, je trouve quand même que votre cri de révolte fait un peu convenu avec un égocentrisme qui crève les yeux: J'ai vu, je demande pardon, je demande pardon, je demande pardon, je tremble, et une conclusion très grandiloquente: Justice sera faite, qu'ils ne s'en fassent pas. Justice sera faite.

En conclusion, je trouve que l'ensemble aurait mérité plus de simplicité et moins de grandiloquence mais je reconnais que vous avez eu le courage de vos mots et de vos idées.

Bien à vous.


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