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Réalisme/Historique
adriana : L'attente
 Publié le 24/09/11  -  11 commentaires  -  4538 caractères  -  116 lectures    Autres textes du même auteur

Les angoisses et cauchemars d'une femme, en attendant de passer sa mammographie de contrôle…


L'attente


Une espèce de reflux, lent et inexorable, voilà ce qu’étaient ces derniers jours avant le contrôle mammographique annuel. Il ramenait à ses papilles tout ce qu’elle croyait depuis longtemps disparu. Et le goût toujours aussi puissant et amer des souvenirs emmêlés était avivé par la consternation de leur résurgence tardive.

Elle avait beau déployer un impressionnant arsenal de raisonnements (impressionnant car élaboré année après année, enrichi d’innombrables lectures et conversations, mais aussi impressionnant de naïveté - que peut un raisonnement contre une telle peur ?) ; elle avait beau s’en servir tout le long des jours : les nuits surgissaient et avec elles la menace. Ses cauchemars étaient des variations à l’infini sur chacune des étapes qui jalonneraient cette journée.

Le réveil : il ne sonne pas, elle se réveille beaucoup trop tard, le rendez-vous doit être reporté. Elle supplie les secrétaires au téléphone, mais elles restent intransigeantes. Un mois, pour un rendez-vous non respecté, c’est le délai minimum.

Le trajet : les feux de sa voiture sont restés allumés toute la nuit, la batterie est déchargée. Ou bien, alors qu’elle savait pertinemment qu’elle devait mettre de l’essence, elle ne l’a pas fait, et tombe en panne avant d’arriver. Ou bien, elle croise sur son chemin deux vélos roulant imprudemment côte à côte, exactement comme la première fois, cette affreuse première fois, et c’est un signe contre lequel elle ne peut rien, tout va recommencer inéluctablement, la chirurgie, la chimio… non, non et non, elle refuse de penser à ça. Mais voilà, ça remonte, et aucun médicament n’y peut rien.

Le parking à l’arrivée : il est fermé, ou complet, et elle ne trouve pas de place dans la rue. Quand elle se résout à occuper un emplacement pour handicapé - ce qu’elle réprouve absolument, mais ce jour-là ne l’est-elle pas d’une certaine manière ? - quelqu’un l’a devancée. Si elle se gare enfin, c’est loin de l’hôpital, et elle ne trouve pas son chemin. Elle marche dans un labyrinthe de rues qu’elle ne reconnaît pas, qu’elle n’a jamais vues, et l’angoisse croît avec ses pas. Elle erre, le soir tombe.

L’accueil : la queue est interminable. Elle demande aux gens devant elle à quelle heure ils ont rendez-vous. Pour tous c’est bien plus tard qu’elle, mais personne ne veut la laisser passer. Elle leur explique qu’elle risque de rater son rendez-vous. Ils sont inflexibles. Le tour c’est le tour, elle n’avait qu’à arriver plus tôt, eux-mêmes sont là depuis des heures.

La salle d’attente : toutes les femmes pleurent. Elle est arrivée le mauvais jour. Le fameux mauvais jour, celui des mauvaises nouvelles. Elle se rappelle alors - mémoire spécifique des rêves récurrents - que ce genre de journée existe bel et bien, et qu’il faut absolument l’éviter. Mais voilà, elle ne l’a pas précisé lors de la prise de rendez-vous, et c’est trop tard, on l’appelle, elle doit y aller, elle ne peut pas y échapper, la mauvaise nouvelle l’atteindra elle aussi.

Les clichés : le manipulateur est celui de la première fois. La sècheresse de ses gestes et son attitude méprisante, presque brutale, l’avaient alarmée avant même l’annonce du diagnostic. Tant d’autres manipulateurs, depuis, ont été souriants, rassurants, chaleureux, mais non, voilà qu’elle le retrouve, lui. Il ne dit pas un mot de tout l’examen, ne regarde que sa poitrine, le reste de son corps pourrait aussi bien ne pas exister. Il ne sait pas quel visage surplombe ces seins, ne l’a jamais su, ne le saura jamais.

Puis à nouveau l’attente, avant l’entretien avec le radiologue. Il faudra lui poser les questions appropriées, scruter ses moindres expressions, retenir chaque parole, interpréter chaque silence. Est-ce mauvais signe d’attendre aussi longtemps ? Devra-t-elle faire des clichés supplémentaires ? Est-ce que ce sera bientôt son tour, quand viendra-t-on enfin la chercher ?

Mais on ne venait pas. Les cauchemars s’arrêtaient tous avant ce fatidique entretien, jamais elle n’apprenait le résultat de sa mammographie.

La peur tapie dans les entrailles elle ne connaît pas. Non, pour elle c’est un reflux, directement dans la bouche, brûlant tout sur son passage.


- Oui, j’ai rendez-vous à neuf heures, je suis un peu en avance. D’accord, j’attendrai.


Comme il est délicieux ce café noir bien serré dans lequel elle trempe un croissant en attendant l’ouverture de la lingerie. Elle y choisira le soutien-gorge qui célèbre, comme chaque année, le triomphe d’un résultat bénin.

Elle a une envie de rouge garance.


 
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   Anonyme   
26/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très bien vu, je trouve ! Un instantané crédible, une écriture nette et efficace. J'aime beaucoup l'idée de décrire les affres de la femme par ces cauchemars récurrents et très concrets. Le tout sonne vrai à mon avis.

   Coline-Dé   
11/9/2011
 a aimé ce texte 
Bien
J'avais quelques appréhensions : ce genre de texte n'est jamais anodin et il est difficile de commenter lorsqu'il est mauvais : ce n'est pas le cas ici, même si je trouve un peu surexploitée la litanie des cauchemars.
Mais l'écriture est belle et parfaitement maîtrisée, sans pathos , avec juste la tension émotionnelle nécessaire. Ce texte fera écho chez toutes les femmes, qu'elles soient ou non passées par là.

   monlokiana   
13/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Ce texte est court mais j’ai un peu de mal à comprendre la fin. Ca donne plutôt un ensemble survolé et incompréhensible avec les deux points que j’ai trouvés facile :

-Le réveil :
-Le trajet :
-Le parking à l’arrivée :
-L’accueil :
-La salle d’attente :
-Les clichés :

Je pense que ce texte devrait être rallongé et éclaircir les zones d’ombres qui le rendent complexes et difficiles à comprendre.

Merci à vous, pour ce moment de lecture. Bonne continuation

   toc-art   
24/9/2011
Bonjour,

la première chose qui me frappe à la lecture de ce texte, c'est qu'il n'est, à mon sens, absolument pas littéraire. Je sais qu'on pourrait longtemps discuter de ce terme, je veux dire qu'il n'entre pas dans ce que moi je considère comme de la littérature, à savoir quelque chose d'un peu travaillé dans la construction notamment. Là, on assiste à une simple énumération que je trouve très plate. Je ne sais pas si c'est la catégorie qui a joué, mais je ne crois pas que le réalisme/historique, sous prétexte de sincérité brute, doive s'exonérer d'un minimum de mise en scène et de contextualisation.

Par ailleurs, je crois que le temps de narration choisi ne favorise pas l'empathie avec l'héroïne. Le présent, en mettant le lecteur en plein dans l'attente du résultat, aurait créé un suspense, une tension qui manquent ici. On a un déroulé d'angoisses mais je n'ai rien ressenti pour ma part et je ne crois pas, je peux me tromper bien sûr, que ce soit (uniquement) dû à ma condition de mâle. La chute, qui devrait sonner comme une délivrance après tant d'angoisses, tombe totalement à plat.

Il y a sans doute un choix de ne pas tomber dans la dramaturgie mais je crois tout de même qu'entre cette narration trop plate et un excès de pathos, l'auteur devrait pouvoir se frayer un chemin. C'est en tout cas mon attente de lecteur ici mais je comprends tout à fait que ce ne soit pas celle de l'auteur.

bonne continuation.

   Mistinguette   
24/9/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Le sujet ne m’emballait pas vraiment mais, en fin de compte, je le trouve plutôt bien traité.

À mon goût le cauchemar s’éternise un peu mais comme c’est bien écrit ça passe.
Ce n’est pas larmoyant et on ressent parfaitement l’angoisse de cette femme.
J’aime beaucoup la fin : le soulagement et cette envie typiquement féminine de frivolité.

Un seul léger bémol : « … en attendant l’ouverture de la lingerie »
Le mot « lingerie » n’a pas tout de suite fait tilt dans mon esprit. La lingerie, pour moi, est plutôt un endroit ou l’on entretient le linge, pas un magasin.
Perso, j’aurai mis : «… en attendant l’ouverture de la boutique de lingerie »

Bonne continuation à l’auteur et merci pour cette lecture.

   Anonyme   
24/9/2011
Perplexe. Pourquoi ? Parce que le traitement d'un sujet de ce type passe par l'irrationnel. Hors, que me propose-t-on : une liste (Le réveil... Les clichés). L'attente du verdict (le mot est employé sciemment) suscite l'angoisse, et, à plus forte raison si l'on a déjà été diagnostiqué et soigné précédemment. Alors, je sais : c'est un sujet extrêmement délicat à traiter. C'est pourquoi mon point de vue doit être prise avec beaucoup de recul. Je ne donnerai donc pas d'appréciation.

   Palimpseste   
24/9/2011
écriture-plaisir ou écriture-thérapie ?

On n'est pas forcément dans le domaine de la littérature, mais assurément, ça sent le vécu. Et cette angoisse de la nouvelle lors de la mammographie est bien réelle, très racontable.

Si le propos est d'écrire sur une émotion personnelle, le but est atteint. Mais pourquoi ne pas aller plus loin? Ce récit un peu linéaire pour dépasser ce rendez-vous avec la peur pour en faire un concerto pour entre une femme et le milieu médicalisé avec qui elle a rendez-vous annuellement. Ce serait beaucoup mieux !

Donc: littéraire c'est moyen, mais humainement, c'est déjà bien de verbaliser.

   Charivari   
24/9/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve l'idée très bonne, le style plutôt agréable. La psychologie est là, on sent vraiment ce personnage, ses peurs, ses phantasmes....

en fait, mon reproche est le suivant : la structure choisie "corsette" trop (sans mauvais jeu de mot) votre récit, le rend terre à terre et un peu trop systématique. Je pense que vous auriez pu traiter cette partie (le réveil, le trajet, le parking, etc) avec plus de liberté. C'est dommage.

J'ai beaucoup aimé la fin, par contre.

   brabant   
25/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour Adriana,


Désolé de ne pas être positif.

Tout d’abord je me suis dit : ça n’est pas vrai, ça n’est pas comme cela que ça se passe. Puis je suis arrivé au point où l’héroïne se réveille.

Ah bon ! Ouf ! Mais quand même !

On rêve ce que l’on sait.

Et elle ne sait pas.

Car ce qui est n’est pas cela.

Cette femme est sans doute hypocondriaque. D’une annuelle hypocondrie.

Tout ici est fou-fou : le réveil, le trajet : la chirurgie et la chimio imaginaires (dues à ses lectures ; où est-elle allée chercher ce qu’elle sait ?), bon point : le parking est vrai, mais il serait vrai partout, le parking, où que l’on soit, y compris à l’hôpital est un cauchemar vrai !), puis on remonte dans le fou-fou : l’accueil, la salle d’attente (bon, c’est vrai qu’il faut attendre, mais c’est bien minuté à vingt/vingt-cinq minutes près, rarement trente), le manipulateur (bien que ce soit vrai qu’il/elle ne fasse pas de sentiment, sauf la première fois – un premier rendez-vous est toujours un premier rendez-vous – mais il a un planning qui bien sûr n’est pas une excuse ; bon, c’est comme ça, on ne va pas là-bas pour se faire border ; même si on aimerait un peu de tendresse. Vous avez raison, ils/elles sont brut/aux/ales avec les seins, toutes les femmes que j’ai vues là-bas me l’ont dit). Pourquoi voudrait-elle qu’il regarde son visage ? Les radiologues eux, en général, sont gentils. Ils sont bien obligés de parler et puis on va leur faire un chèque (lol). Non, ils essayent d’être humains, n’y parviennent pas toujours.

Puis ? Suite du récit : ça n’est pas très clair ?

Résultat bénin qui aboutit à l’achat d’un soutien-gorge et au choix d’un rouge à lèvres (garance, la couleur est -elle anodine ?). Conséquence directe d’un soulagement, le CRABE n’a pas pincé, du moins pas cette fois, la nique jusqu’à l’année prochaine.

Non, pour moi, cela ne tient pas.

Qu’est-ce qu’un résultat bénin ? Une telle image peut-elle se balayer ? L’héroïne de ce récit-ci ne s’est jamais aventurée dans la salle d’attente d’un cabinet d’oncologie, n’a jamais côtoyé les patients d’une telle salle, où malades et bien-portants, malades graves et malades légers sont mélangés, où l’on arrive à rire (parfois) mais où l’on ne pleure que rarement car on est trop choqué, c'est dans le cabinet du spécialiste que l'on pleure, où il n’y a que des masques, car cette antichambre-là ne donne pas lieu aux mauvais rêves, elle est le cauchemar même qu’aucun cauchemar en sommeil ne saurait égaler.

Le malade nie, le malade rejette la maladie sur l’autre qui, forcément, est plus malade que lui, lui est curable, c’est bénin où il n’a qu’un début de … quoi déjà. Ou il est abasourdi et ne pense même plus.

Irréaliste !

Mais peut-être que je n’ai pas bien compris ; je vous prie alors de pardonner cet avis sans doute trop énergique.


A vous lire, sur un autre thème.

Car pour ce qui est du style, aucun problème !

   alvinabec   
31/1/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Le titre est plat, plat.
Le texte se lit sans encombre, il relate un évènement, n'est en aucun cas une nouvelle au sens communément admis du terme.
L' emploi de l'indicatif présent serait sans doute plus porteur.
Dans les deux premiers paragraphes, vous pourriez alléger, avec bonheur, certaines expressions (ex: impressionnant arsenal de raisonnements).
La linéarité retenue pour le récit est classique, efficace.
Est-il nécessaire de faire pleurer ttes les femmes dans la salle d'attente? "le fameux mauvais jour, celui des mauvaises nouvelles" manque de réalisme.
A vous lire...

   rmfl   
2/12/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Une assez bonne description de cette attente répétée mais parfois un peu trop tarabiscotée à mon goût...Et est-ce à l'imparfait, au présent ou au passé composé?
Par contre j'ai beaucoup apprécié la fin, une jolie descente de tension!


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