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Sentimental/Romanesque
criss : Putain, ça craint... [Sélection GL]
 Publié le 01/09/12  -  15 commentaires  -  3021 caractères  -  225 lectures    Autres textes du même auteur

Mieux vaut partir à temps.


Putain, ça craint... [Sélection GL]


"Putain, ça craint…" pensa-t-il. Il y a quelques années il aurait dit, "Merde, ça caille…" Le responsable de ce langage nouveau était son fils qui, régulièrement, rafraîchissait son vocabulaire. L'éducation à l'envers, en quelque sorte. Et une certaine façon de rester dans le coup. Bref, il faisait tellement froid que le paysage paraissait suspendu, sans le moindre oiseau, le moindre signe de vent, la moindre trace de pas. Figé.

"Putain", murmura-t-il, en appuyant l'index droit un peu plus bas que le cœur, un peu plus haut que le foie, là où apparaissait de temps en temps ce drôle de pincement. Un pincement devenu familier, dont il s'inquiétait parfois des absences trop longues. Il aurait presque eu de la bienveillance envers la petite douleur, la petite fausse ou vraie douleur. Il apprenait à l'apprivoiser. Il l'appelait la chose.

La chose avait l'aspect d'une tache blanche, minuscule, invisible hormis aux machines. Le premier médecin lui avait dit "Vous recevrez les résultats par la poste, sans commentaire. Dès que nous serons en leur possession nous en parlerons. Il est inutile de vous mettre des Papous dans la tête, martel en tête si vous préférez. Pas de panique. Nous avons aujourd'hui d'excellents traitements". Le second médecin lui avait dit "Vous recevrez les résultats par la poste, sans commentaire. Dès que nous serons en leur possession nous en parlerons. Cela peut être très sérieux. Mais nous avons aujourd'hui d'excellents traitements". Il avait surnommé le premier Docteur Illusion et le second Mister Chienne de vie. "Quoi qu'il en soit, putain…" À part la chose, intermittente, il se sentait drôlement d'attaque. Son bouvier noir approuva d'un battement de queue tout en lui jetant un coup d'œil réprobateur. "Alors, on bouge, on s'en fout du froid…"

Leurs négociations furent interrompues par un bruit de moteur – le 4x4 du facteur. Le facteur s'arrêtait de moins en moins souvent. La boîte aux lettres était à une centaine de mètres. Elle était d'un rouge optimiste. Il n'avait pas imaginé que les résultats puissent arriver si rapidement. Il fourra l'enveloppe dans sa poche et fit un détour par le vallon – le bouvier avait ses habitudes et n'aimait pas les frustrations. L'enveloppe était adressée au Docteur Dubuisson. C'est vrai, lui aussi était médecin, mais c'étaient des animaux qu'il avait soignés toute sa vie. Des animaux sur lesquels, parfois, on découvrait de petites taches blanches. Le plus souvent, ils consultaient trop tard et, peu de temps après, ils consentaient en toute confiance, caressés par leur maître, à se glisser sur le fil de la disparition.

Le chien furetait partout et désordonnait le paysage, ça mettait de la gaîté. "Putain, il tient la forme, se dit-il. Il n'a pas de problème avec le froid. Moi non plus d'ailleurs, grâce aux feux de bois". En rentrant, il ouvrit le poêle, tisonna un peu, y jeta la lettre, les radios, les échographies, les résultats des analyses de sang, les rapports, les documents, tous les médicaments – ou presque.


 
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   Anonyme   
28/8/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Votre texte a la bonne longueur : action et pensée resserrées, du pas de la porte à la boîte aux lettres.
Mais dans cette fulgurance, des éléments ne collent pas :
- on se demande quel âge a le personnage, qui a soigné des animaux "toute sa vie" et a un fils qui parle comme un ado. Soit, toute sa vie, ça peut être 15 ans, ou il peut avoir eu un gamin sur le tard, le véto. Mais moi, ça me gêne.
- les commentaires des médecins à un véto...(et même un non-véto) : laissez-moi rire.
- recevoir les radios et tout le dossier par la poste, comme on en a l'impression, alors que vous sous-entendez que la maladie, quelle qu'elle soit, est gravissime : mais bien sûr.
- Jeter les médicaments ? Alors que les résultats ne sont pas encore arrivés, il a déjà un traitement ?
- Si médicaments il y a, garder ceux qui vont lui permettre le suicide? Il n'a rien dans sa clinique pour se débrouiller tout seul ? Ou alors il est retraité. Si c'est le cas... voir plus haut pour le fils qui dit que "ça craint". Ou alors, il est manchot. N'importe quel véto sait comment s'y prendre, c'est même la profession libérale qui a le plus fort taux de suicide, avec les anesthésistes.
Bon, je chipote, mais tout cela est peu plausible, (sauf médecins à la masse et véto à côté de la plaque).
Côté forme, il y a de jolies choses : "Le plus souvent, ils consultaient trop tard et, peu de temps après, ils consentaient en toute confiance, caressés par leur maître, à se glisser sur le fil de la disparition", et quelques surprises : "presqu'eu".

   Palimpseste   
29/8/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
pas mal du tout !

Evidemment, un format super-court laisse place à des regrets à tout ce qui aurait pu être écrit, mais là, l'histoire tient bien debout et reste parfaitement équilibrée (cf une polémique qui a courru sur les textes très courts dans les forums, il y a quelques temps)...

Une meilleure mise en forme des dialogues aurait été appréciée, notamment avec des guillemets (voire des italiques pour ceux intra-paragraphes). Mister Chienne de Vie mériterait également une majuscule de plus (mais c'est vraiment pour chipoter :-) )

Une bonne écriture, une écriture rythmée, une vraie histoire... C'est bien...

   Anonyme   
29/8/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte sobre, qui se tient à grande distance du pathos. C'est une belle qualité mais, en l'occurrence, je trouve la distance trop grande... ou peut-être pas tant la distance que l'ellipse. Je reconnais que j'ai dû revenir un peu sur le texte pour comprendre pleinement l'histoire de la "tache blanche" (sur les radios, donc ; peut-être aurais-je mieux saisi avec l'emploi de ce mot au lieu de celui, plus vague me semble-t-il, de "machines") et ce "presque" rapporté aux médicaments. Là, pareil, en n'écrivant pas le mot "somnifères" vous laissez au lecteur le soin de "deviner". J'ai souvent tendance à trouver que les textes explicitent trop ce qui est dit, en l'occurrence ici c'est le contraire pour moi.

Dans cette problématique de distance, d'explicitation, je crois impossible de satisfaire tous les lecteurs ; en l'occurrence, je trouve le texte trop distant et surtout trop peu explicite pour permettre à l'émotion de se manifester, mais je suis bien consciente que c'est mon goût... En tout cas, à mon avis, la narration est maîtrisée et efficace.

   Pimpette   
1/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pour un tel sujet, j'apprécie le choix de la foulée...courte et sacrément efficace!

Belle écriture qui convient elle aussi totalement!
Beaucoup de pudeur pour dire des choses terribles, humaines,poignantes.

Le froid, le chien, le vocabulaire'tendance' enrobent le tout d'un brin de tendresse et d'humour...

   Marite   
1/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
En effet un texte très court qui nous livre une partie, et une partie seulement, des remous qui doivent ébranler le narrateur. Peu de choses sont explicitées, on devine, on suppose ... mais peut-être la peur d'être submergé par la panique a empêché une formulation plus précise.
Pour ma part je reste perplexe au sujet de la tache blanche, car:
" ... en appuyant l'index droit un peu plus bas que le cœur, un peu plus haut que le foie, là où apparaissait de temps en temps ce drôle de pincement. "
En principe le coeur est à gauche et le foie à droite non ? alors du coup je ne saisis pas très bien ...

Si l'ensemble se lit très facilement, sans temps mort ou verbiage inutile, on termine cependant la lecture sons une once d'émotion vis-à-vis du personnage.

Le titre ... j'ai failli ne pas lire le texte car j'ai toujours une réaction viscérale de rejet face à ce genre de langage qu' il semble être de bon ton d'utiliser maintenant. Excusez-moi, ceci est purement subjectif et je n'ai pas du tout envie de changer d'optique car je n'y vois aucun intérêt. Certes, il est utilisé pour l'introduction mais il devait être possible de trouver autre chose.

   Pascal31   
1/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Un court texte qui manie avec beaucoup de pudeur et de subtilité un sujet délicat.
Je regrette un peu de ne pas en apprendre davantage sur le protagoniste principal : j'imagine que c'est un parti pris de l'auteur, pourtant j'ai eu du mal à éprouver de l'empathie pour ce vétérinaire.
Malgré ça, le récit parvient en peu de mots à créer un malaise, notamment avec ces non-dits (le "ou presque", par exemple) qui, au final, en disent beaucoup...

EDIT : en lisant les commentaires, je me rends compte que je partage l'avis de Marite sur le titre : il était facile, je pense, d'en trouver un plus subtil, mieux adapté au récit.

   brabant   
1/9/2012
Commentaire modéré

   alvinabec   
1/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Criss,
Il y a du rythme, de la vigueur dans l'écriture que l'on sent aisée. Le récit est tout à fait fluide.
Ce qui ne va pas, à mon sens, c'est la brièveté du texte qui pourrait s'entendre si nous avions là un instant très bref, une pensée fugurante mais ce n'est pas le cas.
Votre histoire pourrait commencer au 2ème "putain", les trois premières lignes n'amènent rien, le fils n'a pas de rôle ici, si ce n'est pour indiquer l'âge du personnage.
La chute est assez prévisible, à revoir sans doute.
A vous lire...

   Pepito   
1/9/2012
Forme : très bonne écriture, mais la mise en page est touffue, surtout pour une lecture sur ordi. Des mises à la ligne pour les dialogues par exemple.
"... à se glisser sur le fil de la disparition" m'a gêné, pas terrible comme expression, en plus à ce moment là du texte.

Fond : très beau, beaucoup de classe dans ce personnage.
J'ai eu un voisin, plutôt bourru, qui nous a fait une "sortie" du même genre. Nous débarquions inquiets à l’hôpital et mon gamin, qui l'avait apprivoisé, lui déclare tout de go :
- Papi, papi, faut pas fumer ! C'est pas bien !
- Je sais mon bonhomme, mais ton judicieux conseil arrive un poil trop tard.

Il s'est levé, est rentré chez lui, pour y mourir quelques temps plus tard, seul, sans jamais avoir accepté de soins.

Juste un détail, mais la longueur du texte ne permettait pas de s'étendre, l'impression que malgré l'allusion à son fils cet homme vivait seul avec son chien.

Voilà.

Merci pour cette lecture.

Pepito

   toc-art   
1/9/2012
bonjour,

j'aime bien le thème mais je n'ai pas vraiment été emballé par le traitement.

Déjà, quand on écrit un texte si court, il doit à mon sens être percutant, dense, et là, j'ai trouvé des longueurs, des morceaux inutiles ou insuffisamment développés, ce qui est gênant. Par exemple, le premier paragraphe n'apporte rien si ce n'est cette petite digression sur l'évolution du langage (et encore, je suis pas vraiment convaincu par l'exemple choisi) que vous auriez à mon sens dû garder pour un autre texte. Le texte serait plus fort s'il démarrait direct sur le thème de la maladie.

Ensuite, les propos des médecins semblent peu plausibles (ceci dit, je peux me tromper hein) et leur restitution est un peu trop scolaire, c'est peut-être voulu, je ne sais pas, mais la construction de la phrase me semble plate, avec cette répétition du "lui avait dit" suivi des propos des médecins. Question forme, j'ai aussi tiqué sur cette phrase : " Un pincement devenu familier, dont il s'inquiétait parfois des absences trop longues. ", je la trouve également lourde et maladroite. Et je n'ai pas vraiment compris la digression sur le froid et l'allusion aux feux de bois. Est-ce juste pour amener la scène du poêle ? j'avoue que ça ne m'a pas convaincu alors que pourtant, j'aime bien l'idée du contraste entre la balade avec le chien et les pensées intérieures plus sombres du véto. Ah, un dernier détail, je suis pas sûr qu'on soit invisible à qqchose ou qqun, mais plutôt de ou pour (mais sans certitude, hein, c'est peut-être juste parce que je ne l'emploie pas que ça me gêne).

J'aime bien la fin, ce "ou presque" qui donne un peu de densité au texte mais l'ensemble m'apparait devoir être encore travaillé.

Bonne continuation.

   Anonyme   
9/9/2012
Dès que l'on parle de la mort, cela fait toujours très sérieux ! alors, si en plus on pimente de réalisme avec des "merde" et des "putain", c'est comme du Sagan en 53 ! Sauf qu'ici, on en est vraiment très très très loin !

Donc, j'attends avec impatience un autre texte de l'auteur !

   brabant   
2/9/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Criss,


Pour être court ce texte n'en est pas moins redoutablement efficace (tranchant comme un... kriss ! lol) ; il a l'efficacité de sa brièveté (... de l'uppercut comme du crochet) qui frappent juste et mettent knock out !

Je choisis de m'attarder sur le titre : "Putain, ça craint..." qui montre que l'on a aussi à apprendre de nos enfants, en bien, en mal, c'est pas le problème. Je me souviens d'une émission de télé-réalité il y a un bon moment déjà (un loft, le premier ou parmi les premiers) où une jeunette, pas de la première pluie tout de même, je crois me souvenir qu'elle s'appelait Kenza, s'exclamait en arrivant sur le plateau de ses futurs exploits : "Je dois pisser grave !". "pisser grave" ! quelle découverte pour le quadraquinqua (lol, je dis pas) que j'étais, et je me suis alors intéressé au lexique de mes neveux et nièces de 17 ans. Sublime ! Pas le "pisser grave" hein ! Non !... le "grave" accolé un peu partout ! Quel croûton j'étais en passe de devenir et en même temps la vie qui filait sur le côté, en douce, à l'anglaise ; ce qui me renvoie à l'exergue : "Mieux vaut partir à temps." qui, lui-même, est un indice pour la fin du récit, à savoir la décision du héros de laisser faire la nature, comme les animaux, plus sages que nous, laissent faire quand le moment est venu.

Il me faut quand même remarquer que "Merde, ça caille..." ne me serait pas apparu d'emblée comme l'équivalent exact, mot pour mot et substance (lol), de "Putain, ça craint..." ; encore que...

Bien ! Voilà donc, grosso modo et sans états d'âme, ce que j'appellerais un sage (votre héros), mieux qu'un épicurien, un bouvier ! N'est-il pas vétérinaire ?

Chienne de vie !

Si les oiseaux se cachent pour mourir, les chiens se couchent et attendent. Stoïques et sans peur cette fin qu'ils savent là.

Leur indifférence sereine et dédaigneuse m'hallucine !

lol

   widjet   
2/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bon, le titre est mauvais et vend mal un texte qui vaut mieux que çà. Idem pour ces « Putain » qui sont chacune des pensées du type, à croire qu’il ne s’est pas s’exprimer autrement (ça se voit d’autant plus que les pensées du personnage sont rares). Pas très crédible, les lettres des médecins même si là encore, j’aime cette dérision pour repousser le désespoir. En fait, c’est comme ça que je peux résumer ce texte, l’idée est jolie, la sensibilité (de l’auteur) est présente, mais ce n’est pas toujours bien senti, bien exprimé dans le choix des mots. Sur un texte court, le manque de maitrise ne pardonne pas et à la fin c’est l’émotion qui en pâtit.

Dommage car avec un peu plus d’application l’auteur aurait réussi dans son double objectif (pudeur et causticité). L’humour est néanmoins par moment joliment troussé (« Le plus souvent, ils consultaient », en parlant des animaux, cela donne une indication sur le fait que le héros considère les bêtes comme des humains).

Intéressant dans l'intention, mais encore trop « vert » dans le style et un traitement qui manque de rigueur (et de feeling) pour emporter le morceau.

C'est con.

W

   Charivari   
4/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour.
je ne suis pas vraiment convaincu par ce texte, et pourtant je trouve l'idée de départ très intéressante. Hélas, c'est très court, trop court, on ne "sent" pas assez ce personnage, et lorsqu'on commence à mentionner "la chose", cette évocation va tellement vite que j'ai dû revenir en arrière pour être sûr d'avoir bien compris. Trop abrupt, on n'a pas le temps de rentrer dedans. Dommage...

   AntoineJ   
7/9/2012
 a aimé ce texte 
Pas ↑
bon .... entre le style que je trouve touffu (trop varié) et l'histoire que je n'arrive pas trop à cerner ... j'ai eu du mal à me concentrer sur le texte.
si j'ai bien compris, un vétérinaire a le cancer et refuse de se soigner. et ?
ceci étant j'aime bien l'ambiance générale et certains tournures
suggestions : mettre un avant et un après ? faire parler le chien ? tout mettre en noir ?

   Tankipass   
9/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Court, sobre, mais un peu creux à mon goût. La fin m'a frustré, pourquoi sortir de l'esprit du personnage alors qu'on a passé tout le reste du texte dedans?


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