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Sentimental/Romanesque
hersen : In the mood for love
 Publié le 13/04/19  -  28 commentaires  -  2737 caractères  -  331 lectures    Autres textes du même auteur


In the mood for love


Détachant un morceau de bolo de arroz entre le pouce et l'index, elle dit, et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Puis elle porta le gâteau à sa bouche. Elle mastiqua sa bouchée en prenant son temps, attentive à ne pas presser une réponse qui ne viendrait pas. On était loin des certitudes tueuses.


Il se mit à tourner avec application la cuillère dans sa tasse minuscule. Avait-il ajouté du sucre ? Elle ne s'en rappelait pas. Il remuait son café, tout comme elle mâchait ce bout de gâteau, par souci de ne pas laisser mourir l'instant.


Ils avaient choisi de s'installer en terrasse, bien que l'air fût encore un peu frais ; il était si tôt ! Mais comment résister à ce soleil ? Des consommateurs, attablés eux aussi devant leur petit déjeuner, téléphonaient ou bien lisaient un journal. Sans doute par un accord tacite, ni l'un ni l'autre n'avait ce genre d'occupation.


Parce qu'il y avait des questions à poser, des réponses en suspens.


Elle ne se formalisait pas de l'attente, il était concentré sur son breuvage. Il préférait être occupé ainsi plutôt que de formuler trop tôt ce qu'il souhaitait dire en retour. Elle se fit mentalement la remarque que le café refroidissait, et elle se demanda s'il ferait la grimace en avalant la première gorgée, quand il se déciderait enfin à le boire.


Un jacaranda imposant dessinait ses ombres sur la table. Elle se sentait bien d'être au cœur de ce tableau mouvant. Elle savait que plus tard, ce serait l'image qui resterait la plus ancrée dans sa mémoire, ces dessins bleus qui les animaient tous les deux.


Enfin, il posa sa cuillère dans la soucoupe. Elle déglutit.


Comment expliquer ? Que dire de cet instant ? Qu'elle aurait aimé qu'il dure aussi longtemps que durerait le jeu des rayons sur leurs visages, jour après jour, s'enrichissant de nuances au gré du soleil. Que cette minute fût le reste de sa vie, que ses heures connussent cette magie éternellement recommencée d'attendre qu'il parle enfin, pour donner un écho non plus à la question, mais à sa réflexion aussi torturée que son café.


Il porta la tasse à ses lèvres et fit la grimace.


Une fois de plus, ce serait elle qui parlerait la première, ce serait elle qui romprait ce silence sous le jacaranda. Tu veux qu'on en commande un autre ? Oui, dit-il, froid c'est pas génial. Il lui sourit.


Elle héla le serveur qui s'approcha.


Mais uma bica, se faz favor.

Sim senhora.


Tandis que le garçon s'effaçait déjà, en quête de la commande, ils se regardèrent, se taisant comme seuls deux amis savent se taire.


Une fois de plus, ils avaient pris grand soin de cette magie qui les entourait, assis à l'ombre d'un jacaranda bleu.


Une fois de plus, ils avaient gagné.


 
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   Corto   
18/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
On trouve ici les moments secrets d'un couple.

Secret du vivre ensemble, secret du silence , de l'attente, de l'écoute de l'autre même s'il est silencieux.

Silence pour comprendre, pour participer, pour envisager les possibilités de l'instant qui suivra:"elle mâchait ce bout de gâteau, par souci de ne pas laisser mourir l'instant."

Secret pour écouter sa propre émotion et le ressenti de l'autre.

Ecrire sur le silence de cette manière est à la fois difficile et profond, car il faut en écarter les ricanements des naïfs.

Le silence est ici une communication, de celle qui passe entre deux êtres complices.

C'est précieux la complicité, et même le jacaranda le sait.

Bravo pour ce beau texte audacieux et très poétique.

   vb   
19/4/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
Je n'ai pas vraiment compris le texte, en tous cas pas sa dernière phrase et j'espère bien que l'auteur se donnera la peine de m'expliquer ; et, pourtant, j'ai adoré ce texte court à la passion.

Il s'agit, ici, à mon avis du texte le plus réussi d'un auteur lusophone qui aime introduire ses dialogues non pas par des guillemets mais des virgules. Je pense qu'il devrait faire un effort pour ne pas être si vite reconnu à moins que peut-être - qui sait ? - s'agit-il d'un imitateur.

Peut importe.

J'ai donc adoré ce texte pour sa fluidité, sa belle langue, cette alternance systématique entre les pronoms féminins et masculins (comme par exemple "Avait-il ajouté du sucre ? Elle ne s'en rappelait pas" alors qu'on attendait un "il" pour le deuxième pronom) qui fait que, sans le dire, l'auteur nous place dans la position de cette femme qui observe son mari, son amant, son ami, son fils, son père (?), qui aimerait tant qu'il lui dise quelque chose, alors qu'elle se dit d'avance qu'il ne lui dira rien pour être tout de même contente, si par aventure, il lui disait un mot comme par exemle "Oui, froid c'est pas génial". On sent donc une tension incroyable entre ces deux personnages dont on ne saura rien de plus mais c'est déjà tellement.

PS: La prochaine fois, s'il vous plaît, ne me forcez pas à aller sur Wikipédia voir qu'un bica est une sorte d'expresso portugais parce que le traducteur de Google pense qu'il s'agit d'un bec et que cela ne fait pas beaucoup de sens. Pensez un peu au pauvres petits belges qui doivent expliquer aux Francais ce que c'est qu'un collège alors que les lusophones ne se gênent pas pour parler portugais sans interprète.

   Louison   
27/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour.

Me voici embêtée, je ne suis pas sûre d'avoir compris. L'écriture est agréable, mais c'est un peu sibyllin pour moi. Est-ce l'histoire d'un amour à sens unique qui es tu et qui ne sera rien d'autre qu'une amitié ?
La dernière phrase me laisse perplexe.
Je ne doute pas que l'incompréhension vient de moi.
Cependant j'ai aimé l'ambiance de cette terrasse sous le jacaranda bleu.
Une autre fois peut-être.
Louison en EL

   Sylvaine   
30/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
texte sensible et subtil à l'écriture impeccable. Le "rendu" des sensations, leur délicatesse, la façon de suggérer le non-dit qui est au centre de la nouvelle, dissimulé comme le cœur d'une rose au milieu des pétales, tout cela révèle beaucoup d'art. On songe un peu aux nouvelles tout en nuances de Katherine Mansfield, à sa façon de saisir le parfum volatil de l'instant. Un joli moment de littérature.

   TheDreamer   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Je verrai bien sur la scène la musique du film éponyme de Wong Kar Waï, ce "Yumeji Theme" de Shigeru Umebayashi.

Un moment suspendu. L'impression de lenteur dans l'action pour ne "pas laisser mourir l'instant" enrobe tout ainsi que l'on peut l'observer tout le long du film dont je parle. Ce silence entre les protagonistes, entrecoupé de paroles parcimonieuses ressemble pareillement au silence qui parcourt le film. Ne rien dire pour laisser le moment vivre pour lui-même, pour ne rien déranger.

Faire silence, ce n'est pas ne rien dire, c'est le dire autrement.

Merci.

   GillesP   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Hersen,
L'écriture, comme d'habitude, est fine et délicate. Vous isolez un moment qui, vu de l'extérieur, est éminemment banal - un couple prend son petit-déjeuner - et vous en suggérez l'importance symbolique, du moins en ce qui concerne la femme. Cet aspect-là du texte m'a plu.
Ce qui m'a frustré, en revanche, c'est que le lecteur ne saura rien, jusqu'à la fin, de la situation réelle dans laquelle sont les deux personnages. Vous déjouez les attentes d'un lecteur de nouvelle en refusant de dire ce que signifie ce silence de la part de l'homme. "Qu'est-ce qu'on fait?" demande la femme. Cela restera entre eux, comme si on ne pouvait pénétrer les secrets d'un couple, les secrets de l'amour. C'est fort, mais je me suis senti piégé par le dispositif que vous mettez en place, ce qui était, j'émets cette hypothèse, exactement ce que vous vouliez provoquer.

En résumé, je suis admiratif de la façon dont vous parlez de l'amour, mais frustré parce que vous n'en dites, au final, rien. Les personnages ont gagné, et le lecteur que je suis a perdu.

Au plaisir de vous relire.
GillesP

   senglar   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Hersen,


J'ai appris plein de choses :
- "bolo de Arroz" : Du côté des muffins...
- "jaracunda" : A l'ombre des arbustes en bleu...
et j'ai reprécisé "mood".

"In the mood for love" : je ne dirais pas 'Le meilleur moment c'est dans l'escalier" (lol) ce serait beaucoup trop familier voire vulgaire. Non, je dirais "Le meilleur moment c'est dans l'attente", à s'observer, à observer les signes, à observer l'autre que l'on connaît par coeur, à l'observer avec tendresse. J'admire ici deux esthètes de l'amour, une remarquable complicité qui plane, plane comme un temps retenu en un tableau intime (C'est Proust à l'école du mariage ça), un impressionnisme méditerranéen qui flirterait avec l'école pointilliste, Eva Gonzalez badinant avec Signac... ou si l'on se veut plus parisien Berthe Morisot courtisant Seurat.

Si les ébats qui semblent devoir suivre sont à la hauteur de cette attente-là alors on officiera chez Matisse en flamboiement !

"Et les fruits passeront la promesse des fleurs" !

Merci à toi Hersen de m'avoir permis de placer François de Malherbe . Enfin ! Le but ultime de ma vie de commentateur :)))


Senglar de Brabantie

   Mokhtar   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
« Se taire pour tout dire vaut mieux que de parler pour ne rien dire »

C’est quoi l’Amour, quand on a rien à se dire ? Mais…
N’est-ce pas l’Amour quand ceux qui ne se disent rien sont heureux d’être ensemble ?

Ici l’auteure a choisi de donner la parole au silence. Retirons le soleil, le Jacaranda et le bica, et nous voici transportés dans un long plan séquence à la Bergman. Le silence n’est rompu que par le long hululement de la chouette dans la forêt suédoise…pardon, par le léger cliquetis de la cuillère touillant le café.

Pour appâter le client, la narratrice évoque des « « questions en suspens ». Un problème ? Une décision à prendre ?
Ingrid se dit : « Je ne me fais pas d’illusion, il ne dira rien : c’est dans sa personnalité et dans le scénario. Et puis, s’il est là, c’est qu’il m’aime. C’est tout. »
Gunnar pense : « Où est le problème ? Évitons les embrouilles. Elle est là parce qu’elle m’aime. Un point c’est tout. »

Et les deux s’en tiennent à ce constat en évitant de briser l’enchantement du temps présent. Et pis c’est tout.

Fondu enchaîné sur le Jacaranda et clap final. L’image se fige comme un tableau sur les amants savourant pour l’éternité l’instant magique.

Une écriture qui suscite l’imagination est forcément de qualité. Mais il faut relire pour s’imprégner de l’ambiance, et sortir du schéma habituel de l’histoire racontée.

Le lecteur frustré cherche la chute, la révélation, l’indiscrétion… De quoi j’me mêle ?

Il voulait du « Voici », il a du voilà.

   Anonyme   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Hersen,

J’ai dans l’idée que les deux personnages ne forment pas un couple. Le titre indique la voie vers laquelle se diriger. Dans le film du même nom, Mr Chow et Mme Chan, voisins de palier, prennent l’habitude de se rencontrer après avoir appris la liaison de leurs conjoints respectifs. Si Wong Kar-Wai avait lu votre micro-nouvelle, sans doute l’aurait-il intégrée dans son scénario, d’autant que la version livrée au public fut celle où tous les doutes persistent dans leur relation.

La seconde raison qui me fait dire qu’ils ne forment probablement pas un couple, c’est cette phrase : « Ils se regardèrent, se taisant comme seuls deux amis savent se taire ». Il s’agit ici d’un présent de vérité qui témoigne un sentiment d’amitié plutôt que celui d’une relation amoureuse.

Alors je dis bravo pour ce texte court, ce sont souvent mes préférés dans l’idée que l’instant furtif est l’âme d’une nouvelle. C’est magistralement conçu et écrit, dans cette culture que vous avez du détail, comme par exemple lorsque la femme dit, parlant du jacaranda : « Elle savait que plus tard, ce serait l’image qui resterait la plus ancrée dans sa mémoire, ces dessins bleus qui les animaient tous les deux ». Cet instant de plénitude que vivent vos personnages, ils vont le puiser dans l’attente, confirmant que le bonheur n’est pas le but mais le chemin : « cette magie éternellement recommencée d’attendre qu’il parle enfin… ». D’attendre qu’il parle, et non pas de l’entendre parler… Pour moi la magie de votre texte passe par là.

Au début j’ai même pensé à Samuel Beckett, lorsqu’à la même question (et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?) Vladimir répond à Estragon : « On ne peut pas partir, on attend Godot ». Oui, il y a du Beckett chez vous, et j’ai rarement fait un tel compliment.

Ce « une fois de plus ils avaient gagné », je le prends comme la conclusion évidente d’un petit bonheur de plus chipé à la vie. Permettez que je garde cette lecture de votre texte.

FrenchKiss
Bica churros

   Lulu   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Hersen,

Quel bonheur que de lire ce petit bijou… L'instant, la valeur donnée à l'instant est tout ce que j'aime dans la vie quotidienne, surtout quand il s'agit du partage, d'un moment vécu avec l'autre…

Ici, l'instant est dense et dans ce même esprit qu'exprime si bien le titre du film "In the mood for love", même si le cinéma peut être ailleurs, juste un souvenir lointain ; la réalité de la scène décrite donnant une telle force, qu'elle soit imaginaire ou d'inspiration autobiographique, à ce moment revu tel un palimpseste mignon comme tout.

Au vu du mini dialogue, et sachant que tu vis au Portugal, j'ai imaginé la scène dans ce pays que je rêve de visiter… Je ne sais ce qu'est un "jacaranda", mais je crois deviner, et vais vérifier…

J'ai été saisie par le fait que tu puisses, au travers de ces deux personnages, et à ce bref environnement décrit, faire émerger une telle puissance de présence. C'est là tout l'art de ce texte que je trouve riche. Les personnages ne sont pas juste un prétexte, mais la raison de l'écriture, le but en soi. Et rien ne me plait plus que l'humain en littérature… Pourtant, je ne te cache pas qu'en voyant le nombre restreint de caractères, je m'étais dit que ça allait sûrement être juste… Tu m'as donc fort agréablement surprise, mais comment aurais-je pu en douter… ? (sourire).

Le dépaysement est aussi intéressant. "In the mood for love", film que nous avons été nombreux à aimer, nous avait plongés dans une universalité du ressenti amoureux, mais dans un cadre chinois avec Wing Kar Wai. Là, tu nous ouvres une nouvelle fenêtre avec un cadre différent, une teneur sentimentale forte et belle qui montre bien que cette humeur, ou plus vraisemblablement, ce côté inspirant du sentiment est valable et ressenti partout.

Bon, je t'en veux juste, pour moi qui suis un peu plus au nord, de me donner envie d'avoir hâte d'être dans une saison qui permette un peu plus les sorties en terrasses…

Enfin, si le côté court n'est pas un problème ici pour donner corps à la scène et aux sentiments, un côté plus long ne m'aurait pas du tout dérangée… par curiosité, et par plaisir.

Au grand plaisir de te relire.

   Luz   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour hersen,

J'ai beaucoup aimé cette courte nouvelle.
Il y a de la magie dans ce texte ; un instant volé au temps : ces dessins bleus et l'intensité d'une réponse en attente.
L'homme n'est pas dans le silence, il est dans la réflexion et dans la jouissance également de l'instant. Peu importe que la réponse vienne ; il dira peut-être "allons à la plage" ou "on se quitte" ou il ne dira rien du tout.
Et puis, c'est tellement bien écrit ; beaucoup de la poésie également.
Je ne connaissais pas les jacarandas...
Merci.

Luz

   Cristale   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Parce qu'il y avait des questions à poser, des réponses en suspens."

Pourquoi ai-je l'impression d'assister au petit-déjeuner d'un couple illégitime qui, la nuit passée dans une chambre d'hôtel, se retrouve devant un café matinal?

"elle mâchait ce bout de gâteau, par souci de ne pas laisser mourir l'instant."
"Il préférait être occupé ainsi plutôt que de formuler trop tôt ce qu'il souhaitait dire en retour. "
"ils se regardèrent, se taisant comme seuls deux amis savent se taire."

Tout cela sent la complicité des moments où le silence vaut bien mille paroles.
Peut-être est-il marié de son côté, elle, peut-être pas...elle qui attend qu'il parle enfin, qui attend...quoi ? une décision ? où non...

Ne pouvant évoquer une strophe comme en poésie je cite donc encore ces mots qui me font dire qu'elle est amoureuse d'un lui qui ne l'est peut-être pas, ou moins...:
" Que cette minute fût le reste de sa vie, que ses heures connussent cette magie éternellement recommencée d'attendre qu'il parle enfin, pour donner un écho non plus à la question, mais à sa réflexion aussi torturée que son café."

Je suis souvent embarrassée pour commenter une nouvelle mais ouf !!! Hersen a su faire court pour la vilaine et paresseuse lectrice que je suis, réfractaire aux écrans en matière de lecture.

Et quand je lis "une fois de plus ils avaient gagné", je me dis que les protagonistes prendront bien d'autres cafés dès potron-minet :)

Une écriture claire et fluide que j'ai suivie avec la gourmandise du mystère, et puis la catégorie sentimentale me convient si bien.

Je reviendrai faire un tour par ici...

Cristale

   Perle-Hingaud   
13/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je suis sous le charme de ce moment délicat. J'aime beaucoup les nouvelles qui sont ainsi structurées, une courte scène, une plongée dans des vies. Rien ou presque n'est explicitement dit, ce sont les actions qui racontent, et c'est là toute la subtilité de l'écriture.
Quelques pensées fugitives pour nous éclairer: ça suffit.
Pour l'interprétation, je rejoins Frenchkiss dans sa lecture, mais finalement, chacun imagine ce qui lui fait plaisir et s'empare ainsi plus profondément du texte.
Enfin, j'enlèverais le mot: "mentalement", dans la phrase: "Elle se fit mentalement la remarque que le café refroidissait, et elle se demanda s'il ferait la grimace en avalant la première gorgée, quand il se déciderait enfin à le boire."

Une belle réussite, bravo !

   papipoete   
13/4/2019
bonsoir hersen
micro-nouvelle que celle-ci, pour moi beaucoup plus accessible, les " grandes soeurs " m'égarent et je ne me souviens plus du début de l'histoire !
Là, tu parles d'un moment où il ne se passe RIEN, mais en fait tant de choses qu'ELLE voudrait que ce cet instant dure encore, comme pour s'imprégner de cet homme qui lui fit passer une nuit blanche ?
Je dois avouer que j'ai du mal à savourer ce café auprès de ces deux-là ; cela me fait songer à un haïku dont l'écho dure, dure...
Mais mon ignorance de la " nouvelle " fait que je ne sais pas apprécier à la juste valeur, une écriture que d'autres plus haut ont dégusté avec volupté, à " l'ombre d'un jacaranda bleu..."
désolé pour cette fois !

   STEPHANIE90   
14/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'en reprendrais bien une petite tasse aussi s-v-p hersen... (sourire)

Une petite nouvelle juste pour le plaisir de nous parler de l'amour et de l'habitude qui fait que CHUT > il n'est point utile de discuter, l'on connait déjà la réponse. Et puis ce silence ne gène plus, il est devenu complicité au fil des ans.
"Que cette minute fût le reste de sa vie, que ses heures connussent cette magie éternellement recommencée"
Et "assis à l'ombre d'un jacaranda bleu".
Petit moment de vie qui change tout.

Merci, en ces quelques lignes fort bien écrites, vous avez tout dit sur le couple lambda...

StéphaNIe

   in-flight   
14/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien
J'y vois un tête à tête amical en quête du sentiment amoureux: un couple qui ne se connait pas encore mais deux amis qui se connaissent par cœur.
Et qui hésitent à franchir le cap.
Alors le silence...
Le silence comme réponse.
Et on a le sentiment qu'ils pourraient passer leur vie entière à hésiter. Car hésiter sous un jacaranda, ça doit être beau.

   Anonyme   
14/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

Entre la réalité d'un morceau de bolo de arroz et le café froid car trop tourné, j'ai assisté à un moment des plus délicats d'un couple : le dosage du ciment.

Amis bientôt amants ou amants amis, peu importe la subtilité du sentiment, elle est ici apothéose et portée sur le fil de rasoir à son comble.

Dans cette scène piquée au vif d'un petit-déjeuner pris sous le bleu du jacaranda – et que ce soit le petit-déjeuner ne doit pas être anodin - ce qui domine c'est la valeur de l'instant partagé dans une belle osmose, mais menée de bout en bout par ses réflexions à elle. Ce qui crée une tension palpable tout le long, qui pousse à chercher le pourquoi et le comment.

Car en fait c'est là toute l'histoire de cette nouvelle jouée sur l'équivoque : ses interrogations, ses réflexions à elle seule qui mettent en exergue le fragile équilibre du couple, du moins de sa destinée.

Jusqu'à cette fin où, ouf, ils ont su ''une fois de plus, prendre soin de la magie qui les entourait... ''

C'est délicatement écrit, sans bavure. Tout est coup de pinceau précis posé en touches profondes qui en disent long entre leurs lignes et animent le tableau d'un silence foisonnant pour faire décoller l'imagination du lecteur.

Toutefois c'est aussi là le hic du tableau pour moi. Si j'apprécie l'amplitude de la liberté qui m'est offerte par l'auteur, deux ou trois détails en plus m'auraient permis de m'attacher davantage aux protagonistes au lieu de m'envoyer tous azimuts en distillant un réel intérêt.

Avec cette qualité d'écriture cela aurait été du passionnément assuré.


Cat
qui préfère les amis plus prolixes, et partager des paroles pleines de rires et de clins d’œil. :))

   Bidis   
15/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il ne se passe rien, rien d'autre que des émotions, mais savoir exprimer cela, c'est à mon estime du grand art.
L'amour, ici, est une atmosphère et le lecteur, en participant à cette atmosphère, reçoit un peu d'amour lui aussi...
Eh bien, Hersen, je suis jalouse de ton talent.

   LilyG   
15/4/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Merci pour cette nouvelle!

Ce moment suspendu, cette attente qui précède le changement qu'impliquera la prise de parole de l'un ou de l'autre est superbement décrit.
Il restera leur douce Saudade.

   Anonyme   
16/4/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Il y a si ( délicatement) peu mais rien ne manque...c’est fait, c’est final...il y a de la nostalgie subtile, de l’atmosphère, c’est digeste, on peut s’en resservir et ça n’est jamais lourd, ça flotte, c’est léger...les hommes sont pourtant si lourds...Bravo hersen

   plumette   
16/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Suspendre le temps, le diluer, voilà ce que cette courte nouvelle arrive à me faire éprouver.
rien n'est dit clairement dans le texte, mais plutôt des indices dans la périphérie pour suggérer au lecteur une histoire d'amour impossible ou alors non conventionnelle ( le titre, le fait qu'il s'agisse d'un petit déjeuner qu'en principe on suppose suivre une nuit d'intimité) mais en fait, rien n'est sûr.
L'émotion ici passe par le réel nimbé de poésie ou d'exotisme grâce au bleu du jacaranda et aux quelques mots en italiques.
Comment écrire avec cette force sur ce qui ne se dit pas ? Du grand art!
Ces deux là se connaissent assez pour choisir le silence, ou la diversion.

mon bémol: la dernière phrase qui assène quelque chose, en décalage avec l'ambiance du texte. Ce mot " gagné" avec toutes ses connotations modernes me parait mal assorti à ces deux là.

   Donaldo75   
19/4/2019
Bonjour hersen,

Quand j'ai lu la collection d'éloges sur ton texte, je me suis dit que je devais être différent. Heureusement, le commentaire de papipoete m'a fait sentir moins seul. Parce que je n'ai pas ressenti grand chose dans ce texte très bien écrit, descriptif, fin. Mon électro-encéphalogramme n'a pas tressailli quand je l'ai branché pour voir si le mal n'était pas plus profond. Devrais-je appeler les secours ? Est-il trop tard pour une greffe de cerveau onirien ? Que de questions je pourrais me poser après si peu d'émotions suite à cette lecture.

Je suis peut-être devenu un zombie de la lecture, capable de mâcher des mots pendant des heures sans en gouter la saveur ni le fumet.

Désolé, chère hersen, je dois aller hanter d'autres lieux.

Donaldo de la nuit des lecteurs garous

   hersen   
21/4/2019

   jfmoods   
21/4/2019
Il existe, dans le couple qui nous est présenté ici, une étrange complicité ("ils se regardèrent, se taisant comme seuls deux amis savent se taire").

Le lecteur entre dans la tête des deux personnages et repère la répartition des rôles.

La femme prend en charge la parole ("et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?", "Elle héla le serveur qui s'approcha."), anticipe les événements ("une réponse qui ne viendrait pas", "Une fois de plus, ce serait elle qui parlerait la première, ce serait elle qui romprait ce silence sous le jacaranda", "elle se demanda s'il ferait la grimace en avalant la première gorgée, quand il se déciderait enfin à le boire." / "Il porta la tasse à ses lèvres et fit la grimace.", "Elle savait que plus tard, ce serait l'image qui resterait la plus ancrée dans sa mémoire, ces dessins bleus qui les animaient tous les deux.").

L'homme, quant à lui, s'inscrit dans un horizon d'attente ("Il préférait être occupé ainsi plutôt que de formuler trop tôt ce qu'il souhaitait dire en retour.").

Placée sous l'égide de la lenteur ("attentive à ne pas presser", "Elle ne se formalisait pas de l'attente", "elle aurait aimé qu'il dure aussi longtemps que durerait le jeu des rayons sur leurs visages, jour après jour, s'enrichissant de nuances au gré du soleil. Que cette minute fût le reste de sa vie, que ses heures connussent cette magie éternellement recommencée d'attendre qu'il parle.") et de l'attention à l'Autre ("Des consommateurs, attablés eux aussi devant leur petit déjeuner, téléphonaient ou bien lisaient un journal. Sans doute par un accord tacite, ni l'un ni l'autre n'avait ce genre d'occupation"), cette scène publique décline, dans un décor complice ("Un jacaranda imposant dessinait ses ombres sur la table.", "cette magie qui les entourait, assis à l'ombre d'un jacaranda bleu"), les conditions particulières, mystérieuses, du bonheur.

Le cadre spatio-temporel est vague. La scène se passe en pays lusophone ("– Mais uma bica, se faz favor. / – Sim senhora."), dans un restaurant ou salon de thé ("bollo de arroz", "en terrasse"). Le moment de la journée n'est pas aisé à définir ("Mais comment résister à ce soleil ?").

Dans ce flou artistique habilement préservé, le lecteur a toute la latitude pour se construire l'histoire qui lui plaît.

Est-ce un couple légitime en vacances au soleil qui profite du dépaysement ? S'agit-il d'un couple illégitime amateur d'escapades qui jouit de l'incognito et qui savoure, en public, frauduleusement, une félicité à deux ?

Merci pour ce partage !

   alvinabec   
21/4/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour hersen,
Dans ce très court texte je ne trouve pas de quoi accrocher mon attention si ce n'est à l'arbre, sans doute est-ce dû au principe de la micro-nouvelle. L'intensité des émotions n'y est pas à mon sens.
Le narrateur souligne 'des questions à poser, des réponses en suspens' que le lecteur peut donc attendre et rien ne vient.
Le moment m'évoque une scène ordinaire où la femme pense pour deux et le personnage masculin se soumet. En somme qqchose de banal et pourquoi pas, mais ici c'est plat.
A vous lire...

   Anje   
15/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'avais lu cette nouvelle et j'y reviens ce matin, face au soleil levant et un café fumant à côté. Je trouve cette nouvelle parfaitement réussie et il ne doit pas être aisé de raconter l'immobilisme. Car il ne se passe dans cette scène mais elle résonne de questions en suspens. Il y a aussi un parfum de poésie dans le jeu des rayons solaires qui n'a pas été sans me déplaire. "Ils se taisent comme seuls deux amis savent se taire" et je n'en dis pas plus, je savoure le moment en silence.
Oui, un autre café-lecture, merci.

   poldutor   
31/5/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Belle petite nouvelle que l'on peut comprendre de manière très différente

Je pense que ce couple est sur le point de se séparer ; leur amour se meurt, mais un restant de tendresse et de respect, les empêche de dire les mots définitifs. « une fois de plus ils avaient gagné »
...du temps ?

Bien sûr on peut dire que lorsqu’on s’aime, le silence suffit parfois ; mais quand le silence s’établit cela peut vouloir dire parfois que l’on ne s’aime plus...
Ma vision est sans doute pessimiste, mais elle plausible.

C’est beau mais c’est triste.
Cordialement.

   mirgaillou   
3/6/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Demander à une tasse de café de concentrer un moment d'amour...C'est ce qui s'appelle l'art de l'ellipse.


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