Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Réflexions/Dissertations
hersen : Un seul monde
 Publié le 02/05/17  -  32 commentaires  -  9669 caractères  -  353 lectures    Autres textes du même auteur

Une question de choix, toujours.


Un seul monde


Hier j'ai avancé de trois cases.


J'ai eu les félicitations du Grand. Enfin ! je vivais l'Importance, les collègues me congratulèrent.


C'est la règle, ici. On met en valeur ceux qui servent la Communauté. Cette ascension sociale me donne automatiquement droit à certains avantages. Je porte maintenant une chemise blanc cassé et non plus grise afin que tous sachent que le Grand est content de moi. Que j'ai avancé de trois cases. On m'octroie deux livres par semaine au lieu d'un. Et puis chaque samedi, je peux jouir d'une heure pour moi toute seule. Bien sûr, je suis surveillée, mais c'est pour mon bien. Dans la Communauté, on connaît la nature humaine et on fait tout pour nous aider à ne pas dépasser la ligne assignée. Sinon on recule. D'une ou plusieurs cases qu'il faut ensuite regagner.


Le Grand nous parle souvent. Il nous explique pourquoi il est si important que chacun soit à sa place. D'où les cases.


Les jours se passent sans grand intérêt en eux-mêmes puisqu'il faut subvenir à nos faibles besoins et surtout à ceux, considérables, de représentation pour notre Communauté. Le Grand sait très bien la représenter, il porte divinement le costume. Quand il fume de ces cigarettes que nous ne goûtons nous-mêmes jamais, c'est avec élégance qu'il le fait. C'est vrai, ce qu'il dit, pourquoi aurions-nous besoin de cigarettes, nous, puisque le regarder fumer nous plonge dans la contemplation.


Ici, cette admiration est obligatoire. On nous explique que cela nous abstrait de besoins futiles personnels qui ne font que créer le désordre. Une Communauté comme la nôtre ne peut se permettre cet état. On nous a bien expliqué que sans ordre, adieu la sécurité. On nous a déjà parlé du hors-case, et c'est franchement effrayant.


Maintenant que j'ai avancé de trois cases, mon travail est plus intéressant. Avant, je faisais sans cesse le même mouvement, un geste néanmoins nécessaire à la bonne marche de notre groupe. Dorénavant, j'ai la chance, outre de faire le même travail, d'avoir une part de cette activité qui utilise mon intellect : je dois compter les pièces que je fais et inscrire le résultat dans un grand cahier.


Je comprends aujourd'hui pourquoi chacun de nous veut aller de l'avant, de case en case, car cela nous confère une sorte d'aura. Surtout que les peu-de-cases, je le sais car je l'ai été, comme tout le monde au début, sont mis au courant qu'on ne doit pas envier les plus casés. Cela peut paraître dur, au premier abord, mais c'est facile à comprendre. Imaginez qu'en laissant ouverte la porte à l'envie, d'autres émotions, qui ne pourraient être que destructrices, auraient le champ libre. Et personne, je dis bien personne, n'a envie de vivre un chaos généré par tous ces sentiments débridés.


Je ne suis pas tout à fait sûre, c'est encore confidentiel, mais je crois que je suis bien placée pour avancer encore de deux cases bientôt. Il semblerait que je sois vue comme quelqu'un d'exceptionnellement efficace pour la Communauté. Je ne montre rien, bien sûr, car la première des règles est de savoir rester à sa place en toute humilité.



*******



Le bébé est né ce matin. Ils l'ont appelé D 807 parce qu'il est né un dimanche et que c'était le 807e enfant à naître un septième jour de la semaine. Mais moi je lui ai donné secrètement son vrai nom : Lorenzo. On me garde dans une pièce métallique. On s'occupe bien de moi, mais on ne me parle pas. Je n'ai pas eu le droit de prendre mon bébé dans mes bras. Je ne suis pas une procréatrice comme les autres car j'ai lourdement enfreint la règle.


C'est parce que quand j'ai vu ses yeux, à lui, si douloureux, si étonnés de me voir accomplir mes tâches avec tant d'acceptation, je n'ai pu alors me détacher de sa pensée. Un fil s'est étiré entre nous. Il était un peu-de-cases et le risque était gros. Mais nous réussissions à nous voir pendant mon heure à moi du samedi, il bricolait les caméras de surveillance, il échangeait ses cases avec d'autres. Il se rétrogradait pour que nous passions du temps ensemble. Il faisait ce qu'en somme je n'avais jamais imaginé que l'on puisse faire, à savoir tromper la Communauté.


C'est pendant cette heure volée que la vie s'est ouverte à moi. Je découvrais qu'il y avait une liberté quelque part et que je devais la chercher. Lui ne m'a jamais forcée à rien, ni l'un ni l'autre ne savons pourquoi nous avons été d'emblée si proches. Une attirance qu'aujourd'hui je qualifierais de féroce, je ne trouve pas d'autres mots pour l'expliquer. Comme si je découvrais alors ma survivance.


Quand il m'a demandé mon nom, la première fois, j'ai dit A 224. Il m'a dit, non, ton nom d'avant. Il m'a soudain prise dans ses bras et m'a dit, c'est pas grave, c'est pas grave ; parce qu'il a tout de suite compris que je ne me rappelais plus mon nom d'avant et que je paniquais. Il m'a dit le sien, Victor.


C'est à ce moment que j'ai commencé à faire taire ma conscience. Elle me soufflait de moins en moins fort des choses décousues… hautement casée… une vie exemplaire… mauvaises idées.


Pendant qu'on faisait l'amour, qu'avant je ne connaissais même pas, il me parlait de pays inconnus. Il me racontait la vie des plantes et aussi la vie des hommes qui décidaient eux-mêmes de ce qu'ils voulaient faire. Il énumérait toutes les raisons que ces hommes avaient de rire et de chanter, et de boire aussi et de danser et de penser, et toutes ces choses étaient inconnues pour moi. Mes cases se sont écroulées, j'ai voulu voir ce monde qu'il me promettait.


Quand j'ai commencé à être grosse, je ne comprenais pas. Et puis un jour on m'a appelée pour m'examiner. Dans une cabine froide, un médecin m'a dit, ce n'est pas bien ce que tu as fait, tu as mis en péril la bonne marche du groupe. Et j'ai pleuré devant le médecin pour montrer que je voyais bien tout le mal que j'avais fait. J'ai pleuré devant le médecin. Il ne savait pas que mes larmes étaient pour celui qui m'avait fait ce bébé dans des instants de lumière. Il ne se doutait pas que c'était parce que maintenant, je savais qu'un monde venait de se fermer.


On m'a mise en quarantaine. C'est normal, je ne pouvais pas être avec les procréatrices après ce que j'avais fait. Je suis maintenant une décasée. Je sais que j'ai déçu beaucoup dans les hautes sphères de notre Communauté. On me fait porter maintenant une chemise marron délavé. Une couleur avilissante.


J'ai passé les mois d'attente à rêver, en passant la main sur mon ventre, seule. Il me réchauffait, mon ventre. En le caressant, je voyais l'herbe verte et la fougère. Je voyais des gens qui riaient et qui chantaient. Et je le revoyais, lui, pendant que nous faisions le bébé.


Je n'ai pas le droit de savoir où est Victor. Mais quand le bébé est né, j'ai eu le temps de voir combien il ressemblait à son père. Et là, j'ai su deux choses avec certitude. J'ai d'abord senti que Victor n'était pas mort, il était peut-être enfermé, mais il n'était pas mort. Et il viendrait me chercher ; je devais être prête. Alors j'ai fait ma contrition pour donner le change. Je suis redevenue la femme soumise à son clan. J'ai montré ma facette A 224. Je n'ai pas demandé à voir mon enfant, même si de toute ma vie c'est la chose qui m'a fait le plus mal, de ne pas le tenir dans mes bras ; je voulais le protéger, l'embrasser, lui raconter le monde que son père connaît et lui dire qu'on allait partir tous les trois. Je voulais le sentir, de son odeur de bébé, je sais qu'il sent la fougère et je voulais le tenir contre moi. Alors une vanne s'est ouverte, mes sens se sont déchaînés. J'ai fait le tri dans ma tête, j'ai jeté l'inutile et n'ai gardé que le strict nécessaire à notre rêve. Ma colère m'a donné la force. J'ai donné le change, admirablement.


Ah, et la deuxième chose : je me suis rappelé mon nom. Je m'appelle Anna.


Je sais que Victor va venir, il le faut.



*******



J'entends du bruit dans mon sommeil. Mais je dors si légèrement maintenant qu'un rien me réveille. Tout de suite, je reconnais la femme qui m'a enlevé Lorenzo le jour de sa naissance. Et puis je vois l'homme qui travaille aux repas et aussi le médecin. Et je le vois, lui, avec notre bébé dans ses bras. Le moment est venu. Pas un instant je ne doute. D'aucun d'eux. Pour la première fois de ma vie, je sens autour de moi un vrai groupe, des personnes poursuivant le même rêve.


Je dis tout de suite à Victor le plus important car j'ai peur d'oublier. « Je m'appelle Anna, et notre enfant s'appelle Lorenzo. »


Ensuite, tout va très vite. Je me dis que ce ne sera pas si facile de s'évader, une petite dizaine de personnes, ça fait quand même du monde. Nous marchons tous dans le couloir. Pendant que je me demande comment nous réussirons, des portes s'ouvrent et des gens se joignent à nous. Je n'ose rien dire, mais je pense que nous sommes un peu trop bruyants, que nous allons nous faire repérer. Mais le flot continue, j'ai notre enfant dans mes bras et je vois d'autres hommes, d'autres femmes, habillés de chemises blanc cassé, grises ou marron délavé. Ils tiennent aussi des enfants dans leurs bras. Je serre plus fort le mien. Je perds de temps en temps Victor des yeux, à cause de la foule, mais toujours il revient.


Et puis nous sommes dehors.


Lui me tient la main et moi je tiens notre enfant. Je lui demande, mais où sont tous les hommes qui vivent en chantant et en riant et en s'aimant que tu m'as racontés ?


Il prend Lorenzo d'un bras et de l'autre il m'enlace. Nous nous mettons à danser au son d'une musique dans notre tête.


Et il me dit, nous sommes ces hommes-là, Anna.


Nous sommes ces hommes-là.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   PierrickBatello   
31/3/2017
 a aimé ce texte 
Pas
C'est terriblement abstrait. Pas de décor, personnages physiquement inexistants. La seule chose visuelle est la couleur des tenues. C.'est demander trop d'effort au lecteur. Est -on dans une secte, est ce de la SF, de l'anticipation? Impossible de rentrer en empathie dans de telles conditions. Le récit est trop hermétique à mon goût.

   Anonyme   
2/4/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
-"mais toujours il revient" j'ai adoré ce petit bout e phrase, posé là.
Un texte très bien écrit que je ressent comme une magnifique métaphore pleine de justesse, de sensibilité et e clairvoyance. On peut prendre aussi l'histoire pour une terrible science fiction et ça fonctionne aussi. Pour la chute c'est pareil, je vois les mêmes deux options. Je me suis autant régalée avec le fond qu'avec la forme.
Efficace et glaçant...Bravo et bonne continuation..

   Tadiou   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
(Lu et commenté en EL)

Je pense qu’il ne faut surtout pas chercher du rationnel (par exemple : «Mais nous réussissions à nous voir pendant mon heure à moi du samedi, il bricolait les caméras de surveillance, il échangeait ses cases avec d'autres. Il se rétrogradait pour que nous passions du « temps ensemble. » : semble vraiment non plausible puisqu’on parle de forte surveillance, d’un monde très encadré).

C’est un rêve avec ses zones d’ombre, ses incohérences et ses miracles. Le monde décrit est évidemment effroyable. On ne sait presque rien sur l’autre monde, celui dont parle Victor, celui de « la vie des plantes et aussi la vie des hommes qui décidaient eux-mêmes de ce qu'ils voulaient faire » celui de ces hommes qui chantent, rient, dansent, boivent, pensent…

L’idée des cases, comme un jeu de petits chevaux est une bonne idée.

La fin est comme un conte de Noël, tout baigne : apparemment ! Ou est-ce un rêve dans le rêve ?

J’aime la réponse de Victor : « Et il me dit, nous sommes ces hommes-là, Anna. » La solution est en nous, la force est en nous : message d’espérance…

C’est écrit de manière fluide et légère : c’est agréable à lire.

Je reste sur ma faim, car l’ensemble est trop survolé à mon goût. Pas de personnages « de chair et de sang » auxquels s’attacher.

Pas de clef pour interpréter tout cela : pourquoi pas ?

Récit étrange. A la fois envoûtant et frustrant.

Est-ce l’histoire d’un long cheminement intérieur pour parvenir à une lumière ?

   Anonyme   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est beau. Divinement beau.
Libre dans sa tête et tout est dit.

Je ressors de cette lecture puissamment émerveillée.
Les mots me manquent pour décrire ce que je ressens, mais le sentiment est fort, et touche à l'essentiel, grâce à une écriture au cordeau qui embrase le récit avec une grande facilité et beaucoup de grâce.

J'adore cette histoire à mi chemin entre la SF, la féerie et un réalisme plus vrai que nature. Elle me fait toucher du doigt notre plus belle richesse d'être humain : le pouvoir de créer notre propre liberté, dès lors que l'on ne veut plus du carcan bon genre qui nous coule dans le moule, dans les cases, et nous affuble de matricules impersonnels.

Les héros sont attachants. Leurs prénoms, Victor, Anna et Lorenzo, claquent au vent de la Liberté.

Merci, hersen, tu viens de m'offrir un bien joli voyage.


Cat

   Bidis   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce texte m'a scotchée. Tout concourt à distiller l'inquiétude, l'angoisse même.
Car au fond, si les balises changent, ce qui ne change pas c’est le goût du pouvoir et ce « Grand » du début du texte, il est toujours le même depuis la préhistoire. Tout comme le stress des dominés qui n'a pas trop varié, lui non plus.
L’écriture est fort agréable à suivre, sans que j'y trouve la moindre faille. Peut-être juste ceci : à la place de « dans des instants de lumière », aurais-je préféré « pendant mes instants de lumière ».

   Anonyme   
2/5/2017
Bonjour Hersen,

Soyons clairs, je crois qu’au total je n’ai pas compris grand-chose à ce récit. Je l’ai lu, sans doute à tort, comme une dystopie, mais sans vraiment comprendre l’organisation ni les règles de ce groupe ou de cette société que tu décris. J’ai même cru y voir une dystopie de l’Entreprise et de son grand Manitou, maître de nos vies.

Mon esprit trop cartésien bute-t-il sans doute sur cette allégorie de la servitude, où les bébés programmés naissent dans des sortes de Lebensborn nazis, si c’est bien de cela qu’il s’agit. J’ai pensé aussi à des choses comme « La liberté dépend de chacun de nous », « Pensons à nos enfants », « L’amour seul peut sauver le monde » etc…
Les noms ont disparu au profit de cases, les Ressources humaines ont disparu au profit de l’utilitarisme. Le parcours n’est plus que de mieux servir Le Grand à des tâches calibrées.

Mais je n’arrive pas à faire le joint de tout ça.
L’auteur nous suggère que cette société fonctionne par la simple contemplation de ce Grand… Il ne semble même plus y avoir de fonctions productives. Je ne veux pas croire que ce soit juste un cliché de nous-mêmes, puisque certains économistes prévoient la fin du travail.

J’avoue que la publication dans la case Réflexion/Dissertation ne m’aide pas beaucoup non plus à comprendre le type de narration choisi. Le récit me semble trop fumeux pour dégager une idée force.

Côté forme, le style m’apparaît clinique, alternant phrases courtes et longues, oppressant à la manière de l’intrigue. Le minimum y est requis, comme ce qui semble suffisant à cette société asservie depuis longtemps, peut-être à cause d’une passivité coupable.

Est-ce une accusation, une mise en garde, un appel à la révolte, tout ça ou rien à la fois ? Vivons-nous dans un seul monde auquel personne ne pourra échapper si nous n’y prenons pas garde ?

Je préfère ne pas noter un texte que je ne suis pas sûr de comprendre.

Ludi
dystopiste cartésien

   Anonyme   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
L'écriture me plait. Ça s'avale cul-sec.

L'intention me plait aussi. Je vois le film. C'est un remake des Temps Modernes. Il me faut juste remplacer Paulette Goddard pour le rôle d'Anna et Chaplin pour celui de Victor.

Mais hersen, finaude, tu as fait sortir ton texte en "réflexion" à cinq jours d'une échéance électorale. C'est un bon calcul ! Il est bien question de choix dans la phrase d'accroche. Dimanche prochain, devrons-nous choisir entre la liberté et les cases ? Mais qui jouera le rôle du "Grand", dimanche ? Tadam ♪ Certains refusent de choisir, sûrs de finir asservis. Re-Tadam ♪ La modération ne m'autorisera pas à disserter ici, mais pour moi, c'est tout réfléchi :))

Merci pour l'ambiance. Merci pour la fin. J'espère que ce n'était pas un rêve. On va bien chez toi pour un barbecue perpétuel, chanter, rire et s'aimer. Hein, dis ?

   Pouet   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bjr,

Je suis un peu mitigé.

Le positif est d'une part l'écriture, fluide et fort agréable et aussi cette histoire de "cases", j'ai bien aimé ce côté métaphysique décalé, l'échiquier de l'existence.

Mais pour ce qui me concerne, je reste sur ma faim (fin). J'ai trouvé la chute trop abrupte, l'évasion arrive comme un cheveu sur la soupe (pour moi hein), tout va trop vite, ça s'emballe et finalement je demeure circonspect.

Je trouve aussi que hormis les "cases", il n'y a pas réellement de "trouvailles", de surprises dans le texte.

Concernant le fond, on est un peu entre un culte de la personnalité du chef type Corée du Nord et un univers kafkaïen (mais pas assez poussé à mon goût, on reste à la lisière de l'absurde, le trait n'est pas suffisamment forcé). En lisant les deux trois premières phrases je m'attendais à autre chose, j'ai été un poil déçu.

Sinon quoi, l'amour sauvera le monde et les "vrais" Hommes sont les Hommes "libres"?

Je ne sais pas, malgré la qualité de l'écriture et l'absence d'ennui à la lecture, la fin me turlupine un peu et "l'originalité" de la réflexion et de l'ambiance générale me semblent assez ténues.

Bref, mitigé.

Au plaisir.

   Evarista   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Texte impersonnel, pourtant écrit à la première personne ; c'est un curieux sentiment qui s'émane de ces lignes finement découpées ; un sentiment qui nous fait penser à nos identités, sans cesse menacées par plus GRAND que soit.
J'ai aimé ce texte parce qu'il est facile à lire, qu'il rappelle de nombreux livres et films de science-fiction, mais en même temps, sa forme a quelque chose d'original, surtout dans la façon dont les révélations sont faites.

   Anonyme   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
C'est bien agréable de renouer avec l'écriture sur ce site. Vous maîtrisez parfaitement la plume et votre encre est belle. Bravo vraiment, vous savez emmener le lecteur au fil des mots et je n'ai pas décroché un seul instant de ce texte. S'il y en a d'autres de cette veine je suis preneur.

   Zorino   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hersen,
Une écriture impeccable, le rythme est progressif jusqu'à la dernière ligne.
Votre histoire m'a vaguement fait penser à 1984 de Georges Orwell. A mon humble avis, il y manque quelques éléments afin d'étoffer le décor et rendre ainsi votre nouvelle encore plus attractive.
J'ai passé un bon moment.
Merci pour le partage

   plumette   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai été surprise de trouver ce texte dans la catégorie réflexions-dissertations. La catégorie se justifie sans doute moins par ce que raconte la nouvelle que par les pensées qu'elle peut susciter en chacun de nous à la quasi veille d'une échéance électorale bien particulière.
Ce récit m'a semblé être soit un récit d'anticipation, soit carrément un récit de science fiction.

J'ai bien aimé l'idée des cases et de ces êtres transformés en pion qui avancent et reculent à la faveur d'actions dont on ne sait pas grand chose finalement. Tout comme on ne sait pas non plus grand chose sur ce monde dirigé par le Grand et sur ce qui a fait basculer l'ancien monde.

texte métaphorique? Qui parle du choix de l'individu, de sa conscience propre et de sa résistance à être dans le troupeau?

ma lecture a été agréable parce que l'écriture est fluide et que j'ai un côté sentimental qui s'est satisfait de ce happy end.

mais je n'ai pu m'empêcher de trouver aussi un peu de naïveté à ce happy end qui arrive si facilement.

contente de vous lire en nouvelle Hersen!

A bientôt sur un autre de vos textes.

   Anonyme   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Bonsoir,
Je n'ai pas su rentrer dans cette nouvelle.
J'ai eu la sensation d'avoir quelques codes d'un univers SF vu par le point de vue restreint d'un seul personnage celui"emprisonné".
"Le Grand" m'a un peu surprise comme choix de nom pour ce que cette entité semble représenter, même si j'ai senti le lavage de cerveau qu'il fait subir à ses sujets (?), infantlisation comprise et autres...
Victor serait pour moi le personnage en évolution, acteur, et j'attendais que l'histoire s'ouvre à moi à partir de lui.
Peut-être les étapes d'un texte plus long en devenir...
Nadine

   Cristale   
2/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir Hersen,

Serait-ce la nouvelle comédie humaine sur le grand échiquier que nous réserve le futur ?
Un texte digne d'une série SF qui m'a quand même bien angoissée. Bon, tu le sais je ne suis pas une bonne critique pour les nouvelles alors je dirais simplement que j'ai trouvé ton texte bien écrit, étrange, mais ce qui ressort est le caractère "humain" des deux protagonistes "encasés" chez qui l'ont entend les sentiments d'amour, la nostalgie mais aussi l'optimisme, pas vraiment lobotomisés ils ne sont pas dupes du sort qui leur est réservé mais plutôt plein d'espoir.
Une fin, où plutôt un début, comme le soulagement du réveil après un mauvais rêve.

Ma note tient compte du fait que tu as réussi à me tenir en haleine jusqu'à la fin...(en plus l'écriture est claire, fluide, vive) bien souvent je déclare forfait à la moitié de ma lecture.

Ouf...je vais vite retrouver l'odeur de l'herbe verte et des fougères !

Bravo Hersen, tu as eu raison de ne pas garder le silence, il eut été dommage que je n'entende pas le son de la voix de ta jolie plume :)

Cristale

   hersen   
3/5/2017

   Anonyme   
3/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Lisant peu de nouvelles je les commente peu…normal.

Exceptionnellement, vu que je suis Hersen depuis ses débuts ici, j’ai lu celle-ci.
Et j’y ai vu à la fois une fable et une satire, ou du moins une interrogation sur nos rapports à la norme et la conformité vs la ‘liberté’, à la vie aussi (la vie incalculable, incommensurable) vs la comptabilité (on compte les cases).
Les protagonistes se situent sur un échiquier où des règles admises dictent les possibilités de chacun…le Roi (le Grand) dirige…

Ce qui est troublant et très bien rendu c’est l’introjection des règles par l’héroïne, elle veut bien faire…toute notre éducation va souvent dans ce sens…on nous promet des bons points si nous restons dans les clous et prouvons que nous pouvons, outre comprendre les règles et les appliquer, nous y conformer en toute circonstance…mais si par malheur nous avions des difficultés à le faire, ou pire encore, demandions pourquoi ces règles sont…le climat bienveillant du système s’obscurcirait vite de nuages menaçants.

J’y vois une photographie de notre société…où vivre à la marge (si on le choisit) est une aventure très difficile, on nous demande de nous conformer, et d’adhérer. On nous a instillé nombre de vérités, sacro-saintes, de dogmes…et si un jour, ou à la longue, cela fini par entrer en contradiction avec nos sentiments profonds, nos propres aspirations, soit on cède en noyant nos élans et parfois on tombe malade de ne pas vivre, soit on ne cède pas et on entame un chemin singulier…débouchant parfois sur la misère.
Ce côté « tout ou rien » des choix qu’on nous impose (avec nous, ou contre nous), ce choix (même s’il est emballé de papier cadeau) peut s’avérer très compliqué à assumer, et ne devrait pas être toujours pensé de façon aussi binaire.

Un ouvrage d’Emmanuel Lordon : Capitalisme, désir et servitude – Marx et Spinoza, évoque cet écart entre ce que nous voulons (voudrions) et ce que nous devons faire et qui nous est imposé, par des Grands en tout genre.

En face, la Vie avec sa propre folie pousse à la faute… inexorablement. On a, d’un côté le calcul des cases, les règles, les chefs (ou les mieux casés) qui font de nous des matricules, des rouages typés, et de l’autre la Vie qui demande un saut…comme chez Kierkegaard celui de la foi…comme un saut à l’élastique dans l’inconnu…vers nous, car nous somme potentiellement ceux-là : ces hommes-là !

Je pourrais (si, si, en m’appliquant un max.) écrire un meilleur commentaire sur ce texte court mais très riche et très actuel.
Je pourrais décortiquer (enfin je pourrais essayer) pour relever telle ou telle passage améliorable (selon mon goût)…
Mais je ne le ferais pas, car parfois je rencontre des textes que j’aime savourer longuement, non pas en les relisant sans arrêt, ni même souvent, mais un peu comme un paysage visité et que je garde en mémoire pour, sans même m’y rendre à nouveau, m’en sentir peuplé, comme je sens que mes amis m’habitent.

Donc à mon humble avis un texte fort et juste…posant (nous posant) de façon assez originale (par sa brièveté même) tant de questions comme :
Où sommes-nous dans nos cases, et à quoi croit-on jouer ? À la vie ? Et pour qui joue-t-on ? Rester ou sortir ? Être ou ne pas être ?

Chapeau très bas Hersen !

Enfin me reviennent à l’esprit ces paroles :

"Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour
Et que l’on dit braqués sur les chiffres et la haine
Ces choses “défendues” vers lesquelles tu te traînes
Et qui seront à toi
Lorsque tu fermeras
Les yeux de l’oppression"

Sur ce, je m’en vais lire les autres commentaires et ensuite les remerciements et explications de l'auteure…si ça se trouve je suis hors sujet...mais pour l'instant j'y crois.

   vendularge   
3/5/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Hersen,

Je ne suis pas allée lire vos explications afin de rester dans mon ressenti "lecture". Deuxième ou troisième parce que je l'avais lu en EL.
L'écriture choisie est sobre presque géométrique sans discours particulier sur les affects. C'est bien vu puisque la vie des "casés" se limite à avancer ou a reculer sans se poser de question autre que la règle imposée qui n'est pas remise en cause. Il n'est pas question de joie ou de tristesse, peu d'émotion.

Et puis l'humain.

Ca m'évoque plutôt une population captive virtuelle, dans un jeu par exemple. Et, la sortie vers la vraie vie dehors.

Je ne suis pas sûre que ce soit le sens que vous vouliez y mettre mais c'est celui que j'y ai trouvé

Merci

vendularge

   Velias   
3/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Hersen,

J'attends d'un texte qu'il m'embarque. Vers un ailleurs... Je ne suis pas déçue ici.

Aucun repère de temps et de lieu n'est proposé au lecteur. A lui de se débrouiller...Est-ce un conte ? de la Science Fiction ? les deux ou peut-être ni l'un ni l'autre. Peut-être juste un constat (amer ?) sur la société des Hommes d'aujourd'hui.

Aucune remarque négative à faire sur l'écriture. Elle est claire, fluide, maîtrisée.

Bref, j'ai beaucoup aimé.

   aldenor   
3/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
« Hier j'ai avancé de trois cases. » Excellent début de ce récit de science fiction caricatural, très drôle avec ses histoires de cases et de couleurs des vêtements...
Ca se gâte un peu avec la venue de Victor. D’abord ce passage me déroute « C'est parce que quand j'ai vu ses yeux, à lui... » : je pensais qu’elle parlait du bébé. Et puis, le registre change, la poésie se joint à l’humour, mais le rythme ne change pas, si bien que je ne ressens pas vraiment la poésie de la relation Anna-Victor. Si ce n’est dans les deux dernières lignes, qui trouvent in-extremis le rythme, plus lent, de l’émotion.

   in-flight   
4/5/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte qui rappelle l'ambiance de "nous autres" de Zamiatine, roman dystopique qui a inspiré Orwell ou Huxley.
Le lecteur est balancé dans un univers froid et doit en tirer une leçon: Ne pas se soumettre aux injonctions d'un système qui impose sa vison du bonheur. Le bonheur est un état d'esprit.

   Thimul   
5/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un bon moment de lecture.
Ça n'a pas de rapport direct et pourtant j'ai pensé à "2024 la fin du monde".
Le côté très impersonnel de ce monde est très bien rendu par l'écriture et la manière dont s'exprime la narratrice.
Je suis un peu plus réservé sur la deuxième partie du récit qui me laisse un tout petit peu sur ma faim. Je pense que la colère intérieure qu'elle éprouve en découvrant les mensonges et l'impossibilité de vivre sa maternité aurait mérité d'être plus explorée.
Mais ça ne gâche pas la lecture.
Une mention spéciale pour la première phrase.

   Anonyme   
21/5/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Approche assez intéressante pour parler du sens de l'existence ; à travers le non-sens d'un travail répétitif, et la volonté d'acquérir de nouvelles tâches, tout autant répétitifs que les précédentes : en comptant les pièces, Anna pense faire quelque chose de plus significatif, mais elle fait toujours le même travail répétitif.

Bien évidemment, l'on voit également l'asservissement de l'être en étouffant ses désirs, et plaisirs (par exemple fumer une cigarette) alors que le Grand peut se le permettre.

L'idée que l'être se retrouve à combler simplement ses besoins primitifs ou primaires, est assez bien rendue.

J'y vois également un côté Nietzschéen, peut-être est-ce involontaire. Je pense à l'opposition apollinien/dionysiaque qui se reflète dans l'opposition ordre/désordre. Clairement Anna aspire à un désordre opposé à l'ordre que représente le Grand. Le fait qu'Anna et Victor tentent de fuir de désordre à travers la musique et la danse rejoint l'idée du dionysiaque.

Par contre, vous condensez trop d'idées en un seul texte , sans trop les détailler, ce serait plus intéressant d'insister sur certains points, et de les nuancer.

Aussi faites attention aux usages du discours direct et indirect.
Le discours direct est toujours introduit par deux points et est mis entre guillemets.
Autre erreur, mais ce n'est pas méchant, après un Ah exclamatif, on met un point d'exclamation ; je pense à l'avant dernière ligne de la deuxième partie : "Ah ! et la deuxième chose : je me suis rappelé mon nom. Je m'appelle Anna.

   Donaldo75   
25/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour hersen,

Cela faisait longtemps que je n'avais lu une de tes nouvelles.

Celle-ci m'a d'autant plus fait plaisir à lire qu'elle est intemporelle, mélange des symboles telles que les cases (est-ce une mention au pion du jeu d'échecs, la pièce qu'on n'hésite pas à sacrifier pour protéger le roi ou une pièce de plus forte importance stratégique ?), les tâches (une sorte de rappel de la fourmilière où tout est ordonné, suit une implacable logique collective) avec en même temps un mélange de kolkhoze (ou de sovkhoze) et de kibboutz.

L'image du chef n'est pas trop prégnante, ce qui éloigne le spectre de la secte. C'est l'aliénation, la perte du sentiment d'individualité qui est mis en avant. Anna ne se souvient pas immédiatement de son prénom d'avant, quand elle n'était pas un numéro dans un index.

La fin est positive, quoiqu'il arrive dans les faits.

Bravo, c'est admirable d'avoir tenu avec aussi peu de concret. La liberté est un concept. Nous n'avons pas toujours besoin de la rattacher à des faits, des lieux, des personnes, des organisations nommés ou que nous connaissons. C'est ce qui nous différencie des enfants.

Merci pour la lecture,

Donaldo

   Anonyme   
27/5/2017
J'aime beaucoup le côté générique de la chose, que le lecteur peut associer à ce qui l'interpelle le plus, ou le touche le plus, enfin à ce qu'il veut, quoi.
Si le texte s'était montré plus précis, cela n'aurait pas fonctionné, je crois. On en serait alors resté à une critique plus banale, plus naïve peut-être.

Une seule chose a contrarié cette généricité : "Ils l'ont appelé D 807 parce qu'il est né un dimanche et que c'était le 807e enfant à naître un septième jour de la semaine."
Il y a donc un début à la mise en place de cette forme sociétale, qui peut être repoussé plus ou moins loin dans le passé selon l'importance de la population (*), certes, mais début il y a. Forcément, me diras-tu, il y a un début à toute chose. Bien sûr, mais le fait de me focaliser sur cette question de logique m'a forcé à me demander de quoi il pouvait s'agir, alors que sans cela je n'en éprouvais pas le besoin, et que je m'en trouvais très bien.

(*) En supposant que les naissances soient réparties uniformément au cours d'une semaine, on compterait donc 5.649 naissances depuis le début. Cette société ayant une organisation manifestement complexe, la population doit être plutôt importante. Le début devrait donc se situer dans un passé très récent.
Comme tu le vois, cette question de logique me turlupine.
En saurai-je davantage ? En même temps, c'est un peu ce qui me dérange, parce que je n'avais pas forcément envie d'en chercher davantage.

Mais sinon, c'est très très bien ;-)

   Pepito   
29/5/2017
Hello Hersen,

Magnifique jeu de l'oie ! Bien sûr, cela rappelle Equals de Doremus ou THX 1138 de Lucas, cela n’empêche, c'est très bon.

J'adore partir à l’aveuglette dans texte ou un film, me sentir perdu dans un monde qui peut prendre toutes les directions. De la SF comme je l'aime, sans chichi. De la SF humaine...

Grand merci pour la lecture !

Pepito

   Anonyme   
12/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai beaucoup aimé cette histoire. Contrairement à ce que j'ai pu lire dans un des commentaires, l'idée de garder flous les éléments comme les personnages et le décors est assez intéressant car, selon moi, le plus important reste la manière de vivre de cette population, peuple, pays... et non ses acteurs.
Par contre, il est vrai que l'histoire me semblait assez classique avec cette référence à une civilisation ayant une manière de penser et de se tenir très stricte et carrée, des personnages qui tombe amoureux et finissent par se libérer des contraintes placées.
Il n'empêche que j'ai pris du plaisir à lire cette histoire :).

   jfmoods   
24/6/2017
Le titre de la nouvelle guide le lecteur vers son interprétation. Au regard de la dystopie exposée ici, la fuite est bien l'unique issue. "Un seul monde" : celui de la liberté à tout prix.

Écrit en narration interne, ce récit semble mettre en scène une locutrice prise dans l'engrenage d'une secte. Néanmoins, une série d'éléments contredisent cette lecture trop lisse. Aussi le lecteur en vient-il à poser une autre hypothèse. La nouvelliste s'amuse à entremêler ici les éléments de deux contre-utopies littéraires célèbres du 20ème siècle.

"Le Grand", culte de la personnalité en bandoulière ("Ici, cette admiration est obligatoire."), apparaît comme une allusion transparente au Big Brother du "1984" de George Orwell. La mention des caméras de surveillance accrédite cette lecture. Parallèlement, l'image d'une société sans structure familiale et placée sous le contrôle hégémonique de la science (A224 = Anna, D807 = Lorenzo, "Je ne suis pas une procréatrice comme les autres car j'ai lourdement enfreint la règle.") s'inscrit dans la droite ligne du roman d'anticipation "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley. La thématique obstinée des cases semble, elle, assurer la jonction entre les deux dystopies par l'image du contrôle, du dressage individuel permanent.

On est également tenté d'interpréter l'autorisation de lire ("On m'octroie deux livres par semaine au lieu d'un.") comme un clin d'oeil au "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury.

Merci pour ce partage !

   widjet   
23/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Dans sa première partie, le texte est volontairement froid, clinique à l'image de son personnage qui s'exprime de façon très procédurière, sans trop s'épancher émotionnellement, ou faire part de ses états d'âmes. Elle suit le troupeau, un mouton parmi les moutons.
J'en profite pour dire, qu'il eut été intéressant de marquer davantage dans la forme (le style), ce côté "robotisé" peut-être par un phrasé plus court, plus tranché quitte à rendre Anna antipathique dans un premier temps de sorte ensuite à contraster avec la seconde partie afin que le lecteur (moi) sente que cette ambiance disciplinaire influe sur le mode comportemental jusqu'à la forme expressive de l'héroïne (l'humain s'effaçant au profit d'une espèce d'enveloppe corporelle vide).

Ensuite, dès qu'Anna rencontre le père de son enfant et qu'elle commence à imaginer/fantasmer cette nouvelle terre promise et qu'elle dévoile davantage ses émotions (elle pleure en réalisant qu'elle ne se rappelle plus de son prénom), l'humain peu à peu reprend ses droits, Anna de sa chrysalide mortifère et soumise, pour ensuite s'affranchir totalement de sa servitude.

Même si le monde (et les ingrédients : ce système d'échiquier avec les cases comme jalons/indicateurs sociaux) autour ressemble à celui qu'on décrit dans les films ou romans SF, l'auteur a sans doute délibérément refusé de ranger son texte dans cette catégorie pour nous pousser à dépasser le cadre environnemental de l'histoire (qui ne sert que de support, de coquille en quelque sorte) pour partager son message et (nous) rappeler que le sujet véritable est ailleurs, celui de la responsabilité individuelle, du choix de chacun de décider de sa vie, que cette dernière sera celle que nous souhaitons en faire, que nous sommes sinon les seuls, mais les principaux artisans de notre bonheur/malheur.

C'est presque un texte politique, citoyen d'une certaine manière.

Un texte qui m'a plu en tout les cas et qui mériterait d'être davantage récompensé, je pense.

W

   GillesP   
24/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hersen,
J'ai enfin pris le temps de lire cette nouvelle, et je ne le regrette pas. J'ai tout aimé cette fois-ci: l'écriture, froide, clinique, est tout à fait adaptée au fond; l'histoire ne se termine pas tout à fait, la fin reste ouverte; la dystopie est glaçante; les personnages sont peu décrits, certes, mais cela ne nous empêche pas de nous y attacher.
Merci pour cette belle nouvelle.

   moschen   
30/7/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Le « On » employé exagérément au début du récit et destiné à évoquer une autorité à laquelle le « je » se soumet, dénote, il ne chante pas à l’oreille. Il aurait été possible de nommer cette autorité.
« Les pièces que je fais » (pauvre) , de quel genre de pièces s’agit-il ?
« On m’a mise en quarantaine… c’est normal … je ne » J’ai toujours appris qu’il ne fallait pas fournir au lecteur les explications, que c’était à lui de les imaginer.
« Mon heure à moi du samedi » Ne suffit-il pas de dire mon heure du samedi ?
« Il ne se doutait pas que c’était parce que maintenant je … » lourd à digérer.
Si ceux qui sont dedans, sont aussi ceux qui sont dehors, alors je crains qu’il me faudra au bas mot une autre lecture.

   Andre48   
28/3/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Merci Hersen pour ce texte.
Texte très agréable à lire avec une progression réussie : vie ordinaire dans la communauté, rencontre amoureuse qui changera tout, possibilité de fuite.
Nous sommes tous plus ou moins étiquetés, casés... surtout dans les administrations ou les grandes entreprises, progresser ou reculer. Tout cela sous le regard du Chef...
Je suis surpris que personne n'ait fait le rapprochement avec sa propre situation professionnelle.
L'amour et un enfant peut tout changer, si on accepte de quitter la sécurité du groupe.
Survivre dans la soumission ou fuir vers d'autres defits ?

   cherbiacuespe   
21/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Je commence par ce qui m'a fait grimacer : "à ne pas dépasser la ligne assignée", je préfère "franchir la ligne blanche". "On nous explique que cela nous abstrait", plutôt "soustrait des". Puis "des besoins personnels futiles", plutôt "des besoins futiles personnels".

Merveilleuse histoire en vérité. Le plan que j'ai trouvé subtil, très réfléchi et naturel à la fois. Je m'y suis sentis comme sur une gabarre sur la Dordogne en été, qui n'est pas un flot impétueux comme la Garonne : doucement amené à bon port sans être secoué. Très agréable. Et l'écriture, claire, simple, directe. Des mots bien choisis. Tu m'as porté là ou tu voulais me porter. Je t'ai suivi jusqu'au bout en me demandant tout du long ou tu voulais me j'aille. Ton écriture ? Un guide implacable et ciselé sur mesure. Un régal ! Et la fin comme une révélation. "Et oui, Cherbi, on peut aussi finir sur une note d'optimisme" sembles-tu me dire. Et c'est ainsi que je l'ai reçu, moi qui écrit trop souvent avec des conclusions pessimistes.

Irrésistiblement, j'ai pensé à Orwell avec une fin bien plus joyeuse.

J'ai adoré ton histoire, autant le fond que la forme tout au service du premier. Dis, c'est ça la perfection ?


Oniris Copyright © 2007-2023