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Sentimental/Romanesque
Orikrin : Le nuage dans la douche
 Publié le 04/11/18  -  10 commentaires  -  2968 caractères  -  79 lectures    Autres textes du même auteur

Un dialogue entre une petite fille et son oncle qui va changer le monde... Mais ne le change-t-on pas à chaque seconde ?


Le nuage dans la douche


— Dis tonton, me demande-t-elle, pourquoi ça fait du brouillard dans la salle de bains après la douche ?

— Eh bien, le brouillard, c'est à ça que ressemble un nuage quand on est dedans. C'est la chaleur de l'eau qui le forme.

— Il y a un nuage dans la salle de bains ?

— Eh oui ! réponds-je en riant.

— Mais pourquoi on voit pas les gouttes d'eau ?

— Dans un nuage, les gouttes d'eau sont toutes petites. Encore plus petites que dans la mousse. Elles sont si petites que tu ne peux pas les voir une par une, mais toutes ensemble elles deviennent visibles.

— Et elles font quoi, les toutes petites gouttes, quand on ouvre la fenêtre ?

— Ça, personne ne peut le savoir. Peut-être qu'elles s'écrasent juste sur le sol pour abreuver les roses, ou bien qu'elles montent dans le ciel jusqu'à ce qu'un nuage les prenne en stop.

— Mais les gouttes, ça fait pas du stop, tonton !

— Mais si ! C'est seulement très dur à observer parce qu'il faut regarder au bon moment quand elles lèvent leur petit pouce.


Elle me regarde un moment.


— Tonton, c'est pas vrai ce que tu me dis.

— Tu as raison, ma puce. Excuse-moi. Tiens, je vais te dire quelque chose de vrai. Personne ne peut dire ce que font les petites gouttes, mais je peux te dire ce qu'il peut leur arriver. Ça t'intéresse ?

— Oui !

— Alors... Les petites gouttes peuvent rester à flotter dans l'air, et se faire avaler par un oiseau qui passe. Elles peuvent suivre le vent, lui faire un pied de nez, virevolter et voltiger jusqu'à atterrir sur une feuille où une chenille l'attend. Elles peuvent voyager, et si une goutte ne se fait pas attraper, elle peut aller jusqu'en Australie ! Là-bas, c'est le printemps, la terre rouge commence d'être chaude, alors la goutte s'évapore tout de suite...

— Mais comment on peut savoir ce qu'elles font vraiment ?

— C'est impossible.

— On peut pas mettre une petite caméra dessus ?

— Pas encore ! Peut-être qu'un jour, on saura faire, un jour où la science aura évolué, et qu'elle aura le temps de s'occuper des petites choses.

— C'est bientôt ?

— J'ai peur que non... Je ne pense pas vivre assez longtemps pour le voir, en tout cas.

— Maman dit qu'il ne faut pas parler de mort.

— Ta maman a de très bons principes, mais la mort est bien là, et ce n'est pas se taire qui la fera s'en aller.


Elle regarde ses pieds en silence avant de reprendre la parole.


— Moi, je voudrais mettre des petites caméras sur les toutes petites gouttes et voir où elles vont.


Je la sens triste, tout à coup. Je m'en veux.


— Tu le feras peut-être un jour ! Nul ne sait ce que le futur renferme. Mais tu sais, je vais te dire un secret... (Je me penche et prends un air de confidence.) Le futur, tu le fais déjà.

— Comment ?

— Continue de faire du brouillard dans ta douche, et dans quelques années, tu auras changé le temps !


Elle sourit. Je ne suis pas sûr qu'elle ait compris, mais elle se souviendra de ce moment. Elle se souviendra de fabriquer des nuages.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Mokhtar   
11/10/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Une conversation adulte-enfant est toujours difficile à transcrire, et se heurte facilement à des risques de non crédibilité.
Il y a ici une tentative un peu poétique d'un dialogue où l'oncle tente des explications imagées pour des phénomènes physiques.
C'est sympathique, mais quand même très sommaire.

Mokhtar, en EL

   izabouille   
15/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est joli et très touchant. C'est une belle manière d'expliquer les choses en tout cas. Cela dit, j'espère que les petites gouttes ne seront jamais munies de caméra, c'est le genre de futur qui me fiche un peu la frousse...
Merci pour le partage

   in-flight   
18/10/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Sympathique petit dialogue qu'il aurait été intéressant d'inclure dans un plus grand ensemble.
Cette approche scientifique (de la formation d'un nuage et du cycle de l'eau) trouvera facilement son public chez les plus jeunes mais, en l'état, l'adulte que je suis reste un peu sur le carreau.

   plumette   
24/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
un joli moment doux entre un adulte et un enfant.

l'adulte est encore connecté à l'enfance et c'est ce qui permet ce dialogue aux accents poétiques. Comment entretenir l'imaginaire? cette histoire de gouttes d'eau en est une illustration.

Je suis plus réservée sur la "chute" car je n'ai pas vraiment compris ce qu'il y a à comprendre !

un agréable moment de lecture

Plumette

   Lulu   
4/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Orikrin,

Je me demandais bien ce qui pouvait se cacher derrière un tel titre… et n'imaginais pas un tel dialogue qui m'a bien plu.

La relation entre l'oncle et la petite est charmante et bien rendue, je trouve. Les mots sont simples et tout à fait réalistes. On s'imagine aisément la scène où se développe cette complicité avec l'enfant.

J'ai particulièrement aimé le ton de la fillette quand elle dit : "Tonton, c'est pas vrai ce que tu dis"... J'ai aimé que vous ne précisiez pas trop de choses dans la narration et que vous ayez concentré cet exercice d'écriture sur le seul dialogue. Ainsi, et a contrario, j'ai regretté que vous ayez écrit, plus loin et entre parenthèses, à la manière d'une didascalie théâtrale "Je me penche et prends un air de confidence"... Je crois que la force du texte dans son ensemble tient au fait que vous ayez évité ce genre d'intervention inutile, notamment.

J'ai trouvé ce texte fort plaisant, et apprécié qu'il n'ait pas été plus long ; le côté court renforçant le côté réaliste de l'échange.

Mes encouragements.

   Stephane   
4/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Orikrin,

Au-delà de la relation touchante entre un grand-père et sa petite fille, ce qui est le plus passionnant dans cette histoire, est de s'arrêter quelques instants sur des petites choses insignifiantes (entre guillemets). En effet, qui s'intéresserait à une goutte d'eau ? Peu de gens, à vrai dire, et c'est justement ce qui rend cette nouvelle intéressante. Car derrière cette interrogation se cache une question existentielle, plus fondamentale, qui demeure presque en filigrane : celle de la naissance, de la vie et de la mort (— Maman dit qu'il ne faut pas parler de mort.
— Ta maman a de très bons principes, mais la mort est bien là, et ce n'est pas se taire qui la fera s'en aller.)

C'est de ça qu'il s'agit, puisque se côtoient d'ailleurs trois générations...

Un bon moment de lecture.

Stéphane

   AuteurFanatique   
7/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je ne m'attendais vraiment pas à ça, mais c'est franchement pas mal! C'est un petit peu court je trouve même si c'est ce qui fait le charme de ce dialogue...
Ce que je trouve d'admirable c'est qu'on est immédiatement plongé dans l'univers, et on voir l'oncle et la petite fille qui se parle, c'est vraiment charmant.

   Thimul   
9/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte touchant par sa simplicité qui décrit un bref instant de complicité entre un enfant et un adulte.
Les répliques de l'enfant sonnent juste et ce n'est pas un exercice facile.
Reste que ce texte est un peu court mais c'est peut-être voulu : comme une bulle de savon qui brièvement s'élève et qui éclate.
Merci pour cette lecture

   Raoul   
25/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Un joli moment de lecture, je trouve. Plus proche de la prose poétique ou du conte pour enfant que de la nouvelle, il est bien construit, léger mais pas que, c'est une transmission.
Le ton de l'échange sonne juste par son naturel qui ne cherche pas à différencier l'enfant de l'adulte par un jargon - forcé et forcément daté donc -.
Bien aimé.
Merci pour cette lecture.

   mirgaillou   
10/6/2019
 a aimé ce texte 
Bien
L'option du très très court pour un simple dialogue est une bonne option. Il a l'air calé le tonton.
Cette petite historiette fait partie de ces mille choses insignifiante qui, justement, donnent du sens à un ensemble de minutes de vie. Quelquefois, bien des années après, elles remontent à la surface et on en est ému.


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