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Sentimental/Romanesque
placebo : Nocturne [concours]
 Publié le 22/05/12  -  7 commentaires  -  11742 caractères  -  90 lectures    Autres textes du même auteur


Nocturne [concours]


Ce texte est une participation au concours n°14 : Relations textuelles consenties ! (informations sur ce concours).



D'ordinaire, j'aime bien la nuit. La sensation de fraîcheur après une journée étouffante, les lumières des magasins me guidant jusqu'à ma porte une fois sortie du travail, l'ivresse des bars où l'alcool se mêle au sucre dans un tourbillon coloré. La nuit sait se montrer inquiétante également. Il y a les bruits résonnants sur le trottoir désert, éclairés de plus d'ombres que de lumières. Il y a les bivouacs en pleine nature, les frôlements au-dehors, les bêtes rendues monstres par l'imagination, l'envie affolée de savoir et les terreurs superstitieuses. Il y a les concerts frénétiques, les discussions sans fin, le temps rendu muet par le noir tant que la pâleur ne sera pas revenue à l'aube.


Il y avait.


L'Homme est un étrange spécimen. La vie l'est aussi. On peut penser aux forêts, aux déserts, aux mers, on passerait à côté de quelque chose si l'on oubliait les milliards d'êtres vivants les peuplant. Le monde est vaste mais on ne naît pas tout seul puisqu'il y a une mère pour chacun de nous.


Il y avait.


Sur ma demande, tout le monde est venu en blanc. On a joué de la musique et je me suis mise à pleurer. Les gens sont repartis le lendemain – aujourd'hui, donc.

Et dans la maison, quelque chose a changé. Dehors, quelque chose a changé. La nuit me fait peur. Elle porte en elle le souffle léger de la mort qui pénètre les demeures, elle fait taire les cris dans l'inaudible. Les jours raccourcis se font dévorer plus tôt, tout comme les arbres – ils ont abandonné leurs feuilles sans résistance, dans l'espoir du printemps. Les gamins ne jouent plus sur le trottoir baigné de soleil, c'est désormais un lieu vide où seul le lampadaire agresse le bitume de son éclairage froid. Parfois, un chat trottine à la lisière de la lumière puis s'évanouit dans un couinement. Le gel fait son apparition et je n'ose pas l'affronter sur mon palier, je reste cloîtrée chez moi.

Il fait nuit et j'ai peur pour ma mère qui lutte face à elle.


Qu'aurait-elle fait à ma place ? Petite, je serais venue dans sa chambre me blottir contre elle. Mon père aurait grogné un « retourne dans ton lit », ou peut-être aurait-il été absent, comme il l'a été si souvent après. J'aurais soulevé la couette, accueilli la vague de chaleur émanant du corps de ma mère et je me serais serrée contre sa poitrine. En deux gestes de sa main, un pour rabattre le tissu sur mes épaules, l'autre pour chasser les craintes de mon front, elle m'aurait apaisée et je me serais rendue au sommeil.


Ou les choses n'auraient peut-être pas été si simples. À sept ans…



À sept ans, je fais encore pipi au lit. Ce n'est pas de ma faute, c'est ce que mamie a dit en tout cas. Maman, elle est trop occupée, elle court partout. Parfois papa la stoppe et lui dit de ralentir, elle lui fait juste un signe et elle repart. Papa replonge dans son journal, je vais à l'école dans le bus, la nuit je fais pipi au lit et mamie change les draps. C'est comme ça tous les jours, sauf le week-end parce qu'il n'y a pas école et le mardi parce que mamie va voir le médecin très tôt.


La nuit, je me demande comment ils font, les autres, pour dormir. Peut-être qu'ils ne savent pas pour les monstres. Ils grandissent dans le noir et attendent le sommeil. Certains sont méchants, ils rentrent par l'oreille pour créer des mauvais rêves. Comme celui où maman et ma maîtresse se battent, leurs cheveux tombent, elles deviennent vieilles et des squelettes. Moi, je ne peux pas bouger dans ces cauchemars. Maman n'aime pas beaucoup la maîtresse mais je ne sais pas pourquoi. J'essaie de boucher mes oreilles la nuit avec du papier mais ils rentrent quand même, ils sont petits.

D'autres monstres font juste peur. Ils attendent que la lumière à l'intérieur est éteinte, après ils passent par la fenêtre pour faire des ombres. Le truc, c'est de ne pas les regarder. Plus on les regarde, plus on a peur, plus ils sont gros. Mais si on ferme les yeux, ça ne marche pas non plus, ils passent dessous. Alors il faut ouvrir les yeux et imaginer qu'il fait jour. Si on pense très fort au soleil, ça va.

Les plus vilains, on ne les voit pas. Ils sont derrière. Ils chatouillent le pied mais il ne faut pas regarder. Avec du bruit et si on bouge, ils partent un peu. Mais ils reviennent après. C'est très fatigant de se battre contre les monstres.


Ça serait plus simple si j'avais la lumière dans ma chambre mais maman ne veut pas. Le jour, de la lumière, la nuit, pas de lumière. Pourquoi on a des lampes alors ?



Oui, pourquoi n'allumait-on pas les lampes plus souvent ? Je me souviens de quelques bougies. La télé dispensait un voile gris dans le salon. Mes parents ne se parlaient pas tant que ça. J'avais gardé des souvenirs joyeux de mon enfance, les heures passées à jouer, le parc, les goûters, les copines.

C'est plus tard, quand le divorce fut acté – mon père ne cachait plus sa maîtresse depuis longtemps – que les mots des autres vinrent prendre place dans ma tête. Par exemple, ils faisaient chambre à part et je ne l'avais pas vraiment compris à l'époque. Les promenades devenaient des occasions pour l'un ou l'autre de mes parents de déculpabiliser avant de retourner tête baissée dans leur boulot et leur confrontation. Non, ils ne se parlaient pas beaucoup, ils me parlaient à moi mais jamais entre eux.

Les témoignages de chacun se pressaient, il a fait ceci, te souviens-tu de cela, au bout d'un moment j'ai dit stop, je voulais garder mon enfance à moi, tant pis si elle ne correspondait pas au réel. Peut-être tous ces gens voulaient-ils voir un peu de souffrance passer dans mes yeux, peut-être voulaient-ils m'enseigner la vie, je ne sais pas et je m'en moque.


En cette période, je n'étais pas seule. J'avais



Un koala. Au début je ne savais pas dire son nom mais maintenant ça va. Il est noir et blanc comme le chat des voisins. C'est le plus beau cadeau du monde entier ! Il est très doux et très gentil. Et puis il est fort. J'ai vu dans un livre que les koalas ils ont des griffes. Le mien il cache ses griffes mais quand il y a un ennemi, vla, un coup et il gagne. J'ai reçu une Barbie aussi mais elle sait pas se battre alors la nuit je la mets dans sa maison pour la protéger des monstres.


Mais Pierre m'a pris mon koala. Au début il jouait avec même si je voulais pas, et après il l'a amené chez lui.


Alors cette nuit, j'ai demandé à maman, elle veut bien que je dors avec elle. Sa chambre est pas très grande mais il y a beaucoup de place. Moi j'ai plein d'objets, elle juste un endroit pour les vêtements et une horloge. Ça fait un peu de bruit mais pas trop, et puis ça éloigne les monstres.

Son lit est très haut, mais elle m'a tiré et je suis montée. Il fait chaud dans le lit. Dehors c'est l'hiver et il fait froid, alors j'aime bien avoir chaud, je reste longtemps dans le lit le matin si je peux.

Je garde les yeux ouverts comme d'habitude mais ce soir il n'y a pas besoin. Je me sens bien. Je touche la peau de maman avec la main, elle sent que je touche et elle dit oui avec la tête. Et c'est tout. Je sais qu'elle est là.

Au début j'ai bougé un peu. Ça sentait pas comme dans mon lit. La couette était trop grande, comme la fois où j'ai essayé des vêtements à maman, c'est dur de bouger. C'était lourd, aussi. L'oreiller, pareil, je voulais poser la tête dessus mais ça faisait bizarre alors j'ai posé sur le bout, pour qu'il soit pas trop haut. Quand j'étais bien, avec maman à côté, j'étais prête à me battre contre les monstres.

Mais ils n'étaient pas là. Ils ne rentraient pas dans cette chambre.


J'étais pas contente parce que ma chambre était moins bien et contente quand même. Tout était doux. Je me suis rapprochée de maman. Elle avait l'air heureuse. Je me suis dit que le sommeil, c'était pas si mal. Ça sentait le sommeil aussi. Je me suis approchée encore, juste contre elle. Je pouvais toucher ses seins mais je l'ai pas fait, elle aime pas. Je voulais toucher sa main mais elle était loin, alors tant pis.


Et puis l'horloge a sonné. Un coup fort. J'avais le cœur qui allait vite. Et puis des petits bruits, cloc, clac, tout le temps. J'avais pas écouté avant. Le bruit a continué. Je regardais au plafond. Le bruit était parfait, comme un petit nuage qui sortait de l'horloge à chaque fois. Le plafond était plein de nuages. J'avais les yeux qui piquaient. Et puis l'horloge a sonné fort une autre fois. Et après je devais être fatiguée, j'ai plus rien entendu du tout.


Je me suis réveillée toute seule. Pas normal, il faisait toujours noir. J'ai mis mon doigt dans l'oreille parce que ça grattait et je pense qu'il y avait un monstre dedans. J'avais eu assez peur. J'ai bougé et maman m'a dit de plus bouger, « rendors-toi petit cœur ». Elle l'a pas dit fort, mais on était près, pas besoin. Je me suis collé encore plus et elle a souri.

Je me souvenais plus du sourire de maman. Petit mais très bien. Un sourire comme moi. Je ne voulais plus respirer pour pas casser son sourire mais elle continuait à sourire alors j'ai soufflé doucement. Elle a éternué puis a passé sa main dans mes cheveux.


J'aime beaucoup quand on me touche les cheveux. On touche la tête et pas la tête à la fois. Je veux toucher les cheveux de tout le monde mais les autres ne sont pas d'accord. Heureusement il y a mon koala. Il faut que Pierre me le redonne demain.

Ensuite, c'était très bizarre. Je voyais le koala devant moi, mais il était très grand. Chaque fois que je lui faisais un bisou, il devenait un peu plus grand. À la fin, il m'a mis sur sa tête. On entendait les oiseaux, ils jouaient dans les nuages. Le koala avançait, il marchait sur des maisons mais elles n'étaient pas cassées car le koala était très léger. Il sautait de plus en plus vers les montagnes et on est allés au-dessus des nuages. Il y avait plein de nids d'oiseaux avec des oiseaux dedans et ils chantaient, chantaient, chantaient et


Ah zut, c'est le matin. Dehors les oiseaux chantent. Je tourne la tête, maman est toujours là. Sa peau est toujours douce. La nuit est passée très vite et je ne veux pas partir.



Non, je ne veux pas partir. Je l'ai crié pourtant, « bon débarras », nos disputes incessantes me tapaient sur les nerfs, ma vieille chambre à coucher me faisait vomir et quand je pensais à toi, c'était parfois avec pitié. Ça n'a pas duré. Très vite, j'ai eu mon premier copain et, plus tard, ma première rupture. Je ne t'ai plus jamais regardée de la même façon. J'en devenais admirative et presque jalouse, comment avais-tu résisté, comment pouvais-tu le supporter ?

C'est à ce moment que j'ai compris tous tes petits regards de crainte mêlée de joie quand j'ai quitté le primaire, puis le collège, puis le lycée, enfin. Je n'en revenais pas moi-même d'avoir été happée aussi vite par le temps. Et, déjà, les premières rides se dessinaient sur ta peau. Elle restait douce.

Le soir où je suis définitivement partie pour étudier dans une autre grande ville, tu as pleuré. Je prenais le train de nuit – je devais traverser la France entière. Les étoiles, je n'en avais jamais vu autant dans notre quartier. Je t'ai prise dans mes bras, tu étais devenue la petite et moi la grande. J'ai tenté fugitivement d'imaginer ton futur quotidien sans moi, mais c'était dur, on est trop égoïste à cet âge.

Toutes ces années d'enfance, malgré les difficultés, je les avais passées avec toi, contre ta peau, dans l'attente d'un long éveil qui n'est jamais venu. Aujourd'hui la nuit t'appartient et je suis redevenue la frêle enfant se réveillant dans le silence.


 
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   Lunar-K   
14/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Une belle histoire, très touchante : cette femme qui se souvient de sa mère décédée avec son regard d'enfant. Comme une régression qui ferait resurgir ses craintes passées, notamment ses terreurs nocturnes (évidemment associées à la mort...) avec toujours cette perspective qui se maintient du réveil de sa mère qui l'en libérerait : "dans l'attente d'un long éveil qui n'est jamais venu"... Une espérance naïve, certes, mais une belle espérance néanmoins.

Par rapport à l'écriture, je trouve notamment fort bien maîtrisés ces multiples passages d'un point de vue à l'autre, entre présent et passé, entre femme et enfant. J'aurais néanmoins préféré que ces passages se marquent un peu plus, avec l'usage d'une police spéciale ou de l'italique par exemple. En l'état, il n'est pas toujours aisé de garder le fil. Surtout que ces deux points de vue ont tendance à se superposer ci et là, l'un prenant immédiatement le relais de l'autre, etc. Ce qui, en soi, n'est évidemment pas une mauvaise chose, bien au contraire, mais je trouve juste qu'on ne sait parfois plus trop bien où on en est.

Sinon, comme je l'ai dit, je trouve cet aspect du texte parfaitement maîtrisé. Notamment grâce à cette continuité qui fait qu'il n'y a pas de véritable rupture en les deux points de vue. Mais aussi par le langage utilisé à chaque fois, qui suit également les changements de narratrice, avec quelques expressions enfantines, par exemple, très crédibles à mon avis. J'ai beaucoup aimé. Je crois d'ailleurs que c'est là que réside toute l'originalité de ce récit, et une bonne part de son émotion également.

Car sinon, il faut bien le dire, l'histoire en elle-même ne présente rien de bien original. Une histoire de deuil toute simple, à laquelle viennent se mêler regrets et souvenirs plus heureux. Mais, à nouveau, la présentation de cette histoire universelle n'en est pas moins très efficace, de par cette régression assez radicale de la narratrice à l'enfance, assimilant par là son deuil au deuil d'un enfant qui aurait perdu sa mère, mais sans pathos pour autant. Au contraire, je trouve qu'il y a, malgré cela, une belle retenue, beaucoup de pudeur, sans aucune démonstration trop expansive de sentiments. Ce qui, je pense, rend ce texte encore plus touchant.

Bref, j'ai globalement bien aimé. Une histoire toute simple mais qui a ce petit quelque chose qui permet aux histoires simples de devenir de belles histoires. C'est réussi selon moi.

   brabant   
22/5/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour Placebo,


J'avoue que je n'ai pas compris grand-chose à force de présents et de flash-back. Ce texte m'a été un véritable puzzle dont j'ai dû poser et reposer les pièces pour tenter de m'y retrouver, multiplier les va-et-vient et les relectures.

ça démarre sur la nuit. Pourquoi la nuit en général et pas la nuit en particulier (vécue par cette enfant) ? Qu'on aime puis qu'on n'aime plus.
ça se poursuit sur l'Homme qu'on n'aime pas.
puis sur un enterrement en blanc... un couple qui n'a pas fonctionné... le pipi au lit... des monstres... mamie... un jeu de mots ? (maîtresse d'école/maîtresse)... un divorce... le méchant Pierre et un koala comme doudou (qui protège puis qui ne protège plus, se fait voler) et une Barbie fragile... maman qui protège... qui permet que l'on se blottisse puis qui ne permet plus (en quoi les seins sont-ils gênants dans une relation mère//fille ?)... Le lecteur essaye de tricoter tout cela et dans une certaine mesure cela se tricote.

Et puis, brusquement, rien ne va plus ; en quelques lignes on détricote tout ce qui avait été patiemment tricoté : on grandit avec tout ce que cela comporte ou est supposé comporter et on s'en va, pis, on rompt dans l'espace et dans le temps. Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? La simple émancipation de quelqu'un qui est par ailleurs bien incapable de s'émanciper (je crois que surtout là que le bât blesse) ? Pourquoi une telle rupture dans tous les sens du terme et toutes les directions du récit ?

La fin me semble tronquée.


Reste le lien de la peau... et ça j'aime.

   Napthaline   
23/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte très émouvant. Je ne sais pas quel est le poème de départ, je le chercherai plus tard, peu importe. Une écriture simple, dépouillée, des mots d'enfant, d'une enfant qui a grandi, qui s'est détachée de sa mère, et qui se retrouve douloureusement confrontée à sa disparition. J'aime l'évocation de cette enfance dépeinte par petites touches, à travers quelques souvenirs, car c'est bien comme cela que l'on se rappelle son enfance. Le rapport très charnel entre la petite fille et sa mère est très fort également. (attention à l'accord "je me suis collé encore plus", alors que tout le reste laisse à penser qu'il s'agit d'une fille). Bref, un joli texte plein d'émotion que je reviendrai lire.

   AntoineJ   
25/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
je suis très partagé.
d'un côté c'est beau et émouvant, magnifiquement écrit, entre rêves / cauchemars et réalité / fragilité, plein d'une poésie "cachée"
d'un autre, on effleure seulement les choses, on passe du coq à l'âne, on ne sait pas / plus qui est qui

Bref, c'est un récit riche et plaisant mais dont la ligne de "base" devrait être plus présente. Là, le lecteur passe trop de temps à chercher à comprendre alors qu'il devrait pouvoir se laisser porter. Et du coup, au lieu d'être intéresser par l'histoire elle même, il attend plus des explications qu'autre chose ...

   bulle   
25/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le titre m'a attirée.

L'entame plante le décor, met en place l'atmosphère. Un bonus pour entrée en matière.

En début de lecture, j'ai accroché à certaine formule ("éclairés de plus d'ombres que de lumières"), et puis, je me suis laissée prendre dans les lignes, jusqu'à saisir le parler d'un enfant.
(On est toujours enfant, face à ses parents, même si on a atteint un âge adulte... jusqu'à ce que se produise l'inversion, évoquée, sur la fin).

J'aime la construction de l'ensemble qui emmêle le passé et le présent. Ce passé et ce présent forment un bloc ; l'esprit troublé, recherche/retrouve (peut-être) ses repères.
Un travelling qui passe de la "coque" à "l'âme".

Et puis il y a cette douceur qui masque un tant soit peu quelque violence, en filigrane. Des regrets, des remords, une sorte de perdition, de manquement, de sensations autant définissables que confuses.

C'est là, pour moi, la réussite de l'ensemble : la fusion-confusion du passé/présent sans distinction, pour mettre en avant l'état d'âme et d'esprit de la narratrice. La vie qui défile.

Le phrasé est tout simple, parfois poétique, touchant de bout en bout.

J'ai beaucoup apprécié.

   Margone_Muse   
28/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien
L'écriture est simple, tu n'en fais pas des tonnes, j'ai apprécié. Encore une fois, tu chausses à nouveau très bien les chaussons d'un enfant. Le passage sur les différents types de monstres, terminé par c'est fatiguant de se battre contre les monstres est touchant, d'autant qu'on se met très facilement à niveau du narrateur (en l'occurrence, une enfant jeune). Pareil juste après, avec la phrase sur la lumière, terminée par pourquoi on a des lampes alors ?. J'ai souri comme si j'aurais souri à mon filleul. Mais il n'y a pas que dans les réflexions, c'est aussi dans les sensations que tu as cette aisance à écrire des paroles d'enfants : la chaleur, la protection de la mère, etc.
Bref, ce côté là de la nouvelle est très réussi je trouve.

Pour le reste, d'un point de vue global, j'ai tout bien compris mais quelques transitions auraient été les bienvenues. Ici, on baigne dans une atmosphère assez plaisante et je n'ai pas forcément apprécié être bousculée au saut d'un souvenir à un autre ou au présent. Mais bon, c'était parfaitement "suivable".

Et je t'ai trouvé ici plutôt posé. Il y a une succession de choses, non chronologique, c'est vrai, mais on sent que t'as quand même une ligne directrice et que tu t'y tiens. Ca ne part pas en live (sauf peut être pour le rêve ou j'ai l'impression que tu t'es un peu lâché avec le koala géant et les nids d'oiseaux sur les nuages - et justement, c'est, je crois, le passage que j'aime le moins : trop détaillé alors que les autres (pipi au lit, monstres, couette chez Maman) sont des souvenirs d'ordre général, je ne sais pas si c'était pertinent même si ça crée une bonne cassure avec la suite juste après).

Tu arrives à esquisser une relation mère fille et sa succession de sentiments avec délicatesse et justesse. C'est vraiment pas mal comme texte, bravo.

Mm

   placebo   
28/5/2012
Le texte d'origine, dans le cadre du défi, est celui de Cyclid, Par celle.

Le forum d'explication et de remerciements est ici.


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