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Fantastique/Merveilleux
Sidoine : Le Chien Bleu
 Publié le 26/07/13  -  16 commentaires  -  2892 caractères  -  322 lectures    Autres textes du même auteur

Petit conte.


Le Chien Bleu


La plage brillait doucement dans le crépuscule, tandis que les vagues, une à une, en rythme lent, venaient briser leur écume légère sur le sable. Samuel, le cœur lourd, regardait l’horizon désespérément vide, où seuls quelques nuages, épars, tissaient des flaques de couleurs orangées. Le Chien Bleu ne viendrait-il donc jamais ? On racontait pourtant, dans le village, qu’il apparaissait dans les moments de grande souffrance, quand les sanglots percent les yeux, quand la tristesse pétrit la peau de larmes. Alors, il arrivait sur la mer, énorme, les poils ruisselant de mousse, d’algues, et de sel, pour emmener la douleur dans son île, la soigner, la panser, jusqu’à ce qu’elle s’efface et que son porteur, inondé de bien-être, puisse regagner le rivage.


Mais depuis des jours que Samuel se rendait ici, les flots restaient déserts ; le Chien Bleu n’était peut-être qu’un mythe, et tout le monde lui avait menti. Car n’était-il pas vraiment malheureux ? À la maison, ses parents se disputaient constamment ; les cris résonnaient sur les murs comme autant de coups de fusil, l’empêchant de dormir la nuit, envahissant son esprit durant la journée lorsque, derrière sa table d’écolier, il essayait de suivre avec peine ce que disait la maîtresse. Un bateau déchira soudain l’onde haletante, le faisant frissonner. L’obscurité était désormais complète. La petite fille qui, depuis tout à l’heure, jouait au loin, se rapprocha de lui.


– Tu attends le Chien Bleu ?

– Le Chien Bleu n’existe pas ! répondit Samuel, rageur.

– Moi je l’ai vu !


D’un coup sec, il lui jeta au visage une poignée de sable, avant de partir en courant sur la rive. Atrocement, le vent lui sifflait dans les oreilles, picotant désagréablement ses joues, son cou, son corps d’enfant ; le regard porté droit devant lui, il n’entendait plus que cette musique affreuse, râlante et rugissante, lui broyant les membres et grisant son désespoir. Mais, alors qu’il courait ainsi pendant un temps qui lui semblait des heures, il trébucha sur quelque chose de mou, de visqueux, qui le fit tomber à la renverse. C’était un gros poisson, échoué près d’un rocher, ouvrant et fermant la bouche, vainement, en solitaire agonisant.


– Je meurs ! dit le poisson.


Samuel se sentit paniquer.


– Veux-tu de l’eau ? Veux-tu que je te ramène à la mer ?

– C’est trop tard ! La tête me tourne… tout disparaît.

– Non ! Il n’est pas trop tard ! s’écria Samuel.


Et, le plus rapidement qu’il put, il l’aspergea d’eau ; mais le poisson s’immobilisait ; ses prunelles, de plus en plus fixes, se dirigeant vers la lumière glaciale des étoiles.


– Le Chien Bleu ! hurla alors Samuel. Le Chien Bleu va venir !


Un vertige le saisit, avant qu’il ne tombe, sur le sol, à demi évanoui. Quand il revint à lui, le poisson n’était plus là, et la constellation du Chien, au-dessus de sa tête, étincelait de mille feux.


 
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   Anonyme   
12/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Une histoire étrange, où le fantastique est nié et en même temps quotidien, bien présent. Je n'ai pas bien perçu les enjeux du texte, je ne sais pas si l'enfant verra sa peine un peu allégée ni s'il reverra la petite fille à qui il a jeté du sable, mais ce n'est pas grave, il y a une ambiance, la dureté de la vie qui offre ou non une échappatoire...

Au final, j'ai bien aimé, ce texte m'interpelle, me pose des questions sans y répondre. Par exemple : est-ce grâce au petit garçon que le Chien Bleu est venu sauver le poisson ? A-t-il ainsi cédé sa chance pour sauver une autre créature plus mal en point que lui ?

   jaimme   
20/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Sommes-nous tous le Chien Bleu de quelqu'un d'autre? La canicule y est-elle pour quelque chose?
Sommes-nous tous le jeteur de sable au visage de quelqu'un d'autre?
Cette petite nouvelle, ce conte dur comme l'enfance, m'a jeté au visage des questions. Réussi donc.
Merci!

   Anonyme   
26/7/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Désolé, Sidoine, le grand enfant que je suis n’a absolument rien compris à votre histoire :

- Pourquoi l’enfant s’appelle-t-il Samuel ?
- Pourquoi un chien ? J’essaie d’opter pour l’idée que c’est un animal qui rapporte ce qu’on lui jette (ici, nos malheurs)
- Pourquoi bleu ? Pour qu’on ne le voie pas arriver, qu’il se confonde avec la mer ?
- Pourquoi est-il énorme ? Pour pouvoir emporter dans sa gueule un gros paquet de malheurs ?
- Pourquoi est-il décrit dans un presque état de fureur apocalyptique : « Alors, il arrivait sur la mer, énorme, les poils ruisselant de mousse, d’algues, et de sel » ?
N’effraie-t-il pas les enfants plus qu’il ne les console ?
- Qui est cette petite fille ? Parce que si elle ne joue aucun rôle je ne vois pas l’intérêt de la mettre dans le cadre. Etait-elle le chien bleu de Samuel, déguisé avec des nattes et un cerf-volant ?
- Je suppose que le poisson est parti avec le Chien bleu. Ce qui établirait une hiérarchie dans les interventions de celui-ci. « Pauvre petit Samuel, t’es pas assez dans la mouise pour avoir besoin d’un balèze comme moi ! Allez, baves-en encore un peu et je verrai si je te prends sur mon dos ! »
- ou alors Samuel se retrouve au paradis : « Quand il revint à lui, le poisson n’était plus là, et la constellation du Chien, au-dessus de sa tête, étincelait de mille feux. » après avoir sauvé un plus malheureux que lui. Samuel est alors le chien bleu du poisson, et par son geste il a gagné la constellation des brancardiers.
- Ou alors le poisson est le chien bleu de Samuel.
- Ou alors nous sommes tous des chiens bleus, et le conte devient politiquement très correct.

Pour vous, tout est sûrement très clair, mais pour moi, garnement attardé, votre chien bleu n’aboie pas assez. J’ai besoin de quelques grains de sable pour reconnaître la plage.

Question style, dès la première phrase, les vagues, le rythme lent, l’écume légère sur le sable, m’ont fait craindre le pire. J’avais bien raison puisque suit « les sanglots percent les yeux, quand la tristesse pétrit la peau de larmes. » Heureusement, la suite décroche de cette préciosité inutile et barbante, sauf peut-être le « veux-tu de l’eau ? » qui dans la bouche d’un enfant ne doit plus guère s’entendre qu’à la maternelle des Chartreux.

Cordialement
Ludi

   brabant   
26/7/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Sidoine,


Ah j'ai marché ! J'ai marché à fond !...

D'abord c'est poétique, poétiquement bien écrit. Calculé, pesé, mesuré, sans un mot de trop mais un mot trop court non plus. L'incipit "Petit conte" ne rend pas justice à votre texte.

Et puis pas de fin bancale ici, ni acrobatique comme c'est l'usage dans ce genre de récits où on nous demande de prendre des vessies pour des lanternes, pas de fin tarabiscotée qui pourrait donner lieu à discussion, récriminations... Non ! Une fin lumineuse comme une étoile, une nuée d'étoiles. Ce chien qui était là, qui se confondait avec la mer, qui regardait le petit garçon du haut de sa Constellation, qui se mire dans la mer dans une myriade de scintillements. Ce chien ubiquitaire ! Oh que oui c'est adroit ! Adroit ? Non... Magique !

Comme il convient !

Le Fantastique/Merveilleux enfin illustré comme je l'aime !


:))))))))))))


Bon... vais me cuisiner ce poisson moi maintenant, le dites pas au petit garçon hein ! C'était un ange de mer ! Faut bien que je le croque pour que Sam croit que le Chien Bleu l'a ramené dans la mer...

Lol

   Robot   
26/7/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Sidoine,
Je crois que pour apprécier un conte il faut avoir su garder un regard de l’enfance. Prendre l’histoire sans se poser des questions d’adultes. Je me moque de savoir qui est la petite fille ni à quoi elle ressemble. Il m’a suffit qu’elle soit là. Je n’ai pas besoin qu’on me fournisse la généalogie du petit chaperon rouge pour comprendre le conte. Ni qu’on m’explique que Barbe-Bleue représentait l’image d’un prédateur sexuel de l’époque.
Je suis comme votre petit garçon : D’emblée j’ai décidé d’y croire. C’est comme pour le chien. Il fait peur, mais il attire aussi tel le loup de mère-grand. Faut-il absolument être beau pour être bon ? Je ne pense pas et c’est aussi un aspect qui m’a plu. Et puis nous sommes souvent placé devant la contradiction qui tout en reprochant les diversions qui alourdissent les textes réclame en sus qu’on y ajoute toutes les explications que nous devrions trouver en nous mêmes. J’aime aussi qu’on ne me dise pas tout, qu’on fasse appel à mon propre imaginaire.
Savez-vous quelle question m’effleure à la fin de votre histoire : Nous les adultes d’aujourd’hui sommes nous capable d’agir de telle sorte qu’un enfant puisse encore croire, dans notre société ou le matériel semble l’emporter sur la vertu, qu’il puisse exister un chien bleu. Que plus tard cet enfant devenu adulte possède les atouts pour devenir ce chien bleu qui essaiera de remédier à certaines laideurs du monde que nous lui laissons. Mais là je passe du conte à la fable.

   Pepito   
26/7/2013
Forme : un début très bon, avec de belles images, puis un " Mais, alors qu’il courait ainsi pendant un temps qui lui semblait des heures" un rien malheureux.

Fond : "musique affreuse, ..., lui broyant les membres". ouaip...hmmm...
Le Chien Bleu, je voyais déjà un viking grand et fort, un peu un pote à blue tooth, un quel que chose de magique ou d'imaginaire...
Mais non, une constellation, celle du Chien (lequel, le petit ou le grand ?) venant après la constellation du Poisson, je suppose...
Le tout vu par un enfant...

Une petite fille sortie de nulle part qui se fait sabler les yeux ?!

J'avoue ne pas tout avoir saisi, mais la lecture n'était pas désagréable.

Bonne continuation

Pepito

   macaron   
26/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Il y a toujours plus malheureux que soi. La douleur s'en va bien plus vite dans l'action que dans la comtemplation. Voilà ce que j'ai retenu, quant au chien bleu...

   Acratopege   
26/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Votre texte énigmatique se lit d'un souffle. J'ai bien aimé ne pas saisir clairement le propos, mais me trouver d'emblée sur la plage avec votre protagoniste. Votre style est délicat, rythmé comme les vagues de la mer. Vos images sont parfois à la limite du cliché (inondé de bien-être, lumière glaciale des étoiles...) mais elles ne la dépassent jamais, ce qui donne à votre texte une fluidité, une simplicité bienvenues. Je vous ferais un seul reproche: votre conte est trop court, on n'a pas le temps de s'y plonger que c'est déjà fini, et c'est dommage.

   fugace   
28/7/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Sidoine,
Tout comme Robot, j'ai trouvé votre conte magique. Il faut effectivement avoir gardé une âme d'enfant pour croire à l'incroyable, espérer encore et toujours, oser des connexions improbables, folles.
Les prunelles du poisson se dirigeant vers la lumière des étoiles révèlent l'arrivée du Chien Bleu.
Mais nos enfants d'aujourd'hui, rationalisés à fond par le virtuel, ont-ils encore suffisamment de fraîcheur pour adhérer à un conte tel que celui-ci, sans prononcer de verdict "destructeur"?
Ma petite fille de 9 ans m'a dit de façon très carrée en fin de lecture:"Mamie, t'es bête, c'est idiot ton truc!".
Je ne veux surtout pas apprendre à jouer avec ses "tablettes"!
Alors, laissez-moi continuer à être bête, à aimer les choses idiotes et regarder les étoiles.
Merci Sidoine pour cette pure poésie, quelle magie, quelle beauté.

   Anonyme   
28/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'aime beaucoup, cependant l'adéquation entre le mythe du Chien et sa réalité stellaire me semble insuffisante, surtout s'il est précisé qu'il a des poils. Il semblerait que la souffrance du poisson mérite l'intervention du Chien, qui ne se déplace pas pour Samuel. En même temps, on peut croire que la compassion de Samuel pour le poisson déclenche la venue du Chien. On peut penser aussi que le poisson se transforme en ce qu'il est, le Chien, à condition qu'on lui porte secours. Pourquoi Samuel perd-il connaissance où moment où l'épiphanie doit apparaître radicalement ?

D'après moi, l'idée est bonne mais le texte n'est pas clair. On dirait une version intermédiaire, non encore décantée. Le style est intéressant, mais pas forcément adapté, trop détaillé.

   Anonyme   
29/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Sidoine,
je trouve ton texte original. Je me pose aussi des questions sur la relation chien bleu et constellation, évanouissement de l'enfant... Mais je me dis que c'est ce que tu souhaites afin que chacun s'identifie à l'enfant ou en tout cas s'y forge ses propres interprétation. C'était une lecture agréable.
Fateata

   Rainbow   
29/7/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour Sidoine !

Votre nouvelle est plaisante, le style travaillé et agréable à lire, avec une pointe de poésie qui sied parfaitement au texte.

Mais... Parce que oui, il y en a un ! Je ne comprends absolument pas le sens de l'histoire. Puis un gros point noir à mon sens, c'est que votre nouvelle (me) donne l'impression de ne pas être fini. Comme si vous nous aviez balancé là un extrait de nouvelle, un prémisse. Je reste sur ma faim, et cela est très perturbant. Ce qui me fait dire que j'aurais plus vu votre texte comme un poème en prose que comme une nouvelle.

Voilà donc, votre écriture n'est pas remise en cause (très loin de là), mais ce gout d'inachevé sur la langue m'a gâché la lecture !

Bonne continuation :)

   Lobia   
11/8/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
voilà pourquoi je ne lis pas de "poésie", en fait elle se cache partout, la preuve !
très belle histoire, très courte mais le personnage et la situation sont tout de suite posés, pas la peine de développer pendant des heures.
je me suis laissée porter par cette vision d'enfant qui cherche dans ce monde un peu de magie pour garder son insouciance, l'aider à passer les épreuves.
dommage que l'on oublie tout ça en grandissant !
très joli moment de lecture.

   AntoineJ   
15/8/2013
trois lectures possibles
en tant que poésie un peu déjantée c'est très bien ! on se laisse prendre au jeu
en tant que nouvelle, bon, j'ai rien compris. Enfin, j'ai compris les mots et les phrases, mais le sens général m'échappe
en tant que conte, ben, je ne vois pas : ou est le schéma, la moral, l'élan ...

Bref ... du talent, des idées, de la force, ... reste à savoir ce que vous avez voulu faire .... ne le sachant pas, je me range du côté de ceux qui ne mettent pas d'appreciation notée ...

   MariCe   
28/8/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une histoire courte et qui déjà m'interpelle ; le fantastique se mélange aux affres du quotidien ; l'imaginaire de l'enfant côtoie les tourments face aux disputes de ses parents.
Des questions restent en suspens : comment le poisson a-t-il regagné la mer par exemple ? Mais je pense qu'elles rehaussent la qualité de votre texte. J'aime. Merci Sidoine.

   Asrya   
24/8/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un conte bien écrit. Je me suis laissé absorber.
Un récit où l'on se demande ce que la fin va nous apporter.
Alors l'imaginaire prend le dessus et l'on suppose, l'on émet des hypothèses en essayant de deviner la fin.

Qu'est-ce que chien bleu ? Existe-il réellement ?

J'aurais espérer que oui ; au final, je ne le sais pas réellement.
Je n'ai pas du saisir la totalité du conte et ne suis probablement pas en mesure d'apprécier la qualité du travail dans son ensemble.

Je n'ai pas compris le rôle du poisson dans cette histoire, ni vraiment celui de la petite fille.
Samuel devient-il suffisamment malheureux en apercevant le poisson pour que le Chien Bleu apparaisse ? Cela signifie-t-il que les malheurs de la vie ne sont en réalité rien face à la fatalité ?

Je ne sais pas... cela me laisse perplexe.

Le texte est malgré tout bien écrit, vivant, dynamique et la lecture est agréable.

Merci pour ce conte,

Asrya.


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