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Poésie en prose
Annick : Un petit métier de la mer : le lisseur de vagues
 Publié le 24/02/20  -  19 commentaires  -  1642 caractères  -  257 lectures    Autres textes du même auteur

Il faut parfois oser rétablir la vérité.


Un petit métier de la mer : le lisseur de vagues



Le lisseur de vagues est un intermittent du spectacle, un artiste qui intervient souvent à la pleine lune ou quand les marées d’équinoxe laissent grossir à vue d’œil le ventre de la mer : il prend son baluchon et tout son attirail de professionnel lorsqu’il fait un vent à décorner les requins.
À l’intérieur de son sac tissé de cordes, une spatule en corail pour aplanir les vagues, un filet diaphane tricoté en fil de bave de baleine pour éviter que les lames récemment lissées ne pointent à nouveau leur langue blanche vers le ciel. Les résidus d'écume qui volettent et se posent délicatement comme des bulles sur le dos moiré des poissons sauteurs sont éparpillés puis aspirés par un petit tuyau nageur très efficace, dévoreur de billes vaporeuses et de gouttelettes éparses.
Si vous observez la mer quand il est à l’œuvre, vous la verrez se calmer peu à peu, s'aplatir comme une bête soumise, tendre, voluptueuse, caressante. Les crêtes échevelées sont alors doucement disciplinées en un clapotis murmurant pendant que les impétueuses rafales d'une armée en déroute s'en vont décoiffer d'autres océans, vers d'autres cieux. Les ténébreux nuages sont poussés par un front têtu, roulés en boule, glissés vivement dans un coin de ciel bleu pour être déployés beaucoup plus loin, dans ces pays de typhons avaleurs de bêtes et de gens. Les utopistes pensent, la plupart du temps, que la mer s’apaise lorsque le vent se calme. Maintenant, vous êtes dans le secret. Si les eaux de la planète offrent une vision plane, c’est que d’innombrables lisseurs de vagues sont à pied d’œuvre à chaque fois que l’océan s’enfle et gronde.


 
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   VictorO   
13/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un joli défi d'écriture : inventer un métier imaginaire. Cela est fait méticuleusement, avec beaucoup de détails et d'imagination. On savoure cette description de cet artisan-artiste, on ne peut plus réaliste en apparence, ponctué de nombreuses touches poétiques : une spatule en corail pour aplanir les vagues, un filet diaphane tricoté en fil de bave de baleine, etc.
Cela est convaincant et on se prête au jeu. L'auteur, tel le lisseur de vagues, a produit un beau travail : sérieux et audacieux.

   Pouet   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bjr,

très belle idée poétiquement décalée que ce lisseur de vagues!

Ce dompteur d'écume est vraiment très convaincant.

Le côté "technique" est très bien vu, on s'y croirait. D'ailleurs on s'y croit, je ne suis pas un utopiste.

L'imagination est au rendez-vous!

Bravo!

   Anonyme   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Annick,

Mais la Terre est plate, bien sûr, c'est pour mieux aider le lisseur de vagues...

J'ai lu cette prose comme un conte pour enfants. Pleine d'imagination et de poésie, elle a presque éveillé une vocation pour quand je serai plus grande.

C'est original en diable, et que dire du "filet diaphane tricoté en fil de bave de baleine " parmi tant d'autres jolies perles...

Merci pour l'instant poésie.


Cat

   Alfin   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Annick
Très beau compte poétique. Assurément !
la phrase la plus créative pour moi est :
"Les résidus d'écume qui volettent et se posent délicatement comme des bulles sur le dos moiré des poissons sauteurs sont éparpillés puis aspirés par un petit tuyau nageur très efficace, dévoreur de billes vaporeuses et de gouttelettes éparses."
Bravo pour votre folie douce qui caresse notre imaginaire

Merci et à très bientôt !

Alfin (apaisé par un lisseur)

   papipoete   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Annick
il est un métier peu connu, surtout qu'il s'exerce la nuit, quand les seuls badauds à le voir en oeuvre, sont le Lune et les étoiles... Un peu comme les hommes en vert, qui nettoient les cochonneries des humains du jour ! Oh, la Mer n'est pas salisseuse, mais il faut quand-même faire un peu de ménage, quand elle vient d'avoir ses humeurs, et que sa surface fait quelque peu négligé...alors interviennent les " lisseurs de vague ", si, si, ne vous couchez pas une nuit de déluge ! et vous les verrez faire et refaire ce geste : lisser la vague, si, si !
NB comme c'est joli ; y'en a même qui n'y croiront pas, et pourtant, à fermer les yeux sur cette délicieuse prose, je l'ai bien vu, moi cet intermittent lisser, s'appliquer et retirer les bulles rétives avec son aspirateur !
J'aurais aimé chère poétesse, qu'à mon chevet ces 3 nuits dernières, vous vous assoyiez près de moi, et me lisant ce conte, m'aidiez à retrouver le sommeil ( 2 nuits blanches non-stop )
Tout est si tendrement écrit... en voilà un métier sympathique ! existe-t-il des sirènes sachant lisser les vagues ?

   Alexan   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’adore ! j’ai l’impression d’y être, sous la lune « quand les marées d’équinoxe laissent grossir à vue d’œil le ventre de la mer » !
Belle imagination. Un joli conte poétique ou le merveilleux se mêle à la tendresse cocasse, et qui m’a fait rêver pendant un petit moment de grâce.

   Anonyme   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette prose a tout d un joli conte etiologique. L idée du lisseur de vagues est originale et sa mise en poésie est très réussie : outils ou accessoires , effet produit sur la mer... cela me fait penser à un coiffeur pour ocean avec ses " crêtes échevelée " et ses " lames recemment lissées " . Metaphore filee avec délicatesse.
Merci pour ce partage aquatique.

   Anonyme   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Annick,

C'est très beau! Vous remettez au goût du jour des métiers oubliés, le progrès étant passé sur eux avec...ses gros sabots.
Tout se tient dans vos errances et forme conte.
Bravos!

   Gouelan   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Annick,
Ce lisseur de vagues semble tout droit sorti de l'imaginaire du Petit Prince.Il lisse les vagues comme un autre allumerait les réverbères. Il est bien équipé et efficace. Un artiste poète, fort bien décrit.
On s'évade. Les images sont légères, on y croit.
Merci pour ce secret d'écume et de vent.

   Cristale   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Aussi je me demandais qui pouvait mettre des coups de spatule pour aplanir tout ces remous. Heureusement que Annick est venue rétablir la vérité :)

J'irai, en catimini, un jour de tempête, pour voir à l'oeuvre l'un de ces "lisseurs de vagues" parce que je crois plus volontiers le témoignage poétique de la narratrice que les utopistes qui assurent que la mer se calme quand le vent s'apaise...ça, c'est n'importe quoi.

Une jolie, très jolie prose poétique, avec une palette de couleurs et une partition musicale comme je les aime.

Bravo et merci Annick
pour ce délicieux partage.

Cristale

   Davide   
24/2/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Annick,

Dans cette petite histoire, j'ai aimé la "volonté onirique" et la drôlesse assumée de l'écriture. La mise ne scène de cet artiste "intermittent du spectacle", coiffeur de vagues à ses heures (belle métaphore du métier de la coiffure), est truculente.

Etonnamment, j'ai trouvé dommage que le texte se contente de "décrire" - fort joliment, cela dit - son intervention en mer, les jours de forte houle. Appuyé par les apostrophes au lecteur, le ton monocorde de cette prose m'a fait penser à la voix off d'un documentaire animalier (un documentaire poétique, cela va sans dire ;)) Le parti pris d'une narration détaillée, voire "téléguidée", ne laisse que peu de place à mon imaginaire à moi !

Mais tout de même, j'ai bien apprécié - outre la superbe écriture - la simplicité tout enfantine de ce conte merveilleux ! Un beau partage, inspiré.

PS : Au fait, Annick, que pensent les surfeurs de ces "lisseurs de vagues" ? Débats houleux à l'horizon…

   poldutor   
25/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Annick

Un petit bijou de poésie, d'inventivité. Imaginer un métier inconnu et le rendre vraisemblable, c'était une gageure,vous avez relevé le défi et réussi. Nouvelle très originale.
Je sais maintenant pourquoi les flots se calment et la mer devient étale: le lisseur de vagues est passé par là.
Bravo.
Cordialement.
poldutor

   Pepito   
25/2/2020
Coucou Annick,

Pour une fois que tu écris de la poésie lisible (sic) il faut vite que je me précipite. ^^

Et j'ai appris plein de chose : “un vent à décorner les requins”... tss, tss, alors comme ça, madame requin, aussi ?
“ tissé de cordes”... m’a surpris, mais “cordes tissées” doit faire moins poétique je suppose.
“poussés par un front têtu”... beaucoup aimé l'image.

C'est mimi tout plein et très agréable à lire. Une branche du prolétariat marin qui gagne à être connu. D'ailleurs, devant l'ampleur du boulot, me vient une question : Pourquoi “ petit” métier de la mer ? ^^

   Vincente   
25/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Rencontre entre un conte et une poésie.
La prose offre parfois ce mariage fantastique où tout se redessine à l'encre improbable, les tenants et aboutissants qui semblaient se tenir partent à vau-l'eau, et découlent une pensée pleine… de charme et d'ingéniosité.

Dans ce poème, ce petit métier oublié. D'une mise en œuvre si discrète, si modeste que l'idée même de son existence pourrait paraître utopique. Et pourtant il existe. Ici sous la plume convaincante d'un regardeur voyant comme s'il y était, il se raconte dans une évidence. L'on suit alors sans compter son récit qui s'étend et ondule en phrases longues, longues comme une grande houle apaisée.

Outre cette détermination du narrateur à partager cette découverte, j'ai particulièrement aimé ces deux passages :

Celui-ci pour son inspiration inouïe, " un filet diaphane tricoté en fil de bave de baleine pour éviter que les lames récemment lissées ne pointent à nouveau leur langue blanche vers le ciel. "

Et celui-là pour le retournement de situation qu'il déclare,
" Les utopistes pensent, la plupart du temps, que la mer s’apaise lorsque le vent se calme. ". Charmant !

La posture de l'auteur m'est apparue très sympathique par sa modestie mais aussi et surtout par son phrasé passionné, comme celui d'un jeune rêveur qui raconte ce qu'il "sait" d'une réalité, en se souciant du coup assez peu du formel dans son récit. La prose ainsi délivrée, débridée même, à plus d'un titre, est un choix tout à fait à propos.

Ah justement, le titre, oui. Je pense qu'il aurait été plus bénéfique de choisir sa première expression et de s'en contenter, "Un petit métier de la mer" puisque les deux premiers mots ensuite sont "Le lisseur de vagues". La "magie" aurait pu profiter de cette non-dénonciation anticipatrice du sujet, un peu du mystère de l'insolite dévoilement aurait pu se découvrir plus progressivement alors, car peu confirme dans les premières phrases que le sujet sera exclusivement ce "lisseur de vagues".

   Raoul   
26/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Un vrai regard poétique ; c'est vrai qu'on ne connaît pas tous ces petits métiers qui façonnent les beautés du monde.
De vrais trouvailles, un rythme de lecture particulier, une composition complexe loin du sujet, verbe, complément qui a tendance à tout envahir.
C'est visuel, mais pas que, et on ne tombe pas dans la candeur ravie. Juste un "en" -première phrase/paragraphe deux- qui m'a gêné (mais qui se comprend, voire se justifie, à la lecture de la fin de phrase), le titre aurait peut-être gagné à être plus ramassé, aussi.
C'est un bon moment de lecture auquel nous convie l'auteur ; j'attends, pour ma part des éclaircissements sur d'autres petits métiers méconnus.
Merci beaucoup pour cette lecture pendant laquelle le tps. s'est suspendu.

   jfmoods   
28/2/2020
Commenter un poème, c'est s'interroger sur la distance qui sépare notre perception première du monde et la charge d'étrangeté, de trouble, de nouveauté que véhicule le texte.

Le spectacle proposé ici est une fantasmagorie où, ainsi que deux frères siamois, le féérique et l'héroïque se donnent la main.

Ainsi, la beauté sans pareille de la nature fait-elle éclore la douce et merveilleuse fleur du poème...

Merci pour ce partage !

   STEPHANIE90   
28/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Annick,

une bien jolie prose pour poétiser ce lisseur de vague. Lorsque je verrais l'océan, j'aurai maintenant une pensée ému pour votre conte.

J'ai beaucoup aimé "un vent à décorner les requins"
et " Si les eaux de la planète offrent une vision plane, c’est que d’innombrables lisseurs de vagues sont à pied d’œuvre à chaque fois que l’océan s’enfle et gronde." qui donne tout "son" sens à cette poésie.

Un grand merci pour ce voyage avec le lisseur de vague,
Stéphanie

   Annick   
1/3/2020

   Lariviere   
5/3/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Fantaisie, rêve et poésie... ainsi qu'une écriture posée et maîtrisée qui "surfe" avec magnificience (au minimum) sur le thème et les différents registres de vocabulaire et de sens, pour aboutir à un texte tout aussi agréable à lire, que malicieux à interpréter.

Il y avait "les gouverneurs de la rosée" de l'écrivain haïtien Jacques Roumain, il y a maintenant "le lisseur de vague".

Toute cette vie, biologique, élémentaire (au sens des éléments), océane, humaine, et poétique se mélange allègrement et comme disait maître Panisse, la mayonnaise prend !...

Une vraie réussite, sur fond et forme (marine) et un vrai plaisir de lecture pour moi !


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