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Poésie contemporaine
BeL13ver : Angoisses d'un poète
 Publié le 10/04/17  -  14 commentaires  -  2453 caractères  -  236 lectures    Autres textes du même auteur

Quand on veut atteindre les sommets de l'art, on passe régulièrement par des bas.
Illustration en vers.


Angoisses d'un poète



Me viendras-tu un jour, ô tendre mélodie ?
De ces sublimes vers odieuse parodie,
En viendras-tu, ô plume, à dédaigner ma main ?
Quand je fais de mes vers le conscient examen
Vois-je ce doux murmure aux oreilles, si tendre,
Que dès l’enfance on l’aime avant que de l’entendre ?
La justesse des mots succombe au vieux poison
Déposé sur ma feuille écorchée sans raison.
Minée par mes échecs, compagnons d’infortune,
Ma Muse se languit de ce qui m’importune :
Elle inspire à mon cœur ce que je n’écris pas
Et ma plume d’un trait provoque son trépas.
Mes sonnets ne sonnaient point assez ; mes ballades
N’avançaient qu’à tâtons et sans but ; mes tirades
Inspiraient à l’audience un paisible sommeil,
Et mes péripéties maintenaient en éveil
Ses ronflements béats ; de mes sots épigrammes
On riait à l’envi ; lorsqu’on créait mes drames,
Ma fierté avait chu dès le premier sifflet ;
Mes tragédies aux vers gauches et sans reflet
Faisaient fuir tout public, même de téméraires ;
Quant à mon art comique aux ficelles grossières,
Il n’était amusant qu’à son mauvais auteur.
Ma plume n’atteindra jamais cette hauteur
Que ma Muse désire. Ah ! plume ingrate, fourbe,
Qui traces un carré comme on trace une courbe !
Que ne brisé-je point cet objet mal taillé,
Par lequel mon talent ne fut que trop raillé ?
Mon inspiration meurt au toucher de ma plume ;
Oui, c’est un feu frisquet que la pendarde allume
Quand je gratte ma feuille ; et mon cœur épuisé
Se laisse conquérir par l’être méprisé ;
Et, sur ce papier froid, je trahis l’esthétique
Avec l’ingrate plume à la gauche pratique.
Ma Muse ne dit rien de ce méfait grossier
Et laisse, chaque soir, mon âme se vicier
Sous ces violents assauts. Ma plume déchaînée
A la force d’un arc, les airs d’une traînée.
Quand elle a corrompu mon cœur insatisfait,
Elle joue, dépravée, de mon esprit défait.
Las ! chaque soir, je meurs des coups de la traîtresse ;
Je la hais, je l’abhorre, et j’en fais ma maîtresse !
Quand elle a fait son temps, la coquine s’endort,
Cette inique catin me laisse comme mort.
Ô Muse ! Ô chère Muse, ô malheureuse femme,
Te mérité-je encor ? Que souffres-tu l’infâme ?
Car nos piètres destins aux airs déjà maudits
S’oublieront dès demain à l’ombre des taudis !


 
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   Anonyme   
24/3/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Des vers retrouvés dans un grenier, et datés de 1880, sans doute !

Du point de vue de la prosodie, strictement, cette pièce de vers est d'une égale qualité ; c'est d'un assez bon néo-classique : j'entends par là que l'auteur, d'évidence, connait suffisamment la manière de versifier classiquement pour en conserver les rigueurs qui l'avantagent, et y mêler des assouplissements dont son propos profite. Il a, en outre, le goût de la rime suffisante et riche.
Voilà ce qui déterminera l’aspect positif de mon évaluation.

Attention à la répétition : "ficelles grossières"/"pièges grossiers".

"Vois-je ce doux murmure aux oreilles, si tendre,"

Formule incorrecte : on entend, on écoute un murmure ; on ne le voit pas.

"Et mes péripéties maintenaient en éveil
Ses ronflements béats"

Autre bizarrerie : contradiction éveil/ronflement

Du point de vue du fond : les vers contiennent tant d’invocations désuètes (je compte cinq Ô !), de tournures surannées, de clins d’œil dépassés, qu'on finit par se demander où réside la sincérité de leur auteur (que j'imagine très jeune) : trop d'emphase, trop d'affectation ; pas grand chose de spontané, de "véritablement vrai", dans ce monologue.

A partir de la seconde moitié du texte ("Ah ! plume ingrate, fourbe,") jusqu'à la conclusion placée avec transparence sous le patronage de l'archétype du poète maudit, du Bohème du XIX ème s., jamais reconnu, condamné à expirer misérablement dans une mansarde sordide, façon Murger, les vers se gonflent d'une grandiloquence qui va crescendo, et qui fait sourire, en 2017.

L'auteur a de réelles possibilités, sans doute des facilités ; qu'il les exploite avec davantage de simplicité : sa Muse et son lectorat lui en seront reconnaissants.

A.

   Miguel   
24/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien ce talent à chanter l'absence de talent ; de beaux vers, de beaux rythmes, de belles images, un classique/moderne parfait. Mais ma compréhension se heurte aux deux derniers vers.

   Cox   
10/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Alors oui, c'est vrai, ça fait vraiment très très vieux jeu... Ceci dit, je ne pense pas que ça vaille la peine d'insister dessus puisqu'à mon avis tout le monde vous fera la remarque.

Cependant, le vers est bien manié. Il y a des passages qui m'ont vraiment plu :
"Mes sonnets ne sonnaient point assez ; mes ballades
N’avançaient qu’à tâtons et sans but ; mes tirades
Inspiraient à l’audience un paisible sommeil,"

J'ai également l'impression soit que vous êtes assez jeune, soit que c'est l'un de vos premiers poèmes. Je pense qu'on fait tous un peu cette erreur de la grandiloquence et du "too much" au début. Enfin, je peux pas dire; moi je la fais encore :)

Mais en dehors de ça, ce que je peux lire me donne l'impression que vous pouvez écrire des choses très intéressantes à l'avenir

   Anonyme   
10/4/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Un langage précieux (on aime ou pas) pour exprimer la détresse de ne pas être apprécié (quel que soit le domaine artistique). Ici le questionnement du poète.

"Je la hais, je l’abhorre, et j’en fais ma maîtresse !
Quand elle a fait son temps, la coquine s’endort,
Cette inique catin me laisse comme mort." original .

   Arielle   
10/4/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Ah les chicanes et les chamailleries de ce vieux couple muse-poète à coups de plume mouchetée ... Le sujet semble ne jamais être épuisé !
S'il faut bien un jour en passer par là, ne surtout pas s'y arrêter plus que de raison.
L'auteur semble être un fleurettiste plutôt habile, il ne lui reste plus qu'à nous convaincre avec d'autres armes un peu moins traditionnelles et plus originales.

"Mes sonnets ne sonnaient point assez ; mes ballades
N’avançaient qu’à tâtons et sans but ; mes tirades
Inspiraient à l’audience un paisible sommeil,
Et mes péripéties maintenaient en éveil
Ses ronflements béats ..."

Il y a là de jolies promesses

   Vincendix   
12/4/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte indigeste pour moi, beaucoup trop long, des vers sans respiration, et puis cette sorte d’autocritique est souvent teintée de narcissisme et c’est le cas ici, d'ailleurs le titre le confirme, avec angoisses au pluriel!
J’ai fait un effort pour aller jusqu’au dernier vers mais c’était la goutte d’ennui qui faisait déborder ma patience.

NB Je modifie ma note après lecture de votre texte mis en forme par Cristale, c'est tout de même plus digeste!

   TheDreamer   
10/4/2017
 a aimé ce texte 
Bien
La longueur en poésie est très souvent contre-productive. Beaucoup décrochent au-delà d'un nombre "raisonnable" de vers, qui varie d'un lecteur à l'autre. Bien souvent la limite se situe autour de 6 quatrains de rimes ou 24 vers et au fur et à mesure que le poème se déroule, l'auteur perd de plus en plus un auditoire dont la concentration se dilue. Ici, j'ai compté 48 vers, soit le double.

Personnellement, je n'écris jamais dans ce style "emphatique", mais, je peux comprendre que certains le fassent. Souvent, celui-ci permet de faire courir les vers mieux que ne le ferait tout autre style. Ici, le fond n'est pas aussi mauvais que certains le ressentent.

   jfmoods   
11/4/2017
Ce poème en alexandrins est composé de 48 vers à rimes suivies, suffisantes et riches, tour à tour féminines et masculines.

Le texte, intitulé "Angoisses d'un poète", se présente sous la forme d'un monologue de théâtre. Il s'inscrit, apparemment, dans un contexte tragique. Certains mots sont des incontournables du genre ("las !", "trépas") ; d'autres apparaissent comme des éléments marquants du monde racinien (adjectifs qualificatifs : "odieuse", "ingrate" x 2, "traîtresse", "infâme"). Cependant, une fois le texte lu, le lecteur n'éprouve aucune forme d'empathie pour le personnage. Bien au contraire. Ce qu'il éprouve, de manière assez paradoxale, c'est une forte envie de rire à gorge déployée. La réussite de ce poème tient à un décalage lié aux niveaux de langue employés et, par conséquent, aux publics visés. En effet, à ce sublime de façade vient s'amalgamer la trivialité de la comédie de Molière (adjectifs qualificatifs : "pendarde", "fourbe") et, plus généralement, du vaudeville (noms et groupes nominaux : "traînée", "dépravée", "inique catin"). La somme des échecs littéraires, par un jeu d'accumulations (poésie : "sonnets", "ballades", "épigrammes", balayage du spectre théâtral : "drames", "tragédie", "art comique"), en devient risible. L'élément le plus prégnant, celui qui structure le texte - remplaçant de manière grimaçante le dilemme tragique attendu - est la mise en scène particulièrement expressive (formes interrogatives, exclamatives, apostrophes, interjection : "Ah !", hyperboles : "tout public", "A la force d’un arc", "je meurs", "me laisse comme mort", présentatif : "c'est... que", antithèse : " Je la hais, je l’abhorre, et j’en fais ma maîtresse") d'un combat absurde qui opposerait, sur l'autel de l'inspiration, la muse et la plume, fertilité et stérilité.

Merci pour ce partage !

   BeL13ver   
11/4/2017

   papipoete   
11/4/2017
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Bel13ver,
Que cela est richement écrit, pour exprimer l'angoisse du poète, sa plume en l'air et le papier qui attend désespérément .
Mais justement, un florilège de belles phrases, de tournures savantes auraient mérité une forme plus noble, classique ou néo-classique tout au moins ! Je n'ose partir à la recherche de la " négligence " qui serait à l'origine de ce classement ; en effet, le sujet qui parle des hésitations du poète aurait dû freiner des quatre fers, pour le dompter et l'empêcher de s'étendre outre mesure !
Dommage pour moi qui ai du mal à vous suivre si longuement !

   Cristale   
11/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Me viendras-tu un jour, ô tendre mélodie ?
De ces sublimes vers odieuse parodie,
En viendras-tu, ô plume, à dédaigner ma main
Quand je fais de mes vers le conscient examen ?

Vois-je ce doux murmure aux oreilles, si tendre,
Que dès l’enfance on l’aime avant que de l’entendre ?
La justesse des mots succombe au vieux poison
Déposé sur ma feuille écorchée sans raison.

Minée par mes échecs, compagnons d’infortune,
Ma Muse se languit de ce qui m’importune :
Elle inspire à mon cœur ce que je n’écris pas
Et ma plume d’un trait provoque son trépas.

Mes sonnets ne sonnaient point assez ; mes ballades
N’avançaient qu’à tâtons et sans but ; mes tirades
Inspiraient à l’audience un paisible sommeil,
Et mes péripéties maintenaient en éveil

Ses ronflements béats ; de mes sots épigrammes
On riait à l’envi ; lorsqu’on créait mes drames,
Ma fierté avait chu dès le premier sifflet ;
Mes tragédies aux vers gauches et sans reflet

Faisaient fuir tout public, même de téméraires ;
Quant à mon art comique aux ficelles grossières,
Il n’était amusant qu’à son mauvais auteur.
Ma plume n’atteindra jamais cette hauteur

Que ma Muse désire. Ah ! plume ingrate, fourbe,
Qui traces un carré comme on trace une courbe !
Que ne brisé-je point cet objet mal taillé,
Par lequel mon talent ne fut que trop raillé ?

Mon inspiration meurt au toucher de ma plume ;
Oui, c’est un feu frisquet que la pendarde allume
Quand je gratte ma feuille ; et mon cœur épuisé
Se laisse conquérir par l’être méprisé ;

Et, sur ce papier froid, je trahis l’esthétique
Avec l’ingrate plume à la gauche pratique.
Ma Muse ne dit rien de ce méfait grossier
Et laisse, chaque soir, mon âme se vicier

Sous ces violents assauts. Ma plume déchaînée
A la force d’un arc, les airs d’une traînée.
Quand elle a corrompu mon cœur insatisfait,
Elle joue, dépravée, de mon esprit défait.

Las ! chaque soir, je meurs des coups de la traîtresse ;
Je la hais, je l’abhorre, et j’en fais ma maîtresse !
Quand elle a fait son temps, la coquine s’endort,
Cette inique catin me laisse comme mort.

Ô Muse ! Ô chère Muse, ô malheureuse femme,
Te mérité-je encor ? Que souffres-tu l’infâme ?
Car nos piètres destins aux airs déjà maudits
S’oublieront dès demain à l’ombre des taudis !


Quelle litanie ! Voyez je me suis permise de faire un découpage en quatrains pour en faciliter la lecture et je ne suis pas déçue malgré quelques rejets inévitables d'une strophe à l'autre qui personnellement ne me gênent pas. Bon, il serait intéressant de corriger en sabrant un peu quelques maladresses mais l'ensemble traduit le caractère passionné et fougueux du poète qui reproche à sa muse son manque de reconnaissance.

Les rimes ont reçu un soin particulier et donnent au poème une dimension intéressante. Le vocabulaire est dense et riche.
Ma note en tient compte.

Un joli potentiel à exploiter, avec un peu de patience :)

Au plaisir d'autres lectures,
Cristale

   Anonyme   
11/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Bel13ver,

Dans votre présentation vous dites avoir 25 ans. Je pense donc sincèrement que vous montrez une précocité assez unique. Je n’ai pas souvenir d’avoir lu ici quoi que ce soit de comparable pour un jeune homme de votre âge.

Votre ascendance flirte bien sûr du côté du théâtre classique, racinien ou cornélien, malgré quelques petites faiblesses de forme facilement réparables. Pour autant, mais de quoi je me mêle, votre déjà maîtrise me semble se fourvoyer sur des chemins que plus personne ne fréquente. Quelques lecteurs encore sensibles à ces tours anciens ne devraient pas suffire à vraiment rendre justice à vos possibilités. Elles sont immenses, cela ne fait aucun doute pour moi.

Réfléchissez à plus de modernité, réfléchissez bien aussi à votre rôle de poète. Vous comprenez sans doute à quoi je pense, à ce que certains de vos textes disent de vos engagements personnels, déjà discutés ici lors de votre inscription et sur lesquels je ne veux pas revenir.

La poésie ouvre sur le monde, elle n’est pas une pensée enfermée dans sa morale. Réfléchissez bien à cela, Bel132ver. Je n’ai pas l’habitude de prodiguer des conseils, je n’ai en plus aucune espèce d’autorité pour le faire, mais là j’aimerais éviter un énorme gâchis. Vous êtes jeune et talentueux, mettez ces atouts au service d’une belle ambition.

Ludi
ancien curé de campagne

   Anonyme   
12/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour BeL13ver... Je suis allé visiter votre jardin poétique, j'ai lu plusieurs fois Angoisses d'un poète et je suis époustouflé par votre maitrise de l'alexandrin. Certes, on trouve de ci de là quelques hiatus, quelques fautes de métrique souvent dues aux diérèses ignorées mais l'ensemble est vraiment de belle facture.
Un demi siècle nous sépare ! Alors que je vis paisiblement, et sans amertume aucune, le reste de mon âge quand vous en êtes encore au printemps de la vie, je ne veux pas pour autant jouer les conseilleurs...
Vous avez un gros potentiel poétique, utilisez-le au mieux quelle que soit la catégorie choisie !
Bonne continuation...

   Queribus   
14/4/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Bel13ver,

Votre écrit témoigne d'une bonne connaissance de la poésie qui rime avec de belles trouvailles; le poème reste quand même trop long à mes yeux avec un côté rétro voire un peu précieux mais tout ceci a déjà été dit et écrit. Par ailleurs le sujet me semble archi-rebattu. je pense que vous avez de réelles facilités pour l'écriture mais celles-ci devraient être plus travaillées; voyez ce que Cristale a fait sur le même sujet. Il serait dommage que vous n’exploitiez pas mieux vos possibilité. Je vous encourage à persévérer, étant persuadé que d'étonnants résultats vous attendent...et nous aussi par la même occasion.

Bien à vous.


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