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Poésie classique
Damy : Le chant de la sirène
 Publié le 10/01/12  -  14 commentaires  -  1261 caractères  -  289 lectures    Autres textes du même auteur

"Il" est peut-être générique.


Le chant de la sirène



Il vaque en souriant vers la ruelle sombre,
« Impasse des Pêcheurs », où le rayon blafard
D’un réverbère nu que le brouillard obombre
Enlumine un éclat sans ambages ni fard.

Noire comme un soleil que le reflux écume,
Une perle sous l’œil gouttant du cabestan,
Un parfum de marée où l’obscure amertume
Exhale l’Orient, elle est là qui l’attend.

Marin d’eau siphonnée aux égouts de la ville,
Poissant le désespoir comme le cul du vin,
Le sang incandescent et l’humeur juvénile,
Il tangue dans l’esquif et le chenal divin.

Un clin d’œil de foutoir, des trous aux bas résille,
Une toux vénéneuse au faubourg des minuits,
Le regard des ailleurs, vitreux comme à Manille,
Elle crache un « chéri » comme on fuit les ennuis.

Quel abysse à la peau que ses deux dents déchirent !
Quel écumeux onguent pour les cals de ses mains !
Ah ! L’anneau d’or au port où les mollards chavirent !
Oh ! Mou soleil couchant pour de crus lendemains !

La sirène au chant froid rameute vers l’usine,
Dans des sanglots impurs il affrète son deuil,
Prend la main de sa pute… À l’aube sarrasine,
Elle lui dit « je t’aime », un éclat vif à l’œil.


 
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   jaimme   
28/12/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Globalement j'ai bien aimé votre poème. Mais le meilleur côtoie le moins bon, du moins à mon goût.
J'ai appris le verbe "obombrer" et je comprends d'ailleurs pourquoi il est inusité vue sa difficulté de prononciation! Et si je pars de cet exemple c'est que, justement, la barre est placée haut dès le premier quatrain. Je comprends parfaitement que le registre soit modifié entre le décor (au début) et le personne, mais je trouve qu'on tombe (un peu) dans la facilité du cliqué pour la suite (ex: "un éclat vif à l’œil).
Je suis sans doute un peu dur dans mon commentaire, mais j'essaie d'exprimer ce que j'ai ressenti de négatif à ma lecture. D'autant que l'auteur, visiblement, est très capable de bonifier son poème (s'il le désire).
Merci pour cette lecture.

   Charivari   
13/1/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je ne connaissais pas le verbe "obombrer", joli mais difficile à prononcer, surtout après "brouillard".

J'ai du mal à écrire un commentaire sur ce texte, alors je vais vous livrer juste mon sentiment tout à fait subjectif et personnel à la lecture de ce texte.

Première impression : c'est très travaillé. Rien n'est dû au hasard : il y a des figures de style très maîtrisées (par exemple l'oxymoron : Noire comme un soleil), des jeux de sonorité très subtils (entre autres : Quel abysse à la peau que ses deux dents déchirent, ou "La sirène au chant froid rameute vers l’usine") et une très bonne prosodie

Par contre, je dois avouer que je suis passé à côté du texte : un style trop dense, amphigourique ; du coup je n'ai pas "ressenti" d'émotion particulière, ni bien compris la situation, les personnages. Le mélange de registres, argotique - littéraire, ne m'a pas non plus convaincu.

   Gerwal   
5/1/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte habilement ambigu, où se mêlent les pêcheurs et les pécheurs (peut-être...), et les sirènes et les sirènes ainsi que les sirènes...
Une humanité grise (peut-être à la Carco -il va falloir que je vérifie...- ... ... ... « Des rues obscures, des bars, des ports retentissant des appels des sirènes, des navires en partance et des feux dans la nuit » (c'est fait... merci à Wiki...)) et un ton non dénué d'humour (noir pour rire jaune) et d'un sens de l'observation réaliste, aigu et humain...

Poésie classique... oui, peut-être... certainement... pourquoi pas une chanson: tout y est... (Bernard L. ... si tu passes par ici !)

En plus, j'ai appris un nouveau mot :obombrer...

   Anonyme   
10/1/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
''Noire comme un soleil''.
C'est ainsi que l'on peut qualifier cette poésie.
Le thème, très porteur, des bas quartiers et des marins en escale est un grand classique, mais on ne s'en lasse pas.
Surtout lorsqu'il est aussi brillamment traité.
La prosodie, impeccable magnifie le texte.
L'écriture est superbe, avec ce cocktail raffiné de mots précieux (obombre, sarrasin) et vulgaires (pute, mollards)

On retrouve la patte sulfureuse des poètes fin XIXème, début XXème.
Un poème à lire et relire pour en déguster toutes subtilités.
Merci

   funambule   
10/1/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Contraste saisissant entre le fond et la forme; je pense qu'il est inutile de souligner pourquoi. Du coup, si l'ambiance m'aura facilement embarquée, j'aurais eu plus de mal émotionnellement... mais une deuxième lecture aura balayé toute les réticence de mon inexpérience poétique. C'est un très beau texte!

   Miguel   
10/1/2012
 a aimé ce texte 
Bien
"Un univers à la Carco", dit quelqu'un ; très juste ; on voit la nuit, les lumières du port, les choses louches ... et la détresse ; un peu d'Amsterdam, aussi, "aux langueurs océanes"...
Texte émouvant.
Je suis comme tout le monde : je découvre "obombre".

   pieralun   
10/1/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte très lyrique au rythme absolument parfait. Si l'on oublie les quelques mots dont la prononciation est difficile, aucun hémistiche, aucun vers ne peut accrocher ni ralentir la musicalité de la lecture.
Pris dans sa globalité, le tableau est magnifique.
Je suppose que la prosodie est parfaite.
Le thème a déjà été largement exploité, mais cela ne me semble pas être un problème.
Pour moi, le seul reproche que l'on puisse faire à ce poème est son manque de simplicité. Certains mots, un peu trop peut être, sont trop enfouis dans le dictionnaire, et le propos manque par endroits de clarté.
Mais cessons de chipoter et félicitons Damy pour ce petit chef d'oeuvre dont le Vieil If et le Portefaix annonçaient l'avènement.

   Damy   
11/1/2012

   Anonyme   
11/1/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Damy ! Comme d'autres avant moi j'ai découvert le verbe obombrer, pas très facile de lecture mais ici fort bien utilisé... Ce poème m'a tout de suite fait songer à Brel et aux quais d'Amsterdam mais votre sirène hante, chacun le sait, tous les ports du monde...mais aussi à Piaf, C'est à Hambourg, à Santiago, à White Chapel ou Bornéo...
Si je devais choisir parmi ces quatrains, je crois que je retiendrai d'abord le quatrième que je trouve particulièrement beau :

Un clin d’œil de foutoir, des trous aux bas résille,
Une toux vénéneuse au faubourg des minuits,
Le regard des ailleurs, vitreux comme à Manille,
Elle crache un « chéri » comme on fuit les ennuis.

Un très bon poème sans le moindre reproche... Merci !

   Scipio202   
12/1/2012
Ce poème m'a arraché une émotion sincère. Je sais qu'il est écrit "poésie classique" au sommet de la catégorie, mais ce poème est clairement romantique, noir, et parfait dans son genre. Le style, uniforme et maîtrisé, a d'abord fait baisser ma garde. Les images, ensuite, m'ont croqué au fusain, à l'encre marine, le portrait de la scène. Je n'ai qu'un seul regret ... Pourquoi, pourquoi ce banal "je t'aime" à la fin ? Tout le poème s'écroule dans cette parole trop simple, trop plate, le pétillant s'évapore et je me demande s'il n'y a pas un meilleur moyen d'achever le poème ? Un vers plus fort, car silencieux. C'est bien là la force du poème, c'est le silence de ses acteurs, l'effet sourd d'une vie ballotée, remuante, ou pour un instant, un instant magique, la parole fait place au sentiment.

J'ai failli mettre un exceptionnel, pour le coup, alors que je me suis promis de ne plus jamais mettre d'appréciation :-)

   Lagomys   
13/1/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Vous racontez d'un ton froid et détaché, presque cynique, un morceau de vie dérisoire où se côtoient vague torpeur, violente misère, profonde tristesse et décrépitude à la limite du sordide.

L'atmosphère est bien rendue au moyen de mots choisis : on est plongé dans les brumes d'un texte peint sans couleurs jusqu'à en frissonner d'une humide répulsion.

C'est gris, c'est noir et terriblement beau !

Particulièrement les deux strophes centrales.

Je suis en cruelle contemplation de "Noire comme un soleil que le reflux écume, Une perle sous l’œil gouttant du cabestan"; "Marin d’eau siphonnée aux égouts de la ville, Poissant le désespoir comme le cul du vin,"; "Une toux vénéneuse au faubourg des minuits"; "La sirène au chant froid rameute vers l’usine, Dans des sanglots impurs il affrète son deuil,".

Un parfait rendu des bas fonds d'un port qui n'a rien d'un havre.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture,


Lagomys chaviré

   sousmarin   
20/2/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Texte très travaillé (trop ?) mais qui reste dans le cliché habituel de la « pute ».
Il y manque la force de mots simples et puissants qui font vibrer notre corde émotionnelle.

   CharlesVerbaud   
31/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ben voilà, ici aussi vous cumulez les clichés, mais allez savoir pourquoi ici ça me plait.
La langue est crue, le vers est fluide, il n'y a pas cette lourdeur de versification que j'ai lue ailleurs chez vous.
Peut-être le sujet vous inspirait-il plus ? Peut-être était-il moins "commandé" ?

Je reprocherai le chenal "divin", pourquoi divin ?
Il y a aussi par ci par là des liaisons qui ne se font pas, et donc des hiatus (par ex. à la césure Exhale l’Orient, elle est là qui l’attend.).

Je vous découvre plus à l'aise dans ce registre.

   stellamaris   
1/11/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une magnifique poésie noire, qui me fait irrésistiblement penser à cet autre monument qu'est "Le port d'Amsterdam", de Jacques Brel...

Quelle ambiance ! Et quelles magnifiques images ! De très belles oxymores (noire comme un soleil), de magnifique détournements d'expressions toutes faites ("Marin d'eau siphonnée aux égouts de la ville", je crois que c'est le vers que je préfère)...

Magnifique !

Avec toute mon amitié.


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