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Poésie en prose
Stephane : Le chevet
 Publié le 02/07/22  -  15 commentaires  -  678 caractères  -  301 lectures    Autres textes du même auteur


Le chevet



J’ai parcouru le monde au-delà du possible. Dans les nuits immobiles il n’y avait que les rides qui s’étendaient sans fin sur un monceau de ruines.
L’océan m’attendait, puissamment revêtu. Les effluves marins dérivaient hors du temps, et loin de ton visage j’imaginais le jour comme une envie soudaine d’enfreindre le réel. J’imaginais le jour tel un baiser hardi sur tes lèvres ondines.
J’imaginais tes bras comme la fin du voyage, le cortège des peines sur les hautes falaises à jamais décimées, la caresse du vide sur tes flancs exhibés.
C’était un monde étrange, inconnu et sauvage.
C’était sur mon chevet, mais je ne l’ai jamais su.


 
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   Anonyme   
21/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui certes m'intrigue, où ressort pour moi
j'imaginais le jour comme une envie soudaine d’enfreindre le réel. J’imaginais le jour tel un baiser hardi sur tes lèvres ondines.
(sauf qu'à la lecture j'ai le sentiment d'un qualificatif de trop dans la deuxième phrase).
Je lis pour ma part la tentation de s'abandonner à la mort par désenchantement du réel, puis une réalisation salvatrice : le chevet, ou plutôt les livres posés dessus, possèdent la capacité de transcender le monde et d'y faire les plus beaux voyages. Enfin, salvatrice… La dernière phrase me semble indiquer que le narrateur ou la narratrice ne saisit ce qui se joue qu'une fois parvenu(e) de "l'autre côté".
J'ignore si mon impression correspond à vos intentions d'auteur ou d'autrice, en tout cas la manière dont est suggérée cette idée me plaît, rêveuse et puissante à la fois. La brièveté du texte est à mes yeux un atout.

   Eskisse   
24/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai trouvé ce poème à la fois intriguant et envoûtant.
Intriguant parce qu'il juxtapose des éléments apparemment sans lien entre eux ("les rides qui s'étendaient sans fin" et l'océan joliment personnifié par exemple ) et parce qu'il mêle, il me semble, différentes strates dans l'imagination du locuteur comme un désir progressif d'immersion totale hors de la terre, hors du réel vers un ailleurs féminisé à travers l'ondine.
Envoûtant car le rythme est apaisant et qu'on se laisse emporter dans ce voyage immobile.
La fin ( "mais je ne l'ai jamais su" )laisse à penser que ces visions ont disparu et que tout le poème ne serait que la transcription d'un rêve qu'on aurait oublié. Un rêve qui ne serait rendu présent que par l'écriture.

   Cyrill   
27/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est un poème qui laisse à fond marcher l'imaginaire du lecteur.
Un rythme entêtant d'hexasyllabes dans la prose le rend très musical.
J'ai l'idée d'un voyage onirique que le narrateur ne parvient pas à saisir vraiment, qui échappe à sa volonté, et je me trouve de la même façon entrain de chercher le sens de ces mots et de ces métaphores. Elles me plaisent mais je ne sais pas l'expliquer.
La dernière ligne enfonce encore le clou de ce mystère.
Une bien belle étrangeté.

   Raoul   
2/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
Un beau texte intrigant qui invite à se laisser bercer par le rythme des phrases.
Le sens ? J'y vois un rêve (noté à la va-vite au matin dans un carnet de chevet) de sensations, presque impressionniste, où une sirène...
Le flottement du/des sens m'a fait pensé au Bateau Ivre - en beaucoup moins vaste bien-sûr - et à ses procédés d'empilement et juxtapositions.
L'océan comme métaphore du tumulte intérieur.
La forme est rythmée et bien maîtrisée, je trouve, et la prose est un bon choix, pourtant, " ton visage j’imaginais le jour " m'a un peu gêné à la lecture.
Idem pour " falaises à jamais décimées " mais cette fois à cause de l'image elle-même un peu trop... "adolescente".
Merci pour ce texte prenant dans l'ensemble.

   papipoete   
2/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Stephane
ça ne va pas fort dans le coeur du héros, qui se laisserait bien tenter par ce vide, là au bout de la falaise ; tirer un trait vertical en forme de remède éternel, pour oublier le bien le mal les ruines et ce visage disparu.
NB je crois comprendre cela de ma lecture à voix haute... Ces bras qui se tendent invisibles au bord du gouffre, et disent " viens ! "

   senglar   
2/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Stephane,


Le chevet, vecteur de l'imaginaire.

Le chevet qui permettrait de quitter la rade. A condition de libérer l'amarre.

Ce marin-là n'a jamais navigué qu'en rêve, cet aventurier-là ne s'est jamais aventuré, ce rêveur-là en absence de réel navigue sur les ruines car il reste amarré. Il n'y a pas de sirène dans ses bras, pas de sirène réelle, il est une sorte d'Ulysse qui reste attaché, garrotté.

Et pourtant il lui suffirait de tendre le bras sur son chevet, "un monde étrange, inconnu et sauvage" (Ô le douanier Rousseau !) est à portée de lampe (Ô les mille et une nuits !). Mais il ne le sait pas ou il n'ose pas. Alors il cafarde !

Il lui suffirait (peut-être) de se lever car les vrais rêves se vivent éveillés (sinon ce sont des cauchemars ! surréalistes comme celui-ci). Il est urgent pour lui de céder au chant des sirènes. Circé alors se matérialisera.

   hersen   
2/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je trouve ce texte magnifique, qui dit toutes nos aspirations, dans cet élan poétique, et tout est là, certainement à portée, à notre chevet pendant qu'on dort, peut-être, pendant qu'on rêve et qu'on ne prend pas la vie à bras-le-corps mais qu'on reste dans des désirs inassouvis, faute d'aller les chercher.

Il y a une très belle fluidité, de très belles expressions, et tout concorde, sens et son, pour soutenir le thème.

Je veux souligner que ce n'est jamais le thème d'un poème qui cloche (ici, le thème est loin d'être nouveau) mais la façon de l'aborder. Une réussite dans le cas présent.

Merci de la lecture !

   Provencao   
3/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Stéphane,

"j’imaginais le jour comme une envie soudaine d’enfreindre le réel. J’imaginais le jour tel un baiser hardi sur tes lèvres ondines."

En vous lisant et plus particulièrement sur ce passage, j'ai lu les pensées de René Char sur sa theorie de l'imaginaire.

Avec ces "nuits immobiles" en éther confidentiel où s'amusent chimère et affection.

J'ai bien aimé ce monde étrange..

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Queribus   
3/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'ai particulièrement apprécié votre superbe texte, d'autant plus qu'il est court, se lit facilement et est plein de belles images poétiques même si le sujet a été souvent abordé: "J'ai parcouru le monde au-delà du possible", "Dans les nuits immobiles...", enfin tout. Difficile de faire de l'excellent en si peu de mots surtout dans ce domaine si complexe de la poésie en prose. Que du plaisir et du bonheur en ce qui me concerne.

Bien à vous.

   Angieblue   
3/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Et bien voilà un poème qui fait voyager dans l'inconnu et l'irréel. L'amour comme un rivage hors du temps, inaccessible. On l'idéalise, le mythifie. On se complaît dans une sorte de fuite, d'aveuglement et l'on passe parfois à côté de l'essentiel sans le voir...
J'ai beaucoup aimé la poésie qui émane de ce texte : "les nuits immobiles", "les effluves (qui dérivent) hors du temps", "les lèvres ondines", le pouvoir de l'imagination du poète qui nous emmène ailleurs...
Un poème qui envoûte également par son rythme avec le jeu sur les anaphores "J'imaginais" et "C'était".
Et enfin, un poème qui nous laisse un goût de magie et de mélancolie.
C'est vraiment très réussi!

   Davide   
3/7/2022
Bonjour Stephane,

Si l’imaginaire est bien une infraction au réel, ce paysage fantasmatique, né au chevet du narrateur-rêveur, nous offre la surprenante, et déconcertante, personnification d'un amour : « les rides » (d’un visage ou d’un océan ?), « un baiser » (un baiser de l’onde peut-être ?), « tes lèvres ondines » (c’est joli, ça !), « tes bras » (des bras de mer ?) ou bien encore « tes flancs exhibés » (flancs de la falaise ou… de la personne aimée ?).

L’atmosphère du poème est enveloppante, la thématique séduisante, mais j’ai trouvé dommage que le propos s’empêtre dans cette passion déstructurante, souvent peu précise dans la succession des images (par exemple, il m’est difficile de visualiser « des rides qui s’étendaient sans fin sur un monceau de ruines », avec, de surcroît, un plan panoramique de l’océan tout de suite après !), privilégiant le flou artistique à une véritable destination. Un choix tout à fait assumé, j’imagine, mais qui m’a plus désorienté que dépaysé.

N. B. : Le verbe « décimer » (littéralement « mettre à mort une personne sur dix ») pour qualifier les « hautes falaises » me paraît d’un emploi fautif, plus encore avec la locution « à jamais » qui lui est accolée. Le verbe « écimer » (littéralement « couper la cime ») serait plus pertinent, ici.

   Donaldo75   
5/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Stéphane,

Voilà de la poésie en prose réussie, me suis-je dit à l’issue de ma première lecture. Et je sais à quel point ce n’est pas simple d’en composer parce que souvent la poésie ne prend pas, le raconté ou le relaté phagocyte les effets poétiques – quand ils existent – et aplatit l’ensemble. Ce n’est pas le cas ici. Au contraire, j’ai voyagé avec ce narrateur qui me parlais alors que je ne le connais pas, qu’il ne s’adresse pas à moi mais parce que ce qu’il me dit est beau, donne envie de le vivre. L’exposition est réellement poétique, de même que la tonalité de chacune des phrases pas seulement les images déployées dans le texte mais également la manière de les enchainer pour tisser la toile de fond que mes deux cerveaux comprennent chacun à sa manière mais apprécient au fur et à mesure. Il n’y a pas besoin d’en écrire des tonnes, de composer des kilomètres de mots pour provoquer une belle impression de lecture. La preuve dans ce poème en prose.

Bravo !

   Stephane   
5/7/2022

   LeopoldPartisan   
8/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà un bien beau petit texte que je lis tout en écoutant "people are strange" de Jim Morrison et les Doors . Peu de mots mais parfaite épure pour se poser au chevet d'un amour impossible.
Écriture parfaitement maîtrisée qui m'étonne et m'épate moi le sauvage.
Bravo

   Anonyme   
27/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ah la jolie surprise !

Merci pour ce texte tout en sonorités, en rythme, en douceur, y a un truc innocent, comme vu par le prisme d'un jeune adulte ou d'un ado, et pourtant y a quelque chose de très mature dans la manière de dévoiler la sensualité de l'oeuvre.

Bref, ça ne m'arrive donc pas souvent de rester silencieuse, mais je vais le faire là, comme ça je peux vous relire à voix haute.

Merci.


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