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Fantastique/Merveilleux
Margone_Muse : La chasse indienne [concours]
 Publié le 25/11/13  -  13 commentaires  -  10641 caractères  -  94 lectures    Autres textes du même auteur

La Terre tourne et se retourne, animant les étoiles immobiles en autant de ballets lumineux, joués pour qui savent regarder.

Terriens, Terriennes,
laissez-vous conter ces nocturnes
et prenez place au cinéma de minuit.

Au programme, cette année :


La chasse indienne [concours]


Ce texte est une participation au concours n°16 : Haïbun à thème (informations sur ce concours).



Pas un souffle, pas un battement. La symbiose est rompue.



L’âme sans corps n’est qu’errance, contrainte à l’exil dans l’Autre côté, cet univers de brumes sans souvenirs. Il semble que le temps ne s’y écoule pas, vide immuable où ces entités immortelles passent et se perdent parfois. Sans le savoir, l’âme y échoue depuis toujours, mutilée comme à chaque fois, conséquence d’un arrachement prématuré. Elle est désorientée, affaiblie. Aucune matière ne la compose et pourtant, elle s’éparpille, bientôt à l’état de semi-conscience. Des lambeaux d’elle-même se diluent dans le vide ambiant, elle glisse doucement dans le néant, elle se perd…

Et puis vient l’Appel.

Il résonne en elle, sourd, impérieux. Elle se sent vibrer d’une énergie nouvelle. L’âme se rassemble et traîne son rien parmi les voiles vaporeux. Le signal est son guide, hypnotique. Il sonne comme un souvenir, une sensation de déjà-vu : une danse, des flammes… C’est un chant venu de l’autre monde. On la réclame, on réclame son esprit. Elle se sent force et guerrière.

Bientôt, une lueur perce le brouillard. Indistincte, puis plus précise : un arc lumineux, sept sources en tout. L’attirance est magnétique, l’âme ne cesse de se rapprocher. Sous l’arche incandescente, la brume paraît moins épaisse : des parois rocheuses se dessinent, à moitié réelles, à moitié inaccessibles. Une brèche n’est pas loin : la frontière entre les deux mondes se fragilise, se fracture sous les coups de l’Appel.

Le corps est là, tout près, étendu sur le sol. L’âme inonde l’espace autour de lui, elle palpite d’impatience, de désir, tandis que la masse inanimée ne répond pas. C’est à l’âme et à elle seule de se frayer le chemin. Il faut mériter son passage. Elle se glisse alors par tous les pores possibles de la peau mais rien n’y fait : elle reste rattachée à l’Autre côté.

L’Appel redouble, il provient de sources en tous lieux et s’harmonise au cœur même de l’âme. Il exige la possession du corps.

L’approche est organique : l’âme chasse le vide et le froid qui se sont insinués avec elle dans la masse et à mesure qu’elle y parvient, le contact s’établit, d’abord timide puis affirmé. L’âme se diffuse dans chaque fibre, se lie à chaque nerf, se fond dans la chair, fusionne avec la moelle…

Et alors vient le moment de l’impulsion. La libération de toute l’énergie accumulée depuis l’Appel provoque un spasme.

Un souffle.

Un battement.

L’âme et le corps ne font qu’un et la symbiose reprend ses droits.



Les soleils levants progressent dans les sillons terreux jusqu’à atteindre l’animal. Une couronne mielleuse s’imprime alors dans son pelage, caressant au fil des matines passantes une patte, un poitrail, un museau...

Il est temps.

L’animal ouvre les yeux, roule de côté et se relève. La poussière soufflée scintille dans le rai de lumière, nuage de lucioles affolées. L’écoulement velouté d’une rivière se fait entendre au dehors : sauvage est l’appel du ventre, auquel pourtant des muscles endoloris ne sauraient répondre avec la force de jadis. Mais qu’importe, l’année est encore jeune et ce sont des premiers pas nonchalants qui portent l’animal en direction du jour : l’Ourse, la Grande, sort de sa tanière.


L’hiver du nord a été rude et la libellule missionnée remonte la rivière en quête d’une proie pour sa maîtresse. Elle volette de remous en remous, cherchant du regard tantôt la biche en lisière de forêt, tantôt la loutre naviguant entre les galets. La danse de ses ailes irisées invite toutefois un prédateur non désiré. Profitant du courant en amont d’une petite cascade, un brochet s’élançant toute gueule ouverte termine son vol gracieux sur un rocher, quelques griffes ancrées dans les entrailles. Muscles échauffés riment avec agilité, l’Ourse déguste son mets en toute sérénité. Charme piquant d’une nature sans règles où il ne faut pas plus de temps que ce que met la pomme tombant de l’arbre pour que chasseur devienne chassé. Forte de cette observation, la perfide sentinelle, peu reconnaissante d’une mort seulement frôlée, s’en va rendre compte à son mentor affamé.

La mésange à tête noire salive du récit conté par son éclaireuse mais elle le sait : l’Ourse en impose. Ayant trop de craintes à tenter seule sa chance, elle décide de réunir les Six pour une chasse en règle. Elle envoie son messager avertir le Carré d’archers ailés et leur maître d’armes, tandis qu’elle-même s’en va quérir l’aide de gorge, oiseau rapide aux réflexes affûtés, sous promesse d’un repas alléchant.



La panse rassasiée, l’Ourse se sent gagner par une chaleur bienvenue qui diffuse dans son corps jusqu’au bout des pattes. Pleine d’énergie mais rattrapée par une légère somnolence, elle décide de s’éloigner du cours d’eau dans l’intention de s’allonger sur le lit tendre d’une herbe grasse.

À mi-chemin, le craquement d’une branche lui fait lever la tête.

Puis plus rien.

Quelques pas encore et à nouveau, un bruit, si faible qu’il pourrait être imaginé. L’Ourse se tend, consciente du danger latent. Elle scrute les arbres en bordure de forêt, ne sachant d’où il pourrait provenir. Cette confrontation immobile semble s’étendre à l’infini, puis trouve sa fin dans le simple frémissement d’un chêne.

L’escadrille des Six se met en chasse.

Les plus rapides sont le gorge et la mésange à tête noire. Suivent les archers, ralentis par le poids des arcs et des carquois ; et à terre, en dessous d’eux, court le castor. Le maître d’armes n’accompagne la formation que dans le but de récupérer les flèches perdues tirées dans le vide. Le travail de tout un printemps ne se perd pas au vent comme de vulgaires akènes.

L’Ourse n’a pas d’autre choix qu’une fuite en direction de l’amont de la rivière. Sa musculature puissante se met en action et de son corps sculpté émane alors une force primaire, belle comme la naissance du monde. Son pelage mouvant invite aux jeux de lumière et se drape de rides luisantes qui vont et viennent au rythme de ses enjambées. Dans sa course, elle est désavantagée par le terrain grimpant mais elle tient la cadence et à chaque battement d’ailes répond le bruit mat de ses lourdes pattes. Des flèches commencent à siffler autour d’elle, les unes se fracassant contre les rochers de la berge, les autres se fichant dans la terre meuble à ses pieds. Destinations douteuses sur lesquelles l’Ourse serait bien avisée de ne pas compter indéfiniment.

Elle puise au fond d’elle-même pour prendre de la vitesse et bientôt, les archers se font distancer. Dans une dernière tentative, le Carré bande ses arcs et décoche jusqu’à la dernière de ses flèches. C’est une pluie d’étoiles filantes qui traversent le ciel mais aucune n’atteint sa cible, déjà trop éloignée. Dépités et à bout de souffle, les archers abandonnent leurs armes et se retirent dans les bois, laissant leur proie aux ailes et aux pattes des trois poursuivants restant.



La mésange à tête noire garde le cap tandis que le gorge plonge en piqué rejoindre le maître d’armes qui s’active à ramasser les fruits de son travail, disséminés aux quatre coins de ce terrain escarpé. Les arcs et les carquois dans les pattes avant, les flèches disposées en bouquet sur le dos, il s’apprête à rebrousser chemin quand l’oiseau arrive à sa hauteur. Ambitieux est le gorge : gonflé d’orgueil, il s’empare d’un arc et d’une unique flèche, son corps frêle ne pouvant en supporter d’avantage, et s’envole quérir une position propice à l’embuscade. L’art de la sournoiserie ne connaît aucune pitié.

À terre, l’Ourse est éreintée par sa course folle. Ses mouvements deviennent irréguliers et perdent en précision. Elle est moins rapide et l’apparition de maints arbres brise sa trajectoire linéaire. Jetant un regard en arrière, elle ne voit plus qu’un poursuivant : la mésange à tête noire. Elle ne vole qu’à quelques mètres de distance mais seule, elle n’est pas un adversaire redoutable et l’équilibre est rétabli. Ce répit est une aubaine : l’Ourse stoppe sa cavale et tente sa chance dans une confrontation directe. Dressée de toute sa hauteur, elle pousse un rugissement tonitruant qui surprend la mésange. Emportée par son élan, elle se retrouve à voler au-dessus de l’Ourse. Le mammifère lève ses deux pattes avant pour frapper l’oiseau et le gorge y voit une ouverture. Il s’élance d’une branche et la flèche qu’il décoche vient se ficher entre les côtes de l’animal, droit dans le cœur. Dans sa hâte, le gorge est éclaboussé par le sang de l’Ourse et secoue ses ailes pour s’en débarrasser.



Une tache écarlate reste en place, rouge est le gorge à présent. L’Ourse pousse une plainte et titube en arrière sous le choc. Elle bascule sur le dos, tombant dans la rivière, à peine consciente. Les deux attaquants n’ont pas le temps de faire un geste que leur proie est emportée par les courants furieux. Le castor n’ayant pas construit de barrage de toute l’année, trop occupé à tailler ses flèches meurtrières, le mammifère entame un voyage qui s’annonce sans fin ou presque. La mésange à tête noire et le rouge-gorge, rincés, n’ont plus l’énergie de le suivre.

L’animal est bercé dans le lit de la rivière durant des jours et des jours, et partout alentour, les arbres pleurent de leurs feuilles la défaite de la Grande Ourse, noble esprit de la forêt. Elle survit jusqu’à son retour aux origines, pour s’éteindre non loin de sa tanière où son corps, pris dans les glaces, termine son périple et libère une âme fatiguée.


Pas un souffle, pas un battement. La symbiose est rompue.






Ce texte est (très) librement adapté des croyances de certains peuples d’Indiens d’Amérique qui interprétaient le cycle annuel de la Grande Ourse dans l’hémisphère nord comme une scène de chasse se répétant à l’infini.



____________________________________________

Ce texte a été publié avec des mots protégés par PTS.


 
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   Anonyme   
8/11/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Le moins qu'on puisse dire, c'est que vous avez mis le paquet dans les haïkus ! C'est surprenant, un peu gênant car leur taille les fait sortir du cadre de lecture mais finalement je salue cette tentative audacieuse et originale. De plus ils sont d'assez bonne qualité.

J'apprécie moins le texte, cette scène de chasse dans les cieux qui ne me semble pas très bien réussie. La jonction entre l'âme du début et la Grande Ourse, par exemple, ne m'apparait pas très claire. En fait, dans tout le récit, j'ai du mal à faire des liens, à comprendre ce que vous évoquez exactement. Je préfère des types de narration plus simples et linéaires, affaire de goût personnel.

   Anonyme   
25/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
D'abord, deux petits bémols :

Le premier haïku est hors métrique. Le texte ne dépasse-t-il pas lui aussi de quelques 400 signes la longueur autorisée ?

Fallait bien trouver quelque chose à redire car pour le reste...

Un opus d'une grande poésie, une langue charnue, épaisse, charnelle, presque grasse mais grasse comme les Vénus des tableaux d'autrefois. Un haïbun très proche des règles de l'art qui montre les lumières, les odeurs, les formes de la terre, de la vie végétale et animale, qui parle de l'âme, de l'énergie. Je retiens un mot : symbiose.

J'aime la mise en page, moderne, faite pour publier en ligne, j'aime le jeu sur les polices de caractères, l'imagerie et les couleurs.

C'est un texte qui se voit, ici il n'est pas question de sentiments, il est plutôt question d'harmonie.

   Anonyme   
25/11/2013
Bonjour Margone_Muse,

Juste un petit passage pour vous dire que j’apprécie beaucoup vos incrustations graphiques, même si la redondance image/sens me semble plus adaptée à l’enseignement d’une classe primaire :) Les images des constellations, des champs de blé, des pâquerettes, des gouttes de pluie sanguinolentes, des oiseaux migrateurs, sont parfaites pour illustrer (appuyer…) votre texte et former l’imaginaire de nos petits chenapans.

Vos Haïkus sont plus descriptifs qu’évocateurs. « Quand sort le lézard/champ des grillons, champs de blé/poussent à la torpeur » est même une phrase coupée en trois…

Je ne me prononcerai pas sur le texte, mon allergie viscérale à cette catégorie « Merveilleux/Fantastique » m’interdisant de vous accabler. Je fais pourtant chaque fois des efforts. Mais ici comme toujours j’ai abandonné ma lecture au premier paragraphe. Décidément je trouve ça d’un ennui terrifiant : vous êtes donc un grand auteur de « Merveilleux/Fantastique ».

Pardon Margone_Muse, mais j’ai vraiment trop aimé cette idée de graphisme. Malgré mes réserves concernant les images employées, je trouve excellente l’idée qu’un haïku s’accompagne d’une image.

Cordialement
Ludi

   Bidis   
25/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien
L’écriture est magnifique et la chasse, un superbe moment. Les haïkus sont beaux et sensibles mais leur mise en scène reste plus présente à l’esprit que leurs mots.
Je ne comprends pas la relation entre la première partie du texte et la chasse à l’ourse. Et donc, pour moi, il s’agit plus d’un beau tableau de chasse que d’une nouvelle.
Mais, comme pour d’autres, j’admire et j’envie l’écriture. Et mon évaluation est relative au concours.

   MissNode   
26/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai lu comme si j'écoutais au coin du feu sous les étoiles. cliché ? bon ok, je précise : j'ai lu comme un conte, en étant sensible à cette circularité, d'une rupture de symbiose à l'autre, rendue grâce à votre écriture poétique.

La première partie, surtout, m'a impactée et poussée à la lecture ; peut-être des choses que j'ai plusieurs fois tenté d'écrire, et que j'ai trouvées là, fort bien décrites (tous ces univers imaginaires de l'Ame).

Il y a un ton qui banalise les drames en les rendant naturels, nécessairement acceptables comme intégrés au cycle de la vie.

J'ai très moyennement apprécié la présentation colorée des haïkus, qui nuit au texte, je trouve.

merci pour cette belle ballade aux étoiles !

   senglar   
27/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Margone_Muse,


Je vois dans ce texte un effort de quête quintessentielle auquel la note finale (italiques) apporte un éclairage en grande partie salvateur.

Pour ce qui me concerne les chasseurs ne sont pas à la hauteur de la proie dont on se demande bien pourquoi elle fuit.

Pour ce qui est de l'ourse céleste je crois que la course des astres se déroule en un merveilleux statu quo.

Pour ce qui est de l'ourse terrestre quid des six (chasseurs) ; d'où ces arcs et ces flèches sortent-ils ? Quel est le rôle exact des oiseaux ? (guetteur pisteur, chasseur, CHAMAN ?)

Je crois que l'auteure a développé ici une mystique qui lui est propre avec des notions de transmigration, naissance, mort et renaissance. En ce sens elle est le phénix de sa propre histoire peu accessible au lecteur extérieur. On devine cependant tout le plaisir qu'elle a pris à dérouler son récit et à bâtir ses atmosphères qui ne sont pas sans magie et d'une certaine façon ensorcellent car il y a du magnétisme là-dedans.

Les haïbuns m'ont plu et sont remarquablement ouvragés. Un bonus pour celui qui est couleur de sang.

En résumé une nouvelle à mi-chemin entre la Fantasy et la Légende, un univers qui demande sans doute une initiation préalable.

"Se laisser conter" ainsi que nous y invite l'exergue. Le spectacle est cosmique qui dit notre histoire.


En ce qui me concerne l'ours est mon dieu plutôt que le lion, alors j'aurais tendance à souscrire bien que les tenants et les aboutissants soient plutôt ésotériques, certains acteurs étant mal définis voire pas à la hauteur.

Mais quel feu d'artifice ! :)

Senglar-Brabant

   placebo   
27/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bon, très chère,

Tout d'abord, je découvre véritablement ton texte ce soir, mon coup d'œil précédent ne s'était arrêté que sur les haïkus en plus d'un survolement. J'aime beaucoup la présentation, les variations dans la police et le fond. Ils respectent le kigo en plus (la notion de saison), et sont assez évocateurs. Beaucoup de haïkus réussis traitent de choses très terre à terre en arrivant à faire le lien avec l'homme ou l'univers, et c'est ce qu'on trouve ici.

- Dans/de l'Autre côté ?
- Très difficile de décrire une sorte de néant. En fait, je me demande si le deuxième paragraphe ne pourrait pas être raccourci ?
- Le signal est son guide : je pense que dans un contexte fantastique, réutiliser les mots pour les ancrer (l'appel) n'est pas une mauvaise chose, car le lecteur peut être vite perdu.
- Si faible qu'il pourrait être imaginé : je coince un peu. Le mot se rapporte à image, mais inventé n'est pas mieux. Qu'elle a peut-être rêvé ?
- Pluie d'étoiles filantes : bien, ça permet de nous raccrocher au ciel.
- Rincés : me semble un peu familier ?

Le début du texte est difficile, on ne sait pas bien où l'on va. La suite apporte l'action, mais sur une scène de chasse entre animaux, il ne faut pas lasser et ton texte est entièrement descriptif (là où le mien n'est que « pensées », mais c'est un autre sujet).
Je repense à l'origine de l'idée, un conte. Ceux-ci on toujours du sens : pour amener une morale, rappeler un événement important, guider une tribu. Ce qu'on aime, c'est aussi l'ambiance, qu'on soit au lit en train d'écouter une histoire ou bien en cercle autour d'un feu de camp. [Edit : d'ailleurs c'est ce que tu fais avec l'incipit]. Est-ce que mettre ce récit dans un récit, par exemple avec un grand-père et son petit-fils autour d'un téléscope, ne permettrait pas d'insérer du mouvement ? Pour la longueur, je pense qu'il pourrait y avoir quelques coupes.
En fait, ça m'a rappelé la deuxième partie de « Cernes », avec Hubble et le shaman.

En l'état… le texte me plait beaucoup, mais j'ai fait un effort particulier pour rentrer dedans, je pense qu'il y a moyen de le rendre plus accessible.
Bonne continuation,
placebo

   Margone_Muse   
27/11/2013
Pour les bavardages autour du feu, c'est le premier tipi sur votre gauche, pas besoin de frapper à la porte.

   Perle-Hingaud   
29/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le choix d’un récit de création du monde est original. Le ton du récit est poétique et adapté au thème. La belle mise en page des haïkus attire bien évidemment l’œil, au détriment peut-être du reste du texte. Je me dis que dans un livre, j’aurais mis les haïkus sur une page, face au texte, comme une illustration du récit.
L’écriture est douce, calme, avec un rythme de conte que j’apprécie. Une lecture à haute voix s’imagine aisément. Peut-être trop de répétitions du mot « âme ». Le fond de l’histoire ne m’attire pas plus que ça, goût personnel: du coup, je me suis un peu perdue dans les méandres de ce cheminement. Merci cependant pour cette lecture agréable.

   Acratopege   
29/11/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
Eh bien je suis désolé de n'avoir pas du tout réussi à entrer dans votre texte. Je crois que le graphisme trop recherché à mon goût en est la cause principale, mais aussi un contraste gênant entre le contenu mythologique ou en tout cas symbolique de votre récit et son déroulement décrit, à mon goût encore une fois, de façon trop prosaïque et réaliste dans certains passages. Je ne sais pas comment dire: trop de lyrisme et pas assez à la fois, peut-être.
Désolé pour ce commentaire sans doute à côté de la question, mais j'ai essayé de vous faire part de mon sentiment comme je pouvais...

   toc-art   
1/12/2013
Bonjour,

juste quelques mots pour témoigner de mon passage car ce n'est pas le genre de texte sur lequel je m'arrêterais hors du cadre du concours. ça ne me parle pas du tout et, pour être totalement franc, je m'y emmerde à cent sous de l'heure.

mais c'est très personnel, la qualité du texte n'est pas en cause, je serais bien incapable d'en dire quoi que ce soit de constructif.

bonne continuation.

   aldenor   
4/12/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Passé la première partie qui me parait lourde et confuse, j’ai apprécié cette scène de chasse relatée avec beaucoup de poésie. Je retiens en particulier la description de l’ourse et cette jolie phrase :
« Charme piquant d’une nature sans règles où il ne faut pas plus de temps que ce que met la pomme tombant de l’arbre pour que chasseur devienne chassé. »

   Ninjavert   
5/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je ne connais rien aux haïkus, et encore moins aux haïbuns, donc n'attend pas une expertise de ma part sur le sujet (mais ça tu le savais).

Que dire ? Je suis un peu perplexe au sortir de cette lecture.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, la faute à la première partie, un peu mystique, et à la suite où je me suis fait surprendre par l'anthropomorphisme (le lien entre la libellule et la mésange).

Ma lecture s'est un peu fluidifiée ensuite : je suis entré dans l'histoire (enfin ! ^^) et j'ai suivi la course poursuite avec intérêt. Il m'a quand même manqué pas mal de trucs pour être transporté au travers de cette chasse indienne... (je vais essayer de ne rien oublier)

Déjà, le rapport de forces aurait mérité d'être revu, comme l'a relevé Senglar. Notre ourse m'a semblé une trop grosse proie pour nos chasseurs. L'ours est quand même dans la tranche haute de la chaîne alimentaire, et la voir en déroute devant trois piafs et un castor (tout maître d'armes qu'il soit) ne m'a pas convaincu. L'anthropomorphisme ne me dérange pas intrinsèquement, mais même dans les dessins animés où on en abuse souvent, le caractère menaçant des personnages est souvent représentatif des animaux qu'ils incarnent (je pense à Kung Fu panda, par exemple, mais c'est valable dans les Disney et les Pixar aussi).

Disons que je n'ai pas vraiment senti le poids de la menace, si je puis dire. Je ne sais pas si tu as vu L'Ours (le film de J.J. Annaud) mais à la fin quand l'ours est chassé, c'est une vraie chasse : il y a des chiens, il y a des hommes (armés), il y a des chevaux. L'ours fuit, lutte, sue et saigne devant les chasseurs à qui il le rend bien. Le danger et la tension sont palpables. Là, ça m'a semblé irréel, ou plutôt (ce qui est plus gênant) improbable voir incohérent.


Au delà de ça, j'ai été moyennement convaincu par le rôle de chacun des protagonistes chasseurs. Je veux bien qu'on trouve des vautours arbalétriers dans le Robin des bois de Disney, mais en règle général il me semble assez compliqué pour un oiseau de tirer à l'arc pendant qu'il vole. Ou alors avec ses pattes, certes, mais dans les deux cas, ça m'a semblé visuellement compliqué et ça a perturbé la représentation que je me faisais de la scène. Même chose pour notre castor : il cumule les casquettes de maître d'armes et celle de maître ébéniste... autant je vois bien le castor tailler ses flèches, autant en maître d'armes je ne le vois pas particulièrement dans le rôle (et comme ce sont deux métiers très différents...). Bref, tu vas probablement trouver que je chipote, mais pour moi ça fait des d'erreurs de casting, si je puis dire, et pour une scène qui se veut aussi vivante qu'imagée, ça m'a gêné ;)

(note que je suis gentil, et que je ne parle pas de l'incohérence entre la taille de rouge-gorge et celle de la flèche (sans compter l'arc) qui serait nécessaire pour tuer un ours.
Bon, je continue à chipoter mais pas tant que ça, tu laisses entendre que les animaux ont des proportions standard (ce qui n'est pas toujours le cas dans les mythes chamaniques), du coup c'est le genre de chipouilles qui perturbe mon sens de la représentation visuelle)

Voilà pour le récit.

Concernant le fond, je suis un peu resté sur ma faim. Je n'ai pas trouvé de "morale" ou simplement de réflexion (comme l'a soulevé Placebo). Le récit m'a semblé ne pas représenter beaucoup plus que ce que tu y racontes. Tu le mets en note : c'est inspiré (librement) des croyances de certains amérindiens. Ça c'est plutôt réussi (c'est à ça que ça m'a renvoyé, et chose amusante j'ai aussi repensé à mon cerne du grand canyon). Mais au delà de ça, je n'ai pas trop vu où tu voulais nous amener. Cebo a bien cerné le truc, j'aurais aimé savoir à quoi ce type de mythe pouvait servir aux indiens, à défaut de nous évoquer quelque chose de plus profond à nous. Là, on a juste une scène de chasse... et même en oubliant la réflexion éventuelle, l'histoire en elle-même est trop évasive : pourquoi des oiseaux (alliés à un castor) chasseraient-ils une ourse ? Ce n'est pas pour la manger, à priori. Par vengeance ou par précaution ? Notre ourse ne semble pas une grande menace pour eux. Alors certes, on voit bien qu'ils sont déçus à la fin de laisser partir la dépouille dans le courant, mais ça ne nous donne pas d'explication sur leurs motifs pour autant.

Du coup, cette scène de chasse et de tuerie m'est apparue comme un meurtre assez gratuit, cruel. Sans sombrer dans la morale lourdingue, ou la divagation métaphysique (d'autant que le texte est court), j'aurais aimé trouver une raison à cette "chasse".

Sur la forme, j'ai trouvé ça très agréable à lire (à part le premier paragraphe, un peu trop mystique à mon goût). J'ai buté sur une ou deux phrases, mais rien de dramatique. Exemple : Elle est moins rapide et l’apparition de maints arbres brise sa trajectoire linéaire.

"de maints arbres" je trouve ça très moche et très bizarre à prononcer. Avis perso.

Sinon, c'est bien écrit, fluide et agréable à lire. C'est très imagé, coloré, ça donne à l'ensemble des airs de dessin animé et ne serait-ce les coquilles pointées du doigt plus haut, c'est le genre de récit dans lequel je pourrais vraiment entrer.

Quelques très belles phrases aussi, comme celle-ci que je retiens : Sa musculature puissante se met en action et de son corps sculpté émane alors une force primaire, belle comme la naissance du monde.

Les haïkus, je laisse les autres en dire tout le bien ou le mal qui sied. Ils ne m'ont pas fait frémir, mais c'est une forme de poésie, à laquelle je reste désespérément hermétique. Ceci dit, je les trouve jolis (pour ce que ça vaut) et bien raccrochés aux saisons auxquelles ils renvoient.

Je trouve en revanche leur intégration au texte très réussie. J'aime que le graphisme de chacun soit unique. Une belle ponctuation graphique qui découpe agréablement le texte. En arrivant au terme, j'ai failli pointer une incohérence avant de me rappeler que les amérindiens comptaient six saisons et non quatre (si j'en crois les souvenirs de mes recherches pour Cernes).
Néanmoins, à les lire je trouve dans l'ordre hiver / printemps / été / automne et deux trucs que j'ai plus de mal à identifier. Mais là c'est peut être mon interprétation de tes haïkus qui me fait défaut, et rater le pré-printemps et le post-automne (ou équivalent).
Bref, un détail. Cet aspect du texte est une belle réussite.

Je pense avoir fait le tour, et j'espère avoir été clair sur ce qui m'a manqué. Merci en tout cas pour cette jolie balade colorée ! :)


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