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Fantastique/Merveilleux
placebo : La mangeuse de kiwis
 Publié le 22/09/11  -  18 commentaires  -  8990 caractères  -  182 lectures    Autres textes du même auteur

Rédemption.


La mangeuse de kiwis


Je revenais de la natation quand je l'ai aperçue pour la première fois. Mes cheveux humides, encore un peu collants, malmenés par le chlore, mes yeux rougis, le bout de mes doigts fripé, j'étais sans conteste au meilleur de ma forme pour courir la gent féminine.

En dehors de ces quelques aspects hautement relatifs, je me sentais bien.


Le ciel me semble toujours plus bleu, le monde va bien mieux, une fois sorti du bassin. Celui-ci ne peut me retenir éternellement entre ses bras pâles car j'éprouve autant de plaisir à rejoindre mon cocon régénérateur qu'à en sortir pour affronter à nouveau le monde et l'alléger de mon optimisme.

Les deux premières longueurs de crawl représentent pour mon corps gauche un semblant de délivrance et de satisfaction : je me coule dans l'eau avant de remonter d'un coup de pied vigoureux sur le carrelage tiède. Ensuite, seulement, je laisse mes bras chercher un point d'attache, une saillie dans la surface frémissante pour pénétrer la masse liquide et la ramener à moi.

Je n'ai jamais compris ceux qui trouvaient ce sport solitaire. C'est un chant égoïste à la gloire de la nature et de l'amour.


Elle mangeait un kiwi à l'arrêt de bus.

Le fruit déjà séparé en deux hémisphères parfaitement égaux, elle attaquait le sud à la petite cuillère. Elle commença par creuser le pourtour de la chair comme s'il s'agissait d'un pamplemousse et d'un de ces outils argentés au nom étrange que l'on achetait auparavant dans de grandes boutiques un peu poussiéreuses, immenses bibliothèques dont les ouvrages ont pour unique but de charcuter la nourriture, tandis qu'aux renseignements, on se heurtait à l'accueil d'une armoire à glace dévorée par sa passion gourmande du vocable culinaire et de sa mise en pratique.

Le jus coulait de ses longs doigts. Je ne l'apercevais que de dos, de trois quarts. Grande, elle se tenait voutée, la tête nonchalamment penchée sur le côté, les phalanges écartées, saisissant le monde entre l'extrémité de son pouce et son index. Avais-je observé ainsi les fourmis, gamin ?

J'eus l'assurance de subir le même sort que ce kiwi si par mégarde l'inspiration la faisait se retourner : je finirais étudié entre ses mains et soupirerais de plaisir lors de mon évidation alors qu'une lumière blanche goutterait de mon âme dépiautée pour rejoindre le trottoir entre un ticket de métro aller simple et un prospectus de concert punk.


Avec la diabolique intuition des femmes, sans esquisser le moindre geste, son dos bronzé largement offert à ma vue, entouré seulement par deux fines bretelles à la boucle métallisée si tentante à ouvrir dans son apparente fragilité, elle me demanda si je voulais partager son kiwi.


Des images folles me traversèrent la tête : toute l'ingénuité du monde se tenait devant moi alors qu'assise sur le banc en plastique, le vent découvrant sa nuque de ses cheveux noirs, la main levée à hauteur de l'épaule, bien droit en direction de la route usée, elle m'offrait la moitié de son déjeuner.

J'ai toujours rêvé, je crois, de vivre au XIXe siècle, dans une famille noble, à la Stendhal, me morfondre d'ennui devant les magnificences d'une Europe à son apogée, n'exister que pour le froissement des robes de mille jeunes filles. Je serais venu leur réclamer une danse. Quittant sans regret leur tabouret, elles m'offriraient une main que je baiserais délicatement, tentant d'y faire circuler quelque fluide invisible amoureux de ma bouche à leur peau, pour les mieux tenir captives lors de la valse de nos corps.


Cette main levée, suspendue dans les airs, ma mangeuse de kiwi me la tendait. Si j'acceptais ce présent, je serais lié par un contrat aux clauses si nombreuses que mieux valait sauter directement sous les roues du bus approchant plutôt que de vouloir toutes les lire.

Toute une vie est nécessaire pour faire semblant de comprendre certaines femmes. Moi, j'en cherchais une qui passerait sa vie à me combler, sans compensation nécessaire.


Le bus pila devant l'arrêt et je montai sans mot dire. Elle n'avait plus bougé après m'avoir proposé le reste de son kiwi. J'oblitérai mon ticket avant de saluer le chauffeur au crâne dégarni et de m'asseoir sur le premier siège disponible. Le bus repartit. Je n'osai jeter un regard vers la jeune femme laissée à terre.

Pourtant, je le sentis.

Je sentis la moitié de kiwi chuter de ses mains pour s'écraser sur le sol, la texture éclater sous les piques des cailloux, la poussière maculer la chair verte.

Dans le bus, chaque passager sortit de sa poche un kiwi et commença à le manger. Certains n'avaient pas de couteaux et attaquaient directement le fruit par l'extérieur, insensibles à la surface poilue arrachant des promesses d'aphtes à leur palais. D'autres les pelaient et laissaient tomber les lanières brunes sur leurs vêtements, hypnotisés par la vue du trésor s'offrant progressivement à leurs yeux. Certaines femmes portant des robes sortirent le kiwi d'une cavité de leur minuscule sac à main. Quant à une femme entre deux âges, elle n'avait ni poche ni sac. Je ne saurais dire si elle avait esquissé un geste en direction de sa poitrine généreuse pour y trouver le précieux fruit ou si quelque voisin charitable avait œuvré en bon chrétien.

Le jus coulait à flot.

C'était une pluie d'été, hésitante à interrompre la langueur d'une soirée paisible, elle goutte d'abord de manière éparse et augmente la fréquence jusqu'à créer dans la poitrine une angoisse mêlée d'émerveillement avant d'atteindre un point de non-retour lorsque le premier éclair et le tonnerre déchirent le ciel ; le liquide teinté de vert s'écoulait par-delà la cataracte des mentons de toutes dimensions.


J'étais seul et sans kiwi.


J'interrogeai du regard le chauffeur obèse mais il ne voulut pas me répondre par l'intermédiaire du rétroviseur. Je me traînai jusqu'à lui, mes chaussures déjà poisseuses de la couche sucrée maculant le fond du véhicule.

Nous restâmes quelques instants à contempler la route. Devant nous, le désert aux pierres rouges étalait sa monotonie avec arrogance. Nous ne pouvions nous permettre la moindre panne ou le moindre accident car sortir par cette canicule aurait signifié la mort pour les courageux mécaniciens, si tant est qu'ils seraient arrivés à ouvrir le capot. J'hésitai donc à poser ma question.


- Oui, fit-il soudain, tu peux avoir un kiwi toi aussi.


Il désigna de ses doigts épais une boîte posée à côté du tableau de bord. Dans la boîte, un kiwi. Sur la boîte, une étiquette portant mon nom.


- Quel est le prix ?


Il ne répondit pas. Je le connaissais, bien entendu.


- Depuis combien de temps les gens qui sont ici roulent-ils ?

- Ah, enfin un client intelligent ! J'embarque un nouveau passager à chaque solstice. Aujourd'hui, c'est le 21 juin.

- Pourquoi moi ?


Il se tut. Ce chauffeur ne perdait pas de temps à fournir des réponses aux questions stupides. Le temps pressait, je le sentais confusément. J'avais sans doute jusqu'au coucher du soleil pour me décider avant que la plus courte des nuits ne me capture.


- Qui est-elle ?

- Elle représente toutes les femmes que tu as trompées, celles qui s'évertuaient à te rendre la vie facile. Ce sont tes cinquante premiers amours, que tes mains ont ramenés à ton cœur sans effort. La suite sera moins évidente pour toi, ricana-t-il.


J'entendis un petit rire. Un vieil homme léchait le jus de son kiwi sur ses doigts en passant un coup de langue lubrique sur sa peau rêche. Combien de personnes avait-il fait souffrir ? Il méritait sûrement sa peine. Mais moi, moi, j'avais péché par ignorance et par orgueil, j'avais toute une vie pour me rattraper !

Le chauffeur se contenta de hausser les épaules.


- Je ne fais que conduire ces gens d'un endroit à un autre. Ils trouvent leur kiwi eux-mêmes au fond d'eux. Je n'ai aucune compétence pour juger de ton cas.

- Laissez-moi descendre.

-Cela, je le peux.


J'éprouvais déjà des regrets à quitter cette personne un brin fataliste mais rassurante. Le véhicule s'arrêta et repartit, mon deuxième pied ayant à peine rejoint le premier sur la route brûlante. Je me retournai : à l'endroit occupé par le bus un instant auparavant se tenait la mangeuse de kiwi.

Elle me faisait pleinement face désormais. Son doux sourire éveillait en moi l'effroi qu'éprouvent les truands en rencontrant une âme simple et généreuse : d'abord appâtés par le gain possible, ils sont, s'ils ouvrent un tant soit peu leur cœur, inondés par cette bonté et finissent par se repentir. Quant à ceux qui le ferment définitivement, ils s'engagent sur une voie peu fréquentée et surtout sans retour.


- Veux-tu partager mon kiwi ?


À mes pieds gisait une fleur du désert, rouge, petite, aux pétales épars, à la tige épineuse rabougrie, mais une fleur malgré tout. Je l'avais écrasée dans ma fuite hors du bus.

Je levai la tête et pris la moitié de kiwi qu'elle me tendait. Sur ma poitrine, le liquide coula et forma une flaque à mes pieds.

J'arpentais cette route depuis bien trop longtemps.


 
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   Pascal31   
20/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un texte pour le moins troublant...
Je suis resté perplexe à la fin de ce récit intrigant, plutôt bien écrit et dont l'auteur est parvenu à me faire gober une histoire surréaliste à peu près aussi facilement qu'un kiwi.
Le souci, c'est que je ne suis pas vraiment fan du kiwi, et pas vraiment fan non plus des histoires dont je ne parviens pas à déchiffrer entièrement le sens, ce qui est le cas ici.
Malgré tout, j'ai été suffisamment pris par l'intrigue pour avoir lu ce récit d'un trait, sans ennui. J'aurais simplement aimé en avoir toutes les clefs pour mieux l'apprécier.

   Anonyme   
30/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Alors là, bravo. J'ai adoré cette histoire surréaliste, j'ai adoré qu'on y plonge sans avertissement après un début qui a l'air très anodin. Un bémol sur les paroles philosophes du chauffeur de bus, je les trouve un poil appuyées dans le genre "sagesse éternelle".

Mais une belle histoire, pour sûr. J'aime que le fantastique se montre aussi concret !

   monlokiana   
5/9/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte fort bien écrit, de belles images, de belles phrases comme celle-là:
"J'ai toujours rêvé, je crois, de vivre au XIXe siècle, dans une famille noble, à la Stendhal, me morfondre d'ennui devant les magnificences d'une Europe à son apogée, n'exister que pour le froissement des robes de mille jeunes filles. Je serais venu leur réclamer une danse. Quittant sans regret leur tabouret, elles m'offriraient une main que je baiserais délicatement, tentant d'y faire circuler quelque fluide invisible amoureux de ma bouche à leur peau, pour les mieux tenir captives lors de la valse de nos corps."

J'ai trouvé que c'était appliqué dans l'écriture, sérieux même. ça donne envie de manger un kiwi en fait. Aimé le discours de cet homme même si la fin m'échappe encore.

Un texte que j'ai bien aimé, ses zones d'ombres où on ne comprend pas trop bien. Un texte captivant, qui donne envie de le relire et de mieux le comprendre.

Bien à l'auteur!

   widjet   
22/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
J’avoue avoir été par moment agacé par le langage exagérément précieux au point de rendre par moment tout ceci assez artificiel. Il y a aussi des passages que je trouve confus « (Elle commença par creuser le pourtour de la chair comme s'il s'agissait d'un pamplemousse et d'un de ces outils argentés au nom étrange que l'on achetait auparavant dans de grandes boutiques un peu poussiéreuses, immenses bibliothèques dont les ouvrages ont pour unique but de charcuter la nourriture, tandis qu'aux renseignements, on se heurtait à l'accueil d'une armoire à glace dévorée par sa passion gourmande du vocable culinaire et de sa mise en pratique » et aussi le « elle goutte d'abord de manière éparse » - a qui se rapporte le « elle » ?) et d’autres étonnant (« la texture éclater sous les piques des cailloux » - des cailloux dans le bus ? Certes, c’est surréaliste, mais cela m’a interloqué)

Sinon, j’aime bien ce genre de texte « existentialiste » et dont la symbolique – pas toujours évidente, ici - invite à se creuser les méninges.

J’imagine qu’il faut relire ce texte singulier plusieurs fois afin de déchiffrer une partie du message. Je ne sais pas si c’est moi, mais j’y ai vu un caractère assez sexuel dans ce kiwi que j’ai assimilé au « fruit défendu » et aussi à celui de la repentance (gouter le « sucré » pour chasser « l’amer »). Caractère religieux aussi, la quête du fruit comme une quête de soi, de son salut pour tous les pêcheurs que nous sommes (comme le héros volage et infidèle). De plus, le choix de ce fruit semble ciblé, doux à l’intérieur et rêche à l’extérieur avec des grains sombres dedans, n’est-ce pas le reflet de ce que nous pouvons être ?

Voilà quelques pistes, peut-être que l’auteur nous en dira plus dans un forum.

Quoiqu’il en soit, j’ai lu sans déplaisir, mais sans passion non plus, car traitement un poil trop "forcé".

Bref, mitigé : kiwi... ni non.

Widjet

   toc-art   
22/9/2011
bonjour,

quelques remarques à la lecture de votre texte :

Le début me semble mal construit. La digression sur la piscine devrait à mon sens intervenir en premier, avant l'annonce de la rencontre avec la mangeuse de kiwis car la transition me semble du coup maladroite (ou alors à supprimer).

Des temps qui me semblent parfois sujets à caution (mais je peux me tromper) :

"Je revenais de la natation quand je l'ai aperçue" / pas de faute, là, mais j'aurais mis "apercevoir" au passé simple, comme le temps de narration utilisé ensuite.
"que l'on achetait auparavant dans de grandes boutiques un peu poussiéreuses, immenses bibliothèques dont les ouvrages ont pour unique but de charcuter la nourriture, tandis qu'aux renseignements, on se heurtait..." / le présent du verbe avoir "ont" m'étonne, ces boutiques semblant ne plus exister.
"Je serais venu leur réclamer une danse. Quittant sans regret leur tabouret, elles m'offriraient une main que je baiserais délicatement" / "elles m'auraient offert une main que j'aurais baisée délicatement" me parait plus approprié.
Le présent pour parler de la pluie d'été m'a aussi surpris.

des petites maladresses de formulation selon moi. Ici par exemple :

"Elle commença par creuser le pourtour de la chair comme s'il s'agissait d'un pamplemousse et d'un de ces outils argentés au nom étrange" / le fait de mêler le fruit et l'outil ancien donne un caractère bancal à la phrase me semble-t-il (je suis peut-être pas très clair). à mon avis, il faudrait revoir, genre " comme s'il s'agissait d'évider un pamplemousse à l'aide d'un de ces ..."
"son dos bronzé largement offert à ma vue, entouré seulement par deux fines bretelles" / le "entouré" me parait très moyen ici.
toute l'ingénuité du monde se tenait devant moi alors qu'assise sur le banc en plastique, le vent découvrant sa nuque de ses cheveux noirs, la main levée à hauteur de l'épaule, bien droit en direction de la route usée, elle m'offrait la moitié de son déjeuner. / la phrase me semble assez lourde et j'ai tiqué sur le "bien droit" à la lecture.
"la jeune femme laissée à terre." / l'expression me semble bizarre ici, comme si elle était tombée ou bien comme si lui était sur un bateau.
"Certaines femmes portant des robes " / je n'ai pas compris l'intérêt de la précision "portant des robes".

Voilà, mon commentaire ne porte que sur des aspects techniques qui me paraissent pouvoir être améliorés. Pour le reste, la parabole me semble assez naïve et moraliste mais après tout, pourquoi pas.

bonne continuation.

   alvinabec   
22/9/2011
Le texte se lit très facilement sans que l'on sache pour autant où le scripteur veut emmener son lecteur, ce qui tendrait à ce que le lecteur décroche par manque de visibilité.
Il me semble avoir lu deux, voire même trois, récits ensachés qui ne se répondent pas: la piscine où le narrateur ressource corps et esprit, le regret d'une époque de galanterie surannée, la séduction/punition/culpabilité emportée par un kiwi symbolique.
Quelle est, in fine, l'intention de l'auteur?
Cordialement, à vous lire...

   Anonyme   
22/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Pour l'honnêteté, je me dois de préciser que j'ai déjà lu ce texte dans une version antérieure avant qu'il ne paraisse ici.

Je lui trouve toujours les défauts que je lui trouvais déjà. Essentiellement le début, qui n'incite guère à poursuivre, ce qui serait dommage. L'auteur semble y tenir et je peux le comprendre. Il a sans doute de bonnes raisons, mais je ne les connais pas et, surtout, je dirais que ça n'est pas mon problème. Moi, je suis le lecteur. Je suis le client et donc le roi. J'en veux pas, je zappe. Point ! Il n'y a rien de plus dur que d'abandonner des choses auxquelles on tient. Je sais ce que je cause ! Je suis pourtant convaincu que c'est une des choses essentielles auxquelles il faut parvenir. L'évocation de la piscine, pour être tout à fait franc, ça m'emmerde, ça ne m'intéresse pas. Je trouve que ça n'apporte rien (à part une exception d'importance : le bleu; mais j'y reviendrai).
Pour moi, ce texte gagnerait beaucoup s'il commençait à "Elle mangeait un kiwi à l'arrêt de bus". (comme le disait quelqu'un que j'ai bien connu et qui n'était pas avare de formules : "En perdant, on peut devenir gagnant.").

Cette phrase aussi, que d'autres ont relevé (celle avec les outils argentés, la bibliothèque, l'armoire à glace et tutti quanti)... Tu veux que je te dise tout net ce que j'en pense, Cebo (j'ai pas dû être convaincant la première fois) ? C'est super chiant ! C'est d'une laideur innommable, un attentat à la fluidité, un cacophonie de sonorités, une hérésie rythmique. Une catastrophe ! Un scandale ! Une honte !

Bon, supprimons cette phrase et regardons le résultat :
"Elle mangeait un kiwi à l'arrêt de bus. Le fruit déjà séparé en deux hémisphères parfaitement égaux, elle attaquait le sud à la petite cuillère. Le jus coulait de ses longs doigts. Je ne l'apercevais que de dos, de trois quarts. Grande, elle se tenait voutée, la tête nonchalamment penchée sur le côté, les phalanges écartées, saisissant le monde entre l'extrémité de son pouce et son index."
Ça, c'est superbe !
On attaque le sujet sans se perdre en chichis. On joue à fond sur la géométrie, qui aborde d'un angle étonnant et déjà étrange la description d'un humain. Équilibre extrêmement subtil entre le réaliste et le fantastique, forçant le lecteur à se représenter une scène curieuse sans toutefois le perdre en d'impossibles représentations. On a envie, en même temps que le narrateur (même si comme luit, on le craint) de découvrir plus en détails cette mangeuse de kiwis qui nous intrigue. Ce "sud", originalité d'expression qui vaut déjà surprise à lui tout seul, mais qui participe en plus d'un champ lexical qui trouve sa conclusion à la fin (toujours pas convaincu par les hémisphères et donc un kiwi sphérique, mais je reconnais que c'est secondaire et que c'est justifié par la mise en place du champ lexical). Au niveau rythme et sonorités, c'est parfait.

Et puis quoi ? Tu viens me bousiller tout ça avec cette phrase abominable ! Dès le début ! Si c'est pas malheureux.
Et puis zut ! Cette phrase, moi, je te la zappe... pfffftttt... disparue... elle est plus là... elle existe plus. Il me reste quelque chose de superbe.

Bon, je ne détaille pas le reste de ce que je n'aime pas. Je trouve l'écriture perfectible, inégale pour être plus précis.

Venons-en à ce que j'aime, parce que tu sais que je l'aimais bien, ce texte, et que je l'aime toujours.
Ma surprise fut de découvrir que j'aimais un texte minimaliste alors que je suis plutôt friand de baroque. Lorsque je dis minimaliste, je veux dire qu'il se contraint à l'essentiel (lorsque tu voudras bien me débarrasser de ces scories inutiles, bien entendu) et ne se perd pas en nuances. Sur l'aspect visuel, c'est particulièrement flagrant. C'est d'une limpidité étonnante. C'est ce qui m'a le plus plu. Au niveau des couleurs, surtout. On pourra rétorquer qu'il y a des clichés : le désert brûlant, le rouge, qui me ramènent des images de "Bagdad Café" ou "Arizona Dream" ou autre, je ne sais plus; ce bus qui fait très road movie américain. Peut me chaut, parce que ça a merveilleusement fonctionné sur moi. Si ce texte devait être un tableau, il serait finalement plus fauviste (ou dit-on fauve ?) que surréaliste (extrait de wikipédia : "Le fauvisme est caractérisé par l'audace et la nouveauté de ses recherches chromatiques. Les peintres avaient recours à de larges aplats de couleurs violentes, pures et vives, et revendiquaient un art fondé sur l'instinct. Ils séparaient la couleur de sa référence à l'objet afin d'accentuer l'expression et réagissaient de manière provocatrice contre les sensations visuelles et la douceur de l'impressionnisme. Matisse a dit : « Quand je mets un vert, ça ne veut pas dire de l'herbe ; quand je mets un bleu, ça ne veut pas dire le ciel). C'est pour ça que je disais que le début de ton texte pouvait être sucré sans problème, à cette seule exception qu'il apporte le bleu. Et c'est bien ça que me laisse ton texte (même si ce n'est pas le mieux écrit d'Oniris, je sais qu'il me restera longtemps; il m'a beaucoup marqué) : cette sensation d'instinct, d'animal, je dirais primaire (au sens chromatique, mis en relation avec les instincts primaire de l'humain). La sexualité y explose (du moins pour moi, chacun pouvant y voir ce qu'il veut). C'en est presque obscène. Et puis non, ça l'est ! Sexualité verte, rouge, bleue... et finalement blanche, forcément (hum !), rassemblant toutes les couleurs. A cet égard, l'effet pourrait être intéressant de garder le blanc pour la fin.

Dieu sait pourtant que j'aime peindre mes textes en couleurs rabattues, mais non d'un chien, ton texte, c'est du fauvisme !
Débarrasse-le des couleurs rabattues. Ne le déforce pas en le souillant de ce qui ne fait pas son essence. Ne garde que le pur et le primaire et tu auras mon Exceptionnel.

   Beckett   
22/9/2011
Que dire?
J'ai aimé une phrase sur deux, pas facile de se faire une idée. Mi-figue mi-raisin, pour rester dans la botanique.
Il semble que vous vous laissez emporter par une certaine emphase au détriment du sens, et que vous faites des phrases pour leur sonorités et non pour leur signification. J'aime la phrase d'ouverture par exemple : "Je revenais de la natation quand je l'ai aperçue pour la première fois. Mes cheveux humides, encore un peu collants, malmenés par le chlore, mes yeux rougis, le bout de mes doigts fripé, j'étais sans conteste au meilleur de ma forme pour courir la gent féminine." Souple, et belle.
Ensuite, ça se gate : " Le ciel me semble toujours plus bleu, le monde va bien mieux, une fois sorti du bassin. Celui-ci ne peut me retenir éternellement entre ses bras pâles car j'éprouve autant de plaisir à rejoindre mon cocon régénérateur qu'à en sortir pour affronter à nouveau le monde et l'alléger de mon optimisme.". Que voulez vous dire?
Idem ici : "Le jus coulait de ses longs doigts. Je ne l'apercevais que de dos, de trois quarts. Grande, elle se tenait voutée, la tête nonchalamment penchée sur le côté, les phalanges écartées, saisissant le monde entre l'extrémité de son pouce et son index. Avais-je observé ainsi les fourmis, gamin ?", c'est excellent.
En revanche :"Je n'ai jamais compris ceux qui trouvaient ce sport solitaire. C'est un chant égoïste à la gloire de la nature et de l'amour.". Je ne comprends pas non plus : un chant égoiste n'est il pas solitaire justement ??? Je passe sur le "carrelage tiède", je nage deux fois par semaine, je n'ai jamais eu chaud aux pieds, mais pourquoi pas.
Il y a chez vous un potentiel évident, mais une tendance à l'esbrouffe stylistique qui me gêne. Epurez un peu, vous ferez de grands textes.

   brabant   
22/9/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Placebo,


Ce texte parvient... finalement, à créer une atmosphère bizarre, oppressante. Je dirais que c'est là, pour moi, un texte à la Jean Ray, et c'est un grand compliment, car Jean Ray est un (petit) maître en ce concerne le fantastique. J'ai lu l'intégralité de son oeuvre, preuve qu'il est prenant, à mes yeux.
Tiens, ce conte-ci me ferait penser aux Contes noirs du golf, sauf qu'il n'y a pas de golf, mais des kiwis verts et un green poisseux qui est le fond du bus, où taper, "putter" ?

Bon, la phrase est un peu longue, comme un parcours de golf, on y risque un certain ennui, car elle manque de virgules qui seraient autant de bunkers où faire rebondir, ou bien digérer le mystère et le suspense.

La tonalité de ce texte est un trop suspendue, mais la couleur verte y entretient l'espoir, et l'on devine qu'au bout de tout cela, il y a la rédemption.


Mais j'y pense, la femme n'est-elle pas aussi un peu mangeuse d'hommes, ici elle apparaît sauterelle ou mante vengeresses. Le héros me paraît un peu trop sûr de lui, crawler pénitent.

Et puis dans ce bus, pourquoi y a-t-il aussi des femmes ?
Ce point-là ne me paraît pas cohérent. Ne s'agit-il pas dans le texte d'attraper avant tout les pécheurs et non pas les 'pécheuses' ? puisque l'appât est une boucle de soutien-gorge qu'il faut dégrafer... Faudrait-il le revoir ?

   Margone_Muse   
23/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Retour timide... *trempe juste un orteil pour goûter au bain froid du commentaire*. Commentaires de plus en plus difficiles pour tes textes, pour plusieurs raisons.
Avec ce titre, on s'attend à une recette Citron mais non... Même s'il y a du charmant et de l'intriguant, des phrases à retenir, à plagier si je m'écoutais ;)
Je ne pense pas décortiquer tout le texte ce soir (à moins que tu me le demandes, dans ce cas un autre jour).
Encore maintenant, je ne sais si j'ai aimé ou non. Peut être les deux. Sans dire qu'il y a du bon et du moins bon, il y a ce qui me transporte et ce qui me laisse à l'arrêt du bus.

J'aime l'eau, j'aime nager, j'ai beaucoup aimé le passage où tu évoques les cessions natations du narrateur, même si je ne sais pas nager le crawl sans me noyer au second tour de bras. Si tu avais terminé le paragraphe avec cette phrase "Je n'ai jamais compris ceux qui trouvaient ce sport solitaire.", ça aurait été parfait. Perso, la suivante me gâche un peu mon plaisir.
Au paragraphe suivant, les deux premières phrases sont parfaites (elle attaque le sud, c'est simple après avoir parlé des hémisphères mais tellement bien), je me sens m'envoler. Et puis il y a la suivante. Très longue et bien qu'elle ne manque pas de virgules, parfaitement compréhensible, je ne vois pas... Je ne vois ni son but ni sa beauté (non pas que toutes les phrases se doivent d'être belles). Je n'arrive pas à lui trouver sa place.
Pour moi, tu t'empêtres dans dans une masse de mots alors que tu sais faire simple, léger, direct, pertinent.

Mmm... Je commence déjà à tout séparer/décortiquer.
Je reviendrai sur les tournures qui me plaisent et celles qui ne me plaisent pas si tu en as besoin, d'acc ?

Enfin si, quand même (on ne se refait pas) : j'adore le passage où le narrateur "sens" le kiwi tomber, s'échappant de la main de la fille, s'écraser à terre. J'ai extrapolé au visage de la fille, image qui m'appartient du coup, et c'est un très beau passage pour moi. Et juste après, le basculement dans le fantastique (ou du moins l'anormal) avec tout le monde qui sort un kiwi pour le manger était imprévisible mais très bien intégré dans le fil de la lecture et j'ai trouvé ça pas mal du tout.

Bon, allez.

Je passe au fond.
C'est un texte qui m'échappe (à nouveau). Je ne comprends pas la symbolique du kiwi. C'est un fruit, il y a le jus, qui coule des doigts, c'est sucré. Ca connote un peu le désir, la sensualité. C'est genre "tu veux partager mon amour ?" quand elle lui propose le kiwi ? Et que ceux qui mangent leur kiwi seuls dans le bus (condamnés à y rester ou à n'aller nulle part visiblement) sont les "punis" d'avoir fait du mal à leurs amours avant ? Et le narrateur quitte cette route (qu'il arpente depuis trop longtemps) pour se ranger, se "caser" avec la fille ? Et cette fleur qu'il écrase ?
...
Limite j'ai même pas envie que tu me dises :)
Difficile et plaisant à la fois, de saisir des choses que tu n'as pas écrites et de ne pas saisir des choses que tu as écrites.
J'aime passer du temps sur tes textes tout autant que j'aime qu'ils restent un mystère je crois. Je me les approprie comme je peux/veux, et c'est déjà une mini-réussite.

C'est en tout cas un texte qui ne manque pas de personnalité, qui ne passe pas sous l'oeil gauche pour ne plus exister déjà sous l'oeil droit. Mi-captivant, mi-déroutant. Du placebo.

mumuse

   placebo   
26/9/2011

   BGDE   
29/9/2011
Commentaire modéré

   Anonyme   
27/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Nébuleux m'apparait comme le terme exact de l'impression que m'a laissé ce texte à la première lecture.

Ce texte semble l'allégorie de la conscience humaine. Le fruit choisi à cet effet, le kiwi recèle une part psychologique dont je ne perçois que les grandes lignes. J'ai l'impression qu'il authentifie une décision que tout à chacun doit prendre au cours de sa vie.

Le kiwi, le bus sous-entendent une dualité comme deux mondes. Concrètement, après une lecture et deux relectures partielles, j'en suis là de mes réflexions. Le brouillard se dissipe lentement.

Cette nouvelle est courte, mais très complexe.

Pour la construction, quelques phrases ont accroché ma rétine telle que la deuxième que je trouve longue et un brin mal agencée.

"Elle commença par creuser le pourtour de la chair comme s'il s'agissait d'un pamplemousse et d'un de ces outils argentés au nom étrange que l'on achetait auparavant dans de grandes boutiques un peu poussiéreuses, immenses bibliothèques dont les ouvrages ont pour unique but de charcuter la nourriture, tandis qu'aux renseignements, on se heurtait à l'accueil d'une armoire à glace dévorée par sa passion gourmande du vocable culinaire et de sa mise en pratique." m'a complètement dérouté de par sa longueur et son sens. A vrai dire je ne l'ai pas assimilé dans sa globalité.

Un drôle de texte dont je reconnais indubitablement le style, assez bien écrit, mais qui recèle de parts d'ombres que mes neurones ont du mal à décrypter.

Bonne continuation.

   dodo-chan   
27/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir

J'ai bien aimé ce texte.
Il me semble que le message sois plutôt simple.
C'est un type qui flash a l’arrêt de bus sur une fille qui mange un kiwi.
Il sublime cet instant par sa sensibilité, avec une espèce d’usure.
Il se demande si il va encore faire un tour de manège.
Le bus représente le dialogue intérieur, la conscience en ces multiples facettes, ces multiples personnages, tantôt sage tantôt ignorant tantôt observateur, parfois moqueur.
C'est un type seul qui hallucine a l’arrêt de bus, un lieu ou il faut dire pullulent souvent les jolie filles.

amicalement

dodo

   Anonyme   
25/10/2011
J'ai lu le texte à sa sortie, les commentaires et le forum quand il a été rédigé et puis j'ai laissé mijoter. J'avais repéré le texte en liste d'attente à cause de son titre, j'avais hâte de le lire.
J'ai été pas mal déçue donc j'ai décidé de laisser décanter.

A mon sens ce texte est le kiwi d'un rêve. J'ai pas vraiment capté la parabole, ni la symbolique, me souviens à peine de ce qu'en explique le forum. Bref, même aujourd'hui je n'ai pas tout décodé.

J'ai commencé par être happée par le récit après que le narrateur soit monté dans le bus.
J'ai ressenti une sorte de détresse, bien que le mot soit trop fort. A moins de compléter par un sentiment de fatalité puisque j'ai vu à la fin la mort du narrateur.

Je trouve l'auto-dérision qui clôt la première phrase de trop. Ou malvenue, pas du tout à sa place. J'aurais mieux vu un tout bête "je n'étais pas au meilleur de ma forme pour courir la gent féminine".

"Je me sentais bien" m'aurait suffit.

Mieux vu une affirmation ici : "Le ciel est toujours plus bleu, le monde va bien mieux" à cause de l'affirmation de la seconde moitié de cette phrase. Le monde va bien mieux, le narrateur en est certain alors pourquoi hésiter avec ce "semble".

"cocon régénérateur" (bof) à nouveau le monde (répétition qui fait ici manque de recherche)

"mon corps gauche"... ? J'ai mis du temps à comprendre : "gauche" vs maladroit, pas gauche/droite.

"Je me coule dans l'eau avant de remonter d'un coup de pied vigoureux sur le carrelage tiède" J'arrive pas à visualiser ni à sentir l'effort que cela demande. Quel carrelage tiède ? Celui de la margelle ? Alors pourquoi se couler dans l'eau, remonter, pour replonger et nager ? Remonter d'un coup de pied vigoureux (en immersion donc ?) comprends pas la suite : je laisse mes bras chercher un point d'attache (je vois le narrateur accroché au mur sous le plot cherchant le crochet qui s'y trouve souvent mais c'est pas ça non plus => "une saillie dans la surface frémissante" (le narrateur nage) surtout avec la suite : pénétrer la masse liquide et la ramener à moi.
Passage vraiment pas clair.

Retour (assez brutal quand on décortique et que l'on essaie de s'immerger dans la piscine et donc dans l'eau, élément fabuleux s'il en est) à l'arrêt de bus.

comme s'il s'agissait d'un pamplemousse (aucun problème sauf pour le "s'agissait" assez pauvre) et d'un de ces outils (visuellement parlant, elle creuse aussi bien le kiwi que "l'outil".)

à partir de "grandes boutiques" jusqu'à "mise en pratique" j'ai cru que la nouvelle allait me transporter dans un futur très lointain.
"immenses bibliothèques dont les ouvrages ont pour unique but de charcuter la nourriture" m'apparait comme un carambolage d'idées. "Bibliothèques" pour les recettes de cuisine, "grandes boutiques" pour les quincailleries et autres vaisselleries... la phrase est lourde, trop longue, tout se confond, l'idée, les lieux, les fonctions et l'époque à cause de "auparavant" "poussiéreuse"

La fin de la phrase est compliquée dans le sens où je ne vois pas qui peut-être cette "armoire à glace" (à l'accueil donc vigile ?) "dévorée par sa passion gourmande du vocable culinaire" un vendeur ? et de sa mise en pratique : un cuisinier qui viendrait faire des démonstrations de son savoir faire ?

"soupirerais de plaisir lors de mon évidation alors qu'une lumière blanche" lors/alors. Fin de la phrase superbe.
Je crois que c'est là vraiment que j'ai accroché.

Présentation de la fille, pareil, de dos mais de trois quart... très bof. De dos, c'était pas possible (il aurait pas vu les mains) de trois quart (elle lui tournait toujours le dos et ne lui montrait donc pas son visage, donc c'était bon, alors pourquoi de dos ?

"son dos bronzé largement offert à ma vue," largement pour une femme c'est "trop" car ça me fait penser qu'elle a de larges épaules et les larges épaules ne font pas fantasmer. Je ne crois pas.
"entouré seulement par deux fines bretelles" entouré, non plus.
"partager son kiwi" pas fan de la précision, elle n'avait apparemment que ça à partager, d'autant qu'ensuite vient cette autre précision : " m'offrait la moitié de son déjeuner".

"J'ai toujours rêvé" jusqu'à "nos corps" : la phrase n'a pas glissé à la première lecture, puis ensuite c'est passé, assez bien d'ailleurs. Sauf que je sens pas la vérité de ce que ressent le narrateur qui j'en suis pourtant sûre aurait effectivement aimé vivre à cette époque. Seulement quelque chose dans l'architecture de la phrase fait que je suis passée à côté de ce soupir nostalgique qu'entraîne l'évocation de cette époque et des manières d'alors.

"Moi, j'en cherchais une qui passerait sa vie à me combler, sans compensation nécessaire.
Peut-être la clef de l'histoire, après plusieurs lectures. Avec ensuite réparation, expiation ou compréhension de la part du narrateur et espoir que la mangeuse en fasse sa "mission".

"la jeune femme laissée à terre." me fait penser qu'elle est morte.

"Certaines femmes portant des robes sortirent le kiwi d'une cavité de leur minuscule sac à main." Comprends pas le "portant des robes". Celles qui sont en jeans ou short n'ont pas de sac à main ?

"Quant à une femme entre deux âges, elle n'avait ni poche ni sac." J'ai bien eu l'impression que l'auteur voulait écrire, phrase du dessus : "Certaines femmes portant des robes sortirent le kiwi d'une... poche et non pas "d'un minuscule sac à main". Impression confirmée par cette image de femme âgée n'ayant ni poche ni sac.

"C'était une pluie d'été, hésitante à interrompre la langueur d'une soirée paisible, elle goutte d'abord de manière éparse..."
Je trouve la concordance entre était et goutte pas terrible. Mais le "d'abord" me gêne encore plus.
J'ai cru également la pluie réelle, dehors, frappant les vitres du bus mais c'est en fait la pluie du jus des fruits, mais ensuite vient l'éclair et le tonnerre... Tout ça et le reste aussi, les descriptions à la fois pointues et maladroites pas nécessairement dans l'écriture mais surtout comme lorsqu'on essaie de se rappeler l'exactitude des sensations d'un rêve m'ont fait penser que toute cette histoire en était un.

"mentons de toutes dimension" n'est pas très poétique (alors que le texte l'est)

Au final, une lecture intéressante, foisonnante. Un univers très particulier déjà repéré dans d'autres nouvelles.
J'y ai quand même trouvé aussi un manque de recherche dans les mots choisis, comme si l'auteur craignait que l'idée et l'inspiration ne le fuient avant d'en terminer avec le texte.
Enfin, assez prise de tête aussi sauf si on se dit que tout cela n'est qu'un... rêve.

Merci

   Agueev   
15/11/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Le texte est certes assez bien écrit, mais on a l'impression que l'auteur avait imaginé la fin sans réfléchir à un début.
C'est pourquoi l'histoire ne devient intéressante qu'à partir de la seconde moitié du texte. C'est une faiblesse de taille pour une si petite nouvelle.
Les passages sur la natation et le clin d'oeil aux héros de Stendhal n'apportent que lourdeur et confusion.
Toutefois le côté "4ème dimension" de la deuxième partie du texte m'a beaucoup plus pour son mystère, son romantisme et son surréalisme.
Mais quel dommage qu'une fois l'auteur se perde en confusion dans les dernières lignes.

   Nachtzug   
24/11/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Peut-être parce que j'aime les kiwis, j'ai trouvé qu'il y avait un certain sensualisme dans la scène du bus, quand tout le monde se met à manger le sien.
Il y a également de jolies choses, comme "saisissant le monde entre l'extrémité de son pouce et son index", ou cette très bonne entrée: "Elle mangeait un kiwi à l'arrêt de bus", comme un virage très brut sans les cris des freins. Surtout que l'autodérision de la première phrase tombe franchement à plat. Tout comme la remarque sur la vie rêvée du narrateur au XIXe siècle: elle n'a pas grand chose à faire là, au fond, et casse du coup un peu la scène.
Ah et je n'ai pas du tout saisi la phrase qui traitait de l'objet dont elle se sert pour manger son kiwi, sans doute parce qu'elle était trop longue ou trop alambiquée.
Sinon, je n'ai pas aimé cette fin trop rapide, un peu moralisatrice: j'aurais voulu sans doute plus de magie pétillante et poétique, comme le kiwi le laissait attendre. Plus de magie poétique dans le style aussi d'ailleurs.

   Anonyme   
27/3/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Je dois avouer que le titre m'a intriguée. Et j'ai été assez vite embarquée notamment par la description particulière de la mangeuse de kiwi et de toutes les réflexions autour pendant qu'elle mange le fruit. C'est vraiment un passage, très beau et les mots sont délicatement choisis. Par contre j'ai trouvé ça un peu facile "elle représente toute les femmes que tu as trompé" et ce qui s'ensuit même si je dois avouer que la fin rattrape cela. En tout cas tu as réussit à créer une très belle ambiance étrange même si au final il fuit une fois de plus. On peut interpréter ta nouvelle un peu comme on le souhaite et j'aime beaucoup cette liberté.

   Marguerite   
5/8/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour placebo,


Que dire de cette énigmatique mangeuse de kiwis pour le moins déconcertante ? Car si j’ai été charmée par ton style d’écriture, je me suis quand même sentie un peu larguée. A l’inverse du narrateur qui lui, a l’air de comprendre ce qui lui arrive malgré le peu d’indices qu’on lui donne, moi, j’étais perdue dans ce bus plein de mangeurs de kiwis…
Alors, la métaphore m’échappe-t-elle ? suis-je dénuée de perspicacité ? ou me suis-je trompée de ligne (de bus) ?...


Sinon j’ai noté quelques petits + et quelques petits - niveau écriture :

+
Le style, toujours (par exemple : « Le fruit déjà séparé en deux hémisphères parfaitement égaux, elle attaquait le sud à la petite cuillère. »)

-
« Elle commença par creuser le pourtour de la chair…et de sa mise en pratique. » : phrase que je trouve beaucoup trop longue et alambiquée.
Dans le même genre : le paragraphe 5.


Pour conclure, désopilant mais néanmoins agréable voyage dans ce bus du destin, du solstice, du désert ou des kiwis, je ne sais pas encore bien. ^^

Merci Placebo pour ce moment de lecture.


Marguerite.


P.S. : Je vais lire les explications maintenant, pour y voir plus clair ! ^^


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